[DÉFI] It Compels You - Ft Rogue

Installé sur le confortable fauteuil, Jean-Akira essayait de faire fonctionner le téléphone le reliant à l’accueil. Rectification, il essayait de comprendre comment fonctionnait le téléphone. Ce dernier n'avait aucun défaut, c'était bien l'inefficacité notoire de notre héros qui l'empêchait de contacter qui que ce soit. Depuis plusieurs minutes déjà l’extraterrestre tentait de contacter les services de l’hôtel. Sans savoir quel numéro taper, il les testait tous, les uns après les autres. Espérant tomber rapidement sur le bon. Avant de mourir de faim au moins. Arrivé le matin dans le vieil hôtel, l'alien avait tout de suite été intéressé par ce principe étonnant. Ne pas avoir à bouger, simplement appeler quelqu'un, pour obtenir pitance et divertissement. De la bouffe et un DVD à caser dans le lecteur. Seulement le rêve s'effondrait face à la seule tâche, beaucoup plus difficile qu'il ne l'avait imaginé, nécessaire. C'est finalement vaincu par la ligne téléphonique que notre protagoniste décida de bouger ses fesses cosmiques. Pour se rendre lui-même à l'accueil, et ainsi mettre de côté des années d'évolution ayant poussé l'être humain vers une tendance à en foutre le moins possible. Alors oui, Ivankov n'est pas du tout un humain, et pourtant il glande beaucoup. Disons qu'il copie la culture de la planète, histoire d'être un bon touriste.

Maintenant rhabillé, après la terrible tâche d'enlever son pyjama Picsou pour enfiler une chemise et un pantalon -bien plus présentables mais moins agréables-, l'humanoïde se trouvait dans les couloirs. Cherchant avec difficulté le chemin menant au Hall d'entrée. Malgré un entretient régulier évident, l’hôtel montrait quelques signes d'âge avancé. Principalement l'absence de signes, justement, indiquant les directions. Préférant les vieux tableaux kitsch à la signalétique. C'était pour une mission que notre protagoniste se retrouvait ici ce soir. Il passa la journée dans New-York, s'occupant de différentes affaires, d'un côté pour le SHIELD, de l'autre pour HYDRA. Parfois en mélangeant les deux et se retrouvant forcé à donner de longues explications. Inventées évidemment. N'ayant pas de logement dans les alentours, on lui avait permis l'accès à l’hôtel. Et il comptait bien profiter de la carte de crédit pour se remplir la panse. Descendant finalement d'obscures escaliers, sans doute de service de part l'absence de décorations vieillottes, Jean-Akira tourna soudainement la tête. Un étrange son venait de se faire entendre. Comme une chèvre hurlant dans une vidéo youtube. Oh attendez, on est dans un sujet d'horreur, avec des fantômes, j'vais trouver une meilleure comparaison... Comme une créature hurlant à la mort dans un bois lugubre lors d'une nuit de pleine lune. Mouais. Passons.

Pendant un instant notre héros s'arrêta de descendre. Observant les alentours, espérant trouver une source au bruit. Les secondes passèrent. Rien ne se passa. Passons. Un peu plus tard, l'être cosmique était dans le hall désert, discutait avec quelqu'un de l'accueil. Commandait son repas, son DVD et retournait dans la chambre. Une ellipse plus tard et le Héraut mange avec entrain devant L'Exorciste. Puis avec moins d'entrain au fur et à mesure que le film avance. Puis a complètement abandonné son assiette pour se cacher derrière le fauteuil, emmitouflé dans un drap. Il poussa un énième cri avant de jeter sa fourchette vers la télé. Elle se planta dans le mur, sans déranger pour autant les acteurs continuant leur histoire. C'est frissonnant de peur que Jean-Akira entendit un bruit provenant de la porte. Pire encore, provenant de derrière la porte. Avec le film en fond -The power of Christ compels you- l'alien se lève et s'approche doucement de la porte. L'ouvrant, il observe le couloir sombre -The power of Christ compels you-, sortant simplement sa tête de sa chambre. Prenant son courage entre ses bras, il sort de la pièce. Se déplace dans l'obscure lieu, le son de la télé se faisant de plus en plus faible -The power of Christ compels you-. L'agent n'a jamais vu The Shining, mais même lui ressent le malaise total que provoque un vieil hôtel. Dans le noir, ne sachant pas ce qu'il cherche, il continue de tâtonner en avant. Prêt à hurler de peur au moindre événement.

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It compels you.

Jean Akira & Rogue

Ses doigts frappaient impatiemment l’un après l’autre le comptoir de bois tandis qu’elle toisait le morne réceptionniste qui scrutait son registre avec une lenteur affligeante. Derrière lui pendait misérablement les clés des chambres et à leur nombre, elle pouvait deviner que l’hotel était vide, ou quasiment vide. Tout comme devait l’être le registre qu’il continuait pourtant de scrupuleusement observer, son doigt noueux passant sur les lignes de son carnet. Rogue poussa un soupire agacé, la patience n’avait jamais exactement été son fort et ce type était le pire lambin qu’elle n’ait jamais rencontré. Elle finit par poser sa main à plat sur le comptoir. « Bon ça suffit. », hissée sur la pointe des pieds elle se saisit du registre en adressant un regard menaçant au réceptionniste qui avait mollement ouvert la bouche pour protester et qui se ratatina face à son expression peu amène.
Le registre était quasiment vide, ce n’était pas vraiment surprenant pour un établissement qui paraissait vétuste et dont le personnel semblait avoir la réactivité d’un paresseux sous anxiolytique. Elle trouva la nom qui l’intéressait, moins d’une semaine plus tôt. « Je peux jeter un coup d’œil dans la chambre 42 ? » demanda t-elle un peu trop sèchement peut être, mais toute sa patience avait été usée. « C’est 25$ la nuit. » répondit-il d’un air affecté qui la fit se crisper, elle comprit qu’il ne servirait à rien d’essayer de négocier avec cet espèce d’épouvantail. Elle extirpa de la poche intérieure de son perfecto avec un portefeuille fatigué et claqua l’argent sur le comptoir avec une mauvaise volonté emprunte de puérilité.

Devant les portes de l’ascenseur pendait un panneau hors-service ce qui n’étonna que très moyennement Rogue qui s’engagea dans les escaliers, déjà pressé d’en avoir fini avec ce lieu. L’escalier principal était large et couvert en son centre d’un tapis d’un rouge passé, la rampe de bois était finement ouvragé, tout comme les décorations florales qui décoraient sa grille. Tout l’hôtel était dans un style très art déco qui avait du faire la fierté de son propriétaire dans les glorieuses années 20 et qui aujourd’hui n’évoquait qu’un lieu de film d’horreur renforcé par les natures mortes défraichies et les inquiétants portraits au mur.
Sans le réaliser Rogue avait ralenti, un peu tendu, comme si elle s’apprêtait à voir surgir à l’angle quelque fantôme en linceul agitant ses chaînes. Elle se morigéna et accéléra le pas. Une des rares choses que sa vieille tante lui ait transmises est le caractère superstitieux des gens du sud et peut être aussi cet accent prononcé qui la caractérise. Soudain, un son perturbe le silence feutré, le son du vent qui s’infiltre par une fenêtre mal refermée. C’est en tout cas ce qu’elle se répète.

Le couloir lui parait interminable, les numéros défilent sur les portes, petits chiffres dorés vissé sur le bois sombre. La tapisserie rayée semble faire s’étirer le couloir et c’est avec un certain soulagement qu’elle trouve enfin sa porte. A l’instant où elle glisse l’épaisse clé dans la serrure, l’ampoule à côté d’elle s’éteint dans un grésillement électrique qui la fait sursauter. Elle prend une inspiration, tout ça est stupide. Elle va jeter un coup d’œil dans cette foutue chambre et repartira immédiatement.
Un cri la fige sur le pas de la porte, elle hésite, tout en elle lui hurle de simplement jeter un œil à la pièce, trouver si son contact à laisser quelque chose et de se barrer le plus rapidement possible. Mais Rogue était il n’y a pas si longtemps encore dans le camp des héros et poussée, par sa curiosité autant que par son courage, elle regagna le couloir.
Elle flottait à quelques centimètres au-dessus de sol, afin de faire le moins de bruit possible et peut être aussi pour préparer une fuite plus rapide que ne lui permettrait ses jambes et les interminables escaliers de l’hôtel. Arrivée à l’angle du couloir elle entendit une porte s’ouvrir et des bruits de pas précipités, elle surgit de derrière l’angle prête à se battre ou à fuir elle n’est pas encore très bien décidée, mais l’obscurité de ce côté-là, la surprends. Elle perçoit tardivement une silhouette hésitante, plus proche qu’elle ne l’avait l’imaginé. Une inspiration de stupeur lui échappe et glisse de côté pour éviter de percuter ce qui a tout l’air d’être une personne parfaitement vivante. Se sentant un peu stupide d’avoir pu imaginer autre chose, elle demanda d’une voix basse, comme pour ne pas troubler le calme seulement troublé par l’écho lointain d’un poste de télévision : « C’est vous qui avez crié ? »

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Il marchait toujours aussi hésitant. Notre héros est capable de différencier réalité et fiction. Il n'est pas si bête que ça. Seulement imaginez sa situation, il vit dans un monde où pouvoirs, magies et tout ce qu'il y a entre les deux existent. Parfois on en vient donc à hésiter. A se demander si ce que l'on voit dans la télé n'est pas, même juste un peu, un minimum réel. Est-ce que les esprit existent ? Jean-Akira a vu des trucs bien plus surprenants lors de ses voyages spatiaux. Ainsi, il avançait très doucement dans le couloir. Espérant de tout son être que les humains ont totalement inventé ces histoires, que fantômes et créatures obscures ne sont qu'imaginaires. Que la seule présence dans l’hôtel est celle du mouvais goût. Et des toiles d'araignées, s'il faut vraiment quelque chose de pire. Ça devrait suffire dans notre situation. Effectivement Ivankov était prêt à partir au quart de tour à la moindre surprise. Je prévois que tomber sur une araignée le ferait certainement hurler avant de partir en courant dans la direction opposée. Sans s'arrêter, peu importe qu'il y ai un obstacle -meuble, lampe, mur, etc-. Heureusement aucune arachnide sur son chemin. A la place une silhouette sombre, semblant se déplacer un peu trop fluidement pour être honnête.

La situation était simple. L'agent déjà aussi apeuré que l'on peut l'être, manqua de percuter une soudaine nouvelle intervenante. Sans savoir qu'elle était intervenante en chair et en os bien sûr. Les bras virevoltant de terreur, l'alien se jeta le plus loin possible, laissant échapper un "HIIIIIIIII" presque silencieux, des plus courageux, avant de se prendre le mur d'en face. Après son couinement digne d'un cochon à la gorge enrouée et sa rencontre tête la première avec le mur, l'extraterrestre se redressa rapidement, essayant de contenir un minimum de dignité. Face à la femme devant lui, qui était clairement humaine. Même dans le noir. Tout ce qui est humain, ça ne lui fait pas peur au Héraut, il peut se contenter de taper dessus tranquillement s'il y a besoin.

« C’est vous qui avez crié ? » Demanda la mutante. Difficile à répondre pour notre protagoniste. Parlait-elle des nombreux petits cris poussés alors ce dernier regardait le film ? Ou, peut-être, du plus récent qui avait alarmé l'entité cosmique. Dans tous les cas, porté par une fierté mal placée il répondit
- ... Non non, c'était pas moi, j'ai pas eu peur, haha. Une défense relativement pitoyable pour un personnage dont la fierté devrait avoir disparu il y'a bien longtemps. Dans un effort de mieux s'en tirer, et inspiré par les nombreux films qu'il regarda depuis son arrivé sur Terre, l'humanoïde ajouta Ça devait être la ventilatration ! Enfin, se rendant compte que s'il restait plus longtemps, elle remarquerait la sueur coulant sur son front et ses jambes tremblantes, il termina par J'venais juste m'en assurer. J'vais retourner dans ma chambrée, bonne nuit z'a vous.

Puis il se retourna avec le sourire forcé le plus faux de l'univers. Sans exagérer, j'ai décrit pas mal de ses aventures dans l'espace, j'ai rarement vu pire. Il marcha, toujours mal à l'aise, souhaitant sortir de cette situation au plus vite, vers ce qu'il croyait être la porte de sa chambre. Et si sa véritable porte attitrée était encore quelques mètres plus loin, ça ne l'empêcha pas de l'ouvrir, en saluant au-revoir d'un geste de la main la jeune femme.

Derrière la porte, des flammes à perte de vue. Seulement interrompues par des éclairs, traversant le ciel, traçant un chemin dans le feu avant de disparaître à jamais. Les nuages sombres les accompagnent, jetant d'énormes ombres sur le paysage désolé. Parmi l'océan ardent et le ciel couvert, aucun repères ne permettent de déterminer quoi que ce soit. Tout semble bouger, dans une danse terrifiantes, les flammes se retournant, les nuages recouvrant à leur tour l'absence de sol. Au milieu du chaos des êtres sans peaux sont brûlés et foudroyés, ne laissant entendre que de faibles râles en guise de réactions. Leurs orbites vides sont toutes tournées vers Jean-Akira, tenant toujours la poignée de porte.

Le visage de l'alien se tordait, sa bouche formant un smiley de terreur parfait. Il ne bougeait pas, mais des larmes montaient avec rapidité affolante vers ses yeux. A la fois paralysé par la peur et tremblant de toute son âme. Alors que les créatures ouvraient la bouches d'un mouvement commun, Ivankov fit la seule chose qui lui venait en tête. Il ferma la porte. Fixant maintenant le bois, les larmes lui coulaient sur les joues. Il pris son courage en main et ouvra de nouveau le portail. Pour se retrouver devant une simple chambre, légèrement plus sale que la sienne. Incapable de se déplacer plus que ça, le Héraut fit quelques pas, puis s'écroula, adossé au mur, dans une position assise de panique totale.

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Jean Akira & Rogue

Soulagée de voir un simple type, Rogue ne relèva même pas sa pathétique tentative de conserver sa dignité. Elle haussa tout juste un sourcil face à des explications plutôt vaseuses, un sourire mi-amusé, mi-moqueur aux lèvres. C’était plus facile de se concentrer sur le ridicule de la situation que sur son inquiétante étrangeté. Rogue allait faire demi-tour, retournant à l’inconnu son signe d’au revoir, plus tranquille qu’elle ne l’avait été depuis qu’elle avait mis les pieds dans cet hôtel lugubre, mais elle suspendit son geste face à l’effroyable scène qui s’offrit à son regard épouvanté. Des flammes dévoraient l’espace, projetant leur lumière vacillante sur son visage figée. Des éclairs impossibles illuminaient par intermittence d’inhumaine silhouette calcinée. Rogue porta les mains à sa bouche pour retenir le cri qui était coincé dans sa gorge.
Puis plus rien. Il avait refermé la porte. Le silence lui parut assourdissant et les images horribles étaient toujours collées à sa rétine. Quand il rouvrit la porte elle tendit le bras pour l’arrêter, trop tard cependant. Plus de flamme, plus d’éclair rien qu’une chambre poussiéreuse. Rogue laissa lentement retomber ses bras le long de son corps et ses pieds sur le sol. Elle regarde d’un air absent l’inconnu s’effondrer au sol.

Il y’a forcément une explication rationnelle.

Elle a déjà affronté une équipe de mutants capables de projeter des cauchemars. Il y a tout un tas d’illusionnistes, de magiciens tout à fait à même de produire ce genre d’illusions. Ou peut-être que l’hôtel est construit sur une porte vers une autre dimension. Une dimension particulièrement inhospitalière et qu’il faudrait refermer à jamais le plus rapidement possible. Elle parvient à faire un pas vers ce type étrange qui pleurait comme un enfant. « Il ne faut pas rester ici, levez-vous ! » ordonna-t-elle d’une voix plus pressante qu’elle ne le voulait.
Son cœur cognait fort, contre sa cage thoracique, elle voulait juste fuir cet endroit, mais pas avant d’avoir vérifié la chambre 42. L’obstination n’était pas le moindre de ses défauts. Elle ne vérifia pas s’il la suivait ou non, d’un pas qui se voulait assuré elle retourna devant la porte de la chambre, elle prit une inspiration et poussa le panneau. Rien. Le calme morne d’une chambre propre, elle s’avança dans la pièce et remarqua avec un certain malaise que celle-ci ne comportait aucune fenêtre.

Du coin de l’œil, elle capta un mouvement dans l’angle de la pièce, elle se retourna avec vivacité et une plainte de dégout et d’horreur lui échappa. Il y’avait un rat, un gros rat brun, mais à la place d’yeux noirs et d’un museau, lui faisait face le visage d’un homme, ses pattes se terminaient par des mains humaines, décharnées et couvertes de sang. Elle arracha de sa prise la lampe de chevet, qu’elle lança sur la créature absurde et horrifiante, avant de s’envoler vers la sortie. Trop peu certaine de ses jambes pour s’en servir. L’air se gonfla de murmures psalmodiés dans une langue inconnue. La porte claque violemment, mais il en fallait plus pour arrêter Rogue au bord de la panique. Les bras devant elle, elle défonça le panneau de bois et percuta de pleins fouet le type qui se trouvait derrière. Elle ouvrit la bouche mais ses mots moururent sur ses lèvres, alors qu’elle vit ramper sur le sol et les murs de longues aspérités visqueuses. Son visage perdit instantanément toute couleur et elle se tétanisa.
Rogue pouvait affronter les pires monstres et ne jamais perdre la face, mais la vue serpent ou de toute chose s’en approchant lui faisait perdre ses moyens. Elle agrippa l’avant-bras de l’inconnu avec une force que ne laissait pas supposer sa composition ou la logique. Une odeur de fruits de mer avariés rendit bientôt l’air irrespirable, presque poisseux. Le regard de Rogue fut alors attiré par le portrait photographique d’un homme au regard sombre et au visage long et large qui semblaient les fixer. Pour une raison qui lui échappait il lui était familier et comme son esprit terrorisé avant besoin d’un dérivatif pour se remettre à fonctionner, elle se concentra sur ses traits, jusqu’à ce que ce qu’elle finisse par identifier comme étant une monstrueuse tentacule ne ventouse le cadre et ne le projette hasardeusement non loin d’eux.

electric bird.

Il chouinait silencieusement, ses yeux à demi-fermés fixant le mur d'en face. Jean-Akira n'était pas au top de la forme, on peut le dire. Avec ses larmes s'écoulant faiblement sur le reste de la peau, et son visage figé dans une expression d'horreur totale, sa mine faisait peur à voir. Moins que le paysage qui l'avait provoquée, cependant. Abruti par les images affreuses, notre héros ignora totalement sa nouvelle camarade de fortune, préférant se balancer doucement d'avant en arrière dans une tentative, louable, de se rassurer. Louable mais vouée à l'échec malheureusement, malgré l'absence d'autres visions, la situation restait inquiétant. Couloir d’hôtel sombre, seule autre personne s'éloignait vers une chambre avec un but mystérieux. Et notre protagoniste se trouvait à nouveau isolé, face à ses démons intérieur. Puis certainement les extérieurs aussi, c'est bien leur genre aux démons d'être responsables de toutes ces conneries. L'alien quant à lui, n'aimait pas particulièrement ça, être isolé -les conneries par contre, il gère-. Ainsi une fois ses esprits en partie retrouvés, et qu'il regarda autour de lui, l'humanoïde remarqua l'absence de la seule présence positive dans ce lieu étrange.

Se relevant d'un bond, le Héraut observa de tous les côtés en panique, avant de voir la silhouette s'éloigner. Il sautilla à sa poursuite, dans un effort, à la fois de s'éloigner de la chambre "suspicieuse" et de se rapprocher de la personne semblant mieux s'en sortir que lui. Vous me direz, c'est pas difficile. La seule façon de s'en sortir plus mal, aurait sans doute été de s'évanouir, voir mourir, sur le coup. Et encore, au moins ça permettrait de sortir de cet endroit infernal. Finalement Ivankov atteint la jeune femme, et décida de se tenir derrière la porte, par mesure de sécurité. Observer discrètement, prêt à fermer la barrière si quelque chose de trop horrible se déroulait. Ou même d'un peu horrible, il ne faisait plus vraiment dans la demi-mesure. Ce ne fut pas forcément un choix des plus malins. Il entendit juste la mutante lancer une plainte, qui l’angoissa énormément, le poussant à couiner de surprise. Avant de claquer la porte en voyant qu'elle lançait un objet dans une tentative de défense.

L'extraterrestre aime les femmes fortes. Qui ont du caractère, de la hargne, et si possible la capacité de plier du métal à main nue. Alors, malgré la situation extrême, voir sa compagnon d'horreur passer à travers le bois comme du papier, l'impressionna beaucoup. Lui fit oublier le contexte pendant un instant. Avant de s'en souvenir lorsqu'elle le percuta, le fit manger le sol. Sol maintenant accompagné d'aspérités inquiétantes. Ce qui n'avait pas l'air d'améliorer les choses, selon la réaction de Rogue. Serrer le bras de notre protagoniste, lui-même bien trop effrayé pour relever la douleur. Sa composition cosmique comme seule défense face à la force surhumaine de la jeune femme.
- Ok, ok, ok, ok, ok Fut une première tentative d'intervention vocale. Ça n'aida pas qu'elle accompagnait l'arrivée de la tentacule. Ce qui donna forme à la seconde tentative, devenue un GYAAAAAAH alors que Jean-Akira remarquait les énormes tentacules, ressemblant à de larges colonnes visqueuses, sortant de la pénombre. Ok, Ok, on s'casse, on s'casse, non ? Avant de recevoir une réponse, le Héraut s'envola à toute vitesse, la mutante toujours agrippée sur son bras.

A cours de solution envisageable, il décida de s'éloigner le plus possible des appendices géantes. Quand vint à l'alien un éclair de génie. Foncer à travers le mur et sortir du bâtiment. En voilà une décision. L'humanoïde percuta un mur pour se retrouver dans l'obscurité totale. Les troncs de chair maintenant loin derrière, ça ne l'empêcha pas de continuer à avancer droit devant. Dans le noir qui ne semblait jamais se terminer. Pendant quelques secondes il n'y avait plus rien, simplement le vol vers l'inconnue. Jusqu'à apercevoir de la lumière, puis une salle se rapprochant. C'est à cet instant que Ivankov réalisa qu'il ne volait plus, mais tombait à toute vitesse vers la pièce en question. Qui se révéla être une petite cuisine très colorée dans laquelle se trouvait deux chaises vides autour d'une table, et sur lesquelles nos deux héros tombèrent. La troisième était occupée par une homme en costume, ressemblant à s'y méprendre à celui de l'employé s'occupant de l'accueil. Son visage cependant, était un poulpe, digne d'un cosplay Pirates des Caraïbes incroyablement réussi.
- Bonjour les enfants Commença-t-il d'une voix bien trop grave pour être honnête C'est l'heure de manger ! Dans les assiettes, de la viande en putréfaction attendait, jurant affreusement avec les couleurs flashy de la pièce, avant de bouger d'abord lentement. Puis de se projeter vers les bouches de nos deux personnages principaux.

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Le cri de son compagnon d’infortune la sortie brutalement de sa terreur. Elle acquiesça vivement à sa proposition ô combien pertinente. Oui se casser. Se casser vite et ne plus jamais remettre les pieds dans ce foutu bâtiment. Si l’envol du type la surprise, elle n’en fit aucune remarque, se callant inconsciemment à sa vitesse sans le lâcher encore trop crispée pour vraiment parvenir à bouger. A mesure de leur éloignement, son cerveau se remit à fonctionner juste à temps pour placer son bras face à son visage au moment où ils éclatèrent le mur qui céda aussi facilement que s’il était en polystyrène.

Derrière, ce n’était pas New York, mais une obscurité complète, pas de relief, pas de bruit, juste le néant. Un néant dans lequel leur course ne s’arrêtait pas. Ils ne voulaient plus, ils tombaient, lourdement. Rogue se débattis dans l’air sans ne rien parvenir à faire d’autre que brasser du vent. Une salle aux couleurs vives se découpait dans le vide et d’après sa courte mais intense expérience du lieu, ça ne lui disait rien qui vaille. Ils tombèrent lourdement, chacun sur une chaise, un hôte répugnant les attendant face à un repas dont l’odeur de putréfaction avancée provoqua un haut-le-cœur à Rogue. Comme l’horreur ne semblait jamais s’arrêter la viande avariée et suintante tressauta dans l’assiette, la mutante se rejeta en arrière en voyant l’infâme contenu se projeter vers sa bouche, il se répandit à la place contre le mur flashy qui sous le contact sembla se transformer. La couleur se ternis, le bois se vermoulu, la putréfaction semblait se répandre dans la pièce comme une maladie.

Elle fit volte-face vers la créature poulpesque. Rogue s’élance sur lui, mais sa main ne rencontra que du vide tandis qu’un rire sinistre emplit la pièce. « très bien, c’est l’heure d’aller au lit dans ce cas ». Rogue serra les poings, dans une posture d’attaque déterminée. La pièce se désagrégeait à vue d’œil autour d’eux et elle attendait la prochaine horreur de pied ferme cette fois.

Le sol céda alors sous leur pied dans un craquement assourdissant. A nouveau, il lui fut impossible d’éviter la chute, et elle s’échoua sur un matelas, lui-même posé sur un sommier vieillot, dans une chambre qui l’était non moins. Dans le coin de la pièce, assise presque paisiblement se trouvait le cadavre racornis d’une femme. Elle portait sa robe de mariage d’un blanc devenu sale sur laquelle rampaient quelques blattes. Elle savait que le cadavre allait bouger, elle le savait pertinemment. Cet endroit était un foutu film d’horreur. Elle n’était pas effrayée par les cadavres, elle avait affronté la foutu armée de zombie de Selene. Elle pouvait tout affronter. Exception faites des serpents. Et apparemment les créatures tentaculeuses non plus. Tout à part ça. « C’est pas le moment de dormir, chaton » lança t-elle en se redressant. C’est d’un regard presque blasée qu’elle aperçut le cadavre se redresser dans un grincement sinistre. La mariée lugubre ouvrit alors grand sa bouche et un hurlement strident força Rogue à porter ses mains à ses oreilles dans l’espoir vain d’atténuer le cri qui menaçait de lui percer les tympans. La mariée se jeta alors sur elle, Rogue n’attendait que ça, elle balayé son cadavre d’un revers de bras, la force de son coup disloqua son corps à l’instant où il heurta une vétuste penderie. Cette fois hors de question que le vide ne les avales encore dans une autre pièce contenant potentiellement un triton démoniaque ou un clown psychopathe. Elle se jeta sur la porte de la pièce qu’elle arracha des gonds dans sa précipitation.

C’était le couloir qu’ils avaient quitté un peu avant. Le même couloir. Elle laissa retomber le battant et sorti de la pièce avec un soulagement teinté d’une inquiétude persistante. Le cadre qui était tombé quelques instants plus tôt était de nouveaux à sa place. Tout était d’un calme déconcertant. D’une normalité presque menaçante. Rogue s’avança pour à nouveau observer le portrait, sa curiosité plus forte que sa peur. Ce visage lui était familier. Elle marcha quelques pas encore pour observer le suivant. C’était encore une vieille photo d’un homme, différent mais tout aussi familier. « Ils te disent rien ? » demanda-t-elle, avant de réaliser que sa question était un peu floue pour qui ne l’avait pas suivit. « Les types sur les portraits, ils te disent rien ? »

electric bird.

Jean-Akira avait décidé d'abandonner tout type de protestation. Sa fuite effrénée un échec, il se laissa totalement faire. Quand on arrive à ce point, plus de raison de se débattre, c'est foutu, pensait l'être cosmique. Ça ne l'empêchait pas pour autant d'arborer un air effrayé, apparemment figé sur son visage à jamais. Plus celui du type apeuré se débattant. Mais du couard ayant accepté son sort, sans en être entièrement heureux. A tout cela s'ajoutait encore quelques larmes, s'écoulant irrégulièrement sur le visage de l'extraterrestre. Étonnement les larmes sont un trait existant chez la plupart des races aliens. Peu importe leur biologie, qu'ils soient humanoïdes ou non, parfois même lorsqu'ils n'ont pas d'yeux, ils réussissent presque tous à pleurer quand le moment le demande. Dans le cas de notre héros, c'est relativement rare. En tant que dégénéré capable des pires horreurs, il ne pleure pas souvent. Généralement, c'est lorsqu'il est effrayé -comme aujourd'hui-, quand on lui casse quelque chose qu'il aime -un joli bracelet, un bol de chantilly plein, les exemples sont peu nombreux, encore une fois à cause de côté dégénéré capable du pire- et pendant les mariages.

Oublions quelques instants les larmes de notre protagoniste pour se concentrer sur ce que faisait le personnage actif de cette histoire. Elle esquiva la viande, cette dernière se propageant sur les murs. Ivankov lui, resta stoïque, entré maintenant dans un état d'acceptation totale, ne remarquant même plus les horreurs qui continuaient autour. Lorsque le sol céda, l'agent se laissa tomber sans réagir, toujours crispé sur sa chaise. Pourtant, la pièce suivante réussi à le sortir un instant de sa situation mentale. Contrairement à la mutante, Jean-Akira avait moins déduit la suite des événements. Et lorsque la mariée se redressa soudainement, il couina une énième fois. Puis fut moins dérangé par le cri strident. Ses sens étaient certainement déboussolés par la peur, incapables de fonctionner normalement. Jusqu'à ce que sa compagnon d'infortune arracha la porte d'un geste rapide. Deux instincts se combattirent rapidement en duel. Celui mentionné plus tôt, ayant poussé notre héros à tout abandonner. Et l'autre qui, même dans la défaite, ne voulait pas rester seul face à toutes ces abominations. Finalement, la solitude fut écrasée, et l'entité cosmique sautilla derrière la mutante.

Pour arriver au départ. Dans un couloir tout à fait normal, un peu glauque admettons, mais ayant abandonné toute trace de surnaturel. Jean-Akira cligna rapidement des yeux, regardant de tous les côtés. Puis, dans une démonstration désillusion de plus impressionnantes, il pris la parole.
- Et bein, c'était juste un rêve, ahah, pfiou la frayeur. Bon à plus ! Se contenta-il de dire avant de s'éloigner comme si de rien n'était. Pour se tourner vers la porte de sa chambre. Ou plutôt, encore une fois, ce qu'il croyait être sa chambre, mais était en réalité la même que plus tôt. Avant que l'on ne se retrouve bloqué dans une boucle temporelle d'erreur stupide, que notre protagoniste ne puisse tirer la clenche, la voix de Rogue résonna.
« Ils te disent rien ? » Ne souhaitant qu'une chose, aller dormir, l'extraterrestre se retourna contre son gré, pour essayer de comprendre de quoi elle parlait. « Les types sur les portraits, ils te disent rien ? » S'approchant d'un des portraits proche de lui, notre héros l'examina quelques secondes. De près, une peinture assez hideuse d'un type aux cheveux longs, portant des lunettes noires parfaitement rondes.
- Il ressemble un peu au gars que je croise au supermarché... Sans les lunettes ou la guitarde... Ouais si je mets ma main sur les lunettes c'est ressemblant ! Tu les connais aussi, ces mecs ?
Étrangement, enfin c'est relatif, c'est tout de même moins étrange que les trucs qui se sont passés jusque là, plus l'alien fixait le tableau, plus un bruit se faisait entendre. De l'eau qui coule ? Des vagues ? La réponse interrompra subitement le récit, sous la forme d'une énorme quantité d'eau, se déversant dans le couloir, dans la direction des protagonistes. Trop tard pour s'envoler loin du choc, le liquide percuta l'humanoïde, se retrouvant entièrement plongé. Aussitôt tout fut plus calme. Ivankov était dans l'eau, retenait son souffle, le courant s'était stoppé soudainement. C'est cet instant que choisi un sous-marin jaune pour passer tranquillement, accompagné d'une musique déformée, devenue inquiétante. Derrière des hublots, quatre squelettes regardaient l'eau. A la place du conducteur, le premier ricana doucement avant de bouger quelques ustensiles. Arrêtant apparemment le véhicule. Avant de lui permettre de se retourner subitement vers les deux pauvres héros et foncer dans leur direction.

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Jean Akira & Rogue

Il était bizarre ce type, Rogue le dévisagea songeant d’abord qu’il plaisantait. Pouvait-on sincèrement ne pas reconnaître John Lennon ? Ouais, bizarre, absurde peut être lui conviendrait mieux. Elle allait répondre mais un bruit sourd d’eau empli le silence consternée qui avait suivi sa remarque. Le fracas des vagues s’écrasant contre des récifs pendant une tempête. Rogue fit volteface les yeux écarquillés et n’eut le temps de rien faire quand la vague la frappa avec la violence d’un coup de poing et l’englouti.
Puis, soudain le calme. L’eau était clair, froide mais pas insupportable pour sa constitution, ses cheveux ondulaient à chacun de ses mouvements, plutôt brusque, puisqu’elle cherchait la nouvelle attaque, redoutant plus que n’importe quoi d’autre d’avoir à nouveau à faire à la créature tentaculaire. Mais c’est la silhouette d’un grand sous-marine qui surgit. Un grand sous-marin jaune. Rogue eut cette impression de commencer à saisir la situation sans que cela ne la laisse moins paumée face au macabre des quatre squelettes grimaçants.

Le sous-marin s’arrêta et brutalement se tourna vers eux, Rogue eut un mouvement de recul et se cogna contre son compagnon d’infortune. D’un signe elle indiqua le haut. Il fallait remonter, avant de manquer d’air et peu importe s’ils ne pouvaient pas voir la surface. Rien n’était ce qu’il semblait être ici. L’eau lui apportait l’écho de la chanson Yellow Submarine, plus lente, plus sombre donnant à l’entêtant refrain une tonalité lugubre. Elle nagea vite, traçant un sillon d’écume derrière elle, mais moins vite que la torpille qui la frôla par la droite, sans qu’elle n’eusse ralenti. Elle poursuivi à ce rythme jusqu’à ce qu’elle émerge à la surface, si fortement que son corps entier sorti de l’eau. Elle flottait essoufflée et détrempée à quelques centimètres seulement de la surface de ce qu’elle aperçut non sans un certain découragement comme étant une piscine peu profonde, sur laquelle flottait mollement une bouée canard d’un jaune passé. Elle rabattit ses mèches trempées dans son dos et essuya son visage avec ses mains en retenant un cri de frustration.

C’était une vieille piscine, les murs étaient recouverts de mosaïques qui en leur temps devait être chatoyante mais elles étaient aujourd’hui défraichis et abimés. Il n’y avait pas de fenêtre, Rogue supposa donc que c’était le sous-sol, mais après les derniers événements la seule chose dont elle était certaine c’est que cet endroit lui voulait du mal. Leur voulait du mal. Il pervertissait des imaginaires populaires dont même le plus inoffensif essayait de les tuer.

« La piscine est fermée, veuillez sortir d’ici. » dit une voix nasillarde et blasé. C’était le morne groom de l’entrée, qui ne semblait pas plus perturber que cela par la scène devant lui. Rogue vit rouge et s’élança sur lui, décidé à l’attraper, à le secouer, mais sa main gantée traversa le corps comme s’il n’était pas là. Rogue se recula, un peu pâle. Le fantôme leva ses yeux jaunâtre vers elle et dit placidement « si vous avez des réclamations, il y’a une boîte dans le hall. », puis il s’estompa jusqu’à complètement disparaître, révélant deux escaliers, l’un montant, l’autre descendant. L’idée de s’enfoncer plus profondément dans les tréfonds de cet enfer ne l’effleura même pas. « Qu’est ce que t’en pense ? » finit-elle par demander avant de réaliser que dans sa précipitation, elle n’avait pas franchement fait attention à ce qu’il était advenu du type bizarre qui l’accompagnait. Elle se retourna vers la piscine, un bruit poisseux la fit se crisper, c'était une petite main bleuâtre et palmée qui venait de s'appuyer sur le rebord, suivit d'une seconde qui enserrait un trident menaçant et partiellement couvert d'algue. Une créature qu'elle reconnu comme étant un triton se hissait malhabilement du bassin. Sa bouche prenait les trois quart de son visage, composée de dents pointues et bien visible. Il empuantissait les fruits de mer avariés et Rogue désabusée que la salle des dangers de l'institut était bien triste comparée à cet endroit.

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Jean-Akira découvrait avec intérêt le véhicule se déplaçant devant ses yeux. Le machin ressemblait énormément à un vaisseau spatial, mais se déplaçait étonnement dans l'eau. Bizarre ces terriens, alors que toutes les espèces extraterrestres avancées se décident à voyager dans les étoiles, eux préfèrent tourner dans la flotte. Evidemment, Ivankov ne savait pas que des programmes spatiaux existent bel et bien. Et que tous les chercheurs dans les satellites autour de la planète pensent que leurs ordinateurs bug, à chaque fois que notre héros va faire un tour dans l'espace à la vitesse de la lumière. Il n'avait pas non plus remarqué le drapeau sur la lune, lors de ses nombreux piques-niques là bas. Ainsi l'alien restait dubitatif face au sous-marin se projetant dans sa direction. Peu convaincu de son utilité et capacité à lui faire quoi que ce soit. Même chose pour les torpilles se dirigeant à toute vitesse relative vers l'extraterrestre. Relative puisqu'on parle d'un type capable de traverser des galaxies sans pause toilettes. Dans ce genre de situation, pour ses yeux cosmiques, le monde évolue aussi lentement que dans un film d'action y allant trop fort sur les ralentis. Il faut cependant prendre en compte que son cerveau fonctionne, lui, avec la rapidité d'un film de la Nouvelle vague. Les deux se compensent, dans un étrange mélange de cinéma moderne, faisant que l'agent réagit au final aussi rapidement qu'un humanoïde lambda.

Finalement le projectile lui passa juste devant et le Héraut décida de suivre le mouvement de sa camarade. Fuir le quatuor étrange vers, certainement, une nouvelle menace. Cette dernière n'était pas la bouée canard, ce qui n'empêcha pas Jean-Akira de le penser en la percutant alors qu'il remontait à la surface. L'ennemi en plastique vaincu, dégonflé contre un mur, l'entité cosmique regarda autour d'elle. Pour découvrir le groom intriguant. Et s'affoler à nouveau en voyant qu'il était fantomatique. Notre protagoniste adopta une tactique qui fonctionnait jusque là, rétrécir le plus possible la distance le séparant de la jeune femme et espérer qu'elle règle les futurs problèmes. Se cacher métaphoriquement et littéralement derrière la mutante. Quand elle se retourna après lui avoir parlé, l'alien, par réflexe de peureux, en fit de même, s'attendant au pire.

Qui n'arriva pas. A la place, une bestiole humanoïde hideuse se tira de l'eau. Si notre héros fut dégoutté d'avoir partagé un bain avec, au moins la situation s'améliorait visiblement. Les fantômes, les morts-vivants ça fait flipper. Par contre des créatures étranges, le héraut en a rencontré des milliers alors qu'il écumait le cosmos. Armé d'un grand sourire, Jean-Akira attrapa la tête de l'ennemi, avant de porter son corps entier dans les airs et le projeter de l'autre côté de la large pièce. Le triton termina son voyage incrusté dans un mur, tête la première, les pieds palmés dépassants tels des portes-serviettes de mauvais goût.
- On va en haut, non ? La sortie c'est en haut Le combattant parlait généralement, pour lui la sortie est toujours vers le haut, nécessite de quitter la planète en s'élevant. Espérons tout de même que c'était le cas pour l'horreur aussi.

Accompagnant la parole par l'action, l'humanoïde commença à gravir les marches. Le silence régnait sur le lieu et, pour une fois dans sa vie, Ivankov n'osait pas le briser. Il se contenta de grimper, jusqu'à atteindre le couloir. Toujours le même, évidemment. Quant à l'escalier derrière, il avait immédiatement disparu. A la place se dressait un étrange mélange, semblable à un best-of, tirant parti des expériences vécues. Une gigantesque créature, à l'aspect spectral, composé essentiellement de tentacules, se déplaçant en rampant dans le couloir étroit. Alors que Jean-Akira s'apprêtait à pisser dans son froc psychologiquement une nouvelle fois, il remarqua un détail. Un tentacule se leva et, rapidement, une porte derrière le monstre fut visible, puis tout de suite cachée par un nouvel appendice. Une porte métallique, faisant tâche avec le bois composant toutes les autres. L'idée manqua de ne même pas traverser l'esprit du Héraut. D'être refusée d'entrée face à l'instinct "COURIR". Pourtant elle se faufila doucement dans la tête de l'idiot. Son argument principal pour se faire entendre : continuer de fuir des choses horribles pour l'éternité n'était pas une façon très fun de passer l'éternité en question. L'idée se développa rapidement, et poussa notre héros à ouvrir la bouche.
- Je crois... je crois qu'on ferait mieux de heu, changer la tactnique... et... A nouveau, le mouvement incessant des tentacules lui permis de voir la porte. Alors, attrapant son courage à deux mains, le tenant par la bouche, et essayant de se contorsionner métaphoriquement pour que ses jambes le portent aussi, Jean-Akira se lança vers le monstre. Il plongea dans les tentacules et les traversa tant bien que mal, bougeant de toutes ces forces dans cet univers visqueux. Arrivé de l'autre côté, il se précipita vers la porte en acier. Qui arborait un panneau lisant "Entrée interdite à toute personne étrangère au service". Sans même hésiter, pendant que la créature essayait difficilement de se retourner, notre protagoniste l'ouvrit.

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Bon. Le problème de triton fut rapidement réglé. Elle adressa au type un regard de surprise amusé. Il se réveillait enfin et de toute évidence il n’était pas un simple quidam. Mais ce n’était pas le moment de poser des questions il s’était déjà avancé dans les escaliers et Rogue le suivit sur le qui-vive. Une fois en haut, le même couloir s’étalait face à eux. Sauf que cette fois, le maléfice qui pesait sur l’endroit ne leur offrit aucun répit et le monstre tentaculaires, d’aspect presque spectral gesticulait déjà englobant l’espace. Rogue recula mais au lieu de l’escalier, se trouvait déjà un mur, bien solide contre lequel elle se plaqua. Elle avait beau tenté de rationaliser sa terreur de tout ce qui semblait longiligne et gesticulant, le fait qu’il n’y ait rien de rationnel dans cette apparition la confortait dans sa tétanie phobique.

Quand le type se mit à parler elle tourna la tête à peine une fraction de seconde vers lui, incapable de lâcher la créature totalement du regard, le cœur au bord des lèvres. Elle ne le comprit mais le vit s’élancer dans l’amas visqueux et eut un haut-le-cœur. Ce n’est qu’en constatant qu’il avait atteint une porte qu’elle sortit de sa torpeur. Une porte différente des autres, une porte qu’il ouvrit et qui donnait sur le hall d’entrée. Elle en reconnaissait les couleurs vieillottes. La porte de sortie gardée par le kraken. Les bras serpentins du monstre lui paraissait un obstacle complétement infranchissable, mais elle avait déjà, au cours de sa jeune vie, franchis un certains nombres d’obstacles infranchissables.

Elle prit une inspiration et souffla pour tenter de retrouver son calme, puis s’élance, les poings crispés brandit devant elle, alors qu’elle volait entre les tentacules qui la répugnaient. L’une s’enroula autour de sa cheville et elle poussa un glapissement d’effroi. Paniquée, elle fonça vers la sortie et par extension vers l’inconnu qu’elle percuta de plein fouet de toute sa force. Elle senti le tentacule s’étendre et se rompre la faisant chuter alors qu’elle avait parcouru une bonne moitié du hall de l’hotel dans même le réalisé et sous le regard placide du groom. Au sol, avec des gestes maladroits et pressé elle se débarrassa du tentacule qui gesticulait toujours mollement privé de son corps. Elle se redressa et donna un coup de pied dans l’horrible membre qui s’écrasa dans le meuble ou pendait les clés, juste derrière le réceptionniste. Elle tapa du pied plusieurs fois par terre pour essayer d’en chasser la désagréable sensation et se moquant complètement du spectacle ridicule qu’elle pouvait offrir.

Une fois son dégout évacué en partie, son regard passa du type au réceptionniste et c’est contre ce dernier que sa rage éclata. « Qu’est-ce que c’est que ce putain d’endroit ! » Elle se rua vers lui mais quand elle voulut agripper son col, sa main ne rencontra que le vide et l’étrange réceptionniste disparu, emmenant avec lui toute lumière. Le hall était plongé dans le noir et seul parvenait la lumière de dehors : les réverbères et les phares des voitures qui passaient indifférentes. Dans la semi obscurité elle chercha le regard du seul autre type encore présent. Le décor était le même, mais différent, la poussière et les toiles d’araignées recouvraient tout, les fenêtres étaient couvertes de planches en bois. Presque mécaniquement elle acquiesçait nerveusement « ok. » oscillant entre l’envie de hurler et celle de conserver bonne figure. « On s'casse ? » Ses jambes tremblaient quand elle réussit à les refaire fonctionner. Elle traversa le hall, livide, dans un état un peu second. Des chaînes étaient enroulées autour des poignées de la grande porte. Sans se poser des questions elle les arracha et ouvrit la porte et constata avec un soulagement palpable que derrière celle-ci c’était New York qui s’étalait. Elle voulait dire quelque chose, mais elle ne savait pas quoi. Il y avait ce type qu’elle ne connaissait pas qui avait tout vécu avec elle. Seul témoin qui prouvait qu’elle n’avait pas viré dingue. Alors elle tendit presque mollement sa main gantée et machinalement se présenta. « Rogue ».

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A peine la porte fut elle ouverte que l'attention de notre héros se tourna de l'autre côté. Sans prendre le temps de remarquer le hall d'entrée, s'étant trouvé un instant devant ses yeux. A sa gauche la jeune femme s'élançait dans les amas de tentacules, réussissant à arborer un air encore plus dégoutté que celui de Jean-Akira, un peu plus tôt. Cette fois la créature s'y attendait et la traversée fut plus difficile. Absorbé par le spectacle terrifiant, incapable de détourner ses yeux de l'horrible chose, et par la même occasion de comprendre ce qui se déroulait devant lui, l'alien fut incapable de bouger quand la mutante fonça dans sa direction. Et pour la deuxième fois de la soirée, elle le percuta en volant, le projetant en arrière jusqu'à tomber au sol. Avec une tentacule en plus cette fois, histoire d'escalader dans le désagréable. Une fois sur pieds, Rogue commença par se débarrasser de l'appendice gluant. De son côté l'extraterrestre adopta une tactique différente, à savoir s'en éloigner en rampant avant de se relever. Si les deux initiatives sont des réussites, au moins Ivankov n'a pas eu à toucher un truc visqueux. En contrepartie d'une légère blessure, supportable, à l'honneur.

Le Héraut haletait difficilement, essayant tant bien que mal de se remettre des émotions fortes. Il découvrait le hall autour de lui, son cerveau peu efficace incapable de comprendre comment il se retrouvait là. Malgré les nombreux événements surnaturels vécus ces dernières minutes, ça le surprenait à chaque fois. Alors l'agent regardait dans toutes les directions, comme s'il voyait le lieu pour la première fois. Sa partenaire agissait beaucoup plus, tentant d'obtenir un minimum de réponses. Lorsque la lumière disparue et que des toiles d'araignées s'installèrent sur le fauteuil dans lequel Jean-Akira s'était assis, ce dernier se leva brusquement, ses yeux exprimant la crainte de voir surgir un nouveau machin. « On s'casse ? » Elle enchaîna immédiatement en traversant le hall. Jean-Akira suivit, tel un petit chiot égaré, prêt à suivre n'importe qui.

Alors que l'être cosmique s'apprêtait à serrer la main tendue, une lumière s'alluma soudainement aux côtés des deux héros. Sous son halo, se trouvait un piédestal portant un large livre. Certainement rassuré par la ville l'entourant, lui donnant un nouveau boost de courage, l'alien s'en approcha et l'ouvrit lentement. LIVRE D'OR étaient les premiers mots, inscrits en haut de page. En dessous un court texte explicatif A notre grande surprise, vous avez survécu à votre séjour. Merci de laisser un message afin que nous puissions améliorer nos futurs services. Apparemment, les êtres habitant le lieu s'intéressaient aux retours de leurs clients. Une attitude louable, que les grands commerces ont tendance à ignorer et qui, dans un autre cas, peut faire plaisir. Bien sûr la situation diffère un peu lorsque le but est d'être plus efficace dans la terreur et le meurtre. Sous les caractères d'imprimeries, il n'y avait que deux notes, par deux clients survivants. La première, illisible, témoignait de l'état dans lequel se trouvait le pauvre homme ayant tenté d'écrire. On pouvait vaguement reconnaître les mots "abominable", "honte" et "police". Ils permettent heureusement de comprendre l'idée essentielle que voulait transmettre la personne. La seconde note était quant à elle bien mieux écrite. Le principe était agréablement original et bien réalisé. Nous avons cependant trouvé les références un peu trop évidentes, gâchant l'aspect mystérieux de la chose. A l'avenir, un peu plus de subtilité pourrait améliorer l'expérience. S'en suivait deux signatures.

Jean-Akira contempla rapidement le stylo posé au centre du livre. Hésitant un instant avant de partager un regard avec sa partenaire. D'un geste de la main il attrapa le livre et le déchira facilement en morceaux. Puis, dans le doute, brisa le piédestal du poing. S'il avait été seul, il aurait bien réduit à néant le bâtiment entier, mais décida de faire bonne mesure en se contentant du bouquin. Finalement, l'extraterrestre serra la main de la jeune femme.
- Jean-Akira... Ils restent ainsi quelques secondes. Dans la relative tranquillité, en tout cas comparé à leur expérience passée. On va prendre un café ?

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Elle a du mal. A réaliser que tout ce qui s’est passé, c’est passé. Et puis elle voit ce piédestal, cet énorme livre. Machinalement elle lit en travers les mots qui s’étalent sur la page et échange un regard avec ce type étrange. Elle constate sa force. Une force surhumaine, elle devrait probablement lui poser une question. Sauf qu’elle s’en fout, mutant, inhumain, dieu papou elle s’en tape, elle veut rentrer, peut être prendre un bain, se coucher et espérer qu’en se réveillant elle pourra croire que tout ce moment était un cauchemar débilement horrifique. « On va prendre un café ? » Elle le dévisage, incertaine, l’absurdité de la contenance la déstabilise, plus que le prénom qui ressemble à une blague dont il lui manquerait la référence. « Euh. Non ? » Finit-elle par dire en replaçant une mèche détrempée derrière son oreille.

Son regard passa de Jean-Akira et non, ce prénom continuait de particulièrement mal sonner dans son esprit, aussi bizarre que cette soirée, au paysage New Yorkais et à sa rassurante normalité : les papiers poussés par le vent tiède, l’odeur d’essence et les bruits indistincts de conversations animées. « Une autre fois peut être » ajouta-t-elle pour faire bonne mesure avant de prendre son envol, non sans une certaine précipitation.

C’était de loin l’expérience la plus bizarre qui lui ait été amené de vivre et pourtant son quotidien n’avait rien d’excessivement normal. Elle a combattu des zombies, elle a même récemment vu deux dragons s’affronter dans un hangar. Mais cette nuit dans cet hôtel remportait la palme. Haut la main. Sans possibilité d’hésitation. A mesure qu’elle s’éloignait du lieu, elle prenait l’ampleur de l’horreur et le degré d’aberration des événements. Bien haut dans le ciel, à l’abri Un fou rire nerveux la secoua, elle dut s’arrêter pour essuyer les larmes sur ses joues et calmer son hilarité libératrice. Elle aurait probablement pu y rester et ça n’aurait ni été la faute du gouvernement, ni d’un quelconque fanatique anti-mutant, pas même d’une pseudo divinité. Elle serait morte pour rien, comme ça, dans une mise en scène grotesque avec un quidam qu’elle ne connaissait pas. Et pour une raison qu’elle ne comprenait pas, elle trouvait cette idée d’une ironie désopilante. Elle songerait plus tard à quoi faire de ce lieu, y déposer une bombe, appeler une cohorte d’exorciste ou le laisser comme ça, ignorer sa présence dans cette ville pour ne pas risquer de passer pour une folle. Elle fila dans la nuit, déjà certaine qu’elle ne parlerait de cet épisode psychédéliquement psychotique à personne.

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