Quand Kitty est arrivée à l’institut, elle était haute comme trois pommes à genoux. Étant la plus jeune élève, tous les professeurs l’avaient surprotégé, à commencer par Charles. On ne lui interdisait pas d’assister aux entrainements, on préférait juste qu’elle soit spectatrice. C’était plus sûr… Mais c’était sans compter sur son impatience et son esprit de compétition. Seul Wolverine semblait lui faire assez confiance pour la former
« comme une grande », au grand damne d’autres professeurs tell que Scott.
En fait, ce n’était pas vraiment un manque de confiance à proprement parler. Ils savaient tous que Kitty comprenait vite et que la maîtrise de son pouvoir s’améliorait rapidement… Seulement, elle était un peu trop impulsive et elle manquait trop souvent de patience, ce qui la rendait bien trop imprévisible. Il fallait toujours garder un œil sur elle pour s’assurer qu’elle ne parte pas seule au front sous prétexte que son plan semblait plus efficace que celui proposé…
C’était d’ailleurs souvent le cas : elle était maligne la petite ! Et courageuse en plus. Une vraie pile électrique, une bombe à retardement… Et il ne fallait surtout pas s’aviser à la prendre pour un bébé au risque de la déclencher. Chose que Scott avait mit du temps à comprendre. S’il l’avait réellement comprit un jour.
En effet, malgré les années, lui et d’autres avaient continué à la traiter comme une enfant. Une attitude qui avait le don de l’exaspérer même si, au fond, cela renforcer son sentiment d’appartenir à une vraie famille… Et ça la poussait aussi à faire toujours plus pour prouver sa vraie valeur, allant même jusqu’à se mettre en danger de temps à autre. Téméraire, de plus en plus. Ce qui n’avait guère changé en fait, ce qui n’était pas le cas de beaucoup d’autres aspects de sa vie…
Aujourd’hui, le professeur K avait bien grandit. Elle était plus réfléchie, un peu moins impulsive (quoi que…) et c’est elle qui est devenue protectrice, plus encore qu’avant. Toujours courageuse dans un monde qui avait perdu la raison et qu’elle ne reconnaissait plus. La RA, les kidnappings, les arrestations, les puces, l’évolution de l’institut, la disparition de certaines personnes.
Malgré ses efforts, la jeune femme se sentait inutile voire même « déplacée ». Son avis était partagé et elle ne savait plus vraiment quoi penser. Charles avait-il raison ? Et Wolverine ? Et Scott ? Que pouvaient-ils faire face à tant de folie et de haine ? Comment protéger tous ces innocents ? La paix était-elle vraiment possible aujourd’hui ? Tant de questions sans réponses ! Pourtant, elle devait montrer l’exemple, ne rien laisser paraître. Ses élèves étaient ses protégés, sa famille. Les abandonner n’était pas une option.
Mais il n’était pas question non plus d’abandonner les adultes, ceux qu’elle avait jadis vu comme des parents, des exemples, des mentors. Ces hommes et femmes qui avaient fait d’elle la Katherine d’aujourd’hui. Elle leur devait trop pour les laisser derrière. Il n’y à que tous ensemble qu’ils pouvaient espérer sauver le monde, ou du moins ce qu’il en reste. C’est pour cela qu’elle rendait souvent visite à Wolverine dans son bar et c’est aussi pour cette raison qu’elle était devant cette porte à ce moment précis.
Scott était de retour depuis quelques temps déjà, passant habilement (bien qu’involontairement sans doute) sous ses radars. Elle savait ce qu’il avait vécu. De loin, certes, mais elle savait. Et elle s’en voulait de ne pas avoir été là à cette époque. Elle avait l’horrible sentiment de l’avoir trahit, de les avoir tous abandonné… Il lui était impossible de se racheter, mais il fallait au moins qu’elle s’excuse, il lui était important de reprendre contact.
Un peu nerveuse, elle frappa à la porte entre-ouverte. Scott déjeunait d’un air rêveur. La jeune mutante non plus n’avait pas réussit à fermer l’œil et à quatre heure du matin ils étaient là, seuls dans ce grand manoir qui semblait vide. Il avait été son professeur. Un peu strict, sûrement trop protecteur, mais elle l’avait toujours admiré et les récents évènements n’avaient fait que confirmer ce sentiment. Autour de lui, elle se sentait petite, comme l’enfant qu’elle était quand ils se sont rencontrés pour la première fois. Elle lui devait beaucoup. Trop pour être réellement à l’aise et pour se sentir son égale.
C’est presque la Kitty de treize ans qui ouvrit finalement la bouche.
« Monsieur Summers ? Puis-je me joindre à vous ? »
Dit-elle timidement, ne sachant toujours pas exactement ce qu’elle voulait lui dire. Elle n’avait pas faim, la pièce n’était qu’une excuse pour rendre la rencontre fortuite… Son cœur battait étrangement, comme sous pression. La honte, la culpabilité, l’admiration. Elle ne c’était jamais sentie comme ça face à lui, le temps et les évènements avaient sûrement joué en sa défaveur…