[Flashback] Canadian Dream. | Marian.

La Mini Cooper jaune, si caractéristique de la bonne humeur habituelle de sa propriétaire, avait avalé les kilomètres séparant l'Institut Xavier du Canada comme un alcoolique s'enfilait ses verres de whisky. Quelques heures de route, ce n'était rien comparé aux deux jours qu'elle se tapait tous les week end pour aller et revenir de Chicago, afin de voir sa mère dans l'hôpital psychiatrique où elle est interné depuis quinze ans, à cause d'elle. Ce week end justement, Marian a décidé de ne pas y aller. Elle n'avait ni l'envie, ni la force, de faire face à la femme qui l'avait mise au monde et dont on ne lisait désormais que l'effroi sur le visage. La peur avait remplacé l'amour dans son regard. Ce week end, Marian avait besoin d'autre chose. Elle avait besoin d'être quelqu'un d'autre. D'oublier un peu sa vie, de s'en inventer une nouvelle. D'oublier les responsabilités sur ses épaules, et même l'Institut. Ce week end, Marian avait envie d'être comme tout le monde.
C'est sur cette pensée que la voiture se gare sur le parking d'une petite auberge. Le soleil disparaissant derrière l'horizon, la jeune femme a bien besoin de prendre une pause. L'établissement est plutôt petit, mais possède ce charme qui fait du pays l'un de ceux qu'elle préfère. Elle a confié ses deux petits chiens à une amie, et c'est donc seule qu'elle quitte son véhicule, un petit sac de voyage à la main.

A l'accueil, Marian remarque avec un petit soulagement que l'auberge n'est pas très fréquentée en cette basse saison. Ce n'est pas pour lui déplaire. Après avoir payé en liquide pour la nuit, elle monte au premier étage où l'attend sa petite chambre. Cette dernière ne manque pas de confort, et possède sa propre salle de bain dans laquelle la jeune femme s'empresse de faire couler un bain. Si elle aime conduire, elle n'échappe pas pour autant l'endolorissement des muscles après plus de six heures de route.

Dans l'eau presque brûlante, Marian tourne quelques pages du livre qu'elle a emprunté à la bibliothèque de l'école. Un classique de Stephen King. Elle a presque l'impression que le reste du monde n'existe plus. Le temps s'est arrêté pour elle, et c'est avec délice qu'elle savoure cette sensation. C'est quand l'eau devient presque froide, que la mousse a disparue, que la faim se fait sentir. Il faut dire qu'à part des cafés, elle n'a rien avalé de la journée. C'est à regret que son corps quitte la baignoire pour se sécher.
Enroulée dans une serviette, Marian croise son visage dans le miroir. Elle sourit. C'est sans doute la chose qu'elle sait faire le mieux. Sourire en toutes circonstances.
De son sac, elle sort cette robe que Elie l'a convaincue d'acheter il y a plusieurs semaines déjà. Elle qui se trimbale toujours en tenue de sport ou en jean, a finalement cédé devant l'insistance de son amie. Le tissu est léger, couleur crème, aux manches longues dénudant les épaules. D'après Elie, on appelle ça une robe patineuse. Marian avait rit à l'entente de ce nom ridicule, mais elle avait quand même fait plaisir à sa copine. Après tout, si elle ne met pas cette robe ce soir, quand est-ce qu'elle la mettra ? En revanche, elle se trouve déjà assez grande comme ça, et n'aime guère porter des talons. Ça l'empêche de courir. Enfin, elle espère ne pas avoir besoin de courir ce soir, mais au cas où, elle préfère enfiler ses doc's. Au pire des cas, personne ne devrait regarder ses pieds... Non ?

Son ventre qui gargouille la ramène à nouveau à la dure réalité de la faim, et Marian quitte la chambre pour redescendre au rez-de-chaussée. Rien qu'à la bonne odeur qui flotte dans le restaurant de l'auberge, elle sait qu'elle a décidément fait le bon choix. La salle est quasiment déserte, et la jeune femme s'installe à une table au hasard. Ses yeux s'égarent sur le menu proposé mais, avant qu'elle ne puisse vraiment faire son choix, un mouvement à l'entrée du restaurant attire son attention. Un autre client fait son entrée et, sans même s'en rendre compte, Marian suit l'homme du regard alors qu'il s'installe à une table reculée. Un petit sourire amusé étire les lèvres de Marian. Celle-ci profite de l'inattention de l'homme à cause de la serveuse pour se lever et venir s’assoir à la même table que lui. C'est dans le caractère de la jeune femme d'être plutôt directe, et d'oser des choses qui peuvent paraître déplacées. Mais en général, un sourire étincelant de sa part et le déplacement de son attitude est oubliée.
Justement, l'homme s’aperçoit de la présence de Marian.

« Bonsoir... Vous désirez... ? »

La surprise est garantie et la jeune femme y répond avec un sourire éclatant.

«Bonsoir, je pensais juste vous offrir un peu de compagnie pour le dîner. »

Son sourire chaleureux s'élargit et déjà, la serveuse est de retour avec la salade de son nouveau compagnon de table. Il faut dire qu'avec le peu d'affluence, le service peut être rapide.

« Je vais vous prendre l'entrecôte, saignante, ainsi qu'un verre de Long Wood, sans glace, » adresse la jeune femme à la serveuse qui prend note sur son bloc-note avant de repartir vers la cuisine en faisant claquer ses talons. Marian hausse un sourcil amusé en la suivant du regard avant de se retourner vers l'homme, qui semble toujours abasourdi de son audace. A nouveau, elle sourit. Les sourires de Marian sont quelque chose qu'elle ne peut s'empêcher de distribuer au monde et aux gens qu'elle rencontre.

«Je m'appelle Marian, mais si vous préférez je peux vous laisser en tête à tête avec votre charmante salade. » La jeune femme lance un regard suggestif vers l'assiette de crudités, toujours souriante.

Ce n'est pas la première fois que l'attitude de Marian déconcerte un homme (ou une femme d'ailleurs). Mais elle est comme ça. Sans arrière-pensée, aucune, elle suit ses pulsions et ses envies d'aller parler à qui elle veut. Et jusqu'à présent, elle ne s'est jamais trompée. A chaque fois qu'elle a suivit ses envies de bavardage avec des inconnus, cela s'est toujours soldé de façon positive. Alors bien sûr, on est jamais à l'abri d'un refus ou d'une mauvaise rencontre, mais cela fait partie de sa façon d'être. Sa spontanéité, son sourire, ce sont des choses dont elle ne pourra jamais se défaire. Il faut avouer aussi, qu'elle se délecte à chaque fois des regards surpris et des haussements de sourcils, des bégaiement ou des sourires gênés qu'elle fait naitre chez les gens qu'elle accoste sans honte.
En cet instant, Marian répond au sourire poli de l'homme par un sourire encore plus éclatant, s'enfonçant confortable dans son siège.

«   Eh bien... » Un bref silence pendant lequel Marian hausse un sourcil, sourire en coin, alors que l'inconnu balaie la salle du regard. Particulièrement le nombre incalculable de places disponibles.  «  Vous pouvez rester ici, si vous avez besoin d'un peu de compagnie. Je ne pense cependant pas être le choix idéal pour faire la conversation. Je suis plutôt rasoir... »

A ces mots, la jeune femme ne peut retenir un petit rire amusé, mais pas moqueur pour un sous. A son tour de hausser les épaules alors qu'elle pose ses coudes sur la table pour prendre son menton dans ses mains, légèrement penchée en avant.

«  La plupart des gens qui se prétendent rasoir ne le sont pas du tout, mais essaient de se servir de ce qu'ils pensent un défaut pour être tranquille... » Son petit sourire s'élargit, malin tout en restant innocent. « Je me trompe ? » Ce n'est pas vraiment une question, car Marian n'attend pas vraiment de réponse. Malgré l'aspect humble et la politesse de l'homme, elle sent bien qu'il cache plus que ça. Mais ce n'est pas son but de chercher à découvrir quoi que ce soit. C'est seulement une bonne tactique pour détourner l'attention d'elle-même. Qui ne dure pourtant pas très longtemps.

« Hem. Qu'est-ce qui vous pousse à visiter les contrées lointaines du Canada ?»  

Tactique que l'inconnu retourne à son avantage, ce qui fait à nouveau sourire Marian. Cette dernière ne répond pas de suite, car son assiette et leurs boissons arrivent au bout des bras de la serveuse. La brune remercie l'employée. Le paradoxe au niveau des menus est amusant, mais pas assez pour que Marian ne remarque pas de nouveau les petits coups d'oeil de l'homme. Vers la sortie. La jeune mutante n'est pas dupe, et visiblement, l'inconnu trouve sa présence suspecte pour elle ne sait quelle raison. Cela titille un peu sa curiosité, est-ce quelqu'un de recherché, de dangereux ? Dans les deux cas, cela ne la regarde pas vraiment. Et qui plus est, si on prend les choses largement, elle est également en fuite et ne souhaite pas que quiconque sâche où elle se trouve. Égalité.

Elle l'imite, quand il lève un peu son verre dans un signe respectueux, et bois une gorgée de l'alcool qui est le bienvenue après cette journée de route. Si l'homme a déjà attaqué sa salade, c'est au tour de Marian d'entamer sa pièce de viande.

« Mon dieu, que c'est bon, » ne peut-elle s'empêcher de murmurer pour elle-même en fermant brièvement les paupières. Manger lui fait le même effet relaxant que le bain qu'elle a précédemment prit, et son estomac vide s'apaise également. Puis, elle se souvient qu'elle n'est pas toute seule, et se racle un peu la gorge, les joues rosées, et bois à nouveau une gorgée de whisky pour se donner contenance avant de répondre à la précédente question de l'homme.
« Honnêtement ? Rien de particulier, j'avais juste envie de changer d'air. La ville m'étouffais. » Elle ne mentionne pas New York, quel interêt après tout. Elle reste évasive. Si la suspicion de l'inconnu à son égard ne la froisse pas, elle essaie toutefois de rebondir dessus avec humour.

«  Vous regardez souvent vers la porte... » commence-t-elle en coupant un autre bout de viande. « J'espère que vous n'attendiez personne. Je ne voudrais pas devoir m'expliquer avec une femme ou une amante hystérique que j'ai pris sa place à votre table. » Marian mange son bout de viande sans se départir d'un petit sourire en coin. Elle souhaite juste détendre un peu l'atmosphère, car quelque chose lui dit que le brun a autant besoin qu'elle de se changer les idées. «  Et vous, qu'est-ce qui vous amène dans ce paradis perdu, Monsieur Mystère ? »  

Si Marian fait tout pour montrer une pointe d'humour et de bonne humeur, elle n'en pense finalement pas moins. Mine de rien, elle sait reconnaitre quelqu'un qui justement ne veut pas l'être. Si elle n'en dit rien,  l'homme peut être rassuré : elle est loin de vouloir chercher des embrouilles, ce soir plus que jamais. Ce sera sans doute difficile de convaincre l'homme en face d'elle qu'il est simplement naturel pour elle de faire ce genre de démarche mais, eh, qui ne tente rien n'as rien.
Magré tout, il semble se détendre un peu face à l'attitude de la jeune femme, et laisse même échapper un rire bien qu'un poil nerveux.

« Non, ne vous en faites pas, aucune copine hystérique dans les parages. »  Marian est même gratifiée d'un sourire auquel elle répond sincèrement. « Vous pouvez m'appeler John. »  

« Enchantée, Jonh, » réplique Marian dans la foulée en hochant la tête sans se défaire de son sourire.

Tout comme son nouvel interlocuteur, la jeune femme pioche dans son assiette avec une certaine gourmandise qui, elle l'a bien vue, n'as guère échappé à John. Ce dernier répond de manière aussi évasive qu'elle sur sa venue dans ce pays :

« Un besoin d'espace et de grand air... Rien de mieux que le Canada. Comme vous, je trouve les grandes villes étouffantes. »  Un petit soupir lui échappe, auquel Marian répond à nouveau par un petit sourire avant de prendre une autre gorgée de whisky. Le canadien est vraiment le meilleur à son goût. Par dessus son verre, elle regarde l'homme se pencher légèrement vers elle, avant de demander, poussé par une curiosité évidente : « Je me demande malgré tout... Pourquoi avoir choisi ma table ? »  

Une énième fois, ce sourire éclatant sur les lèvres de Marian qui termine son verre, et fait signe à la serveuse de lui en apporter un autre. Un haussement d'épaule accompagne une bouchée de viande et elle remercie la serveuse qui vient lui remplir son verre.

« Finalement, laissez moi la bouteille, » lance Marian à la jeune femme qui s’exécute et repart vers les cuisines. La brune se sert elle-même en laissant la bouteille au milieu de la table. « Je vois que votre curiosité est plus forte que le reste, » taquine la mutante avec un petit sourire en coin par dessus son verre.
« Je pourrais vous dire n'importe quoi. Que vous m'avez tapé dans l'oeil, que je suis une ancienne élève de la même université que vous et que j'ai le béguin pour vous depuis de longues années. Je pourrais dire que j'ai oublié mon porte-monnaie et que j'attends que vous m'invitiez pour ce repas. Notez que j'ai fais l'effort de ne pas prendre la bouteille la plus coûteuse, » fait remarquer la jeune femme en laissant échapper un petit rire amusé mais honnête.
Elle repose son verre pour s'attaquer de nouveau à son assiette.

« Qu'est-ce qui vous ferait plaisir à entendre, John ? » s'enquit Marian avec une petite moue malicieuse, le regard pétillant détaillant l'homme qui se cache derrière ses lunettes et un sourire timide. « Je suis une parfaite inconnue qui s'invite à votre table sans aucune raison apparente, et ça vous rend curieux. Quoi de plus normal ? » Elle repose sa fourchette, croisant ses jambes sous la table et reprenant son verre dans une main, l'autre tenant son menton. Légèrement penchée en avant, elle ne cesse de sourire. Ce petit jeu l'amuse, lui change les idées. « Mais vous, John, que voudriez-vous que je sois ? Surprenez moi, je suis curieuse de savoir ce que vous voulez. »


Au final, c'est encore une question évitée. Mais il faut dire que la réponse n'est pas très passionnante non plus. Ennuyeux d'expliquer qu'elle est ainsi faite, qu'elle aime rencontrer des gens, hommes séduisants ou femmes charmantes, et ce que soir, c'est sur lui qu'elle a jeté son dévolu et son ennui.  

Il est aisé de se rendre compte quand on met quelqu'un mal à l'aise. Des hésitations, des gestes évasifs, le regard fuyant et ces petits raclements de gorge significatifs. Et si Marian n'est pas du genre à s'amuser d'importuner les gens, la jeune femme est prise d'une trop grande curiosité ce soir pour mettre fin à tout ça et retourner dans son coin. Même si, dans le sourire qu'elle esquisse au moment où l'homme remonte ses lunettes de façon gênée, on peut y déceler une petite part d'excuse.

« Vous ne devriez pas donner de telles cartes dans les mains d'un parfait inconnu... Cela pourrait se retourner contre vous, non ? Il se pourrait que je sois un type louche et tordu se cachant derrière un sourire hésitant. J'ai peut-être l'intention de gagner votre confiance, de vous faire boire jusqu'à vous enivrer, puis de vous amener dans les forêts perdues qui nous entourent ? »

A l'air sombre qui accompagne ces mots, Marian hausse un sourcil, l'air interdite, avant de sourire avec l'étranger. Elle se permet même de laisser échapper un petit rire amusé. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il rentre dans le jeu comme ça. Enfin, si c'est bien le cas... On est jamais sûr de rien en ce bas monde.

« Je serais curieuse de vous voir essayer, » lance Marian avant de prendre une gorgée d'alcool, « je ne me laisse pas entraîner dans des forêts si facilement, même ivre. » Avoir confiance en soit c'est important, mais ce que l'on repproche souvent à Marian au fil des entraînements c'est de sous-estimer l'adversaire et surtout, de faire preuve d'une témérité bien trop dangereuse pour tout le monde.

Le jeu de mensonges et de vérités cachées qu'elle met en place sans penser à mal pour autant semble prendre son interlocuteur au dépourvu. Pourtant, il paraît être le premier à vouloir rester incognito. Mais encore une fois, Marian ne blâmera personne de vouloir cacher des choses, elle est adepte de ce jeu là depuis toujours.

« Je crois ne pas être très doué à ce jeu... Alors reprenons, je vais essayer autrement. Vous êtes une grande voyageuse ; l'une de celle allant par monts et par vaux sans jamais rester longtemps au même endroit. Vous.... Êtes donc venu à ma table par curiosité. Vous vouliez voir ce que j'allais faire... Comment je réagirais. Je suis un bandit très recherché, j'espère que vous n'êtes pas sans le savoir, si vous êtes donc là en tant qu'éclaireur, faites attention, j'ai été condamné par le passé. Pour homicide. »

A nouveau, le sourcil interrogateur et curieux de Marian se dresse sans qu'elle ne quitte son léger sourire pour autant. Elle ne répond pas tout de suite, bien trop occupée à terminer son assiette et son regard fini par revenir sur l'homme au moment où le tintement des couverts que l'on pose se fait entendre.

« Votre théorie est très intéressante, Jonh, » concède la brune en posant sa serviette. « Et non, j'ignorais totalement que je partageais la table d'un criminel recherché... Ceci dit, cela n'enlève rien au fait que j'ai très bien mangé et que je prendrais bien du dessert. » Un petit haussement d'épaule amusé. « Que voulez-vous, je suis une voyageuse, j'aime vivre dangereusement. Et je pourrais peut-être avoir de la matière pour écrire le livre de mes aventures ! » En riant, Marian se dit intérieurement qu'elle a peut-être râté sa vocation tiens.

La serveuse revient pour récupérer les assiettes vides et s’enquière de la suite du repas.

« Je prendrais bien un dessert, vous pouvez me donner la carte ? » demande Marian avec un sourire avant de se tourner vers l'homme tant que la serveuse tourne les talons : « Vous prendrez bien quelque chose John ? » Les yeux de la brune sont doux et malicieux, comme d'habitude, alors qu'elle prend la carte qu'on lui amène. Le dessert, c'est quand même le meilleur moment du repas, n'est-ce pas ? « Je ne sais pas trop quels sont vos goûts, » marmonne la jeune femme en parcourant la carte du regard, se mordant la lèvre sous la réflexion. « Je pense que je vais prendre... La tarte aux pommes. » Simple, mais efficace. Avec le caramel et la boule de glace vanille, miam. Marian donne la carte des desserts à Bruce. Actuellement, son sourire ressemble à celui d'une enfant impatiente. « Qu'est-ce qui vous ferait envie, Jonh ? » demande-t-elle en souriant de plus belle. « C'est moi qui vous invite pour compenser mon horrible compagnie, » ajoute Marian avec un petit rire.

On dirait finalement que l'ambiance se détend à la table où le repas semble toucher à sa fin. Mais un bon repas n'est pas sans un dessert pour le clôturer. Et puis qui sait, peut-être que cela aidera John à se sentir un peu plus à l'aise et a accepter la présence de Marian qui alors, lui tends la carte des desserts en souriant. C'est une manie chez elle, de sourire ainsi, et ses lèvres s'étirent encore un peu plus tandis que l'homme consent à prendre la carte. Elle pose une main dans son menton, et l'observe alors qu'il parcourt la carte des yeux. Presque pour la première fois depuis le début du repas, il semble relativement serein, réussissant à se concentrer sur le choix de son dessert plutôt que sur une éventuelle fuite ou des secrets à garder. Sans vraiment savoir pourquoi, cette constatation réchauffe le coeur de la mutante.

« Êtes-vous sûre de vouloir remplir le ventre d'un dangereux criminel avec votre propre monnaie ? »

Toute à ses pensées et son observation, Marian n'a même pas remarqué que l'homme a relevé les yeux vers elle. Il lui sourit malgré tout, brièvement, mais c'est toujours un sourire.

« Je serais un bien piteux gentleman si je vous laissez payer la note. »

Marian ne peut s'empêcher de laisser échapper un petit rire et elle se redresse légèrement sur sa chaise pour se servir un autre verre. Elle n'est pas du genre à compter combien elle boit mais uniquement parce qu'elle sait qu'elle tient bien l'alcool. Avouons aussi que si Marian est si loin de chez elle ce soir, ce n'est pas pour laisser les bonnes choses lui passer sous le nez.

« Eh bien, j'insiste voyez vous, » commence la jeune femme en trempant ses lèvres dans le whisky avant de continuer : « Laissez moi être un gentleman à votre place, voulez -vous. Je suis tout à fait apte à inviter quelqu'un au restaurant même si... Vous savez... J'ai un vagin. » La phrase est fini sur un ton de confession, les sourcils levés et une main au coin de la bouche comme si elle disait un secret. Se proclamer ainsi féministe le premier soir n'est peut-être pas la meilleure des idées mais elle ne peut pas s'en empêcher et laisse échapper un petit rire amusé. « Et puis vous savez, je remplis les poches des criminels tous les ans avec ces foutus impôts. » Façon subtile mais humoristique de décrier le gouvernement de son pays. « Autant que j'offre un bon repas au plus charmant d'entre eux. » Voilà maintenant qu'elle fait du charme. Enfin, elle en fait tout le temps après tout, il ne faut pas mal le prendre. Mais elle n'a guère le temps de se reprendre que la serveuse vient s’enquérir du choix de leurs desserts et Marian en profite pour plonger le nez dans son whisky.

« En tout cas, merci de vous être assise à ma table. Même si je suis … Un peu sceptique pour être franc, et sans vouloir vous vexer, quant à ce que vous faites réellement ici. Mais je comprends, et vous m'aurez au moins permis de ne pas passer la soirée seul. »

La jeune femme relève son nez du verre et son regard vers John, esquissant un petit sourire en coin en reposant son verre. Au final, c'est plutôt à elle de dire merci mais elle n'en a pas l'occasion à cet instant car les desserts arrivent déjà. Elle sourit en voyant que John fini par apprécier son repas et elle s'attaque à sa douceur également, silencieuse comme quelqu'un qui savoure une pâtisserie digne de ce nom.
C'est encore une fois la voix de John qui la tire de ses pensées.

« Vous avez loué une chambre ici, ou bien repartez-vous sur les routes la nuit tombée ? »

Un sourcil un peu étonné se lève chez la jeune femme alors qu'elle prend une cuillerée de glace, un peu fondue par la chaleur de la tarte aux pommes.

« Oh et bien j'ai déjà beaucoup conduit aujourd'hui pour venir jusqu'ici, et à vrai dire je compte y passer le week-end avant de rentrer à New York. » Le nom de la ville lui échappe, brisant un peu les secrets mis en place et elle esquisse un petit sourire en haussant les épaules. « Je suis professeur là bas, » se justifie-t-elle sans vraiment savoir pourquoi. A ce stade du repas et de la soirée, Marian n'a pas envie de gâcher quoi que ce soit alors que l'ambiance semble enfin agréable pour tout le monde. « C'est à moi de vous remercier, Jonh. Vous auriez très bien put exiger que je vous laisse tranquille et que je retourne à ma table d'origine, mais vous ne l'avez pas fait. » La voix de Marian est légèrement basse alors qu'elle détourne les yeux, trifouillant sa tarte du bout de la cuillère.  « J'avais besoin de compagnie et c'est tombé sur vous. Ce que je ne regrette pas le moins du monde. » La jeune femme relève les yeux de sa tarte dont elle reprend une bouchée avant d'ajouter avec un petit sourire en coin : « Et je maintiens ce que j'ai dis plus tôt, je ne vous trouve pas du tout rasoir, Jonh. »

Sur ces mots, la mutante achève de manger son dessert au goût de l'enfance et malgré un regard outré de la serveuse qui vient leur demander si tout se passe bien, elle passe spontanément son index au fond de l'assiette où se mélangent crème glacée et caramel pour le porter à sa bouche. Elle gratifie même la serveuse d'un haussement de sourcil dans le genre « Un problème ? »
La blonde se tourne vers John pour lui demander si il désire un café et Marian en profite pour sortir sa carte bleue visiblement de nulle part car elle n'a pas de sac sur elle. En vérité, elle l'avait planquée dans une de ses doc's, peu désireuse de s'encombrer d'un sac à main pour le dîner.

« Je prend également la note de monsieur, » lance Marian à la serveuse en lui tendant sa carte bleue pour le prélèvement. Elle repose son attention sur l'homme en face d'elle, un peu songeuse. « Je pense aller faire un tour dehors, histoire de digérer un peu, vous voulez m'accompagner ? »