Sujet: The others inside [Bruce & Reine] Sam 23 Avr - 1:34
Mes mains tremblent. Je les imagine serrant le cou de cet homme innocent, chaque doigt s’enfonçant dans la chair, les ongles pénétrant plus profondément, coupant la peau jusqu’au sang. J’ai cette vision d’horreur à défaut de me souvenir vraiment de comment elle s’y est prit pour l’étrangler. Puisque ce n’est pas moi qui a assisté à ce spectacle. On me l’a seulement décrit. Heureusement que le lieutenant colonel James Rhodes était présent pour arrêter la folie de Reina. S’il n’était pas intervenu, elle aurait à coup sur tué l’homme qu’elle avait prit sans raison pour cible. Elle a toujours été violente, ce n’est pas nouveau. Ce n’est pas ça qui me bouleverse autant. C’est juste qu’elle n’avait jamais été aussi loin. Loin au point de commettre une tentative de meurtre avec mon corps. Mes mains. Ce sont bels et bien mes propres mains qui ont commis cet acte. Mais pas ma volonté. Voilà pourquoi elles tremblent. Voilà pourquoi je pleure en silence à l’arrière de ce taxi. Je suis en route pour qu’on purge de moi cet être malveillant. Je l’ai toléré depuis trop longtemps. Il est temps que ça change.
Je demande au chauffeur de s’arrêter quelques rues avant ma destination. Il se poserait trop de questions si je lui demandais de me laisser devant la cachette de mon ami. Je le paye en tentant de contenir mes tremblements. Il doit surtout me prendre pour une junkie en manque de sa dose. Je choisis d’ignorer la vision qu’il pourrait avoir de moi. Je sors du véhicule et progresse sans attendre vers le bâtiment abandonné. Je tente de ne pas trop réfléchir en route. La panique est déjà trop grande en moi pour en rajouter. De nombreuses minutes sont nécessaires pour que j’atteigne mon objectif. Je sais qu’il est à l’intérieur, puisque j’ai pris la peine de lui téléphoner avant. Il a entendu ma voix angoissée, il sait que je suis très mal en point psychologiquement. J’ai refusé de lui dire pourquoi je voulais le voir de toute urgence, prétextant que le mieux était d’en discuter en personne. En vérité, c’est parce que lorsque je vais tout lui dire, je vais m’effondrer. Si ça s’était produit via téléphone, je n’aurais pas eu la force de marcher jusqu’ici pour lui demander son aide. Le Docteur Banner est mon seul espoir et c’est tout ce qui est important que je me rappelle en cet instant.
J’atteins la porte dont le mécanisme rouillé capricieux m’est familier à présent. J’entre sans peine, sachant instinctivement où me rendre dans l’édifice pour le trouver. J’ai beau fixer le plancher, je sais où je vais. Je monte un étage et longe un long couloir assez sombre avant d’atteindre la vaste pièce convertie en laboratoire. Comme je m’y attendais, Bruce est penché en train de travailler. Il n’arrête donc jamais? Je fends la pièce et m’arrête à quelques pas de lui, réalisant que c’est peut-être un peu trop direct comme approche. Sauf que cette pensée qui est dans ma tête depuis que j’ai repris possession de mon corps est à présent trop importante pour la contenir plus longtemps. Elle me ronge et m’obsède, beaucoup plus forte que l’envie de dormir ou de manger. Je ne ressens plus rien en fait que cette envie, celle de tuer Reina définitivement. Et pour cela, j’ai besoin du seul homme qui peut réellement comprendre ce que je vis. Cet homme sur qui je jette un regard désespéré.
-Docteur, il faut pousser les expériences plus loin, je dis au bord des larmes, je n’en peux plus d’elle.
Mes paroles sont tremblantes, tout comme mes mains. Je suis vraiment à deux doigts de la crise de nerfs et tout ça c’est de la faute de cette maudite personnalité. Il est un peu tard pour regretter de ne pas correctement prendre mon traitement. Après tout, nous avons convenu dès le début de nos rencontres afin d’étudier ma maladie que les médicaments prescrit par les psychiatres n’ont absolument aucune influence sur mes personnalités. La médication engourdie mes réflexes et mes pensées, m’évitant de déraper plus aisément dans un black-out et d’ainsi laisser ma place à une autre. Mais ces cinq petites pilules ne me guériront jamais. J’ai l’espoir que Bruce le peut. Je suis ici pour ça. Je veux qu’il tente les traitements drastiques pour enlever de ma tête Reina et Anna. Il n’y a que de la sorte que je vais pouvoir reprendre ma vie en main. Envisager autre chose que la souffrance perpétuelle. Ce n’est pas vrai que je vais les laisser gagner. Je veux les faire partir une bonne fois pour toute. Mon regard sur Banner est peut-être celui du désespoir, mais il ne peut être plus lucide qu’à cet instant.
Invité Invité
Sujet: Re: The others inside [Bruce & Reine] Sam 30 Avr - 16:14
Loreine & Bruce
Un sursaut, lorsque je sentis une présence dans la pièce, et un grand soulagement lorsque je vis qu'il ne s'agissait que de Loreine. Un pli soucieux barra cependant mon front lorsque je me rendis compte qu'elle était dans un état d'affolement certain. Sa voix était brisée, celle d'une personne éreintée, au bord de la crise de nerfs. Calmement, je tirais un siège vers elle pour qu'elle puisse s'y installer. Il n'avait pas été facile de m'installer dans ce petit bâtiment désaffecté pour y installer mon maigre matériel. Un simple ordinateur, un microscope et quelques tubes essais. J'aurais aisément pu demander à Tony de renflouer mon matériel, si je l'avais voulu. Mais d'une, je ne souhaitais pas lui faire face pour l'instant, de deux, il avait certainement mieux à faire que d'aider l'homme que j'étais. Je n'en avais, de toute manière, pas besoin. Je préférais ne pas faire de bruit, observer, rester silencieux. Cela ne m'empêchait pas de travailler sur moi-même, comme toujours. Sur le problème qu'était toujours, et constamment Hulk dans ma vie, et dans celle des autres. J'avais pu faire un tour à l'institut Xavier pour entrer en contact avec des personnes appropriées, qui pourraient m'éclairer sur ma condition.
Actuellement, j'aidais Loreine, cette jeune femme effondrée qui me faisait face. Elle aussi devait faire face à de nombreux problèmes issus d'une personnalité multiple. Je ne pouvais que le comprendre, et tenter de lui apporter mon soutien. Je n'étais pas un expert, mais son cas m'avait assez touché pour que je sorte de ma réserve naturelle pour lui tendre la main. J'avais récemment décidé de sortir peu à peu de l'ombre qui m'entourait, prenant conscience que je pouvais faire bien plus que ce que je n'avais encore jamais fait. Aider le monde. A une époque, j'aurais eu tendance à dire que le monde n'avait nullement besoin de moi. Mes tentatives de suicides inefficaces en étaient la preuve. Mais il n'y avait pas que ça... C'était bien plus profond. Un désir de changement, d'évolution peut-être. Et pour cela, faire preuve d'une certaine empathie était non-négligeable.
Je posais ma main sur l'épaule de Loreine, attentif, et m'assis en face d'elle. Je ne souhaitais nullement pousser les tests. Qui sait comment elle pouvait réagir ? L'aider était une chose, la détruire en était une autre. La jeune femme craignait ce qu'elle était, ce que ses autres personnalités risquaient d'engendrer lorsqu'elle perdait le contrôle de la sienne... Ce qu'il lui fallait surtout comprendre, c'était que ses autres personnalités n'étaient qu'un clivage d'elle-même. Une découpe fine et précise de ses propres ressentis, de sa propre psyché. Toutes les expériences du monde ne pourraient changer ce fait : en les éradiquant, elle perdrait une part d'elle-même. Je l'avais compris aussi, ces dernières années, en tentant d'éradiquer Hulk. Il faisait partie de moi, de l'homme que j'étais devenu. Sans lui, je serais perdu et vulnérable. Tony avait ses armures, moi, j'avais un Hulk pour me protéger.
« Loreine, vous... Êtes-vous sûr ? Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de forcer les choses aussi radicalement. »
Je remontais mes lunettes sur mon nez avant de me lever pour verser de la tisane dans un mug inutilisé. Je le lui tendis et joignis mes mains entre elles, un peu dans l'embarras, car je percevais fort bien sa détresse mais ne pouvais répondre positivement à ses attentes.
« Nous pouvons toutefois essayé d'aller plus rapidement, en augmentant les fréquences de nos entrevus... Cependant j'aimerai que ce soit clair, si vous voulez aller jusqu'au bout, vous risquez de souffrir, ce n'est pas ce que je souhaite pour vous.... Que vous est-il arrivé ? »
Lui demandais-je d'une voix empreinte d'une certaine douceur, interrogative et soucieuse. Je me rassis face à elle.
Sujet: Re: The others inside [Bruce & Reine] Sam 30 Avr - 22:15
Croiser son regard me permet d'éviter d'exploser. Il est calme et chaleureux, comme à son habitude depuis que je le connais. En posant sa main sur mon épaule, cela suffit à me transmettre une vague de quiétude qui me permet d'éviter la panique. Il serait inutile de perdre le contrôle et de laisser mes émotions prendre le dessus sur mon raisonnement. Cela ne rendrait que notre entretient encore plus laborieux. Je voulais après tout qu'il m'aide et pour cela, je ne devais pas brouillé la seule manière que j'avais de lui expliquer les choses. Je devais garder ma voix claire et mon esprit lucide. Pour m'aider, je me concentre sur ma respiration et l'exercice me permet également de contenir mes larmes naissantes. Je ravale doucement ma peine, ne faisant pas pour autant disparaître le traumatisme. Mes mains tremblent toujours d'une manière incontrôlable. Je les cache dans mes poches lorsque je le réalise et je lève mon regard encore humide vers Bruce. Un pic d'angoisse reprend possession de mon corps lorsqu'il ne semble pas vouloir employer des moyens plus radicaux pour me soigner. En me concentrant pour ne pas laisser cette émotion entièrement m'envahir, je parviens à éviter une nouvelle crise. La conclusion d'opter pour des moyens extrêmes m'est venue très rapidement. Comme une impulsion, justifier par l'acte terrible de Reina. Hors je n'y avais encore jamais réfléchis plus que ça. Voilà que le Dr Banner met les freins sur mon désir. Cela me perturbe au point de remuer un peu plus sur ma chaise. Le trouble engendré par le refus n'est toutefois que passager. Je prends la tisane qu'il me tend en le remerciant d'un regard. Je me force à en boire une gorgée. La chaleur du breuvage contribue à m'insuffler un peu plus de calme, mais le nœud dans mon estomac est toujours aussi soudé.
Je saisis sa réticence lorsqu'il reprend la parole pour m'expliquer un peu plus sa vision des choses. Il m'apprend que je pourrais en souffrir si je veux aller plus loin dans nos expériences. Mon mal actuel me semble terriblement insupportable, mais j'ignore si ce qu'il insinue est pire que ce qui m'habite présentement. Peut-être bien, en particulier si la souffrance qu'il me nomme est plutôt physique que psychologique. Je suis bien placé pour savoir comment une douleur psychologique est oppressante. Alors le doute s'installe en moi. Jusqu'où suis-je prête à aller pour les faire disparaître? Très loin, ça il le sait déjà. Mais jusqu'à un stade insoutenable, voilà qui mérite réflexion. La panique est mon ennemi présentement, m'empêchant de vraiment songer aux conséquences de ce que je réclame auprès de Bruce. Le mieux serait de d'abord tout lui expliquer. Je regroupe les souvenirs dans ma tête pour y mettre un peu d'ordre et je l'observe un instant avant de finalement parler :
-Elle est violente, elle l'a toujours été. Si on tente de la confronter ou de la soumettre, elle réagit toujours par de la violence. Souvent verbale, quelques fois physiques. Ma mère avait l'habitude de ses coups lorsqu'elle s'emportait. Mais elle a franchit une ligne aujourd'hui…
J'hésite à poursuivre. Je sais qu'il ne me jugera jamais, mais la peur du regard d'un autre demeure. C'est la confiance que j'ai en cet homme qui me permet de tout lui avouer sans crainte de représailles :
-Reina s'en est prit à un homme innocent. Elle a tenter de l'étrangler. Elle y est presque arrivé, il s'en est fallut de quelques secondes avant qu'elle lui ôte la vie. Une personne est arrivé à temps pour l'empêcher de le tuer. Mais je sais qu'elle aurait été jusqu'au bout. Se sont mes mains Docteur. Elle a utilisé mes propres mains... Comment elle a pu faire ça? Qu'est-ce que ça lui aurait donné de lui prendre sa vie? Je ne comprends pas. Si… Et si elle recommençait. Je n'ai aucun moyen pour l'empêcher de la faire, elle est tellement plus forte que moi. Elle est trop dangereuse désormais… Je… je veux qu'elle parte!
J'essuie les larmes qui mouillent mes joues avec ma manche. Je n'ai pas pu contrôler le flot d'émotions qui s'est emparé de moi à mesure que je parlais. Les larmes sont amères et silencieuses. Autant je suis paniquée et effrayée, que j'ai de la rancœur et de la colère pour ce qu'elle a osé faire avec mon corps. Je ne pourrais jamais me le pardonner si elle en venait à tuer quelqu'un. L'avertissement qu'elle m'a lancé en s'en prenant à cet homme est très clair. Il ne pourrait pas l'être plus. Elle veut que je comprenne ce dont elle est capable. En réplique, j'ose croire que je peux me débarrasser d'elle définitivement. Mais cela me semble un rêve plus qu'une réalité. Reina va sûrement me pourrir la vie jusqu'à ma mort. N'est-ce pas son rôle de le faire? Comment suis-je censé guérir alors? Je regarde Bruce dans les yeux. Est-il sage de laisser un pareil danger dans mon corps sans réagir? Il doit bien y avoir un moyen de la restreindre quelque part pour éviter qu'elle fasse du mal autour d'elle.
Invité Invité
Sujet: Re: The others inside [Bruce & Reine] Sam 14 Mai - 1:36
Loreine & Bruce
Je lui donnais le temps de formuler sa réponse ; silencieux, je ne pouvais qu'attendre. Je craignais qu'elle ne me demande de pousser les tests trop loin, car je ne voulais en aucun cas ressembler à mes propres tortionnaires. Ceux qui avaient tenté de me guérir par de vaseuses expériences, ou encore ceux qui avaient tout simplement voulu abuser de mes gènes. Je n'étais pas là pour faire souffrir autrui, Hulk s'en chargeait déjà assez à ma place. Non. Je voulais aider. C'était d'ailleurs dans cette optique que j'étais revenu à New-York. Je devais aider, arrêter de fuir, même si cela impliquait le terme « fugitif ». Je ne voulais plus fuir... Tout en fuyant encore, malheureusement. Le paradoxe de la situation ne m'échappait guère.
Mais là n'était pas le sujet de la conversation. Soucieux, je regardai celle qui était devenue ma patiente m'expliquer ce qui lui était arrivé. La situation qu'elle me décrivait ne devait pas être facile à vivre. Évidemment pas. Impuissant, je ne pus que regarder ailleurs en voyant des larmes rouler sur ses joues. Je n'étais pas très doué pour réconforter autrui, ne savais pas vraiment comment m'y prendre ni par où commencer. Je rapprochai donc légèrement ma chaise pour poser ma main sur son épaule. Je voulais lui transmettre un brin de confiance. De la détermination, peut-être. Et une forme de soutien, car je la comprenais.
]« Vous savez, Loreine, je sais ce que vous vous dites. Vous vous en voulez, c'est normal, c'est votre corps, vos mains, mais pourtant ce n'était pas totalement vous. Vous, vous ne voulez blesser personne. La responsable est une autre tranche de votre personnalité. Une personnalité qui ne peut malheureusement pas être facilement contrôlée. Cela agit directement sur votre esprit. Mais pensez-vous sincèrement qu'elle vous hait ? N'est-ce pas le reflet d'une haine que vous éprouvez pour vous-même, qui ressort, et se décuple ? »
Je n'étais pas psychologue. Je ne savais pas exactement ce que j'avançai, pourtant je pouvais en avoir une mince idée. Moi-même, j'avais éprouvé cette haine et ce dégoût envers ma propre personne. Elle était sûrement encore présente, mais un peu plus enfouie qu'auparavant. J'avais lentement cessé de vouloir combattre Hulk. Il faisait partie de moi. Je ne savais pas exactement l'étendu des conflits de Loreine, mais peut-être que si elle faisait la paix, peut-être, alors, que cette ennemie pourrait devenir une alliée. Je ne voulais pas la torturer. Lui faire du mal. Triturer son esprit. Elle l'espérait, elle espérait la voir disparaître, s'effacer, mais était-ce une bonne chose ? Je me relevai et essuyai mes lunettes.
]« Je vous repose donc la question, êtes-vous sûre ? Rien n'est encore prêt, et les tests... Pourraient vous faire souffrir plus que nécessaire. Je ne suis pas un tortionnaire... » Bruce détourna la tête, regardant son laboratoire de fortune qu'il avait assemblé ces quelques semaines passées. Il joignit ses mains entre elles, nerveux. ]« Mais nous pouvons tenter quelque chose qui pourrait faire effet pour ralentir le processus... Ses apparitions sont-elles régulières, se font-elles à des moments précis, particuliers ? »
Il lui posait des questions d'usage qui avaient une importance certaine pour comprendre à qui ils avaient à faire. Loreine, certes, mais aussi les autres parties d'elle-même, éparpillées. Elles voulaient forcément quelque chose. Bruce ne croyait pas au meurtre par plaisir. Une violence s'accompagnait d'un vécu, derrière, un accumulé de colère et de rage qui ne pouvait autrement s'exprimer.
Sujet: Re: The others inside [Bruce & Reine] Sam 14 Mai - 17:01
À travers la brume de mon regard, j'observe le Docteur. Je ne saurais dire quand ou comment exactement c'est arrivé, mais il possède toute ma confiance. Je vois en lui le plus précieux de mes alliés dans ma vie présente. J'ai déjà eu mes parents et mon ex-mari qui figurait parmi cette courte liste. Mais lorsque j'ai choisis le vivre à l'extérieur du pays, je ne crois plus que les voir comme tel compte encore. Trop souvent, les gens m'ont jugé. Ma mère, mon père et Félix n'échappent pas à cette règle. Ça me faisait de la peine, puisque je me sentais impuissante face à leur jugement. Je ne pouvais rien changer pour l'effacer. Chaque tentative pour y remédier résultait en un échec. Le regard des autres m'a toujours blessé. Je ne suis après tout pas normal. Mon comportement et mes actions sont le reflet de ma marginalité. Rare sont les gens qui arrivent à me comprendre vraiment. Je considère que Bruce Banner le peut, de part son propre vécu. Évidemment, je ne connais pas toutes les épreuves qu'il a traversé, ni toutes les souffrances qu'il a enduré. Mais une part de moi lui a immédiatement fait confiance, le reste ayant suivi lorsqu'il a accepté de m'apporter son aide pour régler mon problème. Depuis le début, il est soucieux de mon bien-être. Encore plus aujourd'hui, alors que je lui propose l'impensable. Lorsque je sèche un peu mes larmes, il prend la parole. Je l'écoute avec un grand intérêt. Il m'expose une réalité qui m'est d'abord difficile à saisir. Pour moi, Reina me hait et toutes ses manifestations empruntes de violence en sont des preuves flagrantes. Hors, je tente de réfléchir à cette autre possibilité. Même si le concept m'est ardu à assimiler, je comprends où Bruce veut en venir. Il y a forcément une raison à la naissance de Reina. Un manque ou un mal qui a découlé par sa manifestation aussi explosive. J'ai beau chercher, tout est trop confus par l'émotion dans ma tête pour réfléchir clairement à la question. Je ne peux toutefois nier la théorie du Docteur.
-Peut-être, je ne sais pas.
Envisager cela me laisse perplexe et sans voix. J'ai entendu tellement de théories de la part des psychiatres et des intervenants qui me suivaient durant mon enfance. Certaines se contredisaient. J'ai donc cessé de chercher à comprendre et je me suis fais une raison que la présence des ces personnalités étaient pour me nuire. Je n'ai jamais douté qu'elles pouvaient être des parts de moi. Sauf que leur différence drastique avec ma personnalité à moi me gardait septique. « Elles ne peuvent pas être moi si elles passent leur temps à tenter de me faire du mal ». Cette pensée a souvent fait écho dans mon esprit. À un certain moment, j'ai finis par y croire. Voilà que je dois reconsidérer la question. Bruce reprend alors la parole. Je relève mon attention sur lui. Une fois de plus, ses mots m'ébranlent. Est-ce que je veux réellement souffrir davantage? Mais surtout, contraindre cet homme qui me veut du bien à le faire alors qu'il existe peut-être une autre solution. Je veux certes voir des résultats immédiats, la panique étant toujours bien présente en moi. Mais est-ce sage? Mon impatience pourrait-elle me causer plus de mal que de bien? Le doute s’immisce en moi et une fois de plus, je me retrouve confuse face à Banner.
-Je ne veux pas vous forcez à le faire, je finis pas lui avouer, hésitante. Mais, vous avez sans doute raison. Je ne dois pas forcer les choses.
Il semble nerveux lui aussi. Je me sens responsable de son état. Je suis débarqué en panique dans son laboratoire et je lui demande d'agir contre ses convictions juste parce que j'en ai marre de ce que je suis… J'ai été stupide de réagir de la sorte. Je réalise mon erreur à présent. Je me calme donc un peu plus et je parviens à assécher entièrement mes larmes. Je dois me concentrer pour trouver une solution. Pour cela, je dois nettoyer mon esprit de toute la négativité qui s'y était incrusté. Je reprends quelques gorgée du breuvage chaud offert par Bruce et cela m'aide à faire du ménage dans mes pensées confuses. Il me demande de lui parler du processus de manifestations de mes personnalités et je lui réponds d'une voix beaucoup plus calme :
-Les possessions arrivent surtout lorsque je suis déconcentré ou encore très émotive. Mais pas toujours. Parfois, ça vient sans prévenir, alors que je me pensais parfaitement en contrôle. Les manifestations ne sont pas régulières, beaucoup de facteurs entre en jeu. C'est dur de dire ce qui va stimuler d'avantage l'une ou bien l'autre. Je sais par contre qu'Anna se laisse maîtriser. Lorsque je m'éveille et qu'elle est dans mon corps, elle me cède facilement la place. Ce n'est pas le cas pour l'autre évidemment. Mais bon, là n'est pas la question. Anna me ressemble davantage, elle aussi elle a peur en permanence.
Je garde les yeux baissés. Voilà une chose que je n'avais jamais réalisé avant. Le comprendre me perturbe plus que je n'ose l'avouer. Bruce à donc raison. Elles sont moi et je suis elles. Mais, qu'en est-il de Reina? Qu'est-ce qu'elle a de commun avec moi? Je prends une autre gorgée tout en y réfléchissant.
Invité Invité
Sujet: Re: The others inside [Bruce & Reine] Mer 25 Mai - 0:46
Loreine & Bruce
Loreine ignorait beaucoup de choses sur elle-même, et c'était peut-être ce qui la terrifiait. Je connaissais le sentiment, bien que les situations ne soient pas en tout point comparables Nous avions nos propres démons et nos propres culpabilités. Je ne savais pas exactement comment aider la jeune femme qui me faisait face, hormis de manière radicale et peut-être inefficace. Je préférais éviter de faire souffrir quelqu'un inutilement. Même si elle me suppliait, je n'étais pas sûr de le faire, d'y parvenir. Ce n'était pas une bonne idée, je le sentais, malgré la détresse dans laquelle elle était plongée. Néanmoins, elle me rassura bien vite sur ce point, et je sentis les muscles de mes épaules se relâcher légèrement. Je hochai doucement la tête, et un faible sourire vint étirer le coin de mes lèvres. Je préférais qu'elle prenne tout ceci en considération avant de décider quoique se soit, d'être sûre. Elle était encore en état de choc, il ne fallait pas agir sous l'impulsion du moment. Je parlais en connaissance de cause. Petit à petit, en tout cas, Loreine semblait reprendre contenance. A mon tour, je me rassis pour écouter ses explications, les sourcils légèrement plissés.
Je réfléchis un instant à ses paroles. Peut-être avait-elle besoin de se connaître, ou plutôt de les connaître, pour apprendre où, quand, comment elles pouvaient se manifester, peut-être prévoir certaines manifestations et donc prévenir certains dangers. Lorsqu'un problème se montrait difficile, et récalcitrant, il fallait en démonter chaque partie et en regarder minutieusement les différentes pièces afin de comprendre, et de reconstituer le puzzle. Je supposais que cela pouvait marcher de la même manière avec elle et ce pour quoi elle venait me voir régulièrement.
« Je pense qu'il faudrait que nous travaillons dans une optique particulière. Nous pourrions essayer de décortiquer chaque situation, et chaque phénomène qui pourraient potentiellement déclencher les apparitions de Reina. Tenter de savoir ce qu'elle veut, ce qu'elle pense, ce qu'elle ressent. Peut-être pourrez-vous, vous même, y faire ensuite sens. »
J'avais l'impression de parler comme un psychologue, cela m'atterrait. Mais j'éprouvais une réelle empathie pour Loreine, dont les problèmes faisaient écho aux miens. Je ne pouvais pas rester les bras ballants à ne rien faire, et quand il n'y avait pas de réelle mesure scientifique, biologique, il fallait passer par l'esprit. Au moins la soutenir, pour qu'elle n'ait pas l'impression de toucher le fond, qu'elle ne se trouve ni monstrueuse, ni anormale. Qu'elle ne tente pas de se tirer une balle dans la tête. Je ne pouvais lui prescrire aucune pilule miracle, ni remède, pas de magie. Seulement des solutions qu'elle pourrait éventuellement utiliser par la suite, tenter de comprendre par elle-même ce qui se passait dans sa tête, dans son corps, dans son état d'esprit. Je ne pouvais l'aider d'avantage, à part en expérimentant des choses qui pourraient lui faire plus de mal que de bien, l'arrachant d'une partie d'elle-même, comme arracher un corps de sa propre peau. Je doutais que cela soit plus efficace que ne rien faire du tout, sur le long terme.
« Si vous pensez vraiment que la meilleure solution reste les expériences... Drastiques... Je ne sais pas si je serais la bonne personne. Je peux vous épauler, tenter de trouver des solutions avec vous, mais... Je ne suis pas un tortionnaire. » J’essayais plus ou moins de me justifier, même si elle avait déjà compris, j'en étais sûr, elle était loin d'être stupide. « Je ne suis pas non plus l'oreille la plus attentive. » ajoutais-je avec un brin d'auto-dérision au fond de la voix ; « Cependant, je pense que pour le moment, la meilleure approche reste celle-ci. Vous n'êtes pas une expérience de laboratoire, et même si je n'approuve pas les méthodes des psychologues, c'est malgré tout vers l'introspection que je vous amène. Mais à partir de là, il y aura peut-être de nouvelles solutions, moins nette, mais peut-être plus efficaces sur le long terme. »
J'attrapai mes lunettes et jouais distraitement avec elles, les tournant entre mes doigts. Hésitant quant à la tournure de la discussion. Quoiqu'il en soit, mieux valait ne pas revenir sur les événements qu'elle m'avait relaté, en rapport avec ce qui l'avait poussé à venir me voir. Pas pour l'instant, alors qu'elle était encore sous l'émotion, bien que reprenant contenance.
« … Alors... Si vous êtes partante pour essayer de décortiquer le problème, nous pouvons commencer quelque chose ? Hem... Peut-être, par décrire exactement tout ce que vous savez de votre situation, ce que vous en pensez, et ce que vous pensez savoir des motivations de Reina. Pouvez-vous la laisser prendre le contrôle à votre guise ou agit-elle indépendamment de votre volonté, dans toutes les circonstances ? » Je ne tenais pas vraiment à rencontrer cette autre, mais un jour, je savais qu'il faudrait en passer par là si elle souhaitait continuer sur la voie que je lui proposais. Mieux valait moi plutôt qu'un autre, après tout, peu de chance qu'il m'arrive quoique se soit.
Sujet: Re: The others inside [Bruce & Reine] Mer 25 Mai - 2:47
Le calme que retrouve mon corps est fragile. Je le sens très nettement. Je ne suis pas à l’abri d’une rechute. Un coup de vent pourrait être nécessaire pour que la panique ne reprenne possession de mon corps et de ma logique. Je préfère ne pas orienter mes pensées en ce sens. Je ne veux pas retomber dans cet état, mais je sais que si cela devait se faire, que je ne pourrais pas aisément empêcher la chute. Et ce malgré la présence sereine de Banner. Je suis ma pire ennemie, je l’ai toujours été. Je me concentre sur les paroles du Docteur afin de me distraire de ma propre faiblesse. J’enregistre ce qu’il me propose, approuvant cette orientation moins drastique d’un hochement léger de la tête. Une part de moi n’est pas entièrement en accord avec cette proposition. Ma haine pour Reina ne peut pas s’envoler en claquant des doigts. Je veux bien discuter et tenter de la comprendre, mais elle est si illogique à mon esprit depuis des années que j’imagine que l’exercice sera teinté de subjectivité. Je n’y peux rien. Ma confiance envers Bruce s’occupera de me retenir d’abandonner en cours de route. Tant qu’il me soutiendra et restera avec moi durant le processus, je vais persister. Sans lui, je ne verrais plus la nécessité de tenter de décortiquer tout cela et je retomberais à la case départ. Cette « thérapie » ne fonctionnera donc avec personne d’autre.
Je l’observe avec un regard inquiet lorsqu’il m’affirme à nouveau qu’il n’est pas un tortionnaire. Je tais une réplique. Ce que je voulais dire, ne lui aurait pas plu. Lui avouer que mon anxiété exploserait s’il me laissait tomber n’est pas une bonne chose à dire, je crois. Je ne veux pas perdre son soutien, je conserve donc le silence à cela. Pour être honnête, c’est lui qui a raison. C’est probablement parce qu’il n’est pas la bonne personne pour avoir accepté mon idée désespérée que j’ai ressentie le besoin de venir vers lui en premier. Il ajoute ensuite qu’il n’est pas l’oreille la plus attentive. Un sourire apparaît brièvement à cette remarque. Ayant la tête baissée sur ma tisane, je ne peux pas voir l’expression qu’il fait. Si c’est une blague ou une vérité. Cela ne m’empêche pas de trouver la remarque amusante. Il insiste alors pour qu’on tente l’introspection. Étant prête à n’importe quoi visiblement, je ne peux pas bouder l’option même si j’ai encore du mal avec l’idée.
-D’accord, je dis simplement pour lui signaler que j’accepte ce plan.
Je relève la tête lorsqu’il m’expose la suite. Comme je ne saisis pas très bien la manière à laquelle nous allons nous y prendre d’abord, je dois me montrer attentive à la moindre précision à ce sujet. Il veut que je lui parle de Reina. De tout ce que je sais sur elle et ses motivations en particulier. Sur sa capacité à me contrôler aussi. Je structure mes pensées dans ma tête avant de répondre. Je ne sais pas par où commencer. Sauf que je veux bien essayer d’y réfléchir avec lui.
-C’est difficile de bien la décrire, puisque je la connais à travers les yeux des autres. Je suis toujours absente lorsqu’elle est là. Comme endormis. Et lorsque je me réveille, c’est parce qu’elle est partie. Et c’est alors que j’apprends ce qu’elle a fait de la bouche des autres puisque je n’en ai aucun souvenir. Ce n’est pas comme si on se parlait. Elle ne m’a jamais dis explicitement ce qu’elle voulait. Je ne pense pas qu’elle l’ait déjà avoué à quelqu’un de mon entourage. Elle n’est pas très bavarde en général.
Je marque une pause. Je tente d’organiser la suite de mes réflexions avant de les dévoiler en paroles. Un coup d’œil à Bruce me donne suffisamment de courage pour poursuivre.
-Avec les années, je me suis fais une interprétation de ce qu’elle est. Ce n’est peut-être pas la bonne façon de la voir, mais c’est l’impression qu’elle me donne à la suite de ses manifestations. Pour moi, Reina est là pour prendre le relai quand je suis trop faible pour affronter une situation. Elle confronte n’importe quoi. Pas de la bonne façon, j’en conviens. Mais elle est capable de faire ce que j’ai trop peur de faire souvent. Elle ne pliera jamais, ne se laissera pas dominer. C’est effrayant quand on y pense. Et pour ce qui est de la possession, ça suit cette logique. Elle prend le relai sans me demander mon avis et je n’arrive pas à avoir le dessus sur elle par la suite. Elle me garde enfermer quelque part jusqu’à avoir finit de faire ce qu’elle a à faire, j’imagine… Jusqu’à ce que cet homme intervienne et la force à arrêter. Il a utilisé son armure pour l’empêcher de respirer d’après ce que j’ai compris… ça l’a déconcentré et j’ai réussi à revenir. Sauf qu’elle est têtue, ça ne fonctionnera plus. Je suis sûr qu’elle préfèrera dans l’avenir mourir que de me laisser reprendre possession de la sorte. Donc non, je n’ai pas de contrôle quand c’est elle. Elle ne respect pas ma volonté ou mes désirs. Elle agit visiblement contraire à eux. Je ne sais pas pourquoi…
J’ose un regard vers le Docteur. Est-ce que je l’ai perdu dans mon discours un peu désordonné?
-En fait, c’est sa morale qui est contraire à la mienne, je conclue au bout d’un instant.
Je réfléchis à ce que cela implique. Au fait que là où j’aurais de la compassion, elle n’aurait aucune pitié. La où je voudrais aider, son désir sera de nuire. C’est insensé… et effrayant.
Invité Invité
Sujet: Re: The others inside [Bruce & Reine] Ven 3 Juin - 13:27
Loreine & Bruce
Surprit par son assentiment, je ne pouvais que l'écouter à présent. Je n'étais pas sûr qu'elle croit entièrement au plan que je lui exposais – je n'étais pas sûr d'y croire moi-même à dire vrai, c'en était presque tiré par les cheveux et cela m'agaçait car ça ne me ressemblait pas, de faire de la psychologie. Mais je n'avais pas mieux, pour le moment, et c'était ce qui me semblait couler sous le sens jusqu'à ce qu'une meilleure solution ne se profile. J'avais au moins l'espoir que ça puisse canaliser la jeune femme et ses deux autres personnalités pour éviter tout incident non désiré. Pensif, je hochai la tête. Ses troubles de la personnalité fonctionnaient comme tout troubles de la personnalité basique. De ce que j'avais pu en lire, à l'époque, cela s'accompagnait de l'oublie, et de difficultés à parler de souvenirs personnels. C'était une partie de vie dérobée, des heures vides. Au début, j'avais le même souci en me retrouvant dans le corps de Hulk, et puis petit à petit, les choses sont devenues différentes. Je n'étais pas conscient, ni en position de contrôler ou de calmer l'Autre, mais, au moins avais-je un bref aperçu de ce qui se passait et pouvais-je tenter de communiquer avec ce qui m'habitait. Nous étions deux êtres distincts et pourtant nous pouvions être complémentaire (avec un gros effort de ma part). Ce n'était pas évident à expliquer.
L'homme en armure. Tony ? Je faillis faire un commentaire mais m'en abstint. Il n'y avait plus qu'un homme en armure, désormais, et la question n'était pas là. Concentre toi un peu Banner, et réfléchis. M’apostrophais-je. Honnêtement, je ne savais pas trop quoi penser du tableau qu'elle était en train de me dépeindre. D'un côté, Reina pouvait être vu comme la personnalité protectrice et dominatrice, s'occupant des tâches infaisables. Peut-être était-ce une sorte de transfert inconscient de la part de Loreine, une façon de reporter ce dont elle n'était pas capable sur quelqu'un d'autre. Cette Reina qui prenait alors la place, et se chargeait du « sale boulot » à sa manière, avec sa propre volonté. C'était normal, les personnes souffrant de TDI avaient réellement et physiquement plusieurs personnalités dans le même corps, et partageant le même pan de leur esprit. Contrairement à la schizophrénie où le sujet se retrouvait en proie à des délires allant de la paranoïa à la mystification. Il pouvait même entendre des voix, mais cela n'avait rien à voir avec un trouble de la personnalité multiple.
Enfin bref, Banner, tu n'es pas psy, tu es biologiste à la base. Je hochai pensivement la tête quant à ses derniers propos. Entrer en communication avec une telle personne ne serait pas aisé. Presque impossible, sûrement, même, et je me retrouvai démuni. Je ne souhaitais pas la traiter de la manière dont elle l'avait déjà été (les pilules miracles des psychiatres, je n'y croyais pas du tout), je souhaitais sincèrement l'aider et trouver un moyen quelconque. Cependant, j'étais surtout expert en rayon gamma, pas en ce qui concernait le cerveau, et ses complexes fonctions. Mais l'abandonner ? Pas question, ce n'était pas une option que je pouvais envisager.
« Cela fonctionne peut-être comme un transfert... Ce que vous ne vous sentez pas capable de faire, ce que vous n'arriveriez pas à supporter physiquement ou psychologiquement, elle le peut. Hem... Ce n'est qu'une suggestion, une piste, bien entendu, mais... Je pense que c'est une option envisageable ; qu'inconsciemment, peut-être, au-delà d'une certaine limite, elle se doit de remplacer vos faits et gestes. Sa façon d'être est forcément différente de la votre, autrement nous n’appellerions pas cela un « trouble de la personnalité multiple » … Comme vous l'avez fait remarquer, la communication impossible vient sans doute d'une incompréhension totale que vous avez l'une envers l'autre. Elle agit très différemment de vous, n'a pas la même façon de penser, de réfléchir, et n'a pas les mêmes limites. Mais pourquoi ne s'en impose-t-elle pas ? Parce qu'elle est comme ça ? Cela m'étonnerait, quelque part... Je ne crois pas vraiment au « meurtre pour le plaisir ». Certains peuvent y prendre plaisir, c'est un fait... Hem... Je ne suis pas psychologue non plus, mais je pense intimement que c'est plus compliqué que ça, que tout n'est pas noir ou blanc et qu'un mélange de gris teinte le décore. Il y a forcément quelque chose d'autre, quelque chose qui la motive, quelque chose qui prend le dessus. Un déclencheur, une tentative de prise de contrôle, un désir quelconque. »
Sujet: Re: The others inside [Bruce & Reine] Sam 4 Juin - 4:41
J’écoute les paroles du Docteur, réfléchissant avec lui sur ses questionnements. Il cherche à comprendre et moi je cherche à l’aider. D’une certaine manière, c’est l’attente d’une déduction miracle de sa part qui me motive à vouloir le guider vers ce but. J’ai besoin qu’il déniche la solution, même s’il n’y en a probablement pas vraiment. Du moins pas avec un portrait aussi limité de Reina et de moi. Il aimerait déterminer les motivations de cette personnalité, ses désirs, ce qui fait d’elle une personne à la force si démesurée. Il ne croit pas qu’elle ne possède pas de limites, comme je me suis toujours dis. Je ne le contredis pas. J’essais plutôt de réfléchir en son sens. En fait, je me suis laissé pris à son jeu et je cherche réellement une explication en me basant sur mon vécue. Finalement, je songe à la première fois qu’elle a prit possession de moi et que les gens autour de moi c’est son rendu compte. Lentement, je me mets à parler. Ne regardant pas Banner d’abord. Progressivement, mon regard monte vers lui et à mesure que je raconte cette histoire, mes paroles deviennent plus assurées. Il faut dire que son regard sur moi me motive à m’exprimer. Les mots s’enchaînent donc, sans vraiment que j’y applique une tonalité particulière. Seul un grand calme guide ma voix et heureusement qu’il n’est pas trop loin parce que sinon il aurait probablement loupé certains mots.
-Enfant, je me suis toujours sentie à part des autres. Je n’étais pas à l’aise en leur compagnie. Je me sentais trop différente pour leur parler, pour les côtoyer. Il y avait un malaise en moi, même avec des gens de ma famille. Même mes parents. J’ai encore cette perception au fond de moi, mais j’ai travaillé sur elle et je suis à présent capable de fonctionner en société. Gamine, je ne laissais personne m’approcher. J’étais hostile et je ne faisais confiance à personne. Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de cette période, comme si mon cerveau à finit par me faire oublier comment j’étais. Je me souviens d’une chose très précise concernant cette période par contre : Reina est née lorsque j’ai commencé à faire des progrès en société. Je me souviens que ça me fâchait qu’on me force à confronter les autres, à m’intégrer à l’école et à parler avec les enfants de ma classe. Je ne voulais pas le faire. Mais je l’ai fais et à mesure que je prenais de l’assurance en la matière, Reina devenait plus définie. Je devais avoir douze ou treize ans à première fois que je l’ai sentie vraiment dans ma tête. Elle n’a prit possession complètement de mon corps que quelques années plus tard. Et cette première expérience a été à la suite d’un bain de foule. Je ne me souviens plus exactement du contexte, mais il y avait tellement de personnes autour de moi, s’en était étouffant. Je me rappelle m’être sentie intimidée, effrayée, menacée même. Aucune personne ne me faisait du mal, ce n’est pas ce que je veux dire. C’est juste le sentiment que j’ai eu en étant entouré de tellement de gens en même temps. J’ai fuis la foule, ma mère me suivait. Je pense qu’elle tentait de me rattraper. Alors, j’ai piqué une crise. Du moins, c’est ce qu’elle m’a dit, puisque c’était mon premier blackout. J’étais incontrôlable, mes paroles n’avaient aucun sens. Des mots isolés qui ne veulent rien dire mis ensemble. Des grognements surtout. Ma mère disait que je semblais désorientée. Alors, je me suis enfui. Lorsque j’ai repris connaissance, j’étais couché sur une balançoire que j’ai reconnue plus tard. C’était celle de la maison de mon enfance. Nous avions déménagé depuis. Je ne sais pas pourquoi Reina m’a ramené là-bas.
Je prends une pause, regardant Bruce dans les yeux. Je voulais ajouter quelque chose, même si j’avais déjà beaucoup parlé. Il ne semble pas vouloir m’interrompre dans ce désir, alors je poursuis, toujours avec un ton calme :
-Environ un an après, Anna est apparue. J’étais bien adolescente à ce moment là et on me traitait déjà médicalement pour Reina. Les psychiatres se sont alors rendu compte qu’il y avait quelqu’un d’autre. Elle était moins prononcé que Reina, plus timide pour reprendre l’expression d’un Docteur. Elle prenait de la définition à mesure que je vieillissais. Donc plus je quittais l’enfance, plus Anna l’a retrouvait. Un peu comme Reina à évoluer davantage lorsque j’ai commencé à modifier ma nature hostile. C’est un peu comme si c’était le déclencheur. Est-ce que ça pourrait-être ça, Docteur? Le fait que les gens ont voulu me changer de ce que j’étais très jeune. Mon esprit n’a pas été capable de le supporter et s’est créé des personnalités pour y parvenir? Je ne sais pas si ça a du sens…
Je soupire bruyamment. Mon regard retrouve la contemplation du plancher.
-Comment faire pour régler un problème qui vient de la base même de ma personnalité actuelle? C’est insensé.
Voilà que je suis à nouveau prise d’un élan de désespoir. Je n’ai pas envie de changer qui je suis dans l’espoir de retrouver l’harmonie dans ma tête. Je n’ai probablement pas à aller jusque là, mais sinon comment faire pour résoudre mon conflit intérieur? Il doit bien y avoir un manque, y avoir une faiblesse ou peu importe qui explique l’origine de la création de ses doubles complètement différentes de moi. Tout semble converger vers mon asociabilité étant toute jeune. On a réussit à me changer, mais non sans créer des versions complémentaires de moi. En bout de ligne, c’est uniquement grâce au fait que Reina prenait de la force que je devenais plus « normal ». Je lui ai tellement donné de ce que je ne voulais plus dans mon objectif de me conformer et ce sans jamais m’en rendre compte. J’écarquille alors les yeux en comprenant que la raison pour laquelle elle est si forte maintenant, plus qu’Anna en tout cas, c’est parce que j’alimentais sans cesse pour me remonter. Je me servais d’elle comme d’une béquille. Je le fais encore d’ailleurs.
-Mon Dieu, c’est de ma faute, je murmure en plaquant une main sur ma bouche. J’ai fais d’elle ce monstre en puissance. J’ai fais en sorte qu’elle grandisse. À présent, elle est dangereuse et c’est entièrement à cause de moi.
Un hoquet de tristesse s’extirpe de ma gorge. Je retiens à nouveau mes larmes.