et quand tu penses ne pas tomber plus bas, ta porte s'ouvre sur moi.
Une demi-heure. Une demi-heure qu’elle attendait comme une cruche devant cette foutue porte. A quoi elle pensait exactement ? Qu’un miracle allait lui tomber sur la tête et lui donner la bonne solution ? Quelle fière adolescente elle faisait. Sac à dos sur une épaule, son pantalon troué et ses cheveux en bataille, Abby n’était certainement pas dans la meilleure tenue pour rencontrer sa demi… La fille de son père. Bien sûr, elle savait ce que cela engendrait. Mais elle n’était pas encore prête à l’accepter. Elle souffla un bon coup et frappa.
Le temps lui parut interminable. Elle repensa ainsi à tous les instants de sa vie avec son père. Elle se demandait comment il avait vécu avec ses deux autres enfants, s’il avait été si horrible qu’il avait été avec elle. Ou alors, si Henri Greene était un homme différent. Ainsi, elle aurait su que le problème venait d’elle. Et elle espérait bien que non, ce n’était pas de sa faute. Que finalement, elle n’avait absolument rien fait pour le mériter et c’était son père, le seul responsable. Elle observa ses mains. Elles tremblaient. Elle se souvenait de ses signes de stress intense, d’angoisse. Elle ne pouvait pas croire qu’elle allait perdre si facilement la main. Depuis deux ans, elle contrôlait un peu mieux ses crises de colère, mais parfois, elle sentait que ce qui était en elle, reprenait le dessus. Abigail n’arrivait pas à l’expliquer. Elle changeait. Elle se transformait et tout cela lui faisait bien trop peur. Il lui était tout bonnement impossible d’en parler à cette étrangère, qui, d’une seconde à l’autre, allait lui ouvrir la porte. Elle devait sûrement passer pour une folle. Pourtant elle ne pouvait que se l’admettre. Si son premier accident, elle avait pu croire que cela relevait de son imaginaire, le second aurait bien été réel. Elle avait tué un homme. Pire, elle avait tué son père. Et aujourd’hui encore, elle n’arrivait pas à se morfondre sur son sort. A penser que ce meurtre avait été la pire chose qu’elle avait pu commettre depuis sa naissance. Qu’elle était un monstre. Non, loin de là. Elle vivait réellement depuis. Bien qu’enfermer dans ses recherches et sa préparation à ce voyage, elle découvrait enfin le monde qui s’ouvrait à elle. Enfin, Abby pouvait oser ramener une amie pour faire un exposé. Elle ne craignait plus de partir en soirée en passant par la porte d’entrée. Elle avait réussi à revivre, mais pour autant, elle se sentait coupable d’avoir retiré à ses autres enfants, un père. Elle ne pouvait donc tout simplement pas continuer sans la rencontrer. Sans lui expliquer les circonstances de sa mort.
Quand la porte s’ouvrit brutalement, Abigail sursauta. Elle se retrouva nez à nez devant une jeune femme, un peu plus grande qu’elle, les cheveux en bataille, et le regard fuyant. L’adolescente fronça les sourcils. Elle n’avait pas réfléchie qu’elle s’imposait peut-être au mauvais moment. Merde alors, elle avait fait attention de venir un samedi à 16h, juste après la fin de son travail. Elle espérait qu’elle ne dérangeait pas.
Lorsqu’elle se mit à détailler Willow Greene de plus près, elle ne se rendit pas immédiatement compte de leurs ressemblances. Elles ne possédaient pas le même nez, ni la même couleur de cheveux. Abby les avait sûrement plus foncés, du côté de sa propre mère. La couleur de leurs yeux aussi, était différente. Abigail abordait un joli vert, alors que l’autre avait les yeux marron. Pourtant, elle n’arrivait pas à avoir un seul doute lorsqu’elle observa le bas du visage. Les mêmes fossettes, le même menton. Elle aurait préféré ne trouver aucune ressemblance, mais cela lui semblait impossible. De toute évidence, elle était celle qu’elle recherchait. Celle pourquoi elle avait fait ce long voyage à travers l’Atlantique.
Enfin, elle finit par retrouver ses esprits et croisa le regard de la seconde Greene. Elle toussota rapidement, cherchant encore ses mots. La scène, elle l’avait imaginé plusieurs centaines de fois depuis son arrivée. A son travail, dans l’appartement qu’elle louait, lorsqu’elle faisait la cuisine. Surtout lorsqu’elle sortait les gâteaux de son four sans gant. Mais elle se trouva alors bête, incapable de sortir le moindre son de sa bouche. Elle ne pouvait pourtant par rester ainsi, ébahie, face à celle qui aurait peut-être des réponses. Qui la soulagerait enfin du peu de culpabilité qu’elle pouvait ressentir. Elle reposa fermement son sac sur son épaule, avant de se lancer dans une aventure qu’elle ne serait pas prête de quitter. « Willow Greene. Salut, hum. Apparemment, tu es ma sœur. » Elégant, distinct, clair et franc. Abigal dans toute sa splendeur. Elle commença à se mordiller les ongles cherchant à désamorcer la bombe qu’elle venait de faire exploser.
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Sujet: Re: Queens, Queensbridge, quatrième étage, n°46. + Willy. Mar 10 Mai - 1:53
Abby & Willow
Ses doigts pianotent nerveusement le bois de son bureau derrière lequel elle est assise depuis plusieurs heures déjà. Le jour commence doucement à se lever ; un ciel lourd de nuages, il va très certainement pleuvoir… Voir même faire orage et cela ne plait pas vraiment à Willow qui craint que si le tonnerre est trop violent, les détonations ne viennent réveiller les souvenirs qu’elle tente à tout prix d’ensevelir le plus profondément possible dans son esprit. D’un geste un peu las, la brune referme son ordinateur dans un petit claquement sec et le repousse un plus loin sur le bureau avec un soupir agacé. Elle ne parvient pas à se concentrer sur sa thèse sur laquelle l’anglaise planche depuis son retour d’Irak. Quand elle n’est pas enfermée dans les labos du Shield ; Willow occupe utilement ses nuits d’insomnie, à savoir s’avancer sur son nouveau doctorat. Encore un autre. Un autre diplôme qui viendra s’ajouter aux neuf autres qu’elle possède déjà. Oui, ce doctorat d’astronomie sera son dixième mais étant donné que la petite brune a commencé son cursus universitaire à l’âge de douze ans, cela n’est finalement pas si surprenant que cela. Si Scott s’était amusé à imaginer les murs du bureau de la jeune femme tapissés de ses diplômes, ce n’est pas le cas. Ces derniers sont sobrement rangés dans des fiches plastifiées ; Willow ne voit pas l’intérêt de les étaler sous ses yeux ou ceux des autres, après tout, c’est pour son propre plaisir qu’elle fait cela pas pour impressionner qui que ce soit. Mais l’agent du Shield a un pressentiment, un mauvais. Cette thèse sera sûrement la dernière, il se pourrait même qu’elle ne parvienne pas à la terminer un jour… Ses doigts glissent dans ses cheveux bruns tandis qu’elle vient appuyer son dos contre le dossier de son fauteuil en fermant ses paupières. Will a une vilaine migraine qui lui vrille la tête depuis quelques heures déjà et ce ne sont pas les cachets de codéines qui feront passer la douleur sourde qui lui prend tout le crâne. Néanmoins, elle attrape l’une des tablettes entamées et fait glisser un de petits cachets blancs avant de récupérer sa tasse de thé presque vide pour avaler le médicament. La brune fait tourner le fauteuil, pose son regard sur la fenêtre pour regarder le ciel qui s’éclaire un peu plus au fil des minutes ; elle n’a pas besoin de se rendre au Shield aujourd’hui mais elle ne sait pas ce qu’elle va bien pouvoir faire pour s’occuper. Après un énième soupir, Willow se lève avec la tasse vide dans les mains pour pouvoir sortir de son bureau.
Ses pas la mènent jusque dans la cuisine afin de remettre de l’eau à chauffer pour se refaire une autre tasse de thé. La… Oh, elle a perdu le compte, à force ! Pendant que la bouilloire fait son travail, Will récupère ses téléphones posés sur sa commode afin de vérifier si durant ses quelques heures d’isolement dans son bureau, elle n’aurait pas reçu un message. Pour dire vrai, elle espère surtout avoir des nouvelles de Scott et c’est avec angoisse qu’elle déverrouille son téléphone personnel avant de passer à celui uniquement pour le Shield puisqu’il possède les deux numéros. Rien. Ses sourcils se froncent, la brune se mordille la lèvre, une mine inquiète prenant soudainement place sur les traits de son visage. Oui, la jeune femme se fait du souci pour l’Avenger, ne peut empêcher son ventre de se nouer d’angoisse lorsqu’elle n’a pas de nouvelles régulièrement. Foutue situation politique. Will repose ses téléphones, un brin rageuse. Elle déteste se sentir impuissante, sentir ses foutus sentiments qu’elle n’arrive pas à contrôler comme elle contrôle son environnement… C’est clair que son côté control freak a horreur de tout ça. Dans la pièce d’à côté, la bouilloire s’est mise à siffler, signe que l’eau est à température idéale pour le thé. Une nouvelle tasse remplie du breuvage chaud dans les mains, Willow rejoint son salon et s’installe sur le canapé avec un ouvrage de physique quantique sur les genoux pour s’occuper.
Au final, ça lui prend la plus grande partie de sa journée et ce n’est que lorsque des coups sont portés à la porte d’entrée. Will sursaute brusquement, faisant tomber son livre au passage. Sa tête se tourne vers l’entrée, qui peut bien venir ? Il est très rare qu’elle ait des visiteurs, tout simplement car la jeune femme ne tolère pas vraiment que l’on vienne corrompre l’ordre absolu qui règne dans son appartement. Serait-ce le RA ? Will bondit sur ses pieds, attrape son arme de service et en silence, s’approche de la porte. Grâce au judas, la brune jette un rapide coup d’oeil et n’en est que plus surprise lorsqu’elle découvre une adolescente à la place des agents du RA auxquels elle s’attendait. Serait-ce un piège ? La brune range son arme dans son dos avant d’ouvrir la porte pour faire face à la gamine. Son regard sonde néanmoins le couloir avec une légère méfiance avant de se poser une bonne fois pour toute sur la jeune fille. Et là… Ses lèvres s’entrouvrent légèrement quand ses yeux bruns croisent ceux verts de l’adolescente. Ils lui rappellent quelque chose… Ou quelqu’un, plutôt. Par instinct, Willow a un léger mouvement de recul. Que fait cette fille ici ? Que vient-elle chercher ? C’est à ce moment que le couperet tombe. Les yeux de Willow s’écarquillent, sa bouche s’ouvre à la recherche d’air pour oxygéner son cerveau qui vient de se freezer d’un seul coup. Que vient-elle de dire ? Non. Elle a mal entendu. Ce n’est pas possible. Un soeur. Comment se pourrait-il ? Quel âge à la gamine ? Seize ? Dix-sept ans ? Sa mère est morte lorsque Will avait seize ans tandis que son père… Disparu ! Quand elle en avait onze. Serait-ce une blague ? Ses pupilles observent les moindres détails du visage de la gosse et c’est là que ça la frappe. Elle a les mêmes yeux que son frère, que Benjamin. Les mêmes que leur père. Des yeux qu’elle haït de tout son être. L’envie de claquer violemment la porte au nez de sa… Soit-disant soeur la démange mais elle n’en fait rien. A la place, elle regarde à nouveau autour d’elles avant de se décaler pour pouvoir faire entrer la jeune fille.
« Entre, vite. » Fait-elle.
Une fois la petite brunette dans l’appartement, Will referme la porte. Son arme toujours camouflée sous sa chemise ; ne sait-on jamais… Des fois qu’il s’agirait d’un piège.
« T’a-t-on déjà dit que tu étais d’une grande délicatesse ? Demande Will avec un sourire en coin tout en faisant pénétrer la brunette dans son salon. Tu as un prénom, je suppose ? Vu que tu connais le mien, ce serait mieux que je sache le tien. »
La jeune femme tire un peu le fauteuil pour s’installer en face du canapé sur lequel est maintenant installée sa soeur.
« Certaines personnes auraient pu croire à une mauvaise blague mais tu as les yeux de Benjamin et Henry Greene donc je te crois. »
Will n’a jamais appelé son père « papa » ; on ne peut pas dire qu’Henry Greene ait jamais été affectueux envers sa première fille. La brune croise les bras contre sa poitrine, elle est prête à écouter même si elle sent que tout cela ne lui plaira pas.
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Sujet: Re: Queens, Queensbridge, quatrième étage, n°46. + Willy. Mer 11 Mai - 9:32
et quand tu penses ne pas tomber plus bas, ta porte s'ouvre sur moi.
Elle ne s’était pas trompée. En vue du regard et de la surprise, Abigail avait en effet bien fait éclater une bombe en plein milieu de ce couloir. Mal à l’aise, elle réfléchit à partir rapidement, en courant le plus rapidement pour ne pas être suivie. Histoire qu’elles oublient toutes les deux, cette rencontre absurde et qu’elles reprennent chacune le cours de leurs vies. C’était une bonne idée, après tout, Abby ne pouvait absolument rien lui offrir. Elle n’avait qu’un billet de 10 dollars sur elle, possédait un accent qui prouvait bien qu’elle ne vivait pas à New-York depuis longtemps, et les seuls souvenirs heureux avec son père remontaient à sa tendre enfance. Autant dire, qu’ils étaient morts, eux aussi, depuis bien longtemps. Abby baissa un instant les yeux, en jouant avec ses doigts. Le silence qui s’était installé était tout simplement insoutenable pour elle. Elle aurait aimé se cacher et qu’on l’oublie. Qu’on ne s’occupe plus d’elle. Quand elle lui proposa d’entrer, elle eut l’impression d’avoir mal entendu. Non, non, elles n’étaient pas obligées de faire semblant d’être une famille recomposée et heureuse de se retrouver. Abby voulait seulement lui dire ce qu’elle avait sur le cœur, et repartir. S’excuse et fuir. Pourtant, elle ne se voyait pas refuser ce que sa demi… sa demi-sœur lui demandait. Elle lui infligeait déjà une grande torture d’esprit, elle ne pouvait pas se permettre d’ajouter à cela le décès de son père dont elle était l’entière responsable. Mieux fallait-il qu’elle s’assoie pour apprendre la nouvelle. Abigail déposa son sac à l’entrée et observa un instant l’appartement où elle se trouvait.
Elle n’eut pas le temps pour les détails que la voix de la seconde Greene finie par résonner. « T’a-t-on déjà dit que tu étais d’une grande délicatesse ? Tu as un prénom, je suppose ? Vu que tu connais le mien, ce serait mieux que je sache le tien. » Abby haussa les épaules, en souriant. Elle avait toujours été connue pour son franc parlé, ses phrases crues, sortant souvent trop rapidement de sa bouche. Parfois, elle ne contrôlait tout simplement pas ses pensées, ses émotions et avant d’exploser, tout finissait par ressentir par le son de sa bouche. « Pas dans mes souvenirs. Mais si tu veux, j’vais essayer de m’améliorer. » Elle se retourna vers Willow en passant une main dans ses cheveux, histoire de les replacer. Elle ne se souvenait pas de les avoir coiffés avant de venir. C’était sûrement une vraie catastrophe. « Abby. Enfin, Abigail. Mais tu peux m’appeler Abby. Y a pas d’histoire que seules les personnes autorisées peuvent me surnommer. Tout le monde m’appelle Abby en Angleterre. » De nouveau, elle se rendit compte qu’elle avait été trop loin. Et Willow n’avait pas grandi là-bas ? Si leur père les avait abandonnés sur le territoire américain ? Serait-elle au courant qu’il était parti si loin pour reconstruire sa vie avec une autre femme ? Avoir une fille avec elle ? Abby se mordit la lève inférieure. Elle prit place sur le canapé que lui montrait sa sœur. « Certaines personnes auraient pu croire à une mauvaise blague mais tu as les yeux de Benjamin et Henry Greene donc je te crois. » Abby préféra se taire face à cette remarque. Elle ne voulait pas réellement parler couleurs des yeux et problèmes capillaires avec sa sœur. Elle n’était pas réellement là pour ça. « De toute façon, t’auras plus aucun doute après les explications que je vais te donner. » C’était comme une confession. Une demande de pardon qu’elle attendait, secrètement. Presque lui dire qu’elle n’avait rien fait de mal et que c’était pour son bien. Qu’elle avait raison de ne pas regretter son geste. «Je sais pas si t’es au courant, mais il est décédé dans un incendie. Dans les médias anglais, ils parlaient d’un feu de gaz, ou je ne sais plus quoi. Ca, c’est que moi j’ai dit à ma mère. Mais le fait est que… » Plus de délicatesse. Plus de délicatesse, Abby. Non vraiment, elle n’avait aucune idée. Comment être plus délicate lorsque la nouvelle était si compliquée si dur à entendre, à comprendre. Elle n’avait pas d’autres choix que de lui dire cela, le plus simplement possible. « C’est moi qui a mis le feu. C’est moi qui la fais brûler. »
Elle n’arrivait pas à croire qu’elle l’avait dit. Qu’elle avait avoué sa faute, et réussi, enfin, à mettre des mots sur ses gestes. Depuis deux ans, deux ans qu’elle essayait de se souvenir de ce moment. C’était comme si il était voilée par une ombre noire. L’impossibilité de comprendre. Mais aujourd’hui, les images lui revenaient clairement dans son esprit. Ses mains, qu’elle avait réellement vu prendre feu. Et sans aucun remord, qu’elle avait ensuite posé sur son père. Elle aurait pu, juste le brûler. Mais elle l’avait voulu mort. Et c’était réussi.
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Sujet: Re: Queens, Queensbridge, quatrième étage, n°46. + Willy. Sam 14 Mai - 16:22
Abby & Willow
Du coin de l’oeil, Willow voit l’adolescente poser son sac à terre et regarder un peu l’appartement de la brune. Elles ne sont que dans l’entrée composée d’un long couloir donnant sur toutes les pièces de l’appartement mais déjà, on voit que l’endroit est gouverné par l’ordre. Les chaussures alignées, les quelques vestes accrochées avec grand soin et les cadres droits accrochés aux murs couleur crème. Rien de travers. Sans s’arrêter, Will conduit la jeune fille jusque dans le salon, plus grande pièce de l’appartement. Eclairé par deux grandes fenêtres ; la pièce est lumineuse malgré la grisaille extérieur. Le piano de bois sombre trône entre les deux baies vitrées ; des étagères encombrées de livres, de souvenirs engrangés au fil de ses voyages mais en aucun cas poussiéreux. La poussière n’existe pas chez Willow, tout est droit, carré, propre, ordonné. C’est un peu pour cela qu’elle a horreur d’avoir des gens chez elle, ces derniers risquent de venir tout déranger ce qui angoisse légèrement l’agent du Shield. Les seules personnes étant réellement venues chez la brune, ce sont Graham et Scott. Et autant vous dire que l’un comme l’autre, ils entraînent le bazar avec eux. Un calvaire pour notre anglaise. Tandis qu’elle désigne un fauteuil à sa soeur, la jeune femme lui demande son prénom qui est donc… Abigail. Ou Abby, d’après ce qu’elle dit. C’est un joli prénom, simple mais doux à l’oreille. Les deux brunes s’installent sur le canapé et fauteuil, Will croise ses jambes et observe durant quelques instants le visage de celle qui se dit être sa soeur. Avec les yeux qu’elle a, il est évident que cette dernière ne ment pas. Mais cela semble tellement… Improbable !
« De toute façon, t’auras plus aucun doute après les explications que je vais te donner. »
Ses sourcils se froncent ; Will a hâte que cette dernière parle car pour l’instant, c’est un peu flou. Son père a peut-être eu une aventure avant de mourir, qui sait ! L’agent ne dit rien, invitant sa demi-soeur à continuer dans sa lancée. Ce qui suit… N’en est que plus surprenant. Comme ça, dans un incendie ?? Cela voudrait dire qu’il est mort que récemment ? Willow cligne des paupières et la dernière phrase ne l’aide en aucun cas. Qu’entend-elle par… C’est elle qui l’a fait brûler ? Par accident ? Comment peut-on mettre le feu par accident à une personne ? Malgré ses sourcils froncés, le visage de Willow est impassible, elle hoche doucement de la tête.
« Pour tout dire, je ne suis pas vraiment les informations anglaises. Et de toute façon, tout le monde pensait Henry mort il y a dix-sept ans. Willow se redresse légèrement dans son fauteuil. Honnêtement, je n’ai absolument rien à faire qu’il soit mort, c’était un connard. »
Les mots de Willow sont durs, froids mais c’est la vérité. Henry Greene est un connard fini que la brune a toujours détesté de tout son être. De toute façon, elle n’aime personne dans sa famille. Sa mère était une incapable dépressive, son père un alcoolique violent et son frère un abruti tout aussi violent que le père. Honnêtement, Will ne regrette personne et n’a pleuré ni la mort de sa mère, ni celle de son géniteur. Pour le moment, la brune décide de mettre de cet l’aveu de sa demi-soeur pour se focaliser sur le rester, elle sera bien à temps de lui poser toutes les questions dont elle a envie.
« On était persuadé qu’il était mort d’un coma éthylique quelque part dans la ville ; peut-être noyé dans un coin. Il n’a manqué et ne manquera à personne. Dit-elle en haussant des épaules. Du coup, vu la situation, je suppose qu’Henry est parti avec ta mère. Tu as quel âge ? Dix-sept ans ? Ca colle parfaitement. »
Will passe une main dans ses cheveux ; il y a une autre question qui lui brûle le bout de la langue mais c’est assez délicat. La brune se lève, son regard toujours rivé sur Abigail : jamais elle n’aurait pu imaginer qu’elle avait une petite-soeur quelque part sur Terre. Elle n’a jamais rêvé d’en avoir une, peut-être car son expérience familiale est des plus catastrophiques. Pour Will, le mot « famille » ne signifie pas grand-chose à part de la souffrance, on peut très bien vivre sans, ce n’est pas indispensable.
« J’allais me refaire une tasse de thé avant que tu n’arrives. Tu en veux une ? Ou tu préfères un café, peut-être ? » Demande Willow.
Une fois la réponse de sa soeur donnée, l’agent du Shield abandonne l’ado dans la pièce pour rejoindre sa cuisine et ainsi préparer les deux boissons chaudes. Appuyée contre son plan de travail, le cerveau de la brune mouline à toute vitesse. D’accord, elles sont soeurs, mais que vient faire la gamine ici ? Pourquoi vouloir la rencontrer ? Que cherche-t-elle ? De l’argent ? Possible, Henry ne croulait pas sous l’or et ça étonnerait grandement Will qu’il ait mis le grappin sur une riche héritière. Une fois les deux tasses remplies, elle les met sur un petit plateau retourne dans le salon et dépose le tout sur la table basse en verre. Sa tasse dans les mains, Willow se rassied sur son fauteuil. Il est temps de poser quelques questions.
« Comme nous avons le même père, je suppose que tu dois connaître ses vices. Ou alors as-tu eu un peu de chance et Henry aurait réussi à se débarrasser de l’alcool ? Même si j’en doute énormément. Elle prend une gorgée de thé. Toi aussi, tu avais droit aux raclées et aux bouteilles qui volaient à travers les pièces ? C’était presque devenu un jeu, à la maison, de les éviter. Au début, j’étais extrêmement mauvaise mais à la fin, je parvenais à toutes les esquiver. »
Le regard de la brune s’est légèrement assombri, jamais elle ne parle de son passé. Personne ne connait vraiment ce qu’il se passait dans les murs de la maison Greene et si Will a vaguement évoqué le climat violent de son enfance à Scott, elle n’a jamais réellement précisé les coups portés et les brimades quotidiennes. Si encore il n’y avait eu qu’à la maison, mais en plus de ça, Willow avait également droit aux brimades de ses camarades de classe.
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Sujet: Re: Queens, Queensbridge, quatrième étage, n°46. + Willy. Dim 22 Mai - 22:45
et quand tu penses ne pas tomber plus bas, ta porte s'ouvre sur moi.
L’adolescente prit le temps d’observer l’appartement de sa sœur. Tout semblait à sa place, calculée à chaque millimètre comparée à Abigail qui était tellement désordonnée. Elle s’imprégna de l’odeur du bois, de la couleur des meubles, espérant les revoir un jour. Mais elle ne vivait pas dans des illusions. Sa mission était d’avouer la vérité à sa demi-sœur, ensuite, elle pourrait repartir en Angleterre et retrouver sa vie. Reprendre ses études là où elle les avait laissés, et enfuir au plus profond d’elle, le monstre de feu qu’elle était. Ainsi elle pourrait repartir d’un meilleur pied avec sa mère et pouvoir enfin construire une nouvelle vie. Sans pouvoir étrange, sans la peur de l’inconnu. Juste elles deux. « Pour tout dire, je ne suis pas vraiment les informations anglaises. Et de toute façon, tout le monde pensait Henry mort il y a dix-sept ans. Honnêtement, je n’ai absolument rien à faire qu’il soit mort, c’était un connard. » Elle sursauta, tirée de ses pensées et de ses rêves d’avenir par Willow. Ainsi, les mensonges n’avaient été qu’un quotidien chez Henri Greene. Il n’avait fait que mentir tout au long de sa vie à toutes les personnes qu’il avait rencontrées. Est-ce que sa mère était-elle au courant de sa vie d’avant ? Est-ce qu’elle savait qu’il avait une famille, des enfants, des enfants qui avaient eu le même père qu’elle ? La même souffrance, la même douleur, le même dégout dans son regard, le soir après la bouteille ? Abby en était certaine. Pourquoi serait-elle aussi froide face à la mort de son père si il ne lui avait pas fait vivre l’enfer ? Pourquoi en parlerait-elle aussi facilement, alors qu’Abigail n’arrivait même pas à mettre les mots sur les émotions qui tourbillonnaient en elle lorsqu’elle pensait à lui ? Etais-ce cela, le deuil ? « On était persuadé qu’il était mort d’un coma éthylique quelque part dans la ville ; peut-être noyé dans un coin. Il n’a manqué et ne manquera à personne. Du coup, vu la situation, je suppose qu’Henry est parti avec ta mère. Tu as quel âge ? Dix-sept ans ? Ca colle parfaitement.» La jeune femme baissa les yeux, honteuse. Bien qu’elle ressente elle aussi la même douleur et la même colère que Willow, elle ne pouvait pas imaginer parler de son père ainsi. Durant quelques années, des années courtes mais réelles, il avait été un père aimant et attentionné, plus gentil et plus à l’écoute de sa fille que sa propre mère. Elle n’avait jamais trouvé le point d’encrage aux changements. Elle avait laissé filer, simplement, imaginant qu’il redeviendrait comme avant. Mais il avait tout simplement, sombré encore un peu plus.
Lorsque Willow lui proposa à boire, Abigail eu bien du mal à lui répondre. Elle passait si facilement d’un sujet à un autre, comme si c’était son lot quotidien. Comme si elle jonglait entre les problèmes, toujours, tout au long de sa journée. Et quand cela s’arrêtait-il ? « Du thé, c’est parfait.» Elle n’en avait jamais bu en réalité. Ni du café. Le matin, elle ne déjeunait jamais, voulant à tout prix, fuir la maison. Le soir, elle s’enfermait dans sa chambre, espérant trouver le plus rapidement possible le sommeil. Lorsque Willow sortit de la pièce, Abby soupira longuement, passant une main sur son visage, tirant sur ses cheveux. Qu’est ce qu’elle foutait là ? Pas question de discuter de la pluie et du beau temps, elle devait partir. C’était une mauvaise idée. Chercher à retrouver une famille parce qu’elle n’en avait jamais eu avait été la pire idée depuis la mort de son père. Elle avait fait une énorme connerie. Alors qu’elle s’apprêtait à se lever, sa demi-sœur finie par revenir avec son plateau et sa tasse. Jamais elle n’avait pris un plateau pour ramener des tasses, encore la différence des manières. Différences des deux genres opposées qu’étaient les sœurs. Elle la remercia d’un signe de tête, et se réchauffa les mains contre la tasse brûlante. Ironie de la situation, elle ne sentait même pas la chaleur de la tasse, ni la brûlure qui aurait dû lui faire recracher son thé encore chaud lorsqu’elle le but d’une trêve. Un gout de trop peu. ? « Comme nous avons le même père, je suppose que tu dois connaître ses vices. Ou alors as-tu eu un peu de chance et Henry aurait réussi à se débarrasser de l’alcool ? Même si j’en doute énormément. Toi aussi, tu avais droit aux raclées et aux bouteilles qui volaient à travers les pièces ? C’était presque devenu un jeu, à la maison, de les éviter. Au début, j’étais extrêmement mauvaise mais à la fin, je parvenais à toutes les esquiver. » Elle posa la tasse sur le plateau, prête à revivre ses moments.
Jamais elle n’avait osé discuter de cela avec quelqu’un. A l’école, elle s’était toujours arrangé pour fuir les devoirs en binôme, fuir les soirées pyjamas. Elle arrivait, elle allait en cours, elle repartait. Jamais personne n’avait osé lui parler de sa famille, sans qu’elle ne lance un regard noir, immédiatement. Personne n’osait rien dire, mais tout le monde savait que lorsqu’elle rentrait chez elle, elle avait la boule au ventre, et les jambes tremblantes. Mais personnes n’avaient jamais rien fait pour l’aider. « Les premières années n’ont pas été comme cela.» Elle s’arrêta, amère des images qu’elles voyaient défilées sous ses yeux. « Jusqu’à mes cinq ans, il a été le père que tout le monde voulait. Il m’emmenait au parc, venait me chercher à l’école. Il était même plus présent que ma mère mais… » Elle soupira, les yeux toujours ouverts n’osant pas les fermer. Les cauchemars du passé la rattrapaient déjà. « Je ne sais pas pourquoi, ça a changé, c’est tout. Ou alors ça toujours été là, mais je ne l’avais pas décelé avant. Pendant dix ans j’ai refusé beaucoup de choses. J’ai dû apprendre à mentir à mes professeurs, faire à manger, repasser. Mais il n’a jamais essayé de me frapper. Il préférait tabasser ma mère. » Les dents serrées, elle sentie ses poings se contracter. Jusqu’à ce soir là. Ce fameux soir. « Et puis un soir que ma mère travaillait tard, et qu’il m’a poussé à bout, j’ai jeté sa bouteille dans la cheminée. Il m’a attrapé par le cou et a tenté de l’étrangler et là.» Elle se stoppa net dans son récit. Non. Elle ne pouvait pas lui avouer la vérité. Elle ne pouvait pas lui dire qu’elle l’avait tué. Elle l’avait déjà trop mise sur la piste et elle voulait machine arrière. Elle planta son regard dans celui de sa sœur et repris. « La gazinière à exploser. Il est mort.» Elle détourna son regard, terminant ainsi l’histoire de sa vie.
Abigail se décontracta enfin et se racla la gorge. Elle ne voulait plus en reparler. C’était trop difficile et elle craignait les questions. « Et à l’école, personne ne t’a jamais aidé ? .» Elle revoyait ce garçon qu’elle avait failli faire brûler. Elle revoyait la peur qu’elle avait vu dans ses yeux, la même peur qu’elle reflétait le soir. La peur de mourir.
Les tasses de thé fumantes et déposées sur le plateau en bois vernis, Willow rajoute du sucre ainsi qu’une petite cuillère à l’intention de sa soeur. Après tout, la brune ignore complètement les préférences de ce membre de sa famille… En fait, Will ne connaissait pas grand-chose des préférences profondes de son père, sa mère ou son frère. Enfin presque. Elle sait quel alcool son père consommait le plus mais de là à dire que c’est parce qu’il l’appréciait plus qu’un autre… Will sait également la drogue que consommait son frère mais là encore… Quant à sa mère… Oh elle, à part boire et pleurer, elle ne faisait pas grand-chose de plus. L’agent du Shield dépose le beau plateau sur la table basse vitrée et attrape sa tasse qu’elle serre entre ses mains. C’est chaud, très chaud. Si bien que la brune repose bien vite sa tasse sur le plateau -pour éviter de faire des traces sur la vitre- avant de se remettre à observer avec la plus grande attention Abigail. Elle doit bien supporter la chaleur car cette dernière n’a pas l’air d’être dérangée plus que cela par la porcelaine brûlante qu’elle tient entre les mains. Bref froncement de sourcils. Etrange. Il est temps d’entamer un sujet plus sérieux, plus délicat : leur père. Pour ce faire, la brune se rapproche du rebord de son fauteuil, pose ses coudes sur ses cuisses et son menton sur l’une de ses paumes. Willow n’a jamais parlé de l’ambiance familiale, rarement évoquée et lorsque c’était le cas, l’anglaise a toujours tout fait pour rester la plus vague possible. De toute façon, personne ne lui a jamais posé de questions. Pas même Scott en comprenant qu’elle n’aimait pas évoquer son passé. Mais cette fois, c’est différent. Cette fois-ci, elle peut échanger avec une personne qui a très probablement vécu le même calvaire que Willow, à quelques détails près. C’est pour cela que la brunette est concentrée sur sa petite soeur lorsqu’elle commence à parler. Elle remarque ses jambes qui tremblent, signes de son anxiété. Il y a fort à parier que la jeune Abby n’a jamais discuté de ses problèmes à la maison à qui que ce soit. Qui le ferait ? Cela mérite un sacré courage.
« Les premières années n’ont pas été comme cela. Jusqu’à mes cinq ans, il a été le père que tout le monde voulait. Il m’emmenait au parc, venait me chercher à l’école. Il était même plus présent que ma mère mais…»
Le front de Willow se plisse, ses sourcils se froncent. Eh bien, voilà une chose à laquelle elle ne s’attendait pas ! Henri Greene, être un bon père ? Cela peut-il être seulement possible ? Mais la suite arrive ; finalement, il n’avait pas changé. Il s’est un peu calmé pendant quelques temps, voilà tout. Aucun miracle n’a eu lieu sur sa personne, il est resté le même enfoiré d’alcoolique et sa mort est une excellente chose. Will se redresse afin de récupérer sa tasse de thé et avaler quelques gorgées du breuvage brûlant. Elle réfléchit. Réfléchit à ce qu’elle pourrait bien dire à sa soeur pour apaiser un minimum sa tourmente. Will n’est pas douée avec les êtres humains, elle ne sait que rarement comment se comporter lorsqu’il s’agit de réconforter ou autre. Sa tasse est reposée. Abby enchaîne sur le décès de leur père mais une chose perturbe Will, la petite brune a parlé d’une gazinière qui explose alors que quelques minutes plus tôt, Abigail disait être la responsable de son trépas. Cela n’a pas de sens. Ses yeux se sont détournés. Elle ment. Willow mettrait la main à couper. Etant une experte en mensonges, la brune sait également lorsqu’on lui raconte des salades et c’est exactement ce que l’ado est en train de faire. Mais passons, elle reviendra là-dessus un peu plus tard.
« Et à l’école, personne ne t’a jamais aidé ? -L’école… Fait Will avec un petit rire. J’étais aussi bien traitée à l’école qu’à la maison. J’étais la tête de turc de la classe ; on me tapait, m’enfermait dans les toilettes et mêmes les enseignants n’en avaient rien à faire. »
Les mâchoires de Willow se crispent légèrement ; les souvenirs sont encore vifs dans sa tête, quand bien même elle a tout fait pour oublier ces moments désagréables de son esprit. Mais peut-être qu’en parler aidera à apaiser tout cela fait partie des bases d’une thérapie, parler des traumatismes. Enfin, pas trop non plus.
« Tu sais, c’est malheureux pour ta mère qu’elle ait eu à subir les coups d’Henri, mais tu as eu de la chance que cela ne se retourne pas contre toi. Cela te détruit. Commence Willow, doucement. Il ne travaillait pas, alors il passait ses journées à boire. Que ce soit à la maison ou dans des bars ; je ne l’ai jamais vu sobre. Jamais. J’étais la seule à se prendre des raclées ; Benjamin passait plus de temps dehors, dans la rue, qu’à la maison. Tandis que Kathelyn Greene… Oh elle était un peu inexistante et inutile. »
La brune se lève, quitte son fauteuil pour s’avancer vers l’une des fenêtres et regarder à l’extérieur. Il commence à pleuvoir, la pluie est encore fine mais il se pourrait bien qu’un orage éclate d’ici peu.
« Une fois, je devais avoir six ans, j’ai sans faire exprès fait tomber la bouteille de whisky d’Henri… Il était dans une colère noire. Il m’a attrapée et a commencé à me secouer dans tous les sens en me hurlant que je n’apportais que des problèmes depuis ma naissance. Il m’a ensuite trainée jusque dans ma chambre ; la pression de sa main sur mon poignet était telle qu’il a réussi à me le casser. Inconsciemment, Willow se masse le poignet fracturé des années plus tôt. Pendant des années, j’ai eu peur de rentrer à la maison, peur de mettre les pieds à l’école parce que je savais qu’on allait me martyriser. Puis ça a changé. »
Elle se retourne, s’appuie contre le rebord de la fenêtre afin de reposer son regard sur sa jeune soeur qui l’observe également. Ses yeux… Will ne les aime pas énormément… Ils lui rappellent trop ceux de leur père et de leur frère… Pour le reste, Willow suppose que la gamine doit ressembler surtout à sa mère. Ce n’est sûrement pas plus mal pour elle… Ressembler à un Greene n’est franchement pas une bonne chose.
« A huit ans, j’ai décidé que j’en avais assez. J’ai fracassé la tête d’un de mes camarades contre le carrelage et j’ai été renvoyée de l’école. A partir de là, j’ai arrêté de baisser les yeux face à Henri. De toute façon, que je la ramène ou pas, j’allais quand même me prendre une raclée alors à choisir. Je ne suis plus retournée à l’école, j’ai eu mon diplôme à douze ans, commencé mes études par correspondance. Puis tu as sûrement vu que Benjamin est en prison, c’est moi qui l’y ai envoyé ; avec ça j’ai eu mon émancipation et je suis partie vivre à Oxford. »
Quelques pas pour revenir vers le fauteuil, reprendre sa tasse, boire en silence et conserver un peu plus longtemps la quiétude du calme.