Rendez-vous annulé [Pv Loreine]

Rendez-vous annulé

Anthony E. Stark & Loreine Marchand

Pourquoi Stark a besoin d’une fille comme moi? C’est la question que je n’ai cessé de me pauser depuis que la porte de l’ascenseur s’est refermée sur une proposition de boulot faite par Tony à mon égard. J’étais d’abord bouche bée, surtout qu’il m’a eu avec un timing parfait. S’il cherchait un moyen de me faire me remémorer de lui longtemps après notre rencontre, il a usé d’un coup de maître. Je me rappelle de ma réaction immédiate : Une grande confusion suivit d’une certaine flatterie. Le fait que je croise par hasard Pepper Potts par la suite durant mon chemin vers la sortie de la Tour Stark ne m’a pas permis de digérer correctement la proposition. J’étais distraite par mon envie de bien paraître devant cette femme. Je sais qu’elle est la véritable patronne de l’entreprise de Tony désormais. Donc s’il me propose un boulot dans cette dite entreprise, c’est Pepper qui en bout de ligne sera maître de cette décision. Enfin, c’est ce que je me suis dis sur le moment. Heureusement pour moi, le courant a passé entre nous et je n’ai fais aucune gaffe qui aurait pu m’attirer les mauvaises grâces de la compagne de Tony. Je suis donc rentré chez moi, toujours sur mon petit nuage. Je ne réalise vraiment le tout que le lendemain, en recevant un courriel de Stark Industries. J’ai hésité un moment avant de l’ouvrir. C’est une lettre très protocolaire, me remerciant de l’intérêt que je porte à l’entreprise. On m’invite à postuler pour l’emploi désiré, en y indiquant mes références. Je suis un peu surprise. Si j’inscris la vérité, c'est-à-dire que je n’avais absolument aucune intention de postuler pour eux et que ma seule et unique référence est l’homme dont la famille a donné son nom à l’entreprise, j’ai peur que les gens aux ressources humaines ne me rappellent jamais. Je reste donc ainsi penché sur l’écran de mon ordinateur, à relire encore et encore l’email que j’ai reçu. Je devrais me questionner à savoir comment Tony a fait pour connaître mon adresse courriel. Après avoir vu les merveilles technologiques qui font partie de son quotidien, je choisis de ne pas me laisser surprendre par un tel dénouement de la situation. Au final, il me donne toutes les cartes en main pour pouvoir prendre son offre au sérieux si je décide de me lancer.

Je me rends rapidement compte que l’email ne comprend aucune date limite avant de répondre ou de délai quelconque à respecter. Je choisis donc de prendre la peine d’y réfléchir. De peser le pour et le contre de cette offre. De recalculer mon budget pour me rendre compte une fois de plus que je ne gagne pas assez pour être confortable. Les jours passent et les conclusions restent les mêmes. Je ne peux pas poursuivre mon mode de vie actuel. Je suis présentement une artiste indépendante, qui travaille sur contacts. En gros, si je n’ai aucun client dans le mois, je crève de faim. Il faut dans ces situations particulières que je me démerde pour trouver de l’argent. En général, je finis par tomber sur un client et je réussis à payer les factures prioritaires. Sauf que ce boulot demeure inconstant. Après un coup d’œil sur le site internet de Stark Industries, je réalise que des gens comme ça ne rigolent pas. Ils peuvent garantir du travail à leurs employés et le salaire qui va avec. En fait, ce qui me fait vraiment retarder de donner ma réponse, c’est ma relation avec Stark. Notre lien particulier. Je suis la fille qu’il a sauvé un jour et qui pour le remercier, a peint une toile immense pour lui. Ce n’est pas une attitude recommandée entre un patron et son employé. Mais le fait que c’est à Pepper que j’ai à devoir des comptes terminent de me convaincre que je ne peux pas dire non à une telle offre. J’ai donc un matin tout bonnement envoyé mes informations aux ressources humaines, nerveuse durant tout le processus et surtout après. J’ai eu du mal à fonctionner durant ma journée. J’avais peu d’appétit et je tournais en rond dans mon appartement en m’inquiétant de comment on me percevrait. Mon CV est tout de même impressionnant. J’ai une maîtrise en arts modernes et j’ai travaillé pour une grande boîte d’infographie de Montréal. Je ne suis pas une nobody. Pourtant, je n’arrive pas à me dire cela sans avoir peur de ne pas être à la hauteur des attentes de Tony. Quelle ne fut pas ma surprise en recevant un rendez-vous d’entrevue d’embauche le lendemain midi. La date prévue est pour dans trois semaines, ce qui me laisse amplement de temps pour me préparer. J’encercle le jour sur le calendrier et je retourne à mes occupations, le cœur un peu plus léger.

Ce matin, je me réveille paresseusement. J’ai appuyé deux fois sur mon cadran afin de prolonger mon sommeil. Lors de la troisième fois, je grogne et me décide à me lever. Je ne comprends pas pourquoi j’ai réglé l’alarme, je n’ai pourtant rien de prév… Je manque faire une crise cardiaque en me souvenant de la date du jour. Je suis déjà en retard dans ma routine du matin! Quelle mauvaise façon de commencer une journée aussi importante qu’en devant faire tout à la hâte pour rattraper sa paresse matinale. Je finis par arriver dans les temps malgré tout, l’estomac à l’envers à cause du stress qui croît sans cesse dans mes trippes. Je me jette dans un taxi et lui indique l’adresse qu’on m’a donnée il y a trois semaines. Pour ne pas perdre cette précieuse information le jour J, j’avais collé un post-it sur mon frigo, en plus d’en mettre un dans mon portefeuille pour ne pas oublier par inadvertance le tout à l’appartement. Je me connais trop bien. Tout mes documents de références sont d’ailleurs prêts depuis deux semaines, juste parce que j’avais peur que le stresse qui me tenaille aujourd’hui ne me fasse perdre mes moyens et oublier un truc essentiel à l’entrevue. J’avais raison de ne pas me faire confiance, je suis une épave ce matin. J’ai de la chance d’avoir été capable de m’arranger pour les circonstances, puisque je ne suis pas au top de ma forme.

En arrivant au bâtiment, j’hésite à y entrer. Je suis impressionnée par l’immensité de l’édifice. Intimidée surtout. Est-ce que se serait mon futur lieu de travail? Si oui, il va me falloir du temps pour m’y habituer et surtout pour m’y retrouver. Combien d’employés y travaillent? Beaucoup trop pour que j’arrive à me figurer le nombre, même en estimation. Je m’avance donc à l’intérieure, surprise que je sois attendue. Cela me rassure un peu. Je prends l’ascenseur et garde la tête basse alors que des gens entrent et sortent au cours de mon ascension du bâtiment. Finalement, lorsque j’arrive au bon étage, personne n’est présent pour m’accueillir et me diriger vers le lieu de l’entrevue. Je suis alors confuse, ne sachant pas quoi faire exactement. Une idée me vient, mais je ne sais pas si ma déduction est bonne. Tant pis, il n’y a personne aux alentours de toute façon!

-FRIDAY, est-ce que tu peux m’aider, je demande timidement. Je ne sais pas où aller pour mon entrevue.

Je n’espérais pas vraiment une réponse, mais en entendant la voix de l’Intelligence Artificielle résonnée autour de moi, je ne peux retenir un sursaut d’étonnement :

-Monsieur Stark est dans le couloir à votre droite, Mademoiselle Marchand, elle me répond poliment. J’ai déjà appelé des secours, une assistance médicale est en route.

-Quoi?

Je ne lui laisse pas le temps de répondre, je cours dans le couloir qu’elle m’a indiqué et en apercevant Tony inconscient au sol, mon cœur se serre atrocement. Je me dirige vers lui à la vitesse de l’éclair et en l’atteignant, FRIDAY se manifeste à nouveau :

-Il serait plus sûr pour vous de ne pas entrer en contact avec Monsieur Stark.

Mais je ne l’écoute pas. Je pose mes mains sur la peau brûlante de son front. Je l’aide à se retourner, afin de dégager ses voies respiratoires au maximum. Je ne réfléchis plus à cette entrevue, je suis très inquiète pour la santé de Tony. Je le garde contre moi en le secouant légèrement afin de lui faire reprendre connaissance. J’ai conscience toutefois que mes efforts seront vains, sentant la chaleur anormale qui se dégage de son corps. Il est visiblement très malade et je me sens à nouveau impuissante, ne sachant pas comment l’aider.

Exposition au virus X1R1:

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Anthony E. Stark & Loreine Marchand

Très souvent dans ma vie, je me suis sentie impuissante. Incapable d’agir ou bien dépourvue de moyens. Je me souviens que je détestais profondément ces moments. Perdre le contrôle sur soi-même est une chose. Mais perdre le contrôle sur les autres et être incapable de rattraper le coup en est une autre. Si je me suis habitué au premier scénario, je répugne le deuxième. J’ai tendance à agir égoïstement de nature alors lorsque pour les gens à qui je tiens on m’enlève le choix et l’influence que j’ai à leur égard, une rage puérile s’empare de mon humeur. Je suis donc là, à tenter de réveiller Tony alors que cette même colère monte en moi. La frustration de ne pas le voir bouger accentue mon impuissance. Finalement, il reprend conscience et je soupire bruyamment de soulagement. Toutefois, je ne suis pas au bout de mes peines. Aussitôt, Stark est sur ses gardes et réclame l’armure, fixant le plafond avec une lueur de frayeur dans son regard. Je suis si surprise que je m’éloigne un peu de lui, réalisant d’un bref coup d’œil qu’il n’y a rien en haut. Est-il fiévreux au point d’avoir des hallucinations? FRIDAY ne lui obéit heureusement pas et en fermant les paupières un instant, il retrouve un regard lucide par la suite. Il me voit finalement et je me contente de le regarder avec inquiétude. Je crains le pire. Il y a les médias qui s’emballent à propos d’un nouveau virus qui rend malade les non-mutants. Se pourrait-il que Tony en soit atteint? L’homme se relève et je ne suis pas sur qu’il soit suffisamment solide pour le faire. Je me précipite donc à sa suite, juste à temps pour le soutenir face à une nouvelle chute. Je l’aide à se mouvoir jusqu’à une chaise, tout en écoutant la conversation entre le milliardaire et FRIDAY. Je crains une fois de plus le pire. Cela me semble à présent évident que Tony est victime de ce virus et j’ai peur pour sa vie. Les médias n’ont pas cachés le fait que cet agent pathogène était mortel. FRIDAY a appelé des secours, mais il faudrait plutôt que Stark se rende immédiatement à l’hôpital selon moi pour être pris en charge avant qu’il ne soit trop tard. Nos yeux se croisent une fois de plus et il s’excuse. Je fronce les sourcils, secouant la tête face à son commentaire :

-Ce n’est pas de votre faute, comment vous auriez pu savoir?

Je garde toujours une main sur son épaule, afin de m’assurer qu’il ne perde pas à nouveau l’équilibre et ne s’affaisse au sol. Je ne peux retenir un sourire face à sa demande de ne pas peindre cette situation cette fois-ci. Ma main est un peu plus solide sur son épaule. Je sais que je ne suis pas doué avec ce genre de chose, de prendre soin d’une autre personne. Mais je ne peux pas m’empêcher de vouloir m’assurer qu’il atteigne l’hôpital sain et sauf, comme il l’a fait pour moi ce jour là alors qu’il m’a sortie d’un immeuble en ruine pour me déposer dans les bras des ambulanciers. Alors, Stark tente de me renvoyer chez moi. Il me dit que je suis viré. En fait, il n’est pas mon patron encore, mais je saisis où il veut en venir et cela a l’effet contraire.

-Vous me dites ça parce que vous voulez que je vous laisse alors que vous êtes souffrant? Oubliez ça, je ne vais pas vous abandonnez!

Je ne savais pas du tout en quoi je pouvais changer les choses. Au moins, en gardant la conversation alimentée entre nous, je m’assurais qu’il reste conscient et relativement éveillé pour échapper aux hallucinations. Sauf que j’ignorais depuis combien de temps il était évanouie au moment de l’avoir trouvé. Les secours mettaient beaucoup trop de temps à venir. Je lève donc la tête, observant les alentours nerveusement :

-FRIDAY, où en est l’équipe médicale, je dis alors, regardant Tony.

-Ils seront là dans moins de sept minutes, mademoiselle Marchand.

À sa réponse, je retiens un commentaire rageur. Ce n’est pas de sa faute à elle si je trouve que les secours mettent une éternité à venir sur les lieux. Tony pourrait retomber inconscient et cette fois je serais incapable de le garder éveillé. Je crains le pire. Je dois m’assurer que ça n’arrive pas. Je pose une main sur le visage de l’homme, ne faisant aucune remarque sur comment brûlante est sa peau :

-Tony, j’ai besoin que tu me racontes des trucs. N’importe quoi. Il faut te garder éveillé. Parle-moi de la première chose qui te passe par la tête.

Je le force à garder contact visuel avec moi. Je sais que cela doit être pénible dans son état actuel de garder ainsi le focus, mais j’avais trop peur de le voir à nouveau sombrer dans l’inconscience pour imaginer à une meilleure solution.

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Anthony E. Stark & Loreine Marchand

Demander à un fiévreux délirant de parler n’est peut-être pas la meilleure idée à avoir, mais je n’en trouvais pas de mieux afin de m’assurer que Tony reste conscient. Je suis toutefois soulagé qu’il laisse ses pensées sortir librement. Lorsqu’il me dit qu’il déteste les hôpitaux, je le regarde un instant. Il n’a pas idée à quel point je le comprends. J’ai moi-même été la prisonnière de ses établissements et ce à de nombreuses reprises. Sauf que j’ai soudain peur de lui avouer pourquoi j’y passais tellement de temps il y a quelques années. Comme si souvent lorsque je me retrouve à confesser ma maladie, je préfère éviter le sujet. Je ne peux toutefois retenir une expression similaire à la sienne à la pensée d’hôpitaux et de personnel médical :

-Je les déteste aussi, je lui dis en soupirant.

Je ne le quitte pas un instant, même s’il semble être désormais avoir retrouvé un peu de stabilité et d’équilibre. J’ai beaucoup trop peur des conséquences si je ne fais que retirer ma main de sur son épaule. Je m’évite de paniquer de la sorte, en sentant que je le soutiens physiquement comme mentalement. Bien qu’à présent qu’il exprime son désir d’obtenir un cheeseburger, une présence aussi rapprochée n’est probablement plus nécessaire. Qu’importe, je reste où je suis. Je lui jette un coup d’œil, ne riant pas à sa remarque comme je l’aurais fait en toutes autres circonstances. Je ne réponds rien non plus. Je souhaite seulement que les secours arrivent rapidement. Qu’une fois à l’hôpital, que les médecins vont pouvoir aider Tony et le sauver. Je ne peux pas concevoir que ça se passe autrement. Il le faut!

Le silence perdure, mais sans être désagréable. Je me concentre sur ma respiration, étant apaisé par la sienne. L’attente n’est pas très longue. En fait, je réalise en relevant la tête d’un coup que les ambulanciers sont arrivés. Tony fait un commentaire et je réalise que j’ai laissé notre conversation mourir. Heureusement, Stark n’a pas perdu connaissance et semble toujours assez lucide pour réagir à sa manière face à l’arrivée des deux hommes. Ils s’approchent de nous et commencent immédiatement à prendre en charge le milliardaire. Je m’éloigne quelque peu, afin de ne pas les gêner. Ils sont habillés d’une combinaison assez impressionnante. Elle doit être hermétique, afin d’éviter qu’ils soient contaminé par le virus. Tout en les observant, je sens alors ma tête s’alourdir, comme si un mal de tête se dessinait à l’horizon. Je laisse échapper un toussotement qui me semble anodin. Mais j’attire ainsi l’attention de l’un des ambulanciers. Je vois mal son visage à travers sa combinaison mais je peux deviner l’expression de son visage. Je réalise moi-même du même coup à quel point j’ai été idiote. Je me suis précipité sur Tony, sans réfléchir. Je l’ai touché et je suis demeuré en contact avec lui de nombreuses minutes sans prendre la moindre précaution pour ma propre santé. Ce n’est probablement rien ce petit mal de tête. L’adrénaline retombe doucement et cela doit affecter mon corps, rien de plus. Sauf que l’ambulancier me regarde toujours et le voilà qui se lève et vient vers moi. Son collègue a terminé d’installer Tony sur la civière portative et il s’apprête à quitter. Le temps s’arrête toutefois un instant, lorsque je sens le regard de l’ambulancier sur moi :

-Veuillez nous suivre, madame, il me dit alors.

Même si sa demande est évidente vue les circonstances, je me renfrogne instinctivement. Je refuse d’un mouvement de la tête, croisant les bras sur ma poitrine tout en fixant la visière de son costume :

-Je vais très bien, je réponds avec agacement. Dépêchez-vous de l’emmener à l’hôpital.

-Madame, vous avez été exposé au virus. Nous devons vous emmenez avec nous à l’hôpital afin de procéder à un dépistage.

Ses arguments sont logiques, je devrais m’y plier sans discuter. Mais je commence à prendre peur. Je refuse de retourner à l’hôpital, même si ce n’est que pour un dépistage de routine. Voyant que je suis toujours réticente, l’ambulancier avance vers moi et tend une main afin de me saisir le bras, je présume. Je le repousse et en réponse son collègue vient lui porter main forte. Je me retrouve alors immobilisé par deux paires de bras solides. Je me débats tout de même vigoureusement. Personne ne veut me faire du mal, mais il n’y a pas d’autre choix puisque je refuse visiblement de coopérer. Alors, l’un des deux s’éloigne, avant de revenir avec une seringue pleine d’un liquide clair. Je devine ce que s’est et mon cœur s’emballe :

-Non, arrêtez! Non! Je hurle.

Sauf que c’est trop tard. L’aiguille pénètre dans ma chair et le liquide froid se répand dans mon organisme. Je sens immédiatement mon corps s’engourdir et avant même que je ne comprenne complètement ce qui se passe, je tombe dans l’inconscience.