A Strange World [Stephen & Jackson]

A Strange World

Stephen Strange & Jackson Wilde

Cette journée a très mal débuté. Un mal entendu entre mon agent et la compagnie aérienne m’a empêché de prendre mon vol prévu pour huit heures trente ce matin. Ce sont des choses qui arrivent. Mais pas lorsqu’en plus on m’attend à l’autre bout du monde. Une série d’annulation de conférences de presse et d’interviews d’avant course s’en sont suivis. Une grogne générale anime mon entourage. Je ne devrais déjà plus  être à New-York depuis douze heures. Comme il n’y avait pas d’autres possibilités de vol, je dois demeurer à l’aéroport le temps qu’on me trouve une place quelque part. Comme observer Rick a pour effet de m’étourdir avec sa tendance à faire les cent pas lorsqu’il est en colère, je décide de ne pas succomber à l’énervement et à m’installer plus confortablement dans l’espèce de suite dans laquelle on m’a mis. Rien de bien luxueux, mais des commodités que monsieur ou madame tout le monde coincé dans une situation similaire à la mienne n’aurait pas. Je n’ai donc aucune raison de me plaindre outre le fait qu’une fois en Allemagne on va s’amuser à me pousser un peu plus rapidement. Normalement, on me laisserait parler avec la presse et rencontrer des fans par exemple. Avec ce retard de plus en plus croissant, se seront les premières choses qui seront éliminés de mes tâches à faire. Voilà qui est dommage. Pressé par le temps, tout devient plus contraignant et le rythme effréné a tendance à me rendre moins bavard. Les interviews toujours cédulés risquent d’être mauvaises. Mais bon, pourquoi m’en faire pour des choses qui ne sont toujours pas arrivé?

Je me calle dans mon fauteuil, penché sur mon ordinateur portable. Je m’attarde sur des données techniques issues de la dernière séance d’essais libres. Rien de bien passionnant pour un néophyte. Des colonnes de chiffres et quelques diagrammes. Il y a un autre onglet d’ouvert sur les statistiques de la saison. Les miennes mais aussi celles des autres pilotes. Je tente de me faire une tête sur la situation. Ma concentration légendaire fait en sorte que je ne me rends pas immédiatement compte que je suis à présent seul dans la suite. C’est en levant le nez pour poser une question à Rick que je réalise son absence. Il a du me dire où il allait, mais je n’ai pas écouté. Je songe à lui poser la question par message texte. Finalement, je renonce au bout d’une seconde de réflexion. Mon interrogation n’est absolument pas urgente. Je peux aisément attendre son retour pour avoir la réponse. Je me repenche donc sur les chiffres tout en agrippant de ma main droite ma bouteille d’eau. Je prends une gorgée et étire mon bras pour la redéposer sur la table basse lorsqu’un bruit attire mon attention. Je tourne la tête vers la porte fermée. J’ai comme l’étrange impression que ce que j’ai entendu était un cri. Pas un cri aigu comme dans les films d’horreur. Plutôt comme une sorte de plainte grave, probablement masculine. Je ferme mon ordinateur et me lève, soudain soucieux. Il y a du tapage à l’extérieur. Je ne me sens pas dans une phase d’héroïsme, alors je n’ai pas le réflexe de me précipiter hors de la suite pour aller voir ce qui se passe. Non, en fait j’aurais plutôt eu tendance à rester bien sagement à l’écart de cette altercation. Les bruits cessent et cette fois je suis poussé par la curiosité, mais aussi par une pointe d’inquiétude. Je m’approche de la porte avec précaution, puis je l’ouvre lentement. En passant ma tête par le cadre de la porte, j’inspecte le couloir. Vide. Je jette un deuxième coup d’œil, scrutant plus attentivement cette fois. Il semble y avoir une petite tache foncée au sol à l’une des extrémités du couloir. Je décide d’aller voir. Mes yeux s’écarquillent en reconnaissant l’aspect du sang. Je songe à Rick. J’espère qu’il ne s’agit pas de son sang que j’ai trouvé.

Au lieu de fuir, j’avance un peu plus profondément. Je débouche en bout de ligne dans l’aéroport elle-même. Je suis surpris par le calme de l’endroit. À notre arrivée, il y a avait un bouquant pas possible en raison de la foule de voyageurs. Là, plus rien. Je m’avance encore. Je commence à comprendre dans quel merdier je suis en reconnaissant des silhouettes inanimées au sol. De nombreuses personnes sont inconscientes, peut-être même mortes. Je cesse ma progression. C’est dans des moments aussi critiques que j’aimerais être comme tous les autres. Ne ressentant aucune peur, je suis perdu dans la démarche à adopter. Est-ce que je dois fuir en courant? Prévenir la police? Cela aurait été pertinent, mais je viens de réaliser que mon cellulaire est sagement sur la table basse près de ma bouteille d’eau, dans la suite. Que suis-je censé faire dans ce cas? En me retournant pour vérifier si le couloir par lequel j’ai débouché est toujours sécuritaire, je sens des mains se saisir de ma gorge. Deux mains larges et puissantes qui serrent d’un coup. Pas de doute, on tente de m’étrangler. Je me débats afin m’extraire à mon opposant, mais un homme apparaît devant moi et me dissuade de tous mouvements. L’étrangleur réalise assez rapidement que l’attaque ne me fait aucun effet. Il riposte donc en me frappant derrière le crâne. Le cri de douleur qu’il lâche à la suite de son geste est assez indicateur à son complice qu’on ne peut pas me blesser à proprement parlé. Les deux hommes me saisissent donc et on ligote mes poignets dans mon dos avant de me pousser vers un espace regroupant plusieurs autres otages vivants. Les gens sont apeurés, mais garde la tête baisse. On me force à me mettre à genoux avec les autres. Je cherche Rick instinctivement, mais ne le trouve pas au premier coup d’œil. L’un des deux hommes demeure avec moi tandis que l’autre repart un peu plus loin. Il est probablement à la recherche de personnes qui se cachent dans les nombreux recoins de l’édifice. Mon geôlier se penche à mon niveau et lorsque je croise son regard, je sens que quelque chose de pas normal se dégage de lui. Je ne saisis juste pas quoi.

-Tu es un sorcier? Il me demande avec une voix très rauque.

Je ne comprends pas sa question. Non, je ne suis pas un sorcier. La magie n’existe que dans les films. Enfin, je le pensais jusqu’à ce qu’il me pose la question et suscite ainsi le doute dans mon esprit. Je secoue la tête négativement. Il me frappe dans le ventre. Je me courbe à cause de la force du coup, mais je ne ressens absolument aucune douleur.

-Dis-moi ce que tu es? Il m’ordonne en me forçant à le regarder.

Je refuse d’avouer que je suis un mutant devant tous ces gens. Il y en a probablement qui on déjà vu mon visage quelque part. Ce n’est qu’une question de temps pour qu’ils comprennent mon identité. Sauf que le type est très sérieux. Il veut une réponse. Il sait déjà que la torture n’a aucun effet sur moi. Comment s’y prendrait-il si je persiste à garder le silence? Mon absence de réponse finit par le mettre réellement en colère. Je le vois dans ses yeux. Je dois lui répondre. Tout de suite.

-Je suis un sorcier, j’affirme en soutenant son regard.

Je regrette immédiatement mes paroles. Je ne sais pas ce que ça implique d’avouer cela. Sauf que je ne peux pas courir le risque qu’il pousse sa menace encore plus loin et découvre mes points faibles. Pour toute réponse, l’homme se redresse et souris. Un léger rire s’échappe entre ses dents. Je sens que je viens d’aggraver nettement ma situation, sans savoir pourquoi.

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La témérité est ce qui m’a longtemps défini. Les gens se souvenaient de moi comme de celui qui tente les manœuvres les plus folles, celles qui vous font vous accrocher à votre siège comme téléspectateur. Les journalistes avaient alors tendances à me demander cette question bête : « pourquoi avoir pris ce risque? ». J’ai mis du temps à trouver la véritable réponse à cette question. C’est parce que la peur ne m’arrête plus. Je ne ressens plus sa présence. Je ne sais plus quand faire marche arrière, quand je vais trop loin. Certes, rien ne peut me blesser. Mais la peur reste rationnelle et nécessaire dans certaines situations. Elle nous offre une conduite à adopter, pour notre propre bien. Être sans peur rend impulsif et stupide. On oublis les conséquences de nos actes. Et si par la suite on y pense, on n’en saisit pas pour autant aussi bien la portée qu’avec la peur au ventre. Je ne savais donc pas à quoi je m’exposais en avouant faussement être un sorcier à ce type. Je ne comprends même pas en quoi révéler une telle chose peut être pénalisant. Si j’avais été normal, la peur m’aurait tenue loin de ma stupidité. À présent, je ne suis bon qu’à y plonger aveuglément. À prendre des risques évitables, comme de ne pas baisser la tête et d’avouer être un nobody. L’autre ne m’aurait pas nécessairement cru sur parole si j’avais adopté cette conduite, surtout qu’il m’avait vu lui résister. Sauf qu’à la vue de mon corps tremblant de peur, il aurait fort probablement lâché le morceau. Ou bien il m’aurait tué. Comme quoi, mon pouvoir m’avait surement sauvé la vie une fois de plus.

J’observe le preneur d’otage qui a un regard inquiétant sur ma personne. Il semble apprécier ma réponse, cela le faisant ricaner. J’évite de soutenir trop longtemps son regard. Oui, je n’ai pas peur de lui, mais ce n’est pas une raison pour le lui montrer. Surtout avec la merde dans laquelle je me suis déjà foutu idiotement. Je baisse donc les yeux et fixe ses souliers. Un instant, je sens son changement d’attitude. Je peux percevoir comme une haire de plus en plus croissante à mon égard. Il lève une main et je persiste dans ma fixation du plancher. Alors, une voix s’élève. Nous sommes tous attiré par son écho, moi inclus. Je cherche la personne à qui appartient cette voix, mais il n’y a aucun être par là. C’est étrange. L’homme parle à nouveau et cette fois je suis certain de regarder dans la bonne direction. Toutefois, rien n’est présent dans la dite direction. Que du vide. Non, attendez. Un corps se matérialise et mes yeux s’écarquillent. L’inconnu attaque celui qui nous menace avec ce qui ressemble énormément au pouvoir de Wanda. J’ai du mal à suivre l’action tellement tout est trop rapide pour mes yeux. Je réalise seulement après coup que le preneur d’otage a été projeté au loin, mais qu’il n’en demeure pas moins indemne. Bon sang, lui aussi il est indestructible ou quoi? Et moi qui lui résistais aussi imprudemment. Je n’avais vraiment pas envisagé ce scénario. Pourtant, rien ne pouvait l’exclure.

Le malfaiteur nomme le nouveau venu. Il l’appelle Docteur Strange. Voilà qui me fait hausser un sourcil. C’est un docteur. Et un magicien aussi si je me souviens bien de son intervention verbale initiale. Voilà qui n’aide pas à me faire comprendre la situation actuelle. Je ne me sens pas en position d’intervenir. Je ne suis pas grand-chose à part un mutant invulnérable. Ces deux gars là semblent être capables d’accomplir des choses inimaginables. Justement, les voilà qui s’affrontent véritablement. L’homme qui m’a menacé fonce sur l’autre, dont la cape que je viens de remarquer sait se mouvoir en accord avec son porteur. Le Docteur repousse l’autre gars qui s’abat violemment contre un mur au loin. L’impact crée une onde de choc dans le sol perceptible jusqu’à moi. Dire que je suis impressionné est un euphémisme. Je suis estomaqué par ce spectacle. Toutefois, je ne peux pas me réjouir de la victoire du Docteur trop longtemps puisque de nombreux pas résonnent en cœur. Cinq hommes accourent, tous avec une expression mauvaise sur le visage. Ils se divisent sans même se consulter. Deux prennent la direction du sorcier afin de débuter une confrontation, visiblement. Les trois autres s’approchent des otages dangereusement. Toutefois, ils s’arrêtent avant d’avoir atteint leur but. Je les regarde sans comprendre. Alors, je crois distinguer comme un reflet entre eux et nous. Un bouclier? Je ne saurais dire. Les trois hommes lèvent leurs mains de concert comme pour toucher à la protection transparente qui nous séparent d’eux. J’ignore ce qu’ils font, mais je suis persuadé de leur intension : ils veulent détruire le bouclier et s’en prendre aux otages.

Les trois hommes vont-ils réussir à briser le bouclier?:

Je me lève instinctivement lorsque les trois hommes se jettent sur les otages. Je ne sais pas quoi faire, figé par la surprise. Je jette un regard en direction du Docteur et stupidement, je m'avance vers le malfaiteur le plus proche.

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Je me dois d’intervenir. Je ne peux pas laisser la situation s’envenimer. Il y a probablement des gens qui me connaissent parmi les otages ou qui vont me reconnaître par la suite lorsque la peur ne tiraillera plus leurs entrailles. Je ne pouvais pas me sentir à l’abri d’être reconnu. Il y a aussi fort à parier pour que des caméras nous filment en ce moment même. Je n’ai pas le temps d’inspecter les lieux pour vérifier si c’est le cas. Mais nous sommes dans un aéroport gigantesque de la plus grande ville des États-Unis! C’est évident qu’il y a des caméras filmant chaque centimètre. Je croise les doigts pour que les terroristes aient au préalable désactivé le système de sécurité pour au moins avoir ce camouflage. Je n’ai aucun moyen de m’en assurer. Je m’approche donc du preneur d’otage le plus proche. Il regarde ailleurs, cela me permet de progresser sans qu’il me repère. Je comprends alors ce qui mobilise son attention. Un bruit terrible se fait entendre derrière moi, me faisant sursauter et m’arrêter du coup. J’ose un regard et je suis bouche bée de constater qu’un des agresseurs à été projeter avec violence contre le plafond. Deux autres détails apparaissent à mon œil : les deux hommes qui se sont dirigés vers le Docteur Strange sont à présent attachés avec ce qui me semble être de la magie et le dit Docteur est le responsable de la projection du type au plafond. Il essuie d’ailleurs le rouge sur sa bouche, témoin qu’il vient de se battre et de recevoir des coups. Je me souviens alors de ce que je faisais avant d’être interrompu. Je me retourne brusquement, constant avec désastre qu’à présent le gars que je voulais intercepter me voit. Je n’ai plus de temps pour la discrétion. Je me lance sur lui.

L’homme grogne d’une drôle de façon, comme pour m’annoncer qu’il compte attaquer lui aussi. Je ne flanche pas et suis à sa portée en deux pas. J’initie un coup de poing, mais je n’atteins jamais ma cible. L’homme est plus rapide que moi. Il me frappe la tempe avec une force que je devine immense compte tenu de la vitesse à laquelle je m’effondre au sol. Je mort la poussière en perspective. Je profite du fait qu’il ne connait pas mes capacités pour lui laisser croire qu’il vient de me défoncer. Il fait un pas de plus vers moi et détourne son regard de mon corps. Je saisis l’ouverture. Je le renverse au sol à son tour en lui déséquilibrant les jambes. Il pousse un grognement de surprise lorsque je prends l’avantage sur lui. Façon de parler puisqu’en lui frappant le visage, je confirme une fois de plus qu’il est aussi indestructible que moi.

-Le combat s’annonce long, je soupire surtout pour moi-même puisque la tête irritée du gars que j’ai fais tombé n’est pas celle qu’une personne voulant rire.

Je songe alors à l’intervention du Docteur sur deux de ses agresseurs. Il pourrait neutraliser de la même manière celui-ci. Je me retourne pour chercher l’homme à cape du regard. Mon adversaire au sol près de moi en profite pour tenter de reprendre l’avantage. Je n’ai donc pas le temps de repérer mon allier improvisé, je dois me concentrer à nouveau sur le cas de l’autre. Le problème c’est qu’il est vraiment plus fort que moi. Même si je me relève de chacun de ses coups, la puissance de ses frappes réussis toujours à me ralentir et chaque seconde qu’il gagne sur moi lui fait conserver l’avantage. Je n’ai bientôt plus d’options pour lutter contre lui. Il réussit à me repousser contre un mur et il s’empare de ma tête pour la cogner avec violence dans le béton derrière. Le fait que je n’exprime même pas une grimace de douleur ou une plainte l’enrage encore plus. Il se rend compte que c’est plutôt le mur qui se fissure lentement plutôt que mon crâne. Je réussis à reprendre le contrôle un bref instant et à me sortir de cette impasse. Je repousse le type vers les otages où je repère Docteur Strange du coin de l’œil. Je décide que le mieux pour me débarrasser de cet ennemi est de laisser le magicien le neutraliser avec sa magie.

-Docteur! Je l’appelle pour attirer son attention.

Je bouscule ensuite mon opposant et je réussis à nous rapprocher encore un peu, mais à nous tenir assez loin des otages pour ne pas les blesser accidentellement. Me défaisant des mains puissantes du type, j’initie un coup de pied pour le projeter fatalement dans la direction du Docteur.

Le coup de Jackson fonctionne-t-il?:

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Mon coup fonctionne mieux que je l’espérais. Je réussis ainsi à surprendre mon opposant qui retombe durement au sol près du sorcier. Il s’occupe de lui sans problème, le clouant au sol avec de simples paroles apparemment magiques. Je reste surpris par l’efficacité de son geste, mais heureux du dénouement. Je reprends alors mon souffle en fixant la scène devant moi. Le Docteur s’adresse à la foule d’anciens otages. Il leur demande de se regrouper puisqu’il compte fouiller le reste du bâtiment pour découvrir s’il ne reste pas des ennemis cachés quelque part. Voilà qui est logique, je me dis en terminant de calmer ma respiration. Mon inquiétude réapparaît alors que je vois les gens effrayés obéir lentement à l’ordre qu’on leur a donné. Je m’avance et observe chaque visage. Il y a en a beaucoup, peut-être une trentaine en tout. Sauf qu’aucun d’eux n’est celui de Rick, mon agent et ami. Je me fais alors beaucoup de soucis pour lui. Où se trouve-t-il en ce moment? Est-il retenu en otage autre part ou bien a-t-il a réussit à échapper à cette attaque d’une manière ou d’une autre et il est hors de l’aéroport? La possibilité qu’il soit parmi les victimes de ces preneurs d’otages m’ébranle au point de ne pas suivre les consignes du Docteur et de m’exclure du groupe pour aller en sa direction. Une fois à sa hauteur, je l’informe de mes intentions, aussi égoïstes elles peuvent paraître :

-Mon ami est manquant, je dois partir à sa recherche. Il est peut-être en danger. Permettez-moi de vous accompagnez dans l’inspection du bâtiment.

Je ne lui demande pas la permission en fait. Mon idée est claire dans ma tête. S’il me refuse cette initiative, je vais attendre qu’il se soit éloigné pour partir de mon côté à la recherche de Rick. Ce dernier a été un véritable père pour moi depuis le début de ma carrière. Alors que j’avais dix-huit ans et que la folie du succès aurait très bien pu me faire perdre la tête, mon agent avait été là pour me contenir et me soutenir afin que jamais ça n’arrive. Je lui dois énormément et je ne peux certainement pas rester là les bras croisés dans l’espoir que le Docteur Strange, aussi puissant soit-il, le ramène sain et sauf avec notre groupe d’otages. Je me sens personnellement responsable de la sécurité de Rick et si jamais il lui est arrivé quelque chose, je veux également le voir de mes yeux. Même si c’est pour découvrir son corps inanimé quelque part, je me dois d’avoir des réponses à mes questions silencieuses. Je doute toutefois que mon allié me laisse tout bonnement le suivre au risque de nous mettre en danger inutilement. Je me rapproche donc un peu plus afin que personnes d’autre ne puissent m’entendre dire ce que je compte lui dire :

-S’il y a d’autres sorciers quelque part, ils ne pourront rien me faire. Je suis indestructible. C’est ma mutation.

Je ne sais pas si mon argument suffira à le convaincre, mais si après cette révélation il refuse toujours de me prendre avec lui, je vais lui laisser croire que j’abandonne. Si j’insiste trop, cela va lui éveiller des soupçons sur mes intentions. Il se doute surement déjà que même s’il me laisse derrière, que je vais n’en faire qu’à ma tête. Je suis bien décidé à rechercher Rick et à le sauver si nécessaire. Le fait qu’on ne puisse pas me blesser n’est qu’une commodité dans ma mission. Cela évitera que je me fasse stupidement tué dans le processus. Je jette un coup d’œil à la foule à présent bien regroupée. Si le Docteur doit partir, il peut le faire à présent sans problème. En fait, il n’y a que moi qui agis contre son ordre. Qui me présente devant lui avec un certain désespoir dans le regard. Désespoir qui conduit très facilement vers l’impulsion et la stupidité. Ce ne serait pas nouveau chez moi que je fonce tête baissée. C’est mon même métier de le faire. Et le fait de ne pas avoir peur des conséquences de mes actes contribue à faire de moi le meilleur dans la catégorie des idiots. Le genre d’idiot qui est prêt à faire un dépassement dangereux juste pour gagner un misérable point de plus au classement. Oui, il n’y avait rien de très sage à me prendre comme allié pour l’inspection du reste de l’aéroport. Sauf que je ne lui donne pas vraiment le choix. Ça, il peut le constater à la lueur dans le fond de mon regard.

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Décidément, ce Docteur Strange est particulièrement troublant. Je m’approche de lui, ne lui laissant pas d’autres choix que de me prendre comme allié jusqu’au bout de la neutralisation des terroristes. Hors, alors que je m’attendais à partir en patrouille pour dénicher ceux qui pourrait toujours nous échapper, il m’assure que ce n’est pas de cette façon là qu’il voulait procéder. Je fronce les sourcils en apprenant cela, ne comprenant plus rien à nouveau. Je reste là où il me demande de le faire alors qu’il débute sa technique supposément plus efficace. Je reste perplexe tout du long, écarquillant les yeux en voyant quelques goûts de sang simplement voler vers lui pour qu’il puisse procéder à son… rituel? Je ne saurais comment qualifier cela, surtout en l’entendant dire des mots qui n’ont absolument aucun sens. J’imagine que je ne devrais pas autant me formaliser de toutes ces choses. Il est un sorcier apparemment et donc se sont le genre d’actions que posent les magiciens, il faut croire. Je ne peux toutefois pas rester impassible en le voyant s’isoler ainsi pour procéder à son sort de localisation.

Il s’approche donc ensuite de moi. J’efface de mon visage l’étonnement qui y flotte depuis plusieurs minutes. Je ne veux pas que le Docteur le prenne mal que toute cette histoire de magie commence à me donner de sérieux maux de tête. Je dois me tenir prêt, à l’expression sur son visage alors qu’il me regarde, je présume que le combat n’est pas encore terminé. Effectivement, il m’apprend qu’il demeure deux ennemis dans une pièce près d’ici à neutraliser. J’ai alors une idée précise de l’endroit en question, sans nécessité d’autres explications. Il fait probablement référence aux loges privées de l’aéroport, destinées aux clients importants. Je suis persuadé que c’est là que ces deux types se cachent. Strange ne fait pas mention à la présence de gens innocents avec eux, mais j’assume hâtivement que Rick est retenu en otage là-bas par ces terroristes. Je hoche donc la tête à son plan, comprenant que je ne peux pas entièrement faire passer mes intérêts personnels avant ceux du groupe. Si après nous être débarrassé des ennemis restants mon agent est introuvable, je vais d’abord aider le magicien à faire sortir les otages avant d’entreprendre plus de recherches. Je suis rassuré par le fait que mon allié est d’accord avec mon souhait de retrouver Rick d’une manière ou d’une autre. Avec sa magie, il pourrait peut-être me dire précisément où il se trouve, une fois que la menace sera écarté bien sûr.

-C’est d’accord, je lui dis en le regardant dans les yeux. Ne perdons pas plus de temps.

Mon corps est démangé par l’envie d’aller dans les loges pour voir si mon ami s’y trouve. Aussitôt que les anciens otages sont donc informés de ce que nous comptons faire et reçoivent l’ordre de demeurer ici jusqu’à notre retour, nous nous mettons en route. Je me soucie toutefois des hommes que la magie du Docteur contient toujours. Ils semblent avoir abandonné la bataille et se laisse à présent simplement immobiliser par les bandes magiques. Même en nous voyant bouger hors de la pièce, ils ne bronchent pas vraiment. Soit les pouvoirs de mon allié les retiennent trop fortement pour qu’ils tentent de filler en douce durant notre départ, soit ils ont acceptés leur sort désormais. Dans les deux cas, nous sommes assurés que le groupe sera en sécurité le temps que nous allons régler le reste. Je me demande toutefois si la magie de Strange dépend de sa concentration. Par exemple, si un des deux terroristes restant réussissait à lui asséner un coup violent à la tête qui lui ferait perdre connaissance momentanément, est-ce que l’emprise qu’il a sur les autres ici va disparaître? Si oui, je dois m’assurer que ça n’arrive pas. Faire distraction, dirigeant les attaques sur moi le temps qu’il les neutralise comme les autres gars.

Nous ne parlons pas de stratégie en route vers les loges. En fait, nous sommes parfaitement silencieux durant la courte période que dure notre marche jusque là. Je m’oriente immédiatement en arrivant au couloir où j’ai vue le sang par terre. Je laisse toutefois le magicien me guider, me doutant qu’il est plus en mesure que moi de localiser la menace sans avoir à fouiller partout. Je tends l’oreille tout de même, n’ayant aucune idée où aller durant un instant. Puis, lorsque le Docteur m’indique une porte semblable à toutes les autres, je ne peux m’empêcher de hausser les sourcils et de douter une fraction de seconde que c’est bien le bon endroit. Je passe outre ce détail rapidement et retrouve mon focus. Lorsque nous entrons dans la loge, je me fige nette en voyant le spectacle qui s’y déroule. Rick est bien présent, mais il est inconscient sur une table, du sang couvrant son corps. Les deux ennemis, qui portent des symboles identiques aux autres, semblent être en transe, ne remarquant même pas notre arrivée. Qu’est-ce qu’ils sont en train de faire à mon agent? Impulsivement, je m’avance et je rencontre deux pas plus tard un mur invisible qui me repousse dans mon élan. Je suis si surpris par cela que je tombe par terre. Le bruit de ma collision avec cette magie se répercute toutefois dans la pièce. Je vois même le mur vibrer un instant comme une pierre troublant les flots paisibles d’un lac. Je me retourne vers les deux ennemis, soucieux que mon action ne les sorte de leur transe et ruine nos chances de les prendre par surprise.

Est-ce que les deux ennemis perçoivent le bruit?:

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Je regrette mon geste. À cause de mon empressement à avancer pour sauver mon agent, je viens de rentrer droit dans une sorte de bouclier. Résultat, j’ai attiré l’attention des deux ennemis restant sur nous. Je me hâte de me remettre sur pieds, alors que Strange fait exploser le mur de magie en y apposant la main. Je pense que je ne m’y ferais jamais, à sa magie. À la magie de toutes les personnes qui ont décidés de se dresser sur ma route aujourd’hui. Je me tiens en position donc, prêt à foncer cette fois pour attaquer les deux hommes. Ils sont toutefois projeter au loin sous mes yeux et je fronce les sourcils, me disant que cela serait bien pratique comme pouvoir. Je n’échangerais ma résistance contre rien au monde, puisqu’elle définit beaucoup trop qui je suis. Mais, cela ne m’empêche pas de rêver. Par la suite, alors que les brigands commencent à se remettre du coup, je me tourne pour voir ce que compte faire mon allié. Le Docteur ne bronche pas, ce qui me surprend un instant. Il entonne quelque chose, des paroles que je saisis cette fois mais qui n’ont pourtant aucun sens. Il prépare un sort, je dois me mobiliser afin de le couvrir durant l’opération. Je vois l’un des deux gars qui s’élancent comme un taureau vers nous et je compte m’interposer, sauf que mes jambes se paralysent subitement. Je n’ai pas mal et en baissant le regard sur mes jambes inertes, je comprends que j’aurais dû. Un courant électrique les parcours et les empêche de toute mobilité. Je tente de me sortir de ce mauvais pas, essayant d’agripper la magie de mes mains pour la retirer du bas de mon corps. Sauf que même si je plonge mes doigts entre les petits éclairs et que je tire de toutes mes forces dessus, je ne parviens pas à m’en défaire. J’assiste donc impuissant à l’attaque violente de l’autre, interrompant le Docteur en plein milieu de son incantation. Nous sommes en train de perdre. Ils ont prit l’avantage en un claquement de doigt et j’ignore comment me débarrasser de la magie qui me paralyse.

Un combat à toujours lieu entre l’un des hommes et Docteur Strange. De mon côté, j’aperçois le second ennemi qui s’était tenu tout près de Rick tout ce temps, quitter sa position pour venir en face de moi. Il garde une distance sécuritaire, afin d’éviter que je ne le frappe de mes poings. Je le fixe avec un regard mauvais alors que je le sens m’analyser de la tête aux pieds. Je refuse de quitter ses yeux froids, d’une couleur inhumaine. J’entends pourtant le vacarme des combats à ma gauche se calmer. Qui a gagné? J’espère que c’est le Docteur puisque je n’aime vraiment pas la façon que l’autre à de me reluquer. On dirait presque qu’il aimerait que…

-Le mutant est fort, tonne alors l’ennemi qui me regarde. Remplace l’humain par celui-ci.

Cet ordre me fait froid dans le dos. Le type qui a renversé le Docteur apparaît alors devant moi et il augmente le sort de paralysie pour le faire s’étendre à l’ensemble de mon corps. Alors, je suis incapable de réagir quand il me déplace, de voir si Strange va bien. J’imagine que non, mais je refuse d’admettre qu’on l’a battu. Il est beaucoup trop puissant à mes yeux pour ça. J’ai peine à  respirer à cause du sort, ce qui fait tourner ma tête dangereusement. Je perds ainsi légèrement contact avec la réalité. Lorsque les deux hommes retirent Rick de la table et le lance au loin comme une vulgaire poupée de chiffon, je suis animé par la colère. Je me débats furieusement, alors que la paralysie me retient toujours solidement. Je me retrouve à l’horizontal contre mon gré et ma lutte finis par porter fruit à mon plus grand étonnement. Mon bras droit retrouve de sa mobilité et il s’élance vers l’homme qui semble diriger le duo. J’agrippe la première chose à ma portée sur mon ennemi et quel ne fut pas ma surprise en reconnaissant le manche d’un couteau. Je réagis sans perdre de temps, au cas où la paralysie me reprenne. Je jette l’arme contre son propriétaire et la lame s’enfonce comme dans du beurre dans le ventre de l’homme. Aussitôt, la magie faiblit et je me redresse vivement. Je n’ai pas le temps de faire plus toutefois, le second homme est déjà sur moi. Il me recouche sur la table, ses mains enroulées autour de ma gorge avec l’intention de me tuer par asphyxie. Il ne peut pas me faire de mal de la sorte, aussi fortement il compte appuyer sur mes voies respiratoires. Il parvient toutefois à me garder immobile, m’empêchant de pouvoir me libérer de son emprise, ma main cherchant à l’aveuglette une arme.

Qu'arrive-t-il ensuite?:

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Stephen Strange & Jackson Wilde

 
Alors que l’arme m’échappe des mains, je ne sais plus comment réagir. Mon ennemi tente toujours de me dominer et je suis incapable de le repousser. Il m’étrangle, mais cela ne me fait rien. Cela ne fait que m’immobiliser en fait et je n’en peux plus d’être ainsi contraint sous son poids. Ma rage de cette situation s’expulse dans un cri de désespoir. Alors, il y a du mouvement derrière moi et du coin de l’œil, je reconnais le Docteur Strange. Je suis heureux de le voir enfin, de constater qu’il est toujours vivant. Il s’en prend à mon étrangleur, qui finit enfin par me relâcher pour tomber au sol dans un grognement de douleur. Je me mets en position assise, afin de pouvoir aider dans le combat ayant lieu. Sauf qu’au moment de baisser les yeux, je vois la lame du poignard être projetée à vive allure et se loger dans le cou de notre ennemi. Le sang s’expulse à une vitesse effrénée, envahissant chaque centimètre disponible. Dans un son épouvantable d’étouffement, l’homme tombe au sol et pousse son dernier souffle. Le décès fut rapide, violent. J’écarquille les yeux, toujours traumatisé par ce qui vient de ce produire. Cela a été trop rapide pour mon esprit, je pense que je ne réalise pas encore complètement que c’est la fin pour lui, qu’il ne se relèvera plus jamais. Le second ennemi que j’ai poignardé plus tôt remue alors, mais Stephen s’en charge. Il commence à parler, avec une voix épouvantablement rauque. Mon cœur bat si rapidement, l’horreur d’avoir assisté à cette mise à mort me prenant les tripes. Le deuxième homme semble tomber inconscient et un silence s’installe entre nous. Je demeure assis sur la table, les jambes pendantes dans le vide. Je fixe le mur, mes pensées n’étant plus cohérentes alors que je tente de me sortir cette image effroyable de la tête.

En bougeant la tête vers le sorcier, je constate sa détresse. Il ne voulait pas accomplir un tel acte et pourtant, il a désormais le sang de cet homme sur les mains. Il s’adresse à moi, me demandant si cela était de la légitime défense ou non. Il cherche visiblement une échappatoire pour justifier son geste. Une infinie tristesse m’anime. Je sais qu’il n’est pas mauvais, qu’il ne voulait pas volontairement en arriver là. La situation lui a forcé la main et il est bouleversé à présent. Je ne peux le voir autrement que de la sorte. Je me jette en bas de la table, atterrissant sur mes pieds. Je m’approche de Stephen, lui tendant une main pour l’aider à se relever. Il est mal en point. Il a le nez en sang et des marques de doigts sur le cou. Il a subit de nombreuses blessures depuis le début de cette histoire mais la pire demeure invisible à mes yeux. Son esprit est hanté par un regret immense, dont il ne pourra se débarrasser si facilement, j’en ai peur. Je lui apporte un peu de soutiens, alors qu’il est faible sur ses pieds. Je ne compte pas le laisser ainsi à la dérive. Ma bouche s’ouvre enfin, trouvant du courage dans l’anxiété qui me ronge les entrailles :

-Ces hommes nous auraient tués. Ils n’auraient même pas hésité, je l’ai vu dans leurs yeux. C’était la chose à faire, ils n’auraient jamais arrêté avant de nous avoir éliminé tous les deux. Oui, c’était de la légitime défense, Docteur. Vous avez agis pour la sécurité de nous tous dans cet aéroport.

Je pensais chacun de mes mots. Malgré la fin dramatique, pour moi Stephen avait agit comme il le fallait. Il n’avait rien à se reprocher, même si la mort aurait pu être évitable. Ce qui est fait, est fait. Il faut avancer à présent, aussi pénible sera le futur à cause d’un tel acte. Je vois alors Rick étendu dans un coin de la pièce. N’écoutant que mon cœur, je me dirige vers lui, plus lentement que je le voudrais à cause du poids du Docteur qui ralentie ma marche. J’aide ce dernier à s’assoir au sol et je me penche sur mon agent. Je pose deux doigts sur sa jugulaire, espérant y trouver un pouls.

Rick est-il toujours vivant?:

Je soupire de soulagement en sentant un pouls, puis en constatant une faible respiration. Je dépose mon front sur l’épaule de mon ami, soulagé de le savoir toujours de ce monde malgré les horreurs qu’on dû lui faire subir ces types. Je regarde ensuite le Docteur Strange.

-Il faut rejoindre les autres.

Ma voix est douce. Je ne veux en rien le brusquer, pas après ce qui est arrivé. Il nous fallait toutefois rejoindre le groupe d’humains et ensuite procéder à l’évacuation. Rick avait aussi besoin de soins immédiats. Il va nous falloir appeler les ambulances et la police sur les lieux.