Let's Dance - Ft Felicia Hardy

Je tape un type, je me retourne pour en frapper un autre, avant de me balancer pour mettre un pain à un dernier. Ce qu'on ne dit jamais sur la vie de super-héros, c'est le côté monotone. Y a pas un méchant surhumain essayant de prendre le contrôle du monde tous les jours. En général, en tout cas pour moi, ça consiste essentiellement à frapper des criminels -extrêmement faibles en comparaison- pour une quelconque raison. Aujourd'hui parce qu'ils essaient de cambrioler une banque. Vachement cliché si on me demande, mais bon, je vais pas commencer à sélectionner mes interventions selon l'originalité. Alors je tape et je tape. Et je monologue pour pas trop m'ennuyer. C'est triste en plus, ces types sont tellement normaux, que je n'ai rien à leur dire. Pas d'insulte ou de critique amusante. A la place je me retrouve à les combattre en silence. Si on peut appeler ça un combat.

En fait je crois que je vais disparaître avant qu'il ne se termine. Là c'est bon, ils sont au sol, apparemment ne vont pas se relever. Sans doute pas besoin d'attendre les autorités compétentes. Je les attache juste avec de la toile, dans le doute. Et, à nouveau, je suis dans les airs, quittant la banque à toute vitesse pour rejoindre les grattes-ciel. Il s'agit désormais de trouver une nouvelle occupation.

En général il suffit de me balancer quelques minutes dans la ville pour apercevoir ou entendre un crime. Que ce soit un détrousseur de sac à main ou des sons d'arme à feu. Il faut apprécier New-York pour sa variété. C'est finalement des sirènes de police qui me mettent sur la bonne voie. Une course-poursuite. Au moins ça, même avec des gens normaux, c'est fun. Enfin c'est toujours du crime, hein, c'est pas rigolo, mais y intervenir est plus intéressant que des combats lambda. Ils me font travailler en plus ceux là. Ils conduisent bien et vite, traversant la ville, m'empêchant de les rattraper en quelques secondes. Quand j'atterris finalement sur le toit, on a bien avancé.

- Hey les gars si vous pouviez essayer de wouargh J'ai voulu faire le malin. Et ils ont soudainement freiné. Je me retrouve à voltiger dans les airs en laissant échapper un cri pas du tout classe. Avant de me sauver à l'aide d'une toile, faut quand même pas déconner. Puis de me projeter sur le capot. Tant pis pour eux, je les assomme aussi sans faire de blague. Ils m'ont vexé.

Je déguerpis encore une fois, les autorités vont arriver et se charger du reste. En regardant autour de moi, je remarque qu'ils m'ont emmené jusqu'à Brooklyn. Pas bien grave, y'a autant de crime ici que dans le reste de la ville. C'est à se demander pourquoi on continu de vivre ici. Je pourrais emménager à l'ouest, dans une petite ville sympa, devenir fermier et vivre avec oh un combat. Je l'entends d'abord, des gens se battent un peu plus loin. Étonnement sur un toit. En quelques secondes je les ai rejoins et je peux bondir au milieu du groupe.

- Vous auriez pu m'attendre avant de commencer, quand même, j'ai l'impression d'être de trop en arrivant comme ça, en retard. Dis-je en lançant une toile sur l'un d'eux, au hasard. Avant de me retourner pour m'en prendre à un autre, peu importe le camp, il s'agit juste de calmer les gens. Tirer un peu de toile et, oh. Ce n'est pas une simple baston de rue. Je reconnais immédiatement l'une des combattantes. Black Cat. Huh.

Je suis surpris de la voir ici et pendant un moment je la regarde sans faire attention aux autres. C'est cet instant que choisi l'une des petites-frappes pour me montrer qu'ils n'en sont pas vraiment. Je me prends le poing dans la tronche et ça m'envoie valser au bord du bâtiment. Ces types ont pas l'air d'être des criminels lambdas. Ça m'apprendre à rêvasser au milieu d'un combat. Enfin non, je vais toujours le faire, je suis Spider-Man, mais j'essaierai de me concentrer un peu plus sur le sens araignée. C'est étrange quand même, ils ont des allures de gens normaux. Déjà ils ne portent pas de costume, en général ça vient automatiquement avec les pouvoirs. Et leurs pouvoirs sont pas très exotiques non plus apparemment. Je vois pas grand chose à part de la super-force. Sans doute résistance aussi, ça explique pourquoi ils ne sont pas K.O après mes coups. Et que celui attaché par la toile s'est libéré. Urgh. Ils sont énervants les ennemis comme ça. Pas assez forts pour donner un combat intéressant, mais en même temps ça prend du temps de les vaincre. Alors je me relève et fonce de nouveau vers la baston. Les pieds en avant, en espérant pouvoir les coller dans des tronches.

Une fois que je suis à nouveau dans la mêlée j'en profite pour observer Cat. Immédiatement après avoir pris la résolution de me concentrer, ouaip. Mais elle m'intrigue. Elle n'a rien à voir avec mes adversaires habituels. A la fois voleuse et super-héroïne, je n'ai toujours pas réussi à la cerner. Et surtout à savoir si je suis censé l'emmener au poste quand je la croise, ou lui venir en aide. Pour l'instant c'est assez simple, faut combattre les types aux super-pouvoirs nazes, mais une fois qu'on sera débarrassé d'eux... C'est compliqué ! Au moins les autres surhumains que je croise, je sais où les classer. Bouffon Vert, à tabasser. Daredevil, pote. Mais elle j'en suis incapable. Donc je décide de continuer le combat de son côté, en attendant de trouver une meilleur solution.

- Hey Cat, ça va comme tu veux ? On a toujours l'air de se croiser dans les situations les plus normales. D'un côté ça peut pas être pire que la dernière fois, quand tu sortais d'un pavillon un tableau dans les bras. Là c'est simplement une baston de rue. Tu les a trouvé où d'ailleurs ces gars là ? Ils sont pas particulièrement bons, mais légèrement plus énervants que les habituels. Décide-je de dire, tout en continuant à bondir et frapper dans tous les sens. C'est mon style personnel. Parler trop, sautiller tout autant. Ça marche plutôt bien aujourd'hui, ils sont énervés que je les ignore. J'en entends même un lancer "La ferme l'araignée !" avant de foncer sur moi. Subtile réplique mec. Je me contente de répondre en l'assommant d'un coup de poing bien placé.

On continue de frapper pendant quelques minutes, avant qu'ils ne soient tous à terre. C'est rigolo de combattre en duo, ça donne un certain dynamisme, même aux combats les plus ennuyeux. Et ça règle tout beaucoup plus rapidement. Niveau temps, c'est super. Une fois que nous ne sommes plus que deux à être conscients, je me tourne à nouveau vers la partenaire.

- Bonsoir. Et sérieusement, tu sais d'où ils viennent ces types ? Ils ont l'air de tous avoir des mini-pouvoirs, c'est étrange pour des criminels quelconques au milieu de Brooklyn.

C'est toujours agréable de se battre en compagnie de Black Cat. Elle est forte, mais ce n'est pas simplement ça, des gens forts j'en connais tout un tas. Je sais pas vraiment comment l'expliquer, mais elle a une chance incroyable. Il semble toujours arriver des trucs aux gens qui s'en prennent à elle. Je sais ce que c'est, je me suis retrouvé du mauvais côté plusieurs fois. A vouloir la stopper, pour une raison ou une autre. Ça manque pas, après tout on est, de base, des ennemis naturels. Elle est voleuse, je suis un justicier. Étonnement, ça semble toujours la faire rire quand on se retrouve l'un contre l'autre. Toutes ces histoires de héros, c'est sans doute un jeu pour elle. Et, je l'avouerais, c'est un aspect d'elle qui m'intrigue. J'ai l'habitude de fréquenter des super-héros sérieux, le genre qui chercher avant tout à défendre des valeurs, des idéaux. J'en fais même partie. Alors, passer du temps avec elle, dont je n'arrive jamais à déterminer les objectifs, ou même si elle en a, ça change. C'est fun. Pourtant ça reste le même boulot, taper sur des méchants. Mais sa présence donne un point de vue différent. J'admettrais jamais tout ça à voix haute évidemment, c'est moi qui me lance tout le temps dans les discours sur les responsabilités et les devoirs. Ça ne veut pas dire que je n'apprécie pas un peu de changement.

" Je comptais y aller seule, mais puisque tu es là, tu peux venir avec moi. "
- Huhu, c'est bien aimable de ta part, me permettre de m'incruster au milieu de ta mission... Mais tu devrais me remercier, si les autres sont de ce niveau, sans moi tu te serais sérieusement ennuyée. Les team-up c'est ce que je préfère. Pouvoir discuter avec quelqu'un dans mon camps, tout en tapant ceux de l'autre. Y a rien de plus cool pour rendre intéressant une nuit de boulot.

Alors que l'on entre dans le bâtiment, Cat promet qu'elle n'a rien à voler. Je répond par un petit rire. Autrefois je me serais sans doute contenté d'un sourire, mais j'ai appris de mes erreurs. Quand on porte un masque, simplement sourire ça ne suffit pas. Les gens ont tendance à ne pas comprendre. Faut leur pardonner. On avance dans des couloirs qui n'ont rien de louche. Il n'y a pas de lumière, rien d'étonnant pour ce type de quartier. Le luxe de New-York, ça s'étend pas partout. La situation voudrait sans doute que l'on murmure. Mais bon, c'est pas vraiment mon style. Moi je suis plutôt rentre-dedans, je me fais remarquer. Et ça les avantage en rien, c'est dire à quel point je suis bon.

- Alors, tu deviens quoi ces derniers temps, Cat ? Une reconversion totale dans le buisness de super-héros, ça ne te branche toujours pas ? Je commence, tout en allumant la lampe intégrée aux tireurs de toile. Je sais pas si elle voit dans le noir, mais moi c'est pas trop ça. Ce serait quand même dommage, qu'on soit obligé de se battre la prochaine fois qu'on se croise. Les types sur le toit prouvent qu'on peut fait une bonne équipe.

Alors que je parle, on arrive devant la cage d'escalier. En bas, il y a une pièce illuminée. De laquelle on entend des voix. Les choses sérieuses vont pouvoir commencer. Il s'agit avant tout de déterminer exactement qui sont ces types. Pour l'instant je dirais trafic de Mutant Growth Hormone. Ça donne des pouvoirs sur une courte durée, ce qui expliquerait les types du dessus. Habituellement je foncerais dans le tas, mais aujourd'hui je suis accompagné. Et je suis pas au top de ma forme en plus. Je sais pas trop d'où ça vient, mais rien que taper les types plus tôt, ça m'a fatigué. J'ai de la chance que Cat soit là, en fait, si la fièvre empire, je risque d'être beaucoup moins efficace. Autant prendre des décisions avant d'y aller, donc.

- Tu préfères quoi, discrétion ou brutalité ? Moi je suis partant pour les deux, alors c'est comme tu le sens.

Elle blague en réponse à ma proposition de se ranger du bon côté. Compréhensible, moi-même je l'ai plus dit sur le ton de l'humour qu'autre chose. Ça ne m'empêchera pas d'essayer de la convaincre plus tard. Black Cat, j'suis convaincu que si elle s'y mettait à fond, elle pourrait devenir un héros hors-pair. Et puis, c'est moi après tout, les discours péteux sur le bien et le mal, c'est ma spécialité. Dans tout les cas, pour l'instant on passe à autre chose. Ma compagnon valide l'idée de la discrétion.

Je sais être furtif ! Ok, d'habitude on me voit plutôt intervenir de façon musclé, en oubliant totalement l'existence du terme "subtilité". Je fonce dans le tas, je bondis partout, je frappe à tout va. Mais ça ne veut pas dire que je ne sais pas diversifier. Le truc avec la furtivité c'est que, étonnement, ça demande souvent plus de travail que l'autre méthode. Faut prendre son temps, y aller avec patience. Pas mon fort la patience. Et en plus -en plus !- on ne peut pas parler. Lorsque l'on décide d'être discret, impossible de lancer des répliques tordantes ou même d'insulter les adversaires. Donc ne pas faire de bruit, c'pas trop mon truc. Pas parce que j'suis pas doué, simplement parce que je préfère l'alternative. Mais faut reconnaître, et je le fais, que la furtivité a des avantages certains. Moins de risque de s'en prendre une, de se blesser de façon idiote. Ça donne aussi un bonus quand les ennemis sont trop nombreux. Ou justement lorsque l'on ne sait pas combien ils sont, comme aujourd'hui.

Et c'est sympa aussi le changement. Varier un peu dans les approches, de temps en temps. En plus là je suis avec une partenaire. Ça rend tout ça plus cool, ça devient un jeu plus qu'autre chose, essayer d'être discret. Je peux observer Cat dans son élément naturel. Pratique de faire équipe avec une voleuse. Enfin, non, c'est pas bien, qu'est-ce que je raconte, le vol c'est mal ! Moins mal que les drogues illégales scientifiques dangereuses, je suppose. Sauf si on vol des drogues illégales scientifiques dangereuses. Dans ce cas là ça double sur l'échelle du mal ? Hum. Faut que j'arrête de penser parfois. Et que je me concentre sur la tâche.

- Ça me convient très bien, faut varier les plaisirs. Espérons juste qu'ils ne sont pas 40 derrière la porte.

Alors que la jeune femme s'approche de la porte, je grimpe au plafond. Et ouais, c'est ça la furtivité avec classe. Ils peuvent aller se faire voir tous les anciens de l'armée qui se croient discrets, avec camouflages et marches furtives. Moi je grimpe aux murs ! Avantage Spidey. Étonnement, lorsqu'ils s'attendent à voir des ennemis, les gens ne regardent pas les plafonds. Ils ne remarquent pas les types qui s'y déplacent rapidement. Alors je profite de la porte qui s'ouvre pour entrer discrètement dans la pièce, puis passer au dessus des criminels. Il y en a huit apparemment. Mince, c'est plus que je ne le pensais. J'ai sous-estimé l'envergure de leur opération. Tant pis, Cat va entrer dans la pièce bientôt, on ne peut plus vraiment changer de tactique. Et de toute façon, j'crois pas pouvoir en trouver une plus efficace.

En bonne araignée, ma première action est de tisser les toiles sur les deux types au dessus desquels je suis. L'un se retrouve piéger, essaie de se débattre, mais est finalement coincé. Je le porte d'un bras et accroche le fil au plafond. L'autre par contre, moins de chance. Encore de la super-force, il brise le fluide.

- Hey ! Ça coûte cher, un peu de respect ! J'ai pas la chance de vendre de la drogue hors de prix, moi j'vais devoir vraiment travailler pour refaire la toile. Vous pourriez un peu penser à moi, bande d’égoïstes.

Tiens, le Spider-sense me prévient, certains ont des armes à feu. Il est temps de me balancer pour esquiver. Au moins avec tout le raffut, ils n'ont pas l'air d'avoir remarqué que ma partenaire est là. Ca devrait nous donner un autre avantage.

- Putain ça tue. Commente le type qui vient de s'ouvrir l'arcade. Y'en a qui sont vraiment pas doués quand même. Le gars est un criminel, on s'attend à ce qu'il soit un minimum capable de se débrouiller dans ces situations. Je ne me plains pas, loin de là, se battre contre des nazes c'est bien mieux que contre des gens efficaces. Seulement parfois faut reconnaître quand on prend pitié. Le mec est même pas capable de tomber normalement, il s'explose contre la table. Et après on s'attend à ce qu'il combatte des gens géniaux comme Cat et moi. Pauvre homme. Bon par contre, moi je fais le malin à me moquer intérieurement des ennemis, mais je suis pas dans une situation particulièrement reluisante. Ça fait quelques secondes que je saute de murs en murs, incluant le plafond, que je me balance avec les toiles sur de petites distances. Ils sont relativement nombreux et ils ont des pouvoirs. Ça me pousse à être sur la défensive. A devoir éviter leurs attaques sans pouvoir en caser une moins même. Je suppose que je peux continuer à esquiver comme ça pendant des heures, jusqu'à ce qu'ils s'épuisent tous. A ce niveau j'ai clairement l'avantage, résistance surhumaine. D'un autre côté niveau prestige, c'est pas trop ça comme tactique.

Heureusement, je ne vais pas devoir tourner ici pendant des lustres, ma partenaire est intervenue. Lasso en main. Ils se tournent tous vers elle, incluant celui à qui elle vient de causer un léger problème d'arcade. Il pisse le sang. Parfaite occasion pour une blague vaseuse.
- Oh, tu t'es fait mal, attention avec tout ce sang dans les yeux, tu risques de te blesser encore plus. Tiens, voilà de quoi t'essuyer. Je lui annonce, avant d'envoyer de la toile dans son visage ahuri, ne s'y attendant clairement pas. Finalement je descends du plafond pour rejoindre la voleuse. Ce ne serait pas très honnête de continuer à esquiver et me balancer alors qu'elle doit rester au sol avec eux.
- J'suis un peu jaloux, ils se sont tous concentrés sur toi, dès que t'es entrée dans la pièce. Je m'adresse à la jeune femme, tout en étant certain que les autres puissent m'entendre. Ils nous regardent, apparemment étonnés de voir deux intervenants. Ils vont très certainement reprendre leurs moyens rapidement et attaquer, pas de temps à perdre. Soyez francs les gars, vous trouvez qu'elle porte les collants mieux que moi, c'est ça ? J'accompagne les paroles d'un lancer de toile pour tirer le pistolet qu'un des types tient. Je vous en voudrais pas, vous inquiétez pas. Maintenant il est temps d'aller au corps à corps. Le spider-sense me protège des armes à feu même aussi proche. Quant à Cat, elle a toujours eu l'avoir d'être ses propres moyens étranges de se protéger. Faudra que je lui demande un jour, comment elle fait pour s'en sortir contre toutes probabilités. J'suis juste triste, je pensais que vous m'aimiez vraiment. Et pourtant vous voilà à regarder une autre vigilante. Les hommes, tous les mêmes. En plus du spider-sense, parler constamment est une bonne technique dans ces situations. Ça donne un avantage certain face aux gros bras qui doivent se concentrer à fond pour espérer m'avoir. Alors, avec la partenaire, on se retrouve à leur taper dessus de très près. Ça devrait être rigolo.

- Oh attention Cat, je t'en balance un. Je me contente de préciser alors qu'un énorme type se jette sur moi. D'un geste rapide j'utilise mes jambes pour faire levier et l'envoyer derrière. Avant de me rendre compte que ma collègue y est, affrontant d'autres types.

On est quasiment en train de danser au milieu de ce bâtiment glauque, où on partage la piste avec des gens peu recommandables. Et qui sont clairement bien moins doués que nous deux. A force d'esquiver, de frapper, de se rapprocher par moment, puis s'éloigner en rythme, ça se rapproche vraiment de la danse. Pour continuer sur cette idée, je ne remarque même plus les ennemis que l'on combat. C'est l'habitude qui fait ça, à force de taper sur le même genre de types tous les soirs, ça devient redondant. Je me concentre plutôt sur ma partenaire, on s'amuse ensemble. C'est plus original que le bal, mais au final y'a pas tant de différence... Et je pense pas que Cat m'aurait accompagné à la Prom au lycée de toute façon. C'est agréable de pouvoir passer du temps avec quelqu'un dans ce contexte, finalement celui dans lequel je passe le plus de temps. Costume enfilé, dans les bas-fonds de New-York. Les Avengers sont sympas, mais ils sont plus "invasion extraterrestre" que "arrêter un trafic de drogue dans Brooklyn". Ça me pousse à me tourner vers des personnes... disons, plus mystérieuses, pour ne pas utiliser le mot en c... Criminel, pas Chatte. Mince j'viens de l'utiliser.

Alors que l'on frappe dans tous les sens, comme le demande notre métier, c'est au tour de la combattante masquée de parler. Ça aussi c'est top, se retrouver avec quelqu'un qui me suit dans les blagues stupides en pleine baston. Elle argumente que les collants ne font pas tout, et pendant un instant je la regarde, complètement d'accord que "le reste, c'est encore mieux". Le jeune adulte, légèrement frustré, a pris le dessus sur Spider-Man là, c'est pas du tout sérieux. Elle blague ensuite sur le regard hypnotique, et n'empêche, ce serait drôlement pratique. Cat profite du sexisme ambiant pour avoir l'avantage sur tous les types en face de nous, de mon côté ça pourrait bien servir la capacité d'abasourdir d'un regard. C'est à ce moment, absorbé par mes pensées débiles, que je balance un criminel dans la direction de la voleuse. Elle esquive très facilement et le boulet de canon dégomme ses deux pauvres camarades. C'est dans ce genre d'instants que j'aime le monde, quand les événements s'enchaînent juste biens, sans problèmes.

Si je compte bien, et j'suis un scientifique incroyablement malin, je sais compter, il ne reste plus que quatre adversaires. Pouvoirs ou non, ça devrait être un jeu d'enfant. Surtout vu la tronche des pouvoirs qu'ils ont récupéré, y'a pas l'air d'y avoir mieux que super-force et super-saut. Que j'ai aussi, mais au niveau supérieur, bien plus efficace.
- C'est triste, ça va être bientôt terminé, j'pensais qu'on pourrait encore s'amuser un peu plus. Ils n'y mettent vraiment pas du leur, les criminels de nos jours, j'aurais mieux fait d'essayer de t'arrêter toi Cat. Ça aurait au moins été plus captivant.

Oui bon, ok, c'est l'autre avantage d'être en duo avec Black Cat. On flirt sans grande subtilité. Ça non plus c'est pas très sérieux, en plein boulot, mais ça occupe. Vous imaginez pas à quel point ça devient ennuyeux la routine de combattre le crime. Parler constamment c'est pas juste pour déstabiliser, c'est aussi parce que l'alternative, le silence, est bien trop chiante. Au niveau de la bataille, on a maintenant totalement l'avantage, et malgré quelques coups que je n'esquive pas à tant, on va sans s'en sortir sans trop de problèmes... Pourquoi est-ce que je dis des trucs comme ça ? J'ai toujours pas compris que ça me portait malchance ? Ou alors j'ai juste naturellement pas de bol ? Evidemment, à l'instant où je pense que ça se termine, la porte s'ouvre et une femme gigantesque entre. Elle fait bien deux têtes de plus que moi. Je sais pas si elle a des pouvoirs, mais même sans, ça a un côté démoralisant.

Quel pouvoir a la nouvelle arrivante ?:

Elle s'avance un peu en me répondant, annonçant que la partie poursuite arrivera après. Ce qui n'est pas forcément faux, la plupart de nos moments ensembles se terminent ainsi. On est alliés, on se bat, puis je me rends compte qu'elle a un but un peu trop caché, la plupart du temps impliquant de voler les types que l'on tabasse. Alors, j'me retrouve à devoir essayer de l'attraper, avec plus ou moins de succès. Aujourd'hui, cependant, ça a l'air différent. Ils trafiquent de la drogue, et c'est tout ce qu'il semble y avoir ici. Cat est peut-être une criminelle, mais elle s'intéresse à des trucs un peu plus brillant que de l'hormone. Ainsi, j'me dis qu'elle doit seulement être ici pour le fun. Pour combattre des méchants, sans arrière pensé. Tant mieux, habituellement c'est cette arrière pensée qui a tendance à gâcher nos fins de nuit. On s'amuse bien, on se débrouille à combattre ensemble, puis je dois l'arrêter-elle. Mais donc, comme je l'ai déjà dit, j'crois que cette fois ça va être différent. Elle blague là dessus, nos rencontres régulière dans cette situation. Et c'est vrai que c'est assez drôle en y pensant. Le héros de New-York, qui se retrouve à pourchasser la même cambrioleuse à chaque fois. C'pas ma faute si elle est sympathique, et c'est pas comme si elle était aussi terrible que mes autres ennemis... J'me cherche des excuses là, ça le fait pas.

Finalement je m'arrête de penser à tout ça, puisque la seconde partie de sa réplique se réalise, et des renforts surviennent. Elle nous porte dans les airs comme seuls peuvent le faire les adversaires énervants. Ceux qui dépassent le sous-fifre lambda. On dirait un mini-boss, on a vaincu tous les nuls, maintenant apparaît la plus efficace. Avec de la télékinésie en plus, c'est vraiment de la triche.
- Ok c'est totalement ma faute, je nous ai porté la poisse. Je reste sur le ton de la rigolade, mais faudrait que je réfléchisse à une technique. J'ai pas l'habitude des télékinésistes, en général je n'en rencontre qu'avec les X-Men. Et ils sont habitués eux, ils peuvent se débrouiller. Par chance, elle semble s'enfoncer et perdre un instant le contrôle. J'en profite pour lui envoyer rapidement de la toile sur le visage et bondir dans une autre direction. Une technique pas très glorieuse, on pourrait même dire lâche, mais faut bien trouver quelque chose.

Après quelques secondes à virevolter pour esquiver ses attaques aveugles à distances, je m'arrête sur un plafond. De son côté, l'ennemi se concentre sur la toile accrochée au visage, alors que ma partenaire se débarrasse du dernier criminel. Ok, j'pense avoir défini le meilleur moyen de l'avoir. Je marche à l'envers pour m'approcher de la cambrioleuse avant de lui expliquer.
- Cat, me semble que la meilleure chose à faire, c'est de l'attaquer rapidement en même temps. L'embêter de tous les côtés. Si ce sont des pouvoirs artificiels, elle devrait pas les maîtriser aussi bien qu'un vrai mutant. Je m'apprête à me lancer à nouveau vers l'ennemi avant d'ajouter Et si t'as une autre idée, je suis totalement preneur.

Je bondis droit vers l'adversaire, prêt à lui coller mon poing dans la tronche. Puis je me fais arrêter en plein vol et balancer avec une force désagréable contre le mur. Au moins, si elle se concentre sur moi, ça devrait laisser une ouverture à ma partenaire.

C'est toujours sympa de voir un plan se dérouler normalement. Imaginer un truc et réussir à l'exécuter sans se foirer magistralement. En général je suis au milieu, au début je me foire dans mon plan, l'ennemi réussi à parer, puis je trouve une autre solution pour m'en sortir. C'est beaucoup trop de travail, aujourd'hui on s'en sort bien mieux. Heureusement d'un autre côté. Si on se faisait avoir par une équipe de nazes comme eux, ce serait assez violent pour nos réputations. On serait obligés de fuir New-York, c'est la seule solution que je vois. J'pourrais pas rester ici en sachant que tous les criminels sont au courant. Qu'une bande de sous-fifres avec des hormones ont été plus intelligent que nous. Mais c'est pas le moment d'imaginer des scénarios débiles, faut se concentrer sur l'instant, Peter. Sur le bâtiment crasseux, la télékinésiste vaincue et Black Cat. En soit pas bien compliqué. L'immeuble sale, c'est difficile de ne pas le remarquer, il a tendance à sauter aux yeux. La télékinésiste, je suis en train de l'observer, essayer de déterminer si ma toile sera assez forte pour la tenir une fois réveillée. Et Cat, elle a toujours tendance à attirer la concentration, c'est pas nouveau.

Une fois la géante ensevelie sous la toile, je me tourne vers ma partenaire, qui commence à prendre la parole. Elle propose de fouiller maintenant qu'on est là. Elle a raison. Je ne le fais pas toujours, parfois me contentant de choper les types et les laisser à la police, mais dans le cas de MGH ça me semble essentiel. Faut déterminer d'où elle vient si on veut stopper le trafic. Que toute la population criminelle se retrouve avec des super-pouvoirs, c'est à éviter. J'préfère les bons vieux sous-fifres tabassables en trente secondes.
- Il devrait au moins y'avoir une piste, de quoi savoir à peu près où ils ont récupéré tout ça. C'est la partie moins drôle du boulot, pour moi. Fouiller dans un bâtiment à la recherche d'un ordi portable ou d'un carnet louche.

On avance tranquillement à travers les pièces. Pas besoin d'être discret cette fois, s'il reste des gens dans l'immeuble qui n'ont pas entendu le combat, ils doivent pas être bien efficaces de toute façon. Ça doit être assez étrange visuellement, nous deux en costumes qui nous baladons dans des bureaux vides. Si on compte pas les types KO entassés sur le chemin. On avance sans trop de bruit, et je peux pas m'empêcher de rompre le silence avec des banalités.
- T'as quelque chose de prévu après ça, pour le reste de ta nuit ? Si c'est un vol, me le dit pas, ça gâcherait notre partenariat. Je la taquine encore là dessus, c'est pas très sérieux. J'devrais l'arrêter, normalement. Pourtant je la met toujours à part, j'arrive pas à la considérer comme une simple criminelle, comme tous les autres que je colle derrière les barreaux.

A l'étage du dessous, la recherche devient beaucoup plus simple. Ils ont transformé la pièce de bureau en un espèce de salon, dans lequel s'entasse des bières et de la vaisselle sale. Un ordinateur portable aussi. L'organisation c'est pas trop leur fort apparemment, j'ai du mal à imaginer que ce soit un trafic très large. J'vois même pas comment ils ont pu se procurer du MGH à ce niveau. Encore une situation stupide, Spider-Man en costume qui tape sur un clavier d'ordinateur pour fouiller. On imagine pas les héros faire quoi que ce soit d'autre que se battre, ou poser pour avoir l'air classe. Malheureusement faut aussi qu'on porte nos collants pour les moments moins fun.
- Y'a pas mal de truc là dessus, des preuves de trafic, des informations sur les gens eeet... J'essaie d'avancer un peu plus vite, trouver ce qui m'intéresse Voilà ! Y'a une source de production en ville apparemment.

Cat me dit apprécier cette partie et ça ne m'étonne pas tant que ça. Même si elle est toujours prête à combattre, elle est habituellement plus subtile que moi. Récupérer des informations discrètement et tout ces machins ça doit être dans ses cordes. Alors que de mon côté, je suis plus du type à interroger les gens que lesquels je frappe. Là c'est difficile, drogue oblige, fallait les mettre KO sans prendre le temps de leur voler des informations. La prochaine fois, faudra que je pense à en attacher un pas trop fort, ce sera plus rapide et agréable que de parcourir un immeuble en regardant partout dans l'espoir de tomber sur des dossiers. Il me faudrait un sidekick. Moi je me bats, je fais ce qui m'intéresse, puis Spider-Boy passe derrière pour faire les trucs un peu plus rébarbatif. Ils en ont de la chance les super-héros comme ça, moi j'ai jamais eu de Bucky Barnes pour faire les tâches ingrates. Aujourd'hui ça va, y'a Black Cat alors on ne s'ennuie pas. Mais quand faut le faire seul, c'est la mort. J'exagère. Légèrement. Alors je parle pour ne rien dire, essayant de lancer la conversation dans une direction ou une autre.

" C'est une proposition pour une nuit de folie avec toi ? Parce que si c'est ça, je ne dis pas non tu sais. "

Je laisse passer un petit rire en guise de première réaction, principalement pour cacher que je me suis légèrement étouffé. Rire nerveux, c'est le mot adapté. Je suis tellement heureux de porter un masque, l'empêchant de me voir rougir stupidement. Ça m'a pris de cours comme réponse, j'ai au moins cette excuse. Et j'arrive pas à définir à quel point elle est sérieuse, en plus. C'est ça de trop faire de blagues. On a l'habitude de flirter quand on est ensembles, c'est pas vraiment nouveau, je devrais réagir un peu plus naturellement.
- J'dis pas non, non plus. De toute façon toute les nuits avec moi sont de folies ! En général c'est parce qu'on tombe sur des fous dangereux qui essaient de nous tuer... Je réponds par une blague, comme toujours. C'est ça quand je suis gêné par quelque chose. Et oui, une femme sexy qui me fait des avances, ça me gène, t'es pas là pour me juger Peter, alors stop ! Je sais pas si sa dernière réplique joue, mais soudainement j'ai l'impression de chercher un peu plus vite pour des informations. C'est là que je commence à relever certains détails. Que le combat qu'on vient de terminer m'a laissé bien trop essoufflé. Et la fièvre, étrangement, n'est pas passée. En même temps bondir partout c'est pas forcément le meilleur remède. C'est bien qu'on pause un peu finalement. Avant que je ne puisse continuer de réagir sur la proposition de ma partenaire, je trouve un truc intéressant qui gagne mon attention.
" En ville tu dis ? C'est dans quel coin ? T'es sûr de toi au moins ? Laisse-moi regarder aussi. "
- Merci de me faire confiance ! Dis-je, sur un ton amusé. Après avoir regardé, elle ajoute une seconde réponse. On est un duo bien trop efficace pour s'arrêter là, ce serait dommage. J'ignore la voix me disant que je devrais m'allonger et me reposer. C'pas ma faute si c'est fun de passer du temps avec elle ! Et garde les conseils pour toi, cette fois là je m'en prends pas une !

Rapidement on se dirige vers l'extérieur, retournant sur les toits histoire de se déplacer efficacement. Être super-héros c'est pratique, on a pas à courir comme des débiles dans les rues, on se permet d'emprunter la voie plus VIP. J'essaie toujours d'ignorer le mal de crâne, mais ça commence à jouer avec mes déplacements. J'ai l'impression de voir les buildings beaucoup plus proches qu'ils ne le sont. Plusieurs fois je manque de rater un bond et me rattrape au dernier moment. Finalement lorsque l'on arrive en vue du bâtiment, je suis soulagé. Malgré l'heure, il y a toujours des gens dedans. Ils portent des caisses vers un camion. Point positif, ils n'ont pas l'air d'avoir une force améliorée. Les sous-fifres chargés de la production ne doivent pas avoir accès à la drogue.
- On fonce encore ?

Parfois c'est difficile de définir si on a de la chance ou non. D'un côté Cat et moi, on s'en sort toujours bien. On a passé une bonne partie de notre vie à nous battre, à affronter des tonnes de types, et nous n'en sommes jamais mort. Alors de ce point de vue là, je suppose qu'on a énormément de chance. Comparé à tous ceux qui se sont fait tuer dans le business. Pourtant d'un autre côté, je me retrouve constamment dans la crotte. A chaque fois que je sors, un ennemi me tombe dessus, à chaque fois que je pense m'en sortir sans trop de mal ça devient plus compliqué. Comme si l'on essayait de me donner une leçon un peu condescendante. Du style, faut pas se reposer sur ses lauriers, et toujours être prêt à affronter adversité. Mouais, j'pense plutôt que j'ai pas de chance. Et qu'on me laisse en vie justement pour ça, me permettre d'être continuellement dans la galère. Sans rien pouvoir y faire. Là, je pensais qu'on allait s'en sortir, mettre à terre quelques adversaires et pouvoir venir à bout du trafic. Évidemment y'a tout de suite des mutés qui surgissent pour nous mettre des pieds de biches dans les roues.

Essayons de prendre le bon côté des choses... J'ai l'air d'avoir choppé la crève en plus de devoir combattre ces types. Non, c'est pas ça le bon côté... J'suppose qu'aider la ville à se débarrasser d'une drogue dangereuse c'est un bon côté... Seulement niveau satisfaction personnelle face à l'effort, c'est pas trop ça. Oh, socialiser ! Voilà, même si je dois me farcir quarante bonhommes dopés aux pouvoirs, au moins cette nuit j'ai pu discuter avec la cambrioleuse. C'est rare de passer du temps avec des héroïnes mystérieuses alors autant en profiter. Je pense à tout ça alors que j'évite un énorme mec se lançant dans ma direction. Ils ont pas beaucoup plus de tactique que nous, c'est un avantage. Parce que même sans tactique, on est efficace, nous. C'est ça d'être de vrais super-héros, pas juste des sous-fifres ayant récupérés des kinders surprises améliorés.

- Pendant un instant, j'ai vraiment cru que ce serait facile. Je saute par dessus un ennemi en tenant son crâne d'une main Qu'on s'était débarrassé du gros des troupes et j'utilise la force du mouvement pour l'envoyer contre un second criminel Mais évidemment qu'ils en ont plus. Faudrait que je demande un jour à un boss du crime, où ils trouvent tous ces gens prêts à se faire tabasser par des héros comme nous, une nuit sur deux. Va falloir qu'on trouve un semblant de plan. Ils sont pas mal nombreux. Le plus important, j'pense, c'est de s'occuper de la cargaison. Même si on les arrête pas tous, faut supprimer le produit. Tu remarqueras pas ailleurs, ma chère Black Cat, que je ne me suis pas pris un seul coup. Alors oui, contre des minables comme eux, c'est pas très glorieux, mais je l'avais bien dis !

Je sais très bien que le combat n'a quasiment pas commencé, mais je peux pas m'en empêcher. Pour être plus sûr, j'aurais sans doute du attendre qu'on mette KO quelques uns des types. Avant d'assurer comme ça que j'éviterais toutes les baignes. Mais j'suis impatient, impatient de faire des blagues nazes, j'arrive pas à me contenir. C'est presque maladif. Et justement, celle ci j'aurais peut-être du la faire quand je l'étais pas, malade. Bouarf, tant pis, on verra bien. Je me suis un instant échappé de la mêlée pour m'accrocher au mur, au dessus du groupe. D'un bond je rejoins ma partenaire.
- Ça te dis de détruire la production pendant que je ralentis les hormonisés ? Oui c'est pas un vrai mot, ça doit être l'idée de foncer vers neufs énervés qui me fait raconter n'importe quoi... Sans attendre de réponse, je me lance en avant, alors qu'ils font la même chose. J'tisse de la toile en bondissant, les jambes devant, prêt à en découdre.

J'ai l'impression que les gens vivent différemment les quelques secondes avant le début d'un combat. L'instant qui précède le moment où la castagne commence et l'on se retrouve au milieu de la bataille. Généralement c'est là que mon cerveau décide de remettre en question mon mode de vie. Quand je me retrouve à foncer dans la direction d'une bande de types en colère, soudainement j'en viens à me questionner sur mon identité. Ce qui est assez logique en soit. Ou en tout cas assez compréhensible. Quand on va se confronter à huit mecs à pouvoirs pas contents, c'est relativement normal de remettre en question les choix qu'on a fait dans la vie. Ce serait plus inquiétant si j'y allais en toute sérénité. Comprenez bien, j'ai pas peur de perdre ou quoi que ce soit. Même malade, j'suis certain de pouvoir les vaincre ces sous-fifres. Seulement le principe même de foncer sur eux me pousse à réfléchir sur la vie, mon boulot et à quel point ce serait plus agréable d'être tranquillement chez moi à boire un chocolat chaud. D'un autre côté, Black Cat ne serait certainement pas là. C'est déjà ça, toutes ces activités me permettent de passer du temps avec elle. Je l'imagine moins glander dans un appartement devant Netflix et une tasse.

J'laisse cependant la réflexion de côté quand le contact s'opère. Celui de mon pied avec le visage d'un criminel d'abord. Puis tout en tas d'autres, marquant la force de mes muscles sur les corps des ennemis... Mais dit de façon moins tendancieuse si possible. J'leur tape dessus, rien d'autre. Enfin si, y'a aussi des lancés de toiles et des pirouettes relativement inutiles mais qui rendent tout ça plus sympathique. Moins ennuyeux. Faut savoir donner un peu de piment aux combats parfois. C'est alors que cette pensée me traverse l'esprit qu'un type réussi finalement à me toucher. Dans le bide, avec une force un peu trop poussée pour être acceptée sans broncher. Ça me projette dans le mur en plus.
- Ok si vous promettez de ne pas dire à Black Cat que j'me suis pris ce coup, j'vous... Bah j'vous tabasse quand même, désolé, j'suis Spider-Man, mais j'serai un peu plus doux que d'habitude.
- FAIT LE GUIGNOL ON VA TE BUTER ESPEC Toile dans la bouche, ça arrête toujours une réplique un peu trop clichée. Et tout sauf sympathique. Seulement une pointe d'optimisme me traverse le corps. Ça se voit que le gangter qui a ouvert la bouge cherche juste à se donner du courage. Et aux autres en passant. Ils remarquent clairement qu'ils sont en train de perdre. Dans les cinq dernières minutes j'en ai déjà mis trois KO. Au début c'était fatiguant de combattre leurs pouvoirs et j'pensais y passer un sacré bout de temps, mais au final on s'habitude vite. Ils savent pas les utiliser, ils restent que des gros-bras sur qui faut taper légèrement plus fort. Et c'est pas plus mal, pour une fois que je peux y aller à fond dans une mêlée. Généralement j'dois me contenir pour pas tuer les ennemis.

Ainsi le reste du combat se déroule sans trop de problèmes. Evidemment je m'en sors pas en parfait état, sous le masque j'dois avoir une lèvre qui saigne et quelques bleus sur tout le reste du corps. Mais en soit, rien de trop embêtant. Les trois derniers petits soldats décident de prendre la fuite, un élan de génie, et j'dois maintenant me charger des les poursuivre en balançant de la toile. C'est assez simple comme jeu, ils ont pas l'air de savoir que courir tout droit les désavantage. Alors que le dernier est collé au mur, j'remarque un détail. Un gros détail. Le bâtiment derrière moi crame. Uh. C'est marrant comment certaines choses nous échappe quand on est concentré.
- Eh bien, l'ambiance est soudainement plus chaude depuis qu'on s'est débarrassé des sous-fifres. Je m'adresse maintenant à la partenaire, revenue dans mon champ de vision. Enfin dont je me suis débarrassé, sans vouloir être modeste. Beau feu quand même, t'as géré ton côté ! J'regarde les flammes en parlant, j'suppose que quelqu'un dans le voisinage a appelé les pompiers et qu'on va pouvoir dégager de la zone.