[Londres] | Gone [Natalia] (Spoilers CW)

Gone | Natalia A. Romanova ft. Steven Rogers

La réunion avait prit une tournure peu appréciable. Chacun avait donné son avis, certains divergeant des autres. Des mots avaient été prononcés, des mots qui auraient sûrement une incidence importante pour la suite. Les Avengers, déjà fortement fragilisés par le combat contre Ultron, semblaient maintenant se fracturer un peu plus depuis que le projet de loi était sorti dans la presse. Et le fait que Tony en soit plus ou moins le porte étendard en le signant et en le promouvant n’aidait plus à y voir clair. Depuis notre première rencontre, il y avait toujours eu une tension particulière entre nous deux. Si je m’étais toujours entendu avec Howard, l’entente avec son fils était toute autre. Si nous étions d’accord qu’il fallait sauver le monde, la manière de le faire n’était pas tout le temps la même, surtout depuis qu’Ultron avait tenté de détruire l’humanité. Paix à notre monde avait-il dit, reprenant les termes de Tony. En tout cas, je ne pouvais plus lui parler pour le moment, la colère étant trop présente. J’avais choisi de quitter la réunion pour retrouver mes quartiers, mais mon téléphone vibra dans ma poche, signe que je venais de recevoir un message.

She’s gone in her sleep. Quelques mots qui bouleversaient radicalement ma vie. Ma partenaire, celle qui aurait dû m’apprendre à danser n’était plus de ce monde. Peggy Carter, la première femme qui m’avait vraiment regardé, qui me considérait tel que j’étais, et non pas pour ce que je représentais à travers le monde. Je me souvenais encore des mots que j’avais prononcés à Fury en plein cœur de Manhattan, alors que j’avais fui le bâtiment du SHIELD. J’étais attendu quelque part. Je descendais un escalier et m’arrêtais au pied de celui-ci, posant une main sur la rambarde, comme pour me soutenir. Je n’y croyais pas, et pourtant, c’était bien vrai. En un SMS, tout change. Comme si j’avais besoin de ça en ce moment, avec l’instauration plus que probable des Accords qui allaient chambouler l’avenir et le paysage des Avengers. A cette réunion, j’avais pu voir qui était pour et qui était contre. De voir Natasha soutenir Tony…ça me fait clairement de la peine. Pas le temps de penser à ça cependant.

Je pars pour Londres, seulement quelques heures après la réunion dans le QG. Le trajet semble long, mon esprit est perdu entre tout ce qui me perturbe ces derniers temps. Je n’ai pas lâché une larme depuis l’annonce de sa mort. Cela fait-il de moi un être insensible ? Je ne pense pas. Quand je croyais que Bucky était mort, j’avais tenté de noyer ma peine en buvant. Peine perdue puisque le sérum présent dans mes veines accélérait le processus de décuvage. Et puis je devais avant tout penser à ma mission, celle d’arrêter une bonne fois pour toute Crane-Rouge et ses envies de détruire l’Amérique. Avec la mort de Peggy, c’est comme si la dernière partie de moi qui se rattachait au passé était morte avec elle. Je poussais un léger soupire en regardant les nuages à travers le hublot de l’avion, ma main recouvrant mes lèvres, le coude posé contre l’accoudoir. Il faut que je dorme, même un peu. Il est prévu que je porte le cercueil dans l’église…

Londres

L’ambiance est lourde dans l’assemblée, il y a du monde pour rendre un dernier hommage à Peggy. Un hommage national. Elle le mérite, pour tout ce qu’elle a fait pour ce monde. Résistante et militaire de renom pendant la Seconde Guerre Mondiale, fondatrice du SHIELD…elle n’a pas chômé pendant toute sa vie. Il était juste dommage que tous ses souvenirs se soient envolés au fur et à mesure que la maladie prenait le dessus sur elle. Je me souvenais de ses moments de clarté quand j’allais la voir, puis soudainement, son regard qui se perdait, avant qu’elle n’oublie totalement notre conversation, croyant que je venais la voir pour la première fois. Mais dans tout ça, je préférais retenir le positif, tout ce que j’avais vécu avec elle pendant la Guerre. Un dernier baisé en guise d’au revoir, et une dernière conversation sonnant comme des adieux. Une fois les discours passés, il est l’heure de remettre le cercueil dans le corbillard. Je me lève, absent, ailleurs. Les larmes montent à mes yeux, brouillent mon regard, mais ne coulent pas le long de mes joues. Je sens que mes yeux sont gonflés, je prends sur moi.

Une fois le cercueil placé, je regarde le véhicule partir. Tous suivent sans exception, mais je préfère rester là, à méditer tranquillement. Je remonte les marches de la bâtisse, puis remonte doucement l’allée qui mène tout près de l’autel. Je finis par me poser sur la structure en bois qui précède les bancs. Tête baissée, je me rends compte qu’elle est partie, pour de bon cette fois. Des bruits se font entendre dans l’allée, des bruits qui me font lever la tête et ouvrir un peu plus les yeux, surpris par cette présence.

« Tu ne devrais pas être à Vienne pour signer les Accords ? »

Même si nous avions eu un léger contentieux pendant la réunion, j’étais content de la revoir.

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Gone | Natalia A. Romanova ft. Steven Rogers

Mis à part Bucky, tous ceux avec qui j’avais combattu pendant la Seconde Guerre Mondiale étaient maintenant morts. Le Howling Commando, Erskine, le Colonel Chester Philips…et maintenant Peggy. Cette pensée me fit monter un élan de tristesse, mais je parvenais à le contenir, ne voulant pas laisser tomber les larmes. Mes yeux rouges parlaient pour moi, faisaient clairement comprendre que je contenais toute cette émotion. Je me devais de ne pas craquer devant tout le monde. Il y avait du monde, beaucoup de monde dans cette église. La plupart savaient ce qu’il se passait aux Etats-Unis en ce moment, mais ils ne m’en parlaient pas. Ils auraient pu, étant donné que les Accords prenaient une grande partie de l’actualité. Aujourd’hui cependant, le plus important était de saluer la mémoire de Peggy, de l’honorer à travers ce qu’elle avait fait durant sa longue vie et sa carrière. Je me remémorais ses paroles dans le musée Smithsonian , dans lequel elle avait déclaré que parmi les hommes que j’avais libéré dans la base de Schmidt, se trouvait son mari.

Si je n’avais pas pu honorer ma promesse de danser avec elle, j’étais content d’avoir pu influer sur sa vie en lui permettant de vivre la sienne. La vision de Wanda pendant le conflit contre Ultron ne m’avait pas aidé à tirer un trait sur cette vie, au contraire. Avec les événements de ces derniers temps, cela me faisait regretter de n’avoir pu trouver une autre solution que celle de plonger l’avion dans la banquise. Je finis par pousser un léger soupire, dépité de tout ce qui me tombait dessus ces derniers temps. La présence de Natasha me remontait quelque peu le moral. Certes, sa présence était surprenante, mais agréable. Je me demandais si elle connaissait Peggy, ou du moins ce qu’elle avait fait, d’où ma surprise de la voir dans le bâtiment religieux. Je me demandais d’ailleurs depuis combien de temps elle était ici, si elle avait suivi toute la cérémonie ou bien si elle avait attendu la fin de celle-ci et que l’assemblée se vide pour venir. Je souris à ses premières paroles, baissant légèrement la tête pour ne pas laisser entrevoir les larmes présentes dans mes yeux.

« Quand je me suis réveillé de mon sommeil cryogénique, j’ai appris que tous mes coéquipiers étaient morts. Alors quand j’ai su qu’elle était en vie… » dis-je à Black Widow en remontant mon regard vers elle. « C’était comme si une partie de moi s’accrochait au passé. Elle était mon dernier mon repère. »

Mes multiples visites à la maison de retraite à Washington m’aidaient à m’habituer à cette nouvelle époque. Malgré ses problèmes de mémoire, c’était toujours un plaisir d’aller la voir. Je bénissais chaque visite que je pouvais lui faire. Je me doutais qu’avec sa maladie, chacune de mes visites pouvaient devenir la dernière. Je passais énormément de temps avec elle entre les différentes missions que je menais pour le compte du SHIELD. Depuis la chute de ce dernier et mon retour avec les Avengers, je n’avais pas pu lui donner du temps. Je le regrettais amèrement. De ne pas avoir pu lui parler une dernière fois avant sa mort…un de mes plus grands regrets.

« Maintenant, cette partie de moi a disparu avec elle. J’ai été chanceux de la connaître. » J’adressais un mince sourire à Natasha. « Et toi ? Comment ça va ? »

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Gone | Natalia A. Romanova ft. Steven Rogers

Tout le monde me pensait invincible, imperturbable. Le monde se trompe bien trop à mon sujet. Ils ne voient de moi que le soldat, l’homme qui a tout sacrifié pour devenir un symbole bien malgré lui. Le premier super-soldat qui aurait dû précéder une autre lignée afin de combattre l’ennemi nazi. J’étais finalement le seul, l’unique. Je ne regrettais pas cette période de ma vie, je ne regrettais pas ce sacrifice effectué pour défendre mon pays. De toute manière, même si je n’avais pas été sélectionné, j’aurais trouvé un moyen de me faire enrôler pour aller combattre. Je n’aurais pas tenu bien longtemps après que Bucky se soit engagé pour rejoindre les forces alliées. Finalement, depuis mon réveil, je passais mon temps à me battre, à régler des conflits, qu’ils soient sur le sol américain ou bien à l’étranger, comme ce fut le cas avec les Avengers et le SHIELD. Une vie passée à me battre sans prendre le temps de m’occuper de moi, ou des autres d’ailleurs. J’eus un mince sourire au coin des lèvres en écoutant les paroles de Natasha. Mon amie la plus proche, celle à qui je ne pouvais pas cacher grand-chose.

J’enlevais les mains de mes poches lorsque Natasha me prit dans ses bras, les posant au milieu de son dos. Les larmes me montaient inévitablement aux yeux. Je m’en voulais de lui avoir dit que je me sentais seul, alors que je savais qu’elle était là, tout comme Sam  ainsi que les autres. Le deuil fait parfois dire des choses regrettables. Mais j’avais cette impression d’avoir abandonné Peggy, surtout ces derniers temps, moi qui essayais à chaque fois, entre chaque missions, d’aller la voir dans sa chambre à Washington. De prendre en main les nouvelles recrues m’avait prit du temps, énormément de temps. Je ne pouvais pas prétendre le contraire à mon amie, elle savait quand je mentais, elle le voyait très bien.

« J’ai du mal à me dire que ce n’est pas le cas. », répondis-je à Natasha.

J’entendais déjà la voix de Peggy dans ma tête me dire que je dramatisais encore et toujours. Elle avait raison, et c’est plus fort que moi. Quand je me sens impuissant, que je n’arrive pas à trouver la solution, il faut que je dramatise. A quoi bon posséder de tels dons si on arrive pas à régler tous les problèmes du monde ? Les mots de Natasha étaient réconfortants. Je n’étais pas seul. Après la brève étreinte, je reprenais appui sur le banc, observant la jeune femme du regard. Elle ne semblait pas aller si bien que ça. Moi aussi, je pouvais voir de temps en temps quand elle lâchait prise. Je ne prétendais pas être aussi proche d’elle que Clint, mais je pensais savoir quand elle n’allait pas bien. L’annonce qu’elle formula par la suite me fit tomber des nues, me désarçonna fortement. Quitter les Avengers ? Je pouvais voir ce qui ressemblait être une détresse sur son visage, et même quelques larmes faire leur apparition dans son regard. Je fronçais les sourcils, affichant une mine inquiète et triste à l’idée de se projeter dans une équipe sans elle. Cependant, je pouvais comprendre son ressenti actuel, sans pour autant savoir les raisons qui la poussaient à prendre cette grosse décision.

« Dans une période où on enchaînerait les interventions, je t’aurai fait tout un discours afin de te retenir, de te faire entendre raison… Mais je ne vais pas le faire. » dis-je à la jeune femme, soutenant son regard. Les Avengers ne ressemblaient plus à ce qu’ils avaient été à leur formation. Une équipe soudée malgré les égos, malgré les combats que l’on effectuait. Aujourd’hui, la fissure entre les membres était trop grande pour que l’équipe puisse perdurer. Comment penser le contraire ? « Tu n’as pas à t’excuser pour cela. De nous tous, tu es sûrement celle qui a sacrifié le plus pour en être où tu en es maintenant. »

Sa décision me faisait un peu plus prendre conscience du fossé qui séparait les deux groupes qui étaient de chaque côté de la loi. Les décisions affecteraient plus qu’on ne le pensait. Je me demandais ce qu’elle comptait bien faire par la suite.

« Peu importe ce qui te pousse à quitter les Avengers, je te soutiens. » Je marquais une légère pause, pour ensuite reprendre dans la foulée. « Que comptes-tu faire ? »

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