Should I stay or should I go ft. Maisie

Should I stay or should I go

Maisie & Aidan

Je raccroche le téléphone. C'était Wells. Il a réussi à m'organiser une rencontre avec l'artiste qui était exposée le jour de l'incendie. Elle était là. Cela faisait 10 ans que l'on ne s'était pas vu et j'allais enfin la revoir. Maisie. La dernière fois qu'on s'est parlé, on habitait encore en Écosse. J'ai un léger pincement au cœur, je l'ai laissé tomber. Je ne lui avais pas dis que je partais pour les États-Unis. Enfin, disons que je n'ai pas trop eu le temps aussi. Mais tout de même. Je m'en veux terriblement. Tout à coup, j'angoisse. Est-ce vraiment une bonne chose de remuer ainsi le couteau dans la plaie ? Je devrais peut-être laisser tomber, la laisser vivre sa vie. Après tout, ça avait l'air de plutôt bien marcher. Ses œuvres étaient exposées, c'était une artiste désormais connue. De quel droit je viendrais tout gâcher ?

J'allume une cigarette. Le besoin de nicotine est trop fort. Le chat vient se frotter contre mes jambes. C'est un joli angora argenté avec des yeux bleus superbes. Cela fait 2 ans qu'il s'incruste gentiment chez moi et ça fait 2 ans que j'ai aucune idée de comment l'appeler. Je lui grattouille la tête. Je l'ai accueilli ici, c'était encore un bébé. Il errait dans le coin, le pelage crasseux. J'ai pas eu le courage de le laisser là. Il me faisait penser un peu à moi, à mes débuts dans la vie active. Il faudrait que je pense un jour à lui trouver un nom quand même. Seulement, je ne veux pas d'un truc banal du style « Chaussette » ou « Garfield ». Je pourrais lui donner le nom d'un de mes personnages de romans préférés. Mais j'en ai tellement. Pour la blague, je pourrais l'appeler « 42 » mais bon, c'était vraiment pas terrible. Je jette un œil à l'horloge, c'est l'heure. J'écrase ma cigarette et prend ma veste.

Durant le voyage, j'ai voulu plusieurs fois faire demi-tour. Je me sens mal à l'aise. Je n'avais pas le droit de resurgir dans sa vie, faisant comme si rien ne s'était passé et reprendre là où on s'était arrêté. Mais d'un autre côté, j'ai envie de la revoir, de lui expliquer et surtout, de m'excuser. Je suis trop con.

Je me gare devant le bar où Wells a organisé la rencontre. « The Piano bar ». Je pousse la porte d'entrée. L'endroit est pratiquement vide, exceptées deux ou trois personnes accoudées au bar. L'atmosphère est sobre et élégante. La pièce rayonne de couleurs chaudes qui semblent danser sur les murs, s'entremêlant aux œuvres exposées. Au centre de la pièce, sur la droite, trône un piano à queue. Il est superbe. Je m'approche lentement et passe ma main sur le dessus. Pas une once de poussière. Je demande si on peut jouer et le serveur me fait signe que oui. J'ai commencé à prendre des cours lorsque je me suis installé dans mon appartement. Un piano à queue comme celui-ci avait été laissé par les anciens propriétaires. La mère de famille était décédée et l'instrument leur rappelait de mauvais souvenirs. Alors, ils ont vendu le piano avec l'appartement.

Je m'assois délicatement sur le siège et admire l'instrument. Je fais sonner quelques notes pour savoir s'il est correctement accordé. Je pose doucement mes mains sur les touches et laisse vagabonder mes doigts. Le son cristallin des accords s'enchaînant habilement résonne dans le bar. La mélodie est douce, mélancolique, presque triste. D'ordinaire, j'aurais joué du jazz, rock et encore des musiques de films connus mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, j'allais rouvrir de vieilles blessures alors autant se mettre dans l'ambiance dès maintenant. Je ferme les yeux, laissant la musique guider mes doigts. C'était agréable. Une petit moment de calme avant la tempête. Une bulle protectrice. Soudain, je sens une silhouette se glisser à côté de moi. Je la reconnais. Je reconnais cette démarche, cette douceur mais aussi cette fougue dans les mouvements. Je bute sur un accord, faisant dissoner et crisser les notes. Je serre les dents. Le son était agressif au possible.

« Maisie ? » Je me retourne et lève les yeux vers la jeune femme. Mon cœur est sur le point de lâcher. Après 10 ans, je la revois enfin. Depuis tout ce temps, elle n'a pas changé. Elle est toujours aussi belle. Ce sourire. Ses yeux. Tout chez elle, pétille. C'est ce qui m'a plût dès notre première rencontre. Sauf qu'aujourd'hui, elle semble furax. Et je la comprends tout à fait. Je serais même étonné qu'elle ne le soit pas. « Maisie, je… Je suis désolé » Trois mots. Trois simples mots qui me déchirent la gorge. Je le suis. Vraiment. Aujourd'hui plus que jamais, je me sens minable.

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Maisie & Aidan

Je me masse la mâchoire. Wow, je l'avais pas vu venir. Une protestation de surprise et de douleur m'échappe. Pourtant, j'aurai du le prévoir. Je la connais, le même sale caractère que son frère. D'ailleurs, il me tuera quand il apprendra. Niall était en cure de désintox quand on s'est mis ensemble, Maisie et moi. J'imagine déjà notre discussion qui risque de se finir en garde-à-vue ou à l'hôpital. Je vois déjà les reproches et les allusions. Mais franchement, je m'en fous. Je ne regrette absolument pas ces moments et la revoir me fais vraiment un bien fou. « Ok, je l'ai mérité, celle-là... » « T’es désolé ?! Espèce de connard ! Tu t’es tiré, tu m’as abandonné comme une merde ! Pas un sms, pas un mail ! Laisses-moi deviner : T’as pas eu le temps ? Par contre, t’as eu le temps d’apprendre le piano sale enfoiré ! » « Maisie, écoute-moi... » C'est la raison pour laquelle j'étais si réticent à la recontacter. J'avais tout foiré. Lorsque mon père m'a annoncé qu'on partait pour les États-Unis, j'aurai pu m'éclipser, comme je le faisais si souvent, et la prévenir mais je ne l'ai pas fait. Je suis qu'un con.

Son poing martelant mon épaule ne cesse de me le rappeler. Je la fixe du regard et mon cœur se brise. Tous ces moments passés ensemble me reviennent en mémoire. Toutes ces heures allongés dans les bras l'un de l'autre, sans parler, juste à profiter simplement de l'instant. Elle fut mon premier amour et j'ai tout foutu en l'air. D'ailleurs, je suis même étonné de mettre pris qu'une seule droite dans le visage « Maisie, stop » Sa colère se déchaîne sur mon épaule « Et dire que je croyais que tu… » « MAISIE ! » Je lui attrape le bras et l'oblige à me regarder droit dans les yeux. Bordel, je savais que c'était une mauvaise idée de la recontacter. J'aurai du la laisser vivre sa vie au lieu de venir tout chambouler comme le connard égoïste et lâche que je suis.

J'ai imaginé cette scène tellement de fois, ce que j'allais lui dire si je la revoyais, comment elle allait réagir et surtout, ce qu'il en découlerait. Tout comme le dit cette fameuse chanson : les histoires d'amour finissent mal. « Laisses tomber. J’ai rendez-vous. Je ne te dis pas à bientôt. » Je retiens un petit rictus moqueur. Elle tourne les talons et va s'asseoir à une table. Je la regarde partir, évitant mon regard. Je croise les bras sur mon torse et m'enfonce un peu plus dans mon siège. Lorsque nos yeux se croisent, je lève un sourcil et j'esquisse un sourire « C'est moi ton rendez-vous » Merde, attendez, c'est pas ce que je voulais dire, ça sonnait mieux dans ma tête. Je serre les dents, mal à l'aise. Oh putain, je commence bien avec ce genre de phrases ambiguës. Je commence à m'agiter, j'ai l'air malin moi maintenant. Je me racle la gorge, allez, il faut que je me reprenne.

« J'ai vu tes tableaux lors de l'exposition qui t'étais dédiée à la galerie de Wells » Je me lève et je vais m'asseoir en face d'elle. Je plonge mon regard dans le sien. Depuis combien de temps je n'avais pas admiré ses jolis yeux ? Non, stop, ça suffit. Je ne suis pas là pour ça. J'ai pas le droit de revenir ainsi dans sa vie. Je suis là pour ses œuvres et uniquement pour ça. Ouais, voilà. Uniquement ses œuvres. C'était fini. J'avais mis fin à notre relation en fuyant comme un lâche aux États-Unis. Je dois assumer maintenant. « D'ailleurs, je suis désolé qu'ils soient partis en fumée lors de l'incendie ». Je joins mes mains devant moi « Je vais aller droit au but, je voudrais passer une commande » Putain, ce jeu est ridicule. J'étais pas là pour ses peintures, aussi jolies soient-elles. Cependant, je ne peux pas lui dire la vérité, lui avouer qu'en réalité, elle me manquait affreusement et que lorsque j'ai vu son nom sur ce prospectus, je ne pouvais tout simplement pas résister.

« Comment tu vas, Maisie ? » Les mots s'échappent tout seul, ne me laissant même pas le temps de les ravaler. Trop tard. Vite, il faut que je détourne l'attention. J'appelle le serveur « Un Whisky et… Tu veux quelque chose ? ». Il tourne les talons et mon attention se reporte sur la jeune femme « Regarde-toi, t'es superbe » Ma voix n'est qu'un murmure, un souffle. Je m'étais promis de la laisser en paix mais c'est plus fort que moi.

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Maisie & Aidan

« T’aimes l’art maintenant ? » J'arque un sourcil, un peu surpris de sa question « Qui n'aime pas l'art ? » Répondre à une question par une autre question. Détournement d'attention. Encore et toujours. Une sale manie chez moi. Enfin, disons que mon travail m'oblige à toujours dire ce que les gens ont envie d'entendre et à éviter toutes les questions pointilleuses ou controversées. Après toutes ces années, je suis devenu plutôt bon à ce genre de jeu. Cependant, je la sens troublée par ma requête précédente. Mais qui ne le serais pas ? Imaginer la scène : un fantôme du passé qui resurgit après dix ans d'absence pour passer une commande car il aime votre travail.

Je ne peux m'empêcher de sourire. D'abord, de joie, c'est vraiment bon de la revoir après toutes ces années. Puis, de culpabilité quand je repense à tout ce qu'elle a du enduré à cause de moi. Et enfin, de tristesse et de regret. Peut-être de jalousie, aussi ? Je ne me voile pas la face, elle a très certainement refait sa vie avec un autre homme et elle a peut-être des enfants, qui sait ? Si elle est heureuse, elle doit le rester. Avec Niall et moi, elle a eu assez de problèmes comme ça sans qu'on lui en rajoute.

« Un double pour moi, merci. » Sa voix me sort de mes pensées. Je lève les yeux vers elle. Écossaise jusqu'au bout. Ça me revient en mémoire, vif et clair comme de l'eau de roche. C'est ce qui m'a plût chez elle, elle est différente. Maisie est unique. Elle n'a rien à voir avec toutes ces poupées fades et insipides qui se ressemblent et qui n'ont aucune personnalité. Si elle avait pris de l'eau gazeuse ou un soda, je pense que je me serais sérieusement posé des questions.

Elle sort une cigarette. Je fais de même. « Epargnes moi tes conneries. » Je roule des yeux et tire une taffe. Mon compliment était sincère, espèce de tête de nœud. Elle me fais soudain penser à Niall. Même sale caractère, même fierté bornée et surtout, même réactions. Peu importe la situation. Maisie a toujours admiré Niall, je le voyais bien. C'était son grand frère alors elle voulait lui ressembler, marcher sur ses traces. Heureusement qu'il ne se ressemble qu'en matière de caractère. « Mais on va dire que les années ne t’ont pas fait de mal à toi non plus. » J'esquisse un large sourire « Serait-ce un compliment, mademoiselle Southway ? » Je tire une taffe « Parce qu'il n'y a pas deux minutes, vous me mettiez une droite » Je la taquine, bien sûr. J'avais compris que c'en était un. C'était un compliment détourné, mais sincère. Et puis, j'aurai pu me refaire insulter de connard donc je ne me plains pas.

Le serveur revient vers nous et nous fait comprendre qu'il est interdit de fumer dans l'enceinte de l'établissement. Maisie écrase rageusement sa cigarette. Je glisse un billet dans la main du serveur, réglant très largement la note, et l'incite à nous foutre la paix. Il file derrière son comptoir tandis que mes yeux se reposent sur la jeune femme « Où on en était ? » Je lui propose silencieusement une clope, maintenant qu'on s'est débarrassé du serveur casse-couilles.  « Pour répondre à ta question : ça va. Je me débrouille, j’ai pas à me plaindre comparé aux premières années où Niall et toi avaient disparu chacun à votre tour. A croire que j’étais devenue un véritable boulet pour que vous vous tiriez comme ça. Je ne me prends pas pour le centre du monde, mais si c’était pas le cas, j’aurai eu des nouvelles de l’un de vous deux. J’ai morflé pendant un moment, comme tout le monde je suppose… heureusement, un type m’a tendu la main et m’a aidé. Heureusement qu’il y a des gens pour qui j’existe. » Sa voix est amère. Le poids de la culpabilité sur mes épaules semble de briser les os. Bordel, je m'en veux tellement. Si j'avais eu les couilles de la retrouver ou, au moins, de la prévenir, les choses auraient été différentes. Je ne réponds pas, j'ai la gorge nouée. Je me contente de hocher la tête. Je descends mon verre cul-sec et en recommande un autre.

« Alors tu veux quoi ? comme peinture j’veux dire ? Je te préviens, mes tableaux coûtent très chers, surtout quand c’est une commande. » Lorsque le serveur amène le deuxième verre, il subit le même sort que le premier. Je lâche un petit rire sarcastique. C'est bien les Southway, ça. Essayer de rouler quelqu'un alors qu'ils n'ont aucune carte en main. Ce qu'elle ne sait pas, c'est que c'est mon travail de mentir alors, je repère tout de suite ceux qui tentent de me doubler. Je fais mine de rien et je rentre dans son jeu « Je voudrais un paysage représentant les côtes escarpées d'Écosse qui surplombaient la mer. Tu t'en souviens ? » On se promenait souvent sur ces côtes, la vue était magnifique. Ma question était rhétorique. Je ne doute pas un instant que Maisie s'en souvienne.

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Maisie & Aidan

« Comment l’oublier… » Une douce brise mélancolique vient souffler sur les souvenirs encore chauds, béants comme des plaies ouvertes. Comment l'oublier, en effet ? Ces innombrables après-midi passées à scruter l'horizon, le vent caressant nos visages et les senteurs marines nous berçant dans une sorte de torpeur de calme et de sérénité. Ce paysage, on se serait cru dans un tableau ou dans un film, c'était surréaliste. Et nous étions heureux, ces rares moments où je laissais tomber la drogue pour pouvoir profiter pleinement de l'instant. Ce tableau sonne comme un idéal à mes oreilles et scintille comme un Eden à mes yeux. Il y a des jours où je voudrais simplement plier bagages et retourner vivre à Edimbourg. Encore heureux que je ne l'ai pas fais sinon, je n'aurais jamais retrouvé Maisie. Le vie est une pute mais parfois, faut l'avouer, elle sait se faire pardonner.

« Je peux le faire. Je n’ai pas de commande en cours donc je m’y mettrais dès que possible. Faut que j’arrive à caser ça avec mon emploi du temps. C’est une toile à laquelle je dois donner justice. Mais dis-moi… y’a une tonne d’artistes en ville, pourquoi t’as pas fait une demande auprès d’eux ? ou alors ça t’as piqué en voyant mon nom à la galerie ? » Un léger sourire étire mes lèvres « Ahah, je plaide coupable. » Si elle savait, cette toile, je m'en balance pas mal. Oui, ça fera joli dans le salon mais ce n'était pas pour avoir une peinture de la mer que je l'ai appelé, c'était pour la revoir, elle. Seulement, j'ai peut-être un peu trop de fierté pour lui avouer ou est-ce la culpabilité qui m'empêche de lui révéler mes véritables intentions, je ne saurais dire. « Je me suis dis, quitte à payer quelqu'un pour une peinture, autant que ce soit quelqu'un en qui j'ai toute confiance. » Et puis, si l'artiste s'appelle Maisie Southway, c'est parfait.

« Avant que j’accepte ta demande je veux savoir : Pourquoi tu m’as pas dit que tu partais pour les Etats-Unis ? T’étais pas au courant ? ou tu t’es dit que c’était une bonne façon de me larguer sans que je fasse de scène ? Parce que tu sais, je t’aurai pas pris la tête. Si tu voulais arrêter, j’aurai compris, ou pas, j’en sais rien en fait. T’as même pas donné de nouvelles, comme si tu voulais complètement couper les ponts. Je pensais qu’on était proches pourtant… » La culpabilité me serre la gorge et me retourne l'estomac. Je serre les dents tandis qu'elle débite des vérités que je me suis déjà tant de fois reprochées. J'aurai du la prévenir mais je ne l'ai pas fais. Je n'aurai pas du la laisser espérer sans raison et pourtant, je n'ai rien dis. Je suis qu'un putain de lâche, un connard et le fantôme que je suis devenu pour elle est un sort que je mérite amplement. « Je suis désolé, Maisie. Je suis qu'un con, un enfoiré et un lâche. J'aurai du te prévenir, j'aurai du reprendre contact mais... » Non, je n'ai aucune excuse. Ma raison était purement égoïste. Je ne voulais pas qu'elle m'oublie. Je me suis dis, si elle continue de m'attendre, je ne disparaîtrais pas de sa mémoire. Je ne voulais pas qu'elle m'oublie comme on oublie un coup d'un soir. Je me sens mal de lui avoir fait subir ça, juste parce que je suis un salaud qui ne voulait pas tomber dans l'oubli. Je me dégoûte.

« Et Niall ? T’as des nouvelles de lui ? Je ne sais même pas si vous aviez repris contacte après sa cure… je ne lui ai jamais demandé. Si il avait découvert à l’époque qu’on s’était envoyé en l’air, il aurait traverser le monde pour te retrouver et te tuer. » « Maintenant, il n'a plus qu'à traverser le couloir » Ma remarque s'est échappé presque malgré moi, dans un petit rire. Ça me fait plaisir de la voir sourire, c'est rafraîchissant. Mais ça me conforte également dans l'idée que non, je ne compte pas revenir dans sa vie. Pas après ce que je lui ai fais, je refuse. « Niall habite chez moi et il est... » Je cherche le mot juste, associé ? Nope. Partenaire ? Nope. Sous-fifre ? Trop péjoratif, comme terme. Collègue ? Aaah, presque. « Mon employé. » Ouais, voilà, c'est ça. Cependant, je ne compte pas lui dire dans quoi nous trompons, son frère et moi. Tout d'abord, parce qu'on pourrait nous entendre. Et ensuite, parce que je ne veux pas l'impliquer dans ce genre d'activités criminelles. Elle a sa petite vie tranquille et elle le restera. Je peux lire la surprise dans son regard et je grimace un peu « Ouais, c'est une longue histoire. Compliquée et pas très intéressante » On va également éviter de lui dire que Niall et moi, on s'est roulé une pelle pour rendre son pote jaloux et qu'on s'est peloté dans un ascenseur. Oui, en va clairement passer ce passage sous silence. Pour le bien de tous. « Disons que Niall m'a contacté en me demandant un travail et ignorant que c'était moi et moi, on ignorant que c'était lui. Retrouvailles poignantes. Et ensuite, il s'est passé… Certains événements qui font qu'il a du déménagé et maintenant, il dort dans la chambre d'ami avec son chien qui fout des poils partout. » Je commande un autre Whisky « D'ailleurs, t'as des nouvelles de Wells ? Je ne l'ai pas revu depuis que sa galerie a pris feu. Il arrive à se renflouer ? » La douleur dans mon genou droit me ramène à cette fameuse journée. Ouais, c'était pas glorieux. Mais c'est vrai que depuis l'incendie, aucune nouvelle de lui. Je suppose qu'il est occupé à mettre de l'ordre dans tout ce foutoir administratif.

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Maisie & Aidan

Je porte ma main à mon tibia, la bouche entrouverte dans une protestation muette. Outch, ça fait super mal ! Un regard dans sa direction, à son visage désormais rouge de colère, m'apprend que je vais en prendre pour mon grade. Elle est folle de rage et je la comprends que trop bien. Quelque chose me dit que cette histoire va très très mal se finir pour moi. Si je sors de ce bar sans me prendre un autre coup, ce sera déjà une petite victoire. Elle fond sur moi et me chope par le col. Bordel, je déteste quand les gens font ça, on peut parler sans forcément s'agripper non ? Me revoilà parti des années en arrière, à mes débuts. Lorsque j'étais un petit pickpocket miteux qui volait pour pouvoir payer les factures et qui se faisait choper dès que la situation devenait trop stressante. Reprends-toi, Aidan, cette période est révolue et là, t'es bien plus dans la merde que lorsque tu te faisais choper.

« Te fous pas de moi Aidan ! Mon frère et en ville et tu me parles de Wells comme si de rien n’était ?! Tu sais que je ne l’ai pas vu depuis des années ! Je le croyais même mort ! Et toi tu débarque comme une fleur, tu fais la conversation et pas à un moment tu te dis que tu vas m’annoncer que Niall est dans cette ville ?! T’es une putain de raclure ! Si je ne t’avais rien demandé, tu serai partie avec cette info pour toi ? Sérieusement, t’es con ou tu le fais exprès ?! » « Putain, Maisie, j'allais y venir, ok ?! Les choses sont déjà putain de compliquées alors je voulais faire ça dans l'ordre ! » Il faut toujours que ça dérape, hein ? « Je t'interdis de penser que je t'aurais laissé dans le flou pour Niall ! Putain, j'y crois pas que tu puisses m'accuser d'une chose pareille ! Tu crois vraiment que je t'aurais laissé partir sans des nouvelles de ton frère ? Eh bien voilà : Il est vivant, il bosse pour moi et il dort dans la chambre d'ami ! » Je lui crache ces derniers mots au visage. J'en reviens pas. « Et tant qu'on est dans les révélations poignantes, si je t'ai recontacté, c'est pas pour passer une commande, c'était pour te revoir et savoir comment tu allais ! Et pour m'excuser. Parce que je m'en veux d'être parti comme un voleur en Écosse et parce que tu m'as manqué, bordel ! » Je me dégage, ou c'est elle qui me lâche, peu importe. « Et tu veux savoir pourquoi j'ai fais ça ? Hein ? C'est parce que je ne voulais pas que tu m'oublies… Je ne voulais pas être un énième amant, juste un gars avec qui tu as eu du bon temps et voilà. Je voulais que tu te souviennes de moi, pour qu'un jour, on ait cette conversation et... » Qu'on se remette ensemble ? Ahah. Bien essayé mais la partie est finie. Je tente de retrouver mon calme, essayant de retrouver une respiration moins erratique. Ces mots m'ont échappé. Je serre les dents, me passant une main sur le front. Cette vérité devait rester là où elle était. Enterrée au plus profond de ma mémoire, dans la partie « Choses égoïstes qu'on regrette mais qu'au fond, pas tant que ça ».

Quelques secondes passent, secondes qui me semblent durer des heures et nos regards s'accrochent une fois de plus « Tu lui as dit que j’étais en ville au moins ? Que tu venais me rencontrer ? ou c’est encore une chose pas assez importante pour toi pour la partager ? » Je fais non de la tête « Non, je n'ai rien dis. » Sans commentaire. Je ne savais pas si j'allais venir moi-même alors en parler à Niall ? Il aurait débouler ici comme un bourrin et les choses auraient fini dans un drama pas possible. De toute façon, il ne pouvait pas venir aujourd'hui avec moi. Aucune idée de où il est, d'ailleurs… Enfin, je suis pas sa mère mais ç'aurait été quand même sympa de prévenir. « Très bien Aidan. On va chez toi, maintenant. Et épargne moi une blague salace ! Je te préviens : je me fous que Niall ne soit pas présent pour le moment, j’attendrais ! même si ça doit durer des jours, même des semaines ! je m’en cogne ! Je l’attendrais tu comprends ?! » Si la situation aurait été un peu moins tendue, je me serais autorisé une petit blague mais là, c'était clairement pas le moment. Je réajuste mon col et j’acquiesce. Je lui dois bien ça. Même si la voir débouler dans mon appartement me gêne un peu. Elle pourrait trouver des papiers ou quelque chose qui lui indiquerait ce que je fais vraiment dans la vie. Parce que lorsqu'elle verra où j'habite, elle va forcément poser des questions et c'est pas la genre de personne à qui je pourrais mentir sans me faire griller. C'est comme avec Niall, on ne peut pas se mentir. En parlant de Niall, il n'a pas donné de nouvelles de la journée, j'espère qu'il est toujours en un seul morceau, ce con. Je veux même pas imaginer la scène s'il rentre blessé ou n'importe quoi d'autre. Maisie nous ferait la peau à tous les deux. « J'habite pas très loin d'ici, la voiture est garée juste devant. »