We're not a team, we're brothers and sisters - ft. The Brotherhood

Culpabilité. Lourde, pesante, écrasante. Depuis les événements de l’Institut, je me suis appliqué à éviter mes confrères. Je me suis fait discret. Mes nuits sont hantées par le souvenir du sang et de la douleur. Tous, ils ont été blessés par ma faute. Depuis l’incident je dors mal, me réveillant en sueur et en sursaut quelques heures après avoir réussi à fermer les yeux. Et chaque nuit, je fuis le sommeil, préférant quitter mon lit pour aller marcher dehors, fumant cigarette sur cigarette pour essayer de calmer mes mains rendues tremblantes sous les flashes angoissants.

J’essaye d’oublier la sensation du bois qui explose dans ma bouche, la brulure intenable du désinfectant que m’avait appliqué le dieu, la sensation des crocs qui déchirent mon bras, la main de Marian que je broie de la mienne. Mais le souvenir est vivace. Dès que mes yeux se ferment, les images, les sons, les sensations viennent réanimer mon corps, me tirant lentement vers l’épuisement. L’état lamentable dans lequel nous étions lorsque le dieu nous a téléporté me hante, me ronge. S’il n’avait été que question de moi, ma foi… Je m’en serais remis en me disant que je n’ai fait que payer mes propres erreurs mais il ne s’agit pas que de moi ici. Il s’agit de Vind qui est passé à deux doigts de la mort, il s’agit de Marian qui s’en est sortie avec une main broyée et diverses coupures, il s’agit de Graham qui s’est retrouvé avec un poumon perforé, il s’agit de Rogue, abandonnée sur place dans la précipitation de Loki.

Aujourd’hui, Magneto a demandé une réunion. Personne n’est dupe, on sait tous de quoi il veut nous parler. On sait tous qu’il veut entendre notre version de l’histoire. L’inverse serait étonnant. Après le tapage médiatique qu’à fait le crash du Blackbird devait l’Institut… J’ai hésité un instant… J’ai hésité à lâchement ne pas me pointer, jouer les absents, prétexter que j’ai autre chose à faire, que je ne savais pas être présent. Mais il est un temps pour tout. Et aujourd’hui, je me dois de faire face à ma culpabilité, de l’affronter directement. Sinon je vais passer le restant de mes jours à porter ce fardeau.

J’ai plus d’une heure d’avance, assit dans une salle vide. Mon regard fixe la table sans vraiment la voir alors que je suis perdu dans mes pensées, que j’essaye de faire le tri, de comprendre quand est-ce que les choses ont réellement commencées à dérapée ce soir-là. Mes mains nerveuses jouent avec mon paquet de cigarettes, le faisant tourner entre mes doigts rendus maladroits par mon manque de concentration. Mes yeux cernés se posent sur mes mains et je sors une cigarette, la tapant à plusieurs reprises sur la table de la salle de réunion.

J’ai envie de fumer. Ma consommation de ces derniers jours à littéralement explosée sous la culpabilité et les nuits d’insomnies et de cauchemars. Mais je reste assis à observer le bâton de nicotine qui tourne entre mes doigts. Je ne sortirais pas fumer car je ne sais pas si je trouverais la force de revenir m’asseoir ici. Je ne fumerais pas ici car l’absence de cendrier sur la table est très claire sur l’interdiction d’une telle chose en intérieur. Alors je reste là à observer cette cigarette en essayant de faire la paix avec moi-même.

Petit à petit, autour de moi, les autres arrivent. Je ne les salue pas, restant enfermé dans ma bulle. Je suis fatigué, je n’aspire qu’à un peu de repos. Aussi bien d’un point de vue physique que psychique. Peut-être devrais-je demander à Peter de m’anesthésier pour, au moins pendant quelques heures, me sortir les événements du hangar de la tête. Je me terre donc dans mon mutisme, mon regard résolument fixé sur mon paquet de cigarette. De toute manière, je n’ose plus les regarder dans les yeux pour le moment. La culpabilité est trop lourde à porter pour le moment.

C’est pile à l’heure que Magneto fait son entrée. Cela à au moins le mérite de me forcer à quitter le paquet en carton plastifié des yeux. « Bonjour à tous. J'ai demandé à Rogue de vous réunir, ce soir. Je crois qu'il était temps pour une réunion. Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Cette réunion traitera particulièrement de votre pitoyable sauvetage à l'Institut. Quelqu'un veut commencer ? » Ses mots résonnent dans la salle, lui donnant cette fameuse aura qui fait de lui notre leader, celui dont nous prenons nos ordres. Mes yeux retombent vite sur la table sous les mots rude d’Erik. Pour être pitoyable, les choses auraient pu presque difficilement se passer plus mal. Parler de chaos serait encore trop aimable pour décrire ce qu’il s’est passé ce soir-là dans le hangar du Blackbird.

« Moi, je veux bien commencer. Je pense que ce sauvetage n'a pas été aussi mauvais que ça. Après tout, nous sommes revenus avec Niall, et le X-Jet s'est écrasé sur le domaine de l'Institut, preuve s'il en est qu'ils sont des êtres très dangereux pour le restant de la population. Ce n'était peut-être pas voulu, mais j'ai cru comprendre que cela avait été causé par les X-Men eux-mêmes puisque si je ne m'abuse Gambit avait fait exploser une partie de l'engin. Pour nous, c'est donc une bonne chose, non ? Certes, la manière n'était pas la plus belle, ni la meilleure, mais je pense qu'il faut avant tout retenir le résultat, qui est plutôt bon pour nous. » Peter… Toujours bourré d’optimisme et de bonne volonté. Le jeune homme est définitivement une boule d’énergie positive. Une personne comme lui autour de cette table, ça donne un peu de fraicheur à la lourdeur de la situation de base.

Cependant, je me dois d’être en désaccord avec lui. Mon avis rejoint globalement celui de Magneto. Les choses avaient dérapées, avaient été trop loin. Et plus jamais je ne veux voir ces personnes qui me sont si chères mettre ainsi leurs vies en danger pour moi. « La manière était loin d’être belle. Magneto a raison, ça a été un véritable fiasco. J’ai perdu conscience après que le dragon m’ait presque arraché le bras mais de ce que j’en ai vu, de ce dont je me souviens, je sais au moins une putain de chose ; plus jamais. Si c’est pour avoir le sentiment d’avoir votre sang sur les mains à nouveau, je préférerais que, la prochaine fois, vous me laissez croupir dans le sous-sol des X-Men. »

Je ne suis pas quelqu’un d’important. Je suis juste un ancien clochard qui essaye de faire ce qui lui parait être juste pour le bien de sa propre espèce. Je ne vaux pas le coup. Je ne vaux pas tout ce sang qui a été versé pour me sortir de là. « D’un point de vue tactique, j’ai pas assez d’importance que pour que vous risquiez ainsi vos vies comme ça. On en est tous sorti à moitié mort putain ! Il n’y a aucun scénario possible où on peut appeler ça un putain de succès de merde ! »