Training | Poor

Training

« Quand est-ce que tu vas pouvoir, venir me voir ? » Doucement, je glisse le téléphone jusqu'à ce qu'il touche mon épaule. Son éternelle question. Quand ? J'aimerais donner une date, avec une horaire précise à ma mère, mais les temps sont difficiles. Je ne me sens pas de bouger et d'aller dans l'Illinois. Depuis son divorce avec papa, je ne vais pas souvent chez elle. Et ça remonte à assez loin désormais. Lorsque je dis à mes amis qu'elle m'invite très régulièrement (au moins trois fois par semaine) et que je préfère détourner la conversation, on me prend pour une toquée. Quelle fille n’accéderait pas aux demandes de son dernier parent ? Moi, je le fais, et ça me met mal à l'aise. Avec tout ce qui est arrivé, et d'autant plus aujourd'hui, je n'ose pas me retrouver avec elle toute seule. Quelle lâcheté pour une fille qui se veut morale et courageuse hein ? Je jette un œil à l'écran, et constate que dans quinze minutes, un entraînement à la salle des dangers commencera.   J'essaierai de venir le mois prochain. Mais je ne te promets rien, maman. » Il y a sûrement l'instinct de préservation qui rentre en ligne de compte. Si mon père est mort, je ne supporterai pas de la perdre également. Je dois te laisser. J'ai du boulot, mais je t'envoie un mail ce soir. Tu te souviens toujours de quelle manière te connecter à ta messagerie ? » Ma mère et les ordinateurs... Fiouh ! Quelle histoire. Il m'a fallu une heure pour lui expliquer comment l'allumer, alors imaginez le temps que j'ai pris pour lui montrer comment se créer une adresse mail ! Mon père était bien plus doué qu'elle, surtout dans son boulot. Il exerçait la fonction d'homme d'affaire. « Bien sûr, ma chérie. Va travailler, je te dis à ce soir. » Et à la seconde d'après, je raccroche. J'attrape ma paire de clef et ferme la porte du bureau à double tour.

Depuis mon arrivée ici à mes treize ans, je fais pas mal d’entraînements. Parfois seule. Parfois avec le reste des x-men. Là, cette fois-ci, ce sera avec Poor Sirius, une mutante que j'apprécie beaucoup, une collègue qui a pris la décision de recenser contrairement à moi. Le Registration Act  me fait flipper. La loi divise les mutants et même les professeurs à l'institut Xavier. Ça ne me rassure pas énormément. A moins que la loi soit abandonnée, et les puces enlevées (on a le droit de rêver tout de même) les choses ne risquent pas de s'arranger avec le temps. Dans les couloirs, certains élèves se rendent à leurs cours en trottinant. Ils me saluent d'un mouvement de tête, d'un petit bonjour ou d'un sourire. Ou alors, ils m'ignorent sûrement dans l'urgence. Les cours sont commencés depuis au moins cinq minutes. Ça me rappelle mes jeunes années au lycée, puis à l'institut et plus récemment à la fac. J'étais toujours à l'heure, la première arrivée et surtout je partais en dernière. Lorsqu'il est temps de passer devant son bureau, je m'arrête juste devant, fais un quart de tour, toque et attends sa réponse. Lorsque j'entends un "oui" - enfin il me semble -, je pousse la porte entre seulement ma tête dans l'espoir de ne déranger aucune discussion entre elle et un collègue ou un élève.  « Je suis contente de te trouver là. » En toute logique, elle ne peut pas être dans plusieurs lieux actuellement, soit dans son bureau, soit en route pour l’entraînement, soit à la salle des dangers. Il n'y a pas trente six mille solutions. Avant de faire une simulation apocalyptique, j'aime discuter avec mes coéquipiers, et savoir comment ils se sentent pour l'heure à venir. Je ne sais pas encore quel scénario sera mis en scène, Poor le connaît peut-être déjà. J'avoue que je me pose rarement la question, préférant me concentrer sur le présent. « Tu es prête pour l’entraînement ? » Je lui demande souriante souhaitant m'y rendre en sa compagnie. C'est toujours plus motivant de marcher aux côtés de quelqu'un pour faire quelque chose dans ce gout-là... Enfin pour moi, c'est le cas.