Le temps d'une rencontre [Bobby & Loreine]

Le temps d'une rencontre

Robert B. Drake & Loreine Marchand

Depuis que j’ai pris la décision de quitter Montréal pour emménager à New York, je n’ai pas un instant pris le temps d’en profiter. J’ai certes visité la ville à mon arrivée, mais il y avait tellement de préoccupations dans ma tête que je ne pouvais pas pleinement réaliser ce qui m’arrivait. À présent que la poussière est retombée, que le processus d’immigration est complété et que j’ai un emploi stable au sein de Stark Industries, je me suis permis un week-end de vacances. J’ai donc quitté mon appartement de SoHo pour une petite auberge du Comté de Westchester. À mon arrivée au matin, j’ai immédiatement sentie mon corps se détendre et ma respiration devenir plus calme et paisible. L’air ici est différent de la ville, on dirait. Les odeurs sont revigorantes. Je ne regrette décidément pas d’avoir investie un peu de mes maigres économies pour me permettre de me détendre un peu. Quand je songe à toutes les choses qui me sont arrivées depuis mon déménagement, j’en ai presque la tête qui tourne. Ici, j’arrive à laisser de côtés tous ces souvenirs souvent douloureux pour ne penser à rien d’autre que mon bien-être. Faire la transition à d’ailleurs été presque automatique. Il ne m’a suffit de voir l’auberge pour me sentir instantanément mieux dans ma peau et soulager de mes pensées instables. Oui, je pense que je vais me plaire ici.

Après la meilleure nuit de sommeil que j’ai eu depuis longtemps, j’ai pris un petit-déjeuner sans me presser. Aucun stress ne viendra gâcher mon week-end de détente. Une liste d’activités s’offre ensuite à moi pour la journée. Je la regarde d’un œil distrait. Ma seule envie s’est de partir en randonnée dans les environs. Après une relecture de la liste, je décide de suivre mon idée de base et je passe donc à ma chambre pour m’habiller en conséquence. Je mets des souliers de marche et j’emporte même un sac à dos afin d’y ranger des barres en collation et une bouteille d’eau. Je n’ai pas de plan pour la direction à prendre, je compte laisser mes pas au hasard. Mais je ne suis pas inconsciente non plus. Si jamais je m’éloigne trop, il faut que je puisse me nourrir et m’hydrater le temps que je retourne sur mes pas et rentre à l’auberge avant la nuit tombée. Je pars donc d’un pas assuré mais léger, sans la moindre préoccupation ou stress. J’ai décidé de me laisser du temps pour vivre cette aventure pleinement et je progresse donc lentement dans la nature, le regard sans cesse scrutateur de l’horizon et de ses merveilles. Je m’arrête pour prendre une pause à mi-chemin avant de reprendre dans la même dynamique.

Finalement, en fin d’après-midi, je débouche dans une sorte de petit village paisible. Je commence à m’y perdre, toujours curieuse du moindre détail environnant. Je décide de prendre place sur une terrasse afin de me nourrir plus convenablement. C’est donc ainsi penché sur un plat vide que je remarque cet homme au loin. Il semble simplement marché au premier coup d’œil. Je ne sais pas pourquoi sa silhouette à accrocher mon œil plus que les autres passants. Mais je le regarde défiler jusqu’à le voir bifurquer dans ma direction. Il passe finalement près de la terrasse et ma curiosité décuple lorsque son visage est suffisamment à porté pour que je le reconnaisse. Il est membre des X-Men, il me semble. Je l’ai déjà vu avec son groupe à la télévision, je pourrais le parier. Je me dépêche donc de laisser la somme due sur la table et me lever afin de quitter la terrasse. En tournant la tête vers une intersection, je vois cet homme qui y est arrêté. Sans comprendre pourquoi, je décide de m’approcher de lui. Je ne suis pas une groupie des mutants ou des X-Men, mais j’ai une sorte d’admiration pour ce qu’ils font. Et aujourd’hui est mon jour de chance puisqu’il est le premier du genre que je rencontre, si effectivement c’est bien lui. Je réussis à le rejoindre en pressant un peu le pas avant qu’il ne traverse. En arrivant à sa hauteur, je croise finalement son regard. Je me surprends à lui sourire. Je ne suis pas d’ordinaire très à l’aise avec les conventions sociales que je comprends très peu. Mais cette fois, j’ai sentie que le mieux était de lui sourire pour ne pas qu’il se demande qui je pouvais bien être et pourquoi je l’abordais de la sorte.

-Excusez-moi de vous dérangez, je lui dis en essayant de ne pas trop faire paraître mon essoufflement consécutif à mon sprint récent, mais vous êtes l’un d’entre eux, pas vrai? Vous êtes un X-Man?

Ma question peut sembler indiscrète, mais si jamais je me trompais, je ne veux absolument pas insisté auprès de lui. Si tel est le cas, je prendrais plutôt le chemin du retour vers mon auberge afin de ne pas arriver trop tard là-bas.

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Je réalise en scrutant son regard que mon approche n’a vraiment pas été la bonne. Il est visiblement méfiant envers moi et cela est compréhensible. Je ne peux toutefois pas m’empêcher d’être surprise lorsqu’il me demande qui je suis. Si évidemment moi je l’ai reconnu, lui il n’a aucune idée de qui je pourrais être. Je saisis donc rapidement mon erreur et je m’empresse de tenter de la réparer.

-Pardon, j’aurais du me présenter avant. Je suis Loreine. Je ne suis personne. Je veux dire, je ne suis pas importante. Je suis une humaine banale qui vous a vu un jour à la télévision.

Ne sachant pas quoi faire d’autre, je lui tends une main par politesse afin de serrer la sienne s’il sent que je suis bien celle que je prétends. Je ne lui mens pourtant pas, mon visage et mes yeux lui communiquant ma sincérité. Toutefois, je connais aussi les conflits actuels que vivent les X-Men et cela aurait du me freiner dans mon élan de curiosité et d’indiscrétion. Si ça se trouve, il me prend pour une ennemie et je ne veux absolument pas lui inspirer un tel sentiment. Je ne suis pas une menace pour lui. Je suis vraiment ce que je prétends être : une personne sans importance.

-Je vous ai vue passer près de la terrasse où je mangeais et je vous ai reconnu. Enfin, je pense que c’est vous. Désolé si je vous importune, je peux vous laissez tranquille, si c’est le cas.

Lorsque je suis nerveuse, j’ai tendance à parler un peu trop. Et en ce moment je suis surtout intimidée par ce qu’il représente et gênée par l’erreur que j’ai commise en l’abordant aussi directement. Je ne voulais pas qu’il ait une mauvaise opinion de moi. En fait, je ne sais pas vraiment ce qu’il pense de moi. Est-ce qu’il me croit sur parole, jugeant que je suis honnête avec lui? Si non, que compte t-il faire? Je me doute qu’il ne va pas m’attaquer, ce n’est pas le genre d’un X-Man d’agir ainsi. Même si je n’ai aucune garantie de ce que je prétends et que j’ai peut-être à faire à un membre du célèbre groupe de mutants différents des autres, je lui donne le bénéfice du doute.

À présent que je suis aussi près de lui, je peux voir un peu mieux son visage. Et je suis encore plus convaincu de ce que j’avance, qu’il est un X-Man. Sauf que je ne peux pas le forcer non plus à me parler s’il n’en a pas envi. Surtout avec ma brusquerie ayant initiée cette conversation, je ne lui en voudrais pas s’il reste méfiant avec moi et décide de me renvoyer de là où je viens. Après tout, je ferais la même chose à sa place. Je regrette décidément de plus en plus mon impulsivité soudaine. Mais qu’est-ce qui a bien pu me passer par la tête pour agir de la sorte? Je baisse donc les yeux sur ma main qu’il n’a toujours pas saisie. J’ai de moins en moins d’espoir à présent qu’il la serre tout bonnement de manière protocolaire.

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Je croise son regard un instant et je vois une lueur mystérieuse à l’intérieur. Il se saisit alors de ma main tendue et la serre avec délicatesse et politesse. Je ne peux m’empêcher de lui sourire quelque peu. Cet homme est très intriguant. Il a de toute évidence réagit avec une grande méfiance lorsque je l’ai abordé. Et même si je ne lui en veux pas pour ça, je ne peux exclure cela de mes pensées. J’ai probablement simplement du le perturber dans ses réflexions et entraîné comme il est, il a eu cette réaction à cause de la surprise. C’est plus fort que moi, je dois lui trouver une excuse valable pour admettre le fait qu’il est bon. Même si je ne le connais pas. Même si je n’ai aucune garantie que je ne me trompe pas en le croyant membre des X-Men. Il faut qu’il demeure sans tache dans mon esprit. Un peu comme le héros de notre enfance que l’on monte volontairement sur un piédestal. En cet instant, alors que je suis un peu perdu dans ma vie, j’ai besoin de ce genre de héros. Et peut-être que je l’ai trouvé et que c’est ça qui m’a poussé à courir vers lui sans réfléchir. Une fois nos mains séparées, je referme ma paume droite et la dépose sur mon ventre. Je me sens gênée devant lui, comme devant n’importe qui. Je ne sais pas vraiment comment me comporter maintenant que la glace est brisée et que nous avons un semblant de dialogue. Je n’ai pas poussé mes réflexions aussi loin lorsque j’ai suivis cette impulsion qui m’a amené à le rencontrer. Il affirme que je ne le dérange pas, mais je sens encore une fois de la réticence chez lui. Il hésite à me faire confiance et avec raison. Je n’ai après tout aucune réelle raison de me trouver devant lui en ce moment. Voilà pourquoi lorsqu’il me demande ce qu’il peut faire pour moi, je suis une nouvelle fois désarçonnée. Si seulement j’avais la réponse à cette question.

-Je… Hum… Je…

Je tente de lui sortir une réponse, mais je dois me rendre à l’évidence que je ne peux sortir rien de potable sans y avoir convenablement réfléchit d’abord. Ce n’est pas chose aisée alors que nous sommes tous les deux debout en plein milieu du trottoir et que je ne souhaite pas non plus monopoliser des heures de son temps. Je baisse les yeux, fixant mes pieds dans l’espoir de parvenir à trouver des mots à lui dire. Au bout d’une minute, je dois m’avouer vaincue. Je remonte donc mes yeux sur lui, surprise qu’il soit encore là malgré tout. Je suis en train de m’humilier devant un X-Man et je suis incapable de m’en empêcher. J’inspire profondément et cela me donne un peu de courage, en plus d’un peu d’ordre dans mes pensées agitées.

-Pardonnez-moi, je n’ai pas l’habitude de parler aux gens que je ne connais pas comme ça. Ce que je voulais vous dire, c’est… c’est que… que je suis fière de ce que vous faites avec vos collègues X-Men. Vous sauvez des vies et vous protégez des innocents et c’est vraiment extraordinaire. Peu importe ce que les gens en pense ou ce que le gouvernement en dit, vous êtes des héros. Et vous ne devez pas laisser l’opinion publique vous abattre. Votre cause est juste.

Je me tais. Je me rends compte que ce que je viens de lui dire n’est peut-être pas approprié. Mon opinion personnelle est une chose, mais commencer à lui faire des éloges de la sorte alors que je ne suis même pas certaine de son identité pourrait m’attirer des ennuis. Il y a des tas de gens dans cette ville et dans ce pays qui croit que les mutants et les X-Men sont une menace. Je ne fais pas partie de cette catégorie de personne mais habituellement je ne l’exprime pas tout haut. Voilà que je viens de le faire et cela me déstabilise grandement. Cette lueur mystérieuse dans ses yeux, qui sait ce qu’elle cache réellement. Je lui accorde toujours le bénéfice du doute. Il est un être bon à mes yeux jusqu’à preuve du contraire. Et alors que je regarde dans ses prunelles je cherche comme un indice de ce que j’avance. Avoir une réponse à cette question ne changera pas mon opinion de la race mutante, mais seulement de lui. Est-il ou n’est-il pas celui que je pense qu’il est? Suis-je à ce point curieuse de le découvrir? Après tout, j’ai déjà vu l’homme bon derrière Tony Stark lorsqu’il me sauvait la vie en me sortant de ces décombres. Pourquoi chaque homme ne pourrait pas être comme ça et détenir une part de bien en lui? Si seulement le monde pouvait être de la sorte alors il n’y aurait pas de conflits et pas de guerre. Je baisse à nouveau mon regard. À quel point je vis dans un monde imaginaire? Il est peut-être temps que je me débarrasse de mes illusions. Mais pas maintenant. Pas alors qu’elles ont tellement d’emprise sur moi.

-Si ça ne vous dérange pas, je dois reprendre la route vers mon auberge avant que le Soleil ne se couche. Je n’aime pas être dehors lorsqu’il fait sombre. Si ça vous dis, vous pouvez m’accompagner en chemin? C’est agréable d’avoir de la compagnie. Mais seulement si vous en avez envi.

Je ne sais pas pourquoi je lui ai proposé de marcher à mes côtés. Toutefois, je sais que je me sentirais en sécurité avec une personne comme lui près de moi pour me raccompagner. J’ai soudainement peur que quelque chose ne m’arrive en chemin. Un pressentiment étrange que je n’arrive pas à chasser de mon esprit.

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En entendant ses remerciements, je sens mes joues se rosir. J’avais songé à de nombreuses réactions de sa part, bonnes comme mauvaises. Mais l’entendre de sa bouche, surtout avec autant de modestie, me gêne quelque peu. Il a visiblement apprécié mon commentaire et cela me fait plaisir, bien que je ne sois pas sur à cent pour cent que c’était la manière de procéder pour le remercier de ses actions héroïques. Le louanger de la sorte, voilà ce qui me gêne réellement. Je ne sais décidément pas comment bien m’y prendre aujourd’hui pour cette rencontre. Cela serait peut-être mieux si je me taisais un peu. Mais pour le moment, je lui offre de m’accompagner sur le chemin du retour vers l’auberge. Un frisson d’insécurité m’a traversé et je ne me sens moins à l’aise de circuler dans la nature comme ce matin. Savoir que cet homme serait capable de me défendre en cas de besoin m’a poussé à lui faire une telle demande, bien que ce ne soit à nouveau probablement pas approprié de ma part de le monopoliser de la sorte. Il n’est pas un garde du corps, mais un X-Man. Sauf qu’il ne décline pas mon offre. Il accepte et il me semble sincère. Il me demande de passer devant lui afin de le guider dans la bonne direction. Ce que je fais, après un bref coup d’œil sur son visage. Je m’avance, revenant sur mes pas afin de rejoindre la terrasse où j’ai mangé calmement il y a un instant à peine. J’y jette un regard, fixant la table où je me trouvais qui est toujours vide. Nous poursuivons afin de rejoindre une piste piétonnière qui traverse un chemin boisé. Juste avant d’atteindre l’entrée du chemin, l’homme se présente à moi. Je réalise alors qu’il a raison, que je ne connaissais même pas son identité. Tout est allé tellement vite entre nous, lui ayant fait mon aveu sans même être sur de qui il était. En me nommant son nom, je me souviens l’avoir déjà entendu quelque part. Je ne saurais dire exactement où et quand, mais fort probablement lors d’un reportage à la télévision. Plus de doute, il est celui que je pensais. Je hoche la tête et lui souris, contente qu’il me demande de l’appeler par son surnom.

-Loreine Marchand. Heureuse de vous connaître Bobby. Et merci de m’accompagner, c’est gentil de votre part.

Il connaît déjà mon prénom puisque je lui ai dis aussitôt, mais cela fait plus formel de lui donner également mon nom de famille. De plus, je tenais à lui dire merci pour sa présence alors que nous entrons lentement dans le chemin piétonnier. Étant un X-Man, j’imagine qu’il a une vie chargée. Il ne doit pas avoir le temps de se balader de la sorte avec la première venue. Ce n’est pas vraiment l’image que je me fais de ce groupe d’individus en tout cas, peu importe ce que les journalistes peuvent en dire. Je les vois comme des gens sérieux et dévoués à la tâche. Bobby me semble calme et posé, il n’est surement pas aussi impulsif que je peux l’être. J’imagine qu’être ainsi réfléchis dois lui être d’une grande utilité lorsqu’il doit affronter le danger. J’aimerais avoir ce genre de qualité. Être capable de garder mon sang-froid en toutes circonstances. Je ne suis vraiment pas faite pour ce genre de vie. Peut-être est-ce pour cela que j’admire autant des gens comme Bobby ou comme Tony? Parce qu’ils font face à des choses qui moi me terrifie. Et ce quotidiennement. Je rêve d’avoir leur force et leur courage, mais cela restera un rêve. Je me connais trop bien pour savoir comment je réagirais face à de tels mises à l’épreuve : pas très bien. Dieu merci que se soient des gens comme Bobby qui sont là pour faire les choses que des gens comme moi ne peuvent qu’envier. Le silence perdure entre nous et je remarque que nous sommes tous les deux plongés dans nos pensées respectives. Il n’y a rien de mal là dedans, mais je ressens de nouveau le besoin de parler. De comprendre les choses qu’il peut traverser.

-Vous arrive-t-il parfois d’abandonner? De vous lever un matin et de ne pas vous sentir complètement vous même? D’être un peu perdu et de vouloir une vie différente, loin des regards et des opinions? Je vous demande cela parce que ce genre de syndrome m’arrive tout de temps et je ne sais jamais comment le combattre. Parfois, je resterais simplement dans mon lit à ne rien faire de la journée. Sauf que je n’ai pas les mêmes responsabilités que vous. Si je ne me présente pas au boulot une journée ça n’a pas vraiment d’impact. J’imagine que ce n’est pas pareil pour un X-Man. Enfin, je pense.

Mes questions sont toujours le reflet de mes pensées : soudaines et un peu chaotique. Je reste accrocher sur certains détails qui pour la plupart des gens sont anodins. Mais je suis ainsi faite, je réfléchis différemment de la majorité de la population. Ma marginalité déteint toujours d’une manière ou d’une autre, dans mes paroles ou dans mes gestes. C’est une chose contre laquelle je ne peux pas lutter malheureusement. J’ai simplement appris à vivre avec.

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L’entendre monologuer me pousse à réfléchir aux situations qu’il expose avec plus de conviction à présent. J’ai probablement réveillé chez lui un sentiment d’inquiétude à la manière prompt de me répondre. Je ne le prends pas mal, en fait, je le comprends davantage désormais. Il semble avoir le sort de sa famille de l’Institut Xavier très à cœur, en plus de celui de tous les mutants. C’est bon de croiser une telle personne et de sentir qu’elle y croit du plus profond de son être. Je suis également rassuré d’apprendre qu’il aime ce qu’il fait et qu’il se sent privilégié d’être membre des X-Men. Sa vie à décidément prit un sens nouveau lorsqu’on lui a proposé de joindre le rang de ses héros mal-aimés. Avoir un tel but me donne envie. J’ai longtemps cherché ce que je voulais faire de ma vie et je sens que je ne l’ai pas encore totalement trouvé. Bobby est donc chanceux d’avoir cela qui le défini. Il soulève également un point qui m’avait échappé alors que nous marchions. J’étais tellement concentré sur la table où j’avais pris place que je n’avais pas remarqué les regards des clients de la terrasse. Je cherche d’ailleurs dans ma mémoire pour retrouver ce détail, mais cela reste flou. J’ai certes sentie un ou deux regards, mais il devait y en avoir beaucoup plus pour que cela trouble autant le mutant. Je fronce les sourcils, me demandant pourquoi on l’aurait dévisagé à ce point. Il n’a pas commis de crime à ce que je sache, faisant toujours son boulot de X-Man. Et pour ce qui est de l’incident à l’Institut, je pense qu’il n’y est pour rien. Il a fait son possible pour tenter d’arranger la situation et il n’y a donc aucun reproche à avoir sur sa conduite. Sauf que je ne peux pas empêcher les autres de juger, ce comportement humain étant bien souvent le plus facile à adopter face aux autres qu’on ne comprend pas. La méfiance et la haine de ces gens n’aidera pas à régler le conflit en cours. Malheureusement, cela semble être chose commune à présent et une telle généralité ne peut pas être bonne entre les relations entre les mutants et les humains. Je soupire un peu, sentant qu’une fois de plus de suis marginale dans ma façon de voir le monde.

-Je comprends, c’est difficile de supporter le regard des autres parfois. Mais lorsque notre cause est juste et qu’on y croit, il ne faut pas se laisser abattre par des inconnus. Il ne vous connaisse pas, Bobby. Ils ne savent pas tout ce que vous avez sacrifiez et que vous allez sacrifiez dans l’avenir. Même si parfois c’est dur, penser à votre famille et vos amis. Je sais qu’eux vous supportes et vous aimes pour ce que vous êtes. C’est l’essentiel.

Je cherche à le rassurer et le réconforter, sans vraiment pouvoir comprendre pleinement ce qu’il vit. Je ne suis pas mutante, alors il m’est ardue de saisir ce que cela implique. Toutefois, toute ma vie on m’a rejeté à cause de ma maladie mentale. On m’a jugé, regardé de travers, détesté alors que je ne leur avais jamais adressé la parole. On me craignait même parfois. Pourtant, je ne suis pas dangereuse en autant que je respecte la prise de mes médicaments, ce que je fais avec assiduité. Il n’y a donc aucune raison de me rejeter de la sorte. Et pourtant, cela n’a pas arrêté depuis que je suis enfant. On ne me comprend pas. On ne cherche pas à me comprendre non plus. Souvent, je me sens prisonnière de ce cercle qui tourne constamment et je dois alors fermer les yeux et me rappeler que ces gens ne me définissent pas. Que je suis maître de moi-même et que je choisis qui je veux être. On ne peut pas plaire à tous le monde.

-Si ça peut vous rassurez, je ne suis pas comme ces personnes. Je sais regarder à travers les gens sans les juger. Et lorsque je vous ai vu, j’ai sentis que je pouvais vous faire confiance et que vous étiez quelqu’un de bien. J’aurais pu me tromper, mais je suis contente que ce ne soit pas le cas.

Sa vie m’intéresse de plus en plus. Sa réalité de X-Man et même l’Institut Xavier. Est-ce approprié de lui poser des questions par rapport à ce mythique endroit de l’État de New York? Il faut croire que je suis incapable de retenir ma curiosité aujourd’hui.

-À quoi ça ressemble de vivre à l’Institut Xavier? Je veux dire, est-ce qu’on y est bien? Je connais mal cet endroit, mais je crois que vous prenez sous votre aile des enfants et des adolescents pour les aider, n’est-ce pas?

Si j’avais disposé d’un tel endroit dans mes temps les plus sombres, je suis persuadée que je n’aurais pas autant peur de moi-même aujourd’hui. Malheureusement, je n’ai pas eu ce privilège. Les hôpitaux psychiatriques ne sont pas du tout ce qu’on pourrait qualifier de réconfortant.

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Lorsqu’il semble s’étonner que j’ai distingué en lui sa bonté, je le scrute un instant et hoche la tête pour lui signifier que oui c’est ce que j’ai ressentis en le voyant. Mon instinct se trompe parfois, mais je suis d’ordinaire assez doué pour saisir d’un simple regard comment une personne fonctionne. C’est en parlant que j’arrive à peaufiner ma vision de l’autre être, mais je ne suis jamais vraiment bien loin de la réalité. Il me complimente d’une certaine façon en me disant qu’il trouve cela dommage que pas plus de non-mutant soit comme moi. Je ne cherche pas à les défendre, mais j’ai conscience de leur nombre astronomique pour être attentive à ce qui se passe autour de moi, comme à la télévision ces derniers temps. Il y a une haine généralisée qui se répand à travers la population et je suis personnellement contre ce genre d’attitude. Je me taisais toutefois, refusant d’exprimer haut et fort ma façon de pensée. D’une certaine manière par peur qu’on me rejette à mon tour. Mais également parce que je ne suis pas vraiment le genre de personne qui aime dire à son prochain ce qu’elle pense. Je suis discrète et j’aime qu’on me laisse l’être. Cette fois, en ayant la chance de rencontrer un mutant, je me sens dans l’obligation de lui avouer tous ce que je retenais jalousement pour moi. D’une part pour qu’il comprenne ce que je ressens, d’une autre part pour qu’il réalise que je ne suis pas comme tout ces gens. Voilà donc en quoi sa phrase me complimente. Puisque je sens qu’il a comprit que je ne suis pas pareille aux autres. J’apprécie lorsque les personnes le remarque, puisque je me sens immédiatement libéré du poids de devoir assumé ma différence seule. À deux, c’est déjà plus agréable à porter. Surtout que Bobby est très heureux de ce fait et cela me rend moi-même heureuse.

Bobby me parle alors de l’Institut et je l’écoute comme un enfant écoute quelqu’un raconté une histoire captivante. Je trouve cela formidable qu’un tel endroit existe pour des personnes qui bien souvent sont rejetées d’embler pour ce qu’elles sont. Découvrir que tous les mutants forment une grande famille et qu’ils s’entraident les uns les autres, ça me fait chaud au cœur. Plus Bobby m’en parle, plus il me semble pétillant. C’est une preuve d’épanouissement et de passion. Il aime ce qu’il fait, il aime où il est. Encore une raison suffisante pour moi de l’envier. Mais cette fois, je ne suis pas vraiment jalouse, je suis juste très contente pour lui. Même si je ne le connais pas, je sens qu’il mérite tout ça, ce petit bonheur qu’il vit au sein de l’Institut. Il s’interrompt, jugeant qu’il parle beaucoup. Je le rassure que non d’un simple sourire, voyant qu’il tient à ce que je le suive. Il veut me montrer quelque chose apparemment. Même si je tenais à rentrer à l’auberge, je le suis volontiers en lui souriant. Nous quittons donc le chemin et gravissons une colline. Je marche à son rythme, curieuse de voir ce qu’il souhaite à ce point que je vois. En arrivant au sommet, je comprends immédiatement son engouement à vouloir me montrer. Je vois au loin ce que je devine être l’Institut Xavier. Je demeure un moment à contempler l’école, les yeux ne quittant pas le bâtiment. Puis, je me défige et je souris. D’abord pour moi-même, puis pour Bobby que je regarde à présent de mon œil le plus doux.

-C’est vraiment un très bel endroit, merci de m’avoir montré.

Je comprends que je ne sois pas autorisé à m’approcher davantage. N’étant pas mutante, je ne souhaite en rien perturber les activités des gens de l’Institut en m’y approchant afin de l’observer. Je vois d’ailleurs maintenant les réparations qui sont en train d’être faites. Mon sourire se fane quelque peu. Quel dommage qu’on ait attaqué un lieu aussi paisible et rendant tellement de jeunes mutants heureux et bien dans leur peau. Je ne peux pas ressentir la même colère que Bobby puisque ce n’est pas ma maison, mais je la comprends. Cela me donne même envie de m’impliquer dans la reconstruction, à ma manière.

-Tu sais, je suis artiste peintre de métier. Si ça peut faire plaisir aux élèves, je peux vous peindre une toile ou bien un mur de l’école? Ça ne me dérange pas de vous l’offrir, si ça peut redonner le morale à certains.

J’observe Bobby dans l’attente de sa réponse. Il n’est probablement pas celui qui peut autoriser une telle décision. Mais il est un professeur et un X-Man, donc il peut parler à la personne appropriée de ma proposition et me mettre en contact avec elle si elle accepte. Si elle décline, je comprendrais aussi. Mais je tiens à vouloir faire ma part pour une si belle école.

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Je souris à Bobby pour lui signaler que je ne lui en veux pas d’avoir dévié de notre destination pour nous diriger à l’improviste ailleurs. Je suis contente d’avoir eu la chance de votre de mes yeux l’Institut Xavier. Et pour cela, je ne peux pas être en colère contre lui. J’hoche donc la tête lorsqu’il initie notre retour vers le sentier. Même si j’aime voir l’architecture de l’école au loin, je suis d’accord avec le fait de nous diriger plus sérieusement vers mon auberge. Je l’observe un moment, sentant toujours une certaine joie l’animer. Je souris sous l’effet que cela à sur moi. Je me sens moi-même empli d’un bonheur contagieux. Bobby répond à ma proposition. Il n’est évidemment pas autorisé à prendre une telle décision, comme je m’en doutais. Ce qui n’a rien de grave puisqu’il est plutôt enthousiaste à mon idée. Il trouve que cela pourrait être bénéfique pour ses élèves. Tant mieux, je tiens à m’investir si on m’y autorise. Sans raison particulière, seulement parce que l’idée me plait et que je tiens à contribuer à la reconstruction de l’école. Mon souci de l’esthétique doit être en cause, en plus de mon appréciation pour l’Institut. Pour ce qu’elle représente pour tellement de jeunes en détresse. Ce genre d’endroit ne mérite certainement pas d’être ainsi abimé et menacé par des gens mauvais. Puisque je peux concevoir que ce genre d’attaque contre l’école n’est perpétué que par des personnes de la sorte. Et cela me révolte. Malgré ma nature non-mutante, si je peux reprendre l’expression de Bobby. Je suis peut-être ordinaire, mais pas insensible à de tels monstruosités gratuites.

-Je vais te donner mes coordonnées pour que tu les remettes à la sous directrice lorsque tu en auras la chance. Je suis contente que mon idée te plaise autant.

Nous retrouvons donc le chemin et continuons de le longer alors que le Soleil descend paresseusement à l’horizon. Après quelques instants de marches sans rencontrer rien d’extravagant, je vois mon auberge percer à travers la cime des arbres. Je ne dis rien, attendant que l’on quitte le sentier et débouche sur le terrain de la propriété afin de m’arrêter et de me tourner vers Bobby. Je fouille dans mon sac afin d’y trouver un crayon et un bout de papier qui y traîne. J’inscris sur le papier les renseignements nécessaires, tel que convenu. Je le tends ensuite au X-Man. Je lui souris, reconnaissante encore une fois de l’avoir rencontré et d’avoir osé aller vers lui pour l’aborder. Je ne regrette pas mon audace, même si j’ai peut-être été un peu maladroite dans ma façon de lui parler au départ. Heureusement, Bobby ne l’a pas mal pris et il a été d’agréable compagnie.

-Merci beaucoup de m’avoir accompagné. J’ai apprécié ce moment. En espérant te revoir prochainement, Bobby.

Je lui souris une ultime fois. Voilà une rencontre que je vais oublier difficilement. Je sais qu’après aujourd’hui, mon opinion des mutants et des X-Men sera encore plus positif. Je sais que ce sont des gens biens qui ont à cœur les leurs et qui sont troublés par l’acharnement du gouvernement contre eux. Je souhaite qu’un jour la paix leur soit accordé. Si avec la toile que je compte leur faire cela peut contribuer d’un maigre pas dans la bonne direction, alors je vais le faire avec plaisir.