Curiosity killed the cat... [PV Richard]

Curiosity killed the cat...

Feat. Richard Rider

« Mademoiselle Decker vous avez déjà une belle somme sur ce compte, peut-être serait-il plus raisonnable de déposer cet argent sur votre compte courant qui est déjà proche du rouge… »

La banquière n’avait, bien sûr, pas tort mais le compte en question avait beaucoup plus de valeur que son compte courant. C’était là où elle avait placé l’argent de la vente du restaurant de son père, un compte à peine effleuré lors de son déménagement au Nouveau-Mexique et qu’elle ne faisait plus que compléter depuis. Toujours avec de l’argent honnêtement gagné d’ailleurs, en mémoire de son père.

« Mon ancienne conseillère était au courant de ces transferts, je n’ai pas qu’un seul revenu alors le reste comblera un peu le manque. Je garde beaucoup d’enfants, des chiens et je donne aussi des cours alors je vais m’en sortir. Ce sera juste, comme à chaque fois, on s’y fait. »

Anna ne vivait pas non plus dans la misère et il faut dire qu’elle faisait tout pour ne pas y tomber. Elle travaillait beaucoup, souvent dans la légalité mais il lui arrivait de faire quelques petits écarts. C’était assez rare maintenant qu’elle était à New York et ce même si la vie était plus chère. Cet argent là, elle le gardait pour payer ses courses et de quoi pratiquer correctement ses autres jobs. Pour le reste, elle vivait modestement, dans un appartement modeste du Bronx.

Après quelques tergiversations, la banquière accepta de faire le virement et laissa Anna vaquer à ses occupations. Le reste de la journée allait lui sembler long car c’était son jour de repos au restaurant et qu’elle n’avait rien prévu d’autre… Pas d’enfants à garder, pas de cours à donner ou de chiens à promener. La jeune femme n’aimait pas rester inactive et elle décida donc de passer son après midi à faire un peu de sport.

Anna aimait le sport, elle courait souvent dans central parc avant d’aller faire un plongeon dans une piscine du coin. La nature et l’eau lui faisait toujours un bien fou, ça avait toujours été le cas. Surtout que ça lui rappelait ses virées avec son père, leurs courses dans la forêt près de chez eux, les sauts fous dans la rivière… Elle était nostalgique, il lui manquait beaucoup. Serait-il fier d’elle ? Sûrement pas… Pas totalement en tous cas. Même si tout ça n’était (ou n’avait été) qu’un moyen de s’en sortir.

Quoi qu’il en soit, c’est après ce genre de journée que la mutante aimait roder la nuit sous sa forme féline. Pas dans le Bronx bien sûr, elle ne volait jamais aux gens dans le besoin. Et en général elle piquait les bijoux bling-bling sans grande valeur sentimentale apparente. Elle se trompait peut-être parfois mais ces gens avaient largement de quoi se repayer tout ça. Sans comptait qu’elle le faisait de moins en moins, par manque de temps et par manque d’envie. Tout cela lui rappelait trop son passé et il n’y avait plus vraiment d’intérêt puisque son compte sacré était revenu à sa somme de base et que sa vie n’était pas misérable.

À la nuit tombée, Anna se dirigea près de Manhattan. Elle cacha ses vêtements dans une ruelle à l’écart et entama son errance féline. Ce soir là, elle n’avait pas vraiment de but, aucun repérage préalable et il était fort probable qu’elle rentre bredouille. Aucune importance, être un animal lui faisait un bien fou, elle se sentait libre. Malheureusement cette liberté risquait d’être de courte durée ce soir là.

Après seulement quelques minutes à balader au travers les jardins, elle eu un étrange pressentiment. Quelque chose qu’elle n’avait pas ressentie depuis longtemps… Était-elle suivie ? C’était impossible, qui s’amuserait à suivre un chat avec un collier ? Persuadée que ce n’était qu’une impression liée à la fatigue, la jeune femme reprit son rythme normal et continua à trotter paisiblement. Ce qu’elle pouvait redouter le plus était un chien ou une grand mère haineuse ayant quelque chose contre les chats… Mais la police ? Non, pas plus qu’un super héro en quête de « bien ». Ou, du moins, c’est ce qu’elle pensait…

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Dans ce monde, avoir de l'argent est une bonne chose, et c'est même vital quand on veut étendre son activité et en faire profiter d'autres que soit même, mais récupérer des billets verts ou de toute autres couleurs suivant le pays, ça implique de devoir passer au guichet pour les déposer aussi souvent que le demande les liasses entassées.

De manière générale, j'avais trouvé des partenaires de confiance, tous issus de cette population mise à la marge des civilisations plus ou moins volontairement, et je leur avait confié cette charge rebutante de se balader avec une sacoche pleine de monnaie et de la déposer en banque, dans plusieurs banques par villes en fait. Mais aujourd'hui, vu que la saison des fruits et légumes battait son plein et que les ateliers de récupération manquaient presque de main d'oeuvre, j'étais de corvée, surtout que mon "comptable" attitré était alité pour quelques jours à cause d'une surdose de travail et de café.

Heureusement pour moi, je n'avais pas à circuler comme le commun des mortels, la voie des airs étant relativement calme et dégagée surtout en début de soirée.
Mon petit dépot effectué, quelques trois mille dollars en petites coupures quand même, je m'éclipsais discrètement dans une ruelle et prenait l'air après avoir polarisé mon armure.
J'étais à mi chemin de la façade de l'immeuble en direction des toit quand un mouvement me fit baisser les yeux. Là, en bas, une jeune femme venait de se couler dans l'espace entre les building comme je venais de le faire et après s'être assurée qu'il n'y avait personne, commençait à se déshabiller.

Je m'arrêtais sur place, l'observant avec autant de curiosité que de plaisir car la belle n'était pas mal faite au fond. Mais qu'est ce qu'elle maquillait ?! Plus j'avançais dans la vie, moins je me formalisais sur les attitudes de mes contemporains, on trouvait de tout dans ce monde, mais de là à se mettre à poil en pleine ville, il y avait quand même un grand pas à franchir. Je la vis planquer ses vêtements et m'attendais presque à ce qu'elle revête un costume bariolé, mais au lieu de cela, là où l'instant d'avant se trouvait une jeune femme il ne restait qu'un chat, un beau chat, une belle chatte plutôt, mais un félin quand même ...

La transformation n'avait pas été instantanée mais plutôt un processus de modification moléculaire qui me fit penser immédiatement à mes ennemis favoris.
Les Skrulls, comme beaucoup d'autres races extraterrestres, avaient laissé quelques membre de leur espèce sur notre bonne vieille Terre. Serais je tombé sur l'un d'entre eux ? A moins que cela ne soit une mutante, encore une fois ...

Du coup, ma curiosité agacée et le doute en proportion, je la suivais d'en haut, lançant un scan de ses fonctions vitales et de sa structure, cherchant un indice de sa nature exacte, mais cela était virtuellement impossible sans un prélèvement ADN ou du moins un contact ... Et donc qu'elle me voit ...
Une idée me vint, je retournais à cette fameuse ruelle et débusquais ses vêtements qui recélaient dans leurs fibres assez de matière pour un examen préliminaire complet. Le verdict fut sans appel, mutante.
Amusé et encore curieux, c'est dans ma nature, je retournais jusqu'à elle, son baluchon sous le bras, bien décidé à savoir ce qu'elle avait en tête car par expérience, les félidés humanoïdes que j'avais pu rencontré auparavant avaient une fâcheuse attraction pour la fauche ...
Mon retour avait été sans doute un peu moins discret que ma filature précédente car je la vis très vite sur le qui vive, cherchant de tous côtés une présence qu'elle avait sans doute détectée.
Manhattan n'avait pas beaucoup de jardins privatifs et ils étaient de petite taille, des jardinets ou des cours entourés de hauts murs.
J'atterrissais silencieusement derrière elle alors qu'elle avait reprit son chemin comme tout bon chat qui se respecte :
« Bonsoir, pourriez vous éclairer ma lanterne ? Que peut bien chercher un chat dans un quartier aussi huppé que Manhattan si ce n'est un mauvais coup à faire ? ...»
Le bond qu'elle fit sur place me fit rire de bon coeur ...

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Feat. Richard Rider

Anna n’était pas du genre paranoïaque et pourtant le sentiment d’être suivie ne la quittait pas. Souvent, elle se retournait pour chercher derrière elle ou sur les côtés, faisant légèrement tinter son collier. Par précaution d’ailleurs, son médaillon indiquait le nom d’Angel et indiquait son adresse. Après tout, mieux valait passer pour un chat errant que pour une mutante non ? Et ce même si Anna s’était sagement recensée pour éviter les ennuis. Un recensement sans grande conviction puisqu’elle restait persuadée que tout cela ne ferait qu’empirer les choses… Mais bon, elle avait eu sa dose de courses poursuites et d’illégalité. Enfin, elle vivait dans une légalité toute relative mais on ne peut pas changer un âne en cheval de course n’est ce pas ?

Continuant tout de même son errance, la siamoise s’arrêta un moment devant une fenêtre du rez-de-chaussée. Les jardins New Yorkais n’avaient rien à voir avec ceux qu’elle avait connu dans son enfance. Ils étaient petits, entourés de grandes barrières en bois et desservaient en réalité un petit immeuble. Personne en vue, la fenêtre entre-ouverte… Mais l’endroit semblait modeste et la présence qu’elle sentait planer autour d’elle la dérangeait beaucoup. Si seulement elle avait pensé à lever la tête ! Malheureusement, la chatte n’eu pas ce reflexe et elle décida plutôt de reprendre sa balade. Si par hasard quelqu’un la suivait, il était plus prudent de ne rien faire de louche. Et errer pour un chat n’était absolument pas anormal. Sans compter que cette simple transformation lui faisait du bien alors, revenir les mains vides ne l’ennuyait pas le moins du monde !

* Tu n’es quand même pas bien nette ma pauvre fille… Qui pourrait avoir envie de suivre un chat ! *

Pensa-t-elle. Seulement, elle savait très bien qui pouvait avoir cette idée là et ça ne la rassurait pas vraiment. Bien que l’idée de faire peur à ces enf*irés de kidnappeurs d’animaux était plutôt alléchante ! Et dire que ces monstres volaient de pauvres bêtes pour les revendre ou pire encore, pour revendre leur peau… Ils la dégoûtaient au plus haut point ! Si bien que, finalement, l’idée de se faire prendre pour leur foutre une belle frayeur devenait même un plan pour une sortie à venir… Il fallait bien occuper son temps libre alors autant se rendre utile ! Plutôt satisfaite de sa nouvelle idée, Anna prit enfin la décision de revenir sur ses pattes.

Elle n’avait rien prit, n’était entrée dans aucune maison mais la soirée était belle alors tout n’avait pas été vain. Malheureusement, les choses allaient rapidement se compliquer puis qu’une voix résonna dans la ruelle à quelques blocs à peine de ses vêtements. Une voix d’homme, calme voire même amusée. Malgré elle, la chatte fit un sacré bond qui eu pour effet de faire rire le jeune homme qui était apparut juste derrière elle. Instinctivement, elle se précipita derrière une poubelle mais cela ne l’empêcha pas d’entendre sa phrase. Savait-il ? Avait-il tout vu de sa promenade ? Anna ne pouvait pas parler sous sa forme féline et il était hors de question de reprendre son apparence humaine maintenant puisqu’elle se serait retrouvée totalement nue… Sans compter qu’il était encore possible que l’homme soit juste fou ou qu’il se doute simplement d’une chose qu’il ne pouvait confirmer. Pas la peine de se précipiter car, recensée ou non, Anna n’aimait pas crier sur tous les toits qu’elle était une mutante…

La jeune femme opta donc pour la comédie et, en bonne chatte qu’elle était, elle hérissa ses poils et se mit en position de défense derrière sa poubelle. Si l’homme cherchait les ennuis, il s’en sortirait avec quelques coups de griffes. Anna ne pouvait pas retourner à ses vêtements et fuir maintenant, il fallait d’abord s’occuper de ce gars là et lui faire croire qu’il était fou restait la meilleure solution. C’est dommage, il était plutôt charmant et avait l’air sympathique… Mais il aurait largement mieux valut qu’il fasse un tour au resto s’il voulait se faire une nouvelle amie ! Quoi qu’on ne sait jamais ce qui peut se passer… La tête au ras du sol, les oreilles en arrières et la queue entre les jambes, la dite Angel attendait la suite des évènements en espérant sincèrement qu’il ne traîne pas trop car elle n’était toujours pas assez puissante pour passer de longues heures transformées sans en subir les conséquences… Heureusement, il lui restait deux bonnes heures pour être tranquille, espérons simplement que l’homme ne soit pas aussi patient !

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Lorsqu'elle fila se réfugier derrière les poubelles, j'en profitais pour dépolariser mon armure, reprenant mon allure de bûcheron tout droit sorti de son canada natal si ce n'est une veste en velours côtelé de marque au prix hallucinant qui me faisait passer pour un original vis à vis des banquiers et autres énarques de la finance quand je venais alimenter les comptes.

Au début, on m'avait regardé d'un sale oeil, à la limite d'actionner l'alarme à Hold Up et d'appeler les flics, mais quand je sortais ma Black Card, vous savez, celle qui a des lettres gravées en or, que mon identité fut vérifiée et qu'ensuite le compte devenait ronflant et ronronnant, les sourires fleurissaient dès que je poussais la porte.

Ma sacoche était réapparue des limbes en même temps que le reste et le ballot de vêtements de la jeune femme qui se trouvait devant moi, toutes griffes dehors et le poil hérissé, était sagement coincé sous mon bras.

Je restais à distance, ne voulant pas l'effrayer ni quelle se sente agressée, mais j'avais la ferme intention de ne pas lui laisser le loisir de fuir. Cette jeune personne me devait quelques explications car mon expérience des félins humanoïdes de cette planète ou d'une autre et des mutants doués de métamorphose en particulier me laissait présager quelques tendances naturelles à s'approprier les biens d'autrui sans accord préalable.

Cela ne me gênait pas en soit, enfin ne me gênait plus depuis mon retour, ma conception du "bien" et du "mal" ayant évolué entre temps, mais j'aimais à connaître les raisons des "montes en l'air", qu'ils soient masculins ou féminins, en collants ou à pattes de velours comme c'était son cas.

S'il s'agissait d'une nécessité, je pouvais lui proposer une autre manière de gagner de l'argent vite et honnêtement, s'il s'agissait d'un vice, je pouvais essayer de l'en dissuader un peu en souvenir du super héros que j'avais été jadis.

Cette demoiselle chatte était jeune, bien proportionnée et favorisée par la nature vue d'en haut dans sa formulation humaine, donc à même d'user de ses charmes autant que de ses capacités civilisées contre une cible quelconque autant que dans un métier adapté, en animal par contre ... Un chat ne peut prendre grand chose, à moins qu'elle n'ait une autre forme à son arc ? Que pouvait elle en retirer si ce n'est une satisfaction relative et des ennuis supplémentaires surtout avec un si joli collier autours du cou ? A moins que ce ne soit ce colifichet qui lui permette de se transformer ?

J'avais rencontré des personnes usant de forces qu'ici on qualifiait de magiques pour réaliser ces tours de passe-passe ... Encore une sorcière ou assimilée ? Une Asgardienne ? Une analyse préliminaire avait éliminé la possibilité d'une skrull, donc ... Quelques questions qui me trottaient dans la tête. Curiosité intellectuelle en sommes plus qu'autre chose, car je n'avais à priori aucune raison de la chagriner ainsi.

Une chose était sure, elle ne parlait pas en chat, du moins ne me le laissait pas envisager, et elle n'était pas télépathe, ce qui aurait été bien pratique ...
« Inutile de me cracher dessus, je ne vous veux aucun mal, juste satisfaire ma curiosité ... Tenez, voici vos vêtements ...» Je tendais vers elle le paquet à bouts de bras pour finalement avancer et le déposer à terre juste à côté des poubelles, la belle jouant parfaitement son rôle de matou râgeux et crachoteux en sabrant l'air devant elle d'une griffe acérée.

Je lui souris en me relevant et en reculant toujours la fixant, puis je m'accroupis le cul sur les talons de mes bottes et les bras croisés sur mes genoux.
« Vous savez, j'ai tout le temps, je suis insomniaque quand quelque chose me travaille, et votre cas me travaille ... Il serait plus agréable d'en discuter avec vous, ici ou ailleurs ... J'attends mais ne comptez pas sur moi pour me retourner ... Et si vous vous sauvez, sans vos vêtements à coup sur, je peux vous suivre partout où vous irez pour vous les agiter sous le nez, pardon, le museau ... Procédez s'il vous plaît ...»

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Feat. Richard Rider

Pour sa forme féline, l’homme semblait très grand mais pas méchant pour autant. Sa voix était douce et calme, sa posture ne laissait pas transparaitre la moindre hostilité ce qui semblait donc en parfaite cohérence avec ses dires. Elle n’avait pas pu voir sa transformation à lui, trop occupée à se cacher dans ce maudit cul-de-sac… Mais il était maintenant un homme sans armure, des vêtements sous le bras. Ses vêtements à elle, il savait donc tout, il la suivait donc bien depuis le début ! Le petit cœur de la chatte ne fit qu’un bond mais elle ne quitta pas sa forme (ni son manège) pour autant. Avec ses poils hérissés, elle semblait avoir doublé de volume et elle crachotait au moindre des gestes de l’inconnu.

*Et mince…*

Pensa-t-elle en lançant des coups de pattes dans le vide pour le dissuader d’avancer davantage. Il n’avait pas peur mais, surtout, il n’était pas dupe et c’était bien ça le plus embêtant ! Mais il fallait qu’Anna réfléchisse à la meilleure façon de réagir ce qui nécessité quelques instants de comédie supplémentaires… Il avait ses vêtements, prétendait à une simple curiosité purement pacifiste mais comment pouvait-elle le croire ? Quoi qu’il en soit, l’homme ne semblait pas prêt à abandonner son idée, insistant sur le fait qu’il avait largement le temps et qu’il pouvait tout aussi bien la suivre indéfiniment. Pas très rassurant mais sans doute atrocement vrai…

Dans un soupir audible, la chatte se détendit, adoptant une position plus calme : assise sur ses pattes arrières, la queue enroulée autour d’elle et ses pattes avant bien serrées. Avec son beau collier, la pose lui donnait un air presque aristocrate. Visiblement, l’homme n’avait pas non plus l’intention de détourner le regard, pensant sûrement qu’elle en profiterait pour s’enfuit… Bien vu ! Malheureusement pour elle d’ailleurs… Avec un nouveau soupir la minette s’approcha de la pile de vêtements, au plus près possible de sa robe dont elle comptait s’emparer dès sa transformation terminée. Il lui était impossible de ne pas offrir de spectacle à l’inconnu car la transformation n’était pas immédiate… Rapide, certes, mais pas suffisamment…

Une fois en position, sa patte avant déjà sur la robe, elle jeta un dernier regard félin à l’homme. Pas de haine ou de cruauté, un simple regard peut être un peu blasé. Anna n’aimait pas se rendre, elle préférait se battre ou ruser ce qui faisait d’elle une très mauvaise perdante (un peu rancunière sur les bords). D’ailleurs, elle comptait bien lui poser aussi quelques question : c’était donnant-donnant ou elle trouverait bien un autre moyen de savoir. Il était hors de question de laisser sa soirée se gâcher complètement alors, à défaut d’avoir des bijoux, elle aurait des infos. Et, qui sait, elle aurait peut-être une bonne surprise ? Surtout qu’il ne pouvait être qu’intéressant s’il avait réussit à la suivre sans qu’elle s’en rende réellement compte ! Puis il n’était pas désagréable à regarder…

Finalement, la transformation eu lieu. Plus rapide que d’habitude ce qui eu pour effet de la faire légèrement vaciller une fois sur ses deux jambes. En un geste vif, la jeune humaine plaça sa robe devant elle pour cacher un maximum de peau puis, retournée, elle l’enfila en vitesse. Il n’avait pas pu voir grand chose ce qui la rendait plutôt fière d’elle d’ailleurs… Une fois couverte, elle enfila ses sous-vêtements et remit ses chaussures. Une opération faite à toute vitesse dans un silence absolu. Ensuite, elle se racla la gorge, dépoussiéra sa robe puis replongea enfin son regard dans celui de l’étranger. Il ne semblait pas avoir bougé, attendant sûrement la fin de ce nouveau spectacle.

« Premièrement, sachez que je n’aime pas trop les ordres... »

« Anna Decker. Et je pense qu’on peut trouver un endroit plus sympathique pour discuter non ? Par contre je n’ai pas un seul centime ! Et je pense qu’un café serait la moindre des choses… On y va ? »

Et sur ce, la jeune femme commença à avancer hors de la petite ruelle sans savoir où ils allaient. Anna voulait en apprendre un peu plus sur le jeune homme et le laisser choisir le lieu était un bon début. Dis moi ou tu vas, je te dirais qui tu es !

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La transformation, ou plutôt le retour à la normale fut plus bizarre que je le supposais. Je pensais l'observer en train de se transformer en brume et d'en jaillir dans sa peau de femme en quelques portions de secondes, ou du moins que cela soit aussi fluide que la pousse d'une fleur en accéléré, et bien je fut déçu et surpris.

On ne pouvait déterminer si c'était le chat qui rentrait en elle ou l'inverse, l'opération se faisant par à coups successifs qui me laissèrent une impression étrange au fond de la gorge et regretter de lui imposer ça devant témoin. Si c'était sans douleur, c'était impressionnant du moins, pas du tout comme le ferait un skrull ou un animorphe, enfin ceux que je connaissais.

Par contre, comme je l'avais déjà observé d'en haut quand elle avait fait l'opération inverse, le résultat final était bien à la hauteur de ce que j'en avais aperçu. Une jeune femme magnifique, aussi magnifique que l'avait été la petite chatte selon les standards de son espèce. Comme quoi certaines choses se conservaient lors du passage de l'une à l'autre ... A moins que je ne sois devant une exception ou une nouvelle forme elle même empruntée, qui sait ! Mais non, mes senseurs m'avaient bien donnés le profil génétique initial d'humaine et mutante, confirmé par l'analyse des traces corporelles sur les vêtements lorsque je les portais sous le bras.

Je me relevais finalement, détestant me faire dominer de la sorte par quelqu'un que je venais de prendre en défaut et qui de surplus commençait une tentative de séduction à peine dissimulée pour biaiser.
Sans la quitter des yeux qu'elle même avait planté dans les miens en s'approchant, je me dressais lentement, la dépassant finalement d'une bonne tête du haut de mon mètre quatre vingt quatorze, et finalement, lui prenais la menotte qu'elle me tendait pour une brève poignée de main qui s'éternisa quelques centièmes de secondes de plus que la normale tant j'étais surpris par la chaleur qu'elle dégageait.

Peut être était ce le résultat de sa transformation ? Un reliquat de sa forme féline qui ont eux une température normale plus élevée que nous, enfin que les humains ? Toujours est il qu'elle était chaude et pourrait paraître fiévreuse à quelqu'un de non averti.
Elle se présenta et à peine libérée de ma poigne, elle se dirigeait vers l'avenue proche pour quitter la ruelle où elle avait été prise en faute.La foule était son salut, du moins c'est ce qu'elle devait penser ...

En trois pas j'étais à ses côtés et adaptais mes foulées aux siennes pour que nous avancions de conserve.
« Ne pas aimer les ordres est bien représentatif de l'indépendance des chats vous ne trouvez pas, mademoiselle Decker ?... Vous pouvez m'appeler Richard ou Rick ...» Dans ce quartier il n'y avait à proximité que trois établissements pour effectivement discuter assis autours d'une boisson : un FastFood hyper bondé où être assis voulait dire juché sur un tabouret collé à pleins d'autres, un bar branché et chic à la clientèle triée sur le volet, et enfin une brasserie Irlandaise de bonne facture assez bien fréquentée.

Lorsque nous arrivions sur le trottoir, je fis un bref tour d'horizon et jetais mon dévolu sur le second établissement. Le premier ne se prêtait pas à des confidences ni à une discussion détendue, le troisième bien que bucolique et pittoresque accueillait des habitués, dont un ou deux mutants de mes connaissances, et nous serions sous haute surveillance en permanence.

Je la dirigeais donc vers le troisième en la guidant de ma main posée légèrement mais fermement dans son dos puis sur sa taille et nous nous présentions bientôt après avoir traversé devant les portes de l'établissement gardées par deux molosses en costume sombre qui nous firent signe de stopper.

Sans me départir, je tirais de ma poche ma Black Card avec ma binette dessus, le must en matière de sécurité bancaire, et la lui montrais. Il jeta un coup d'oeil très professionnel, prit sa tablette et y tapa mon identité et le numéro gravé sur le rectangle noir en lettres d'or pur.
Je vis son sourcil se lever et un sourire de circonstance s'afficher sur son visage alors qu'il nous souhaitait la bienvenue tout en s'effaçant devant nous ...
Bienvenue Monsieur, Madame, nous sommes honorés de vous compter parmi nos clients ce soir, passez un bon moment ... Comme quoi l'argent ne fait pas le bonheur mais y contribue non ?

Arrivés à l'intérieur, je demandais un salon VIP auquel on nous conduisit avec moult sourires et génuflexions et après avoir pris notre commande, un verre de bourbon pour ma part, on tirait les rideaux épais en velours côtelés pour nous laisser profiter seuls de ce petit bijoux d'intimité. Deux sofas moelleux, une table basse entre eux, une télévision allumée sur une chaîne musicale à ma demande afin de garantir un fond sonore qui masquerait nos conversations, sol en parquet et murs couverts de tissus avec quelques tableaux floraux accrochés par ci par là. Un truc bien BCBG mais sobre, le rendez-vous des galants friqués ou des hommes d'affaires en mal de discrétion.

Une fois installé dans le canapé en face d'elle, nous attendions nos consommations, je la détaillais à nouveau et lui souris :
« Désolé, mais je n'ai pas trouvé mieux dans le coin pour avoir une conversation privée tout en étant en terrain neutre et sécurisé pour vous ... Sinon il y a le Fast Food ou la brasserie Irlandaise, mais je pense que nous aurions été moins tranquilles pour aborder le sujet de votre ... Possibilité à vous métamorphoser ... Je ne vous veux aucun mal, c'est juste ma curiosité et mon désœuvrement de ce soir qui m'ont poussés à vous interrompre dans votre exploration à quatre pattes ... Vous ne faites que dans le chat Mademoiselle Decker ou vous avez tout une ménagerie à votre actif ?

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Feat. Richard Rider

Le dénommé Richard n’avait pas tout à fait tort et c’est sûrement pour cette raison qu’Anna aimait tant se transformer en chat : La sensation de liberté, d’indépendance, tout cela n’avait pas de prix dans notre monde… À cette pensée, la jeune femme sourit puis haussa simplement les épaules. Il était déjà à sa hauteur et ne semblait pas particulièrement touché par l’attitude un peu hautaine de la femme-chat. Peut-être sentait-il qu’elle n’était pas réellement comme ça en temps normal, peut-être aimait-il l’idée d’être tombé sur une femme avec un caractère ~~de cochon~~ fort ? Seul l’avenir le dirait, à commencer par son choix de lieu.

Le pauvre n’avait pas vraiment le choix d’ailleurs : Un FastFood bondé, un bar ultra classe et une brasserie Irlandaise sympathique. Il était fort probable qu’ils ne soient pas acceptés dans le bar branché en vue de leur tenue un peu trop ‘normale’, le FastFood n’était pas vraiment adapté à leur conversation et il ne restait donc que la brasserie. Quoi que, ce n’était pas non plus l’endroit le plus fréquentable de New York… En silence, elle suivait son compagnon de soirée en l’observant discrètement du coin de l’œil. Il ne semblait pas mal à l’aise voire même étrangement confiant. La situation était pourtant étrange puisqu’il avait plus ou moins obligé une jeune étrangère à le suivre afin qu’elle lui parle de l’un des plus intime secret qu’une personne puisse à voir de nos jours. Heureusement, Anna n’avait pas honte de son pouvoir et elle était une mutante recensée qui ne risquait donc pas d’ennuis s’il n’était pas ce qu’il prétendait être.

Toujours sans un mot, Richard bifurqua pour prendre la direction du bar huppé ce qui ne manqua pas de surprendre la blondinette qui ne fit pourtant pas la moindre remarque. Elle ne réagit d’ailleurs pas non plus quand la main du jeune homme passa de son dos à sa hanche… En général, Anna était bien du genre à se retourner pour en coller une mais la proximité du bar et sa curiosité grandissante lui interdirent de le faire. Elle voulait connaître la suite, surtout que, comme elle l’avait pensé, les molosses de l’entrée leur refusèrent d’abord l’entrée d’un signe de la main. C’était le genre de bar où il fallait montrer patte blanche et aucun d’eux n’avait l’apparence nécessaire pour entrer sans une excellente raison ou un bon contact. Quoi qu’une femme en robe pouvait rentrer à peu près n’importe ou mais ce n’était pas le cas d’un bucheron Québécois !

Enfin, sauf quand le bucheron en question cache dans sa poche l’ultime sauve-conduit de cette abominable société de consommation : une carte black. Ainsi, contrairement aux apparences, il avait une sacrée somme d’argent sur son compte en banque… Argent légal ? Magouilles ? Encore une chose qu’Anna devait découvrir. Cachant à merveille sa surprise, la mutante adressa son plus beau sourire aux videurs qui firent de même avant de les laisser entrer. Ensuite, les deux jeunes gens furent guidés vers un salon VIP, Rick commanda un Bourbon et Anna un cocktail. Après quelques minutes de plus, ils furent enfin seuls dans cet endroit qui dégoulinait le luxe… En attendant leur commande, la jeune femme observa un moment les lieux. C’était sobre mais étrangement glauque. Un lieu ou des choses malsaines devaient sûrement se prévoir, ou des menteurs devaient sortir leur charabia à de pauvres filles, des femmes se faire tromper… Un léger frisson la parcourue mais elle fit comme si de rien était, reprenant son sourire alors que l’homme brisait enfin le silence.

« J’avoue que votre choix m’a étonné et je ne pensais vraiment pas qu’ils nous laisseraient entrer… À croire que l’argent ouvre vraiment toutes les portes ! Quoi qu’il en soit, c’est un bon choix en vue de notre situation car, même si je n’ai pas honte de parler de mon don, je préfère rester discrète par les temps qui courent. Il y a beaucoup de haine et de peur à notre égard, que nous soyons recensés ou non. Et pour répondre à votre question, je peux prendre n’importe quelle forme animale à condition d’avoir un modèle en tête. Quant à vos excuses, elles ne sont pas nécessaires, ce n’était pas une très bonne virée de toute façon. »

« Et vous ? J’ai vu un homme en armure étrange puis vous et j’ai senti votre présence sans vous voir… Quel est votre don ? »

Ajouta-t-elle sur le même ton, juste avant qu’on leur apporte leur boisson. Une fois servie, elle leva son verre à leur santé et bu une gorgée en l’écoutant. C’était donnant-donnant ce soir, ou elle ferait tout pour !

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J’avais donc affaire à une métamorphe absolue pour peu qu’elle ait un modèle auquel se référer. Ce qui m’étonnait, c’était qu’elle ne parle pas de métamorphose en êtres humains … peut être une sorte de verrou psychique qui l’en empêchait, car pour moi, un humain n’était qu’une variété de singe de même qu’un skrull une autre de serpent ou du moins de reptile …

Le passage éclair du serveur qui nous déposa nos boissons me fit retenir ma question et ses propos sitôt celui-ci parti me coupèrent l’herbe sous le pied. Je levais mon verre en réponse à son geste et m’enfilais une bonne moitié de l’alcool fort qu’il contenait. Fort, était un bien grand mot pour moi, fort en goût, mais l’alcool n’avait de prise sur moi qu’après un nombre assez considérable de litres, et encore, en m’obligeant dans un premier lieu d’aller soulager une vessie bien pleine …
Siroter mon verre en la regardant par-dessus me permit de préparer une réponse plus académique que de dire tout simplement ma nature …

« Quel est mon don ? Euh … Force, rapidité, une bonne vitesse de guérison, mais je ne peux pas dire que ce soient des dons, plutôt des aptitudes ... Vous avez vu mon armure donc autant admettre son existence, cela non plus ce n’est pas un « don » à proprement parler …

Disons que je suis quelqu’un qu’on a amélioré et équipé voilà tout. Une sorte d’Iron-Man je dirais, oui, c’est ce qui se rapproche le plus de moi, mis à part que je ne suis pas Stark ni play-boy.

N’ayez crainte, je ne suis pas à sa botte ni à celle d’aucun autre, je tiens à mon indépendance. Pas grand-chose à dire là-dessus vous voyez…» Je m’enfilais une seconde gorgée avant de poursuivre, la regardant un peu plus précisément sous la lumière de la pièce.

Une bien jolie fille dont il ne restait aucune trace de visible du fait qu’elle ait été un chat il y a à peine dix minutes, même pas l’ombre d’une moustache.
« Quant à ce qui me permet d’avoir un sauf conduit pour entrer dans ce genre d’endroits, c’est à mon travail et à celui de mes partenaires que je le dois, je récupère certaines choses perdues ou hors d’atteinte et je les restitue ou je les revends. Mes revenus me permettent de fournir du travail à certaines personnes qui ont été rejetées de cette société et de faire d’autres bénéfices dont je perçois une part égale aux autres.
Je suis dans les fruits et légumes officiellement autant que dans la récupération.» Je posais mon verre vide sur la table et m’installais confortablement dans mon sofa.

« Mais je ne vais pas vous mentir, autrefois, j’étais ce que l’on nomme un Super Héros, j’arrêtais les vilains, les méchants et les voleurs, puis j’ai été embarqué dans une guerre pendant quelques années, ça a changé ma façon de voir les choses.
Et vous, vous faites quoi quand vous n’êtes pas en train de vagabonder sur les murs et les toits ? Si ce n’est que du vagabondage bien sur … Vous n’avez jamais essayé de copier un être humain ?»

Mon ton ironique et mon sourire entendu en disaient long sur mes doutes à propos d’escapades nocturnes sans autres motifs que de se dégourdir les coussinets mais j’étais redevenu sérieux et intéressé quand j’évoquais un changement d’apparence humaine pour une autre.

Même si la vue qu’elle m’offrait m’était agréable, il arrivait qu’un skrull perde la mémoire et se croit humain profondément, tellement qu’il pouvait duper mes senseurs sauf si je pratiquais une analyse ADN profonde, à savoir sa moelle épinière ou son liquide cérébro-spinal … J’avais un doute légitime, et tant qu’il ne serait pas satisfait …

Curiosity killed the cat...

Feat. Richard Rider

Ainsi donc, Richard n’était pas un mutant à proprement parlé, il était de ceux qui avaient été modifiés… Anna n’avait entendu parlé de ces êtres qu’à son arrivée à New York en réalité. Une nouveauté qui la perturbait beaucoup et qui la rendait très sceptique vis-à-vis des humains lambda. Il y avait toujours eu une grande fascination pour les mutants, une peur viscérale qui les avait toujours poussé à l’horreur. Ils avaient tenté d’en créer d’autres, de les contrôler et maintenant ils tentaient subtilement de les détruire… Car la jeune femme ne se faisait pas d’illusion : le Registration Act n’était que la première partie de quelque chose de plus grand et de bien plus abominable. Finalement, quand le jeune homme se compara à Iron Man, Anna eu un léger frisson. Si elle avait dû choisir un camp, ce n’était certainement pas celle du millionnaire…

« Vous m’en voyez soulagée car, même si je suis recensée, je ne suis pas une grande fan de cet homme... Ou du moins plus depuis quelques temps. »

Avant cette histoire de RA, Anna était comme tout le monde : elle admirait les super-héros, quelle que soit leur origine ou leurs pouvoirs. Ils étaient fantastiques, capables de mettre leur vie en danger pour sauver la Veuve et l’orphelin. Puis la peur avait prit le dessus, le gouvernement a voulu calmer le jeu en faisant croire qu’ils avaient le contrôle, que tous les ‘non-humains’ étaient fichés, maîtrisés… Si elle avait eu plus de courage et plus de pouvoirs, Anna aurait sûrement prit part à la lutte du côté de Captain America mais, au lieu de cela, elle s’était recensée pour être tranquille. Égoïste ? Oui, totalement, seulement c’est tout ce qui lui était venu à l’esprit à ce moment là, sous la pression, la panique. Mais il n’était jamais trop tard pour aider non ? Jamais trop tard pour changer d’avis ? C’est ce que la jeune femme espérait même si pour le moment elle n’avait pas le moindre plan en tête.

Sans qu’elle ait le temps de se plonger dans ses pensées, le jeune homme reprit son histoire en évoquant son passé de super-héro. Et maintenant qu’il en parlait, Anna se souvenait d’avoir vu son armure quelque part… Un article de journal peut être ou la télévision ? C’était il y a un bon moment et elle se demandait bien ce qui avait pu le faire changer de voie de façon aussi radicale ? Anna savait qu’être un super-héro voulait aussi dire avoir des ennemis puissants et prêts à tout pour se venger… Peut-être avait-il perdu un proche ? La jeune femme se pinça les lèvres au souvenir de la douleur que cela pouvait causer. Perdre son père et son ex petit-ami avait été absolument horrible, inexplicablement douloureux… Elle souhaitait vraiment pour lui que ce soit autre chose et n’osa pas en demander davantage. Heureusement, il avait aussi parlé de sa situation financière avant de revenir sur ses questions.

D’ailleurs, sa situation financière était aussi très intéressante : Officiellement dans les fruits et légumes, il gagnait de l’argent en revendant des choses. Sans compter qu’il avait aussi évoqué le fait de pouvoir employer des gens un peu en marge de la société… Serait-il entrain de sous-entendre qu’il avait du travail pour elle ? Pouvait-il l’aider à revendre ses larcins un peu plus vite et pour plus cher ? Ou cherchait-il seulement quelqu’un à embaucher pour voler plus ? Comme il l’avait dit plus tôt, Anna tenait à son indépendance et n’avait pas réellement l’intention de s’engager à nouveau dans une nouvelle magouille comme celle qui lui avait fait perdre son ex… Même si la légalité n’était pas tout à fait son fort, elle ne voulait plus tremper dans quelque chose de cette ampleur. Mais, une fois de plus, le jeune homme avait ouvert des tas de réponses possibles et Anna s’empara donc de la moins délicate, bien consciente qu’il reviendrait sur les autres au besoin.

« Et bien, vous êtes nettement plus intéressant que je ne le pensais ! »

« Mes activités sont bien moins passionnantes et lucratives que les vôtres je le crains… Dans la journée, je suis serveuse dans un restaurant Mexicain et le reste du temps, j’enchaîne les petits-boulots : Baby-sitting, dog-sitting, cours particuliers, ménages… J’imagine que je suis comme n’importe quelle personne modeste souhaitant vivre relativement bien dans une ville comme New York ! Vous savez ce que c’est, on fait ce qu’on peut pour arrondir les fins de mois. »

La jeune femme avait adopté le même ton que lui, sous-entendant également que ses escapades n’étaient pas uniquement pour la balade… Il l’avait plus ou moins prise la main dans le sac alors il n’était pas nécessaire de le cacher ! Mais pas non plus utile de l’avouer à plein mot… Du reste, elle aurait voulu lui poser des questions sur la guerre dont il avait parlé mais, si c’était la raison de son changement de voie, il était peu probable qu’il puisse l’évoquer aussi facilement… Puis il lui avait posé une autre question sur son don, une question qui lui demanda un temps de réflexion. Se changer en humaine ? Anna n’avait jamais essayé, elle n’en savait rien, sans compter que son père n’avait jamais évoqué cette possibilité… Prenant un air songeur, elle prit une grande inspiration avant de répondre.

« J’avoue que je n’ai jamais essayé mais il est déjà très difficile de prendre l’apparence d’un gros animal alors je n’ose imaginer ce que ça doit être pour un autre être humain ! Et je pense sincèrement que l’expérience me tuerait, la transformation peut être très fatigante voire douloureuse et l’organisme du corps humain est tellement complexe ! »

Malgré la sincérité d’Anna, elle sentait le jeune homme un peu sceptique… Il cachait bien son jeu mais semblait tout de même soupçonneux. Que cherchait-il au juste ? Il prônait son innocence, évoquant son ennuie et sa curiosité mais n’était-ce vraiment que cela ? Prudente, Anna restait sur ses gardes mais ne le montrait pas le moins du monde. Habile, la jeune mutante savait très bien cacher son jeu. Surtout que ce n’était pas trop difficile pour le moment !

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Donc elle s'était faite recenser, ce qui voulait dire aussi examinée et analysée ce qui éliminait l'option skrull du tableau, ceux ci ne se risqueraient pas à ce genre d'introspection poussées qui éventeraient l'existence d'une race extra-terrestre parmi les humains.

Bon point pour elle ça, mais cette faculté de copiage et de transformation la plaçait quand même au niveau d'autres mutant plus célèbres qui avaient la plupart des organisations officielles aux trousses du fait de leurs exactions ...

Je constatais qu'elle se détendais un peu, même si encore sur le qui vive, et hochais la tête en l'écoutant énumérer ses petits boulots qui lui donnaient l'illusion de pouvoir mener une vie normale. Un sourire songeur se dessinait imperceptiblement sur mes lèvres à cette pensée, me rappelant mes propres débuts où je devais jouer le jeu du gars "normal" suivant ses études et serveur dans un Fast-food en même temps que de sillonner le ciel et de combattre les vilains ...

Une époque que je voudrais vivre à nouveau sous aucun prétexte ... Oh non ! Cela avait été un fiasco total, tant pour mes études que pour ma vie "civile" et sociale ... Du côté Super-machin, ça allait, même si je n'avais eu qu'une notoriété passable avant de disparaître des radars. Seconder les "grands" tel Robin avec Batman vous laissait dans leur ombre le plus souvent ...

Par contre, j'avais touché juste sur ses "occupations annexes", elle n'hésitait pas à faire la "monte en l'air" pour survivre ... Un vieux film me revenait en mémoire, une histoire de chatte et de toit chauffant je crois ...

Mais ce qui me fit douter définitivement de son appartenance à une quelconque ascendance skrull, fut quand elle avoua la difficulté et la douleur occasionnée par la transformation. Evoquer cela, donc se dévoiler un peu plus, la remettait immédiatement sur ses gardes ... Une crispation des muscles, une contraction des mâchoires et des doigts, les pupilles qui se rétrécissent, ces facteurs m'indiquaient qu'elle redevenait nerveuse ...

« J'ai connu les petits boulots dans mon jeune temps, études, cuisines, livraisons, tout en essayant de rendre cette ville meilleure ... Pas facile et pas simple à vivre ...» Je tendais la main, finissais d'une traite mon verre tout en pianotant de l'autre sur l'écran tactile incorporé dans l'accoudoir pour lancer une autre commande ainsi que quelques amuses bouches.

Sans y prendre attention, j'avais fait cela à vitesse accélérée et la validation de l'écran me parut lente à souhait une fois le texte affiché en décalé et le bouton de validation pressé ... Pourquoi étais je si nerveux intérieurement ?
« Mes activités agroalimentaires sont devenues lucratives parce que j'ai mis plusieurs mois à les développer, techniquement puis géographiquement ... Et quand je me comparais à "Tête de fer" à l'instant, c'était pour l'armure, nous n'avons rien à voir l'un avec l'autre ... Je ne suis d'ailleurs pas recensé ... Et ne le serai jamais ...»

Le serveur réapparut, échangeant nos verres vides par des pleins et déposant sur la table un plateau garni de verrines et de petites salades composées. J'avais sélectionné un couple de chaque pour éventuellement pourvoir aux goûts de mon invitée. Quand notre intimité fut à nouveau revenue, je continuais.

« Quand je disais récupérer tout à l'heure, c'est en toute légalité bien sur, par exemple, j'ai commencé par draguer les égouts et à récupérer les choses de valeur qui y ont été perdues ... Je sais, pas reluisant mais tellement lucratif ... Ensuite il y eut les petites annonces et quelques contrats plus ou moins officiels mais justifiés, un boulot de détective entre autres, j'ai récupéré ainsi les bijoux d'un prince de Bangalore chez un malfrat local, ce qui m'a rapporté assez pour acheter quelques hangars le long de l'Hudson, puis j'ai remonté quelques petits trésors oubliés du fond des mers et dernièrement, je me suis fait commanditer pour un satellite en perdition ... Rien de bien passionnant mais ça rapporte ... Vos aptitudes seraient un atout non négligeable pour un boulot de détective. »

j'essayais de trouver une activité plus légale que le vol qualifié afin de lui conserver ce piment dans sa vie sans y apporter les risques d'emprisonnement à la clef.

« Dites moi un peu votre rêve, ce que vous attendez de la vie ... Nous verrons s'il est réalisable ensuite ...» Je sais, ça fait un peu Méphisto Phélès proposant un pacte mais bon, l'Enfer étant pavé de bonnes intentions, pourquoi n'en serait il pas ainsi aussi pour le Paradis ?

Curiosity killed the cat...

Feat. Richard Rider

Quand elle évoqua son recensement, le jeune homme sembla se détendre un peu. Peut-être la soupçonnait-il d’être une dangereuse criminelle usant de ses pouvoirs de façon plus que douteuse et parfaitement hors de la loi ? C’était une possibilité, tout était possible à cette époque sombre. Mais Anna était dans les règles et ce même si ce n’était pas forcément de gaîté de cœur. Sans commentaires, il la laissa continuer son histoire, l’emmenant doucement vers des confidences que la jeune femme n’avait alors faites qu’à une seule et unique personne. Ce n’est pas qu’elle avait honte ou que la chose était taboue, c’était simplement qu’on ne lui posait jamais la question de savoir ce que ça faisait vraiment. Le peu de mutants avec qui elle avait eu l’occasion d’en parler ne s’intéressaient pas beaucoup à tout ça et le sujet était plus que rarement évoqué avec des humains lambda. Ainsi, la seule personne avec qui elle avait évoqué la douleur de sa transformation était son ex-petit ami. Lui savait tout d’elle, ses peurs, ses doutes, ses espoirs… Et l’autre homme à la connaître presque aussi bien était son meilleur ami Gabriel qui avait également eu vent de quelques uns de ces détails.

D’ailleurs, elle trouvait l’attention du jeune homme assez étrange tout en étant étonnement agréable. Anna n’aimait pourtant pas être le centre d’intérêt mais Richard semblait honnête et gentil, lui parler était agréable. Sans compter qu’elle avait rarement l’occasion de parler de ses petits soucis hors il est bien connu que vider son sac est toujours bon pour le moral. Ainsi, la jeune mutante se laissait guidée par les questions de son interlocuteur sans détours. Pas besoin de lui mentir, elle ne faisait rien de vraiment condamnable de toute façon. Toujours avec le même sourire léger, sa voix suivait des notes douces et régulières, s’accordant avec celle de Richard qui parlait bien peu à présent. Toute l’attention semblait vocalisée sur Anna ce qui ne lui convenait guère. Et elle fut donc soulagée de l’entendre reprendre la parole sans qu’elle ait besoin de lui demander quoi que ce soit. Non pas qu’elle ait perdue sa volonté d’en apprendre plus sur lui, elle ne savait juste pas trop comment lui poser ce genre de questions un peu privées sans mettre les pieds dans le plat (ce qui avait toujours été sa grande spécialité). Il semblait avoir souffert par le passé et elle ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie. Elle trouverait bien une solution pour en savoir plus, peut être même un autre jour qui sait ? Car l’idée de le revoir un autre jour n’était pas désagréable non plus…

À son tour, elle l’écouta avec attention sans l’interrompre malgré l’arrivée de la nourriture et de nouveau verre. Anna se contenta de terminer le sien avant de l’écouter, trouvant plus poli de rester immobile pour être plus concentrée. Pourtant les petits plats lui faisaient de l’œil, ils semblaient très bons et elle avait une passion non feinte pour la nourriture. Mais ses yeux restèrent sagement posés dans ceux de Richard qui lui racontait son passé et qui ajoutait quelques détails sur son affaire. Anna fut d’ailleurs soulagée d’apprendre que cette dernière était légale ce qui ajouta même éveillé une nouvelle petite pointe de curiosité… Elle volait pour arrondir ses fins de mois, de petits vols sans grande importance, quelques dollars de plus à peine. Mais l’idée d’utiliser son don pour la bonne cause avait toujours trotté dans son esprit même si elle n’avait jamais vraiment su comment faire. Peut-être pourrait-il lui offrir une belle opportunité ? Ce qu’il ne tarda d’ailleurs pas à faire, à la grande surprise de la mutante qui cherchait déjà un moyen de lui proposer subtilement ses services. Pas question de quémander ou de supplier, elle était une femme indépendante et fière, qu’il soit charmant ou non. La façon dont il termina sa tirade ressemblait un peu au début d’un pacte avec le diable… Heureusement pour lui, Anna voulait absolument se rendre utile, se ranger un peu et c’était une occasion rêvée. Plus de vol

« Pas reluisant ? Vous aidez les gens à retrouver des objets qui comptent pour eux alors que je leur prends pour gagner quelques dollars de plus. C’est moi qui devrait avoir honte, pas vous. J’avoue d’ailleurs que votre proposition m’intéresse. Voler n’est pas du tout une passion et j’aimerai vraiment pouvoir faire sans. Malheureusement il est très difficile de joindre les deux bouts de nos jours et je ne sais pas vraiment quoi faire d’utile avec mon pouvoir. Mais l’idée de rendre ce don utile, de servir à quelque chose est vraiment inespérée. Je pense d’ailleurs que c’est un vieux rêve… Ça ne fera pas de moi une héroïne mais au moins je ne serai pas juste un boulet. »

« Alors cher Mephisto, qu’avez vous à me proposer et dois-je vous vendre mon âme ou mes services suffiront ? »

Son ton se voulait sérieux mais il était rieur. La jeune femme s’amusait bien plus qu’elle ne l’aurait imaginé. Ce Richard était visiblement plein de surprise et il l’intéressait de plus en plus…

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Spoiler:

Faire mouche provoque toujours du plaisir, faire plaisir en visant juste encore plus. D'après son attitude et ce qu'elle venait de me dire, ma proposition lui convenait ... Restait à décider du "où" car le "comment" et le "pourquoi" n'étaient qu'on ne plus clairs, nous étions sur la même longueur d'onde.

Je tournais mon verre entre mes doigts comme si ce geste me permettait d'influencer le cour de mes pensées tout en la fixant, un sourire évaluateur sur le visage. "Vendre son âme", une bien vilaine formule pour cette "mission" de sauvetage. Je buvais une petite gorgée, toujours la fixant par-dessus le rebord de mon verre,

L'homme d'affaire remplaçait maintenant le bon samaritain, évaluant, combinant, explorant les différentes possibilités et les solutions.
« Si nous partons sur cette idée d'agence de recouvrement et de recherches, débloquer les fonds, faire la déclaration officielle et aménager les locaux ne prendront que deux jours, restera à votre charge que de trouver l'endroit avant ou à défaut de valider celui que je vous trouverai, et de recruter un ou deux collaborateurs qui auront toute votre confiance, qu'ils soient ou non au courant de votre capacité. Je vous déconseille le centre de Manhattan pour les locaux. Il vous faudra prévoir des zones de repli vu que vous devez abandonner vos vêtements pour vous transformer, du moins jusqu'à ce que je vous procure éventuellement un petit gadget qui les rendra caduques, du moins sans caractère d'urgence.
Une question : n'importe quelle forme animale implique-t-il aussi les oiseaux et les mammifères marins ? Vous changer en dauphin vous paraît-il possible et supportable ? C'est pour évaluer l'éventail des affaires que vous pourriez prendre et que je pourrais vous laisser régler en plus de celles que vous trouveriez ... »
Un oiseau pour les sites élevés, un dauphin pour les recherches marines, voilà où en étaient mes pensées ... « Pour débuter, je pourrais vous fournir une assistante quelques temps, ensuite ... Cela vous conviendrait il ? Ah oui, voyager vous est-il possible ? Inde, Australie, Mexique, Nouvelle-Zélande ? Cuba ? Chine ?»

Pour moi, l'affaire était conclue, ou presque à la poignée de main prête. J'avais déjà deux ou trois boulots qui lui conviendraient, des récupérations d'objets perdus dans des endroits pas possible et le repérage de l'épave d'un avion dans la chaîne Himalayenne pour le compte du NSA. Ils voulaient y récupérer une mallette diplomatique contenant des documents contractualisant des accords avec le gouvernement chinois.

« Bien sur, vous serez assujettie au secret professionnel et à éviter toute curiosité mal placée parfois, pour votre sécurité bien sur ... Toujours partante ? On signe ?»

Curiosity killed the cat...

Feat. Richard Rider

Soudain, les choses s’accélérèrent d’une façon que la jeune femme n’aurait jamais pu envisager. Anna pensait simplement avoir trouvé un petit job de plus pour combler ses fins de mois et en finir une bonne fois pour toutes avec le vol mais l’homme lui proposait en réalité un travail à plein temps ou du moins quelque chose de bien plus officiel. Son cœur manqua d’ailleurs quelques bonds alors qu’elle l’écoutait expliquer son plan. Il fallait qu’elle trouve un local (ce qui ne serait pas bien difficile) et du personnel (ce qui allait être bien plus compliqué) et ce sans le moindre centime en poche… Mais était-elle vraiment prête à s’impliquer à ce point dans un projet pareil ? Le restaurant et les petits boulots lui plaisaient bien même si ses fins de mois n’étaient pas faciles. Sans compter que l’idée d’ouvrir son propre restaurant n’avait jamais réellement quitté son esprit… Tout comme l’idée de reprendre ses études d’ailleurs. Heureusement, Richard enchaîna directement sur une question concernant sa transformation.

« Je maîtrise bien les oiseaux mais je n’ai jamais eu l’occasion de me transformer en mammifère marin… J’ai peur que la différence pulmonaire ne pose problème mais je peux toujours essayer. En revanche je sais me changer en loutre et en castor ce qui peut permettre de rester un peu sous l’eau même si je doute que cela soit pas très utile pour votre projet… Quant au voyage, j’ai toujours rêvé de faire le tour du monde alors ça ne me dérange pas plus que ça. »

« Cela va de soit bien sûr… »

Suite à cela, la jeune femme resta un instant silencieuse, terminant son verre d’une traite. Elle aimait l’aventure mais de là à tout quitter pour un inconnu ? Non, ce n’était pas possible, c’était trop rapide et trop risqué… C’était tentant, il lui était impossible de le nier. Mais accepter aussi rapidement lui semblait extravagant voire complètement fou. Avec un soupir, elle reposa enfin son regard dans celui du jeune homme. Il n’y avait plus de sourire sur ses lèvres mais toujours pas la moindre agressivité.

« Quant à signer… Je vous avoue que c’est extrêmement tentant mais tout quitter pour un inconnu est aussi extrêmement fou. Sans compter que je n’ai pas assez d’argent pour ouvrir un local et que les seules personnes de confiance que je connais ont déjà un travail parfaitement respectable. Ne puis-je pas d’abord travailler avec vous sur de petites affaires afin de me faire la main ? Cela vous permettra également de vous assurer de mon efficacité et de savoir si je suis digne d’un tel poste ? »

Anna se pinça les lèvres, inquiète de la réaction que cela pouvait déclencher. Il venait de lui proposer un travail sur un plateau d’argent, avec du matériel haut de gamme, un salaire et des responsabilités seulement elle n’était pas prête à s’engager sur un projet pareil sans y réfléchir davantage. Elle espérait vraiment qu’il la comprenne et qu’il lui laisse une chance de faire ses preuves autrement. Après tout, pourquoi précipiter les choses ? Au fond, elle s’en voulait de ne pas être plus impulsive et courageuse, de ne pas avoir assez de trippes pour accepter et tout plaquer sans réfléchir. Surtout qu’elle n’avait pas grand chose à perdre ici… Mais son père lui avait toujours dit de faire bien attention, de réfléchir à tête reposer tout en calculant précisément le nombre d’éléments pour et contre. Pour le moment, il y avait beaucoup de pour ce qui était précisément ce qui l’inquiétait : C’était trop beau pour être vrai. Le bel inconnu qui lui propose un job en or sans réellement rien attendre en retour… Qu’avait-il vraiment à y gagner ? Que cachait-il derrière son armure d’un autre monde ? Trop de questions sans réponses pour le moment, il lui fallait vraiment plus de temps.

Malgré la gêne, Anna tentait de garder la tête haute. Elle n’aimait pas se montrer faible ou même désolée. On lui avait toujours dit de ne pas montrer ses faiblesses ou ses doutes et elle estimait en avoir fait bien assez pour la soirée. Richard ne la connaissait pas depuis une heure qu’il avait déjà vu beaucoup trop de choses à son goût, inutile d’en rajouter !

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Mon enthousiasme et ma capacité à planifier rapidement mes projets l'avaient pris au dépourvu et même déstabilisée ... Je m'étais déjà projeté dans l'avenir et sa réaction, ou plutôt son absence de réaction me fit faire un pas en arrière dans le présent. Et elle avait tout à fait raison sur le fond.

J'étais un inconnu et même pas une heure après l'avoir plus ou moins prise la patte dans le sac, je lui proposais un job aux responsabilités énormes dans un domaine qui, même s'il approchait ce que j'avais plus ou moins soupçonné chez elle, était à des années lumières de ce qu'elle connaissait actuellement.

J'étais allé trop vite et trop loin, comme d'habitude, entraîné par cet enthousiasme dévorant qui sommeillait en moi, par cette nécessité de donner aux gens une place à la mesure de leur capacités en ce monde. J'avais reconnu en elle un potentiel, inexploité ou mal utilisé, et je voulais corriger cette erreur générée par cette société qui repoussait les atouts que leurs procuraient les mutants et les petites gens en général.
« Vous avez raison, et c'est tout à votre honneur ...» Dis je après l'avoir fixée en observant le liquide que je faisais tourner dans mon verre.

« Il m'arrive parfois de prendre pour acquis mes propres convictions et de vouloir aller trop vite en besogne ...»
Je réfléchissais à la façon de l'amener à mon objectif tout en respectant ce qu'elle avait bâti jusqu'ici, sa propre vie, ses aspirations ...
« Disons que pour commencer, nous pourrions envisager un partenariat temporaire ...» Poursuivais je pensif. Lui donner quelques missions bien rémunérées en graduant la difficulté pour qu'elle prenne ses marques, qu'elle gagne en assurance et en confiance, pour finalement l'amener à cette vision de son avenir que j'avais eu quelques instants avant.

« Avant toute chose, je veux que vous sachiez que mon objectif est double, et égoïste ... Je vais peut être devoir partir un jour, sans pouvoir préparer quoi que se soit et je veux que ce que j'essaye de construire et de mettre en place survive au delà de ce moment là en confiant la direction de chaque aspect à des gens le méritant qui continueraient ensuite.»

Je bus la dernière gorgée et reposais mon verre délicatement avant de croiser mes mains devant mon visage, les coudes sur mes genoux, penché en avant, la regardant par dessus en plissant un peu les yeux. Ma bouche restait masquée par mes mains jointes et je ne laissais rien paraître de ce que je ressentais à cet instant.

« Nous pourrions envisager une sorte d'emploi à rémunération fixe agrémentée d'une prime proportionnelle à l'objectif s'il est rempli ... Le tout dans un cadre légal même s'il faudra vous salir les mains un peu parfois ou mouiller la chemise ... Vous aurez toute latitude pour accepter ou pas et un support logistique d'une de mes filiales ici en cas de besoin pour les petits tracas, je vous donnerais l'adresse ... Cela vous conviendrait il mieux ?»

Je pouvais demander à ceux qui géraient la boutique de Brooklyn de s'occuper d'elle en attendant, ce serait son support logistique pour organiser ses voyages et réceptionner ses récupérations éventuelles, du moins celles qui ne poseraient pas de problème de sécurité nationale ou mondiale ...
« Une base de 600 vous serait elle suffisante pour commencer ? Par semaine bien sûr ...»

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Feat. Richard Rider

Et si c’était la chance de sa vie ? Et si ce parfait inconnu avait vu en elle ce que personne d’autre n’avait vu ? Si Richard était l’homme qui allait changer sa vie ? Beaucoup d’idées tournaient dans la tête de la jeune femme et aucune ne semblait réellement idéale. Elle ne pouvait pas tout quitter sur un coup de tête mais elle ne pouvait pas non plus rater une opportunité pareille ! Que faire ? Refuser d’un bloc ? Proposer une alternative ? Mais proposer quoi ? Elle n’était même pas sûre d’avoir vraiment tout saisi à son travail alors comment pouvait-elle proposer quoi que ce soit !? Et pourquoi paniquait-elle autant ? Ce n’était pas son genre, Anna était une fille calme et réfléchie. Était-ce le charme du jeune homme qui rajoutait à son état ? L’alcool ? Non, elle tenait bien l’alcool…

Rapidement, son cerveau parvint à un compromis : lui proposer ses services dans une sorte de période d’essai, dans un autre cadre, avec moins de responsabilités. Bien sûr, elle lui avait aussi fait par de son intérêt pour l’ensemble, expliquant qu’il s’agissait simplement d’un besoin d’adaptation et de confiance. Au fond, Anna était inquiète, s’il se vexait, elle pouvait tout perdre avant même d’avoir pu toucher du doigt ce projet. Intérieurement, ses doigts sont croisés et ses yeux sont à nouveau posés dans ceux du jeune homme. Quand il reprit enfin la parole, un poids énorme disparut de ses épaules. Il comprenait, reconnaissant s’être un peu emballé. Pour le rassurer, Anna reprit son sourire, encore plus soulagée quand il lui propose un partenariat temporaire à la place. Plus calmement, elle resta silencieuse le pourquoi de sa précipitation.

Voilà donc le problème hein ? Le « trop beau pour être vrai » ? Il pouvait disparaître du jour au lendemain, partir sans un mot, sans une explication… Laissant ainsi ses employés sans directive. Et s’il partait la semaine prochaine alors qu’Anna attendait encore de l’argent de sa part pour aider au financement du local ? S’il la laissait avec des dettes cachées ? C’était très risqué, tout pouvait disparaître aussi vite que c’était arrivé. Il fallait vraiment attendre un peu, le connaître mieux, être sûre. La jeune mutante se retint de lui demander le pourquoi du comment, se contentant d’un oui de la tête, touchée par le compliment déguisé. Son sourire n’a pas disparut et elle reprend doucement confiance.

« Je suis touchée que vous m’ayez envisagé pour une aussi noble mission. Et attristée d’apprendre que vous pourriez disparaître aussi rapidement que vous êtes apparu ! Les hommes bien sont rares de nos jours… »

Le ton était redevenu un peu plus léger et le sourire d’Anna était de plus en plus détendu. Mais son regard montrait bien qu’elle ne perdait pas le fil et que son intérêt n’avait pas faiblit. Il continua d’ailleurs ses explications et sa nouvelle proposition était en effet bien plus raisonnable. L’idée de se salir les mains ne la dérangeait pas trop tant qu’il ne s’agissait pas de meurtre bien évidemment. La jeune femme avait toujours été une travailleuse acharnée, courageuse et entêtée. La proposition de Richard lui permettait de repousser ses limites sans perdre ses petites habitudes ce qui était très rassurant pour un début. Ensuite, si les deux partis étaient satisfaits, ils pourraient revenir sur la première proposition sans trop de difficulté. Le problème restait qu’elle ne travaillerait visiblement pas vraiment avec lui et ne pourrait donc pas vraiment en apprendre plus sur sa personne… Quoi qu’elle aurait sûrement des comptes à lui rendre non ? Et elle pouvait toujours lui proposer un repas de temps à autre ?

« Je pense que c’est un début plus raisonnable. De cette façon je peux me faire la main pendant que vous vous assurez que je corresponds bien à vos critères. Si tout se passe bien d’ici quelques temps, nous pourrons de nouveau envisager votre première proposition. »

En réalité, Anna était tellement impatiente d’en découvrir davantage qu’elle en avait oublié le salaire. Ce nouveau travail allait lui offrir de nouveaux horizons tout en lui permettant d’utiliser son pouvoir pour une bonne cause (ou du moins, bien meilleure qu’à l’heure actuelle). Elle se demandait d’ailleurs déjà comment elle pourrait s’entraîner à se changer en dauphin, savoir si c’était possible ou non… Dans sa baignoire ? Dans un lac tard le soir ? De nouveau, les idées fusaient dans son esprit jusqu’à ce que Ric reprenne la parole pour parler salaire. Six cent dollars par mois lui semblait convenable pour quelques gâches, surtout qu’il venait juste de parler de prime à l’objectif. Avec son salaire de serveuse et quelques petits boulots, c’était absolument parfait. Mais elle manqua d’avaler de travers quand il précisa que c’était par semaine ! Une telle somme lui semblait parfaitement inenvisageable alors qu’elle semblait on ne peut plus normale pour le jeune homme.

« C’est même bien plus que je ne pouvais espérer ! Ne vous sentez pas obligé de vous ruiner pour me convaincre, le travail que vous me proposer m’enthousiasme déjà bien assez ! »

Elle marqua une petite pause, posant enfin son verre devant elle. Ric avait caché sa bouche alors que la sienne ne lâchait plus son sourire.

« Quelle sera ma première mission patron ? »

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Curieusement, la dénommée Anna sembla être soulagée de ma seconde proposition. Aurait elle peu d'ambition ou tout simplement peur de se lancer dans une entreprise un peu corsée malgré mon assurance qu'elle ne serait pas toute seule au monde face aux tracas que cela représentait.

Je me retenais d'éclater de rire quand elle évoqua son salaire comme une ruine pour moi, si elle avait conscience des fonds que nous procuraient ne serait ce que la partie émergée de l'iceberg qu'était la distribution de notre production, elle n'aurait pas eu la moitié du quart de cette pensée.
Deux mille quatre cent dollars par mois, le salaire d'un cadre débutant à Manhattan, plus les primes sur objectif, ce n'était rien, même si cela semblait confortable pour celui ou celle qui le recevait.

Au moins, ce fixe pouvait éviter la tentation de vouloir croquer illégalement dans les ressources de l'entreprise et avorter toute envie de trahison dans l'oeuf. Ajoutez à cela une couverture maladie intégrale pour le salarié et sa famille proche, quatre ayants droits quelconques à défaut de conjoint et d'enfants, et vous avez de quoi satisfaire le moindre des employés et vous assurer au moins en partie sa fidélité et son sens professionnel ...

Mais cela, Anna Decker ne le découvrirait qu'en signant son contrat, une bonne surprise parmi d'autres.
« Ne vous inquiétez pas pour nos finances, elles se portent bien et iront de mieux en mieux sans être cotées en bourse ... Si je mettais mes ressources sur la place publique, l'économie mondiale se casserait la figure en moins d'un mois ... Quand à vous donner une mission test, pourquoi pas ...»

Je la regardais, évaluant ses possibilités tout en me caressant le menton tel un chinois triturant son petit bouc en estimant une bonne affaire.
« Je vous mettrais bien sur un gros poisson dont j'ai sans cesse repoussé la prise par manque de temps et à cause des répercussions sur les environs si je m'en occupais moi même ...»

Mon visage s'éclaira un instant. Cela ferait un superbe test pour elle et me permettrait d'avancer sur le dossier ouvert depuis des lustres après la découverte dans les égouts d'une cassette en argent richement ouvragée datant de la guerre civile à un endroit quasi déserté depuis plus de cinquante ans par la moindre âme vivante si ce n'est quelques rats et autres pensionnaires des bas fonds.

Son contenu m'avait interpellé à l'époque où j'écumais ces lieux à la recherches d'objets perdus à récupérer. Quelques pièces d'époque, deux sacs de pierres précieuses et surtout un plan de boyaux aménagés dans la entrailles de la ville en dehors de toute connaissance aujourd'hui. Je découvrais par la suite que la croix sur le labyrinthe désignait l'entrée d'une chambre forte aménagée pour recevoir quelques richesses financières et culturelles mises au frais hors d'atteinte d'éventuels envahisseurs.

Je me penchais un peu vers elle avec des airs de conspirateur et parlait à voix basse pour cimenter l'atmosphère.
« Votre première mission, si vous l'acceptez ...» Commençais je en imitant la voix entendue dans une célèbre série du petit écran,« Sera de vous introduire dans les tunnels du métro jusqu'à une porte en fer que nous prendrons soin de vous laisser ouverte quelques heures avant votre venue, d'explorer les méandres de l'ancien réseau de maintenance jusqu'à trouver l'ouverture d'un conduit trop petit pour laisser passer un homme, votre forme féline de tout à l'heure sera parfaite pour cela.

Vous vous faufilerez donc dans le boyau en emportant quelques instruments d'analyse jusqu'à déboucher de l'autre côté dans une pièce, une très grande salle plutôt, où sont entreposés des objets datant de la guerre de sécession. Il devrait y avoir là des tableaux, des armes d'apparat, de collection ou plus communes pour l'époque, des vêtements peut être, des objets forgés dans différents métaux précieux provenant du monde entier, enfin celui connu à l'époque. Il devrait y avoir aussi des coffres garnis de pièces et de joyaux, entre autres et d'autre contenant des documents précieux ...» Je réfléchis un instant pour évaluer si je n'avais rien oublié ...

« Donc une fois arrivée de l'autre côté, vous déposerez un objet à l'intérieur de la pièce, un tout petit objet, dans un endroit dégagé, au pire que vous aurez dégagé vous même sur deux mètre de diamètre ... Ensuite, soit vous essayerez de sortir de là par l'unique porte existante, soit vous repartez par où vous serez arrivée, soit vous attendez la cavalerie et vous serez rapatriée avec le trésor, libre à vous. Cependant, si vous ressortez par vos propres moyens, il faudra revenir avec une preuve que vous êtes bien arrivée au bout et que tout est prêt ...» Je m'arrêtais un instant, lui laissant le loisir d'intégrer ces informations puis je reprenais :

« Si cela vous semble simple, n'en croyez rien, le chemin que vous devrez emprunter sera semé d'embûches, il y aura sans doute des passage ou un chat ne pourra avancer, d'autres où il vous faudra passer sous l'eau ou voler à défaut d'escalader ... C'est faisable cependant, sinon je ne vous le confierais pas et vous pouvez procéder par étapes, pour vous ménager des endroits où poser tout au long de votre périple pour progresser un peu plus à chacunes de vos tentatives.
Votre rétribution supplémentaire, une fois le contrat signé et l'affaire bouclée, sera contractuellement de un pour cent de la valeur totale du contenu de la chambre forte. Voilà, je crois vous avoir donné les grandes lignes ... J'ai cependant une question ...» Je regardais son cou, détaillant ce qu'elle y arborait.

« Votre collier, a-t-il une quelconque incidence sur vos moyens de transformation ? Serait il possible d'y ajouter un colifichet, un médaillon par lequel nous pourrions communiquer et vous localiser au besoin ? Bien sûr, ce ne serait qu'en mission, ce que vous faites de votre vie ne nous regarde en rien, ne me regarde pas ...»

Je me recalais dans le fauteuil et biberonnais mon verre en l'évaluant ...« Toujours partante ?»

Curiosity killed the cat...

Feat. Richard Rider

Richard ne semblait pas vexer par le refus d’Anna et il ne tarda pas à lui proposer une alternative alléchante qu’elle ne put refuser. Le goût de l’aventure, elle l’avait toujours eu et pouvoir vivre de ça était, bien sûr, un rêve absolu. Malheureusement, Anna avait aussi les pieds sur terre et se méfier des choses qui semblaient trop belles était devenu une seconde nature. Alors l’alternative proposée par Ric était idéale et conciliait parfaitement ces deux aspects de sa personnalité : l’aventure et la sécurité. De cette manière, elle pourrait en apprendre un peu plus sur son employeur tout en découvrant les spécificités de son entreprise. Si les deux étaient satisfaits, ils envisageraient d’aller plus loin, chaque chose en son temps. Surtout que l’entreprise semblait brasser beaucoup d’argent, Anna ne voulait pas le décevoir ou lui faire perdre de l’argent bêtement. Un test était donc de rigueur et Ric ne tarda pas à lui en faire l’exposition.

Un gros poisson donc, quelque chose que le jeune homme gardait dans ses fonds de tiroir depuis un moment… Anna se sentit comme Ethan Hurt dans mission impossible, référence que Richard ne manqua pas, faisant définitivement revenir le sourire sur les lèvres de la mutante. Il était bien plus drôle et sympathique qu’elle ne l’avait imaginé finalement ! Et ça ne le rendait que plus charmant encore… Mais il était temps de passer aux choses sérieuses. Appuyée sur ses genoux pour mieux l’entendre, la blondinette l’écouta en silence sans l’interrompre. Il y avait beaucoup d’élément à intégrer mais son esprit était assez vif et sa mémoire plutôt bonne. Elle notait intérieurement chaque détail important, cherchant déjà le meilleur moyen d’éviter tel ou tel obstacle… Sur le papier, la mission ne semblait pas particulièrement complexe : commencer en rat pour se faufiler dans les endroits trop étroits (avec un petit sac pour trainer le matériel), en oiseau pour éventuellement aller plus vite et pour éviter certains obstacle puis de nouveau en humaine une fois dans la pièce.

Le seul problème était le retour car, même si Anna maîtrisait parfaitement son don et qu’elle pouvait tenir la transformation un peu plus de quatre heures, les changements de forme risquaient de la fatiguer… Heureusement, Richard avait déjà prévu le retour. Anna tenterait quand même de repartir seule mais il était tout de même fort probable que la cavalerie lui soit d’un grand secours. Dans ses réflexions, la jeune voleuse n’avait même pas réalisé l’ampleur du trésor qu’elle devait retrouver. En réalité, ce n’était pas réellement ça qui l’intéressait pour le moment. Il fallait être à la hauteur, ne pas le décevoir et donc, bien réfléchir à la faisabilité de la chose. Suite à ses explications, elle resta un moment silencieuse et pensive. Et n’eu pas le temps de réagir davantage puisque Richard enchaîna presque aussi tôt sur une question concernant son collier. Ce dernier n’était qu’une babiole décorative fort pratique car son élastique très solide lui permettait de supporter toutes ses formes. Dessus, elle avait simplement placé un petit pendentif avec son adresse et le nom d’Angel. Une ruse pour rendre sa transformation plus réaliste. Quand elle était humaine, elle plaçait le pendentif derrière, sous son épaisse chevelure, et semblait porter un ras du cou.

« Non, il est purement décoratif mais suffisamment solide pour s’adapter à toutes mes formes. Y mettre un capteur ou un système de communication me semble donc tout à fait plausible à condition que ce ne soit pas trop lourd. Ma force est malheureusement assez proportionnelle à ma taille et je n’ai donc qu’un petit peu plus de force que l’animal dont je prends la forme. En vue de votre description, je songeais à me changer en rat car ses pattes avant sont très pratiques et sa taille semble aussi plus adaptée. Sans compter que c’est également un excellent nageur ainsi qu’un bon grimpeur. Avec un peu de chance, cette apparence sera suffisante mais je peux changer de forme au besoin. En revanche, il est fort probable que je sois obligée d’attendre la cavalerie. Changer trop d’apparence est très fatiguant… Mais si nous installons le système de communication ce ne sera pas un problème. »

Maintenant qu’elle avait fait part de son plan et qu’elle avait répondu à sa question, elle reprit une place plus convenable sur le canapé pour réfléchir au reste. Un trésor pareil juste sous leurs pieds, c’était tout de même incroyable ! Il devait y en avoir pour des milliers de dollars là dessous et personne n’était au courant. L’idée de retrouver une richesse pareille illumina soudain ses yeux. Retrouver une partie de l’histoire de son pays, des objets inestimables et inespérés. Ce qui était un peu plus gênant était de savoir à qui tout cela allait revenir… La place de ces merveilles était dans un musée mais elle se doutait bien que ce n’était pas le genre de client que Richard visait… Mais Anna n’avait pas de problème de conscience en volant les riches alors pourquoi en aurait-elle à voler des choses qui n’appartiennent à personne et dont personne ne connaît l’existence ? Il faudrait voir sur place, sur le moment, c’était encore trop tôt pour le dire.

« Et oui, toujours partante ! J’espère simplement être à la hauteur de vos espérances. Quand souhaitez-vous lancer l’expédition ? »

code (c) black pumpkin

Un bon point pour elle, elle avait l'esprit vif et acéré et c'était impératif pour réussir à se tirer de situations autant inattendue que périlleuses. L'idée du rat n'était pas mauvaise et même en fait meilleure que celle que j'avais eu au départ, sa forme de chat sous laquelle je l'avais repérée et qui m'avait donné l'idée de lui confier cette petite mission d'infiltration. Je ne pus éviter une petite grimace alors que je révisais la taille du matériel que j'allais lui confier, les normes humaines et terriennes seraient alors bien loin de ces gadgets ultra miniaturisés. Tant pis, quand il faut s'adapter, il n'y a de choix possible.

Toujours l'écoutant, je sortais mon portable de ma poche et je composais le numéro cachant un accès direct avec l'unité centrale d'inspiration Xandarienne qui se trouvait dans mon antre du côté des docks de Brooklyn. Le message que j'envoyais comme capsule de camouflage était anodin, juste un "toujours prêt, lol", mais derrière, indétectable, le Worldmind lançait les impulsions qui commandaient la mise en production du matériel adapté à cette aventure ainsi qu'une procédure de recrutement des autres acteurs qui seront chargés de la logistique et de la récupération finale des trésors oubliés vers une zone de stockage appropriée.

« Je ne pensais pas que c'était aussi physiquement difficile de changer de forme. J'espère qu'avec l'expérience, ce sera moins invalidant ... Pour ce qui est de la taille ou du poids, ce ne sera pas un problème je pense ...»
Je transmettais ces informations à la machine qui inclurait ces nouveaux paramètres dans la planification de l'opération.
« Plus vite vous serez à pied d'oeuvre et cela sera fait, plus vite je pourrais juger des suites à donner à ce qui sera votre test en réel. Il faudra juste en passer par une petite séance d'étalonnage et quelques réglages du matériel alors que vous serez transformée pour confirmer que tout fonctionne correctement dans un sens comme dans l'autre.

A priori, il ne sera pas beaucoup plus gros que la médaille déjà présente sur votre ras de cou et à peine moins lourd qu'une pièce de un dollar dont il aura la forme ... Huit grammes, ça devrait le faire ... Au pire, je pourrais réduire encore, mais il faudra diviser la chose en deux parties, une boucle d'oreille peut être, un petit anneau ?» Nouveau message sur mon pseudo Iphone dernière génération sans références pour mettre en usinage cette option là.

« Par contre, je vais répondre à la question que vous vous posez sans doute et que vous n'osez peut être pas poser ...» je posais mon verre vide sur la table et croisais mes mains derrière la tête pour rassembler mes informations.
« Ce trésor est là depuis des générations, la cache a été créée un peu avant les années 76, 1776 bien sur, et a abrité les effets et les biens de plusieurs familles bourgeoises de Brooklyn alors qu'elle fuyaient l'envahisseur anglais après la fameuse bataille de Brooklyn. Quand le territoire New-Yorkais furent libérés après l'"Evacuation Day" du 16 novembre 1783, ces familles, enfin les survivants, reprirent possession de la majeure partie de leurs biens, en laissant quelques uns bien protégés dans cette cachette.

Par la suite, au cour du temps et de l'histoire, les descendants de ces familles réutilisèrent ce coffre fort personnel pour y stocker quelques valeurs, des oeuvres d'art et même des armes, ou tout simplement des biens qui leur semblaient précieux. Jusqu'au jour où dans les années 1860, Brooklyn se souleva contre Lincoln en faveur des états confédérés et il y eut les émeutes du "Draff Riots". Les aînés des familles furent tués pendant les émeutes ou incarcérés et moururent avec leur secret dans les prisons où ils furent jetés.

On ne parlait plus de ce trésor que rarement, comme une légende de famille, le moyen d'y accéder ayant été perdu ... Les années et les siècles passèrent, le métro fut construit sans qu'on ne se doute de l'existence d'une telle chambre, il y en a d'autres un peu partout sous New-York, mais c'est une des plus accessible aujourd'hui, jusqu'à ce que je retrouve par hasard une cassette dans la baie de l'Hudson, sans doute perdue pendant une traversée ou tout simplement jetée par dessus bord.

Dedans il n'y avait que des livres de comptes et un carnet où étaient inscrit des poèmes d'amateur auxquels je ne prêtais pas attention à la première lecture. J'entreposais cela dans un coin et je l'oubliais jusqu'à il y a quelques mois. En cherchant un moyen de m'agrandir dans les sous sols, j'ai découvert une autre cassette du même genre et dedans, mis à part quelques babioles, le même carnet, exactement identique si ce n'est le nom de famille à qui il avait été dédicacé ainsi que des notes inscrites en marge de l'une des pages qui invitaient le lecteur à chercher la porte et la clef d'un trésor familial. Ma curiosité a été piquée au vif et en décryptant les énigmes des petites fables, je retrouvais l'endroit approximatif dont il était question.

Mais tous les accès indiqués dans les textes avaient été détruits par la construction du réseau métropolitain et la construction de nouveaux immeubles, sauf un qui était seulement évoqué.
En croisant les informations, puis en sondant le sous sol, je découvrais enfin une série de cavités à grande profondeur, en majorité naturelles, et le moyen d'y accéder, enfin si j'avais la taille d'un nain de jardin. Les sondes que j'envoyais m'ont permis de dresser un plan pour y aller, c'est le chemin que vous emprunterez.

Mon but est de restituer au moins financièrement ces biens aux familles de ces gens, à leurs descendants encore en vie, tout en faisant bénéficier au plus grand nombre ces trouvailles exceptionnelles et historiques. Je compte revendre les pièces aux musées, publics ou privés et éventuellement à des collectionneurs avertis qui, je le sais, les exposeront au grand public.
Il n'y aura qu'une infime partie des bénéfices qui sera injectée dans mes entreprises au titre de dédommagement et afin de payer les efforts de tous ceux qui auront participé à cette récupération.
Voilà, je voulais que cela soit clair entre nous ...

Si vous avez le temps, nous pouvons nous revoir demain vers midi pour déjeuner tout en effectuant les tests, aussi pour vous donner ce qu'il vous manque pour mener à bien votre petite expédition ... Après, ce sera quand vous voudrez, vous serez libre du moment où vous vous y mettrez ... Les équipes s'adapteront ...»
Je la scrutais quelques instants attendant ses critiques ou du moins une réaction ...

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» This is a sick joke. You have killed innocent people. [ft je ne sais pas qui ^^]