Ce sont des yeux plus bleus que des saphirs qui brillent au milieu de son visage ; deux perles à la pureté sans pareille. C’est la première chose que l’on remarque chez elle, qu’on a toujours remarqué depuis sa venue au monde ; ce bleu azur qu’on ne saurait retrouver ailleurs que dans son regard. Même le ciel le plus éclatant ne pourrait égaler la magnificence qui étincelle de ses yeux. Sûrement pourrait-elle, en battant des yeux, charmer n’importe quel être sensible à cette grâce sans égale. Jamais ses cils blonds n’ont tenté un tel jeu, jamais un caprice ne lui est passé par la tête. Son regard, il reflette une certaine candeur tout en étant grave et discipliné, obéissant. Ses pupilles ne se lèvent jamais trop haut vers le ciel, ne dépassent pas la limite imposée ; docile tel l’agneau mené vers l’abattoir. Ses cheveux descendent en cascade dans son dos ; boucles dorée aux reflets argentés, presque blancs. Son dos est droit mais sa tête, elle, est courbée vers le sol. C’est une enfant muselée, elle n’est pas plus haute que trois pommes qu’elle agit déjà comme une petite adulte ; formatée depuis sa naissance à servir celui dont son tuteur est le fervent disciple. Ni père ni mère, c’est comme si la fillette était venue au monde uniquement portée par le souffle du vent. Lorsque son esprit s’égare, que son imagination ose se manifester, c’est ce qu’elle aime penser à croire. Qu’elle est née de poussière d’étoiles ; princesse égarée dans un univers sombre et violent. Rêver n’est pas permis. Penser est interdit. L’on viendra reprendre l’enfant si on remarque que ses yeux se sont drapés d’un voile d’absence, d’égarement. Une voix acerbe, froide et coupante comme une lame de couteau viendra rappeler à l’ordre la « rebelle » et son prénom, pourtant si doux à l’oreille, claquera tel un fouet sur son visage. Clea. Quatre lettres qui n’ont pas vraiment de sens pour elle ; d’où vient-il ? Comment, dans un monde aussi hostile, peut-il exister une créature au prénom si délicat ? Elle, qui n’est qu’une ombre, celle d’Orini, son tuteur. Là où il va, l’enfant suit en silence dans son sillon. C’est un homme strict, dont le fanatisme l’aveugle depuis bien des siècles ; une ferveur qu’il inculque à celle qui est sa pupille. Mais ce roi, ce maître tout puissant que l’on voudrait qu’elle adule, la fillette le craint, il l’épouvante et la fait trembler lorsqu’il passe à côté d’elle. Il est si grand et elle si petite ; ses yeux jaunes lui glacent le sang à chaque fois que son regard se poser sur l’enfant. Ses yeux sont avides de pouvoir, de cruauté et ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle le « Terrible », « Dévoreur d’âmes » ou encore « Seigneur du Chaos » ; c’est un despote, un tyran assoiffé de puissance. Dormammu n’est pas un souverain juste, les sujets sous son contrôle n’ont pas d’importance, ils ne semblent même pas exister à ses yeux. Cet être abject, on voudrait que Clea le vénère, devienne de la chair à canon en son nom ; on lui bourre le crâne des histoires passées, de comment ce si grand roi est parvenu à repousser les Incérébrés, créatures de cauchemar, et mettant ainsi la Dark Dimension à l’abri de leur menace. C’est grâce à ce fait d’arme que le souverain s’est retrouvé à porter les Flammes de la Régence après la mort du précédent roi ; acclamé un temps par son peuple reconnaissant de les avoir sauvés avant d’être finalement craint. On n’en a pas oublié la soeur de ce dernier Umar, exilée dans une poche dimensionnelle par le roi. On dit qu’elle serait devenue folle pour une raison inconnue et que, pour protéger la Dark Dimension, il avait été plus sage de l’enfermer quelque part où elle ne risquerait pas de nuire aux habitants de la Dark Dimension. En tout cas, c’est ce qu’on a raconté à Clea. Ce qu’on ne cessera de lui rabâcher tout au long de son enfance. On lui apprendra à être une personne obéissante qui ne pense surtout pas par elle-même. C’est ce que l’enfant deviendra… Un temps.
Son visage a perdu la rondeur de l’enfance, ses traits se sont affinés, dessinés avec grâce. L’enfant n’en est plus une et bien que privée de liberté, elle s’est épanouie comme une rose sous le soleil de printemps. Seules manquent les épines, coupées bien vite pour éviter tout acte de rébellion. Son esprit est emprisonné dans une cage de mensonges, de peur et d’ignorance. Mais ce dernier n’est pourtant pas brisé ; il suffirait de peu pour qu’il puisse se libérer de ses entraves. Ce peu, cet élément déclencheur, il finit enfin par arriver lorsque des jours durant, il n’a cessé d’en parler, de jubiler à l’idée de ce proche duel contre le Sorcier Suprême d’une dimension différente de la leur. Au tout début, la jeune Clea n’y a pas prêté pas grande attention, se contentant d’hocher de la tête lorsque son tuteur rapportait les discours du roi. Il faut dire que des siècles de bourrage de crâne sont passés par là et bien qu’elle ait entendu parler de la Terre, cela ne l’avait jamais réellement intéressée ; elle prêtait attention à ce qu’on voulait qu’elle prête attention, voilà tout. Pourtant, au fil des jours, Clea commence à être plus attentive à la situation, à sortir des sentiers battus, elle se rend compte que toute cette façon de penser et de voir les choses n’étaient pas la seule et unique. Ce fut telle une violente gifle sur sa joue, celle qui tire d’une longue torpeur, qui réveille l’esprit. Si sa propre dimension est nécrosée par l’ambition et les pouvoirs néfastes de Dormammu, une autre dimension n’a pas à subir sa tyrannie. Un sentiment nouveau est né en Clea, ce jour-là, celui qui fait couler l’adrénaline dans les veines lorsqu’on sait que l’on va à l’encontre des règles. Ce n’était encore qu’une étincelle de rébellion bien pâle mais celle-ci pourrait très bien se transformer en un brasier destructeur. Clea se met donc à guetter, à écouter les moindres conversations que ses oreilles peuvent percevoir afin, d’être la première à le croiser ; ce Sorcier Suprême que Dormammu le Terrible doit affronter. Il finit par apparaître mais contrairement à ce que la blonde aurait préféré, elle n’est pas la première à l’approcher. Elle a encore le temps, tente-t-elle de se rassurer alors que son coeur bat à la chamade à l’idée qu’il ne soit déjà trop tard. Non, elle l’aurait su, vu. Elle le trouve, agrippe son poignet de sa main afin de l’attirer dans l’ombre et devant son regard surpris, Clea tente de lui expliquer sa venue d’une voix essoufflée ; ses mains s’agitant dans des geste pressés. Il peut encore fuir, éviter le combat et retourner dans sa dimension car s’il venait à échouer, ce serait une catastrophe. De temps à autre, la jolie blonde regarde autour d’elle avec une mine un peu inquiète : il ne faut pas que l’on apprenne ce qu’elle s’apprête à faire. Qu’importe, le Sorcier doit connaître l’existence des Incérébrés, de ce que Dormammu fera subir sur Terre s’il venait à vaincre Stephen Strange. Contrairement à ce qu’elle espérait, pensait, Strange ne se défile pas, faisant naître l’incohérence en Clea. Pourquoi tient-il à prendre un tel risque tant pour lui que pour sa Dimension ? Cela n’a pas de sens pour elle. Puis finalement il s’explique, il ne peut pas montrer des faiblesses justement pour protéger sa Dimension. Ses yeux se plissent légèrement, la jeune femme est attentive et finit par comprendre ce qu’il entend par là. Elle hoche doucement de la tête ; très bien, s’il ne peut pas fuir alors elle l’aidera du mieux qu'elle le peut pour vaincre Dormammu. Les murs ont des oreilles et lorsqu’un tel tyran règne, rien ne demeure secret très longtemps aussi lorsque le Dévoreur d’âmes découvre la trahison de Clea, celui-ci entre dans une colère noire, emprisonnant la jeune femme afin de l’empêcher d’apporter de l’aide à Strange. Pendant ce temps, le combat fait rage. Tous deux sont puissants, ils font preuve d’une grande endurance mais alors que le Terrible ne se concentre plus que sur une seule chose, à savoir sa victoire, plus ses pouvoirs déclinent, et les barrières préservant la Dimension des Incérébrés commencent à s’effriter. Si les créatures venaient à être libérées, ce serait une véritable catastrophe. Strange lui laisse le choix : si Dormammu accepte de redonner sa liberté à Clea et ne pas envahir la Terre, Strange l’aidera à remettre en place le bouclier protégeant la Dark Dimension des Incérébrés. Cela ne plait pas au Roi mais a-t-il réellement le choix, en cet instant ? Clea est libérée et c’est avec stupeur qu’elle voit le Sorcier Suprême se tourner vers elle pour lui demander son aide afin de restaurer le bouclier. La blonde ne sait que faire, se demandant même si le Sorcier n’aurait pas pris un coup sur la tête mais elle s’exécute sous ses conseils et bientôt, les barrières réapparaissent. Il doit repartir, Clea en est déçue, presque triste, de voir son seul réel allié en cet instant s’en aller. Et parce qu’elle n’est plus vraiment celle qu’elle était quelques jours plus tôt, elle vient embrasser ses lèvres en toute innocence.
Après le départ de Strange, l’esprit rebelle de Clea ne s’en retrouve que plus renforcé. Pour la première fois entièrement libérée de ses entraves, la jeune femme n’en devient que plus assoiffée d’indépendance, de justice, même. Elle se défait de l’autorité de son tuteur qui le lui reproche avec véhémence ; lui qui l’a élevée comme sa propre fille et qu’en retour, elle devrait lui montrer respect et obéissance. Clea ne fera voeu d’obéissance à personne, plus jamais, elle est la responsable de sa destinée. Il lui faut renverser Dormammu mais seule, jamais elle n’y parviendra. Il lui faut de l’aide, celle du peuple oppressé qui vit sous la terreur. Comment parvenir à avoir leur confiance ? Clea n’est pas une fine oratrice ; ne s’est jamais réellement retrouvée dans une situation comme celle-ci. Puis que se passera-t-il, si le peuple de la Dark Dimension retire sa légitimité à Dormammu ? Qui prendra le flambeau ? L’héritier légitime du trône, à savoir Oniri ? Non, Clea sait que c’est une mauvaise idée, son tuteur est bien trop fidèle à Dormammu et n’hésiterait pas à abdiquer une seconde fois en sa faveur. Elle se sent coincée. Cette rébellion sera longue et difficile, Clea le sait et le poids n’en est que plus lourd à porter. La liberté a un certain prix, la jeune femme a fini par s’en rendre compte. Il n’y que lorsque Stephen vient discrètement la voir que Clea oublie pour un temps tout le reste ; où elle retrouve un peu de naïveté dans cet amour naissant. A chaque fois, la blonde le sermonne un peu en lui rappelant les risques qu’il prend avant de se mettre à sourire et agripper sa main pour le conduire là où personne ne pourra risquer de les trahir.
Tout finit brusquement par s’accélérer mais pas comme le peuple l’aurait espéré. Lors d’un affrontement contre Eternité, Dormammu, vaincu, disparait. L’on croit que c’en est terminé des tyrans, que la Dark Dimension sera enfin délivrée du joug despotique, tous se trompaient. Profitant de la disparition de son frère, c’est Umar, la soeur de ce dernier, qui parvient à se libérer de la poche dimensionnelle dans laquelle elle est restée emprisonnée des siècles durant. La faltine emporte avec elle les Incérébrés qui envahirent la Dimension ; réduisant tout à feu et à sang. Clea lutte, tente tout ce qui est possible pour repousser l’invasion des Incérébrés mais toutes ses tentatives sont vaines et, dans un dernier recours, elle décide de se réfugier sur Terre. C’est ainsi qu’elle devient l’entière disciple de Strange, se lançant ardemment dans l’apprentissage de la magie. Elle y découvre la Terre, une Dimension totalement différente de la sienne qui ne cesse de la fasciner, la passionner. Elle pose des questions sur tout et n’importe quoi, pareille à une enfant curieuse et ses interrogations, parfois tintées de naïveté, ne cessent de faire rire son mentor et depuis peu, amant. Pourtant, toute à un certain bonheur qui ne lui est pas familier, Clea n’en oublie pas la Dark Dimension, s’y rendant en toute discrétion dans l’intention de trouver un moyen de renverser Umar. Ses visites sont toujours courtes mais mouvementées ; la nouvelle souveraine guette et à plusieurs reprises, Clea manque de ne pas réussir à retourner sur Terre. C’est lors d’une de ses expéditions qu’elle apprend la vérité sur ses origines ; celle contre laquelle elle ne cesse de lutter n’est autre que sa propre mère tandis que celui qu’elle pensait être son tuteur est son père. Le choc est rude à encaisser, Clea regrette que ses rêveries de gamine ne soient pas vrais et qu’à la place, elle se retrouve liée à des personnes abjectes. Durant un temps, elle en vient à se demander si elle ne risque pas non plus de finir comme sa mère ou son oncle, assoiffée de pouvoir. Elle se conforte auprès de son maître, elle n’a rien à voir avec eux.
La situation devient de plus en plus critique ; Clea n’a pas le choix, si elle veut empêcher Umar d’envahir la Terre, il faut qu’elle l’affronte. Seule. C’est à elle de se mesurer à sa mère et personne d’autre qu’elle. Clea regagne sa propre Dimension où elle prend la tête de la rébellion et met toute son énergie à gagner la confiance du peuple qui, finit par la lui accorder. Il lui faut encore combattre sa mère en duel, Clea ne se sent pas prête, doute de pouvoir y parvenir mais refuse de baisser la tête. L’affrontement est long, épuisant pour la mère comme pour la fille. On ne sait qui réussira à l’emporter sur l’autre ; toutes deux semblent égales et pourtant, petit-à-petit, Clea parvient à prendre le dessus, gagnant en confiance et faisant vaciller celle d’Umar. Elle sera victorieuse. Umar n’est plus digne d’être souveraine ; les Flammes de la Régence se volatilisent pour venir auréoler la tête de Clea, faisant accroître sensiblement sa magie. Umar est vaincue. Cette dernière sera bannie avec Oniri dans une poche dimensionnelle et tous deux tomberont peut-être dans l’oubli. Néanmoins, ce ne sont pas ces évènements qui marqueront le plus Clea mais plutôt le fait qu’elle se soit tournée vers Stephen et, d’un regard amoureux, lui ait demandé de l’épouser. Certes la jeune femme n’a connu que lui mais au fond, elle sait que personne ne pourra jamais prendre une place aussi importante dans son coeur que Strange. Après tant d’agitation, Clea en est venue à se dire qu’elle méritait un peu de paix et elle ne pourra la trouver qu’en Stephen. Ils s’unissent selon les lois de la Dark Dimension et, deviennent qu’un seul être.
Débarrassée des tyrans qui ont autrefois écrasé la Dark Dimension, celle-ci profite de la paix qu’offre le règne de Clea. Bien loin de sa mère et de son oncle, la blonde n’a rien d’une despote sans coeur et avide de toujours plus de pouvoir. Elle est au contraire une âme avisée et douce ; elle abroge des lois mises en place par son oncle, qui, ne servaient qu’à resserrer un peu plus l’étau qui maintenait le peuple dans la peur constante. La jeune souveraine se lance dans l’exploration poussée de la Dark Dimension, redécouvrant des régions oubliées depuis des millénaires. La blonde est naïvement persuadée que plus rien ne pourra venir troubler ce temps de paix tellement mérité par tous. Elle savoure les moments passés avec son époux qui se fait de plus en plus présent dans la Dark Dimension ; ce qui la ravie. Il faut dire que Clea n’aime pas lorsqu’il doit rejoindre sa Dimension et où elle se retrouve seule, sans lui. Elle a cette impression qu’une partie d’elle est manquante… Mais si c’est cela le seul malheur qu’elle devra vivre ; Clea accepte cette concession qui n’est pas si chère payée pour tout le bonheur que la présence de son mari lui apporte.
Ce n’est, hélas, que le calme avant la tempête. Bien trop puissant pour être vaincu bien longtemps, Dormammu réapparait et sème à nouveau la terreur. La Dark Dimension est compromise. Clea tente de s’en sortir seule, de lutter contre son oncle mais elle n’est pas assez puissante face à lui. Il ne lui reste qu’une seule solution, retrouver sa mère afin de lui proposer un marché. Clea la libère de la poche dimensionnelle dans laquelle Umar se trouve prisonnière et en échange, celle-ci doit aider Clea à bannir à nouveau Dormammu. Une fois l’accord passé, mère et fille s’allient pour butter hors de la Dimension le Dévoreur d’âmes et ainsi, sauver le royaume. Leurs pouvoirs joints, les deux femmes parviennent à vaincre encore une fois Dormammu mais au lieu de reprendre le trône, Clea le laisse en faveur de sa mère. La blonde croit en la rédemption des âmes, elle pardonne les offenses puis elle préfère rejoindre la Terre et son époux qui ne lui a que trop manqué.
Commence une longue décennie teintée de bonheur. Un bonheur domestique, simple mais qui convient parfaitement à Clea… Au début. Il y a quelque chose de grisant à s’éveiller tous les matins contre celui qu’elle aime, de voir ses yeux briller du même éclat que les siens. Oui, Clea se sent véritablement heureuse auprès de Stephen, elle en oublie la Dark Dimension, tout ce qui a pu l’accabler pendant des siècles. Elle s’attache à cet univers à l’opposé du sien, si coloré, si lumineux mais pourtant si obscur et compliqué. Ce sont peut-être ces nuances qui plaisent le plus à Clea ; le fait que rien ne soit linéaire dans cette Dimension. Mais si Clea est heureuse les premières années de ce mariage serein et paisible, quelque chose vient étioler ce bonheur : la frustration. La blonde n’est maintenant plus l’élève de Strange, tous deux sont maintenant égaux sur le plan mystique et Clea n’est plus la jeune femme encore hésitante qu’elle était. Son court règne lui a appris à se montrer forte, à s’affirmer et à n’aimer que plus l’indépendance. Elle n’accompagne que rarement son époux dans ses aventures, se sentant un peu trop comme « juste sa femme » plutôt que sorcière à part entière. Elle pourrait retourner dans sa Dimension mais son amour pour Stephen est bien trop grand pour prendre une telle décision alors elle se tait, s’occupe pour calmer sa frustration et n’y pense plus. Après tout, c’est encore un sacrifice nécessaire à son bonheur et surtout, à celui de son époux. Puis… L’entendre rire et voir sa tête d’idiot heureux lorsqu’elle le surprend à faire l’imbécile en vaut largement la peine
Un message est arrivé du jour au lendemain. Umar a trahi la confiance de sa fille, abusant de ses pouvoirs et plongeant à nouveau la Dark Dimension dans le chaos total. Clea quitte la Terre, elle ne peut pas se permettre de rester là-bas à ne rien faire. Elle part seule, accompagnée de de Flyx créature Faltline lui ayant apporté le message de la trahison de sa mère. Il lui faut maintenant lever une armée au plus vite afin de renverser à nouveau Umar et reprendre le contrôle de la Dark Dimension. Hélas, celui qu’elle pensait être son allié, Flyx, n’est autre que Dormammu qui après avoir absorbé les pouvoirs de sa soeur, s’empare encore une fois du trône. Décidément, la vie de Clea n’est qu’une répétition d’évènements du genre. De nouveau embarquer dans une violente rébellion, Clea en perd a notion du temps qui s’écoule différemment sur Terre que dans la Dark Dimension. Elle n’aurait visité que très peu de fois son époux, ne pouvait se permettre de s’éloigner trop longtemps de son combat. Il y a bien quelques messages qu’elle envoie mais ces derniers se font de plus en plus espacés pour finir par ne plus exister. Elle n’a pas le temps. C’est un carnage, un véritable bain de sang où le peuple est égorgé sans la moindre pitié afin de mater la rébellion. Clea n’en peut plus de cette hécatombe qui sévit sa Dimension, n’en peut plus de voir des mères pleurer leurs enfants et des enfants appeler des parents qui ne reviendront plus. Mais même alliée aux Mhuruuks, Dormammu reste imbattable. Des négociations sont alors envisagées mais avez-vous déjà essayé de négocier quoi que ce soit avec un être surnommé le Dévoreur d’âmes ? Eh bien sachez que c’est impossible. Cela échoue et Clea se retrouve à nouveau contrainte de fuir mais pas sur Terre. Sa tête est mise à prix, son oncle veut la réduire définitivement au silence et rejoindre la Dimension de Stephen signifierait le mettre d’autant plus en danger, ce que Clea se refuse. Son exile se fera au Valhalla.
Ainsi cachée sur Asgard, dans la dernière demeure des plus valeureux des guerriers, Clea a tout juste le temps de se remettre que déjà, sa localisation est dévoilée à Dormammu. Combien de temps s’est-il écoulé entre sa fuite et son arrivée au Valhalla ? Elle l’ignore, peut-être quelques mois qui lui ont semblé être une poignée de secondes. Elle avait commencé à élaborer des plans contre son oncle, épaulée par Valkyrie, cela prendrait du temps, certes, mais en réunissant les forces nécessaires, Clea savait qu’elle finirait par venir à bout de son oncle. Seulement ce dernier ne laisse pas de répit à sa nièce, envoyant sans arrêts mercenaires et autres créatures venir tuer la sorcière. Certains sont tués tandis que d’autres, Clea prend un malin plaisir à effacer leur mémoire et les renvoyer à son oncle après les avoir hypnotiser afin qu’ils s’attaquent à leur propre maitre. C’est harassant et sans l’aide de Brunhild ; Clea ignore si elle serait capable de tenir ce rythme encore longtemps. Combien d’années se sont écoulées, depuis son départ de sur Terre ? Elle n’ose imaginer le mal et la peine qu’elle a causé à son époux qu’elle n’a plus revu. Il l’a probablement oublié, ce n’est sûrement pas plus mal, elle se sent bien incapable d’être une bonne épouse : sa disparition en est la preuve criante. Il est d’ailleurs maintenant temps pour Clea de regagner une Dimension qu’elle ne connait que trop bien, ne pouvant se permettre de mettre plus longtemps le Valhalla en danger. Accompagnée de Valkyrie et ayant laissé quelques pièges derrières elles afin de brouiller les pistes, Clea regagne la Terre après vingt longues années d’absence.
Devant le miroir, elle passe la brosse pour la centième fois au moins dans ses cheveux clairs. Le regard de Clea est vide, perdu dans le vague de ses pensées. L’objet est redéposé à sa place, Clea s’assied sur le bord du lit refait et passe sa main sur son visage. Elle le sait d’avance, cette journée va être un calvaire et pourtant, c’est elle qui en a pris la décision. Des jours et des jours que la sorcière tourne en boucle la même idée, pesant le pour et le contre. Puis la jeune femme en était arrivée à une seule et unique conclusion : elle devait se faire recenser. Quand bien même cela allait contre tous ses principes, contre sa façon de penser, le statut de Stephen au sein d’ARES est à prendre en considération. C’est, de toute façon, la seule raison pour laquelle Clea accepte maintenant de se faire mettre une de leur chose étrange dans sa nuque, pour Stephen. Qu’il arrête de s’inquiéter et qu’il ne se retrouve pas un jour face à un choix désagréable. D’autant que la sorcière sait pertinemment qu’il choisirait toujours son épouse plutôt que la raison et Clea ne veut pas lui imposer ça. Alors elle se fait violence, s’impose à elle-même cette humiliation comme tant d’autres ont subi pour protéger son mari ainsi que sa famille. Distraitement, la blonde passe une main contre son ventre… Un long soupir s’échappe de ses lèvres, si elle se remet à penser à ça, il se peut qu’elle change d’avis et il en est hors de question. Après avoir attrapé ses chaussures, elle quitte la chambre à coucher pour descendre rapidement les escaliers.
En bas des marches, Wong l’attend patiemment avec une enveloppe dans la main. Dedans, les papiers américains de Clea, n’ayant pas du tout l’habitude de les utiliser, ils sont la plupart du temps rangés quelque part et c’est surtout Wong qui connait leur exacte place. Il y a également un papier avec quelques informations notées dessus, des choses auxquelles Clea n’aurait jamais idée de penser ou de demander mais qu’on risque de lui réclamer pour le recensement. Si elle n’en a pas parlé avec Stephen, elle en a par contre longuement discuté avec le majordome et tous deux en étaient arrivés à la même conclusion. Oh elle aurait pu en parler avec son époux mais la pensée que ce dernier veuille l’accompagner ne lui plaisait pas, elle voulait être seule puis elle ne tenait pas à lui apporter un quelconque souci en se recensant aussi tard. La main de Clea a tout juste attrapé le papier que les pas de Stephen retentissent dans le hall. Avec rapidité et beaucoup de nervosité, la sorcière fourre l’enveloppe dans la poche de sa robe et marmonne une excuse bien bancale, reprise avec plus d’aplombs par Wong. Heureusement qu’il est là d’ailleurs. D’une manière un peu empressée, Clea quitte la maison en évitant d’avoir l’air trop… bizarre/angoissée/nerveuse/stressée. Ce qu’elle est, au final. La boule qu’elle a l’estomac ne cesse de se resserrer à mesure qu’elle se rapproche des bureaux du recensement ; si bien que lorsqu’elle se retrouve devant les portes, Clea en a presque la nausée. Prenant son courage à deux mains, la sorcière finit enfin par les ouvrir et se glisser dans le hall d’entrée.
Il n’y a pas grand-monde, les personnes se faisant recenser aussi tard ne courraient pas les rues à part peut-être les nouveaux mutants ou ceux forcés de le faire. Clea ne sait pas trop où aller, à qui s’adresser et regarde autour d’elle un peu perdue. Elle est bien loin, la meneuse de rébellion, elle est plus une gamine apeurée qu’autre chose. Hésitante, la blonde s’approcher de ce qui semble servir d’accueil et derrière lequel une secrétaire la fixe depuis qu’elle est rentrée, sans pourtant jamais lui dire quoi que ce soit, renforçant un peu plus le malaise de Clea. Elle va ouvrir la bouche quand la jeune femme l’interrompt sèchement :
«
Va falloir attendre. Ils prennent leur pause. »
Elle n’en dit pas plus. Clea se contente de hocher de la tête en murmurant un vague « merci » avant de s’éloigner un peu, bras croisés contre sa poitrine. Tout dans cet endroit la met mal à l’aise, notamment le regard parfois insistant de la secrétaire. Il est hélas trop tard pour fuir, impossible de faire machine arrière. Alors elle attend, début et sans rien dire, pendant un temps qui lui semble interminable. Puis enfin, une porte s’ouvre et un homme en sort. Sans dire un mot, il lui désigne du menton la pièce dans laquelle elle doit rentrer. Une table, deux chaises et des papiers ainsi qu’un plateau en métal avec une chose qu’elle n’a jamais vue. On dirait un stylo mais cela n’en est pas un. Il y a aussi une étrange petite machine que la sorcière ne connait pas. Clea bredouille un bonjour auquel il répond par un « asseyez-vous ». L’amabilité ne les étouffe pas, en tout cas, ne peut s’empêcher de penser la sorcière.
«
Vous posez vos doigts ici, une main après l’autre et vous attendez que je vous dise de changer. » Explique-t-il en désignant l’étrange petit boitier.
Aujourd’hui, ces appareils sont répandus, utilisés pour les passeports biométriques. Mais c’est une première à Clea qui regarde la chose avec perplexité avant de finalement s’exécuter sans trop poser de questions. Une fois les empreintes relevées, l’homme attrape l’étrange stylo.
«
Votre index droit. »
Elle fronce les sourcils. Que compte-t-il faire avec cet objet ? Clea n’a pas confiance, elle sent d’avance que ce qu’il va faire ne lui plaira pas. La blonde hésite et lorsqu’elle commence doucement à tendre son bras, la main de l’homme attrape fermement le poignet délicat pour aller plus vite et tirer sans la moindre délicatesse le bras. La petite aiguille s’enfonce dans la peau de Clea, une brève seconde, juste pour prélever un peu de son sang puis la main est libérée. La sorcière regarde l’employé avec un air choqué. Ne pouvait-il pas prévenir ? Pourquoi ont-ils besoin de son sang ? Ils n’en ont qu’une très petite quantité mais cela déplait fortement à Clea, pas habituée aux prises de sang et autres gestes médicaux qui sont si habituels pour les humains. Il lui met ensuite devant elle des formulaires ainsi qu’un stylo et sans préciser quoi que ce soit, sort de la pièce en la laissant seule face aux papiers. Clea feuillette rapidement et se rend compte que les quelques informations données par Wong ne seront pas suffisantes. Elle tire l’enveloppe de sa poche, recopie les quelques notes, remplies les choses dont elle connait les réponses comme ses pouvoirs puis ensuite, fixe les lignes vides. Rien que l’âge et la date de naissance lui posent un énorme problème. Elle-même ignore sa propre date de naissance et pour réussir à définir son âge… Oh en général, dans sa dimension, on ne compte pas. Elle laisserait bien des espaces sans réponses mais il est précisé, tout en haut de la première page du formulaire, que tout doit être soigneusement rempli. Alors elle fait de son mieux, ne repose le stylo qu’une fois les pages noircies de son écriture peu assurée. La blonde redresse la tête, et maintenant ? Doit-elle attendre qu’il revienne ? Ou alors prévenir qu’elle a terminé ? Il n’a rien dit. Dans le doute, Clea reste là où elle est.
C’est un homme complètement différent qui entre dans la pièce, ramasse les formulaires en vérifiant les informations.
«
Vous en avez mis du temps, à venir vous faire recenser. Dit-il d’un ton revêche.
Votre époux n’a pas pris la peine de vous prévenir que c’était obligatoire ? -
Si mais… »
Sa voix est coupée par le claquement sec du dossier que l’homme referme. Il ne l’écoute pas. Elle est en retard, est restée de long mois avec un statut de hors-la-loi et aucune excuse ne pourrait être valable. Elle baisse la tête, se mord les lèvres et ses doigts entortillent nerveusement le tissu de sa robe. On la fait ressortir de la pièce pour la conduire dans un petit couloir exigüe et encore une fois, sans rien lui dire, on la laisse là. Clea suppose qu’elle doit juste attendre que la porte à côté s’ouvre. Mais sur quoi ? Ou qui ? De très longues minutes puis une heure avant qu’un médecin en blouse blanche la fasse entrer. Clea s’est figée quelques instants, regardant la blouse avec angoisse. Et maintenant ? Au final, ce ne sont que des questions. Questions qui, encore une fois, lui posent des problèmes. Le médecin la presse, s’impatiente lorsque Clea prend trop de temps pour répondre. Il a le formulaire précédemment rempli par Clea sous les yeux, lui fait la même réflexion désagréable sur le retard de son recensement mais cette fois, la sorcière ne tente pas de dire quoi que ce soit, elle se contente juste de baisser les yeux pour regarder son ventre rond et ses mains. Il lui pose des questions sur les races de ses parents, questions auxquelles Clea répond avec précaution et réticence. Les médecins humains n’ont jamais inspiré de confiance à la sorcière, tous comme les scientifiques. Elle sait pertinemment que certains d’entre eux ne diront jamais non pour examiner des personnes comme elle, venant d’une autre dimension, faisait partie d’une espèce différente. Dieu seul sait ce que certains veulent en faire !
Retour dans le couloir. Longtemps, très longtemps. Debout, le dos appuyé contre le mur, Clea patiente presque trois heures. Trois heures ou personne ne vient lui dire quoi que ce soit, elle a bien essayé de poser une question mais la mine fermée de l’homme lui fait changer d’avis. Sont-ils tous ainsi ? Ou certains ont un tant soit peu de considération pour les personnes venant se faire recenser ? Ont-ils mis que des gens détestants les mutants et autres, manière de renforcer ce sentiment déjà cuisant d’humiliation ? Ou alors est-ce seulement pour les retardataires ? Stephen a-t-il eu droit à tous ces visages froids et ces manières brusques ? Une infirmière pas très grande, aux cheveux grisonnants finit par ouvrir la porte d’une énième salle pour la faire entrer. Les yeux verts de l’inconnue détaillent avec attention Clea, le regard s’arrêtant un peu trop longtemps sur son ventre. Sachant qu’elle le regrettera mais le faisant quand même, la blonde se met à écouter les pensées de l’infirmière et ce qu’elle y entend lui donne la nausée. La sorcière s’installe sur le tabouret, regardant avec hostilité les instruments médicaux posés sur un plateau stérile. Dans son dos, elle entend le claquement des gants stériles et Clea ferme les yeux avec force en récupérant ses cheveux pour dégager sa nuque. Elle se concentre pour penser à autre chose, elle a bien vu le petit scalpel, sait à quoi il va servir. Puis sans savoir si c’est de la provocation, de la pure méchanceté ou encore de la stupidité mais l’infirmière laisse échapper un :
«
Vous savez, des gens comme vous ne devraient pas avoir d’enfants, ce n’est pas raisonnable. »
Avec un naturel déconcertant. Ca fait sursauter Clea qui a un vif mouvement de recul, faisant tomber le petit plateau sur le sol dont le bruit surprend l’infirmière qui entaille la nuque de Clea au mauvais endroit. La blonde s’est relevée dans un bond et éloignée de la femme, les yeux écarquillés.
«
Regardez ce que vous avez fait ! Il va falloir tout stériliser à nouveau. »
Voilà la seule chose qui inquiète l’infirmière. Pas sa façon de traiter une personne vivante sans la moindre considération. Clea pose une main sur sa plaie qui continue à saigner et dont le rouge a tâché le col de sa robe. Elle regagne son tabouret, et seulement là, l’infirmière daigne nettoyer le sang pour reprendre sa tâche première : injecter la puce. Le couteau du scalpel appuie contre la peau de la nuque de Clea qui est complètement crispée. A mesure que l’infirmière incise plus profondément, les yeux de la blonde se remplissent de larmes qui dégoulinent rapidement le long de ses joues pâles. Elle ressent le petit objet qui est inséré dans sa chair. Le corps de Clea, absolument pas habitué au moindre corps étranger, n’aime pas ça. Tout comme sa magie qui frémit en sentant cette chose inhabituelle dans la nuque de Clea. La douleur est cuisante, la tête lui tourne et une violente nausée la prend. Elle a tout juste le temps d’attraper une bassine posée non loin avant de vomir le contenu de son estomac. Elle a cette foutue impression d’avoir perdu toute sa dignité, transformée en un vulgaire numéro de dossier, en des informations sur des formulaires. Jamais, jamais ils ne feront subir ça à ses enfants. Elle les tuera tous s’ils tentent de s’approcher d’eux, de les pucer comme de vulgaires animaux, de les humilier et les rabaisser. Qu’on tente de toucher à un seul de leurs cheveux et elle les massacrera. Elle, pourtant si douce, n’hésitera pas un seul instant à faire couler le sang alors que cette idée la répugne en temps normal. Pas après ça. Pas après ce qu’elle a vécu. Elle repose la bassine, s’approche de l’évier pour se rincer la bouche et se passer un peu d’eau sur le visage. Clea ne demande pas son reste, elle a sa puce dans la nuque et ils ont tout ce qu’ils voulaient. Sans même un au revoir, Clea sort en claquant la porte avec force.
La tête de Clea repose sur l’oreiller, ses paupières sont closes et sa poitrine se soulèvent au rythme lent de sa respiration. Son corps récupère à l’aide du sommeil d’un accouchement long et douloureux. Enfin la douleur, Clea n’y a pas réellement fait attention ; les douleurs de l’enfantement lui ont semblé plutôt futiles comparées à certaines causées par certains puissants maléfices. Mais ça a été long, très long. La sorcière ignorait à quoi s’attendre, elle n’avait pas d’expérience dans le domaine n’étant jamais tombée enceinte auparavant. Puis Clea ne s’était pas réellement posée de questions non plus, c’est après tout un processus naturel que ce soit pour une humaine ou une hybride pour elle ; la magie en plus. Oui car ce n’est pas un facteur à mettre de côté, bien au contraire ; la magie de Clea ayant été très instable tout au long de sa grossesse, manquant bien de réduire en cendres une partie de la ville de New-York, alors durant l’accouchement. Oh oui, celle-ci a fait un peu des siennes mais la blonde est parvenue à la maintenir le plus possible et c’est finalement ça qui a été le plus compliqué ; ne pas faire exploser quelque chose par inadvertance ou Dieu sait quoi d’autre ! Heureusement, Stephen a été là du début jusqu’à la fin, ne bougeant pas d’un pouce. Il a été là pour tenir la main de son épouse, caresser ses longs cheveux clairs et déposer des baisers sur sa tempe et ce, durant tout le long processus de la mise au monde des jumeaux Strange. Plus de douze heures, les douleurs l’ayant prise la veille. De nombreuses heures à serrer les dents sans jamais se plaindre une seule fois de la douleur ou de la fatigue. En toute honnêteté, elle s’est tout de même demandée à un moment si les jumeaux comptaient un jour ou non à naître car au bout de dix heures, elle commençait réellement à perdre un peu patience. Puis, finalement, c’est leur fils qui est né le premier suivi quelques minutes plus tard par sa soeur. Après trente-cinq ans de mariage, Stephen et Clea sont enfin parents et finalement, ces longues années à espérer, les mois d’attente et les heures de douleurs n’ont plus d’importance. Ils sont parents. Clea s’étire dans le lit, son corps est encore un peu endolori mais son métabolisme différent et plus rapide que ceux des humains fait qu’il n’a pas trop souffert de la grossesse et de l’accouchement. A vrai dire, quelques heures après la naissance, son corps est presque redevenu comme avant la grossesse. Les yeux de la sorcière s’entrouvrent ; un rayon de lumière filtre par l’interstice des rideaux qui ont été tirés pour leur permettre de se reposer, elle et les bébés. Les jumeaux reposent tous les deux dans un berceau, un peu plus loin. Clea se redresse sur le matelas, cherche des yeux le lit de ses enfants avant de repousser le drap pour se lever. Ses jambes sont un peu faiblardes mais après quelques pas, elles ont retrouvé de leur vigueur ; juste au moment où la sorcière se plante à côté du berceau. Les jumeaux sont profondément endormis, chacun emmitouflés dans une couverture en coton léger et seuls leurs bras dépassent ; ils se tiennent la main. Ca arrache un sourire attendri à Clea ; ils sont si petits. Pas aussi petits qu’elle avait pu se les imaginer ; ils ressemblent à n’importe quels bébés à terme mais pour la sorcière, ils sont minuscules. Délicatement, la mère prend le petit Charles entre ses bras pour le serrer doucement contre elle. Elle dépose un tendre baiser sur son front et observe d’un peu plus près le visage de son fils. Les jumeaux ne se ressemblent pas vraiment ; le jeune Charlie a hérité des cheveux clairs de sa mère tandis que Luna est aussi brune que son père. Si Clea les a vus adultes dans l’esprit de Donna, cela restait une image étrange tandis que maintenant… Maintenant tout est réel ; elle peut ressentir la magie qui émane de ses enfants, la sienne est déjà liée à celle de son époux mais elle est aujourd’hui également intrinsèquement liée à celles des jumeaux. Elle ne pensait pas qu’elle pourrait un jour avoir un tel lien avec quelqu’un d’autre que Stephen et pourtant… Du bout de son index, elle effleure le petit bout de nez de son garçon qu’il fronce très légèrement avant de bouger sa tête. Clea le dépose dans le lit pour pouvoir prendre à son tour Luna contre elle. Elle caresse les petits cheveux bruns de sa fille qui a les yeux mi-clos et dont on peut deviner la couleur bleue claire comme ceux de Clea et qui finissent par s’ouvrir complètement. Clea tire le rocking-chair près du berceau et s’installe, Luna toujours entre ses bras. Elle jette de temps à autre un coup d’oeil à Charles qui dort toujours à poing fermé puis reporte son attention sur le bébé éveillé contre elle. Elle se balance doucement dans le fauteuil, réajuste la couverture du bébé et resserre légèrement son étreinte autour de son petit corps. Elle sait déjà qu'elle ne pourra plus jamais vivre sans eux ; qu'elle donnera tout ce qu'elle pourra pour les protéger et leur permettre de grandir sereinement dans un monde qui n'a de cesse de s'obscurcir.
La vie est devenue si douce depuis la naissance des jumeaux, depuis que leurs enfants si attendus, si espérés, avaient enfin vu le jour. Clea est constamment sur son petit nuage, le même que son époux, celui qu’ils ne quittent pas. Combien d’heures la sorcière a-t-elle pu passer à regarder ses enfants dormir ? A les tenir étroitement contre elle ? Elle s’était souvent demandé ce qu’une mère pouvait ressentir, ce que signifiait ce si fameux amour maternel et que la blonde n’a jamais connu, privée d’une présence maternelle. Elle avait douté, oui, c’est vrai, douté de pouvoir les aimer comme il se doit, de s’occuper correctement d’eux. Pourtant, tous ses doutes avaient été balayés au moment où elle avait finalement pu tenir son fils et sa fille dans ses bras ; lorsque cette vague déferlante l’avait submergée. Dieu qu’elle les aime ! Elle aime les boucles sombres qui recouvrent la petite tête de Luna et qui ressemble tant à son père. Elle aime le petit sourire de Charles. Elle aime s’asseoir là, près du berceau dans lequel ils dorment et les regarder amoureusement ; elle peut y passer des journées entières, juste veiller sur leur sommeil si précieux. Ils se retrouvent tous grisés par la venue des petits, par leur présence. Que ce soit les jeunes parents ou Wong, tous en oublient le monde qui les entoure. Clea en a oublié la guerre qui fait rage dans sa dimension d’origine, des ennemis qui pourraient surgir d’un moment à l’autre. Personne n’y pense. Pas même Stephen. Leur garde s’est baissée et c’est probablement la pire erreur qu’ils aient pu faire.
Elle se retrouve seule avec Wong, tous deux sont dans la cuisine. La discussion est légère, c’est un matin comme les autres. Clea a tout juste le temps d’entendre le rire glaçant de son oncle et de faire volte-face pour se retrouver nez-à-nez avec Dormammu. Il guettait un instant de faiblesse. Un moment où ni Strange, ni Clea ne seraient prêts à l’affronter. La blonde ne réfléchit pas, il ne peut pas rester ici, elle ne peut pas le laisser faire du mal à sa famille. Pas une seconde d’hésitation, elle fait ce qu’elle doit faire. Ce n’est pas même du courage, juste de la clairvoyance. La sorcière se jette sur Dormammu et les fait tous deux tomber à l’intérieur du portail qu’elle prend soin de refermer derrière eux. Ils chutent dans le vide, les magies s’entrechoquent, les sorts fusent sans que rien ne semble venir les départager. Ils ont tous les deux une rage violente mais des motivations différentes. Clea s’est cachée pendant de longs mois, n’a finalement fait que retarder l’inévitable, cet affrontement devait finir par avoir lieu. Et elle était prête. Prête à ne pas lâcher le morceau, pas maintenant qu’elle a deux fois plus à perdre. Il ne s’y attendait pas. Comment aurait-il pu imaginer qu’elle ferait preuve d’autant de hargne, surtout en la prenant par surprise ? Clea domine, elle peut l’emporter, elle le sait, l’écraser comme un vulgaire insecte. Jusqu’à ce qu’un faisceau magique viennent la heurter de plein fouet au visage. Le choc est d’une violence inouïe, son corps est projeté en arrière, vient s’écraser contre la roche. Echec cuisant.
Sa tête lui donne l’impression qu’elle va exploser. Ses paupières s’ouvrent difficilement et alors qu’elle tente de reprendre ses esprits, Clea se redresse brusquement. Une nausée la prend, elle retombe sur le sol glacé. Sa poitrine se soulève douloureusement, se os seraient-ils tous brisés ? La douleur est si vive qu’elle lui coupe presque le souffle. Lentement, elle s’assied, observe les murs qui l’entourent. De la pierre. Pas d’ouvertures. Ni porte ni fenêtre. La blonde se souvient de tout, il faut qu’elle parte d’ici. Rien ne marche. Impossible de se téléporter, elle a beau se concentrer, rien n’y fait. Utiliser sa forme astrale ? Cette dernière se heurte aux murs qui semblent infranchissable. La panique la prend. Elle voudrait déchainer toute sa magie mais ses sorts se répercutent tous contre les cloisons de sa prison, pire encore, ces dernières semblent les absorber comme la terre absorbe l’eau. Clea s’acharne après tout, n’est-elle pas à demi faltine ? Elle peut continuer longtemps. Des siècles s’il le faut. C’est ce qu’elle croit. Elle ne l’a pas perçu, ce picotement à la base de sa nuque qui descend le long de sa colonne vertébrale mais à mesure qu’elle use de sa magie, ses forces s’affaiblissent, son énergie mystique s’amenuise. Combien de temps passe la sorcière à tenter de faire exploser sa prison ? Des heures ? Des jours ? Deux, à peine. Deux jours avant qu’elle ne tombe à genou, son énergie drainée. Sa magie ne se recharge pas. Pire encore, celle-ci ne cesse d’être pompée en permanence. Son essence même s’envole, elle est vraiment foutue, hein ? Le piège parfait. Hermétique à la magie. Personne ne pourra la retrouver. Pas même Stephen. Elle se laisse glisser sur le sol, ramène ses jambes contre sa poitrine et enfouie son visage baigné de larmes contre ses genoux.
Un hurlement résonne dans son crâne, lui vrille les tympans et lui déchire le coeur. Clea sursaute, ouvre grands les yeux et regarde autour d’elle. Elle est seule mais cette voix… Elle l’entend si nettement, comme s’il se trouvait juste à côté d’elle. La blonde murmure son prénom, porte une main contre son coeur qui lui fait si mal. Il continue de hurler, des larmes dégoulinent le long de ses joues et elle se précipite contre l’un des murs pour venir le cogner de ses poings. Clea frappe de toutes ses forces, crie à s’en déchirer la voix mais elle s’en fiche. Elle veut sortir. Elle voudrait qu’il l’entende mais sa voix résonne dans le vide ; il ne peut pas l’entendre. Personne ne le peut. Tant pis. Elle continue jusqu’à réduire ses mains en sang, jusqu’à ce que le mur ne soit maculé de pourpre. La douleur de Stephen est insupportable, elle lui brûle les entrailles, lui détruit le coeur et elle n’y peut rien. La sorcière aura beau pleurer, cogner et crier, il ne percevra rien. Il sera seul. Mais elle…Elle elle devra subir tout ça. Elle devra ressentir ce qu’il ressent avec exactitude, elle entendra ses sanglots, ceux de leurs enfants. Clea appuie son dos contre le mur ensanglanté, elle se recroqueville, ses mains plaquées contre ses oreilles. Elle préfèrerait mourir plutôt que de devoir subir ça.
Son estomac se retourne, si Clea pouvait vomir, c’est exactement ce qu’elle ferait. Mais son ventre ne contient plus rien et c’est une nausée épouvantable qui la suit ; alors même qu’elle n’a ingurgité aucun alcool. Elle prend de grandes inspirations, l’air lui manque. Il boit. Elle le sait. Il est retombé dans ce vice, par sa faute. Parce qu’elle est incapable de s’enfuir, incapable de faire parvenir le moindre signe de vie à son époux. Elle le fait souffrir. Les fait tous souffrir. Blottie dans le creux de sa main, elle serre avec force son alliance, la caresse du bout de ses doigts tremblants. Elle aimerait tenir ses enfants entre ses bras, les rassurer. Ils ont peur, sont perdus et malgré leur tout jeune âge, ont une certaine compréhension du monde qui les entoure. Clea ne les tiendra plus jamais contre elle, ne les verra jamais grandir et ne sera pas même un vague souvenir dans l’esprit de ses enfants. Elle ne sentira plus Stephen venir se blottir tout contre elle la nuit, ses bras l’enserrant étroitement et son visage caché dans le creux de son cou. Forcée de ressentir ce qu’ils ressentiront, l’éternité va être un cauchemar.
Clea est recroquevillée sur le sol, ses jambes ramenées contre elle et ses bras les entourants. Ses longs cheveux argentés masquent son visage marqué par la fatigue. Pourtant, ce n’est pas même de la fatigue physique mais plus un épuisement mental, émotionnel. Elle n’en peut plus d’entendre ceux qu’elle aime sans pouvoir faire quoi que ce soit. C’est comme si elle était avec eux sans l’être et c’est probablement la pire de toutes les tortures imaginables. Oh si elle pouvait… Elle se laisserait mourir. Mais même ça, sa prison l’en empêche. Bien qu’elle n’ait pas été alimentée depuis le début de sa captivité, son corps n’en ressent pas les effets ; la pièce la maintiendra en vie jusqu’à la fin des temps. Condamner à vivre. Clea ignore comment elle a fait pour ne pas être devenue folle, peut-être finira-t-elle par le devenir au fil du temps. Ou alors réussira-t-elle à se fermer à tout ça ? Elle a essayé mais elle ne peut pas même trouver le sommeil en cette prison. Alors Clea reste là, à caresser son alliance dans le creux de sa main. Tout est silencieux, serait-ce la nuit ? Peut-être. Les nuits ne sont pas beaucoup plus calmes que les jours et rien dans sa prison ne lui laisse une quelconque façon du rythme des journées. Pas un soupirail pour laisser filtre la moindre lumière. L’univers tout entier pourrait avoir péri, Clea serait toujours là, à ne se douter de rien.
«
Debout. »
La voix brise le silence, se répercute contre les murs nus et la blonde sursaute brusquement avant de redresser la tête. Ce n’est pas Stephen, c’est une voix féminine, qui ne résonne pas dans son esprit, quelqu’un est là, avec elle. Elle sait qui. Ses yeux se posent sur une silhouette aux longs cheveux sombres, dans l’entrebâillement d’une porte soudainement apparue de nulle part.Que fait-elle ici ? Pourquoi vient-elle la sortir ? Serait-ce un piège ? Jamais Umar n’a voulu du bien à sa fille alors pourquoi un tel revirement de situation ? La blonde ne bouge pas, reste sur le sol à l’observer avec méfiance. Umar pousse un soupir exaspéré, pénètre dans la geôle afin d’attraper Clea par le bras et le forcer à se redresser.
«
Tu préfères peut-être rester ici à pourrir jusqu’à la fin des temps ? La secoue la brune.
-
Je... Non. Je ne comprends juste pas pourquoi venir m’aider. -
J’ai encore un peu de considération pour mon sang et bien que je n’aime pas ton humain de mari, je préfère te renvoyer là-bas. Maintenant dépêche-toi. »
Elle n’en dira pas plus. Mère et fille ne se sont jamais entendues, se sont affrontées à plusieurs reprises alors en voir une aider l’autre… Clea jette un coup d’oeil à l’ouverture, c’est probablement son unique chance de s’enfuir d’ici, de quitter enfin cette prison avant de perdre la raison. Si c’est réellement un piège ? Eh bien la sorcière en est prête à en découdre encore une fois. Ce ne sera ni la première, ni la dernière. Ses yeux parcourent rapidement la pièce, comme si elle voulait s’assurer de ne rien oublier et ce même si elle a conscience que c’est parfaitement idiot. Umar passe devant, suivie de près par Clea qui n’a qu’une seule hâte, pouvoir enfin retrouver sa famille. Mais a peine a-t-elle franchi le seuil de la prison qu’une effroyable douleur la frappe en plein visage. La main d’Umar vient se plaquer sur les lèvres de sa fille afin d’étouffer un hurlement naissant et l’attire dans l’ombre. Tout le corps de Clea croule sous la douleur, la fatigue, le manque de magie. Ses mains sont plaquées contre ses yeux, un liquide brûlant et poisseux dégouline le long de ses joues tandis que la douleur ne cesse d’empirer au fil des secondes.
«
Que croyais-tu ? Murmure Umar à l’oreille de sa fille.
Tu as été touchée par un Incérébré avant d’être emprisonnée, remercie ton sang faltine d’être en vie. »
Après s’être assurée que Clea ne ferait pas de bruit, la faltine la relâche, fait apparaître un bandage qu’elle enserre autour de la tête de la blonde pour retenir le sang qui coule de ses yeux meurtris. Le corps de la sorcière est à l’agonie, il ressent maintenant les effets de plusieurs semaines sans dormir, manger et surtout, d’avoir vu sa magie drainée en permanence. Elle va ouvrir la bouche mais n’en a pas l’occasion, Clea se fait pousser à l’intérieur d’un portail créé par Umar. L’instant d’après, son corps heurte sèchement le bitume glacial de New-York. La blonde reste là, sonnée, pendant plusieurs instant avant de se mettre à trembler comme une feuille. Où est-elle ? Quel jour est-ce ? Pourquoi ne peut-elle pas utiliser ses pouvoirs ? Elle a beau essayer d’utiliser sa télépathie, sa voix résonne dans le vide. Incapable de se téléporter. Clea se redresse, l’endroit où elle se trouve est calme, sûrement pas une rue passante. Les bras tendus devant elle, elle avance à l’aveugle, se prend les pied dans un trottoir défoncé pour définir par terre. Ses membres n’arrêtent pas de trembler, le froid la tétanise et elle parvient à s’appuyer contre ce qui semble être le mur d’un immeuble. Elle cache son visage dans ses mains, le bandage est imbibé de sang et la douleur est atroce, comme si on lui avait arraché les yeux, lancé de l’acide en plein visage. Et maintenant ? Elle est si proche de son but et pourtant elle a l’impression qu’elle n’y parviendra jamais.
Il lui faudra l'aide d'une ancienne connaissance sorcière pour que Clea s'en sorte. Fruit du hasard, si Korra n'était pas dans l'immeuble à côté d'où se trouvait la sorcière, elle ne s'en serait sûrement pas sortie. Durant deux longues semaines, la blonde resta dans un état instable ; dévorée par la fièvre et plus près de la mort que de la vie par instant. Dénuée de sa magie, elle cru vraiment sa dernière heure venir mais grâce aux efforts et soins de la grecque, Clea s'en sortit avec juste de vilaines cicatrices autour de ses yeux.
Les cicatrices autour de ses yeux ont fini par s’estomper avec le temps, tout comme sa vue et sa magie sont revenues de façon progressive. Si on lui pose la question, Clea répondra que ces quelques semaines emprisonnées dans la Dark Dimension sont les pires de toute sa vie ; jamais elle ne s’est sentie aussi impuissante face au désespoir déchirant de son mari et de ses enfants. Les retrouver aura été comme une résurrection bien que le nouveau quotidien qui s’en est suivi ne fut pas des plus agréables non plus, ne pouvoir ni voir ni pratiquement pas utiliser sa magie n’a pas plus à Clea. Même si elle savait que c’était temporaire, elle ne pouvait s’inquiéter à l’idée de ne jamais redevenir comme avant. Sans compter les nombreux cauchemars qui se sont faits de plus en plus fréquents après sa libération, pas d’images, juste des sons. Notamment la voix de Stephen. Elle ne lui en a jamais parlé, a préféré taire les détails de son temps en détention pour ne pas le faire souffrir ; cette période a suffisamment été douloureuse pour lui, pas la peine d’en rajouter. Alors elle a gardé le silence, s’en est seulement confiée à Wong.
Les jours reprennent leur cours, le calme et l’apaisement sont revenus dans le Sanctum bien qu’une certaine angoisse planera toujours. L’enlèvement de Clea aura au moins permis au couple Strange de descendre de leur petit nuage et retrouver le sens des réalités. Juste pour ne pas oublier qu’ils ne sont pas une famille ordinaire avec des soucis quotidiens que rencontrent les familles terriennes lambdas. Mais ils s’en tirent plutôt bien, avec des jumeaux qui grandissent deux fois plus vite que les autres petits humains et surtout, qui ont une fâcheuse tendance à utiliser leurs pouvoirs. Loin de les maitriser, il n’est pas rare de retrouver l’un des enfants Strange dans un des placards, s’étant malencontreusement téléporté au mauvais endroit ou d’en voir un flotter dans l’air parce que c’est clairement moins fatiguant de voler plutôt que de marcher (ça c’est surtout Charles). Ils sont drôles et plein de vie mais différent l’un de l’autre. Luna elle mène, prend les décisions et a un fort caractère. Charles il est calme, un peu flemmard sur les bords mais trouvera toujours les idées de sa jumelle brillantes. Ils s’intègrent parfaitement dans le tableau d’une famille extraordinaire.