Poor — PES is here :)

"Les paroles sages tombent quelques fois dans l'oreille d'un sourd ; mais un mot gentil n'est jamais perdu. " Arthur Helps

C'est donc par ici que je dois parler de moi si je comprends bien. Mon histoire est longue, très longue, alors je ne vais pas tout vous dire, ce ne serait pas drôle sinon. Voici un petit résumé, quelques morceaux choisis de mon existence, j'espère que vous apprécierais la lecture en tout cas, parce que ce sont les événements qui m'ont forgés, qui ont fait ce que je suis aujourd'hui, une vieille femme aussi belle qu'au temps de sa jeunesse, et qui a encore des choses à faire dans ce monde, croyez moi.

Je suis donc née le 2 septembre 1888 à Naples en Italie, c'est ma ville de naissance, ma ville d'origine, celle qui tient une place bien particulière dans mon coeur, celle où j'ai peut être vécue des heures si belles, mais aussi des heures si sombres. Il n'est pas rare que j'y revienne de temps en temps, mais durant les 70 premières années de ma vie, je suis souvent restée là-bas, comme si je n'arrivais pas à me détacher de cette ville, et puis, mes parents sont morts, je ne me suis jamais mariée, mes amis ont vieillis, et moi je ne vieillissais pas, je ne pouvais pas rester indéfiniment, je ne pouvais pas. A cette époque, je n'étais pas encore Poor Estell Sirius, mais Simonia D'Alessandro. C'est ma véritable identité, celle que personne ne connait aujourd'hui, ou presque, celle que je n'ai révélé qu'à d'intime collaborateurs à l'Institut. Je préfère largement que mon passé reste mystérieux, parce que je ne suis pas forcément fière de ce que j'ai pu faire à cette époque. Je vois bien que vous voulez en savoir plus alors je vais vous en parler.

J'étais une petite fille comme une autre dans cette Italie réunifiée de la fin du 19ème siècle. Je faisais tout ce que les jeunes femmes de mon époque pouvaient faire. Ma mère était professeur de français et mon père était professeur d'italien. J'ai donc appris ces deux langues sans m'en rendre compte, puisque ma mère me parlait souvent français, et mon père le plus souvent italien. C'était une capacité rare que je possédais, surtout à cette époque. J'ai donc grandi avec ceci, sans me rendre compte d'autres choses. En effet, contrairement aux autres enfants de mon âge, je ne tombais jamais malade, je ne me faisais jamais mal, je ne me suis jamais rien cassée par exemple. Je me disais que j'avais de la chance mais la chance n'avait rien à voir la dedans. Je l'ai découvert un peu par hasard, tout du moins, j'ai eu de la chance, parce que si j'avais été une jeune femme normale, je ne serais plus là pour vous raconter cela. Je veux dire par là, que je serais morte alors que je n'avais qu'une quinzaine d'année. Nous étions en été, je me disputais dans ma chambre qui se trouvais au 1er étage avec une amie. La fenêtre était ouverte, et la dispute était grande. Sans le vouloir mon ami m'a poussé et je suis passé par la fenêtre, tombant la tête la première sur le sol. La chute aurait dû mettre fatale, je le sais bien, mais je me suis relevée sans avoir quoi que ce soit ou presque. Ma colonne vertébrale avait subit un choc terrible, mais tout allait bien pour moi. Je n'ai pas compris ce qui s'est passé ce jour là, du moins pas totalement. Ce n'est que plus tard que j'ai compris que je n'étais pas normale, que j'étais spéciale. Mon amie qui n'est plus parmi nous à présent fut l'une des gardiennes de ce secret. Je ne savais pas comment je pouvais l'appeler à l'époque, je me pensais immortelle, ou quelques choses dans ce genre là. Les avancées de la médecine et les connaissances dans ce domaine n'étaient pas assez grandes pour que je puisse comprendre. Plus je grandissais, plus je me rendais compte que je gardais une forme physique merveilleuse. A trente ans, j'en paraissais encore vingt. Et ainsi de suite suivant les années. Non seulement, il semblerait que je sois immortelle, mais en plus, je ne vieillissais pas comme les autres. Immortelle, gardant une jeunesse éternelle, voilà ce que j'avais en moi, je ne saurais dire à l'époque si je considérais cela comme un don ou une malédiction. La première guerre mondiale éclata alors, ce fut une guerre terrible. J'étais alors professeur d'histoire dans un collège de Naples. L'histoire avait toujours été un domaine que j'appréciais explorer. Je ne me doutais pas que je la traverserais avec un vécu aussi riche cependant mais ma foi, quand je parle de certains événements, je sais vraiment de quoi je parle puisque je les ai vécus. C'est après la première guerre mondiale que je me suis éloignée de Naples pour la première fois. Je gardais des contacts avec ma famille là-bas, mais j'étais à présent à Rome. Je n'étais plus exactement professeur d'histoire, mais conservatrice dans une grande librairie contenant de très vieux écrits. Cela dura plusieurs années, avant que l'on ne m'arrête pour falsification de certificat de naissance. Nous étions en 1934, j'étais née en 1888, et je ne faisais pas mon âge, pas le moins du monde. On se demandait d'ailleurs pourquoi je voulais me faire passer pour plus vieille que je ne l'étais vraiment. Les gens ne comprenaient pas. Comment leur expliquer ce que j'étais vraiment ? Ils penseraient sans doute à tord que j'étais un monstre. Pourtant, à ce moment là de mon existence, je ne savais pas très bien où j'en étais. J'avais fait pour ainsi dire des tentatives de suicide. Je m'étais jetée du haut de ma maison, qui comportait deux étages, une chute normalement mortelle ou en tout cas, qui devrait laisser des séquelles mais ce n'était pas le cas. Si la douleur était bien présente, mes membres se régénéraient en quelques minutes. Je me suis coupé le petit doigt de la main, mais celui-ci a repoussé en quelques minutes. Ma vie ne pourrait donc jamais prendre fin, jamais. Mais qu'est ce que je pouvais y faire ? C'est à ce moment là que j'ai décidé d'apprendre à me battre. Si je ne pouvais pas mourir, peut être que ma vie pourrait prendre un autre sens.

Je décidais donc de revenir à Naples à l'opposé de là où j'avais pu grandir. Je m'appelais toujours Simonia D'Alessandro, mais je n'étais plus née en 1888, mais en 1919, j'avais donc officiellement une vingtaine d'année quand la deuxième guerre mondiale a éclatée. Consciente de mes capacités, j'ai joué un rôle à mon niveau dans cette guerre, faisant partie de cette résistance au fascisme et au nazisme. Je ne sais pas si vous avez entendu parler des " Quatre journées de Naples " mais j'ai fait partie de ces leaders de l'ombre durant ces journées. J'ai perdu des amis durant ces jours là mais nous avions réussi à mettre l'armée en déroute. C'est à partir de ce moment là que mon histoire avec l'Italie et Naples en particulier s'est inscrite en pointillée. Parlant bien le français, je suis partie de la ville début octobre 1943. Si j'avais commencé à tuer des ennemis, des allemands, certains compatriotes, j'allais poursuivre cela en aidant les français à résister à l'oppression. Plusieurs fois, je me suis pris des balles, plusieurs fois, j'ai eu mal, mais j'ai lutté farouchement, j'ai survécu contre toutes les attentes de mes ennemis et j'en ai tué, beaucoup, trop peut être. Je n'en suis pas forcément fière, mais j'ai pris le goût du sang. C'est une période sombre de mon histoire qui s'est alors déroulé. Partout où il y avait des conflits je me suis déplacée pour lutter auprès de ceux qui le méritait. J'ai joué un rôle de mercenaire pour ainsi dire durant des années, sans forcément monnayer très fortement mes services au delà d'un peu de nourritures et de vêtements. Et tout cela s'est achevé avec la chute du mur de Berlin en 1991. J'étais là ce jour là. Ce que j'ai vu m'a fait comprendre que je ne pouvais plus vivre de la sorte. Je n'avais plus rien à voir avec la jeune femme que j'avais pu être à ma naissance. J'étais une âme errante, sans de véritable but. J'ai alors entendu parler de personnes qui semblaient être comme moi. Ne me demandait pas comment j'ai su cela, c'était comme si une voix dans ma tête me disait de partir d'ici, d'aller là-bas, comme aimanté en direction de New York. J'avais traversée tellement de choses, j'étais une âme à reconstruire. Et c'est à l'Institut du Professeur Charles Xavier que j'ai réussi à faire ceci, à m'apaiser avec moi-même.

Après des mois de remise en questions, des mois de doutes sur moi-même, j'ai réussi à trouver une nouvelle famille qui saurait m'apprécier à ma juste valeur. J'ai alors décidé de revenir à mes fondamentaux. Je suis redevenue professeur d'histoire à l'Institut pour les plus jeunes. Quand je leur dis mon âge, bien souvent, ils ont du mal à me croire, mais ayant été active dans certains événements, on peut me voir en photo, sur certains vidéos d'époque. Durant la première guerre mondiale, on peut me voir avec des soldats, pareil durant la seconde guerre mondiale, en Algérie et dans bien d'autres endroits du globe où il y a eu une guerre. Ils n'en croient pas leur yeux, et moi, j'ai un petit sourire espiègle, un sourire que j'avais perdu durant plusieurs décennies, durant ma descente aux enfers, une descente que je n'avais pas vraiment programmée mais qui s'était faite bien malgré moi. Mais on m'avait trouvé, on m'avait sauvé. Depuis maintenant plus de vingts ans, je suis resté ici, à l'Institut, aidant du mieux que je pouvais dans mes domaines de compétences, parce que oui, à travers le temps, j'ai appris bien plus qu'une simple histoire. Si à la base, je savais parler italien et français, j'ai aussi appris l'anglais et l'allemand. J'ai appris plusieurs formes de combat, comme le judo et le karaté. Je sais aussi très bien me servir d'épée, de fleuret et d'autres objets se rapprochant de cela. Si à la base je m'appelais Simonia D'Alessandro, cette identité là n'existe plus, je suis officiellement morte à Berlin en 1991 à l'âge de 103 ans, une belle vie en somme. J'ai donc opté pour un autre nom : Poor Estell Sirius. Si vous cherchez entre les lignes, vous comprendrez peut être le pourquoi de ce choix, mais je vous laisse deviner bien entendu sinon ce ne serait pas drôle. Cela fait donc 24 ans que je m'appelle ainsi, ici à New York. Mais pour ne pas perdre mes racines, mon nom de code reste Simonia, comme pour me rappeler de là où je viens, comme pour me dire, que peut être un jour j'y retournerais pour de bon, pour voir ce que ma ville est devenue, pour voir la déchéance, ou pour simplement me rappeler de vieux souvenirs encore intact dans ma mémoire. Nous sommes à présent en 2015, en fin d'année qui sait ce que l'avenir nous réservera ?