Ever wonder if it's all for you - ft. Wells & Gaby

Ever wonder if it's all for you

Gabrielle Chapman ∞ Maxwell Chapman ∞ Milo Stevenson

Je regardais le paysage urbain avec une passivité proche de l’ennui. Pourtant, grâce au Parti Collectif, le premier pas vers des rues sécurisées était réalisé. Le Registration Act était passé. Enfin. Le premier pas vers la reconnaissance d’une cause juste qu’il faut écouter, suivre, embrassé. Cependant, comme on aurait pu s’y attendre de la part des mutants et autres optimisés, les choses ne se faisaient pas en douceur. Ce n’était jamais le cas avec eux. C’était à se demander si nous ne vivions pas côte à côte avec des sauvages n’attendant qu’une simple excuse pour se perdre dans la violence. Cette loi avait beaucoup fait parler d’elle à l’époque, c’était toujours le cas aujourd’hui. Mais plus pour les mêmes raisons.

Je retirai mes lunettes de lecture et me massai l’arête du nez. Je m’en étais douté mais depuis que cette loi était passée, j’étais sollicité de toute part. En tant que vice-président, je dois m’occuper des interviews que Scarlett ne peut pas gérer. Et sur chaque plateau sur lequel je me rendais, à chaque fois qu’une caméra se braquait sur moi, je devais surveiller mon langage. La moindre faute, le moindre cafouillage et je pouvais faire une mauvaise publicité au parti. Je devais juste tendre vers l’excellence et espérer que ce soit assez. Déjà, les libéraux et certains mutants nous taxaient à tords de nazis, les réactions se faisaient violent par endroit et ce matin j’ai tout juste réussit à éviter un combat en direct sur un plateau télévisé. Le cadreur était un mutant et n’a pas aimé certain de mes propos. Au vu de ce qu’il a fait à la table, je ne regrette pas d’avoir gardé quelques bons réflexes du temps où j’avais appris à me battre pour me défendre contre Wells.

Et j’étais fatigué. Vraiment fatigué. Les choses étaient tendues en ce moment dans le quartier où je vis. Encore des retombés de cette loi. Pourtant, je reste intimement convaincu que ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Avec le système de gestion des puces, les forces de l’ordre allaient être en mesure d’identifier des gros rassemblent de mutants, ce qui peut potentiellement être à risque ou simplement de savoir quand ils ont affaire à un mutant. Rien que cela sauvera la vie de beaucoup d’officiers de police. Je n’en doute pas un seul instant. Il fallait juste leur laisser le temps de faire passer la pilule. Bientôt la poussière soulevée par tout ce ramdam allait retomber et plus personne n’y pensera.

Je relevai la tête sous le bruit assourdissant des klaxons. A cette heure-ci, qu’espérais-je au juste ? Bien sûr que l’avenue allait être bouchée. Je sortis mon portefeuille, remis mes lunettes et lançai un billet au conducteur du taxi. « Ça ira comme ça. Merci pour la course. Gardez la monnaie. » Et je sortis du véhicule. En ce froid mois de décembre, j’ajustai ma veste en soufflant sous le froid. Je rejoignis le trottoir et me mit en marche. J’étais presque arrivé de toute manière.

Aujourd’hui, je devais retrouver ma fille au restaurant. Elle m’avait invité à manger et c’était avec plaisir que j’avais accepté de passer la soirée avec elle. Depuis quelques années je trouve qu’on ne se voit plus beaucoup. Et comme je sais que Zach est toujours fort présent dans ses pensées, j’aimerais être plus souvent là pour elle. Encore aujourd’hui, j’ai constamment peur d’avoir un appel de l’hôpital pour m’annoncer qu’elle était à nouveau entre la vie et la mort. Je ne laisserais plus ce genre de choses arriver. Jamais. Je soufflai dans mes mains transies de froid avant de rentrer dans le restaurant où nous avions rendez-vous. J’annonçai le nom de la réservation. Bien, j’étais le premier arrivé. Je ne la ferais pas attendre comme cela et j’aurais un peu le temps de me réchauffer. J’allai donc m’installer et commandais une bouteille de vin. J’eu un moment de blanc face à la table à trois couvert mais peut-être voulait-elle me présenter quelqu’un qui est important pour elle ce soir… Ça devait probablement être quelque chose du genre…

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Maxwell Chapman ∞ Gabrielle Chapman ∞ Milo Stevenson

Emmitouflé dans mon long pardessus et l'écharpe remontée jusqu'au nez, je progressais dans les rues de Manhattan. Je sortis une de mes main de la chaleur réconfortante de ma poche pour jeter un œil à l'heure. Je laissais échapper un juron en constatant mon retard. Ma main retourna rapidement dans son entre chaleureuse alors que j'accélérais le pas. S'il y avait bien un rendez vous que je ne voulais pas manquer, c'était celui là.

Mais la vie étant ce qu'elle est, il avait bien sur fallut que je sois retenus à la galerie. Une rencontre fortuite avec un de nos plus généreux mécène, je n'avais pas pu lui refuser un entretien. Et pourtant, j'en avais eu envie. Je n'aimais pas faire attendre Gabrielle. En fait, je n'aimais faire attendre personne. La ponctualité avait toujours été une valeur importante pour moi.

Je tentais donc d'accélérer le pas autant que les plaques de verglas et la neige ne me le permettait. La route était glissante et le restaurant ou ma fille m'attendais n'était pas très loin de ma galerie. Y aller à pied avait été le choix logique. La prochaine fois, j'y réfléchirais à deux fois.

Quelques minutes plus tard – et autant de regard noirs au piétons qui me ralentissaient- j'étais devant le restaurant. Un léger sourire flotta sur mon visage alors que je tapais brièvement mes pieds sur le sol pour défaire la neige qui s'était accrochée à mes chaussures.

Je poussais la porte et enlevais mon écharpe alors que j'annonçais le nom de la réservation -mon nom. Un bref regard à la salle me permit cependant de voir que Gabi m'attendait déjà. Et qu'elle était accompagnée... J'aurais reconnu cette stature entre mille, c'était Miles.

Bien sur, elle l'avait invité aussi. Ce n'était pas la première fois qu'elle tentais de nous rabibocher, lui et moi. Et si je comprenais tout à fait les raisons qui la poussait à essayer, je sentis cependant mon cœur se serrer doucement. Je n'avais encore jamais eu le cœur de lui dire que je ne pensais pas me remettre un jour avec son père. Et je ne pense pas que j'en aurais jamais le courage... Gabi semblait si fragile depuis l'accident de son frère... Je ne pouvais rien lui refuser.

Mais j'étais loin d'avoir particulièrement envie de passer une soirée en compagnie des grands yeux tristes de mon ex-mari. Aussi m’apprêtais-je à faire rapidement demi tour -il serait toujours temps de passer un coup de fil et de prétendre à un urgence au travail une fois dehors- quand mon regard s'accrocha au sien.

Je retins de justesse mon mouvement et fis glisser un sourire sur mon visage. Je me débarrassais rapidement de mon pardessus et de mon écharpe avant d'aller finalement les rejoindre. Il était définitivement facile de me faire flancher quand cela concernait le bonheur de ma fille...

C'est donc toujours avec un sourire au lèvres que je pris place à leur coté juste après avoir brièvement étreint Gabrielle.

« Excuse moi pour le retard ma puce, j'ai été retenu à la galerie. »

Je me tournais vers celui qui avait été l'homme de ma vie alors que je m'installais à table.

« Je vois que tu as invité Milo aussi. Quelle bonne surprise. »

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« Je suis tellement heureuse de te voir Milou, j'espère que notre invité ne tardera pas trop avec ces conditions de circulation déplorable, mais bon, c'est l'hiver. » Un sourire illumine mon visage alors que je tourne le regard vers ma fille. Je me levais pour l’étreindre, content de la voir. D’autant plus que nous avions une victoire à fêter aujourd’hui. Le Registration Act était passé. Un pas de plus fait la sécurité dans les rues de New-York. Un pas de plus pour que plus aucune famille n’ait à vivre ce que nous avons vécus à cause des plus-qu’humains.

Alors que nous nous séparions, je ne pus m’empêcher d’aller cueillir un flocon de neige qui était toujours présent dans ses cheveux. Il n’y avait aucun doute, l’hiver était arrivé. « Je suis content de te voir aussi ma puce. Cela fait du bien de se retrouver un peu en famille. » Enfin, pas totalement mais ce n’est pas comme si quoi que ce soit était encore possible entre Wells et moi. Donc c’était un peu ce que je pouvais espérer de plus complet comme réunion de famille.

J’allais me rasseoir quand je remarquai que le regard de Gaby s’était projeté vers l’entrée. Le fameux invité mystère ? Je me retournai pour voir mon ex-mari arriver. Je ne pus m’empêcher de me mordre la lèvre, profitant du fait que ma fille ne voyait pas mon visage en ce moment. Bien sûr. J’aurais dû m’en douter. Un jour, il faudrait que j’aie une conversation avec elle à ce sujet. J’aime toujours Maxwell mais ce n’est plus possible entre nous. Il y a trop de douleur, trop de souvenirs. Zach lui aurait sans doute ressemblé s’il avait eu le temps d’atteindre cet âge-là.

Je fermai un bref instant les yeux. Ce n’était pas le moment d’être sentimental. Mais cela faisait longtemps que je n’avais pas vu Wells. Et si lorsque nous nous croisions par hasard une fois par semaine, le fantôme de notre fils était supportable, lorsque cela faisait longtemps, c’était presque comme se prendre une claque en plein visage. Avant que je n’aie le temps de le réaliser, il était déjà juste à côté de nous. « Excuse-moi pour le retard ma puce, j'ai été retenu à la galerie. »

Sa classe me sidérait à chaque fois. Je me souvenais du nombre de fois où j’avais ralenti en rue, juste pour pouvoir l’observer marcher lorsque nous étions plus jeune. Il avait cette démarche qui exultait de confiance en lui et d’élégance. Il avait toujours eu un petit côté british que j’avais toujours aimé. Et puis ses f… Non, là je m’égare… Reprends-toi Milo… Bordel de Dieu… « Je vois que tu as invité Milo aussi. Quelle bonne surprise. » Comme toujours, le timbre de sa voix me fit vibrer. Il avait toujours eu cette manière bien particulière de dire mon prénom.

Je me contentai d’hocher la tête avec un léger sourire. Le voir aussi magnifique, c’était douloureux. Parce que si j’étais heureux de le voir, je savais que je ne saurais pas faire réellement le deuil de Zachary à ses côtés. « Je ne m’attendais pas à te voir non plus Maxwell. » Je ne fis pas mention de si c’était une bonne surprise ou non. Je n’aimais pas mentir à ma famille. Et quoi que je dise, Wells sera toujours l’homme de ma vie, toujours de ma famille.

Moi qui m’attendais à passer une soirée reposante avec ma fille, voilà que cela allait se transformer en bras de fer avec mon ex-mari pour savoir qui allait être le premier à partir. Sans doute que ce soir, je serais le premier à céder. J’ai eu une longue journée et je suis fatigué de devoir surveiller chaque mot que je prononce, chaque attitude que j’arbore. Alors je détachais difficilement mes yeux de Wells et j’enfilai mon masque de sourire de façade. Après tout, je suis un politicien, les talents de comédiens, ça fait partie du travail.

Je me rassis à table et d’un geste de la main, invitai ma famille à faire de même. Je servis le vin plus pour me tenir occupé qu’autre chose. « Comment s’est passé ta journée Gaby ? » Je décidai volontairement d’ignorer mon ex-mari. L’avoir assis en face de moi était déjà bien assez douloureux comme cela.

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« Ne t'en faits Wellsou, je viens à peine d'arriver moi aussi. Je suis heureuse de ta présence. »

Je souris tendrement à ma fille alors que nous brisions notre brève étreinte. J'aurais fais n'importe quoi pour la voir sourire, la voir être heureuse. Et si son bonheur passait par une soirée avec mon ex-mari, qu'il en soit ainsi. Si j'évitais de rester trop longtemps dans les alentours proche de Milo, je trouvais tout de même le prix bien peu cher pour pouvoir observer un peu de joie sur le visage de Gaby.

« Je ne m’attendais pas à te voir non plus Maxwell. » 

Mon regard accrocha brièvement celui de mon vis-à-vis et j'eus l'impression de recevoir un coup de poignard dans le cœur. Ils étaient déjà de retour. Ces grands yeux tristes que je ne supportait plus de voir se poser sur moi. Ils sonnaient comme une sorte de glas sinistre à mes oreilles. Comme la promesse que, même si je l'avais voulus, il n'y aurait plus aucun bonheur possible avec cet homme. Plus que des larmes, du chagrin, des remords et la culpabilité.

L'instant avait semblé durer une éternité quand il détourna le regard, mais il n'en était sans doute rien. Il se rassit et nous enjoignit à faire de même d'un de ces gestes élégants dont il avait le secret. Je ne me fis pas prier, profitant de l'occasion pour détourner le regard sans que se ne soit bizarre et pour me remettre de ma confusion passagère.

« Comment s’est passé ta journée Gaby ?
-Ma journée a été bonne, même si avec la neige, ce n'est pas forcément évident de se déplacer en ville. Et pour vous deux ? La journée a été excellente j'espère ? »

Je souris à nouveau, couvant ma fille du regard. Je n'aurais pas pus être plus fier d'elle que je ne l'étais déjà. Elle brillait comme une pierre précieuse au milieu des ordures. Ceux qui n'étaient pas d'accord n'étaient qu'une bande de fou qui ne comprendraient sans doute jamais rien à la vie, j'en étais certain.

Mon seul soucis était qu'elle ne se remette jamais d'avoir perdu son frère, comme je ne m'en remettrais jamais moi même. Gaby était si jeune, je ne veux pas qu'elle passe sa vie entière a être hantée par le fantôme de Zach. Il faudra bien qu'un jour ou l'autre elle retrouve le bonheur...

« Comment aurait-elle pu ne pas l'être ? Je pense que nous pouvons tous nous féliciter de cette grande réussite qu'est le Registration Act. Soixante trois pour-cents, ce n'est pas rien après tout. Je propose une coupe de champagne pour fêter ça ! »

Parler du Registration Act m'avait tout naturellement rendu le sourire. Nous avions tous tellement travailler pour rendre ça possible, pour rendre les rues de New York plus sures. Bien sur, ni Gaby ni Miles n'étaient au courant de ma réelle implication dans cette réussite ; et j'espérais sincèrement que cela allait rester ainsi. Je ne suis pas certains que l'un comme l'autre me le pardonnerait. Autant pour ce que ça impliquait pour les autres que ce que cela pourrait impliquer pour eux si jamais Raegan était prit et me vendait. Mais c'était un risque que j'étais largement prêt à prendre pour amener à des réussites comme celles-ci. Pour voir un sourire sincère étirer les lèvres de ma fille.

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« Ma journée a été bonne, même si avec la neige, ce n'est pas forcément évident de se déplacer en ville. Et pour vous deux ? La journée a été excellente j'espère ? » Je répondis à la nouvelle par un sourire. Il était vrai que nous avions un événement à fêter. Le Registration Act était passé. Nos efforts payaient enfin. Et quelque part, cela faisait sens de se retrouver tous les trois pour fêter ça. C’était le premier pas vers un monde où ce qui nous est arrivé ne risquera plus d’arriver.

Mais même si c’était une énorme victoire, un grand pas en avant, j’en gardais un gout aigre-doux en bouche. Parce que cela me rappelait pourquoi nous étions tous engagé dans le Parti Collectif, pourquoi nous faisons tout cela. Peut-être que demain, j’irais voir Zach sur sa tombe. Y déposer quelques fleurs, lui parler un peu. Lui dire à quel point son absence a créé un trou, un vide mais qu’on travaille dur pour le combler. Peut-être devrais-je commencer à refaire l’effort de voir plus souvent Wells. Gaby semblait de tout cœur vouloir que les choses s’arrangent entre nous. Je me demandais seulement si cela allait être possible un jour.

Je ne pense pas que ce le soit. J’avais finis par m’habituer à son absence, à ne plus pouvoir me lover contre lui le matin au réveil, à ne plus sentir cette infâme eau de Cologne qu’il utilise, à ne plus devoir systématiquement ramasser les chaussures qu’il a pour sale habitude d’abandonner au salon, au pied du fauteuil. « Comment aurait-elle pu ne pas l'être ? Je pense que nous pouvons tous nous féliciter de cette grande réussite qu'est le Registration Act. Soixante-trois pour-cent, ce n'est pas rien après tout. Je propose une coupe de champagne pour fêter ça ! »

Sa voix me sortit de ma rêverie. Je sursautai légèrement et posai un bref instant mon regard sur lui, avant de reporter mon attention sur notre fille. Je lui fis un sourire ravi, essayant de camoufler la nostalgie qui m’habitait. Je ne suis pas sûr que ce soit une grande réussite mais au moins j’avais essayé. « Allons-y pour le champagne. C’est un grand événement après tout. » Répondis-je d’un ton calme.

D’un geste de la main, j’appelai un serveur et commandait une bouteille de champagne qui m’avait l’air pas trop mal. Le prix aussi n’était pas trop mal… Mais vu comment Wells gagnait ça vie, je ne pense pas que cela le dérangerait. Et le salaire de vice-président n’était pas dégueulasse non plus. Surtout que je vivais bien en dessous de mes moyens. Cela permettait de faire des économies pour ce genre d’événements.

« Par contre, je redoute l’attitude de certains mutants face à cette loi. Encore aujourd’hui, j’ai manqué me faire attaquer par l’un d’entre eux qui était caméraman pour une émission où j’étais interviewé. Il a été maîtrisé et je n’ai rien eu de plus qu’une peur bleue mais je pense que je vais devoir me déplacer avec de quoi me défendre sur moi dans les jours à venir. »

Je baillais, l’agitation des derniers jours me fatiguait tout particulièrement. Entre les interviews, la gestion du parti, le refuge animalier et tout le reste, je ne dormais plus assez et mes journées étaient trop longues. « Excusez-moi pour ça. » lâchai-je tout de suite après. Je leur souris et reposai mon regard sur Gaby. « Toi aussi ma puce, tu ferais mieux de sortir avec de quoi te défendre. Un tazer par exemple. Je vais t’acheter un tazer. Ca me parait être une excellente idée. »

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« Allons-y pour le champagne. C’est un grand événement après tout. »

Je laissais à mon ex-mari le soin de commander le champagne. Il avait toujours eu très bon goût en la matière de toute façon. Peut-être aurais-je du lui prendre la carte des mains et choisir moi même, mais je n'avais pas le cœur  de continuer de le repousser de la sorte ce soir. Non, ce soir tout tournait autour de notre réussite commune et du bonheur de notre enfant. Il serait toujours temps de revenir à cette distance protectrice que j'appliquais entre nous plus tard.

« Par contre, je redoute l’attitude de certains mutants face à cette loi. Encore aujourd’hui, j’ai manqué me faire attaquer par l’un d’entre eux qui était cameraman pour une émission où j’étais interviewé. Il a été maîtrisé et je n’ai rien eu de plus qu’une peur bleue mais je pense que je vais devoir me déplacer avec de quoi me défendre sur moi dans les jours à venir. »

Je sentis l'inquiétude retourner mon estomac alors que mon regard se posait cette fois ci franchement sur l'homme qui avait partagé ma vie durant tant d'années, cherchant après une marque de blessure quelconque. Je veillais cependant à tenter de ne pas montrer mon inquiétude du mieux possible. Je ne faisais pas ce genre de chose par fierté ou par orgueil, je le faisais pour nous protéger tout les deux. Nous ne serions probablement plus jamais heureux ensemble. Et si le battre froid était la seule solution pour ne pas nous blesser mutuellement à nouveau, j'étais enclin à le faire. Heureusement, Gabrielle prit la parole avant moi, m'empêchant de dire quelque chose que j'aurais sans doute regretté plus tard.

« Oh, tu n'as rien eu, heureusement, je n'aurais pas appréciée de venir te voir à l'hôpital. Ce genre de geste me dégoute, mais je crois qu'ils vont agir encore et encore de la sorte. Je suis désolée que ça tombe sur toi, tu ne le mérite pas.
- Toi aussi ma puce, tu ferais mieux de sortir avec de quoi te défendre. Un tazer par exemple. Je vais t’acheter un tazer. Ca me parait être une excellente idée.
- J'ai déjà une bombe au poivre dans mon sac à main au cas où, mais avec un taser ce sera sans doute encore mieux oui. »

Je hochais la tête, ne pouvant m'empêcher d'être d'accord. Après tout, on ne savais pas ce qui traînait dans les rues. Et si le Registration Act avait pour but de rentre la ville plus sur, certains collectifs ne l'entendaient appartement pas de cette oreilles. Le point positif, c'est que ça me facilitait beaucoup la vie. En usant de violence pour se défendre et plaider leurs droits, ils ne manquaient sans doute pas d’apeurer un peu plus les gens normaux, justifiant totalement le procédé de puçage des plus qu'humains.

« Je suis d'accord avec Miles, une bombe au poivre, c'est loin d'être suffisant. Surtout avec les temps qui courent. Si le Registration Act est une grande réussite, il n'en reste pas moins que les rues risquent de ne plus être sures pendants un certain temps, puisque nos amis les mutants semblent déterminés à nous prouver que nous avons raison. »

On nous apporta finalement notre bouteille de champagne et je souris au serveur, l'observant disposer les coupes sur la table. Je l'arrêtais cependant dans son geste alors qu'il s'apprêtait à ouvrir la bouteille.

« Je m'en charge, merci. »

Je lui souris et me levais, récupérant la bouteille entre ses mains. D'un geste habile et assuré, je la débouchais dans un pop sonore particulièrement satisfaisant. Je remplis les trois coupes sur la table avant de déposer précautionneusement la bouteille dans le seau à champagne qu'on nous avait apporté et de me rasseoir. J'attrapais ma coupe et la levais.

« À une ville plus sure. Et à Zachary. »

Je n'aimais pas particulièrement aborder ce sujet encore fort sensible, mais il fallait bien admettre qu'il était la raison pour laquelle nous étions tous ici aujourd'hui. La raison pour laquelle nous nous étions tous battus pour rendre New York City plus sure.

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Étrangement, mon regard croise celui de Wells. Et j’y lis beaucoup trop de choses que pour que cela ne me retourne pas entièrement. Du moins, pratiquement plus que ma presque agression un peu plus tôt dans la journée. Je connais cet homme presque aussi bien que je me connais moi-même. Et il y avait tellement de choses dans les yeux qu’il pose sur moi à l’instant que je ne peux retenir un frisson qui me court le long du dos. Inquiétude, colère, amour. C’était ce regard qui m’avait fait vibrer tant de fois par le passé. Celui qu’il porte sur moi quand il veut s’assurer que je n’ai rien, celui qui promet souffrances et violence à la personne qui aura osé me blessé. Je n’arrive pas à détacher mon regard de son visage. Le voir ainsi, c’est douloureux. Douloureux parce que je sais que nous ne serons sans doute plus jamais heureux ensemble, parce que je l’aime toujours mais que je sais que ma présence le fait souffrir, parce qu’il y aurait toujours le fantôme de notre fils entre nous.

« Oh, tu n'as rien eu, heureusement, je n'aurais pas appréciée de venir te voir à l'hôpital. Ce genre de geste me dégoute, mais je crois qu'ils vont agir encore et encore de la sorte. Je suis désolée que ça tombe sur toi, tu ne le mérite pas. » La voix de ma fille m’arrache à ma contemplation silencieuse et je sens mon cœur se desserrer un peu alors que je lui lance un petit sourire se voulant rassurant. Je suis vice-président du Parti Collectif. Que cela tombe sur moi était chose normale. Au moins, je ne reçois pas autant de menaces et de lettres d’insultes que Connelly. Mais ils n’avaient pas besoin de savoir cela. « J'ai déjà une bombe au poivre dans mon sac à main au cas où, mais avec un tazer ce sera sans doute encore mieux oui. »

J’hoche la tête, en cœur avec Maxwell. La sécurité de mon enfant avant tout. Que je me fasse un peu secouer, je pouvais vivre avec. Mais il est hors de question de laisser ma fille être victime des plus-qu’humains. « Je suis d'accord avec Miles, une bombe au poivre, c'est loin d'être suffisant. Surtout avec les temps qui courent. Si le Registration Act est une grande réussite, il n'en reste pas moins que les rues risquent de ne plus être sures pendants un certain temps, puisque nos amis les mutants semblent déterminés à nous prouver que nous avons raison. » Je m’appuie sur mon coude, mon menton vient trouver repos au creux de ma paume et je souris à ma fille. « Ton père a raison. Promet moi d’être prudente dans les semaines à venir. Je n’aime pas savoir que ton visage est apparu dans les médias et que tu pourrais être prise pour cible par des extrémistes qui ne voient que la violence comme solution. »

On nous apporte le champagne et je ne manque pas le sourire et le regard de Gaby. « Je m'en charge, merci. » Je le laisse faire avec plaisir. Après tout, c’était moi qui avais choisis la bouteille, c’était lui qui l’ouvrait. Un vieux rituel à nous. A vrai dire, on le fait encore aujourd’hui sans même s’en rendre compte. C’est fou à quel point, à force de faire une chose, cela peut devenir une habitude, un pli. Je ne nous vois pas faire autrement. Et puis, j’aime le voir ouvrir les bouteilles, quelles qu’elles soient. J’aime observer ce sourire parfois honnête, parfois juste présent pour plaire à la galerie, j’aime voir cette pointe de concentration dans son regard. C’est très léger et presque indissociable, mais moi, je le vois. Lorsque le ‘pop’ du bouton retenti, je ne peux retenir mon sourire tendre.

Je détourne le regard et je me mords l’intérieur de la joue, essayant de chasser ce sentiment. Depuis le temps que nous sommes divorcés, j’aurais dû arriver à m’y faire. Mais je ne sais pas si un jour j’y arriverais. Depuis qu’il n’est plus là, il y a un trou supplémentaire dans ma vie. Un trou que je comble avec le boulot, parce qu’en dehors de ma fille, il ne me reste plus grand-chose. « À une ville plus sure. Et à Zachary. » Je ferme les yeux quelques secondes pour prévenir un regard pouvant devenir humide et j’attrape ma coupe, me joignant à Wells. « À Zachary. » Ma voix a soudainement du mal à sortir. Je pense suffisamment à lui pour ne pas qu’on vienne me le rappeler. Parfois, je me sens terriblement coupable de n’avoir rien pu faire pour sauver mon fils, de ne même pas avoir eu l’occasion d’avoir une chance de lui sauver la vie. L’impuissance est la pire des tortures. Et savoir que rien ne pourra me le ramener, cela me bouffe un peu plus tous les jours. Un parent ne devrait jamais avoir à voir partir son enfant. Soudainement, j’étais devenu morose. Mon regard tombe dans mon verre et je prends une grande inspiration. Pas de coup de mou devant Gaby. Elle n’a pas besoin de voir ça. Je dois être fort pour elle, pour qu’elle puisse s’appuyer sur moi lorsque cela ne va pas. Alors, je force un sourire sur mes lèvres et je relève le regard. « Tu devrais prendre aussi des cours d’auto-défense. On n’est jamais trop prudent. »

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« Ton père a raison. Promet moi d’être prudente dans les semaines à venir. Je n’aime pas savoir que ton visage est apparu dans les médias et que tu pourrais être prise pour cible par des extrémistes qui ne voient que la violence comme solution. »

Et je devais bien avouer que cet état de fait m'inquiétait tout particulièrement. Il y aurait toujours des gens mécontent qui penseraient faire la chose juste en répondant par la violence -j'en étais moi même un, je ne me voilais pas la face. J'aurais préféré que Gabrielle n'apparaisse pas aux information, qu'elle ne deviennent pas un visage sur lequel les mutants pourraient cracher leur rage et leur ressentiment. Mais elle était majeure et prenait ses propres décisions. Il aurait été vain de lui demande de renoncer à son job, à s'impliquer au sein du parti. D'autant plus que, vus ma position officielle, j'aurais pu lui sembler bien hypocrite de vouloir l'éjecter de la sorte...

Je fis sauter le bouchon de la bouteille de champagne et, pendant un bref instant, j'aurais presque pus me figurer comme à l'époque ou tout allait bien. En ouvrant cette bouteille, en accomplissant ce petit rituel dont nous avions tous l'habitude, j'avais ouvert la porte vers une époque lointaine ou tout allait bien entre Milo et moi, et ou notre fils était toujours en vie. J'en avais presque l'impression qu'il aurait put franchir la porte du restaurant pour venir nous rejoindre. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le retour à la réalité fut brutal et sans appel. Les choses avaient tellement changés depuis lors... Chassant la nostalgie, je m'empressais de porter mon toast, ne pouvant m'empêcher de mentionner notre fils, puisqu'il était particulièrement présent dans mon esprit en cet instant.

Et je ne manquais pas de capter la douleur passer dans les yeux de mon ex-mari. Comme un écho qui s'intensifie ou un ressac particulièrement violent. Et l'espace d'un instant, je culpabilisais d'avoir ramené ça sur le tapis. Mais les années étaient passées, et il faudrait bien qu'on finisse par s'en remettre. Au moins en apparence. Parce que je doutais qu'il ne nous reste assez d'année à vivre à Miles et à moi même que pour un jour faire complètement le deuils de Zack. Il était pourtant de notre devoir de faire comme si, pour que Gabrielle puisse se reconstruire, elle. Il n'y avait que ça qui importait vraiment. Qu'elle trouve le bonheur dans un monde plus sur. Et j'étais prêt à tout les sacrifices pour ça.

« Tu devrais prendre aussi des cours d’auto-défense. On n’est jamais trop prudent. » 

Si Milo avait tenté de se reconstituer un sourire et un air paisible, je devais bien avouer que je ne trouvais pas ça très convainquant. Peut-être que c'était parce que je le connaissais par cœur, mais je voyais clairement que le cœur n'y était pas. Aussi, et même si, quelque part, je me détestais pour ça, je lui envoyais un petit coup de pied discret en dessous de la table. Rien de bien violent, juste suffisant pour attirer son attention sur moi et lui offrir un regard qui lui demandait clairement de se reprendre. Cela ne dura qu'un bref instant avant que je ne dirige à nouveau mon attention vers notre fille, un sourire de circonstance aux lèvres.

« Oui, tu as raison, dès demain, j'irais m'inscrire aux corps de self défense de la salle de sport en bas de chez moi. Autant mettre toutes les cartes de notre côté. Et si nous commandions à manger maintenant, qu'en pensez-vous ? Ne serais-ce pas une bonne idée ?  »

Je souris et me saisis d'une carte, laissant mon regard parcourir la carte, à la recherche du plat que j'avais aperçus un peu plus tôt et qui me tentait bien.

« Après tout, hors de question de plaisanter avec ta sécurité, ma chérie. Je préférerais être damné plutôt qu'il ne t'arrive quoi que se soit. Tout le monde à choisit ? »

Je n'attendis pas leur réponse avant d’appeler le serveur d'un geste de la main, commandant déjà une bonne bouteille de vin et un plat de pâtes au saumon avant de me tourner vers ma famille, attendant qu'ils commandent à leur tour. Lorsque tout le monde eut commandé et que le garçon se fut éloigné, je repris notre petite conversation.

« Comment se passent les choses à ton travail pour l'instant, ma chérie ? Je suppose que le Registration Act doit te donner encore pas mal de boulot. Pas trop prenant, j'espère ? »

Ever wonder if it's all for you

Gabrielle Chapman ∞ Maxwell Chapman ∞ Milo Stevenson

Un léger coup de pied sous la table. Je sursaute presque. Mon regard se pose sur mon ex-mari et se confronte au sien. Rude, ne souffrant aucune réplique. Je suis fatigué. Il me manque, Zachary me manque. Il y a des jours où je voudrais juste m’effondrer dans mon lit et me laisser aller à rêver que tout va pour le mieux ; que cette journée n’est jamais arrivée, qu’il est toujours parmi nous, que mon alliance est toujours à mon doigt. Aujourd’hui est l’un de ces jours. Mon regard retombe lourdement sur la table. « Oui, tu as raison, dès demain, j'irais m'inscrire aux corps de self défense de la salle de sport en bas de chez moi. Autant mettre toutes les cartes de notre côté. Et si nous commandions à manger maintenant, qu'en pensez-vous ? Ne serait-ce pas une bonne idée ?  » Je ne tente pas un nouveau sourire. Je passe une main sur mon visage, me masse le bord des yeux. Je sens le poids de la fatigue sur mes épaules et mes yeux probablement cernés.

« Après tout, hors de question de plaisanter avec ta sécurité, ma chérie. Je préférerais être damné plutôt qu'il ne t'arrive quoi que ce soit. Tout le monde à choisit ? » Je laisse mon regard parcourir la carte et je commande la première chose qui me tente plus ou moins. Je n’ai pas vraiment le courage de m’y aventurer beaucoup plus. Je lance le nom de mon choix au serveur et bientôt, Wells reprend la parole. « Comment se passent les choses à ton travail pour l'instant, ma chérie ? Je suppose que le Registration Act doit te donner encore pas mal de boulot. Pas trop prenant, j'espère ? » Le voir m’est douloureux. Cela me rappelle à quel point mon lit est froid le matin sans lui, me rappelle qu’il n’y a plus personnes à rejoindre sous la douche, à qui faire la surprise de son repas préféré un soir où il rentre tard. Je m’efforce de chasser le passer mais il n’a de cesse de me revenir, tel le ressac de la mer.

Dans ma poche, mon téléphone vibre. Je soupire et je le tire de là. Je jette un œil au nom à l’écran. C’est le boulot. Je ferme un bref instant les yeux avant de me lever de table. « Je suis désolé, je dois prendre cet appel. Je reviens tout de suite. » Je m’éloigne de la table, décrochant mon téléphone. Je passe en mode automatique. Mon dos courbé par la fatigue se redresse, mon ton se fait plus froid, plus professionnel. Je me dirige vers les toilettes des hommes pour avoir un peu plus d’intimité pendant mon appel. Cela me permettra de me passer un peu d’eau sur le visage pour essayer de me réveiller.

La conversation dure un moment et finalement, je raccroche. Ce n’est peut-être pas plus mal comme cela. Mon téléphone retrouve sa place dans sa poche. Je vais devoir retourner au boulot. Je commence peut-être à devenir trop vieux pour en faire autant. J’allume le robinet et me passe un peu d’eau sur le visage. Cela ne me réveille pas autant que je le voudrais. Je m’essuie rapidement et je rejoins ma famille… ou du moins, ce qu’il en reste. « Je suis désolé. Je vais devoir vous laisser. Une urgence au bureau. Il faut vraiment que je me trouve un assistant qui ne perdra pas systématiquement les papiers importants. Passez une bonne soirée tous les deux. » Je pose un bref baiser sur la joue de Gabrielle, je lance un hochement de tête à mon ex-mari et je file vers la sortie. J’ai conscience de m’enfuir comme un voleur. Je dois bien avouer que, lâchement, j’évite autant que possible de rester proche de Wells. Parce que je sais que ma présence lui fait du mal. Et je sais à quel point Gaby aimerait nous revoir ensemble. Nous voir dans cet état ne doit pas être des plus agréables pour elle. Une soirée à trois aurait forcément finit par déraper à un moment ou un autre. Il vaut mieux que je tire ma révérence dans le calme et rapidement avant que ça ne soit le cas.

EVER WONDER IF IT'S ALL FOR YOU

Maxwell Chapman ∞ Gabrielle Chapman ∞ Milo Stevenson

Quand mon regard accrocha celui de Milo, je vis parfaitement au fond de ses yeux une avalanche de sentiments. Mais surtout de la tristesse et de la mélancolie. Je me renfrognais un peu plus, me murant dans une attitude froide. Tout pour ne pas me perdre à nouveau dans ces yeux là. Je détournais le regard, jouant nerveusement avec ma serviette de table. Cet homme aurait ma peau. Ses yeux auraient ma peau. Un jour, je les regarderais pour la fois de trop et m'y perdrais résolument à nouveau. Ce qui signifierait beaucoup de souffrance pour l'un comme pour l'autre. Il y avait juste trop de passif entre nous. Heureusement, Gaby est là pour me sortir de mes mornes pensées.

« Vous seriez étonné, mais les gens posent beaucoup de questions à ce sujet, énormément, et des variées. Alors oui, ça me prends pas mal de temps, j'essaye de répondre le plus rapidement à ceux qui attendent des réponses parce que certains envoient simplement des messages haineux. Ceux-ci, je les classe dans un dossier particulier, on ne sait jamais. Mais ça me plait, c'est vraiment bien.
-Je suis tellement fier de toi ma chérie. C'est bon de savoir que tu t'épanouis dans ton travail. »

Et c'était la pure vérité. Mon regard c'était automatiquement adoucit quand il s'était tourné vers ma fille. Elle était un vrai point d'ancrage pour moi. Quand mes forces venaient à me manquer pour surmonter un obstacle, c'était systématiquement en pensant à elle que je trouvais les ressources nécessaires en moi pour passer au dessus.

Puis mon ex-mari sortit son téléphone de sa poche, et mon air se fit à nouveau un peu plus sombre. Perdu quelque part entre l'agacement et la tristesse, je l'observais prendre congé et s'éloigner vers les toilettes pour hommes. Je me demandais soudain s'il ne s'était pas passé quelque chose de grave au Parti. Discrètement, et faisant de mon mieux pour que Gaby ne s'en rende pas compte, je jetais un œil sur mon propre téléphone. Mais il n'y avait rien. Donc rien qui me concerne, moi et mes attributions particulières. Tant mieux. Il aurait été vraiment déplacé que les deux parents aient à faire faux bond à leur fille la même soirée. Après tout, c'était pour ça que la nature avait fait en sorte qu'il faille être deux pour faire un enfant, pour pouvoir veiller dessus à tour de rôle.

Mon regard glisse sur Gaby. Elle était très visiblement déçue, et je ne pouvais pas lui en vouloir. Après tout, elle avait organisé cette petite réunion de famille sans doute dans le but de nous forcer, Miles et moi, à reprendre contact. Sans doute n'avait-elle toujours pas abandonner l'idée de nous remettre ensemble. Et je me sentirais tellement mal de lui dire la vérité que je ne peux m'empêcher de lui offrir un peu d'espoir. Elle semblait tellement en avoir besoin ces derniers temps.

« Je suis désolé. Je vais devoir vous laisser. Une urgence au bureau. Il faut vraiment que je me trouve un assistant qui ne perdra pas systématiquement les papiers importants. Passez une bonne soirée tous les deux. » 

Ce n'étais pas vraiment étonnant... J'observais Milo embrasser notre fille et répondit poliment à son signe de tête. Intérieurement, j'étais soulagé de le voir quitter les lieux. Il était particulièrement fatigué aujourd'hui. Et comme toujours quand c'était le cas, mon habituel masque et les distances que je tenais en place avaient tendance à s'effriter. Dès qu'il eut quitté la table, mon regard se posa à nouveau sur notre fille. Il allait sans doute falloir la consoler un petit peu. Je savais bien qu'elle avait tendance à privilégier particulièrement les moments ou nous étions tous ensemble.

«  C'est dommage, j'aurais tellement voulu qu'il reste pour le repas, au moins. On va manger en tête à tête du coup, c'est mieux que rien, non ?
-Tu sais bien que ton père ne choisit pas toujours... Je suis sur qu'il aurait préféré rester. Mais rassures toi, je n'ai l'intention d'aller nulle part moi. »