Chicago by night [Wanda & Jackson]

Chicago by night

Wanda M. Maximoff & Jackson Wilde

Je soupire. Je ne suis pas d’humeur pour cette soirée mondaine. Je suis donc à l’extérieur, sur une terrasse où la nuit et la fraîcheur me font du bien. Mon verre d’alcool est vide, posé sur le bord d’une table derrière moi. Je ne suis pas seul ici, mais la plupart des célébrités sont à l’intérieur à discuter et danser. Je suis trop préoccupé pour me laisser emporter par ce genre de comportements. Je saisis mon téléphone pour la centième fois de la soirée et je le déverrouille. L’onglet sur lequel je le laisse volontairement ouvert n’a pas changé. Wanda n’a toujours pas répondu à mon message texte. Je soupire une nouvelle fois et range l’appareil, ignorant les autres notifications que m’indique mon téléphone. Ce qui m’importe depuis que j’ai appris la nouvelle, c’est la sécurité de Wanda. Elle est parmi les gens recherchés par le Registration Act, au côté de Captain America et de Falcon. J’étais particulièrement inquiet en le découvrant, en lisant cet article dans le journal, il y a trois jours. J’ai instantanément établis contact avec la sorcière. Si au début elle me répondait, en comprenant que je cherchais à la rencontrer à nouveau, ses réponses se sont fait de plus en plus rares jusqu’à avoir complètement cessées aujourd’hui. Je refuse de la laisser dans une si mauvaise posture, même si elle m’a assuré ne pas être toute seule. Mais, cela a probablement été une erreur d’insister autant auprès d’elle. Mon comportement a été trop excessif, guidé par mon inquiétude et mon anxiété à son sujet. Elle a donc du décidé de couper les ponts afin de ne plus m’impliquer d’avantage. La connaissant de mieux en mieux, je pourrais parier que c’est ce qu’elle tente de faire. Mais comment l’aider sans passer pour quelqu’un d’obsessif? Je n’ai toujours pas trouvé la solution à cette énigme. Je me contente donc d’attendre bêtement une réponse à mon dernier message texte qui lui donne rendez-vous pas très loin de l’endroit où je me trouve ce soir. Il faut croire que je vais passer le reste de cette journée ennuyeuse ici, à cette soirée qui ne m’intéresse pas du tout mais dont mon travail m’oblige à y assister.

Chicago est une belle ville, je suis dans les parages depuis quelques jours et je suis sous le charme de sa beauté. En parlant avec Wanda, j’ai appris qu’elle avait trouvé refuse pas très loin d’ici, à l’extérieur de la ville. J’ai alors vu en cela une sorte de signe du destin et j’ai insisté pour qu’elle m’accorde une nouvelle rencontre afin qu’on puisse discuter un peu de la situation. Alors que je m’apprête à réintégrer la fête, je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Je l’attrape avec peu d’espoir et je remarque alors la notification. C’est la jeune femme. Une fois sa réponse lue, je ne reste pas une seconde de plus ici. Je sors sans prévenir personne, les gens ayant tous déjà remarqué ma présence, faisant en sorte que personne ne pourra contester ma participation. Je marche dans la nuit, les mains dans les poches de mon complet noir. De nombreuses minutes sont nécessaires afin que je rejoigne le point de rencontre, mais j’évite de courir afin de ne pas arriver en sueur devant Wanda. Finalement, j’aperçois les lumières familières de l’endroit et je m’engouffre à l’intérieur du café. Je détonne beaucoup avec l’ambiance modeste des lieux, mais je m’en fiche. Je cherche des yeux une jeune femme discrète. J’en remarque une assise à une banquette, près de la fenêtre. Elle a une casquette sur la tête, même à l’intérieur. Comme l’endroit est vide outre nous deux, nous pourrons parler en toute discrétion. Je m’approche donc, prenant place devant elle. La banquette n’est pas très confortable, mais je ne passe aucun commentaire à ce sujet. Je suis plutôt préoccupé par l’air absent sur le visage de Wanda qui a visiblement l’esprit ailleurs. La tasse vide devant elle me fait me question sur depuis combien de temps elle est ici, à m’attendre probablement. Je suis le premier à briser le silence.

-Est-ce que je peux t’offrir le prochain café?

Je lui souris, comme j’ai l’habitude de le faire avec les gens que j’apprécie. J’attends impatiemment que ses yeux croisent les miens afin de pouvoir évaluer son état psychologique. De mon côté, je sais parfaitement ce que je dégage. J’ai beau être bien habillé ce soir, je suis fatigué et stressé. L’inquiétude que je ressens pour elle transparaît dans ma voix et dans mes yeux, légèrement embrumés par quelques verres d’alcool récent. Je ne suis pas au meilleur de ma condition pour cette rencontre, mais je ne suis pas non plus totalement déconnecté de la réalité. Au contraire, je ne fais qu’y penser depuis trois jours, à la solution miracle pour lui éviter de se faire attraper et pucer de force. J’ai beau réfléchir, je me sens impuissant alors que j’aimerais sincèrement lui apporter de l’aide.  

Chicago by night

Wanda M. Maximoff & Jackson Wilde

Elle est visiblement plongée dans ses pensées et cela est assez évident d’ailleurs. En lui posant une question pour lui faire réaliser ma présence, elle sursaute alors et je suis surpris par l’impact de mon geste. Mon intention n’était absolument pas de lui faire peur. Je lui souris donc en levant mes sourcils, toujours incertain s’il elle m’en veut ou pas de lui avoir ainsi causé une petite frousse. Finalement, elle répond à ma question, acceptant mon offre. Je hoche donc la tête et je fais signe au serveur qui traîne derrière son comptoir de nous apporter deux cafés. L’un sera pour elle et l’autre pour moi, afin de me dérouiller un peu de se mélange de fatigue et de brume d’alcool qui emplie ma tête. Pendant que je vois du coin de l’œil l’homme préparer nos tasses respectives, je rapporte mon attention sur Wanda. Je n’ai pas pris le temps de répéter ce que je souhaite lui dire au préalable. Du coup, je me retrouve un peu démunie, ne sachant pas si je dois aborder la question directement ou prendre le temps. Je décide de laisser d’abord s’échapper ce commentaire qui me chatouille la gorge depuis que j’ai posé les yeux sur elle en entrant dans ce café.

-Je suis content de te revoir.

Je lui souris par la suite. Un sourire chaleureux et rassurant, absolument pas menaçant. Cela doit faire changement des gens qui ont probablement tenté de l’aborder au cours des dernières semaines. En fait, je suis peut-être la seule personne vraiment sympathique avec elle depuis le début des malheurs qui lui tombent sur la tête. Je ne pourrais jamais en être vraiment certain. Mais là n’est pas l’important. Le serveur nous apporte nos tasses et je le remercie d’un geste de la tête. Je me saisis ensuite d’une cup de crème que je verse dans mon café. Je laisse les deux liquides se mélanger naturellement sans intervenir davantage. Au bout d’une minute de repos, je me saisie de l’anse de la tasse et je porte cette dernière à mes lèvres. Le café pourrait être meilleur, mais au moins la chaleur qu’il me procure m’aide à y voir plus clair sur la suite des choses. Je remets la tasse dans sa soucoupe et je regarde la jeune femme devant moi.

-Désolé pour mes nombreux messages textes, je ne voulais pas paraître harcelant. C’est juste que j’aie besoin de te parler. De te dire que je suis là pour toi et que malgré qui je suis et ce qui t’arrive en ce moment, que tu peux compter sur mon aide.

J’appuie mes paroles d’un regard doux. J’espère ne pas avoir été trop direct et ne surtout pas lui avoir remis à l’esprit les soucis qui l’accable. J’ai simplement besoin de lui dire que je suis présent en cas de besoin. Ce n’est peut-être pas la meilleure idée du monde d’ainsi m’associer à une « hors-la-loi » mais je n’en avais que faire de cela.

-Tu es une amie à mes yeux, Wanda. Je défends toujours mes amis lorsqu’ils sont victimes d’injustices.

Je me force à reprendre une gorgée de café à ce moment là. Je ne dois pas non plus exagérer dans mes propos. Pas que je ne les pense pas, mais il y a une différence entre penser des choses auxquelles ont croire sincèrement et les dire tout haut à la personne concernée. Il y a des chances que ce qui nous semble évident ne le soit pas forcément pour l’autre. Tout est une question de perception. Et l’attitude de Wanda à vouloir me tenir loin d’elle aurait du m’envoyer un signal plus clair. Hors, je suis peut-être plus atteint par l’alcool que je ne le pensais. Ma maigre capacité à filtrer mes paroles est à présent inexistante. Je ne pense pas que se soit pour le bien… 

Chicago by night

Wanda M. Maximoff & Jackson Wilde

J’avais lu l’article parlant de l’intervention de l’équipe de Captain America à Cardiff. Je suis aux faits des détails concernant l’accident impliquant la jeune femme. Des gens qui avaient perdus la vie à cause d’un geste involontaire. Ça, les journalistes semblent y accorder peu d’importance, mais pour moi c’est justement l’aspect involontaire de la chose qui m’intéresse. Je ne suis donc pas surpris lorsqu’elle m’annonce avoir tué des gens. Mes yeux deviennent seulement un peu plus doux, désolé pour ce qui est arrivé.

-Si seulement je pouvais te soulager de ces cris, je le ferais. Je regrette vraiment que se soit arrivé. Mais, je sais que c’était un accident. Que tu n’aurais jamais fait ça volontairement. Tu n’es pas une meurtrière à mes yeux.

Je la regarde prendre une gorgée de son café, puis observer par la fenêtre. Je profite de ce petit silence entre nous pour boire également de ma tasse. La caféine semble commencer à faire effet. Elle revigore mon corps fatigué et endolorie par l’alcool ingurgité un peu plus tôt dans la soirée. Je suis donc reconnaissant qu’elle m’ait invité ici, le café ayant un effet si bénéfique sur ma personne. Elle me remercie et cela me fait sourire à nouveau. Sauf qu’elle ajoute qu’elle n’apprécie pas le fait que sa présence auprès de moi met en danger ma réputation. Je ne sais pas si c’est l’absence de filtre qui demeure en moi, mais je laisse échapper un petit rire. Je secoue la tête négativement en conservant mon regard sur Wanda. Comment lui dire ce que je pense au fond de moi de cette situation? De comment peu important je considère le fait d’entacher mon nom en ce moment? Je ne devrais pas avoir ce genre de réflexion d’ailleurs, étant une personnalité publique. Je dois ma célébrité à de nombreux individus, en particulier mes fans. Si les gens ne m’aimaient pas, voilà longtemps qu’on m’aurait écarté du circuit même si j’avais été le meilleur des pilotes qui existe. Sauf que je suis à un tournant de ma vie où je remets justement en question l’importance de tout cela. Mes préoccupations ne sont plus exclusivement les courses. Cela a d’ailleurs un impact sur mes performances. Quelle est la solution à cela? Arrêter d’avoir une vie sociale? Couper les ponts avec tout le monde? Non. J’y pense depuis un moment déjà. Mais le problème c’est ma carrière elle-même. Je ne suis plus prêt à tout sacrifier comme avant.

-J’approche de la trentaine, je lui dis en souriant. La majorité des pilotes prennent leur retraite dans ces années là. Il est vrai que j’aime ce que je fais et que je n’ai pas nécessairement envi de tout lâcher. Mais on me met déjà la pression depuis un certain temps. Je ne suis plus « jeune ». Je ne performe plus comme avant. De nouveaux pilotes talentueux se font remarquer à tous les jours. Et les places sont limitées. Pour l’instant, j’ai toujours un contrat. Mais pour encore combien de temps? Je suis menacé depuis bien avant notre rencontre. Donc si jamais à cause de notre amitié on me fait perdre ma place…

Je soupire avant de sourire à Wanda et de la regarder quelques secondes en silence.

-… Je ne serai pas déçu. Ni triste. Je serai soulagé. Parce que j’ai eu une belle carrière et j’ai accomplis de grandes choses. Sauf que les soirées mondaines, les commandites, les flashs des caméras, tout ça. Je suis épuisé de ce genre de choses. J’ai envie d’avoir une vie normale. Aussi normal que peut être la vie d’un ex-pilote de F1 indestructible. J’ai évidemment conscience que je ne vais pas arrêter d’être célèbre du jour au lendemain. Mais c’est un rêve qui prend de plus en plus de place avec le temps. Est-ce mal d’avoir à ce point hâte à sa retraite?

J’ai toujours mes yeux posés sur elle et voilà que je ris à nouveau. Je porte une main à mon visage et je frotte mes yeux un peu.

-Désolé, je parle beaucoup trop cette nuit. Je suis effectivement un peu fatigué.

Chicago by night

Wanda M. Maximoff & Jackson Wilde

Lui parler avait été une délivrance. Je n’avais confié cela à personne encore, pas même aux membres de mon entourage. Ni à mes parents. J’ai songé au cours des derniers mois à leur rendre visite en Angleterre dans le but de leur expliqué la suite des choses pour moi. Sauf que je n’ai pas trouvé le courage de le faire. Ce qui me fait le plus peur, c’est la réaction de mon père. Je vis son rêve présentement et il est tellement fier de moi. Vais-je lui faire de la peine en ne me battant pas plus que ça pour conserver ma place? Parce que nous savons tous que lorsqu’on m’aura délogé du circuit, plus personne ne voudra me réintégrer. Donc si je quitte, se sera sans retour possible. Il y a des exceptions, bien évidemment. Mais je refuse de m’acharner comme ces gars là qui ont de toute façon ternie leur réputation en revenant. Lorsque se sera derrière moi, ça va le rester. Savoir qu’elle comprend ce que je lui explique me rassure énormément. Voilà au moins une personne qui ne me fait pas la morale pour mon choix. Elle pose sa main sur la mienne et me regarde dans les yeux. Elle me confirme que mon désir est tout à fait normal et je hoche la tête. Ma retraite ne signifie absolument pas la fin. Ce n’est même que le début. Et pourtant, se sera un peu comme mourir pour renaître en une personne complètement nouvelle. Reste à déterminer en quoi.

La réplique suivante de Wanda me fait rire. Elle a raison, trente ans ce n’est pas vieux. Je ne me considère pas comme une personne âgée d’ailleurs. Je me sens dans la fleur de l’âge, capable de faire tout et n’importe quoi. Sauf que c’est un milieu qui n’a pas vraiment la même vision de la jeunesse et de la vieillesse que le commun des mortels. Et pour une personne externe, je peux comprendre que c’est assez déroutant. Je prends une autre gorgée de mon café avant de lui répondre, le sourire aux lèvres.

-Merci, mais le milieu sportif à une définition bien à elle de ce qui est jeune et vieux. Même si je ne me considère pas comme un vétéran, pour la F1 j’en suis un.

Je lui souris encore. Quelques fois, je ferme les yeux et je me vois il y a cinq, voir dix ans. Alors que je commençais dans le milieu de la Formule un. Ces moments me rendent nostalgiques, mais m’angoisse également. J’ai l’impression parfois que le meilleur est derrière moi. Que rien d’aussi beau et d’aussi grand ne m’attends dans l’avenir. Avoir l’opportunité de conduire un véhicule aussi perfectionné est après tout un privilège que seule une poignée d’êtres humains a eut la chance de réaliser. Cela me fait soupirer lorsque je repense à ma toute première fois derrière le volant. Mais vivre dans le passé ne m’apportera rien. Cela ne me permettra pas d’avancer. Je laisse donc aller les choses, appréciant chaque jour comme si c’était le dernier. C’est vraiment comme si ma mort était toute proche…

Wanda me sort de mes pensées. Elle me remercie de m’être déplacé jusqu’ici, affirmant que cela lui fait du bien d’avoir un ami. Se sont des moments comme celui-ci qui me pousse à vouloir une vie différente. Qui me garde convaincu que ma fin n’est pas proche et qu’il me reste tellement à faire pour les gens que j’aime, afin de rattraper le temps perdu.

-J’aurai aimé être plus disponible pour toi dernièrement, mais je pense que tu comprends pourquoi je ne l’étais pas. C’est donc tout naturel que dès que j’en ai l’opportunité, que je veuille rendre service à une amie. Et même si mon mode de vie va rester le même encore pour un petit moment, j’aimerais que tu continue à me parler si ça peut te soulager d’un poids. Je vais trouver du temps pour te répondre et t’écouter, parce que j’ai trop souvent négligé mes amis par le passé et je ne veux plus être ce genre de personne.

La présence de Wanda combiné à ma consommation modérée d’alcool de ce soir me rend décidément extrêmement enclin aux confessions. Je lui dis des choses que je pense mais que je n’ai encore jamais exposé à quiconque avant elle. Il faut dire que je tiens à elle d’une manière que je n’ai pas expérimentée souvent. J’ai le sentiment de devoir être plus souvent avec elle, de devoir lui parler davantage qu’à un autre et de l’aider si jamais la situation le demandait. Elle agit sur moi d’une façon bien plus puissante que ce que j’avais anticipé lors de notre seconde rencontre, à mon hôtel de New York.

-Si jamais toi ou tes amis avez besoin d’un endroit pour rester le temps que la poussière retombe, je possède plusieurs propriétés à travers le monde. Je connais aussi beaucoup de gens qui seraient prêts à vous accueillir un peu partout. C’est l’avantage d’être un globe-trotteur.

Je termine ma phrase d’un sourire, comme j’en ai pris l’habitude en sa présence.

Chicago by night

Wanda M. Maximoff & Jackson Wilde

Wanda m’avoue avoir été celle qui a créé la distance entre nous. Elle ne souhaitait pas me rendre complice de ses problèmes, en quelque sorte. Je l’avais deviné, me doutant que ce n’était pas involontairement que parfois je devais attendre ses réponses un certain temps. Je crois que chercher à qui la faute ne sert à rien dans la situation actuelle. Chacun de notre côté, nous avons avancé ou reculé face à l’autre à cause de nos vies respectives. Moi parce que j’étais tout simplement trop occupé pour n’avoir qu’une minuscule seconde à moi et elle parce que sa tête était déjà pleine de préoccupations avec ce qui lui arrive. Il y a aussi le fait qu’elle a un grand souci des autres et j’apprécie ses efforts pour m’épargner de cette histoire. Sauf que je suis à un point de ma vie où j’ai envie de prendre de tels risques volontairement. Moi qui ne ressens plus la peur depuis des années, j’ai un peu l’impression de la sorte de retrouver cette part d’humanité que ma mutation m’a enlevé. Mon but pour la journée a été accomplit toutefois. Je souhaitais la rencontrer pour lui rappeler que je suis là pour l’aider et elle en a conscience, je le vois dans son regard. Qu’elle choisisse ou pas d’utiliser ma proposition, je le laisse à son bon jugement. Je comprendrais que malgré mes paroles, elle ne veuille courir aucun risque avec moi et me laisse hors du conflit. Voilà pourquoi je décide que mon message est passé et que je n’insiste pas davantage. Lorsqu’elle me remercie donc et me signal qu’elle a déjà un endroit où se cacher, je hoche la tête. Elle m’affirme que si nécessaire, elle n’hésitera pas à me contacter. Voilà qui me fait plaisir.

-Je suis heureux de l’apprendre. Je n’ai aucun doute sur la discrétion de cet endroit, ni sur les compétences de tes amis. C’est bien que tu ne sois pas toute seule.

Le pire, je pense, est si elle avait eu à affronter cette épreuve seule. La savoir entouré, bien que je ne sache pas exactement de qui, est une bonne chose pour contribuer à surmonter ce malheur. L’amitié est un soutien tellement précieux en cas de crise. Je connais certaines personnes qui repoussent les autres lorsqu’elles ont mal. Elles se sentent obligé d’affronter leur calvaire en solitaire et cela m’a toujours perturbé. Je suis plutôt le contraire. Lorsque ça ne va pas, j’ai besoin d’être entouré de gens que j’aime et en qui j’ai confiance. Plus leur nombre sera grand, plus je vais en retirer la force de surmonter l’épreuve. Wanda est tellement forte, mais j’ignore de quel type de personne elle est. J’ai le sentiment qu’elle aurait tendance à vouloir affronter l’adversité seule et pourtant, je sens qu’être entouré lui serait bénéfique. Elle représente un entre deux bien particulier selon ma perception de son caractère. Peut-être est-ce la raison de mon insistance à son égard? Il m’est difficile de bien le comprendre. Alors, elle s’exprime à nouveau. Des paroles qui me font sourire puisque je ne trouve pas son attitude à ce point désagréable. Son comportement est même tout à fait normal compte tenu des circonstances. C’est moi qui insiste même un peu trop. Mais je n’y peux rien. Je ne veux pas faire la même erreur avec elle qu’avec tellement de mes anciens amis. Ces derniers,  je les ai malheureusement perdus de vue parce que mon métier accaparant me faisait les négliger beaucoup trop. Notre amitié s’est donc éteinte d’elle-même. Mais ses remerciements me font une nouvelle fois plaisir, moi qui n’en demandais pas vraiment à la base. C’est signe qu’elle est reconnaissante de mes efforts. Voilà pourquoi je vais toujours en faire pour elle.

-Te savoir en sécurité est un remerciement suffisant pour moi.

Je pourrais converser avec elle des heures durant. Sauf que pour le moment, je pense ne pas pouvoir faire plus pour l’aider. Sa situation me semble sous contrôle avec ses amis et j’ai déjà monopolisé beaucoup trop son temps. Recherchée comme elle est, je ne voudrais surtout pas que sa présence prolongée à un endroit finisse par la mettre en danger. Un regard à ma tasse de café vide me motive à penser que nous sommes dans ce petit bâtiment depuis un temps suffisant. Surtout que je ne sais pas depuis combien de temps elle y était avant mon arrivée. Je sors donc de ma poche de veston des billets d’argent afin de payer ma consommation ainsi que la sienne. Je me lève ensuite.

-Si tu me l’autorises, on peut faire un bout de chemin ensemble.

À moins qu’elle ne souhaite pas que je connaisse la direction qu’elle va emprunter au moment de sortir de ce café, ce que je comprendrais également. Dans sa situation, le mieux est de prendre le maximum de précautions.

Chicago by night

Wanda M. Maximoff & Jackson Wilde

Content qu’elle accepte ma proposer de marcher ensemble avant de nous quitter, je l’accompagne à l’extérieur. L’air n’est pas frais, ni trop chaud. En fait, l’enrobage de la nuit semble offrir une douce tiédeur qui permet de s’y promener sans être incommodé par la température. Je me sens très bien à respirer un tel air. Les ombres de la nuit qui contraste avec les quelques lumières des bâtiments rendent les rues magnifiques. J’observe les alentours un instant, tournant presque entièrement sur moi-même pour y parvenir. Puis, je termine mon tour d’horizon avec Wanda. Je ne peux m’empêcher de la trouver belle, avec les rayons de lumières des réverbères qui illuminent son visage. Une part de moi réalise à ce moment précis que la raison de mon attachement et de mon acharnement à vouloir offrir mon aide à cette jeune femme est plus que de l’amitié. La constatation me déstabilise suffisamment pour que mes sourcils se haussent sous la surprise et que mon regard se colle au sol. Dois-je avoir honte de ce sentiment? Comment réagir avec Wanda à présent que je comprends enfin ce qui m’attire vers elle comme un aimant? Me voit-elle seulement de cette manière ou suis-je simplement un ami? Je n’ose lui en parler. Aborder le sujet alors qu’elle est recherchée me semble une mauvaise chose. Son niveau de stress est déjà suffisamment élevé pour que j’ajoute une préoccupation supplémentaire. Ses mots me ramènent sur Terre. Elle me confit être à Chicago pour la première fois. Je lui souris. Elle imite mon geste et initie la direction à prendre. Je lui emboîte le pas, ayant de toute façon planifié de la laisser m’indiquer la route. Je peux très bien prendre un taxi pour retourner à mon hôtel par la suite. Quand à la fête où j’étais, je n’y retournerais pas. J’ai perdu l’intérêt d’y être. Je peux donc sans crainte suivre Wanda, jusqu’à ce qu’elle me demande de partir. Si je le pouvais, je la suivrais jusqu’à son repaire et je resterais à ses côtés pour la protéger en cas de besoin. Mais je sais que c’est une illusion. D’abord parce que j’ai toujours ma vie et mon identité secrète. Ensuite parce que la mutante est une grande fille, capable de prendre soin d’elle-même et de s’occuper de sa protection. Avec ses alliés en plus, elle est plus en sécurité là-bas que moi avec mon pouvoir. À quoi je pense d’envisager un tel scénario et de la suivre comme son ombre? Je ne suis pas son copain ou son mari. Je ne lui dois rien.

Alors que nous marchons lentement en longeant le trottoir, Wanda ajoute ensuite qu’elle aurait aimé visiter Chicago d’en d’autres circonstances. Évidemment, sa situation n’est pas l’idéal pour pratiquer le tourisme. Sauf qu’elle se débrouille très bien jusqu’à maintenant et c’est pour cela que je ne suis pas inquiet outre mesure. Elle saura rejoindre son repaire sans danger grâce au couvert de la nuit. Elle termine en me disant qu’elle apprécie avoir de la compagnie en ce moment. Je tourne ma tête pour lui sourire.

-Je suis déjà venu à Chicago quelques fois par le passé, mais jamais assez longtemps pour visiter. Ça me fait du bien d’avoir le temps de le faire avec toi, même si ce n’est qu’un petit quartier de la ville. Tu as raison, c’est bien d’avoir de la compagnie pour le faire. Je me sens moins seul quand tu es là.

Je recommence à parler sans réfléchir. Sauf que cette fois, je ne tente pas de cacher mes mots. Je ne dois pas avoir honte de dire ce que je pense. L’honnêteté est très importante entre deux personnes. Même si je me refuse à lui dire ce que je pense au plus profond de moi, lui indiquer que j’apprécie également sa compagnie n’est pas un crime. Je regarde un peu devant moi alors que notre rythme de marche devient régulier. Nous allons précisément à la même vitesse et cette dernière est l’idéale selon moi. Nous avons à cette vitesse la chance d’observer tranquillement autour. Chicago est une belle ville et la nuit contribue à l’embellir, je trouve. J’en oublis du coup l’heure qu’il peut bien être ou la distance parcourue. Je me concentre sur deux choses : converser avec Wanda et graver dans ma mémoire la splendeur de cet endroit.