« Sharon, tu vas bien ? T'as l'air un peu pâle ? ». « Oui ça va, ne t'en fais pas. Longue journée » répondis je en  plaisantant légèrement sans avoir réellement le cœur à le faire cependant. La journée avait vraiment était harassante et j'étais bien contente qu'elle soit enfin terminée pour moi. Ma comparse du moment elle ne pouvait pas en dire autant puisqu'elle repartait sur une mission de surveillance. Je la saluais d'un signe de tête plus ou moins amical lorsqu'elle passa à mes côtés. Je répondis à sa dernière plaisanterie avec un rire forcé avant de pousser un soupir de soulagement lorsque la porte se ferma dans son dos. Je n'avais rien contre cette femme mais je ne comprenais pas l'envie qu'avait les gens d'engager des conversations à tout bout de champ. Surtout avec des gens que l'on ne connaissait pas. Cela avait été notre première mission ensemble et nous avions du échanger deux mots en tout depuis ce matin. Pas de quoi devenir les meilleures amies du monde et sortir aller boire un verre. Franchement, j'avais mieux à faire. Et elle aussi j'en étais sûre. Une fois que je fus certaine que personne d'autres n'allait venir me déranger, je me délaissais de mon uniforme que je laissais tomber à mes pieds sans m'en préoccuper.  Je le ramasserai plus tard. Je fouillais un instant dans mon casier pour en ressortir une petite bouteille de shampooing et un petit gel douche déjà bien entamé. Comme tous les autres agents du SHIELD j'avais mes quartiers personnels mais il y avait des jours comme aujourd’hui, où j'étais trop impatiente, et préférais prendre une douche dans les vestiaires des femmes. Et puis, je voulais aller voir quelqu'un aujourd’hui et ne voulait pas perdre de temps. Ou du moins plus de temps que j'en perdais déjà. Néanmoins, j'avais pris la poussière toute la journée et la douche s'imposait donc. Simple question de respect. Et puis j'aimais mon petit confort et je détestais être sale. Quand l'on ne pouvait pas faire autrement c'était une chose mais là il n'y avait pas de raison pour moi de ne pas me débarrasser des saletés accumulées pendant mes heures du travail.

Serviette en main je me dirigeais vers les douches et je tournais tous les boutons jusqu'à trouver ma température idéale. Seulement là, je me glissais sous le jet. Je restais un instant sous l'eau, les yeux fermés, à écouter le silence et à faire le vide. Le calme de l'endroit eut le mérite de e détendre un peu et de me faire un instant oublier la migraine qui martelait mon crâne. Bien entendu, cette dernière ne tarda pas à se rappeler à mes bons souvenirs. Ou mauvais. Je supposais que cela dépendait des points de vues. A présent agacée, je savonnais mon corps et shampooiner mes cheveux vigoureusement avant de rincer le tout à présent les dents serrées sous la douleur. Qu'est ce que cela pouvait être désagréable. J'étais à plus de six ibuprofènes depuis ce marin et rien n'y faisait. Rien. A croire que la cause en était paranormale. Ce n'était pas la première fois que cela m'arrivait. Depuis des mois, j'étais victime de ses maux de tête insupportable. La douleur était telle que j'avais l'impression de perdre pied voir de perdre connaissance. J'avais parfois l'impression de me réveiller à un autre endroit. Cela ne pouvait plus durer. J'avais besoin de quelque chose de plus fort que ce que je prenais actuellement. Même l'ibuprofène avait ses limites. Il était peut être temps de passer à la codéine. Il était cependant impossible de se procurer ce genre de médicaments sans prescription et avis d'un médecin. Par chance, je savais exactement où aller. Et la réponse n'était pas dans la partie médicale du SHIELD mais ailleurs en dehors de la base pour plus de secret. Oui, Donald Blake était l'homme de la situation. Comme toujours.

Ce fût habillée d'une veste à capuche remontée sur mes cheveux blonds encore humides et d'un vieux jogging gris ayant vu des jours meilleurs que je me présentais au cabinet médical du Docteur Blake. Un sourire sincère se posa sur mes lèvres pour la première fois aujourd'hui lorsque j’aperçus mon docteur et ami. Il était bien le seul que j'avais envie de voir aujourd'hui. Même si ma visite était purement intéressée. L'on pouvait croire que tout l'était avec moi mais ce n'était pas le cas. J'appréciais sa compagnie et sa douceur. Au fil de mes visites, nous avions développé un lien et j'étais contente de pouvoir l'appeler mon ami. Lui et l'autre... même si les raisons étaient bien différentes. « Miss Carter !  Je suppose que ce n'est pas une visite de courtoisie ». « Effectivement. Vous avez visé juste encore une fois Doc'. » m'amusais je légèrement en prenant la place qu'il venait de me désigner d'un geste de la main. Non pas que j'en avais besoin. J'avais l'habitude à présent. « Bonjour. Alors… Qu'avons-nous aujourd'hui ? Blessure ? Douleur ? Les deux ? Vous devriez prendre soin de vous Miss Carter. » reprit-il alors que je haussais les épaules. Je faisais de mon mieux. J'attirais juste le danger et avec lui les ennuis et malheureusement les blessures. Je n'étais hélas pas encore invincible. « Un jour je risque de ne plus pouvoir vous réparer. Mais c'est bien que vous soyez venue me voir. Je vais en profiter pour vous faire un bilan complet, cela fait un petit moment que vous n'êtes pas venue me consulter. J'ai fini par penser que vous aviez trouvé un nouveau médecin. » ajouta t-il avec la même pointe d'humour. « Vous savez très bien que vous êtes le seul et l'unique pour moi Don'. Personne ne peut me soigner mieux que vous ! » susurrais je en lui lançant un sourire. « Je vais chercher votre dossier, je reviens. Vous me direz pourquoi vous êtes là, je ferais un topo sur votre état général et vous pourrez retourner au travail. Ou si vous avez le temps, je vous invite à prendre un café. Ma journée fût assez longue et je ne dirais pas non à une pause ». «  Je ne dirai pas non à un café » déclarais je sans hésitation. Je le connaissais assez bien pour savoir qu'il ne pensait rien de la situation. Un café voulait dire un café. « Votre épaule ne vous fait plus souffrir Miss Carter ? » me questionna t-il en revenant finalement à mes côtés. J'effectuais une rotation de mon épaule droite pour juger de sa mobilité. Tout semblait être en ordre. Pour être tout à fait honnête j'avais complètement oublié que mon épaule avait été le centre de discussion de ma dernière visite. « Tout va bien, vous avez fait un excellent boulot comme d'habitude. De toute façon je ne suis pas là pour une blessure physique aujourd'hui. Non en fait, je suis là parce que j'ai de très intenses migraines depuis quelque temps et que j'ai besoin de quelque chose de plus fort que les médicaments en libre service que je peux acheter. Vous êtes sûr qu'un bilan est nécessaire ? » l'informais je finalement en taisant certains détails. Je savais qu'il n'allait pas tarder à me poser des questions de toute manière et que j'allais devoir dévoiler ces détails. J'aurai pu nous épargner cette peine mais l'on ne savait jamais. Peut être que je pouvais toujours faire passer à la trappe certaines informations. Il y avait des choses que je n'étais pas prête à dévoiler ou partager. Médecin et ami oui. Mais nous avions tous notre petit jardin secret.
   

« Vous devez faire régulièrement des bilans complets... Déjà que vous ne venez pas me voir souvent, laissez-moi m'amuser un peu quand je vous ai devant moi. Je ne vais pas vous torturer longtemps, je vais vérifier votre poids, votre tension, votre vue et peut-être que je vais pousser le vice à vous prescrire une prise de sang pour être certain que vous ne maltraitez pas votre corps ». Bon bah je supposais que je n'avais pas le choix. Au moins, je ne pouvais pas me plaindre d'un manque de professionnalisme. Ça, je ne pouvais pas lui reprocher. Néanmoins, cela ne m'arrangeait pas des masses non plus. Je n'avais pas prévu de passer du temps dans son cabinet. J'aurais du m'en douter cependant. Et puis j'avais bien accepté le café donc de toute façon mon sort était scellé.  Plus pour la forme qu'autre chose, je laissais sortir un soupir ennuyé. Il me connaissait cependant assez bien à présent pour savoir que je ne l'étais pas vraiment. Pas contre lui du moins. «  Vous savez, le SHIELD nous prescrit des bilans » ne pus-je m'empêcher de lui faire remarquer. Cela ne suffit cependant pas à le faire changer d'idée. Il y avait SHIELD et il y avait lui. Je ne pouvais pas lui en avoir d'être sceptique ou soucieux puisque je fuyais les services médicaux de mon employeur.  Sans rien dire de plus, je suivis ses instructions. Je me débarrassais de ma veste et de mon tee-shirt pour ne rester qu'en débardeur. Je m'allongeais sur sa table d'auscultation et fis de mon mieux pour me détendre. Je détestais cette position. Je me sentais vulnérable et à la merci de n'importe qui et n'importe quoi. Ma paranoïa ne pouvait s’empêcher de s'enflammer. Etre agent du SHIELD n'avait pas que de bons côtés.  Pourtant, je savais que j'étais en sécurité ici, entre ses mains. Le doc' ne ferait jamais rien pour me faire du mal.  Que cela soit dans sa forme humaine ou dans ses habits de dieu. Clairement, ce n'était pas leur genre. Néanmoins, je ne pouvais m'en empêcher. A chaque fois, je me tendais. Et cela malgré mes efforts pour rester stoïque. Cette réponse automatique était aussi l'une des raisons pour laquelle je ne voulais pas aller voir les médecins du SHIELD. Ils jugeaient un peu trop vite sans savoir ce qu'être agent de terrain voulait vraiment dire. Pur survivre, il fallait développer des réflexes. Cette réponse physique n'était rien d'autre que ça. Tout agent était conditionné. C'était ce qui faisait que nous pouvions rentrer sains et saufs à la maison à la fin de la journée. Les docteurs, eux, avaient un peu de mal à le comprendre.

« Migraines ? Hum, cela peut-venir de plusieurs choses... Mais vous ne m'avez jamais parlé de migraines avant, vous avez changé quelque chose à votre façon de vivre ? Tabac ? Alcool ? Stress ? » me questionna t-il. Je réfléchissais sérieusement à la question avant de hocher négativement la tête. Je ne fumais pas , ne buvais pas. Après ma vie elle changeait tout le temps donc c'était difficile de trouver quelque chose qui justement restait identique. Cela ne m'avait jamais dérangé auparavant donc je voyais mal comment cela pouvait être la cause de mes migraines. Au contraire même la monotonie m'ennuyait à mourir. « Vous pourriez être enceinte ? Un changement hormonal brutale peut provoquer des maux de têtes. » continua t-il alors que je m'étranglais une seconde avec ma salive avant de lâcher un rire surpris. « Non ça doc, vous pouvez le rayer de votre liste sans problèmes » riais-je malgré moi un peu mal à l'aise. Je n'était pas gênée de parler de ma vie sentimentale ou sexuelle avec lui. Mais cela me rappelait à quel point cette dernière était pour le moment inexistante. Un vrai désert.  Sans rien dire de plus je le laissais faire le reste de ses évaluations. Je me rhabillais lorsqu'il me le demanda. J'écoutais ses conclusions sur mon état de santé. Je croyais cependant lorsqu'il me déclara que je n'allais pas non plus échapper à la prise de sang. Ma foi, si il pensait que c'était vraiment nécessaire. C'était lui l'expert après tout. Mes compétences et connaissances médicales s’arrêtaient aux soins de premier secours en situation de combat et d'urgence. Cela n'avait rien à voir avec ce qu'il faisait. Il soignait des gens et sauvait des vies. Moi je faisais des garrots, m'occupais de blessure par balles sur le terrain et plaçais une perfusion lorsque cela était nécessaire. Et ça c'est encore si nous avions le matériel à porter de main. Ce qui n'était pas toujours le cas.

Un sourire amusé se posa sur ma bouche pleine lorsqu'il me demanda d'aller me peser. J'étais fière de mon corps et par conséquent je n'avais pas de mal à monter sur une balance. Je savais très bien quel genre de nombre elle allait me renvoyer.  Ainsi je ne fus pas étonnais le moins du monde lorsqu'il me déclara que je n'avais ni pris ni perdu du poids. Je travaillais dur pour le corps que j'avais. Il n'y avait pas de mystère. Je faisais du sport de manière quotidienne et faisais attention à ma nutrition.  Pas de viandes grasses, pas de sucre rapide, beaucoup de protéines etc... Je suivais évidemment la règle du cheat meal. Tout le monde avait besoin de manger un bon burger et des frites de temps en temps. Je n'étais pas contre une bonne pizza également lorsque j'étais d'humeur. « Bon, tout semble être en ordre au niveau physique… Alors parlez-moi des migraines. Leur fréquence, leur durée. Est-ce qu’un élément particulier les provoques ? Avez-vous remarqué quelques choses ? » me questionna t-il. « Pas spécialement » mentis je. Je n'avais aucune envie de lui parler des choses que je faisais pendant ce temps là, ni du fait que je perdais la notion du temps. Je ne comptais pas passer par la case folle à lier. «  Elles sont juste très fréquentes ces derniers temps. Ça me prend vraiment tout le crâne et j'ai du mal à m'en débarrasser. Généralement, elles sont là pour plusieurs heures. Il m'est déjà arrivée de me coucher et de me réveiller avec la migraine » offrais je cependant comme informations. Il fallait bien que je lui fournisse quelques détails sinon il allait voir que je ne disais pas tout. Mentir et cacher une partie de la vérité était un exercice à ne jamais prendre à la légère. Il fallait un juste milieu entre ce qu'on disait et ce qu'on taisait. Bien sur en étant espionne j'étais passée maître dans cet art bien particulier.  Il était difficile voir impossible de savoir lorsque je disais l'entière vérité, mentais comme un arracheur de dents ou  lorsque j'offrais les détails de l'histoire que je souhaitais ouvrir. Beaucoup ne seraient pas fiers de cette capacité, moi je l'étais. « La mort de Steven Rogers, ne serait-elle pas le déclencheur de ces douleurs ? [...] La mort et le deuil, sont deux choses que l'être humain à encore du mal à appréhendait ». Je restais interdite face à la question. Mes migraine s'étaient en cas reliées à la mort de Steve puisqu'elles avaient débutés bien avant. Je ne m'étais cependant pas attendu à ça. Je fus momentanément vulnérable. Steve avait été mon ami mais sa mort n'avait pas été un coup aussi dur que ça. Les gens mourraient tous les jours. Des amis j'en avais perdu par dizaine depuis que j'avais commencé ce métier. Contrairement à ce que l'on pouvait penser, Steve n'était que mon ami et rien d'autre. Et il était mort. C'était triste certes mais la vie continuait. Je repoussais évidemment la sensation de satisfaction qui s'empara de moi lorsque je repensais à sa mort. Ça par contre ce n'était pas normal. Ma tante en aurait hurlé de rage si elle savait. Je ne savais pas pourquoi je ressentais ce que je ressentais. Il y avait en moi une partie mesquine qui se réjouissait des horreurs du monde. Mon boulot devait plus me blaser que je ne le pensais. «  Mes migraines étaient là avant. Rien à voir avec la mort de Steve donc ».  « En avez-vous parler avec quelqu'un ? Un professionnel ? Un ami ? ». Je n'eus par chance pas besoin de répondre à cette question puisque sa secrétaire se présenta à la porte.

J'écoutais d'une oreille discrète ce qu'ils se racontaient. J'avais assez de décence et de retenue pour ne pas tout écouter. Et cela malgré mon statut d'espion. Parfois, je ne pouvais qu'applaudit mon self control. « Vous avez subi un gros choc avec la mort de Steve Rogers... Et le R.A. Cela pourrait peut-être jouer sur votre moral et créer ces maux de tête » reprit il après une petite parenthèse. Pour le coup je lâchais un grognement. Il était têtu ma parole. «  Je vous assure sur la tombe de ma tante Peggy que la mort de Steve n'a rien à voir là dedans » déclarais je avec force en haussant un sourcil dans sa direction. Je ne jurais jamais sur la tombe de ma tante et clairement j'aurais peut être du m'abstenir vu la situation. «  Quant au RA, je suis pour donc vous savez je subis beaucoup moins de stress que ceux qui sont contre. Alors oui j'ai des amis qui sont du mauvais côté de la barrière, si je puis me permettre, mais heureusement ARES est chargé de les traquer, pas moi » complétais je avec un sourire en coin. «  Une autre théorie docteur ou vous n'en savez pas plus que moi ? » questionnais je avec une certaine désinvolture agressive.  On allait pas rester trois ans sur le sujet. J'étais juste là pour des cachets plus forts que le doliprane, pas pour une thérapie complète.