Besoin d'un avocat ? - Feat Aidan

Besoin d'un avocat ?

Gabrielle & Aidan

Une erreur de débutant, rien de plus. J'ai été trop confiant, une fois de plus. Ce n'était pourtant pas compliqué. Entrer, prendre ce qui m’intéressait et ressortir. C'était pourtant pas compliqué. Enfoiré de stagiaire. Je savais que j'aurai du m'occuper de désactiver l'alarme mais il m'a dit « Ne vous en faîtes pas, boss, je gère ». Je te jure, dès que je sors d'ici, tu vas gérer au fond d'un trou, c'est moi qui te le dis. Évidemment, cette petite fouine s'était sauvée, elle était le plus près de la porte, elle avait eu le temps de se planquer. J'ai pas eu cette chance. Les flics sont arrivés, mains en l'air et tout le bla bla et voilà que je me retrouve menotté en salle d'interrogatoire. Je pourrais tenter de m'évader mais bon, le commissariat étant bondé, je n'irais pas bien loin. Je vais devoir patienter. Longtemps. Très longtemps. Je suppose qu'ils vont me coller un avocat commis d'office. Le genre d'avocat qui à autre chose à faire que de s'occuper de ce genre d'affaires et qui va simplement vous laisser croupir et alors, va vous foirer votre défense. Une chance que j'ai fais des études de droit, s'il le faut, je me défendrai tout seul.

J'ai besoin de fumer, je commence à péter les plombs. Pourquoi se faut-il que ce soit si long ? Je me lève de ma chaise et entreprend de sortir mais je suis stopper par ces p****** de menottes de m****. J'interpelle un policier, lui demandant gentiment de me retirer les menottes pour que je puisse fumer et il me répond, je cite « Ferme ta gueule, on est pas au café ici. Tu fumeras quand tu seras en taule ». L'envie de lui faire une majeur me démange fortement. Au lieu de ça, j’étouffe un « connard » et je me rassoies. Reste calme. Si je tente quoi que ce soit maintenant, ce sera voué à l'échec. Je grave son image dans ma mémoire. Toi, dès que je sors d'ici, attends toi à de la visite et pas du genre amicale, si tu vois ce que je veux dire.

Je me tape la tête sur la table, j'en peux plus. A croire que c'est la procédure ici. Voir combien de temps le suspect tient à attendre comme un con en salle d'interrogatoire. Et bien, je vous le donne en mille : PAS LONGTEMPS. Je commence à compter les dalles au plafond, il y en a 36. Puis, le carrelage au sol : 42. Puis, les tâches bizarres sur les murs : 12. Ok, je commence à devenir fou. « Vous pourriez m'apporter un café, au moins ! » J'ai pas spécialement soif mais je veux juste m'assurer qu'il ne m'ait pas oublié. Allez, faites entrer l'avocat grognon, que je le dégage en lui disant gentiment que je m'en sortirai bien mieux sans lui et qu'on en finisse. J'ai des affaires urgentes à régler avec un stagiaire. Et des condoléances à envoyer à sa famille.

J'entends des bruits de pas, enfin ! Aurait-on finalement entendu mes prières ? Je relève la tête, plein d'espoir. Une femme entre. C'était pas ce que j'avais demandé mais bon, ça fera l'affaire. Elle sourit. Au non, pas ce sourire là. Le sourire commercial qui veut dire « Bonjour, t'es dans la merde. Cordialement ».

" Bonjour, je me présente Gabrielle Chapman, je serais votre avocate. Et donc vous êtes Aidan, c'est ça ? Est ce que vous pourriez m'en dire un peu plus sur notre affaire ? Dans quel pétrin est ce que vous vous êtes fourré ? " Ouh là. Ouh là. Ouh là. Je ne suis pas un expert mais quand on a pas lu le dossier de ton client avant d'entrer, c'est pas bon signe. Surtout si on lui demande de lui résumer l'histoire. « Que voulez-vous, Melle Chapman, j'ai pas eu de chance, sur ce coup-là. J'ai fais confiance à la mauvaise personne et voilà où ça nous a mené ». J'élude sciemment la partie « Qu'est-ce que vous avez fait ? ». J'aimerais éviter au possible la partie « Je suis à la tête d'Icare, un groupe de voleurs organisés, vous connaissez ? » Au lieu de ça, je fouille dans ma mémoire pour retrouver deux ou trois trucs que j'ai appris en cours de droit « Écoutez, j'ai fais des études de droit, je sais comment ça fonctionne et...» Je jette un coup d’œil pour vérifier s'il y a des caméras ou autre micros. 1, 2 micros et 2 caméras. Fais chier. Ok, changement de plan « Je connais mes droits et je choisis délibérément le silence. Je ne dévoilerai rien de plus que ce qui a été spécifié dans le dossier par vos collègues. »

Je la fixe dans les yeux. Je ne fais que retarder le moment fatidique. Elle va lire le dossier, énumérer les faits « Vol avec effraction ». D'après ce que j'avais retenu, j'encoure cinq ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende. Ce qui est beaucoup. Et j'ai pas 5 ans à perdre à me tourner les pouces en prison. Je me penche vers elle « Je sais que vous êtes commis d'office et que vous préféreriez mille fois vous occupez de cas bien plus intéressant qu'un petit vol donc voilà comment ça va se passer : vous allez lire mon dossier, vous allez énoncer les faits, me demander si c'est bien ça, je vais tout nier en bloc et on va finir au tribunal. Et entre nous, personne ne veux ça. Toutes les procédures qui prennent des plombes, on va pas s'en sortir. Nous sommes tous les deux des gens occupés donc faisons ça vite, d'accord ? »

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Gabrielle & Aidan

" Je pense que si vous voulez vous en tirer, vous ferriez mieux de me laisser faire mon travail. Vous êtes dans la merde jusqu'au cou, alors arrêtez tout de suite de vous prendre pour Dieu. Vous vous êtes fait prendre, on va tenter de limiter la casse mais si vous continuez à agir de la sorte, je ne pourrais rien faire pour vous. C'est un flagrant délit, vous pensez sérieusement pouvoir vous en tirer si facilement ? J'ai bien lu le dossier, rassurez-vous. Si vous êtes déjà en contradiction avec vous même, on n'ira pas loin. Donc, je vous le répète. Dites m'en plus sur cette affaire et je pourrais ainsi mieux négocier votre remise en liberté. Mais c'est vous qui voyez. Je peux prendre mon argent, me tirer d'ici et vous laissez dans la mouise puisque vous semblez être si fort. " Un petit rictus narquois vient égayer mon visage. Elle en a à revendre, c'est le moins qu'on puisse dire. C'est ce qu'on apprend sur le terrain, en cas de clients récalcitrants, toujours essayer d'avoir le dessus. C'est bien, la demoiselle apprend ses leçons. Cependant, c'est pas comme ça que ça va marcher ici. Je sais très bien qu'elle ne partira pas, si elle est avocate, c'est que, par essence, elle possède une conscience et ça m'étonnerait que celle-ci la laisse filer en laissant un cas désespéré en attente de passer à l'abattoir. Non, je ne me fais pas d'illusions, je suis dans la merde jusqu'au cou. Toutefois, si je peux jouer un petit peu avec ses nerfs, je ne vais pas m'en priver.

« Vous savez, vous avez une sacré réputation dans le coin » La flatterie, ça marche toujours « Avocate réputée, la meilleure de la ville d'après certains » Je la fixe du regard « Alors, pourquoi vous attardez-vous ici ? Je ne devriez pas voler au secours de la veuve et l'orphelin ou encore, nourrir les petits chiots affamés dans la rue ? Non, vous préférez vous occuper d'une affaire tout ce qu'il y a de plus banal et de plus barbant, pourquoi ? Vous passez le temps ? Attendant patiemment qu'une grosse affaire du style meurtre ou encore viol vous tombe dessus. Ou alors, vous aimez simplement aider les âmes en détresse, ce qui, en soit, est tout à fait louable. » Je suis curieux, Chapman… Attendez une minute, ce nom me dit quelque chose. Oh mais oui, Maxwell ! J'esquisse un large sourire « Votre nom, c'est bien Melle Chapman ? Vous êtes de la famille à Maxwell ? » Je ne sais pas grand-chose de sa vie de famille, si ça se trouve, c'est sa fille. Après, si ce genre de relation pour aider mon cas, ce ne serait pas de refus. J'ai autre chose à faire que de glander dans une salle d'interrogatoire qui pue le renfermé et le vieux rat crevé.

« C'est un très bon ami à moi, on se connaît depuis… Ouuh, tant que ça » Sur ces derniers mots, je reprends une expression sérieuse. J'élude la question « Qu'est-ce que vous avez fait ? » pour passer directement au point sensible, la famille. Même s'ils sont en mauvais termes, ça détournera son attention et c'est tout ce dont j'ai besoin. C'est marrant cinq minutes mais je commence à me sentir oppressé dans cette salle. Et les menottes n'aident pas. J'ai qu'une envie, c'est de sortir d'ici. Je suis légèrement claustrophobe sur les bords. J'ai besoin de sentir le vent caressant mon visage et pas le bruit irritant de la ventilation. Je préfère la lumière naturelle et chaleureuse du soleil à la luminosité agressive et blafarde des néons. Si on me laissait juste deux secondes seul, je pourrais tenter de me libérer et de me barrer d'ici mais non, il a fallu qu'on m'envoie la jeune avocate en manque de frissons. Je retiens un soupir d'exaspération, faites qu'elle lâche l'affaire au plus vite, qu'on en finisse.

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Gabrielle & Aidan

" Vous pensez sérieusement que votre argumentation à deux balles va me faire lâcher votre affaire ? Ce n'est pas en jouant la carte de Maxwell Chapman que les choses vont être différentes monsieur Davis. C'est mon père et il n'a jamais fait mention de vous, après, je ne connais pas tous ces amis, mais si vous pensez que cela va m'attendrir, c'est raté. Je ne fais pas dans le sentiment dégoulinant de bonne volonté. Si je suis ici, c'est pour que vous puissiez être libéré le plus rapidement possible sans passé par la case prison et tout ce qui va avec. Si vous choisissez de garder le silence, c'est votre choix, mais ça ne nous mènera pas très loin. Après, si vous voulez être certain de passer par la case prison, c'est vous qui voyez. " Je n'aime pas du tout le ton qu'elle prend. Je lui ferai bien ravaler son petit air prétentieux. Enlève ces putains de menottes et je vais te montrer une autre forme d'argumentation, mademoiselle La Dictatrice de la Bonne Conscience. Elle sait où elle peut se la mettre sa morale. Décidément, la fille et la même que le père, connasse butée.

J'essaye de retrouver un semblant de calme. Elle lâchera pas l'affaire, hein ? Elle semble déterminée à aller jusqu'au bout. Cette situation n'est clairement pas à mon avantage et je ne peux certainement pas me payer le luxe de passer par la case prison. J'ai pas le temps de jouer au  bon petit voyou, écoutant attentivement mon avocat et priant pour qu'elle me sorte de cette situation. Si seulement elle pouvait tourner le dos, juste 10 secondes, je pourrais tenter quelque chose, une évasion, n'importe quoi. Mais non, au lieu de ça, la demoiselle s'assoit en face de moi, posant mon dossier devant elle. Sérieusement, elle commence à me les briser. Seulement, c'est ma meilleure chance de sortir d'ici sans trop de casse. Putain, je vais devoir fermer ma gueule et lui sourire en acceptant bien sagement son aide.

« Bon, on commence par quoi ? » Mon ton est sarcastique, elle me force la main et ça me rend dingue. Ma résignation me laisse un goût amer dans la bouche, une impression d'échec mais j'ai pas dis mon dernier mot. « Qu'est-ce que vous voulez savoir ? » Je suppose qu'elle voudra savoir si c'était prémédité, si j'étais seul, si c'est la première fois que je me fais choper et d'autres questions qui ne trouveront certainement pas une réponse honnête.

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Gabrielle & Aidan

" Ce que je veux savoir, c'est ce qu'on vous reproche exactement et comme cela s'est produit, parce que l'on pourra ainsi peut être jouer sur un vice de procédure pour vous libérer le plus rapidement possible. S'il y a le moindre doute sur quelques choses concernant votre arrestation, on appuiera comme il faut dessus pour que la situation soit à notre avantage. J'espère pour vous que vous avez un casier vierge, ça nous simplifiera la tâche. " Sur ce coup-là, il va falloir être astucieux. Je ne veux pas lui mentir ouvertement ou me fondre en excuses pathétiques du style « Non, s'il vous plaît, vous devez me croire, c'est pas moi et gna gna gna ». Je préférerais encore la prison plutôt que d'avoir à m'abaisser à ça. Non, il va falloir être plus subtil que ça. On oublie la technique de déni ou du blocage total. C'est débile et ça ne fonctionne pas. Et puis, la demoiselle ne semble pas être une amatrice, ce genre de ruse, c'est bien avec les débutants mais là, je vais simplement perdre encore plus de temps que j'en ai déjà perdu. Non, on va faire plus simple, je vais lui dire ce qu'il s'est passé et comment. Après, il n'est pas dit que tout soit révélé. Notamment tout ce qui touche Icare, par exemple.

Je me redresse bien droit et je la défie du regard « C'était un simple défi. 500$ à celui qui arriverait à piquer un truc sans se faire choper. » Je roule des yeux et je parcoure rapidement la pièce du regard « Bon, j'ai perdu ». J'essaye de me faire passer pour un abruti de première, faisant des paris débiles avec ses potes et un peu con sur les bords. Je me dis qu'elle essaiera de boucler vite cette affaire pour se débarrasser de moi. Elle devrait faire ça, ça nous arrangerait tous les deux.

En attendant, je suis planté là devant cette avocate qui a décidé de me les briser jusqu'au bout. Elle jette un œil à mon dossier et je ris intérieurement. Cherche pas, il n'y aucune trace de moi là-dedans. Je fais attention à surveiller mes arrières. Au moins, j'ai ça de mon côté, d'après mon dossier, c'est la première fois que je finis au poste de police. Bien, on va peut-être pouvoir en tirer quelque chose. « Ecoutez, les gens se sont un peu envenimées. A la base, c'était juste une connerie entre potes » Il manquerait plus que la petite larme et le tableau serait complet. Putain, j'espère pour l'enfoiré qui m'a fait choper qu'il sait courir vite parce que dès que je sors d'ici, on va retrouver son cadavre au fond d'une rivière.