La nuit, les chats sont-ils vraiment gris ? ft. Gwen & Wells

Il est rare que Gwenael Caulfield ne réponde pas au téléphone. Principalement parce que les trois quart du temps, c'est le boulot et le devoir qui l'appellent. Mais ce soir, malgré l'heure tardive, elle sait bien que ce n'est pas son supérieur qui tente de la joindre, puisqu'elle se trouve dans le bureau du dit supérieur. Assise face au Capitaine de Police, Gwen regarde l'homme. Lui, il la dévisage plus qu'autre chose. Son meilleur élément, connue pour ses états de service et son implication, également fille de son vieux collègue. En tant que supérieur, il devrait la réprimander pour ce qu'il s'est passé moins d'une heure plus tôt. En tant que presque père de substitution, il se masse les tempes d'un air désespéré.

« Je ne peux pas faire ça, Gwen. Pas sans l'accord des parents ou de la famille proche. »
« Mais ses parents ont disparu de la circulation, Capitaine ! La seule famille proche de Dyson, c'est moi, et je sais que tu peux obtenir le droit d'exhumation sans problème ! » Les limites entre le supérieur et l'ami sont minces ce soir. Gwen se perd entre le tutoiement familial et le vouvoiement du boulot.
« Et sur quelles preuves je demanderais cette procédure Gwen ? Parce que tu penses avoir reconnu ton mari décédé ?! »

L'énervement et l'incompréhension du Capitaine se font sentir. De son côté, Gwen est tiraillée entre la colère et le désespoir.

« Je ne suis pas folle si c'est ce que vous insinuez. » La blonde essaie de garder son calme, bien que sa voix tremblante prouve le contraire. Elle sort de son sac un foulard taché de sang encore frais, qu'elle pose sur le bureau en tapant du poing. « Mon arme de service n'a pas été utilisé sur un chat de gouttière ! Une analyse de sang prouvera ce que je dis. S'il vous plait. »
« C'est impossible, tu as déjà de la chance de ne pas être sanctionnée pour avoir tiré en pleine rue de la sorte et... Gwen reviens ici. »

Sans même laisser le temps à son supérieur de terminer sa phrase, le lieutenant quitte le bureau, ayant repris le foulard. Les rares personnes présentes au poste en cette heure avancée de la nuit regardent la blonde passer, les éclats de voix venant du bureau du Capitaine les ayant intrigués.
Elle est toujours trempée et dehors la pluie tombe toujours autant alors qu'elle rejoint sa voiture garée en face du poste. Une fois dans le véhicule, Gwen pose son front contre le volant en soufflant longuement. Quelle soirée de merde. Un instant, elle pense uniquement au bain qu'il l'attendra chez elle, précédant sans doute une nuit d'insomnies et de recherches. Mais le souvenir de son téléphone sonnant dans le bureau du capitaine revient en mémoire de la blonde.
Le rétroéclairage de l'écran du mobile illumine son visage alors qu'elle le porte à l'oreille pour écouter le message.

« Gwen, c'est Maxwell... Je... J'ai besoin de parler là je crois... Si tu savais passez chez moi dès que tu as ce message, je t'avouerais que tu me ferais une fleur. »

Il n'en faut pas plus à la jeune femme pour mettre le contact. S'occuper des problèmes des autres pour ne pas penser aux siens, c'est toujours sa solution. Pas pour rien qu'elle fait ce métier après tout.
En l'espace de quelques minutes, la voiture de luxe se gare en bas de chez Maxwell. Le ronronnement du moteur s’éteint dans la nuit, suivi du bip caractéristique de la fermeture des portes.
Une fois dans l'immeuble, Gwen s'arrête un instant devant le miroir du hall. Histoire de faire bonne figure, elle attache ses cheveux encore humides et se frotte un peu les joues. Si le chauffage de l'auto a séché son chemisier, elle reste tout de même tachée de poussière, du sang sous les ongles. Il lui manque aussi une boucle d'oreille. Qu'importe.

Les marches sont montées quatre à quatre. Ses doigts viennent toquer à la porte de son ami et collègue politique. Depuis son message, elle ne peut s'empêcher de se demander ce qui a bien put arriver pour que Maxwell lui demande de venir aussi tard. Les réponses allaient bientôt arriver. La porte s'ouvre sur un Maxwell cerné, à la mine aussi mauvaise que celle de Gwen.

« Gwen, je suis content de te voir, entre je t'en prie. Merci d'être passé.. »
«  Bonsoir Wells, c'est normal voyons. Tu as une mine affreuse. » Les derniers mots de la blonde sont lancés sur un ton qu'elle veut un peu léger et sous invitation de Maxwell, elle s'installe dans le canapé.
« Je sais, je suis dans un état pathétique... Mais, avant que tu ne paniques et que tu t'inquiète, je vais bien. J'ai subis un enlèvement, mais je vais bien. »
«  Pardon ? » s'étrangle Gwen en levant les sourcils. «  Tu ne peux pas me dire une telle chose et l'agrémenter d'un "mais je vais bien" Maxwell. » Gwen s'interrompt pour souffler en se massant les tempes, un peu comme l'avait fait son supérieur peu de temps auparavant. « Très bien, mais avant de te poser des questions sur le comment du pourquoi -questions auxquelles tu as intérêt à répondre sinon je t'émascule et crois moi, c'est très douloureux... » Un petit silence faussement dramatique et Gwen reprend : «  Est-ce que je suis là en tant que flic ou en tant qu'amie ? » Si cela paraît un peu anodin, cela ne l'est guère pour la femme. En réalité, elle est à deux doigts de vociférer à Wells de tout lui dire pour lancer une recherche avec un numéro d'urgence et des portraits robots. Mais si son ami à besoin d'elle sans son métier, sans les avantages mais aussi soyons honnêtes, les inconvénients que cela apporte, elle est prête à se calmer et ne pas retourner en trombe au poste.
 

Gwen  a beau être assise sur le canapé, elle se tient au bord du coussin qui forme l'assise, comme prête à bondir. Ses jambes tremblent légèrement, nerveuse pas la situation et les révélations de son ami tant que par les précédents événements de la soirée. Détachant ses doigts de ses tempes, la blonde soutient le regard de Maxwell sans ciller, retenant presque son souffle.

« Tu es là en tant qu'amie... Et en tant que membre du Parti Collectif aussi... Je ne veux pas... Je ne peux pas impliquer la police là dedans. » Le lieutenant hoche la tête, invitant son ami à continuer. « Et c'est la vérité, je vais bien. Quelque part, j'ai toujours su que ce genre de trucs finirait par arriver. Je ne porterais pas plainte, même sous X. En tant qu'ex-mari du vice président, je ne peux pas me permettre de me mettre en avant de la sorte. »

Elle prend sur elle, Gwen, pour ne pas lever les yeux au ciel, se contentant de soupirer. Maxwell est loin d'avoir tort, ce n'était au final pas étonnant. On ne peut pas dire qu'elle soit vraiment surprise mais l'inquiétude est là tout de même, rongeant la ligne de sécurité.
Alors que Maxwell se lève pour aller chercher une bouteille, s'absentant à la cuisine. La blonde sait que cela signifie que la nuit va être longue et elle ne se gêne pas pour enlever ses chaussures. Son ami revient rapidement avec deux verres qui furent remplit généreusement, l'un poussé vers elle.

« Tu risques d'en avoir besoin autant que moi. Le sujet n'est pas exactement facile a aborder... Par quoi veux tu commencer ? »

Ne se faisant pas prier, Gwen prend le verre entre ses doigts. Tout cela n'augure rien de bon et elle prend immédiatement une gorgée en ramenant ses pieds déchaussés sur le canapé, genoux contre elle. A nouveau, un soupir précédé d'une longue inspiration. Le verre tourne entre ses doigts avant qu'elle ne s'arrête en remarquant le sang séché sous ses ongles.
Puisqu'il faut se lancer.

« Eh bien... Je ne sais pas par quoi commencer à vrai dire. Je veux tout savoir Wells. Qui, quand, comment, pourquoi, qu'est-ce qu'ils t'ont fait... » Sa voix se briser à ces derniers mots. La perspective que l'on fasse du mal à l'une des personnes les plus précieuses à ces yeux est insupportable. Rien qu'à cette idée, elle sent la colère commencer à bouillir et tente de garder son calme en buvant une nouvelle gorgée d'alcool. Rien ne sert de s'énerver maintenant. « Tu me parles du Parti, j'imagine que ce n'est pas seulement concernant la nature de tes agresseurs. Il y a autre chose Wells, n'est-ce pas ? » Sans vraiment savoir pourquoi, Gwen se retrouve à murmurer cette question. Comme s'il s'agissait de quelque chose d'interdit ou qui pouvait avoir des conséquences qu'elle ne saurait pas gérer.
Pourtant, après sa rencontre impromptue avec l'homme qu'elle est persuadée qu'il soit son époux, Gwen se sent capable de tout entendre, tout encaisser.

« J'imagine aussi que cette discussion doit rester entre nous, » lance la blonde avec un haussement de sourcil. Par là, elle entend Milo, l'ex-mari de son ami, et actuellement son colocataire depuis quelques temps.

 

La nervosité, Gwen tente de l'ignorer. C'est difficile. Elle sent quelque chose de gros, d'important, arriver. D'effrayant. D'un geste du poignet, elle fait tourner l'alcool dans son verre sans quitte Maxwell du regard. Lui aussi, son calme n'est là que pour masquer sa nervosité. La blonde le voit bien, autant qu'il doit le voir chez elle.

« Il y a effectivement autre chose. Quelque chose de secret. Très peu de personnes sont au courant. Miles ne doit jamais l'apprendre. Gab non plus. Je peux compter sur toi ? »

« Tu peux toujours compter sur moi, » rappelle la blonde avant de reprendre une gorgée, terminant ainsi son verre.  Malgré la situation, Gwen esquisse un sourire en soutenant le regard de Wells qui plonge dans le sien.
C'est alors que l'homme se penche vers elle, qu'un nouveau silence s'installe. Il a l'air toujours hésitant, et pour l'encourager aux révélations, la blonde hoche doucement la tête.

« Mon implication au sein du Parti Collectif est... Bien plus profonde que ne laissent planer les apparences. Et peut sembler moralement douteuse aussi. C'est pour ça que ni Gab ni Miles ne doivent l'apprendre. Jamais. Je ne suis pas sur qu'ils pourraient vivre avec ça... C'est également à cause de ça que je ne porterais pas plainte. Scarlett m'a choisit parce que je suis déterminé à protéger le monde contre ces brutes, parce que je ne suis officiellement personne. Parce qu'ils m'ont tout prit, et que je suis prêt à tout pour que ça n'arrive à personne d'autre. Je pense que tu comprends ce sentiment. »

Silencieuse, Gwen essaie d'assimiler les choses qui viennent d'arriver à ses oreilles. Si elle hoche à nouveau la tête aux dernières phrases, elle sent bien que Maxwell ne compte pas s'arrêter là. En effet, il soupir nerveusement, se lève, lui tourne le dos un instant. La veuve garde un silence respectueux du trouble de son ami, attendant patiemment, bien que nerveuse, la suite des révélations. A nouveau, il se retourne vers elle.

« Je dirige une bande de mercenaire. Notre mission et de s'assurer que la peur des plus-qu'humain ne descende pas. On m'a chargé, Connelly m'a chargé, de faire en sorte que personne n'oublie le danger que ces monstres représentent. »

Un « Pardon ? » se bloque dans la gorge de Gwen alors qu'elle ouvre les lèvres sur le silence.
Confuse, c'est au tour de la blonde de se lever pour faire quelques pas, comme si cela l'aidait à remettre ses idées en place. Elle en profite pour remplir son verre qu'elle vide de moitié dans la foulée avant de se remettre à faire les cent pas. D'un côté, il y a ce serment, ce pourquoi elle s'est engagée dans la police. L'amour de la justice, le modèle de son père, héro de droiture. De l'autre, elle se souvient pourquoi elle n'a pas quitté le poste après la mort de Dyson. Toujours la justice. Non plus l'amour, mais l'obsession. Souvent, elle revient frustrée de ses journées, car tout ne se déroule pas comme prévu. Car parfois, les limites de la loi l'empêchent de rendre la justice qu'elle voudrait. Jusque là, elle se contentait de cette frustration, n'ayant même pas effleuré l'idée qu'il y avait d'autres moyens de rendre justice.
Au fond d'elle, les mots de Maxwell trouvent un écho. Mais il lui reste des choses à éclaircir.

« Pourquoi tu m'avoues tout ça, Maxwell ? » demande doucement Gwen en se tournant vers le concerné. « Est-ce que tu as besoin de mon aide pour quelque chose ? Faire passer un dossier aux oubliettes, glisser une preuve dans une affaire pour qu'elle se termine en notre faveur ? » Par notre faveur, elle entend bien sur le Parti Collectif.