Un cauchemar… Cela ne peut être qu’un cauchemar. Je regarde la route défiler devant mes yeux sans vraiment la voir. Je m’en sors bien comparativement à certains. Juste quelques coupures un peu moches. Mais il est des violences plus douloureuses à vivre que celles du corps. Et ce soir, ce soir j’ai sans doute eu l’une des plus grosses peur de ma vie. Ils voulaient me garder en observation, j’ai refusé, préférant le confort de mon domicile. J’ai accepté la garde rapprochée que l’on m’a imposé. Après les événements de ce soir, je serais fou de la refuser. Ils ont prouvés qu’ils pouvaient venir s’en prendre à moi directement à mon domicile. Je suis encore en partie en état de choc. Mes mains posées l’air que rien sur mes genoux tremblent légèrement et mon corps entier est tendu. Je pense à Nash, à Zach. Ca me rends malade de savoir qu’ils ont été blessés par ma faute, de savoir que si j’avais été plus vigilant, tout ceci aurait pu être évité.
Ma main monte dans ma nuque, là où le produit m’ayant assommé a pénétré mon organisme. On m’a assuré que je n’en garderais aucune séquelle et que cela ne serait pas dangereux pour ma santé. Je ferme un bref instant les yeux. Tout s’est finit au mieux. Ma savoir que l’une de mes kidnappeuse court toujours m’angoisse. J’ai vu ce dont elle est capable. Ce n’est pas ces personnes qui vont pouvoir changer quelque chose… Peut-être pourrais-je essayer de voir avec Gordon s’il accepterait d’être assigné à domicile en garde du corps. Je doute que cela dérange Gwen au vu de la taille de la maison et je serais plus rassuré avec un membre d’ARES à mes côtés. Il faudrait que je pense à l’appeler…
La voiture s’arrête et je rouvre les yeux, observant la maison de Gwen. Les lumières sont allumés mais ce n’est pas sa voiture qui est garé devant chez nous. Il n’y a qu’une voiture de police, sans doute là pour la surveillance. J’ouvre la porte de mon véhicule. Gwen va sans doute passer la nuit au poste pour essayer d’attraper l’optimisée qui nous a échappée. Je frissonne déjà à l’idée de passer ma nuit seul dans cette immense maison. Sans doute que j’irais me réfugier dans le travail pour ne pas avoir à penser à ma solitude et à la nuit de folie que je viens de passer.
Je m’avance sur le perron et je marque un temps d’arrêt devant la porte d’entrée. C’est ici que tout a commencé. Je prends une grande inspiration et j’ouvre la porte. Ça sent le cramé. J’étais en train de cuisiner quand c’est arrivé. J’espère que rien de plus que la nourriture n’a brulé. Du coin de l’œil, je vois quelques policiers en faction dans le salon. Gwen n’a vraiment pas lésiné sur les moyens… Je les salue d’un hochement de tête et je vais jeter un œil à la cuisine. Tout va bien ici si ce n’est les murs un peu noircit par la fumée de la viande en train de cramer. Un nouveau soupir de soulagement. J’aurais bien commencé à frotter pour nettoyer mais mon corps est douloureux et tendu. Je me détourne donc, allant pour me diriger vers ma chambre pour essayer d’y trouver le repos.
Et c’est là, alors que je me retourne, que je le vois. En face de moi. La personne que j’avais voulu prendre dans mes bras toute la nuit, la personne avec qui j’ai tellement regretté de ne pas avoir pu arranger les choses alors que j’étais persuadé que nous allions tous y passer. Un ange passe alors que nous restons tous les deux là à nous regarder. C’est soudainement comme si le temps s’était suspendu, comme si plus rien n’avait d’importance. Et alors, je craque. Tous les faux semblants que j’ai affichés pour ne pas inquiéter plus que de raison les gens autour de moi fondent en poussière devant ce regard que je ne connais que trop bien. Le moindre reflet dans ces pupilles brise les apparences que j’essaye de me donner. Je ne peux mentir à ce visage, à cette moue inquiète malgré elle.
Je m’avance alors. Peut-être trop vite, peut-être avec trop d’empressement. Mais j’ai besoin d’être rassuré, d’être dans ses bras. Je sais que les choses ne peuvent pas redevenir ce qu’elles étaient entre nous. Il me l’a bien fait comprendre. Il ne veut plus de moi. Nous nous sommes trop blessés l’un l’autre. Mais ce soir… Ce soir j’ai cru mourir. Et il est là. Il a attendu mon retour. Mes mains tremblantes se soulèvent pour aller cercler sa taille, l’attirant à moi dans une étreinte fébrile. Mon visage va se cacher dans sa nuque, là où je peux sentir l’odeur si particulière que dégage sa peau. Si particulière et si rassurante. « J’ai eu si peur… » Pas même un murmure, un souffle. Lâcher sur le ton d’une confidence, d’un secret à ne surtout pas ébruiter. Tout contre Wells, je me sens enfin un peu en sécurité. Comme s’il pouvait me protéger de ses bras contre ce que des policiers ne peuvent arrêter avec des balles. C’est idiot mais je n’ai pas envie de penser à l’absurdité de la chose. Tout ce qui importe, c’est que je me sente au moins un peu en sécurité chez moi.