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 we're all going to hell, might as well enjoy the ride. (Hamza)

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MessageSujet: we're all going to hell, might as well enjoy the ride. (Hamza)   we're all going to hell, might as well enjoy the ride. (Hamza) EmptyLun 19 Sep - 22:02


Les bras chargés de belles brochures colorées, j’arrive devant le joli troupeau de jeunes chenapans armée de mon plus beau sourire. Maintenant, la question c’est de savoir par où je dois commencer. « Bonjour à tous. » Oui, comme ça, c’est pas trop mal. « Je m’appelle Lauren. » Et non, je ne suis ni alcoolique, ni dépressive. Je ne suis pas certaine d’avoir capté leur attention, tous ont le regard vide. Ils m’observent en silence, certains baillent, d’autres ricanent bêtement. Moi je me tiens juste devant eux et je me demande comment aborder le sujet du RA. Je ne me suis pas vraiment préparée pour cette séance spéciale prévention, je ne sais pas comment entrer dans le vif du sujet sans en faire des tonnes. Après plusieurs raclements de gorge et une blague ratée, je me présente de nouveau et cette fois, en étant un peu plus complète. J’explique clairement qui je suis, pour qui je bosse et pourquoi je suis là aujourd’hui. Puis je finis par prononcer les mots magiques : « Le Registration Act. » Je suppose que parmi tous ces jeunes, quelques-uns sont des mutants. C’est même impossible que ce ne soit pas le cas. Alors quand je commence à parler du recensement, j’essaye d’être attentive à leurs réactions, essayant de deviner lesquels sont des mutants. Mais globalement, ils affichent tous le même air.  Ils ont sûrement entendu parler du Registration Act des millions et des millions de fois. Aujourd’hui, ce n’est jamais qu’une de plus, ce qui explique sans doute pourquoi ils n’en ont rien à faire. Après avoir expliqué en gros de quoi il s’agit, je passe à la partie enregistrement. « Le recensement n’a rien de sorcier. Vous passerez quelques examens et un professionnel vous posera quelques questions. Une fois que ça sera fait, vous recevrez une puce dans la nuque et non, ça ne fait pas mal. On la sent à peine. » Là, je mens un peu. D’un autre côté, je ne me voyais pas leur dire que cette puce fait un mal de chien. J’en profite pour leur expliquer brièvement le fonctionnement de la puce et… La partie compliquée arrive.

Pourquoi accepter de figurer dans les fichiers officiels du gouvernement en tant que mutant ? C’est une très bonne question à laquelle ma réponse se doit d’être mûrement réfléchie. Les mutants sont, en majeure partie, contre le RA. Ils n’ont pas envie d’être pointés du doigt ; ils préfèrent bien souvent rester dans l’ombre. Pour tout un tas de raisons qui ne regardent qu’eux d’ailleurs. Il y a aussi cette histoire de puce, ça les inquiète. Ils s’imaginent que ce n’est qu’un moyen de plus pour le gouvernement de les diriger et qu’un jour ou l’autre, ils finiront par utiliser cette puce pour les tuer. Moi, j’ai tendance à penser que ceux qui croient ce genre de chose voient le mal partout. Outre la potentielle dangerosité de la chose, j’imagine que certains doivent aussi avoir l’impression d’être pris pour des animaux, de véritables bêtes de foire. Ça peut se comprendre, évidemment. Il n’empêche qu’en refusant de se recenser, les mutants s’exposent à des dangers bien plus grands. Je ne sais pas pour eux mais personnellement, je ne me sentirais pas très heureuse d’avoir une dizaine de flics en plus d’ARES à mes trousses. Je suis encore toute jeune, je n’ai pas eu l’occasion d’assister à beaucoup d’intervention pour le recensement, c’est vrai. Mais du peu que j’ai vu, je sais que ça se termine rarement dans la joie et la bonne humeur. C’est compliqué. Et dire à de jeunes mutants que la RA, c’est le bien, ça l’est encore plus.  Comment leur faire comprendre que c’est ce qu’il y a de mieux pour tout le monde ? Qu’un tel recensement permettrait à chacun de se sentir rassuré sans pour autant les empêcher de jouir de leurs pouvoirs ? Comment leur expliquer que le RA est une sécurité pour les citoyens, mais avant tout pour eux ? Avec toutes les sales idées qui circulent, leur insuffler l’idée d’un avenir meilleur GRÂCE au RA relève presque de l’impossible.

Alors je me tiens droite devant cette assemblée de jeunes, essayant tant bien que mal de trouver les bons mots, les bons arguments. N’importe quel membre d’ARES aurait probablement évoqué les raisons qui l’ont personnellement poussé à se recenser. Le problème, c’est qu’en ce qui me concerne, je me suis recensée par peur d’être dans l’illégalité. Je l’ai aussi fait pour mon père qui, en tant que membre actif du Parti Collectif, soutient cette loi à 200%. Et puis j’ai rejoint ARES en ayant dans l’idée de faire quelque chose de ma vie. Je n’ai pas vraiment d’explication à donner aux choix que j’ai faits. Prendre des décisions importantes sans y réfléchir sérieusement au préalable, ça me ressemble bien. J’ai pour habitude de me laisser porter et attendre que ça se passe. Sauf que je ne peux décemment pas dire à cette bande de jeunes « laissez-vous faire, tout ira mieux après », ça serait beaucoup trop simple. Un énième raclement de gorge et je lance la réplique la plus bidon du monde. « Les mutants sont invités à venir d’eux-même. Si jamais il y en a dans la salle qui hésitent, je vous promets que ce n’est pas dangereux et que personne ne vous blessera. » Bienvenue chez les bisounours. De cette manière, je bâcle un peu le débat sur le RA. Je vois bien qu’ils sont sceptiques et relativement perplexes. A défaut de leur lâcher un violent « RECENSEZ-VOUS BORDEL DE QUEUE », j’affiche un joli sourire et balaye lentement la pièce du regard. « Vous avez des questions ? » En théorie, ils me répondront que non et je pourrais vaquer à mes occupations. En théorie, oui.
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MessageSujet: Re: we're all going to hell, might as well enjoy the ride. (Hamza)   we're all going to hell, might as well enjoy the ride. (Hamza) EmptyMer 21 Sep - 18:19



We're all going to hell, might as well enjoy the ride


"And never have I felt so deeply at one and the same time so detached from myself and so present in the world"

PJ'ai mal dormi. Un stress paranoïaque, à l'affut de chaque bruit dehors et dans le couloir, les yeux braqués vers le plafond zébré des lumières que laissent filtrer mon store coincé. Ce n'est que quand la lumière terne d'un matin gris a éclairé la pièce que mon esprit épuisé s'est laissé sombrer dans un sommeil agité. Pour se réveiller deux heures plus tard, au son strident d'un vieux réveil matin. Dehors, il fait frais, sous ma capuche je sens la morsure du vent toujours plus agréable que l'air moite et saturé du métro dont je sors. J'ai du mal à émerger, j'avance dans le brouillard jusqu'au bâtiment délavé et un peu délabré que nous a généreusement accordé la mairie. Quand j'arrive j'entends les bruits vifs d'une partie de babyfoot. Cette nuit ils ont été trois à rester dormir, ils acceptent pas tous, certains passent une nuit puis on ne les revoit plus jamais. Le plus vieux a dix sept ans, il parle plus à ses parents, il en est à sa troisième cure et il a déjà replongé, je le vois à sa fébrilité. On se check, je souris parce qu'ils ont pas besoin de savoir que j'ai passé une sale nuit, on échange quelques mots, puis l'une me dit "Hé Isaac c'est vrai qu'il y a une nana qui vient nous faire la promo du RA, sérieux on est obligé d'y aller ?" Ils ragent, je contiens la mienne, si c'est vrai personne m'en a parlé, je les laisse pour me rendre en salle du personnel, y'a le directeur et une collègue, je me sers mon second café de la journée. Sur la table il y a des brochures dispersées, très colorés, des visages souriants imprimés dessus. "Vraiment ?" j'ai du sarcasme plein la voix et le directeur lève les mains en signe d’apaisement. "La mairie nous a obligé, ils peuvent nous faire fermer, tu sais" Je tire une chaise, elle racle bruyamment contre le sol, je sais qu'il a pas eu le choix, je le sais, mais ça m'empêche pas d'être énervé. Putain de gouvernement. J'ouvre une des brochures, c'est un ramassis de conneries englobées dans une bienpensance dégoulinante et hypocrite.

SLes gamins se sont rendus en trainant les pattes dans la grande salle. Celle qu'on utilise habituellement pour mettre des films, pour faire des réunions de groupe. Aucun d'eux n'a mis autant de mauvaise volonté que moi. Les chaises sont biens alignées, quelqu'un (probablement le directeur) a même mis de l'ordre dans la pièce. Elle a jamais été aussi clean depuis que je travaille ici, quelques sarcasmes plus tard on est installé et elle débarque. Elle a l'air enjoué, un peu paumée aussi. "Bonjour à tous.Je m'appelle Lauren.". Hey Lauren tu sais que tu participes à ficher des citoyens et participer à une politique discriminatoire basée sur la peur de l'autre. J'ouvre pas la bouche, mais mon impatience doit être lisible. Sur mon visage comme sur ceux de la majorité des gamins avachis sur leur siège inconfortable. Il y'a quelques mutants dans la foule, ceux que leur famille n'ont pas accepté, comme cette gamine de quatorze ans qui peut générer des ondes de choc en tapant dans ses mains, ou lui là bas, le grand dadais qui ricane bêtement, il peut déboiter chacun de ses os pour passer n'importe où et s'en faire pousser de douloureuses excroissances. Les mutants sont statistiquement la population la plus "à risques". Et parmi ceux-ci  les cibles les plus faciles sont ceux qui  ne veulent rien à avoir à faire avec les deux camps autoproclamés. Ils veulent ni de la guerre de Magneto, ni du très consensuel Xavier. Alors ils trainent et avec un peu de bol, ils restent dans l'ombre. S'ils ont la chance de n'avoir aucune mutation physique

J'entends une réflexion pas franchement fine sur le physique de l'intervenante, par habitude je rabroue sèchement l'émetteur qui marmonne. C'est pas parce qu'elle déblatère un discours pré-maché qu'elle n'a pas le droit à un minimum de respect en tant qu'individu. Du coup je me re-concentre sur ce qu'elle dit. J'ai presque immédiatement envie de sortir de mes gonds. Les mutants sont pas invités, les mutants sont traqués par Arès, chaque jour les JT se régalent d'images d'arrestations des dangereux mutants, s'entourent d'experts à la molarité monnayable qui affirme la totale légitimité des attaques faites à cette partie de la population. Avant même de le réaliser, j'ai ouvert la bouche "Et pour ceux qui hésitent et qui se font blesser par les détraqués de la matraque ça se passe comment ?" Du coin de l'oeil je vois le directeur s'enfoncer dans son siège. Trop tard maintenant que j'ai ouvert les hostilités. "Pourquoi le gouvernement a besoin d'implanter une puce. Depuis l'affaire Snwoden on sait tous que la NSA nous met constamment sur écoute. Pucer comme des chiens ou des prisonniers en liberté conditionnel, il est où le choix ?" Le pire, c'est que je suis pas mutant, oh je rentre dans la case des gens à faire pucer, mais les mutants sont les cibles prioritaires, la meilleure excuse c'est le fameux virus qui fait trembler toute l'Amérique, une parfaite excuse pour les bonnes gens de laisser libre court à leur haine sous couvert d'altruisme. Sitôt que j'ai finis de parler, passif agressif, un peu condescendant aussi, la petite foule s'agite, maintenant qu'un des adultes à parlé ils se sentent le droit de faire pareil, avec des questions, plus ou moins pertinentes, ils ensevelissent l'intervenante. C'est con, mais c'est une petite victoire.
- Adrenalean 2016 pour Bazzart

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MessageSujet: Re: we're all going to hell, might as well enjoy the ride. (Hamza)   we're all going to hell, might as well enjoy the ride. (Hamza) EmptySam 24 Sep - 19:32


Croire que ce moment de prévention se déroulerait dans le plus grand des calmes et sans encombre, c’est bien naïf. Je ne m’en rends pas tout de suite compte, cela dit. Je me contente de livrer mon discours en espérant en toucher quelques-uns, évitant d’évoquer les sujets les plus délicats. Comme par exemple la violence des arrestations ou bien l’implication d’ARES au sein du programme. J’ai quasiment l’impression de leur raconter une belle histoire à la fin de laquelle tout le monde vit heureux dans le meilleur des mondes. Je leur livre un paquet d’informations le plus simplement possible, tout en affichant mon plus beau sourire. Ils m’écoutent, aucun d’eux n’a l’air de vouloir me jeter des tomates pourries à la figure. C’est une bonne chose. Avant de venir ici, je craignais réellement de me faire lyncher. Outre quelques petites réflexions désagréables, il ne se passe absolument rien. C’est donc avec soulagement que j’atteins la fin de mon discours magnifiquement préparé par un autre membre haut-placé d’ARES. J’aurais pu en rester là et quitter les lieux après les avoir remercié pour leur attention, sauf que j’ai le malheur de leur demander s’ils ont des questions. Des questions sur la loi en elle-même, sur le recensement ou le fonctionnement de la puce, par exemple. Des questions d’ordre technique, si on peut les appeler ainsi. Mais en réalité, je ne m’attends pas à ce qu’il y ait la moindre question. Et une fois de plus, ce n’est que de la naïveté. Alors que ma propre question franchit la barrière de mes lèvres, je signe mon arrêt de mort. Je leur tends bêtement la perche et évidemment, l’une d’entre eux ne se gêne pas pour la saisir. « Et pour ceux qui hésitent et qui se font blesser par les détraqués de la matraque ça se passe comment ? » Je baisse machinalement mon regard sur les feuilles que je tiens entre les mains, parcourant rapidement la FAQ qui m’a été transmise. Oui, ARES m’a transmis une liste de questions susceptibles d’être posées et, bien entendu, juste en-dessous se trouve des réponses toutes faites. Le problème c’est qu’ils n’ont rien mis sur les interventions des forces de l’ordre. Prise au piège. Je me sens littéralement prise au piège.

Puisque rien n’est noté sur mes feuilles, je me force à affronter le regard de mon interlocuteur. Il m’a l’air un peu plus âgé que l’ensemble des jeunes présents dans la salle. Les chuchotements commencent à se faire entendre. Certains admirent probablement le cran de ce jeune homme pour avoir osé aborder les cruautés dont nous pouvons parfois faire preuve. J’ouvre bêtement la bouche, prête à me défendre tant bien que mal. Mon temps de réaction affreusement long a déjà permis au jeune homme d’embrayer sur sa seconde question, d’autant plus piquante que la première. « Pourquoi le gouvernement a besoin d'implanter une puce. Depuis l'affaire Snwoden on sait tous que la NSA nous met constamment sur écoute. Pucer comme des chiens ou des prisonniers en liberté conditionnel, il est où le choix ? » Il sait de quoi il parle, il sait où attaquer et comment. Face à lui, je me sens totalement impuissante. Et en même temps, j’ai envie de riposter, de sortir LA réponse qui lui clouera immédiatement le bec. En attendant, son intervention fait son petit effet. Il réveille les troupes, anime la quasi-totalité des jeunes à qui je fais aujourd’hui face. Ils m’assomment de questions, accusent notre mode de fonctionnement, insultent allègrement le gouvernement et tous ceux qui ont un jour décidé de leur prêter main forte. Dont moi. Durant de longue seconde, mon regard balaye la pièce avec incrédulité. « Okay… On va se détendre, maintenant. » Evidemment, ma voix ne porte pas assez. Ils voient probablement mes lèvres bouger, sans pour autant directement percevoir le son. « FERMEZ-LA ! » Cette réaction spontanée et peu professionnelle en surprend plus d’un, moi la première. Je les observe tous avec de grands yeux, réfléchissant activement à une réponse pouvant potentiellement apaiser les tensions. Ca va être difficile ; je suis à peu près certaine que l’autre endiablé fera tout pour me mettre des bâtons dans les roues. La réaction des jeunes suite à ses deux questions est probablement un véritable régal pour lui. Pour autant, je n’ai pas envie de lui donner raison. Puisqu’il tient tant à aborder les points les plus sombres du RA, allons-y gaiement.

« Tenter de sécuriser un minimum les rues de New-York ou laisser les mutants mettre la vie de centaines de milliers d’innocents en danger. Il est là le choix. » Bien que je m’adresse à tout le monde, mes yeux sont rivés sur celui qui a provoqué l’émeute. « J’dis pas que tous les mutants sont dangereux, j’en suis une et j’pense pas être un danger pour qui que ce soit. Mais on est loin de vivre dans un monde utopiste où tout le monde est beau et gentil. On sait très bien qu’il y a probablement des centaines de mutants qui se baladent dans les rues avec de mauvaises intentions. Le recensement, c’est un moyen pour nous de protéger TOUS les civils, qu’ils soient humains ou mutants. » J’insiste bien sur le dernier point. Beaucoup pense que le RA protège en premier lieu les humains, alors qu’en vérité, il a bel et bien été mis en place pour protéger la population dans son intégralité. « Et j’sais pas, ça t’inquiète pas trop de savoir que certains fuient le recensement justement parce qu’ils pensent que la puce est un moyen de les mettre constamment sur écoute ? Ca veut dire quoi ? Qu’ils ont des trucs à cacher ? Qu’ils préparent un plan foireux dans l’ombre pour descendre le gouvernement ? » Parce que dans l’idée, le RA n’est pas là pour priver les mutants de leurs pouvoirs. Le RA est là pour empêcher les situations dangereuses, les mutants peuvent continuer à exercer leurs pouvoirs. Tant que ce n’est pas pour faire du mal, il n’y a visiblement aucun problème. « C’est facile de nous blâmer pour les monstruosités commises sur des mutants. Maintenant, pourquoi est-ce qu’on ne parlerait pas plutôt de ceux non-recensés qui agissent comme de véritables monstres ? Qui tuent des civils ? Qui s’acharnent contre d’autres mutants juste pour le plaisir de vivre ? Ca vaudrait pas un peu le coup de les recenser, ceux-là ? » Je ne suis pas certaine d’avoir convaincu mon audience, et encore moins le jeune homme à qui je m’adresse désormais. J’ai au moins le mérite d’avoir dit ce que je pense, il ne me reste plus qu’à espérer qu’ils me laisseront quand même en vie après ça.
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MessageSujet: Re: we're all going to hell, might as well enjoy the ride. (Hamza)   we're all going to hell, might as well enjoy the ride. (Hamza) EmptyJeu 29 Sep - 22:29



We're all going to hell, might as well enjoy the ride


"And never have I felt so deeply at one and the same time so detached from myself and so present in the world"

Le raffut prenais de l’ampleur et j’observais la petite fonctionnaire tenter de reprendre le contrôle d’une salle chaotique et je dois l’avouer, je fus étonné de l’entendre hurler. Étonné mais aussi amusé, enfoncé dans mon siège j’ignorais superbement les regards meurtriers du directeur. Il voulait que je me la ferme. Et j’aurai probablement pu. Si elle n’avait pas décidé d’en rajouter une couche. « Ça veut dire que tout le monde à le droit à une vie privée. » dis-je tranquillement un sourire sans joie aux lèvres, la défiant de dire le contraire. « Et puis dans ce cas là on peut peut-être aussi pucer chaque personne qui a une arme à feu » Le raisonnement par l’absurde pour souligner l’absurdité de cette loi « Ou un couteau, une batte, une bouteille en verre. On sait jamais. Toute façon quand on est un bon citoyen américain on n’a rien à cacher. » J’hausse les épaules pour appuyer mes propos, pour me moquer, il y a quelques rires. Pourtant je suis plutôt un taiseux. Faire profil bas. « Cette politique agressive pousse les mutants à s’extrêmiser, elle donne raison à des types comme Erik Lehnsherr. » Sur les murs des villes des tags ‘Magneto was right’ s’étalent. J’aime pas les méthodes de ce type, il est violent, radical et intransigeant, un dictateur en puissance. C’était un ennemi utile pour propager la peur mutante, aujourd’hui ils contrôlent plus rien. Il y a des affrontements qui éclatent, une guerre qu’on ne nomme pas. Parce que la guerre elle n’est pas ici. Pas aux Etats-Unis. La guerre elle est loin. Ici, c’est des cas isolés, des terroristes, ça dépend de leur génome. « Mais après tout, c’est peut-être ce qu’ils veulent, là haut dans leur beaux bureaux. Une radicalisation qui leur permettent de traiter le problème au napalm et on parle pas trop non plus des expériences sur les …»


« Ça suffit ! » C’est la voix du directeur. Il a perdu patience. J’ai été trop loin. J’aurais pas dû aller si loin. J’ai perdu mon sourire insolent. Un gamin trop vieux pris en faute au milieu des autres gamins qui attendent la suite. Ils murmurent, contre le directeur. Y’en a quelques-uns qui se tournent vers moi. « T’as raison Isaac ! » Avec leurs grands yeux naïfs et en colère, ils ont la révolte dans le sang et ils vénèrent les complotistes éloquents, ils se trompent aussi. Ils vont se retrouver à la confrérie. Puis y’a les autres, ceux qu’elle a fait hésiter, ceux qui veulent pas de problème, ceux qui se disent qu’en faisant un pas vers le gouvernement ils se prendront pas des retours de matraques. C’est des discussions d’adultes et on leur demande de choisir leur camp dans un monde dénué de neutralité. Ca m’écœure, j’ai la nausée, mais je me la ferme. J’écoute le directeur baratiner des nuances à mon discours, insister sur le rôle bénéfique de cet endroit et sur l’évidente cohérence du projet de recensement et qu’il fallait comparer ce qui est comparable. Hypocrite.

Je sens une main sur mon épaule, c’est Erica, elle me soutient. On dit rien, mais on sait. Y’a Neil qui me fait un signe discret, on est une équipe soudée, mais le directeur il a des comptes à rendre au maire et le maire au gouvernement. Je suis en bout de rangée et pris d’une impulsion, un peu rageuse, un peu provocatrice, je me lève et je quitte la pièce. J’ai pas à assister à cette mascarade, j’ai pas à me sentir humilié. La porte qui donne dans l’allée derrière le bâtiment claque, j’extirpe de la poche arrière de mon jean fatigué un paquet de cigarette. Ça me calme un peu, la brulure du tabac dans la gorge. J’aurais dû la fermer, attendre tranquillement qu’elle termine son discours, parler avec les gamins après. Je sais pas me taire et maintenant je suis là comme un con à me demander s’ils vont faire des recherches sur moi, sur le fauteur de trouble, si elle a déjà relevé mon nom. Et puis quoi, cette identité elle est créée de toute pièce, ils remonteront pas jusque Hamza, Isaac Burgess c’est personne, j’y ai veillé. Mais quand même, y’a la paranoïa insidieuse, je tire un peu plus sur la clope comme si ça changeait quelque chose et je rabat ma capuche pour me protéger des trois gouttes qui commencent à tomber et me couper du reste du monde. Je me met une main dans la poche de mon sweat y’a mon petit sous-marin en plastique, je le triture, plie doucement le périscope déjà tordu. Je me calme un peu, c’est mon petit rituel il fonctionne. Suffit que j’imagine que je suis tout au fond de l’ocean. Je ferme les yeux, le crâne appuyé contre le mur, j'exhale la fumée.

- Adrenalean 2016 pour Bazzart

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MessageSujet: Re: we're all going to hell, might as well enjoy the ride. (Hamza)   we're all going to hell, might as well enjoy the ride. (Hamza) EmptyLun 10 Oct - 0:11


On ne va pas se mentir, je suis loin d’être parfaitement à l’aise face à cet individu. Il démonte mes arguments sans la moindre hésitation, se moque allègrement du gouvernement et de toute cette politique mise en place pour surveiller de plus près les mutants et autres humains aux capacités hors du commun. J’ouvre bêtement la bouche, fixant une fois de plus l’homme dans l’intention de répondre quelque chose de cinglant. Le problème, c’est que j’ai épuisé la totalité de mes arguments. Oui, déjà. Je n’étais pas prête à affronter une personne comme lui aujourd’hui et je me retrouve bel et bien dans l’incapacité de remplir mon devoir. Prôner les belles valeurs d’ARES, prouver que le RA est une bonne chose, démontrer que toutes ces actions doivent mener à un résultat positif pour tous. Ce n’est plus possible pour moi d’affirmer quoi que ce soit dans ces conditions. Le simple fait que Magneto soit évoqué suffit à me désarçonner totalement.  En l’espace de quelques secondes seulement, il réussit à me faire perdre le peu de crédibilité qu’il me restait jusque-là. Son discours semble avoir plus d’impact que la mien, il a réussi à captiver les jeunes en un battement de cil. A côté, j’ai juste l’air bête. Parce que contrairement à moi, son discours a du sens. Il dit ce qu’il pense, il n’a pas peur de prendre des risques en allant volontairement à l’encontre de ce que le gouvernement veut. Même moi, je suis forcée de l’admirer quelques secondes. Ce cran dont il fait preuve me cloue littéralement le bec. Je me surprends d’ailleurs à l’écouter, oubliant momentanément mes propres engagements envers ARES. La raison pour laquelle j’accorde un minimum d’attention à ce qu’il dit, c’est tout simplement parce que je n’ai jamais réellement su pourquoi j’ai voulu rejoindre ARES. Je n’ai jamais non plus su me positionner clairement vis-à-vis du Registration Act. Je le défends car c’est ce que l’on attend de moi. Pour autant, je ne me suis jamais demandée ce que j’en pensais vraiment. En deux secondes, il ne remet pas seulement en cause la sincérité du gouvernement dans son ensemble ; il remet aussi en cause mes pseudo-convictions.

Le directeur met fin au massacre et coupe le jeune homme dans son élan. C’est à présent une pointe de frustration que je ressens. De quoi est-ce qu’on ne parle pas trop ? Quelles expériences ? Le directeur prend la parole, déblatère un joli discours qui ne fait qu’entrer par une oreille pour rapidement ressortir par l’autre. Mon regard est simplement rivé sur le rebelle, ou peu importe comment je pourrais le nommer. Puis il se lève et s’en va. Juste comme ça. Assez brutalement. Par politesse, j’attends la fin de cette prévention pour emprunter la même porte de sortie. Je m’enfuis aussi vite que je le peux, craignant véritablement de me retrouver face à une bande de jeunes endiablés aux envies de meurtre. Je ne me sens pas sereine, surtout pas après le discours qu’a tenu mon ennemi. Oui, j’ai décidé de le qualifier d’ennemi. Peu importe ce que je pense, dans le fond, j’appartiens à ARES. Et quand on appartient à ARES, la règle est simple : tous ceux qui s’opposent au RA et par conséquent au gouvernement sont des ennemis. Je ne sais absolument pas dans quoi je m’embarque, mais j’y plonge la tête la première. Je le retrouve dehors, contre le mur, à fumer tranquillement sa clope. Il a une bonne tête de rebelle, maintenant que je le vois de plus près. Au lieu de lancer un gentil débat sur le recensement et tout ce qu’il implique, je ne trouve rien de mieux à faire que de manipuler le feu qui consume doucement sa cigarette. Le bout de sa clope s’enflamme et les quelques flammes brûlent bientôt l’intégralité du bâtonnet de tabac. Un sourire satisfait inscrit sur le visage, j’observe le jeune homme réagir avec rapidité : s’il ne veut pas que les flammes attaquent son joli minois, effectivement, mieux vaut pour lui qu’il lâche ce qu’il reste de sa cigarette. Et c’est ce qu’il fait. Une fois au sol, le feu s’éteint comme par magie. Là, je ne peux pas m’empêcher de sourire un peu plus. Moi aussi, je sais jouer les provocatrices.

« Alors, t’es content de toi ? T’as réussi à leur retourner le cerveau, à ces jeunes. A nous faire passer pour des monstres. Bravo, bien ouèj ! » Pour plus de spectacle, je suis obligée d’applaudir. Evidemment.  « Juste… On donne pas raison à des types comme Lehnsherr, loin de là. Si tu penses vraiment ça, t’es probablement le pire des abrutis. » Je marque une pause et fronce les sourcils. « Enfin… J’crois. » Ouais, je me perds un peu dans mon raisonnement. J’essaye tant bien que mal de me défendre tout en sachant que c’est peine perdue. Et franchement, ça devient compliqué. « Oh et puis merde, ton intervention était stupide et énervante. Surtout énervante, en fait. Tu pouvais pas me laisser parler et attendre la fin de mon discours pour faire ta campagne présidentielle ? J’sais pas… C’était quand même pas très poli. » Ouais, j’ai des priorités dans la vie. Au lieu de l’attaquer sur le fond de son intervention, je préfère en critiquer la forme. C’est probablement un terrain plus sûr pour moi. Même si, en soit, il était totalement en droit de parler. Donc niveau politesse, je n’ai techniquement rien à lui reprocher. « T’sais que tu t’es foutu dans la merde, en plus ? Un type qui agresse une intervenante sans raison en lui balançant tout un tas d’arguments contre le RA, c’est forcément mauvais. Donc ouais, t’es sacrément con. » De nouveau, j’ai ce sourire un peu narquois qui étire mes lèvres. Toujours dans la provocation, je lui offre généreusement une belle brochure concernant le Resgistration Act. Vu les propos qu’il a tenus, je suis partie du principe qu’il pouvait être un mutant. Mais ce n’est qu’une possibilité. La plupart du temps, je suis à côté de la plaque, donc j’évite de faire trop confiance à mon instinct. « Tiens, c’est cadeau. Si tu veux venir avec moi pour te faire recenser, je t’y accompagne avec plaisir ! On pourra y aller main dans la main, et j’serai la première à te soutenir quand ils te piqueront le doigt. » Je ne suis pas encore prête à mourir, mais j’ai étrangement l’impression de signer mon arrêt de mort. Dans l’immédiat, ça me fait juste rire. Rira bien qui rira le dernier.
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MessageSujet: Re: we're all going to hell, might as well enjoy the ride. (Hamza)   we're all going to hell, might as well enjoy the ride. (Hamza) EmptyLun 17 Oct - 18:15



We're all going to hell, might as well enjoy the ride


"And never have I felt so deeply at one and the same time so detached from myself and so present in the world"

La porte s’ouvre et j’entrevoie l’intervenante. J’essaie même pas de retenir le rictus qui tord ma bouche. Elle lâche donc jamais l’affaire ? Je l’ignore et je fume pour pas parler. Sauf que même ça j’ai pas le droit. Ma cigarette prend soudain feu, je la lâche vivement, elle tombe sur le sol humide et je dévisage la coupable. Elle sourit la garce, il y a tellement de paroles ou d’insultes qui se bousculent dans ma gorge que je reste sans voix. Pour qui elle se prend ? Putain. Et elle recommence à déblatérer, sans même prendre une pause. Elle passe de l’assurance, au doute, à l’agacement, cette nana est bordélique. Ça doit être épuisant d’être elle. Puis elle passe carrément aux insultes, d’un geste du bras un peu brusque je rejette ses foutus brochures colorés qui viennent couvrir le cadavre de ma clope détrempée. « T’es jamais fatiguée de t’écouter parler ? Tu sautes aux conclusions pour quel fait ? Parce que je suis contre une putain de loi liberticide ? J’ai pas besoin d’être coréen du nord pour savoir que Kim Jung Un est un putain demonstre, j’ai pas besoin d’être mutant pour savoir que le registration act est une atteinte aux libertés fondamentales ! » Je me justifie j’en ai conscience, elle a tapé là où ça faisait mal, là où ça fait peur, ou ma parano prend le dessus ou j’ai juste envie de m’enfuir et d’assurer ma culpabilité. Alors j’me justifie en me rattrapant aux branches, parce qu’il y aurait besoin de types normaux qui s’indignent, pas les types de Brooklyn qui trouvent ça vraiment pas cool en sirotant leur moccaccino à 25 dollars.

Je suis tellement en colère que je sens mon pouvoir fourmiller, mais je le tiens sous contrôle, c’est vraiment pas le moment, je me suis déjà assez fait remarquer. Pourtant j’arrive pas à me taire, elle prend pour tout ce que j’ai envie de leur dire. Peut-être aussi que je cherche à la convaincre parce que j’ai bien vu son doute, pour sauver ma peau. Si le gouvernement commence à venir fourrer son nez dans mon dossier, je risque de devoir m’inquiéter de plus que d’une puce dans la nuque. Et puis c’est pas une tête pensante, c’est une collabo qui s’ignore. « Si t’aimes ça que des types que tu connais pas sachent ce que tu fais à chaque moment de la journée, qui tu es, c’est ton putain de choix. Et c’est ce que ça devrait être un choix et certainement pas une loi. » Je me suis rapproché inconsciemment, je suis pas beaucoup plus grand qu’elle, mais je la regarde de haut, comme si ma vérité était la seule, parce qu’il faut dire que je suis certain d’avoir raison et que toute leur petite liste de recensés, je suis plus si loin de l’effacer. Mon regard bleu délavé cherchait à la sonder, à infiltrer chaque fissure qu’il pouvait lire pour faire éclater les imbécilités gouvernementales de la tête de la petite fonctionnaire. « T’y crois même pas aux conneries que tu racontes, tu fais ça parce que tu t’emmerdes et que ça te donne l’impression d’être utile à quelque chose. Breaking News, tu l’es pas. » Après cette dernière pique mesquine, même pour moi, je reculais un peu, un pas, déviant mon regard vers le mur placardé d’affiche pour des concerts.

J’ai envie de m’allumer une autre clope mais avec elle dans les parages c’est déconseillé, alors je me suis contente de laisser le silence s’installer, pesant, entrecoupé du bruit de la circulation et des discussions animées qui filtrent par une fenêtre entrouverte du bâtiment. Il commence à pleuvoir un peu, quelques gouttes qui s’échouent sur ma capuche, qui viennent achever d’éteindre le mégot consumé, j’enfonce les mains dans les poches de mon jean fatigué, je veux juste qu’elle se tire. Maintenant j’ai peur qu’elle pleure, je sais pas gérer ce genre de truc, pas quand c’est mon aigreur qui la provoque. J’aurai du fermer ma gueule, la laisser faire son speech puis débrief les gamins après, mais j’ai pas pu, j’ai explosé, j’ai explosé parce que je dors pas assez. Je dors pas, à bosser toute la nuit sur comment infiltrer leur réseau. Je suis crevé, ça se voit à mes cernes, ça se voit, je ressemble à un camé qui a pas eu sa dose, c’est peut-être pas complètement faux. Faut bien tenir quand on dort pas.

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MessageSujet: Re: we're all going to hell, might as well enjoy the ride. (Hamza)   we're all going to hell, might as well enjoy the ride. (Hamza) EmptySam 29 Oct - 0:27


Je ne peux vraiment pas nier le fait que ce type me fasse sérieusement réfléchir. Je l’écoute parler et j’arrive à trouver une certaine part de vérité dans ce qu’il dit. Du moins, j’arrive momentanément à partager son avis. Peut-être qu’effectivement, le RA devrait être un choix. Mais tout le monde sait pertinemment que personne ne veut choisir de vivre avec une puce implantée dans la nuque, personne ne veut d’une vie sous surveillance. Le RA doit être une loi pour être efficace, c’est comme ça et pas autrement. Maintenant, imposer ce recensement aux surhumains n’est probablement pas la meilleure des solutions. Je commence doucement à le comprendre et pour le coup, je ne sais plus où me placer. Pour ou contre le RA ? Avant de travailler pour ARES, je savais que je ne partageais par leurs convictions à 100%. Pour autant, je pensais être d’accord avec eux au moins à 90%. Aujourd’hui, cet inconnu vient de m’asséner une sacrée claque. J’ignore totalement le pourcentage de la chose, mais il est bien en-dessous de la barre des quatre-vingt dix. Il l’a d’ailleurs bien compris. Il m’a aussi cerné et ça commence à m’effrayer. J’ai effectivement décidé de rejoindre les rangs d’ARES pour me sentir utile, pour m’impliquer dans quelque chose et y croire. ARES n’était sans doute pas le meilleur choix au monde. Ce n’était même pas un choix à proprement parlé, à vrai dire. C’était clairement une solution par défaut. Une solution vers laquelle mon père m’a vivement poussée. Toujours est-il que ce garçon me court sur le haricot. Qu’il ait raison ou non importe peu, il m’énerve et je ressens le besoin de le brûler vif.

Pendant deux secondes, j’ai carrément l’impression que nous sommes tous les deux sur un ring. La tension est palpable. Je me contente de le dévisager en secouant la tête. Il m’agace à un point que je ne saurais expliquer. A défaut de le brûler lui, c’est la poubelle située à peine à deux mètres de nous qui prend feu. « Estime-toi heureux que ce soit pas toi. » Ce n’est pas l’envie qui m’en manque. Par question de principe et de politesse, je lui épargne cette souffrance. « C’est bien beau de me critiquer, mais tu vaux pas mieux que moi. T’agis bêtement, tu verras qu’un jour, tu t’en mordras les doigts. » M’attaquer directement pendant une intervention programmée par le gouvernement, c’est tout sauf malin. « Même si tu veux me convaincre que t’es tout ce qu’il y a de plus humain, j’sais que c’est pas vrai. T’as l’air de prendre la chose un peu trop à cœur, j’ai jamais vu une telle réaction de la part d’un citoyen normal. Y’a juste ceux qui se sentent menacés par la loi qui se sentent obligé de lancer une rébellion. »  J’hausse les épaules, croisant mes bras contre ma poitrine. C’est ensuite mon regard qui se plante directement dans la sien. « A la rigueur… On s’en fout de ce que t’es ou de pourquoi t’es contre la loi. J’peux te comprendre. En revanche, ce que j’comprends pas, c’est comment tu peux foutre toutes ces idées dans la tête des gosses. Même si c’est vrai, même si t’as raison… Tu les mets en danger. S’ils ne se recensent pas d’eux-mêmes, on viendra les chercher. C’est que des gamins… Ils peuvent rien contre le gouvernement. Même s’ils essayent, on… » Je suis obligée de marquer une légère pause, refusant véritablement de m’inclure dans le groupe. Je n’ai pas envie de passer pour une barbare. « Le gouvernement trouvera toujours le moyen de les neutraliser. On sait tous les deux que ça peut faire bien plus mal qu’une pauvre puce dans la nuque. Alors j’sais pas… T’as le droit de pas partager mon avis, mais moi, si j’étais à ta place, j’me dirais que ça vaudrait quand même le coup de fermer sa gueule. Juste histoire d’éviter de donner de mauvaises idées. Ca éviterait aussi un bain de sang. » Une fois cet énième discours terminé, je me rends compte que je suis plus ou moins en train de rejoindre son avis. J’admets qu’ARES est un groupe violent, beaucoup trop violent. Et je commence aussi à avoir conscience du fait que le RA peut être un véritable poison pour toutes les personnes concernés par le recensement. Je ne le dis pas à voix haute, mais je commence sérieusement à douter de tout et ça se sent dans ma voix. Je me mordille la lèvre inférieure et recule machinalement d’un pas.

A l’intérieur du bâtiment, les jeunes commencent à faire beaucoup de bruit. Il ne faut pas être idiot pour comprendre que quelque chose se passe. Reste à savoir si c’est quelque chose de bien ou de mal. Les sourcils froncés, je retourne vers la salle où avait lieu l’intervention et je parviens à comprendre la raison de toute cette agitation. Dans un coin de la pièce, il y a cet énorme écran qui diffuse l’information : Captain America est mort. Impossible d'entendre ce qu'il se dit précisément, je vois juste la nouvelle défiler en bas de l'écran. Captain America est mort. Même s’il n’était clairement pas pour le RA, la nouvelle me frappe de plein fouet. J’ai l’impression que tout devient réel, comme si jusque-là, j’avais vécu dans un rêve. Le réveil est plus que brutal. Cette histoire de recensement est peut-être allée trop loin. Je relève la tête et cherche mon rival du regard. Je ne sais pas très bien pourquoi. Peut-être parce qu'inconsciemment, je m'attends à me faire démonter une seconde fois.
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MessageSujet: Re: we're all going to hell, might as well enjoy the ride. (Hamza)   we're all going to hell, might as well enjoy the ride. (Hamza) EmptyDim 30 Oct - 15:46



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"And never have I felt so deeply at one and the same time so detached from myself and so present in the world"

Un citoyen normal. L’expression me heurte, je rumine. Les citoyens normaux d’un côté et les mutos de l’autre, pas vraiment citoyen, pas vraiment normal. Je me crispe comme si j’avais reçu un coup, elle réalise même pas, elle continue de palabrer. Son discours change, son argumentaire assume la violence de son groupe, de ses méthodes. Ça pourrait sonner comme une menace, ça n’en est pas une, pas de sa part en tout cas. C’est une menace qui pèse sur toute la société. Je l’ai fermé jusque-là, répondant simplement à ceux qui se posaient des questions, j’peux pas dire à un gamin d’aller tranquillement se faire implanter une puce, qu’il sera plus tranquille, parce que je le pense pas. Il faut se battre pour conserver sa liberté, le plus de liberté possible dans ce monde-ci. C’est ce que je pense, c’est ce que je leur dis, quand ils me demandent, s’ils me le demandent. « Un bain de sang ou être pucé ? » Agressif, elle recule d’un pas, elle comprend. « C’est ça le choix que le gouvernement laisse et ça te parait normal ? » La fin de ma phrase est assourdie par une soudaine clameur venue de l’intérieur du bâtiment.

C’est mécaniquement qu’on rentre, la plupart fixe l’écran, y’a des pleure, un des gamins répète en boucle « … mais c’est pas possible ». Je mets quelques secondes à tourner la tête vers la télévision, il y a une vieille photo de Capitaine America. Mort du héros de la nation. Je relis, la photo a changé, à côté la présentatrice arbore un air grave de circonstance. Traqué et pourchassé pour sa résistance face au RA, il en est mort. Les gamins ont dégainé leur téléphone, ça tweet, ça poste. Il doit déjà y avoir toute sorte de théorie sur internet. J’arrive pas à me détacher de l’écran, j’étais pas particulièrement attacher à cette figure, mais sa mort marque un point de non-retour. Ça peut vouloir dire un renforcement du RA, son abrogation, il est tombé comme un martyr. La télé a mis une petite bande noire sur le côté, symbole du deuil national. C’est captain america, ils ont été trop loin. Ils pouvaient continuer de tirer sur des anonymes, mais pas sur Steve Rogers.


« Déjà des rassemblements spontanés s’organisent un peu partout. » dit la présentatrice puis suivent des images de time square ou se rassemble une foule arborant tout leur merchandising, des pancartes aux messages de paix pleins d’emphase, des demandes d’abrogation du RA. C’est vers ceux-là que je concentre mon attention. Leur système va se retourner contre eux. « Faut qu'on sorte ! » s’exclame une voix, immédiatement soutenue par d'autres « On va faire des pancartes aussi ». Ça tweet, ça like, ça sature les réseaux sociaux de sentiments à chaud. Il y a déjà trois hashtag différents de crées, je les vois défiler sur la bande blanche. Le directeur a sorti ses clés, c’est leur cliquetis qui m’arrache à la contemplation de l’écran, aux pensées que ce visionnage suscite. « On sort.» Il faut quelques secondes pour que tout le monde se mette à bouger, un peu hagard parfois. Un petit groupe part détacher le drapeau américain à l’entrée. Tous veulent un accessoire quelque chose pour montrer qu’ils existence dans ce drame, quelques-uns restent prostrés devant la télé, ils préfèrent rester là. Je préfère rester là aussi.

« Tu restes là Isaac ? » J’acquiesce, je garde le fort, j’ai pas envie de participer. Elle est toujours ici l’intervenante et j’peux pas m’empêcher d’ironiser « Un bain de sang, t’avais raison. Le sang de l’Amérique. » Il n’y a pas de chaleur dans ma voix. On aura bientôt le droit à des reconstitutions, un hommage national avec Stark en première ligne qui pleure son frère ennemi. Ça sera beau, ça sera l’unité nationale. Ils ressortiront des maisons de retraite ceux qui l’ont connu et tout le monde blâmera l’autoritarisme. Rien de mieux qu’un martyr pour faire avancer une cause. Saint Steven tomber pour la liberté américaine. « Tu veux un verre ? » Je finis par demander, techniquement il y a pas d’alcool ici, en réalité le directeur garde une bouteille de Whisky dans son bureau, un whisky pas cher avec lequel il se donne du courage. J’attends pas qu’elle me réponde, j’ai besoin d’alcool de mon côté, rien à foutre de l’heure et les quelques gamins resteront devant l’écran à regarder tourner en boucle les mêmes images. Je laisse la porte du bureau ouvert, un bureau en foutoir, les tiroirs dégueulent de dossiers et aux murs sont punaisés des années de boulot, des photos, des créations délavées par le soleil. Le whisky est dans le tiroir central. Je déteste le whisky mais je l’attrape. « Doit y avoir des gobelets par là. » C’est tout ce qu’il y a, des gobelets, des tasses peut être, je lui désigne l’armoire de fourniture. Tant pis pour le débat d’idée.

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MessageSujet: Re: we're all going to hell, might as well enjoy the ride. (Hamza)   we're all going to hell, might as well enjoy the ride. (Hamza) EmptyDim 11 Déc - 22:32


Machinalement, je resserre les brochures d’ARES contre moi. Ce qui, vu la situation actuelle, est un geste bien stupide. Les réactions des jeunes qui m’entourent sont un peu trop vives pour moi. La mort de Captain American leur donne envie de se rebeller contre un système aussi cruel qu’injuste, la timidité dont ils ont fait preuve lorsque je leur présentais les dix bonnes raisons de se recenser n’a plus lieu d’être. Ils n’ont étrangement plus peur de moi ; certains se retournent même en me fusillant du regard, et c’est à mon tour de me sentir menacée. Mais la partie la plus ironique de l’histoire, c’est que la soudaine disparition de Rogers m’assomme littéralement. Elle me donne presque envie de rejoindre tous ses jeunes, de les aider à créer des pancartes pour défendre les valeurs qui leur sont chères. Visiblement, me mêler à la population me fait douter de tout, et je n’arrive plus tellement à savoir dans quel camp je me trouve. D’abord l’altercation avec le rebelle, maintenant ça… Je suis supposée faire quoi, moi ? « Tu veux un verre ? » Ah. C’est donc ça, la réponse. Boire un verre avec le type que j’ai failli brûler vif, justement parce qu’il n’avait pas peur de me dire que le RA était une loi pourrie. C’est assez improbable, on ne va pas se mentir. Le gueux n’attend pas ma réponse, il se fraye un chemin parmi les jeunes en colère et disparais dans un couloir. Je l’imite et le retrouve dans un bureau, celui du directeur. « Doit y avoir des gobelets par là. » J’ouvre l’armoire qu’il me désigne, prends les gobelets et m’assois sur l’une des chaises disposées en face du bureau. Je dépose les gobelets et, au passage, les brochures.

Il remplit raisonnablement les deux gobelets et le peu d’alcool qu’il verse me fait arquer un sourcil. « J’pense que tu peux remplir au max. On a le droit. » Il me dévisage brièvement avant d’obtempérer. Sans parler de remplir les deux verres en plastique à ras bord, il accepte de nous servir une quantité suffisante pour que nous puissions oublier la mort de Captain America. Je ne sais pas si le whisky peut vraiment nous y aider, cela dit. Je pense surtout que d’ici une heure, on se retrouvera en sous-vêtements à chanter des vieilles chansons nazes en faisant la macarena sur le bureau du directeur. You’re my heaaaart, you’re my souuuul ! J’attrape le gobelet le plus rempli et en bois une longue gorgée. Ce whisky est ignoble et ça se lit sur mon visage. Ce n’est pas se qui me retient de boire une nouvelle gorgée, plus longue que la précédente. J’imagine que ce serait le bon moment pour échanger sur ce qu’il vient de se passer. On pourrait se livrer à cœur ouvert, s’insulter, débattre avec ardeur du RA. Finalement, il parviendrait à me convaincre d’abandonner ARES, parce que je ne sais pas pourquoi j’en fais partie et qu’en deux secondes, chronomètre en main, il pourrait remettre en question ma propre existence. Pourtant, il ne se passe rien. On boit juste comme deux abrutis, en se lançant des regards bizarres toutes les cinq secondes et demi. On entend encore les jeunes réagir ; certains pleurent, d’autres ragent avec passion. C’est puissant.

Brusquement, la pile de documents signés ARES prend feu. Je ne sais pas si c’était vraiment voulu ou si mon subconscient tente de communiquer, mais ça fait du bien. Aucun de nous ne panique. On regarde les brochures se consumer tout en buvant tranquillement nos verres. La magie s’opère, le peu d’alcool ingurgité embrouille déjà mon cerveau. Pour la première fois depuis notre rencontre, je souris à mon rival du jour. « J’arrive pas encore à savoir si on peut être copain, toi et moi. Tu dois quand même savoir un truc : j’te trouve très sexy. T’as juste une tête de lémurien. » Pour la peine, je prends le temps de le détailler. Après avoir poussé un léger soupir de fatigue générale, je termine mon verre d’un trait. « J’vais devoir y aller. » Que je dis en me relevant. Je passe une main dans mes cheveux, regarde le jeune homme en secouant la tête et me rapproche de lui pour lui tapoter la joue. « Un jour, quand j’aurais l’esprit moins confus, on fera des choses. On pourra aussi parler de Kevin Love. » Pour le plaisir de vivre, je dépose un bisou sur son nez et quitte les lieux comme une princesse.
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