Sujet: The sign of three [Karen & Robbie] Dim 11 Déc - 22:00
The sign of three
“Karen Page & Robert Aylen”
Il y a 4 mois
Il est évident qu’ARES ne sait pas quoi faire de moi après leur petite numéro au restaurant. On m’emmène hors de vue de Karen et ensuite, on se contente de me faire entrer dans une camionnette, poignets liés. Je n’ai pas l’intention de tuer qui que se soit. Pas pour le moment. Je savais qu’on me conduirait en premier lieu au QG d’ARES. De là, je comptais trouver un moyen de me rendre à ma chambre afin de mettre la main sur mon téléphone privé et sécurisé. Je voulais prévenir Karen dès que possible de ma situation. Sauf qu’on m’emmène plutôt dans la direction opposée au QG. Je ne parle pas, me contentant de fixer les hommes qui me surveillent. Je me retrouve dans un bureau, le même il me semble où j’ai dû m’assoir avec ce psychiatre pour établir mon profil d’entrée pour ARES. Je deviens aussitôt méfiant. Je suis dans les locaux administratifs de l’organisation. Je sais que c’est ici que s’est décidé mes conditions d’adhésion à ARES. Ceux qui m’interdissent apparemment de fréquenter une femme. On me laisse moisir dans ce bureau, toujours sous la surveillance des types du restaurant. Finalement, au bout de deux heures, un homme entre dans la pièce. Il donne une directive au leader de mes geôliers. Je les observe en fronçant les sourcils. Pourquoi tant de cachotteries? Mes gardiens se lèvent de concert sous le signe de leur chef et les voilà qui quitte, me laissant avec l’homme nouvellement arrivé. Il prend place devant moi. Il commence à parler. Ce qu’il me dit en ennuyeux, alors je vais faire un résumé. Apparemment, ma mission pour ARES vient de changer. Le groupe dirigé par Gordon Kent (dont je fais partie) est envoyé en patrouille à l’extérieur de New York pour une période encore indéterminé. À mes interrogations sur le pourquoi de cette réorganisation, on me répond simplement que les besoins d’équipes d’intervention sont plus grands dans l’ouest et le sud du pays. L’homme me rappelle mes obligations envers ARES, ainsi que les conséquences de mes désobéissances éventuelles. Je sais déjà tout ça, que je peux finir sur la chaise électrique si je ne suis pas une parfaite petite marionnette pour eux. Je retiens mes commentaires et ma hargne. Je sais qu’ils font tout ça parce qu’ils ne savent pas comment gérer la présente situation. Qui aurait cru qu’un mercenaire sans cœur comme moi aurait pu tomber amoureux. Je sais également qu’on ne me permettra pas de contacter Karen durant ma période au loin. Je vais donc devoir trouver entre deux missions à travers le pays un moyen alternatif pour y parvenir. L’homme se lève et avant de partir pour me laisser entre les mains de nouveaux geôliers, il me fixe d’un air sévère.
« Votre ingratitude envers cette organisation va finir par vous faire tuer, Aylen. Quand allez-vous comprendre que c’est pour le bien de pays que nous vous restreignons de la sorte ? Plus vite vous allez l’accepter, moins votre séjour parmi nous sera pénible. C’est votre dernière chance. Après, nous n’aurons plus le choix de sévir définitivement. »
Ces paroles résonnent dans ma tête alors qu’on me conduit vers un avion. Même assit dans ce dernier, je ne peux que me répéter cette menace. Je sentais déjà qu’ARES n’avait aucune considération pour moi. Mais de là à me le dire directement, cela m’inquiète davantage. Je ne suis à leurs yeux qu’un outil pour accomplir leurs stupides missions. Lorsqu’ils en auront assez de moi, ils me révéleront publiquement et la population va demander ma tête. Ils pourront ainsi enfin se débarrasser de moi. Définitivement.
Il y a 2 mois
ARES est une organisation corrompue. Trouver une personne qui n’est pas entièrement fidèle au gouvernement est plus simple qu’on pourrait le penser. User de la menace ou de l’intimidation n’est que peu nécessaire. Avec une petite confrontation, le dos au mur, l’un des agents se montre très coopératif. Je m’assure de sa loyauté et de sa fiabilité au préalable, avec plusieurs petites missions anodines. Lorsque je suis certain qu’il ne me trahira pas, je l’emploie pour la véritable tâche que je l’ai recruté. J’ai besoin de transmettre de l’information à Karen. Des informations certes cryptées, au cas où elles tomberaient entre les mauvaises mains. Mais des renseignements qui seraient particulièrement utiles à la journaliste. J’ai besoin qu’elle fragilise ARES. D’une manière ou d’une autre, il n’y a qu’elle qui puisse le faire. Moi, je suis trop près des têtes dirigeantes et trop menacé par elles pour bouger même le petit doigt contre leurs ordres. Surtout à présent qu’elles savent que j’ai tissé des liens aussi importants avec Karen. En étant dans l’organisation, même depuis si peu de temps, j’ai appris des choses « intéressantes », disons. Je rêve de voir cette corruption faire tomber ARES. Prouver au public que leurs nouveaux héros, ne sont rien de plus que la nouvelle pègre. Il y a certes des gens bons parmi nos rangs. Des gens qui n’ont pas encore réalisés à quel point ils agissaient au nom d’une illusion. Gordon fait parti de ces gens. Mais dans cette histoire, je dois penser à moi. À ceux qui m’importe vraiment et que j’aime, contre toutes attentes. Je sais qu’ARES a maintenu Karen en observation et qu’ils mettent un point d’honneur à contrôler ses agissements et probablement aussi ces publications dans le journal. Je sais donc que ces lettres lui seront autant bénéfiques à moi qu’à elle pour nous sortir de l’étau de l’organisation gouvernementale. Je couvre mes arrières. J’emplois plus de gens. Je me retrouve avec un grand nombre d’alliés silencieux. En parallèle, je suis docile aux missions qu’on me donne. D’une certaine manière, je perds ma vitalité. Je ne suis plus qu’un automate qui répond aux désirs de son supérieur. Je ne le réalise pas immédiatement, mais ma bonne conduite plait. On réalise que peut-être ai-je finalement consentie à cesser mon opposition face à mon affiliation. Que j’embrasse désormais mon rôle d’agent d’ARES et que j’y trouve même de la fierté et du plaisir… Je ne sais pas du tout ce qu’ils se disent, mais ce n’est ni plus, ni moins que de la vulgaire comédie. Je suis et je serais toujours un mercenaire indépendant. Je refuse d’être pour le restant de ma vie le pantin de quelqu’un. Je songe à Karen dans ces cas là, alors que je suis contraint d’agir contre ma nature. Je pense au fait qu’elle est seule désormais. Qu’elle me déteste peut-être à présent. Que je dois la retrouver. C’est ce qui me fait tenir et endurer ma situation.
Aujourd’hui
La clé danse entre mes doigts. Je fixe la porte, doutant une nouvelle fois que se soit toujours la sienne. Après tout, elle a très bien pu déménager après mon départ. Ou bien, elle a eut la bonne idée de changer la serrure, sachant que je possède une copie de la clé. Quelle chance d’ailleurs qu’elle me l’ait donné juste avant cette histoire de mission au loin. Je referme ma paume, emprisonnant la clé à l’intérieur. J’inspire profondément et je me décide à tenter le coup. La clé entre dans la serrure, puis tourne et finalement déverrouille la porte. J’en suis surpris, étrangement. Je tourne la poignée et je m’engouffre dans l’obscurité de l’appartement. Il faut dire que nous sommes en pleine nuit. Et que si Karen est à l’intérieur, elle doit très certainement dormir. Je crains Byamba. S’il m’entend ou me voit, il pourrait japper et alerter sa maîtresse de ma présence. Pas que ce n’est pas ce que je veux, mais disons simplement que je ne sais pas comment lui dire que je suis de retour. Et dans ma stupidité, la surprendre est la meilleure façon d’obtenir une forte réaction, bonne ou mauvaise. Dans mon plan, je n’avais simplement pas prit en compte le fait que l’avion atterrerait dans la nuit et que mon impatience de la revoir me conduirait quand même à son appartement. En m’avançant d’un nouveau pas, je remarque une tête de chien qui se relève dans le noir. Il ne réagit pas, me fixant alors que je m’immobilise. Je me penche et il s’approche lentement, probablement méfiant. Il ose approcher sa truffe de ma main. Il recule par la suite, comme surpris par mon odeur. La seconde suivante, sa langue commence à me lécher la main. Je caresse son cou, prenant ce temps pour réfléchir à la suite des choses. La chambre est juste devant moi. Je me relève lorsque j’ai l’assurance que le chien, à présent de taille adulte d’ailleurs, ne s’excitera pas si je bouge. Je m’approche de la porte de la chambre et je reconnais alors sa silhouette étendue dans le lit. Je m’arrête encore une fois, observant avec un plus grand stress ce spectacle. L’envi de la revoir, de lui parler, de la toucher à nouveau devient trop grand. Je m’avance donc et d’une main délicate, je caresse sa joue et ses cheveux. Je me penche ensuite pour embrasser ces mêmes endroits. Je laisse mes genoux se poser sur le matelas, dérangeant l’immobilité de celui-ci. Je profite de cette plus grande proximité pour embrasser une seconde fois la journaliste. Mon corps est en manque d’elle. Je cesse de réfléchir, me contentant d’agir. Et lorsque son corps bouge enfin à la suite de mes caresses, j’approche ma bouche de son oreille pour la taquiner.
« J’espère que tu as bien pratiqué les leçons d’autodéfense en mon absence. »
Par la suite, je cherche ses lèvres. Je les trouve sans difficulté. Je leurs offre un baiser témoignant de mon ardeur à la retrouver, ne songeant même pas à sa propre réaction en me retrouvant.
Sujet: Re: The sign of three [Karen & Robbie] Mar 13 Déc - 4:47
THE SIGN OF THREE FT ROBBIE
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n léger manteau blanc sur les trottoirs et le rebord des fenêtres, l’effluve du vin chaud, des boissons aux épices, de l’alcool, l’euphorie des clients, et même de la propriétaire, ce soir chez Josie c’est Noël. Une certaine bonne humeur emplit les lieux, des rires résonnent un peu partout, les tintements des verres, les flashs des appareils photos, prêt à être dégainé pour immortaliser ces instants d’allégresse. Un festival de bonnets rouges, de pull en mailles totalement ringards, dépassés, et de fausses barbes emmêlées. Un réveillon dans la simplicité, l’intimité, en compagnie de mes patrons, mes amis, Foggy et Matthew. Malgré la situation légèrement tendue, les fêtes de fin d’année ont réussi à nous faire oublier le temps de quelques heures nos malaises. C’est le deuxième Noël que je passe avec eux, et peu importe les coups d’éclats qu’il y a pu avoir, ce sont toujours d’agréables moments, rythmés par l’humour, et l’affection que nous nous portons. Cependant, malgré tout ceci, un manque réussit à se faire ressentir, je ne me sens pas totalement moi-même, une partie de moi n’a pas le cœur à la fête. Une main posée sur mon ventre, les yeux fixant le vide, mon esprit s’aventure bien plus loin, imaginant un réveillon encore plus parfait que celui-ci, un réveillon en compagnie de l’homme pour qui j’éprouve de forts sentiments, le père de cette petite chose qui grandit en moi, Robbie. Quatre mois sans sa présence, sans pouvoir ressentir ses lèvres contre les miennes, ses bras autour de mon corps, et sans pouvoir entendre le timbre si particulier de sa voix ; une situation qui devient de plus en plus difficile à supporter. De nombreuses questions commencent à germer. Et s’il ne revenait pas ? Et si une autre femme a réussi à avoir préférence ? Ou pire… Un soupire s’échappe d’entre mes lèvres. Ce n’est pas le moment pour ce genre de pensées. Je tourne finalement la tête vers la baie vitrée, observant le ciel étoilé que nous offre cette nuit de réveillon. Faites qu’un miracle se produise, faites-moi croire en la magie de Noël. Un souhait prononcé inconsciemment, poussé par la détresse. Celle d’une femme se sentant, bien malgré elle, seule. Une voix me tire de ma rêverie, et presque aussitôt je retrouve ce sourire de façade, masquant ma fatigue morale. Bien que mon corps commence également à se fatiguer. Un léger bâillement interrompt mon engouement à la fête, et laisse percevoir mon épuisement. Je m’excuse auprès de Matt’ et Foggy avant de quitter finalement les lieux, prenant soin d’emporter mes cadeaux. La plupart sont destinés au petit être dans mon ventre, une attention touchante. Ce sera ça en moins à acheter.
Mon appartement n’est pas loin de chez Josie, mais le trajet me semble long, difficile. Mes bottes s’enfoncent dans la neige dans un bruissement sourd, essayant d’éviter les quelques petites plaques de glace qui se sont formées un peu partout. Les rues sont pratiquement désertes, la plupart des new-yorkais étant chaleureusement installés autour d’une table en famille, ou bien au coin d’une cheminée. Pour ma part, la seule personne que je vais retrouver est ma petite boule de poils, mon seul compagnon. L’air froid pénètre mes poumons, mord mon visage sans ménagement, et teinte mon visage d’une légère couleur rouge. De longues minutes s’écoulent, les illuminations et autres guirlandes accrochés négligemment sur les façades égayent mon périple. Arrivée au chaud dans le hall de mon immeuble, je retire mes gants, afin de pouvoir glisser la clé dans la serrure, d’ouvrir la porte et de recevoir l’affection de Byamba. J’abandonne mes paquets, ainsi que mon manteau, afin de m’agenouiller et de câliner cette boule de poils hystérique. Mon unique compagnie du soir. Un instant de tendresse indispensable. L’appartement me semble vide, le sapin de Noël ridiculement décoré, posé sur le meuble n’arrange en rien ce ressenti. J’y appose délicatement les cadeaux avant de faire un détour par la salle de bain pour me débarbouiller et de retrouver mon lit, mon précieux. Ce n’est pas le réveillon parfait, mais malgré ma nostalgie soudaine, je suis heureuse d’avoir pu partager ce moment, et de ne pas avoir été entièrement seule. Enroulée dans la couverture, de côté, position obligatoire suite à ce petit ventre qui s’arrondit et m’empêche désormais de dormir comme je l’entends, je fixe le mur. La fatigue commence à se faire ressentir, et mes paupières à s’alourdir. J’ignore quelle heure il est, mais Morphée m’enlace beaucoup plus rapidement que je ne le pensais, et je sombre instantanément dans un profond sommeil.
Des caresses, une voix familière qui résonne, lointaine, presque irréelle. Un accent facilement identifiable. Les battements de mon cœur s’accélèrent, un frisson traverse ma colonne vertébrale. Un contact soudain, délicat, brûlant contre mes lèvres m’arrache lentement du sommeil. Sans réfléchir, par pure réflexe, je réponds à ce baiser inconnu, faisant preuve de la même ardeur. Un rêve des plus délicieux, remplit de tendresse, de désir, mais beaucoup trop réaliste. Un flux d’adrénaline me monte à la tête, j’ouvre instantanément les yeux, et me retrouve face à ce visage, ces traits reconnaissables entre tous. Une vague d’émotions incontrôlable me submerge, je brise le lien qui s’est tissé entre nos lèvres, tandis que mes mains se posent sur ce visage, se promenant, caressant chaque partie. Cela ne peut être qu’un rêve, le fruit de mon imagination, de mon désir, un fantasme. Croire à sa présence est difficile, presque impossible. Robbie … Une torture bien cruelle que me joue mon esprit. Ce regard hazel envoûtant, hypnotisant. Une de mes mains se glisse dans sa chevelure dorée, cherchant le moindre contact pour confirmer son retour, et m’assurer que ce n’est pas la folie qui me guette.
— Ne me dis pas que je rêve …
Bien trop beau pour y croire, un miracle de Noël. Sans perdre une seule seconde, poussée par un puissant désir, je reviens sceller nos lèvres dans un baiser fougueux, tout en laissant ma main se jouer de sa chevelure. Prise de cours par ce retour si soudain, noyée dans diverses émotions, une larme roule le long de ma joue. Je me resserre un peu plus contre son corps, redressant légèrement le mien, effrayée par l’idée que tout ceci ne soit bel et bien qu’un rêve, et qu’il disparaisse de nouveau.
— Tu ne m’as pas oublié … Quelques mots murmurer entre ses lèvres, soulagée, heureuse de retrouver enfin ses bras.
WILDBIRD
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Sujet: Re: The sign of three [Karen & Robbie] Sam 17 Déc - 17:09
The sign of three
“Karen Page & Robert Aylen”
Voilà quatre mois que je me figure ce moment. Celui de nos retrouvailles. D’une liberté retrouvée, sans crainte qu’on m’enlève à sa compagnie. J’ai découvert en Karen le but d’une vie. Si lorsque j’étais mercenaire je considérais cet emploi comme mon objectif d’existence, désormais qu’on m’empêche de l’être, je me sentais inutile. Va savoir pourquoi, cette femme m’a ramené une motivation, celle d’avoir une vie normale en sa compagnie. Je ne suis pas aveugle, je sais très bien qu’avec moi les choses ne seront jamais vraiment normales, pas dans le sens que le commun des mortels l’entend, du moins. Mais je compte bien établir ma propre notion de normalité à ses côtés. Et cela commence par nos retrouvailles, suivi de ma libération complète d’ARES. J’ai besoin plus que jamais de redevenir mon propre patron. Ce rôle de pantin pour le gouvernement, je ne peux plus le supporter. Si avant j’arrivais à le tolérer par nécessité, à présent les choses ont bien changées. Sentir Karen près de moi me fait réaliser à quel point je les déteste pour m’avoir privé de son contact. Pour s’être joué ainsi de moi, prétendant qu’on avait besoin de ma présence à l’extérieur de New York. Je n’y ai jamais cru de toute façon, mais cela m’irrite tout de même qu’ils aient monté cette histoire pour nous torturer tous les deux d’éprouver de l’amour pour l’autre. Mes pensées deviennent fades à comparer au désir qu’elle me provoque. Mon corps la réclame entièrement et je n’arrive pas à réfléchir à autre chose. L’émotion que me causent nos retrouvailles se transforme en pulsions physiques. J’ai besoin de la sentir sur chaque partie de mon corps, comme pour confirmer que c’est bien réel. J’ai moi-même du mal à croire que je la retrouve, un peu comme cette stupeur qu’elle me témoigne. En silence, je fixe son regard, lui communiquant mes intentions presque bestiales d’assouvir mes désirs. Je m’empare ensuite de ses lèvres et je perds un peu la carte. Je n’ai plus aucune pensée logique, je suis entièrement dévoué à cet acte brûlant. Je deviens inattentif à ce qui m’entour. Je ne remarque plus le décor de la chambre, ni la sensation du tissu des draps sur mon corps désormais nu et encore moins les changements physiques de la journaliste. N’importe quelle personne aurait pu le remarquer. J’aurais du le remarquer. Sauf que mes mains ne rencontrent que peu son ventre et mes pensées ne sont pas suffisamment cohérentes pour me permettre de le réaliser. Est-ce que Karen va m’en vouloir pour cela? Pour la soudaine domination de mes pulsions au prix de ma logique. J’ose espérer que non.
Je me réveille avec beaucoup de confusion. Mon corps est épuisé, mais cela me prend un instant avant de me souvenir pourquoi. Je soupire doucement, me sentant simplement bien dans ce lit, la chaleur de Karen dans mon dos. Ma tête retrouve également progressivement ses droits. Je me laisse aller à des pensées sur notre futur. Je songe depuis un moment à quitter New York avec elle. Mais en même temps, j’hésite à même lui proposer. Sa vie est ici, son travail et ses amis aussi. Il y a forcément un autre moyen d’être tranquille tout en demeurant dans cette ville. Je me dis alors qu’il nous faudrait un nouvel endroit où vivre. Et cette fois, nous y serions tous les trois : moi, Karen et Byamba. Je fronce les sourcils, me souvenant alors d’un détail. Ce dernier me semble vraiment ridicule, m’arrachant un sourire. C’est probablement une fausse impression. Je me retourne afin de rencontrer le visage endormis de la jeune femme. Discrètement, j’approche ma main sous les draps de son ventre. Je ne sais pas pourquoi j’ai cette impression, mais la curiosité me guide jusque là. Je touche à ce dernier et je le trouve d’abord un peu plus dur qu’à la normal. Je continue mon exploration et c’est en constatant sa rondeur que mon cœur manque un battement. Je retire ma main et je me redresse dans le lit, préoccupé. Ma confusion demeure et voilà qu’elle s’aggrave. Ce ventre indique de toute évidence une grossesse, mais je n’arrive pas à l’admettre à moi-même. Il y a forcément une autre explication.
Alors que je m’apprête à sortir du lit, mon regard est attiré par les objets sur la table de chevet. De nombreuses petites choses pêle-mêle, mais deux en particulier qui attire mon regard. Des sous-vêtements rouges très sexy, encore neuf vu l’étiquette qui est toujours accroché dessus. Lui aurait-on offert? Juste à côté, deux minuscules chaussons de bébé. En les prenant dans mes mains, je constate la présence d’une photo en dessous. Je m’empare donc de cette dernière et quelle n’est pas ma surprise en reconnaissant ce visage, ce regard. Lloyd… déguisé en Père-Noël. Je retourne la photo par réflexe, lisant la date à l’endos. C’est très récent et de toute évidence, si c’est en possession de Karen, c’est que ça lui est destiné. D’où elle connait Lloyd? Mais le plus important, est-ce lui le père de cet enfant? D’après les cadeaux qu’il lui a faits, comment conclure à autre chose. Je n’ai pas été là durant quatre mois, un temps nécessaire pour concevoir un enfant. Reposant la photo à l’endroit exact où elle se trouvait, je me lève et quitte la chambre. Dans mon regard, on ne perçoit qu’une froideur familière, une colère camouflée. Je refuse de faire une scène à Karen. Ce n’est pas mon genre. Par contre, cette réalisation qu’elle a peut-être une relation avec un autre me cause une douleur sans nom. Tout en marchant, je réalise la présence de Byamba. Il semble incertain, ressentant visiblement mon énergie négative. Je me contente d’attraper de quoi me couvrir, mes anciens vêtements laissés ici apparemment et de me rentre dans la cuisine. En silence, je me prépare un café.
Sujet: Re: The sign of three [Karen & Robbie] Ven 23 Déc - 0:56
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n rêve, une illusion, c’est tout ce que cela peut être. Ce visage, cette odeur ne peuvent parvenir que de mon imagination, de mon manque. Quatre mois, dix-sept semaines, cent vingt-deux jours d’absence. Avec un laps de temps aussi conséquent l’esprit perd forcément de sa lucidité. Ce sont pourtant ses lèvres qui me témoignent son envie, sa respiration qui se mêle à la mienne, ses mains qui me parcourent, mais je ne parviens pas à y croire pleinement. Un retour au beau milieu d’une nuit, et qui plus est la nuit de Noël, c’est bien trop beau. Les miracles sont une chose à laquelle j’ai cessé de croire depuis bien longtemps. Et pourtant je ne démontre aucune résistance, bien au contraire. Si cela n’est qu’un scénario monté de toute pièce par mon imagination, autant le vivre jusqu’au bout, en profiter. Je retrouve les sensations oubliées, la chaleur de son corps contre le mien, ce partage sensuel. Une bulle se forme, plus rien ne compte hormis cet instant, cette danse lascive. Tout est multiplié, les sensations, les ressentis. Mon cœur tape plus fortement contre ma cage thoracique, donnant l’impression qu’elle risque de se rompre à tout moment. Un vertige me prend, m’entraîne dans une spirale, j’effleure le plaisir du bout des doigts. Ma voix se fait entendre beaucoup plus que d’ordinaire, cogne les modestes murs de l’appartement, laissant savoir à tout le monde que ce soir je suis heureuse, que ce soir j’ai retrouvé plaisir et joie de vivre. Ainsi se déroule une partie de ma nuit, noyée dans un rêve plus que parfait. Je ne sais exactement combien de temps cela a duré, mais assez pour me faire oublier ma peine. Le corps encore secoué par tant d’émotion, l’esprit euphorique je sombre de nouveau dans un profond sommeil, le cœur léger. Un doux rêve, semblable à un baume sur de douloureuses blessures. Voilà bien longtemps qu’un tel apaisement ne m’avait pas envahi. Mes draps ont perdu cette froideur, témoin de ma solitude, mon lit me paraît beaucoup plus agréable, chaleureux.
Quelques rayons de soleil traversent les fins rideaux de la chambre, venant apposer leur chaleur sur ma peau. Le matin est arrivé bien plus rapidement que je ne l’imaginais. Une courte nuit. Mon corps est léger, étrangement, et parcouru par de légères courbatures par endroit. Ma main se pose, comme chaque matin depuis bientôt quatre mois sur ce ventre arrondi. Un réflexe, comme pour m’assurer de sa présence. De futiles caresses irrépressibles. Par ce geste je remarque un détail troublant, gênant, et étrange. Ma nudité. J’ouvre aussitôt les yeux, surprise, mais aussi effrayée. Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Je tourne la tête, ne trouvant qu’une place vide, mais froissée. Je fouille dans mes souvenirs, me force à y trouver une réponse, mais rien ne vient. Rien, hormis ce rêve étrange. Mon cœur manque un battement, se compresse. Ce n’était pas un rêve… D’un geste vif je rejette la couverture plus loin, quitte le lit, m’apprêtant à courir littéralement jusqu’au salon avant de me souvenir de ma tenue. Un second détail me frappe de plein fouet. Ma grossesse. Il n’est pas au courant, et ne doit pas l’être aussi brutalement. L’excitation de possibles retrouvailles laisse place à un stress incontrôlable. Le placard me semble être la meilleure solution. J’y fouille, cherche de quoi masquer cette rondeur qui commence à se voir. Rien à faire, des jupes crayons, des chemisiers, la majeure partie de ma garde-robe est composée de vêtements moulants. Un soupire m’échappe. Mon regard est soudainement attiré par quelque chose, un sac à dos posé sagement dans un coin de la chambre. Les affaires de Robbie laissées peu avant son départ soudain. Un de ses t-shirt, c’est pile ce dont j’ai besoin. Sa carrure est bien différente, plus imposante que la mienne, ce qui est parfait ! Une fois le t-shirt enfilé, j’accepte le tout brièvement devant le miroir. Le tissu, large, immaculé, dissimule parfaitement mon ventre et tombe jusqu’à la moitié de mes cuisses. Il est temps désormais de vérifier s’il est vraiment là ou non. Nerveusement, je cale une mèche de cheveux derrière mon oreille avant d’ouvrir la porte, tout en prenant une profonde inspiration. Mon regard n’ose s’élever plus haut que le sol, où il croise celui de Byamba, surprit mais heureux de me voir. Fais quelque chose ! Dans un élan de courage je lève enfin les yeux en direction de la cuisine, d’où s’échappe cette délicieuse odeur de café. Une silhouette se trouve en plein milieu, occupée à préparer je ne sais quoi. Même de dos je parviendrais à reconnaître ce corps, cette prestance si particulière. Robbie… Ce n’était donc pas un rêve. Une vague d’émotion me submerge, mon corps ne réagit plus, ou du moins refuse de le faire. Ce n’est pourtant pas l’envie de courir dans ses bras qui me manque. Une nouvelle inspiration. Un pas après l’autre je m’en approche, le cœur étouffé par autant de ressentis, bien plus qu’il ne peut en supporter. Lentement, je colle mon buste contre son dos, prenant cependant soin de ne pas le toucher avec mon ventre, laissant une marge entre nos corps. Mes mains se posent délicatement sur ses hanches, et j’enfouis quelques instants mon visage dans ses cheveux.
— Tu es revenu … enfin …
Un simple murmure prononcé dans le creux de son oreille. Quelques secondes à humer son parfum, toucher son corps, avant de reculer, et d’éviter qu’il ne s’aperçoive de mon changement physique. A moins qu’il ne le soit déjà, étant donné la nuit que nous avons partagé. Mais je me laisse à croire que, enivré par ce corps à corps, il n’ait pas pu le remarquer. Une idée stupide, mais plausible. Je recule encore de quelques pas, avant de finalement me retourner complètement vers la corbeille à fruits posé sur l’un des meubles. Avec tous changements hormonaux, mes goûts alimentaires ont commencé à différer. Depuis quelques jours ce sont les pommes qui sont les malheureuses victimes de mes nombreuses fringales. Le sourire aux lèvres, heureuse de le retrouver, je croque sans hésitation dans le fruit puis me retourne derechef dans sa direction. Quelque chose efface soudainement ce sourire, une aura étrange émanant de Robbie. L’euphorie des retrouvailles ayant retrouvé un niveau correct, je remarque son corps raide, ses muscles légèrement crispés. J’avale mon morceau de pomme, soucieuse de connaître la raison. En y réfléchissant, il n’a pas fait preuve d’un aussi grand enthousiasme lorsque je l’ai rejoint.
— Robbie … quelque chose ne va pas ?
La tête penchée sur le côté, les sourcils légèrement froncés, je l’observe, inquiète de sa réponse. Ce n’est vraiment pas le moment pour gâcher nos retrouvailles, mais je ne dois pas faire preuve d’égoïsme, et savoir son ressenti. Peut-être que cela me concerne ? C’est bien ce qui m’effraie.
WILDBIRD
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Sujet: Re: The sign of three [Karen & Robbie] Lun 26 Déc - 2:12
The sign of three
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Mon esprit est ailleurs. Je laisse mon imagination inventé des centaines de scénarios concernant la grossesse de la femme que j’aime. Plus j’y réfléchis et plus je me sens au prise avec cette colère. Je hais ARES pour l’éloignement que nous avons subit. Je sais que si j’avais été à ses côtés, j’aurais pu la protéger des autres hommes. Des hommes qui la désire et veulent abuser d’elle. Pendant que la machine à café chauffe, je me distrais de ma haine envers Lloyd en faisant tournée la base de la tasse contre le plan de travail. Penser à autre chose ne fonctionne pas. L’insulte est trop récente. À quoi bon de toute façon, le mal est déjà fait. Ce n’est pas comme si je pouvais le prendre à se promener dans cet appartement et lui exploser la tête d’une balle. Je laisse la tasse tranquille, la pression qu’exerce ma main dessus étant devenue si grande que je pourrais la casser. Une fois le café prêt, j’en fais couler dans la tasse et j’attends de décrisper mes mains avant de la saisir pour boire. Dans mon dos, un courant d’air. Je ferme les yeux. Pas maintenant. Son contact frôle la courbe de mon dos, puis mes hanches, alors que mes muscles se durcissent par réflexe. Sa tête s’approche de mon oreille. Sa respiration chatouille mon cou, agitent mes cheveux mêlés. Je n’ai pas de mot pour lui répondre. Pas de réaction pour la satisfaire. Trop de confusion m’en empêche. Elle recule et je me force à prendre la tasse malgré mon agitation. Je bois une gorgée du café tout en entendant ses dents croquer une pomme. Je redépose la tasse dans un bruit léger, contenu. Elle remarque finalement mon attitude. L’incompréhension s’entend assez clairement dans sa voix. Je me retourne lentement, mon regard n’étant pas celui auquel elle a l’habitude. Il est apathique, bien peu accueillant. Je n’ai pourtant aucun reproche à lui faire. Je blâme le monde entier avant elle. Il m’est pourtant particulièrement ardu de le démontrer. Je ne vais lui causer que de la peine, c’est assez évident. Nos retrouvailles étaient apparemment prédestinées à être ainsi. Je suis toujours muet, cherchant dans son regard la réponse à tellement de questions que je me pose. Dialoguer serait j’imagine la meilleure approche. Mais je suis un mercenaire. Nous sommes endurcit par la mort et les horreurs que nous causons. Parler n’est pas notre méthode d’action. N’est pas dans nos réflexes et nos croyances. Je m’approche donc d’un pas, mon visage n’étant plus qu’à quelques centimètres du sien. Je plonge mon regard plus intensément dans le sien, faisant fi des conséquences possibles. Je pose ensuite ma main droite sur son ventre. Malgré le vêtement ample qu’elle porte pour le cacher, la rondeur n’est plus dissimulée par mon geste. Mes doigts sont écartés, sentant la chaleur de son ventre caresser ma peau. Mon regard se durcit subitement lorsque derrière Karen aboie sans crier gare le chien. Il défend sa maîtresse? Cherche à m’empêcher de toucher au fruit d’un autre? Je retire ma main de son corps pour l’utiliser pour cueillir une seconde pomme. Je contourne ensuite Karen et m’approche de Byamba. Il est méfiant et recule à mon approche. Je l’ignore, m’asseyant sur le sofa du salon et allumant sans grand intérêt la télévision. Je veux seulement me distraire, changer l’atmosphère tendu. L’écran s’allume sur un reportage sur des décorations de Noël. Je tourne la tête vers un scintillement dans le coin de la pièce, que je ne remarque que maintenant. Un arbre de Noël. Cette réalisation me surprend. Je retourne à la télévision, observe la date dans le bas de l’écran qui est justement indiquée : Le 25 décembre. Nom de Dieu, suis-je à ce point aveugle? Je soupire bruyamment et plonge mon visage dans mes deux mains, faisant rouler la pomme sur le plancher. Je me retiens de grogner. Je n’aurais pas du venir immédiatement. J’aurais du me laisser cette nuit pour réfléchir plutôt que de jouer les amants désespérés. Je songe à Karen. Pourquoi elle ne me plaque pas immédiatement pour mon attitude? Je me tourne vers elle, évitant de la regarder pour ne pas lui transmettre plus de ma négativité. Dans sa condition, cela ne doit pas être bon de lui causer autant de stress. Enfin, j’imagine. Ma bouche s’entrouvre, comme pour parler. Aucun son ne sort d’abord. Puis, après un raclement de gorge et une plus grande volonté de ma part, ma bouche s’ouvre à nouveau et les premiers mots de ma part résonne pour elle.
« Karen… je… je suis confus… »
Absolument rien de pertinent, mais mon esprit est toujours dévasté par tellement de pensées chaotiques et mauvaises. Songer à tuer quelqu’un alors qu’on est en présence de sa conjointe ne devrait pas être une chose possible. Malheureusement, ça l’est pour moi. L’image de mes mains qui se resserrent autour du cou de Lloyd. Une rage folle. Pourtant, la vision de cette magnifique femme qui porte mon t-shirt. Qu’est-ce qui ne va pas avec moi?
Sujet: Re: The sign of three [Karen & Robbie] Mer 28 Déc - 2:28
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D
es battements irréguliers, une pression inexpliquée au niveau de la poitrine, le stress, la peur envahit les moindres parties de mon corps. Ce regard, cette tension qu’il dégage me paralyse, m’effraie. Jamais encore il n’a eu un tel comportement en ma compagnie, du moins pas aussi violent. J’avale difficilement mon morceau de pomme, et réprime une forte envie de reculer. Malgré la peur, la confiance persiste, jamais il ne pourrait lever la main sur moi, enfin je l’espère. Je le laisse donc faire, immobile, droite. Un flux d’adrénaline me monte soudainement à la tête en voyant sa main venir se poser sur cette partie de mon corps que je cherche désespérément à lui cacher, mon ventre. Il sait. Mes yeux s’écarquillent, mes membres se contractent, mon cœur s’affole un peu plus. Cela en devient presque douloureux. Ne rien dire, rester silencieuse, essayer d’ignorer la situation, l’évidence. Quelle idiote je suis. Bien évidemment que ce genre de détail se remarque rapidement, à quoi ais-je pu bien penser. Un silence s’installe, lourd et pesant. Mon esprit s’embrouille, se noie dans diverses pensées, toutes aussi saugrenues les unes que les autres. Que faire ? Robbie ne peut me pardonner un tel acte, une telle décision en son absence. Perdue, effrayée par cette nouvelle perspective d’avenir, et blessée par l’idée d’une absence définitive, je n’ai pensé qu’à moi. Un geste purement égoïste. Dans la précipitation je n’ai réfléchi qu’à mon avenir uniquement, et non au sien. Je me suis focalisée sur mes envies, mes objectifs. Un vertige. Ma main s’agrippe par réflexe au coin de la table. Autant d’émotions en si peu de temps, avec la grossesse, mon corps n’encaisse plus aussi bien qu’avant. Je tire une chaise pour m’y asseoir, mes jambes n’ayant plus la force de me porter. Qu’ai-je fait ? Mes ongles s’enfoncent peu à peu dans la pomme, perçant sa peau pour laisser son jus couler le long de mes doigts. Je la pose sagement sur la table, ce n’est pas à cette pomme que je dois m’en prendre, mais à moi-même. Sa voix m’arrache à mes tourments, résonne légèrement à mes oreilles. J’ose enfin lever les yeux dans sa direction, il m’évite. Ce qui me surprend, et me blesse quelque peu. Ne plus parvenir à me regarder dans les yeux, c’est la preuve qu’une profonde blessure s’est créée, et c’est de ma faute. Lentement, je me redresse, quitte la chaise pour m’avancer dans sa direction, m’approchant du canapé. Je le contourne, m’asseyant finalement à ses côtés. Je garde le silence quelques instants, essayant de trouver des mots à mettre sur mon actuel ressenti.
— Robbie … je … je suis désolée…
Victime des divers symptômes de la grossesse, mes sentiments sont décuplés, beaucoup plus affirmés. Des larmes roulent sur mes joues, discrètement balayées du revers de ma main. C’est l’une des choses que je supporte difficilement, la sensibilité exacerbée dû aux chamboulements des hormones. J’inspire profondément. Il est temps de se confier, de dire clairement ce que je ressens, d’expliquer mon geste. Prête à affronter sa colère, à faire face aux conséquences de ma décision, je le fixe, ancre mon regard dans le sien. Cela faisait si longtemps que je n’avais pas croisé ses yeux hazels. Je profite de ces longues secondes de flottement pour admirer son visage, découvrir une énième fois chaque trait, les mémoriser. Quatre mois que je n’ai pu le faire. Submergée par l’émotion, je détourne finalement les yeux, brisant le lien assez brutalement. La télévision me semble une chose beaucoup plus facile à regarder.
— Désolée. Avec cette sanction soudaine, ton départ, et l’incertitude de ton retour, je ne savais pas quoi faire. Quand j’ai appris ma grossesse, ça faisait déjà dix jours qu’ils t’avaient emmené. Je n’avais aucun moyen de te joindre … j’étais perdue. Dans l’immédiat, l’avortement était la solution, mais en prenant le temps de réfléchir aux différentes perspectives, j’ai décidé de le garder. Certes sans t’en parler avant … Des mots, encore et encore, débiter à une vitesse peu habituelle. Je m’accorde le temps de retrouver mon calme, de reprendre ma respirations. Notre relation est récente, avoir un enfant n’est pas forcément la première chose à laquelle on pense, mais avec toi c’est différent. Dans le fond j’avais l’espoir que tu reviennes, et que je t’annonce que tu deviendrais papa, en priant pour que tu ne fuies pas. Je daigne de nouveau regarder Robbie, soulagée d’avoir enfin pu vider mon cœur. Si c’est ce que tu veux faire, je comprendrais. J’ai … également réfléchi à cette possibilité.
Je quitte le confort du canapé, la proximité de son corps pour fuir vers la salle de bain. L’image que me reflète le miroir accroché au mur est pathétique. J’asperge brièvement mon visage d’eau froide, beaucoup plus efficace. Il est évident que la dernière option sera celle qu’il choisira. Je ne peux le blâmer, après tout je pense qu’à sa place j’aurais fait la même chose. Une de mes mains se pose tendrement sur mon ventre. Un geste anodin, purement maternel, mais qui me rassure, et réussit à me calmer. Je dissimule, enfoui ma peine, ma douleur derrière ces caresses.
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Sujet: Re: The sign of three [Karen & Robbie] Jeu 29 Déc - 3:37
The sign of three
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Assis dans le salon, je ne comprends plus rien. Karen s’approche et vient s’assoir à côté de moi. Que faire? La regarder, l’ignorer, lui parler ou se taire? Je n’ai aucune idée de la meilleure option a adoptée. Je demeure ainsi dans l’inaction, le regard perdu dans le vide à la recherche d’un repère, alors qu’elle s’excuse. Je lève vers elle un regard incertain. Pourquoi le fait-elle? Vient-elle de m’admettre ce que je craignais? Qu’elle porte l’enfant d’un autre et qu’elle regrette sincèrement ce fait. Ma bouche s’entrouvre et demeure ainsi, la fixant dans les yeux. Pour la première fois de ma vie, j’ai besoin qu’on me donne la marche à suivre. Qu’on m’ordonne une conduite afin d’agir finalement dans ce chao incompréhensif. J’ai l’impression d’être paralysé de ma propre réalité, incapable d’y réagir. Et cela me rend fou, je ne peux pas accepter ce sort. Alors, son regard me quitte et l’effet est celle d’une gifle en plein visage. J’en sursaute presque, perdant la seule chose familière que me gardait un tant soit peu loin de mon angoisse et de ma colère. Ses yeux font place à sa voix. Rapide et effrayée. Je perçois avec une netteté décuplée ses émotions et j’en suis d’autant plus désarçonné. Ces mots sont d’une telle violence pour mon esprit désorienté. Il s’agit de mon coup de grâce. L’aveu d’un lien avec cet enfant qui grandit en elle. La femme que j’aime. Je suis le père. Comment s’est seulement possible? Je ne suis pas capable de créer une chose aussi pure, aussi délicate. Je n’engendre que la mort, la destruction et la tristesse. Alors un petit être vivant, c’est une blague. Je ne ris pourtant pas. Je me sens profondément affecté par cette nouvelle. Karen ne me mentirait pas. Je le sais. Elle n’inventerait pas ce genre d’histoire. Le simple fait qu’elle envisage l’avortement me couple le souffle. Mon cœur manque un battement à l’idée qu’elle s’imagine que je la rejette pour sa condition. Ne comprend-t-elle pas que je ne peux plus fuir depuis longtemps? Au moment où je lui ai dis je t’aime pour la première fois, je lui ai prêté allégeance. On m’a forcé à briser cette promesse pour des idioties. Désormais, il faudra me mettre une balle dans la tête pour m’éloigner de cette femme. De cet enfant. Mon enfant. Le choc me fait sursauter, me relever trop rapidement, manquant tomber au sol. Je me tourne, mais Karen n’est plus à côté de moi. J’entends de l’eau couler en provenance de la salle de bain. Je m’approche, le pas chancelant à cause de l’étourdissement émotionnel. Trois secondes sont nécessaires pour secouer mes pensées et me remettre droit sur mes pieds. Je m’avance vers la salle de bain et je n’ose entrer. Je pose ma tête sur la porte, mes doigts sur la poignée. Je ne la tourne pas. J’ai peur de l’effrayer. Je dois trouver les mots. Mais comment en dénicher dans mon esprit chaotique alors que je ne saisis moi-même pas complètement l’ensemble des choses.
« Karen ? »
Voilà un bon début. Son nom, doucement prononcé. La suite à présent. Comment lui dire que moi le grand mercenaire, j’ai la peur de ma vie? Peur de tout gâcher et de la faire souffrir non seulement elle, mais l’être dont son corps s’occupe doucement. J’inspire profondément, malgré la boule de chagrin qui se forme dans ma gorge.
« S’il-te-plaît, je… Je ne suis pas fâché. Je ne peux pas me fâcher contre toi. » J’inspire à nouveau, mon angoisse diminuant à mesure que je laisse les mots sortir. « Et je ne vais pas fuir. J’étais seulement surpris… Je le suis encore. Karen, si tu savais comme je doute de moi. Constamment. Et jamais je ne pensais… jamais je n’avais même rêvé qu’une femme m’offre un enfant… À moi. » Je ris nerveusement. « Je sais que c’est stupide, mais je m’étais fait à l’idée que je ne méritais pas ce genre de bonheur. Pas après tout le mal que j’ai fais. » Petite pause. « Tu as pris la bonne décision en me le cachant durant quatre mois. Si j’avais su, j’aurais brisé ma condition et nous serions tous les deux dans le pétrin à l’heure actuelle. » Autre petit moment d’attente. « Karen ? »
J’ouvre la porte. Elle est là et son état me brise le cœur. Comment je l’ai traité sans le vouloir, c’est inacceptable. Je m’approche doucement, des larmes mouillant un peu plus à chaque pas mes yeux. Une fois à côté, je porte une main à sa joue humide et je la caresse, cherchant son regard. Encore plus lentement, je m’approche pour qu’elle se pose sur mon épaule. Me voilà près de son oreille. Je ferme les yeux, bien dans cette proximité.
« Je t’aime tellement. Je promets de demeurer à tes côtés aussi longtemps que tu auras besoin de moi. »
Ce même besoin qui est si puissant en moi, faisant que je n’envisage plus un seul jour du restant de ma vie sans sa présence pour l’égailler.
Sujet: Re: The sign of three [Karen & Robbie] Ven 30 Déc - 3:34
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I
mmobile, la main sagement posée sur le ventre, le regard fixé sur ce miroir, sur le reflet pathétique qu’il renvoie, un torrent de reproches coule, inonde mes pensées. Ma maladresse, mon égoïsme me coutent beaucoup. Un soupire s’extirpe doucement d’entre mes lèvres. Son retour est certes une bénédiction, une joie intense, mais cela chamboule également les plans qui se sont naturellement dessinés suite à son absence, à ma solitude soudaine. L’idée qu’il ne revienne pas s’est ancrée automatiquement dans mon esprit. Un pessimisme violent, qui découle des nombreuses situations, dépressions traversées. Une période sombre, douloureuse. Rongée par ce quartier, ses habitants, et ses histoires, mon seul et unique refuge fut ces bouteilles remplit de ce précieux liquide, celui qui permet de tout oublier l’espace de quelques heures. Une punition infligée à moi-même pour reprocher mon manque de courage, de réussite. Une énième descente aux enfers, un retour tonitruant dans l’alcoolisme. Abandonnée, sans plus aucun repère auquel me rattacher, le whisky est le compagnon idéal dans ce genre de moment. Des jours d’ivresse, un retour brutal à la réalité, et la prise de conscience qu’atteindre, ou ne serait-ce que frôler le bonheur est une chose difficile, éprouvante. Fatiguée de devoir me battre, les jours se sont écoulés sans que j’en aie pleinement conscience, bercé par les effluves de l’alcool. Un lâché prise éphémère. Une prise de sang ordinaire, un résultat surprenant, devenue un point d’ancrage pour une femme en perdition. Endosser le rôle de maman n’est pas une chose à laquelle j’ai pu réfléchir, ne m’imaginant pas une seule seconde devoir m’occuper d’un petit être, mais surtout partager cela avec quelqu’un. L’idée de l’avortement s’est rapidement présentée, une solution de facilité, longtemps privilégiée suite au départ de Robbie, avant une remise en question totale. Maintenant qu’il est là, à se développer petit à petit, je ne peux l’arrêter. J’en suis incapable. Ce qui m’effraie désormais, c’est de devoir le voir grandir dans ces rues infestées d’horreur, de danger, de devoir m’en occuper seule, persuadée que Robbie ne restera pas suite à cette révélation. Autant de regrets. Je ne suis qu’une idiote ! Ma main se resserre doucement contre le marbre du lavabo, crispée par une profonde colère, un sentiment que je porte à ma propre personne. Prendre cette décision seule ne fut pas le meilleur choix de l’année. Malgré cela, dans le fond, je ne regrette pas. Il risque fortement de me retirer l’homme que j’aime, mais me conduit vers l’innocence d’un petit être vers lequel j’accorderais automatiquement toute mon attention, donnerait mon amour, ma vie. Peut-être est-ce un mal pour un bien. L’idée de devoir le perdre est cependant extrêmement douloureuse. Ma peine s’écoule lentement contre mes joues sans que je puisse y faire quoi que ce soit.
Une voix résonne derrière la porte, un léger sursaut me prend, ne m’attendant aucunement à une présence de ce côté. Je fixe cette dernière, surprise. Pourquoi ? Ses mots résonnent dans la pièce, un écho étrange, semblable à un courant électrique, figeant totalement mon corps. L’incompréhension m’envahit quelques secondes. « je ne vais pas fuir. » Cette phrase continue inlassablement de résonner dans ma tête. Un retournement de situation que j’espérais, mais dans lequel je n’avais plus espoir en voyant cette expression de haine sur son visage, son comportement froid, distant. Cet homme est décidément bien trop imprévisible. Idiot. La porte s’ouvre enfin, je demeure immobile, à fixer dans la même direction. Il est là. Mon regard est happé par le sien, embrumé d’un liquide peu habituel, ce qui me surprend de nouveau. C’est bien la première fois que je vois Robbie pleurer. Mon cœur se resserre. Je le laisse approcher, nouer le premier contact. Un frisson me parcourt instantanément. J’appose ma tête sur son épaule, humant son parfum, profitant simplement de ses bras. Les miens l’entourent timidement, calant mes mains dans son dos. Je ne mérite aucunement d’être aimée à ce point. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres, qui viennent trouver le creux de son oreille.
— A nos côtés. J’attrape une de ses mains pour la poser délicatement contre mon ventre. Désormais, nous sommes trois. Je t’aime , et ce sentiment se renforce un peu plus chaque jour. Un simple baiser contre sa joue. Tu me surprendras toujours … il y a encore quelques minutes tu avais limite envie de me tuer, et là tu pleures contre moi … Une de mes mains glisse contre ses cheveux, laissant mes doigts s’amuser gentiment avec quelques mèches. Je ne mérite pas ton amour.
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Sujet: Re: The sign of three [Karen & Robbie] Ven 30 Déc - 17:27
The sign of three
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Sa réaction apaise mon cœur. Elle ne me rejette pas. Malgré mon attitude désastreuse, mon caractère changeant, elle trouve le moyen de me faire sourire. Elle a raison, nous sommes trois. Je vais devoir me faire à cette idée puisque j’ai encore du mal. Elle a beau avoir un ventre le témoignant, ma main le touchant timidement, je pense que je ne le réaliserais pas complètement tant ce que petit être ne soit dans mes bras. Tant que je ne vais pas le voir remuer, vivre sous mes yeux. Son « je t’aime » me fait fermer les paupières, poser ma tête un peu plus confortablement contre son corps. Elle m’apporte un bonheur irréel. Totalement inconnu avant. Et pourtant tellement familier et réconfortant à présent que je le ressens en ce moment. Que Karen me l’offre si régulièrement. J’en suis presque devenu dépend, la seule chose d’importance dans ma vie avant qu’on m’apprenne que je suis papa. J’espère être à la hauteur de ce rôle. Je suis tout simplement incapable de me le figurer actuellement. Si je vais être trop froid, trop sévère, trop protecteur. Si mes défauts d’homme vont transparaître dans mon attitude de père. Si je vais plutôt me battre à chaque seconde pour être le contraire de cela. C’est tellement difficile d’avoir une image claire de ce futur. Je sais uniquement que je vais être là. C’est une nécessite. La mission la plus importante de ma vie. Lorsqu’elle parle à nouveau, je fronce les sourcils. La tuer? Elle ne réalise pas l’ampleur de cet aveu sur mon esprit, jouant avec mes cheveux. Je recule la tête afin de croiser son regard. Mes traits sont surpris, presque inquiets.
« Non, Karen… Je ne voulais pas te… vous tuez. C’est lui que je voulais tuer. »
Je réalise d’un seul coup ma stupidité. D’avoir sincèrement cru qu’elle pouvait porter l’enfant d’un autre. J’ai simplement accumulé les maigres preuves sous la main et j’ai monté un scénario tiré par les cheveux avec. M’en convainquant au point de la faire pleurer. Pas un instant l’idée que cet enfant était de moi n’a frôlé mon esprit rageur. C’est plutôt moi qui ne mérite pas son amour, pour démontrer autant de paranoïa. Ce manque de confiance en moi et en les autres, c’est assez lamentable, je dois dire. Je ne peux pas vraiment cacher ce détail à Karen, pas après avoir avoué que je voulais sa mort à lui. Si ça se trouve elle a déjà compris où je voulais en venir. Nerveusement, je caresse son ventre, essayant d’y puiser un peu de courage pour lui avouer ma stupidité. Va-t-elle se mettre en colère lorsqu’elle va savoir? Nous venons à peine de nous réconcilier, je ne souhaite pas voir davantage de larmes couler sur ses joues. Mais j’imagine que je n’aie plus le choix désormais. J’inspire profondément.
« Traite moi d’idiot si tu le veux, mais lorsque je me suis réveillé ce matin j’ai vu cette photo sur la table de chevet. Je venais de réaliser ton ventre et voir la présence d’un autre homme dans ta vie... J’en ai conclu qu’il était le père. Ça m’a blessé et j’ai songé à le tuer. Surtout que je le connais bien ce petit bâtard. D’où tu connais Lloyd Larson ? C’est un type comme moi, il est dangereux. »
Je passe de la culpabilité à l’angoisse la plus totale. Il est dans la vie de la femme que j’aime et me voilà à nouveau en train d’imaginer le pire. Et s’il cherchait à se venger de moi et à se rapprocher de Karen pour ensuite me l’enlever? Ou pire, lui faire du mal. Je ne peux pas le supporter. Je grogne et je recule pour finalement me mettre à marcher en rond dans la salle de bain. Toutes ces pensées horribles font remonter une fois de plus la colère initiale. Qu’il soit là en bien ou en mal, il doit partir. Je ne veux pas qu’il reste près de Karen. C’est un risque que je ne suis pas prêt à prendre. À l’époque où je l’ai rencontré, il était fraîchement optimisé, imprévisible. Je m’amusais bien avec lui parce que de mon côté j’étais dans ma phase la plus forte de la toxicomanie. Je me fichais bien des meurtres et de son instabilité. Il a probablement changé, mais je m’en fiche. Il représente un danger pour ma famille. Je ne peux tout simplement pas lui accorder un tel privilège. Je m’arrête pour fixer Karen. Qu’a-t-elle à dire dans cette histoire? Qui est vraiment Lloyd pour elle?
Sujet: Re: The sign of three [Karen & Robbie] Sam 31 Déc - 0:22
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L
ui ? De qui parle-t-il ? Mes mains brisent l’étreinte, mon corps s’éloigne du sien, d’un pas puis d’un second. L’incompréhension totale, soudaine. La tête légèrement penché sur le côté, un réflexe, une habitude bien ancrée, je le fixe, laissant la surprise se peindre sur mon visage. Un instant, je tente de trouver la réponse à ma propre question, de comprendre ce à quoi il peut bien penser, de qui il peut parler. Le premier prénom qui me vient instantanément est celui de Matthew, mon patron, et autrefois amant. Cela ne peut être lui, depuis bien longtemps les choses ont été éclaircies à ce sujet, à propos de notre brève histoire, je n’ai rien caché à Robbie de notre relation. Je m’emporte peut-être un peu trop vite, et qu’il pense simplement à un homme croisé lors de l’une de ses missions, ou tout simplement une cible. Son corps laisse entendre autre chose, sa main légèrement crispée sur mon ventre, son regard fuyant, et cette culpabilité qui transparaît peu à peu sur ses traits. Tous ces gestes éveillent une certaine inquiétude. C’est la journée des révélations ? Un énième secret à me dévoiler ? Une tromperie ? Quatre mois c’est long, encore plus lorsqu’on est habitué à une compagnie mais que l’on se retrouve seule du jour au lendemain. A cette seconde, dans mon esprit tout est possible, une ribambelle de scénarios défilent inlassablement. Connaissant l’appétit assez insatiable de Robbie lorsqu’il s’agit de rapports physiques, j’imagine que cette période d’isolement fut une épreuve des plus éprouvantes, et que la possibilité qu’il est partagé sa couche avec une autre femme est grande. Je recule un peu plus, avant de prendre appuie sur le lavabo. Ne t’emballe pas trop, Karen. Cette grossesse commence à mettre mes nerfs à rude épreuve, des ascenseurs émotionnelle qui m’épuisent. Je ne le quitte pas des yeux, écoutant attentivement l’explication qu’il me fournit. Un léger soubresaut me prend lorsque le prénom de Lloyd résonne. Oups. Bouche entrouverte, aucun son ne parvient à en sortir, encore secouée par le choc, il m’est impossible d’aligner une phrase correctement. Lloyd est en aucun cas un élément perturbateur, bien au contraire, son aide m’est précieuse, mais comment l’expliquer à Robbie ? Notre lien, cet attachement qui se tisse entre nous doit absolument rester secret, mais il est trop tard, ma négligence a encore frappé. Ce n’est en aucun cas de l’amour, mais quoi que je dise, son esprit, sa haine sont focalisés sur Lloyd.
— Tu es un type dangereux et pourtant je suis avec toi, et je porte ton enfant. Lloyd n’est pas un problème, et la façon dont on s’est rencontré n’est pas ton affaire.
Le voir tourner ainsi tel un lion en cage attendant le moment propice pour sauter sur sa proie et l’achever me donne presque la nausée. La colère commence à monter. La violence de ses mots est insupportable. L’entendre m’accuser indirectement d’adultère me déchire. Cela me blesse profondément dans mon égo de femme amoureuse. Il n’y a donc aucune confiance entre nous ? Le fait qu’il pense cela, et que je l’ai imaginé également. Mes poings se serrent, leurs jointures prennent un ton encore plus blanchâtre que d’ordinaire. Un détail me revient, cette fameuse photo dont il parle et dont j’ignore l’existence. Je quitte mon point d’appui, le contourne sans même lui lancer le moindre regard, aveuglée par la rancune. J’entre dans ma chambre, me dirige vers ma table de chevet avant d’y découvrir cette paire de petit chaussons, l’ensemble de sous-vêtements et la photo cachée. Un soupire m’échappe. Le souvenir d’un moment joyeux, festif, mais qui ne parvient pas à me faire sourire étant donné la situation. Son manque de tact, son culot légendaire réussissent cependant à faire redescendre d’un cran cette colère qui commençait à m’aspirer. Tu me le paieras, Larson. Le claquement d’une porte me tire de mes pensées. La salle de bain. Les chaussons en main, je quitte la pièce pour aller à la rencontre de Robbie, en plein milieu du salon. La rancune persiste. La blessure est faite. Me faire prendre pour une femme facile, prête à céder devant n’importe quel homme est bien une chose qui m’insupporte.
— Ecoute. Lloyd et moi on s’est connu avant ton départ, les circonstances ne te regardent pas, mais sache que je suis assez grande pour gérer cette histoire. Ne commence pas à me dire les personnes que je dois fréquenter ou non, je ne suis pas ton objet. Tu as tes secrets, parce que je suis certaine que tu me cache encore beaucoup de choses, et j’ai les miens. Une pause, brève dans cette débâcle de rancœur, un venin craché, des mots qui me brûlent dès qu’ils sont prononcé, rongée par la peur de le blesser, mais une nécessité. Tout ce que tu as à savoir c’est qu’il s’est occupé de moi, du bébé pendant ton absence, alors au lieu de l’insulter tu devrais le remercier ! Et au moins lui était là quand j’en avais besoin. Sans attendre, je lui jette les chaussons dessus, un geste dicté par l’impulsivité, et remplit de douleur.
Sans un mot je me retourne, trouve refuge dans la cuisine, et plus précisément devant le l’évier remplit de quelques verres et autres couverts. Je regrette amèrement ma dernière phrase, consciente que cet éloignement n’est pas de sa faute, mais celle d’ARES. Ce que je lui reproche surtout c’est son manque de combativité. Pourquoi s’écraser devant eux, prendre peur de leurs moindre faits et gestes ? Ma main se resserre contre un verre avec une telle force qu’un morceau se brise, dérapant sur la paume de cette dernière. Je n’y prête aucunement attention, fixant le paysage urbain qui s’offre à moi à travers la fenêtre. La neige qui recouvre tous les buildings, les familles qui arrivent les bras chargés de cadeaux … ah oui, c’est Noël.
WILDBIRD
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Sujet: Re: The sign of three [Karen & Robbie] Sam 31 Déc - 1:59
The sign of three
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Pas mon affaire? Oui, c’est évident que les gens qu’elle fréquente c’est entièrement de son choix à elle. Je ne compte pas être le dictateur de sa vie. J’ai bien assez de la mienne à diriger. Seulement cette remarque me fait grimacer. Elle n’a pas répondu à ma question légitime, ce contentant de m’inciter au silence. Pourquoi devrais-je me taire à propos d’une menace pour notre enfant? Elle a beau être avec moi, elle à beau croire qu’elle le connait et lui fait confiance, les gens ne cessent pas d’être dangereux pour autant. Je pourrais moi-même être pris d’une rage subite et l’étrangler sans qu’elle puisse ne rien faire. Elle ne peut entièrement me faire confiance. Nous sommes des bombes à retardement, programmés pour tuer. Alors s’il y a bien une personne qui comprend ce qu’il ait, c’est moi. Et la voir carrément s’emporter alors que je suis légitimement concerné m’insulte. À croire qu’elle n’a rien apprit depuis que nous nous connaissons. Elle quitte la salle de bain et je ne la suis pas du regard. Je me contente de frotter mon visage de mes mains afin de retrouver un peu d’apaisement. Ma peau est brûlante. Il ne s’agit pas d’une fièvre. Se sont mes émotions qui bouillonnent tellement sous ma peau qu’elles la réchauffent plus que d’ordinaire. J’ai le visage un peu rouge selon ce que m’indique le miroir. Je soupire doucement avant de prendre le chemin du salon. Karen ne s’y trouve pas. La porte derrière moi se referme dans un fracas accidentel. La journaliste réapparaît par la suite. Je lui offre un regard encore déçu, sentant que de toute façon mes paroles n’ont plus d’impact dans cette discussion. Je ne fais qu’empirer les choses en ouvrant la bouche. J’en ai assez de me sentir de la sorte. Elle est en colère, mais moi aussi. J’en veux à Lloyd pour ce qu’il a fait. Pour s’être sournoisement immiscé dans nos vies et rendre notre relation soudainement si tendue. Pourquoi tellement d’emportement alors que nous sommes enfin réuni? Elle me confronte et un flot de paroles sort de sa bouche. Je la fixe alors que les mots me blessent un peu plus. Chacun d’entre eux me poignarde en plein cœur. J’arrive à contenir mes émotions jusqu’à la fin. Jusqu’à cette dernière phrase qui fait tout s’écrouler. Mon monde dans sa constitution actuelle explose. Elle ne voit pas la douleur physique et émotionnelle qui s’empare de mon visage, s’étant retournée pour se réfugier dans la cuisine. Alors, je vois cette image. Je vois cet enfant magnifique, assit sur les cuisses d’un homme qui n’est pas moi. Je reconnais ce dernier comme étant Lloyd lorsqu’il se penche pour embrasser le sommet de la tête du petit enfant blond. La joie qui anime le bambin par la suite, ses petites mains s’élançant dans le ciel en riant. Et alors, ce même enfant qui articule un mot. Un mot qui ne m’est pas adressé puisque cet enfant ne me reconnait pas de la sorte. Le mot « papa ». Lloyd a été là alors que j’étais prisonnier au loin pour avoir aimé une femme beaucoup trop fort. Il était là alors que je me sacrifiais pour ma famille, pour mon amour. Alors que je regrettais d’être au loin. Et maintenant que je reviens, que je suis enfin soulagé de ne plus souffrir et faire souffrir Karen, voilà que je réalise brutalement qu’il n’y a plus de place à combler. Lloyd m’a remplacé. La blonde aurait beau me dire le contraire désormais, je ne pourrais plus la croire. Pas après avoir sans la moindre considération pour moi choisis Lloyd plutôt que moi. Dans ses mots, il est celui qui est le vrai héros, le vrai père. Et qui suis-je moi? Outre le géniteur, quel est mon importance? Pourquoi m’avoir balayé aussi facilement du revers de la main. Que lui ai-je fais de si terrible pour qu’elle me remplace? Elle avait besoin d’aide, d’accord. Mais ce qu’elle vient de me dire, ce n’est pas uniquement cela. Il était là et pas toi. Toi. Toi. Lui et pas toi. Est-il à ce point meilleur que moi? Plus accommodant. Plus gentil, peut-être. Qu’a-t-il de si important à ses yeux pour venir me dire en plein visage qu’elle le choisit dans sa vie? Reste t-il la moindre place pour moi? J’en doute sincèrement désormais. Elle ne me regarde toujours pas. D’un geste bref, je dissimule cette larme naissante. Je ravale ensuite ma peine.
« Je vois que tu as la situation bien en mains. Tu as tout planifié. Cet enfant ne manquera de rien. Je t’ai fais une promesse. Celle d’être là si vous aviez besoin de moi. Je vois que ce n’est pas le cas en ce moment. Désolé d’être de trop. De t’avoir mise tellement en colère. Dit bonjour à Lloyd pour moi. Si tu dis que c’est un bon gars, qui je suis pour le savoir. »
Ma voix est sans aucune vie, sans aucune émotion. Je ne peux pas rester. Je me sens déchiré, rejeté. Je ne pense plus à autre chose qu’à la mort de Lloyd. Je ne connais pas d’autre moyen de régler cette situation. Je sais que ce n’est pas bien. Qu’elle va me haïr encore plus si je tue cet homme. Je me dirige donc sans rien dire vers la porte de sortie. Je la franchis sans rien ajouter. J’ai besoin d’être seul. Ma peine est en train de se transformer en colère, en violence. Je ne peux pas rester près de Karen et du bébé dans cet état. Je pourrais leur faire du mal. De toute façon, ce n’est pas comme si j’allais créer un vide. Il y a toujours Lloyd, qu’elle devrait appeler. On ne sait jamais, si je perds le contrôle, il serait bien qu’il puisse réunir un fusil ou deux pour me descendre avant que je le fasse. Je quitte l’appartement et je n’ai pas l’intention de revenir pour le moment. Pas tant qu’on n’a pas besoin de moi. J’ai beau être un idiot, je ne suis pas adepte de torture à ce point là. Et pour le moment, cette situation est terriblement souffrante.
Sujet: Re: The sign of three [Karen & Robbie] Sam 31 Déc - 3:32
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U
ne intense douleur, autant physique que morale. Ma cage thoracique se retrouve soudainement oppressée, ma tête noyée par un flot incessant de regrets, de reproches. Le regard fixé vers l’horizon, j’ignore totalement sa présence, étant bien trop occupée à vociférer intérieurement. Se contenir, ne pas dépasser la ligne rouge. Sa voix, ses mots augmente cette sensation d’oppression. Je m’agrippe désespérément aux rebords du l’évier, me force à fixer l’immeuble d’en face, cette fenêtre qui laisse transparaître l’image d’un déjeuner familial, des sourires, de la joie. Tout ce que cet appartement n’a pas. La porte claque, un silence pesant s’installe. Seul un discret jappement de la part de Byamba se fait entendre. Ce n’est pas le moment. Une silhouette familière se dessine au milieu de la neige, au pied de l’immeuble. Une envie soudaine de crier, de lui faire entendre mon regret, de l’inciter à revenir, mais bloquée par cette putain de fierté, par la peur d’aggraver un peu plus la situation. Tout s’écroule, je ne comprends plus rien. Ce retournement de situation me plonge tête la première dans l’incompréhension, le dénie. Faire comme si rien ne s’était passé, et tout redeviendra normal. N’est-ce pas ? Une naïveté stupide. Un sanglot résonne contre les murs, rapidement suivit d’un deuxième avant l’hécatombe. Le corps courbé par le chagrin, secoué par l’angoisse, je laisse ma souffrance s’exprimer pleinement. Ca y est, c’est la fin ?
DEUX JOURS PLUS TARD Deux jours, quarante-huit heures sombres, à essayer vainement de masquer, de combler l’absence de Robbie par une surcharge de travail. Mon esprit est bien trop obnubilé par l’idée de le retrouver, de me jeter dans ses bras en m’excusant et en lui criant combien je l’aime ; mais bien trop têtue, je maintiens ma position, à me lamenter jour après jour, heure après heure de cette situation au lieu d’essayer de l’arranger. Aucunes nouvelles, une profonde inquiétude. Je crains le pire. Un homme qui se retrouve facilement submergé face à ses émotions, et qui les exprime d’une façon particulièrement violente. En espérant que rien ne lui soit arrivé. Une main sur mon ventre, je me perds dans mes pensées, dans une conversation avec ce petit être. C’est à moi de faire le premier pas, mais je n’y arrive pas. Donne-moi la force de le faire. Mes yeux parcourt la pièce d’un geste machinal, avant de s’arrêter sur cette petite paire de chaussons, sagement posé sur le meuble. Je ne peux pas infliger ça à ce bébé, ni à moi-même. Comment ai-je pu gâcher ces retrouvailles ? Sa présence, son amour sont des choses dont je ne peux désormais plus me passer. Ce sevrage forcé m’a permis de le comprendre. S’en est trop ! D’un bond je me redresse, quittant mon appartement après avoir pris soin de me couvrir. La neige persiste, un blizzard est même annoncé. Les trottoirs sont glissants, mais mes talons frappent frénétiquement le sol, laissant leurs traces. Je suis déterminée à faire bouger les choses, à avouer mes erreurs, essayer de les réparer. Je l’aime, c’est indéniable, et je ne m’imagine plus vivre un jour sans pouvoir lui dire. Ne sachant pas exactement où il se trouve, je me dirige vers mon seul et unique repère, le quartier général d’ARES. Une longue heure est nécessaire avant d’atteindre le bâtiment. Mon visage est rongé par le froid, laissant une couleur écarlate le recouvrir. Je peux, je dois le faire.
Le danger n’est pas une chose qui m’effraie. C’est certes impressionnant, mais pas insurmontable. Venir à cet endroit, à la nuit tombée, c’est comme conduire une brebis vers une meute de loups affamés. Je risque beaucoup en venant ici, surtout après les nombreuses mises en garde reçues de la part des supérieurs, mais soit. Robbie, ma famille est bien plus importante. J’inspire profondément, l’air glacé me brûle la gorge. Je pousse doucement les portes d’entrées, avant de me diriger instinctivement vers l’accueil. Une femme, élégante, parfaitement apprêtée, le stéréotype de la secrétaire en somme. J’entrouvre les lèvres, prête à lui faire ma requête, lorsque mes pieds quittent soudainement le sol. Diverses pressions au niveau de mes bras se font ressentir. Je lève la tête vers deux hommes, ou plutôt deux armoires à glace qui m’agrippe avant de commencer à me tirer vers l’extérieur. Il est vrai que je ne suis pas une très grande amie de l’organisation, que mon visage doit être placardé partout comme cible potentielle à abattre, mais ce soir je ne suis pas là pour ça. Ce soir je dois essayer de le retrouver, de lui parler.
— Lâchez-moi ! Vous n’avez pas le droit de traiter une femme de cette façon ! Et vous ne savez même pas pourquoi je suis là ! Je gesticule un peu n’importe comment par réflexe, tentant de me défaire de leur emprise. Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas aujourd'hui que j’ai prévu de régler votre compte.
WILDBIRD
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Sujet: Re: The sign of three [Karen & Robbie] Dim 1 Jan - 20:21
The sign of three
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La déprime est ce qui m’accompagne durant ses deux jours. Enfermé au QG d’ARES, je suis la figure même de la dépression, ne bougeant pas, ne parlant à personne. Comme les agents sont en congés des fêtes, il n’y a presque personne dans le bâtiment. Et aucune mission n’est organisée pour les agents réguliers, ce qui ne m’offre aucun prétexte à échapper ma morosité. Je ne sais pas quoi faire de plus à vrai dire. Même si mon corps et mon esprit s’accorde pour l’exécution d’un homme, mon cœur me retient. Voilà une première. Cette contraction avec mes instincts, elle a un effet abominable sur mon attitude. Non seulement je ressemble à un zombie, mais je n’ai aucune patience pour les quelques curieux qui remarque que la lumière de ma chambre est allumée. Je passe bien près de me battre avec l’un des agents le premier soir. C’est la fatigue qui m’en dissuade finalement. Je ne trouve malheureusement aucun réconfort dans le sommeil. Je n’arrive même pas à fermer l’œil plus de cinq minutes sans avoir des visions d’angoisse. Cet enfer semble sans fin et je ne fais rien pour l’arrêter. Je pense mériter ce qui m’arrive. Karen a raison de privilégier Lloyd depuis des mois. Elle a comprit bien avant moi quel genre d’homme pathétique je suis. Je comprends mieux à présent pourquoi on doit me tenir loin d’un enfant. Je ne mérite rien de tout cela, je n’ai même pas eu la force de demeurer face à elle lorsqu’elle m’a avoué ce qu’elle pensait vraiment de moi. Et le fait que je l’aime toujours autant malgré tout, c’est le pire dans cette histoire. Elle a beau avoir dit cela, le monde à beau me faire un doigt d’honneur collectif, je l’aime toujours. Je ne lui en veux pas, j’en suis incapable.
Le soir du deuxième jour, je prends la route de la cafétéria afin de me prendre un truc à manger pour la soirée. Le chemin le plus court par rapport à ma chambre est de descendre au rez-de-chaussée et de passer devant la réception. La cafétéria se trouve au même niveau, mais on peut y accéder en contournant la sécurité et en traversant ce bâtiment-ci pour l’aile d’à côté. Je fais le trajet sans porter attention à ce qui m’entoure. Lorsque je débouche à la réception, je suis soudainement réveillé de ma léthargie. Une voix familière, sous forme de cris de protestations. Je lève la tête. Je ne vois d’abord rien, jusqu’à ce que mon regard focus avec la réalité à nouveau. Je remarque Karen, traînée littéralement hors du QG par deux agents de sécurité, que je connais d’ailleurs. Mon corps réagit d’instinct, une nouvelle rage l’animant. Je refuse qu’on lui fasse de mal, voilà la seule pensée qui me motive alors que mes pas convergent dans leur direction.
« Hey ! » Je hèle avec force pour attirer l’attention. « Elle est ici pour moi. Lâchez-la immédiatement. »
Les deux agents s’immobilisent et se consultent brièvement du regard avant de se retourner pour m’observer. Mes yeux sont un désert de glace alors que je continue mon approche. Ils se décident finalement à relâcher Karen et j’arrive à elle à ce moment précis, établissant un contact avec elle. Je la regarde avec des yeux fatigués et inquiets, pour m’assurer qu’ils ne l’ont pas physiquement blessés. Je passe ensuite une main dans son dos et je la pousse avec moi vers l’endroit exact d’où je viens. Je ne lui adresse pas encore la parole, j’attends d’être loin des regards pour le faire. Je la conduis d’abord vers un ascenseur. Ma chambre est le seul endroit sûr ici que je connais. C’est là que je l’emmène. Quatorze étages sont nécessaires pour cela. Puis un long couloir tournant plusieurs fois à gauche et nous y sommes, la chambre 1450. Je l’invite à entrer et je ferme la porte derrière moi, pour rendre ce lieu hors de portée d’oreilles curieuses potentielles. Je vais ensuite m’assure dans la chaise juste à côté de la porte d’entrée. Je soupire un peu, probablement inutilement. Je lève enfin des yeux sur elle. Qu’est-ce qu’elle fait là? Je ne le sais sincèrement pas en ce moment, mon cerveau ne pensant plus clairement depuis deux jours. Le manque de sommeil n’aide pas vraiment. Mais je fais mon possible pour ne pas le faire transparaître alors qu’elle se tient devant moi.
« Ça va ? Ils ne t’ont pas trop fait mal ? »
Toujours de l’inquiétude. Je ne vais probablement jamais cesser de m’inquiéter pour elle, peut importe la situation entre nous. Mon intérêt ne converge que dans sa direction. Et avant de réaliser sa grossesse, mon entière attention se portait sur son bien-être. Cela n’a pas changé. Ça ne va qu’évoluer lorsque l’enfant va naître. Et ce même si je ne suis plus dans sa vie à ce moment là.
Sujet: Re: The sign of three [Karen & Robbie] Lun 2 Jan - 22:30
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D
es protestations, une résistance corporelle, laissant un léger crissement résonner dans le hall, mes bottes s’acharnant à s’ancrer au sol, contre ce carrelage parfaitement poli. Ce manque de manière, cette rudesse ne fait qu’accroitre mon mépris envers cette organisation. Avoir peur d’une simple journaliste, dans le fond cela me fait bien rire, mais je ne suis pas là pour ça ce soir. La visite n’est en aucun cas professionnelle, mais belle et bien personnelle, voir vitale. Lui faire savoir qu’il me manque est une priorité, lui avouer encore et encore mes sentiments, que tout ce dont j’ai envie est de passer un maximum de temps à ses côtés, à fonder une famille, mais surtout m’excuser. Ce n’est qu’aujourd’hui que je me rends compte à quel point mes mots ont pu être blessants. Secouée par la colère, ainsi que cette fierté mal placée, une déferlante violente est tombée sans que je ne puisse la contrôler. Deux jours de remise en question, d’hésitation. Est-ce le genre de vie que je souhaite ? Maintenant je sais quel chemin entreprendre, et je refuse de m’y aventurer seule. Mais comment m’y prendre ? Ces deux gorilles ne me facilitent guère la tâche. Je dois très certainement être sur liste noire. Cependant ce n’est pas une raison pour me renvoyer aussi promptement et de façon aussi violente. Une voix, forte, imposante résonne soudainement, immobilisant mes charmants accompagnateurs. Je profite de cet arrêt pour retrouver une position correcte, les deux pieds au sol. Mes yeux se posent alors vers la source de cet ordre, une voix que je ne connais que trop bien. Une étrange sensation me traverse le corps tout entier lorsque je croise son regard. Un cocktail agréablement douloureux. Le revoir enfin éveille une certaine joie, mais constater son état lamentable, son visage tiré par la fatigue me plonge un peu plus dans le remord. Silencieuse, comme calmée par sa présence, je le laisse me guider, jetant un dernier regard aux vigils avant d’emprunter un ascenseur, tout ce qu’il y a de plus angoissant. Des minutes qui me semblent interminables, un dédale de couloirs qui me donne presque la nausée, un véritable labyrinthe. J’ignore totalement où Robbie peut bien m’emmener, mais mon regard se pose un peu partout, guettant inquiète les quelques caméras que l’on rencontre sur notre route. Chouette. 1450. Un nombre, un parmi tant d’autre, une chambre austère, étouffante. Autant de gris, on pourrait presque se croire en prison. Bien que je pense que ça soit le cas pour Robbie. Je ne peux réprimer ce réflexe de tout examiner, scruter le moindre objet, avant de finalement reporter mon attention sur l’objet de ma visite.
— Non … ça va …
Mensonge. La pression exercée sur mes bras était suffisamment forte pour me laisser des traces. Des bleus qui partiront bien assez vite cependant. Cette proximité soudaine, l’étroitesse des lieux me fait perdre tout moyen, mon esprit n’arrive plus à se concentrer correctement. C’était complètement idiot de venir ici, d’autant plus que je n’en ai pas l’autorisation. Dans un éclair de lucidité, une once de courage, je plonge ma main dans mon sac, à la recherche d’un objet précis. Une photographie, un polaroid de ma dernière échographie. Futile, sans réelle valeur, mais dans ma tête cela sonnait comme le cadeau parfait. Je la pose délicatement sur le bureau, avant de m’asseoir sur le lit un peu plus loin. Mon regard fuit le sien, je ne sais quoi faire, que dire. Inconsciemment, je me mets à caresser discrètement mon ventre, un moyen de me donner du courage sûrement. Une profonde inspiration. J’ose enfin le regarder droit dans les yeux.
— Je … on a besoin de toi. De toi et de personne d’autre. Poussée par la détermination, mon amour, je quitte ce lit misérable pour me rapprocher de lui, attrapant doucement sa main dans la sienne. Ne me laisse pas … pas maintenant, jamais. Un trop plein soudain d’émotions, je brise le lien pour lui tourner le dos, cacher ses yeux mouillés que j’essuie rapidement du revers de la manche de mon manteau. Et puis hors de question que je m’occupe seule des couches ou des biberons nocturnes. Une vaine tentative d’humour.
Sans perdre une seconde, ne voulant pas rester une seconde de plus en ces lieux, je me dirige vers la porte, agrippant la poignée avant de stopper ce même geste pour tourner derechef dans sa direction. Lui dire ou non ? Après tout, je n’ai plus rien à perdre, et s’il refuse je n’aurais pas le regret d’avoir gardé cette information pour moi.
— J’ai passé un accord avec ARES pendant ton absence. Tu n’es plus obligé de vivre ici. Un silence. Tu peux très bien le refuser.
Un sourire, discret, tout en timidité, avant de disparaître. Ce même accord risque d’être annulé si l’on apprenait de ma présence dans les locaux. Partir au plus vite pour éviter également de faire face aux réactions de Robbie, de peur que cela n’empire la situation, me plonge un peu plus dans la tristesse, la haine de moi-même. Un seul petit hic. Avec tous couloirs, impossible de me souvenir où se trouve l’ascenseur. De plus aucunes indications nulle part. Bravo. Je tourne un peu partout, en me fiant à mon instinct, au hasard, mais à croire que ces deux-là ont décidé de me jouer des tours. Je m’aventure dans un énième couloir, avant de m’arrêter en voyant une porte s’ouvrir, et laisser apparaître cette silhouette familière, celle de Robbie. Une situation comique. Je baisse la tête, honteuse de ma fuite ratée.
— Je … cherche l’ascenseur.
WILDBIRD
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Sujet: Re: The sign of three [Karen & Robbie] Mar 3 Jan - 1:31
The sign of three
“Karen Page & Robert Aylen”
Dans la brume de ma fatigue, il m’est bien difficile de rester concentré. J’observe pourtant attentivement Karen, attendant sa réponse. Lorsque finalement elle me l’offre, je ne suis pas très convaincu par ses mots. Pourtant, je ne proteste pas. Je demeure assis sur cette chaise à baisser lentement les yeux dans le vide, plutôt que de m’emporter. À quoi bon aller casser la gueule de ses deux agents de sécurité si c’est pour avoir encore plus de soucis sur les épaules par la suite. Je suis attiré par les mouvements de Karen, qui dépose une photo qu’elle laisse sur mon bureau, trop loin pour mes yeux. Je fronce les sourcils, me demandant ce qu’elle me laisse là. Peut-être une photo souvenir de nous. Je ne pense pas que nous nous soyons déjà adonnés à la prise de photo en duo, mais j’ai des doutes. Ça doit être cela. Elle va s’assoir sur mon lit et je préfère éviter de l’observer alors qu’elle scrute la pièce. Je ne sais pas comment agir devant elle désormais. Chaque mot, chaque parole pourrait être mal interpréter et ma crainte serait d’aggraver notre situation. Par chance que j’ai été là pour l’intercepter, sinon je n’aurais pas eu la chance de la croiser. Ça me fait plaisir de la revoir, ça m’apaise. J’ai beau être d’une maladresse pas possible face à elle, sa présence est un baume sur mon cœur. Ses mots attirent à nouveau toute mon attention. Si je pouvais m’attendre à de tels aveux. Elle se lève et vient toucher ma main. Je ferme les yeux et je presse délicatement sa main dans la mienne. Elle ne peut pas savoir à quel point j’apprécie ses mots. Rien de compliqué, aucun discours qui s’éternise. Malgré sa gêne apparente à elle aussi, Karen m’offre quelque chose qui calme mon esprit de sa souffrance. Elle s’éloigne et je referme ma main, à la recherche de son contact absent. J’ouvre les yeux au moment où elle est à côté de moi, à tenir la poignée de la porte. Je ne tourne pas la tête, fixant le vide une nouvelle fois. Un accord? La porte s’ouvre et Karen disparaît. Un sourire perce la neutralité de mon visage et s’agrandit jusqu’à me faire rire de bon cœur. Si je m’attendais à cela. Elle a réussit. Elle a conclut un accord avec ARES et je sais avec l’aide de quoi. Je dépose mon visage dans mes mains et je frotte mes yeux à plusieurs reprises le temps que mon sourire s’estompe. Je me lève, évitant volontairement la photo pour me garder la surprise pour plus tard. Je passe plutôt la tête dans l’encadrement de la porte. Où est-elle allée? Le fait qu’elle ait fuit ne me fâche étrangement pas. Je me mets à la chercher tout simplement, me disant qu’elle a comme moi cherché à s’échapper d’une réalité où elle se sentait de trop. Je n’ai pas à regarder très longtemps, elle semble visiblement perdue. Elle se justifie et je ne peux m’empêcher de sourire à cela. Je hoche la tête, toutes émotions négatives s’étant envolées lorsque l’espoir de mettre ARES à genoux m’a été révélé.
« L’ascenseur est dans cette direction, le troisième couloir à gauche, en poursuivant jusqu’au bout. » Je lui dis en pointant derrière elle.
Ce sourire ne me quitte pas. Je m’approche de la jeune femme et je la prends dans mes bras avant qu’elle ne s’enfuit à nouveau. Certes parce qu’elle me manque, mais aussi afin de cacher ma bouche dans ses cheveux.
« Il y a une caméra juste à côté de toi, à droite. Évite de regarder. » Je lui dis en chuchotant à son oreille. « Cet accord, tu l’as négocié avec les informations que je t’ai donnés dans mes lettres, n’est-ce pas ? Je savais que tu réussirais. Tu n’as pas idée comment je suis fier de toi. Je plaçais toute ma confiance en toi. Reviens à la chambre avec moi, on va pouvoir discuter des formalités de l’accord. »
Je laisse une seconde passer avant de rompre l’étreinte et de la regarder dans les yeux. Il y a tellement de choses que je veux lui dire, mais que je ne peux pas à cause des caméras. J’insiste donc du regard après lui avoir demandé de me suivre verbalement, espérant qu’elle comprendra ce que j’espère. Je commence donc à marcher afin de retourner à ma chambre, qui n’est pas si loin de l’endroit où elle s’est perdue en fait. La curiosité d’une journaliste est infaillible, je suis content de la voir derrière moi. Une fois de retour dans la chambre, je vais m’assoir sur le lit et je l’invite à me rejoindre. Je n’attends pas toutefois qu’elle se décide avant de commencer à parler, mon regard dans sa direction.
« Je ne suis pas fâchée contre toi. J’en suis simplement incapable. Rien de tout ce qui nous arrive n’est de ta faute. Je comprends tes mots, je t’assure. Ils m’ont blessé, c’est vrai, mais je pense que je me suis précipité. J’aurais du te prévenir de mon retour plutôt que de simplement débarquer à nouveau dans ta vie sans prévenir. C’est juste que, j’avais tellement envie de te revoir. J’ai autant besoin de toi que tu as besoin de moi, je t’assure. Je ne voulais pas fuir, je n’aurais pas du. » Soupire. « Je ne recommencerais pas, je te le promets. »
Je l’observe en silence, mon stupide sourire qui revient illuminer mes traits fatigués. Finalement cette journée n’est pas aussi désastreuse que je le pensais. Du moins, si elle partage mon opinion. Mon impatience est toutefois plus forte et j’en viens vite au vif du sujet.
« Parle-moi de cet accord. Tu as obtenu ma liberté ou quoi ? »
J’ai encore du mal à le croire, donc cela à pour effet de m’amuser un peu. Mais je suis très anxieux de connaître les détails. En espérant qu’il n’y a pas trop de compromis.
Sujet: Re: The sign of three [Karen & Robbie] Lun 16 Jan - 22:58
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T
entative d’évasion infructueuse, mise en échec par mon excellent sens de l’orientation. L’envie de fuir cette pièce étroite, inconfortable, inhospitalière, de m’éloigner de cet endroit hostile, d’éviter une confrontation, honteuse de mes actes, mais me voilà de retour au point de départ. Les yeux rivés dans la direction qu’il m’indique, je me rends compte de ma profonde stupidité soudaine. Bien évidemment que c’est dans cette direction, tout semble beaucoup plus logique maintenant. Ses bras, cette proximité soudaine m’arrache une cascade de frissons, enchaînement déroutant, agréable, rassurant. Sa voix rauque résonne à mes oreilles, étire mes lèvres en un léger sourire. Cette caméra attise ma curiosité, mais je demeure immobile, le corps contre le sien, humant son parfum si particulier, reconnaissable entre tous, celui qui me fait perdre la tête, écoutant attentivement ses paroles. Pourquoi avoir autant de mots empreints de gentillesse à mon égard ? Pourquoi ? Après avoir osé l’assommer de ma colère, ma rancœur, ma tristesse, il ne peut m’en vouloir, continue de me faire confiance, d’être fière de moi. Je ne le mérite pas. Son regard persistant me déstabilise, quelques secondes déconcertantes, impressionnantes. Que faire ? Le suivre ou bien reprendre ma fuite ? La crainte de possibles reproches persiste ; seulement je dois lui expliquer en détail ce fameux accord conclu avec ARES, cette lueur d’espoir pour une vie beaucoup plus facile, d’une vie de couple, de famille un peu près normale. Du moins s’il accepte. Retourner dans cette chambre me semble beaucoup moins dérangeant que tantôt. Un sentiment étrange émane de Robbie, ses traits sont moins tendus, ce qui me rassure légèrement. Doucement, je referme la porte derrière moi, nous protégeant des oreilles indiscrètes. J’abandonne mon sac à main sur la chaise, avant de m’approcher en douceur du lit. Des pas hésitants, craintifs, avant de finalement m’arrêter en plein milieu de la pièce. Malaise, incompréhension, remords.
— Ce n’est pas de ta faute … c’est la mienne, ne le nie pas. Mes mots ont dépassé ma pensée, j’aurais dû m’excuser tout de suite, mais j’en étais incapable à cause de cette fierté mal placée. Et puis, avec cette grossesse mes nerfs sont mis à rude épreuve, je m’emporte facilement pour un rien, blesses les personnes que j’aime sans m’en rendre compte.
Son sourire adoucit l’atmosphère, me soulage d’un poids devenu difficile à porter. Notre histoire n’est donc pas terminée, les pages continueront de se remplir petit à petit, une perspective rassurante. Cette pause, cette tempête dans notre relation m’a ouvert les yeux sur ma dépendance, ma peur de me retrouver seule, maintenant que j’ai pu goûter à un semblant de vie stable, à une relation aussi forte et fusionnelle, m’en passer m’est presque impossible. Les nombreux tumultes de ma vie sont devenus moins dramatique, plus supportable maintenant que j’ai une épaule sur laquelle me poser, une oreille à qui me confier, des bras dans lesquels me lover. L’avoir rejeté aussi violemment, insulter dans un sens, je m’en veux terriblement, et j’ignore si un jour ce sentiment va disparaître, et ce malgré ses mots, ses gestes réconfortants. Calmement, je m’installe finalement à ses côtés, sur ce lit bien désuet. Les mains sagement posées sur mes cuisses, le regard fixé sur la porte, je réfléchis, tente de remettre un tant soit peu d’ordre dans ma tête pour pouvoir aborder sujet du contrat. Rester calme, contrôler cette euphorie qui me ronge à l’idée de pouvoir enfin l’avoir quotidiennement à mes côtés. Je daigne enfin poser mes yeux sur Robbie, un sourire des plus discrets dessinés sur mes lèvres. Sa joie est perceptible, contagieuse.
— Liberté … je n’irais pas jusque-là. Tu es toujours sous leur joug, tu dois continuer à travailler pour eux, respecter ton contrat, mais maintenant tu n’es plus obligé de dormir ici … ils ont donné l’autorisation pour que tu emménage à l’appartement.
Furtivement, ma main glisse jusqu’à la sienne, entrelaçant ses doigts au sien. Un contact chaleureux, délicat. Mes lèvres se posent furtivement contre sa joue, laissant une légère trace de leur passage sur l’épiderme. Ne pas avoir pu le toucher, l’embrasser pendant ces deux jours fut une véritable torture.
— Tu n’es plus obligée de faire le mur comme un adolescent pour venir me voir. Du moins, si tu acceptes de venir vivre avec moi … c’est soudain, précipité, mais je suis fatiguée de nos rendez-vous aléatoires.
WILDBIRD
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Sujet: Re: The sign of three [Karen & Robbie] Mar 17 Jan - 2:37
The sign of three
“Karen Page & Robert Aylen”
La voir s’excuser est quelque chose auquel je ne m’attendais pas. Je me blâmais uniquement dans cette histoire, alors je ne peux qu’être surpris par sa réaction. J’écoute ses mots en la regardant de mes yeux doux. Sa situation est bien plus difficile que la mienne. Avec cet être qu’elle porte dans son ventre, les hormones agissent en rois et maîtres parfois. Je peux parfaitement le comprendre, bien que la notion de côtoyer une femme enceinte soit nouvelle pour moi. Je me sens maladroit dans le simple sourire que je lui offre en retour. Je ne peux me mettre à sa place et ainsi comprendre pleinement ce qu’elle endure au quotidien. De plus, avoir un homme comme moi dans les parages est une épreuve en soit. Elle est si forte et doute pourtant tellement d’elle-même. J’attends qu’elle se sente suffisamment à l’aise pour se rapprocher. Je ne veux pas la brusquer, être à nouveau trop entrepreneur au risque de la bousculer encore une fois dans mon impatience de l’avoir à mes côtés. Je suis constitué de brusqueries, de gestes sauvages et saccadés. Ma nature de mercenaire à grandement contribuée à ma rudesse. Ce n’est qu’à ses côtés que j’ai découvert le doux contact d’une caresse. Je dois me montrer plus patient, ça c’est certain. Elle s’avance vers le lit et prend place à ma gauche. Je tourne un regard vers elle, désireux de découvrir les détails de l’accord. Je ne m’attends pas à quelque chose d’extraordinaire, de miraculeux. Mais j’ai suffisamment confiance en Karen pour savoir que ce qu’elle a obtenu est la meilleure offre à extraire des négociations. Je lève un sourcil lorsqu’elle tourne enfin la tête vers moi. Elle a obtenu l’autorisation pour une cohabitation. Mon regard se fige, ma tête plonger dans des pensées qui se bousculent. Je considère l’idée et j’évalue toutes les possibilités, tous les scénarios que cela engendre. Elle semble interpréter mon inaction pour un potentiel refus, préférant ne pas vivre avec elle. Mais j’écarquille alors les yeux et je hoche la tête négativement. Un sourire se dessine sur mes lèvres et un petit rire vient secouer mon corps, ma main resserrant celle qu’elle est venue glisser entre mes doigts.
« Je me doutais qu’ARES ne voudrait pas que je cesse de les servir, mais qu’ils nous laissent un peu tranquille est une excellente nouvelle. Sont-ils au courant pour la grossesse ? » Je me doute de la réponse, mais j’ai besoin de savoir. « Et puis, emménager ensemble n’est pas précipité. C’est une nécessité, je pense. Avec l’arrivée du bébé, je veux être présent. C’est seulement que je pense que l’appartement est un peu pour notre petite famille, tu ne penses pas ? C’est sûr que je n’aie accès légalement à aucun argent à cause de ma condition actuelle, mais je ne pensais pas à un palace. Juste un petit coqueron à nous quatre. Qu’est-ce que tu en dis ? »
Oui, parce que dans mes calculs, je n’oublie pas Byamba. Ce brave chien mérite un espace pour se dégourdir les pattes comme il le souhaite et l’appartement de Karen ne le lui permet pas complètement pour le moment. L’idée d’habiter avec eux me fait de plus en plus chaud au cœur. Voilà bien longtemps que je n’aie eu cette opportunité. À l’époque où le mercenariat me rapportait gros, je m’étais acheté une maison gigantesque. Le reste de mon salaire, je l’ai consommé en drogue de tous genres. Malgré les biens que je possédais, je n’étais pas heureux. Mais l’avenir qui se dessine devant nous s’annonce bon, malgré également les épreuves difficiles qui peuvent tomber sur nos têtes. Du moins à cet instant, je me sens enfin serein quand à mon avenir. Ma main serre un peu plus celle de la journaliste. La chaleur de ses lèvres rend agréable le baiser qu’elle dépose sur ma joue. Je songe une fois de plus à ce bébé en elle. Je me demande comment grand il est à ce stade de la grossesse. S’il bouge parfois. Si je peux le sentir si effectivement c’est le cas. Tellement de mystères pour moi qui attise une curiosité agréable. Penser à notre enfant est quelque chose de nouveau, d’étrange même. Moi qui aie contribué à créer une vie, c’est si irréel. Les réflexions en viennent à me conduire dans une direction assez inusitée, surtout dans notre conversation actuelle.
« Est-ce que tu avais déjà des idées de prénoms ? Je veux dire, si c’est une fille ou un garçon, il faut des prénoms. »
Suis-je ridicule d’aborder le sujet alors que nous sommes au cœur du QG de l’ennemi? Que même s’ils n’entendent pas ce que nous disons, qu’ils savent que nous sommes là. Je n’ai pas peur d’ARES. Surtout pas maintenant que je sais que j’ai brisé l’une des chaînes qui me retiens. Vivre hors de leurs murs est un pas vers la liberté. Et je ne cesserais pas de me battre tant que je ne l’aurais pas pleinement obtenue.
Sujet: Re: The sign of three [Karen & Robbie] Lun 30 Jan - 17:42
THE SIGN OF THREE FT ROBBIE
N
égocier avec une telle organisation me plier ainsi à leurs « exigences » et leurs règles est insoutenable. Une chaîne qui m’entrave, mais que je dois m’efforcer de supporter pour le bien être de cet enfant, pour essayer de lui construire un avenir en compagnie de ses deux parents, et également pour le mien en ayant Robbie à mes côtés pour m’épauler. Un nombre incalculable de questions se bousculent dans ma tête, suis-je assez bien pour avoir un enfant ? Vais-je être une bonne mère ? Autant d’interrogations qui m’empêchent de m’épanouir pleinement dans cette aventure qu’est la grossesse. La présence de l’homme que j’aime ne peut que m’apaiser, me conforter dans cette nouvelle vie, quelque peu effrayante certes, mais qui permet également d’ajouter un peu de douceur dans toute cette violence. Sa question m’arrache un léger sourire narquois, railleur. ARES a pris « soins » de moi pendant l’absence de Robbie, à m’envoyer ses sbires surveiller le moindres de mes faits et gestes. Une surveillance étouffante, insoutenable qui s’est renforcée lors de la révélation de possibles documents compromettants leurs projets ; ceux que j’ai utilisé pour les négociations. Ils essaient désespérément de mettre la main dessus, mais ils sont bien trop précieux pour que je les laisse à la portée de n’importe qui. Un jour ou l’autre ils me seront encore plus utiles, le jour où je pourrais enfin dévoiler au grand jour ce repère d’immondices. D’un geste bref, ma main libre replace une mèche de cheveux égarée devant mon visage, tandis que ce dernier se tourne vers la porte, un air las étirant mes traits. Son enthousiasme est réconfortant, mais il n’a pas tort au sujet de l’appartement. Ce n’est clairement pas un endroit où élever un enfant, les murs tiennent à peine debout, le quartier est mal famé, et l’étroitesse des lieux empêcherait son épanouissement. New-York est une grande métropole, il n’y a pas de juste milieux ici, soit on est riche ou bien pauvre, les appartements poussent comme des champignons, mais ne sont accessibles que pour les comptes les plus garnis. Même en accumulant deux boulots, je ne gagne pas assez pour me payer un joli logement, le cabinet tourne au ralenti, je perçois un salaire qu’un mois sur deux, et mon poste au New York Bulletin n’est pas encore assez élevé pour percevoir un revenu descend. Un soupire m’échappe.
— Ils aiment mettre leur nez partout, ils sont au courant de tout. Cela ne m’étonnerait pas qu’ils sachent la couleur de mes sous-vêtements. Lentement, ma tête se pose contre son épaule, un pilier face à tous ces problèmes. Tu as raison, ce n’est pas un endroit pour le bébé … mais je ne peux pas assumer seule le paiement, je ne gagne pas énormément, et les prix commencent à flamber. Je pense que l’on va devoir s’en contenter pour un moment, le temps que je parvienne à mettre ce qu’il faut de côté.
La main resserre brièvement son emprise, les paupières se ferment, et la respiration devient beaucoup plus sereine. Cette perspective d’avenir, d’une vie de famille, un doux rêve enfin atteignable, que je frôle peu à peu du bout des doigts. Malgré les épreuves endurées, les obstacles qui se dressent, une force, une détermination insoupçonnée se développe, la petite fille devient femme, le chat apeuré panthère, prête à sortir les griffe devant quiconque oserait tâcher ce tableau. Et aujourd’hui ce trouble-fait c’est ARES. On arrivera à s’en débarrasser. Instinctivement, la main toujours entrelacée à la sienne, je l’amène en douceur jusqu’à cette partie de mon corps qui abrite le fruit de notre histoire, de notre amour, afin qu’il puisse le sentir à son tour. Sa voix rauque résonne, me fait légèrement sursauter. Un large sourire se dessine aussitôt sur mes lèvres. En tant que future maman, c’est mon rôle de fouiner un peu partout pour trouver un prénom à ce petit être qui se développe, mais par manque de temps je n’ai pu encore m’atteler à cette tâche parfaitement. Prise au dépourvu, les mots restent coincés dans ma gorge de longues secondes avant de daigner sortir.
— Je … je n’y ai pas réfléchis plus que ça. Et on ne sait pas encore si c’est une fille ou un garçon. Qu’est-ce que tu attends pour te montrer ?Mais si c’est un garçon, le prénom Aleksi me plaît bien. Je me détache de son épaule, cherchant à croiser son regard, son approbation face à cette proposition improvisée. Des questions simples, bien loin des préoccupations beaucoup plus graves de notre quotidien. Ça fait du bien.
WILDBIRD
Invité Invité
Sujet: Re: The sign of three [Karen & Robbie] Mar 31 Jan - 0:07
The sign of three
“Karen Page & Robert Aylen”
Je me surprends à rêver de cette vie de parent. Et dire qu’il y a à peine un an, j’étais le meilleur exemple d’égoïsme qui soit. Qu’est-ce qui a changé ? Pourquoi me ranger à cette idée de père et d’existence routière en un claquement de doigt ? Peut-être parce qu’au fond, ce con de psychiatre d’ARES avait raison. Je recherche autre chose que cette définition de mercenaire qu’on m’attribue depuis si longtemps. Que j’ai besoin de m’éloigner de tout cela et de le vivre avec Karen et notre enfant. Pourtant, c’est effrayant. Je ne connais que la vie dangereuse et incertaine d’un tueur. Ai-je seulement les compétences de base pour remplir mon rôle de parent ? C’est difficile à dire. Là, à cet instant, je me sens encore perdu sur la question. Dans quelques mois, quand l’enfant sera sur le point de naître, les choses auront forcément évoluées. Dans le bon sens, j’espère. Puis, lorsque finalement je vais le voir et pouvoir le tenir, établir une connexion avec ce petit être, c’est là que je vais réaliser si oui ou non je suis le père que cet enfant mérite. Est-ce cela qui m’effraie ? La dure réalisation que je peux être nocif pour le bébé ? Je chasse cette pensée de mon esprit. Je refuse de demeurer pessimiste face à une situation que je ne peux contrôler. Seul le temps apportera réponses à mes inquiétudes. Pour l’instant, nous sommes ici, ensemble. Moi et Karen. Je n’ai plus vraiment envi d’être au sein du QG d’ARES. Plus que jamais, je m’y sens imposteur et prisonnier. Je fronce les sourcils en me disant que cet endroit est une cage que je compte éviter à l’avenir. Je n’ai plus rien à faire ici, maintenant que j’ai trouvé ma vraie maison. Appartement, plutôt. Justement, voilà que Karen en parle. J’accueille sa tête sur mon épaule en caressant le creux de son dos de mes doigts. Je me sens bien avec son contact rassurant. Elle m’avait tellement manqué. Je me doute bien des tendances fouineuses d’ARES. Mais par chance, tout cela est bientôt terminé. Je n’en parle pas à haute voix, aujourd’hui n’étant pas le bon moment pour en discuter. Nous venons à peine de nous retrouver, je refuse de mettre une fois de plus le feu aux poudres. Mais j’ai un plan pour mettre fin définitivement à notre esclavage d’ARES. Et les éléments du plan se réunissent lentement mais surement. Ce n’est qu’une question de mois, avec de la chance. Avant la naissance de l’enfant, de préférence. Je ne veux pas qu’ARES connaisse l’identité de notre progéniture. De la sorte, nous aurons une meilleure chance de le protéger de leurs représailles. Puisque je sais fort bien qu’il va y en avoir. Contre moi qui va les « trahir » et contre Karen qui est inévitablement liée à mon destin désormais. Je ne peux définitivement pas l’inquiéter avec tout cela ce soir. Bientôt nous pourrons en discuter. En espérant que son amour pour moi sera plus fort que ses préjugés potentiels. Je suis un monstre bien plus grand qu’elle ne l’imagine. Mais pour l’instant, je me laisse distraire par ses observations tout à fait pertinentes concernant notre vie commune. ARES ne me rémunère pas et je refuse de mettre la charge financière entièrement sur les épaules de la blonde.
« Tu as raison. » Je commence par dire avant de la serrer un peu plus contre moi. « Par contre, tu ne seras pas seule dans cette histoire. Il me reste de l’argent de mon ancienne vie. Je peux trouver un moyen d’y avoir accès. Ne t’inquiète pas, on va trouver une solution pour avoir la vie qu’on rêve tous les deux. »
De si belles paroles que je pense véritablement. Je sais que pour toucher à mon argent, je vais devoir contacter d’une manière ou d’une autre Nathan Cordell, mon frère adoptif. Mais s’il n’est pas déjà au courant de ma situation ici en Amérique, cela ne devrait pas être un problème insurmontable. J’ai connu bien pire. Ma main se retrouve en contact avec son ventre arrondi. Je laisse mes doigts sentir ce qui me semble de légères vibrations, l’agitation discrète de la vie nouvelle qu’elle renferme en elle. Je souris stupidement, purement heureux d’avoir un contact réel avec cet enfant qui est aussi le mien. Je garde mon sourire lorsqu’elle m’expose un prénom pour un potentiel garçon. Elle accroche mon regard et je pose un petit baiser sur ses lèvres.
« Aleksi, c’est parfait. »
Je ne dis rien de plus, me levant simplement du matelas. Je m’approche de cette photo qu’elle a mise un peu plus tôt sur ma table. Je vois enfin ce qu’elle immortalise. Une image de l’échographie. L’être que j’ai sentie s’agiter il y a une minute m’est révélé. Je frôle du doigt la forme sur l’image et je relève vers Karen un regard rempli d’espoir.
« Rentrons chez nous. »
Je réunis les maigres possessions que je possède dans cette chambre, ce qui ne prend à peine qu’une minute ou deux. Et me voilà à quitter le bâtiment en compagnie de la journaliste. La prochaine fois que je vais revenir ici, ce ne sera plus en tant qu’esclave, mais homme libre. Certes je vais devoir prétendre pour les missions, mais mon esprit, il est hors de portée à présent.