We're not that different [Gordon & Robbie]

We're not that different

Gordon Kent & Robert Aylen

L’odeur de l’océan est transportée par les rafales du vent. L’arôme salé est presque perceptive sur ma langue. Je ne la vois pas de ma position, mais je sens que l’eau est à proximité. Par rapport à la trajectoire du vent, je dirais que l’océan se trouve à l’ouest de l’endroit où je suis posté. À deux ou trois kilomètres maximum. Toujours aucun mouvement suspect à travers la lentille de mon fusil. Je recule un peu ma tête et je fronce les sourcils. Être sniper forge la patience. On peut rester des heures à attendre que sa cible ne soit à découvert de tir. Sauf que ma mission du jour ne comprenait pas la partie « exécution par balle ». Juste la partie « surveillance ennuyeuse ». Je me découvre alors moins patient en sachant que je ne serais pas récompenser par un trophée de chasse. Non, on me demande seulement de surveiller à distance la cible et de prévenir Gordon de la direction qu’elle va prendre lorsqu’elle va sortir de sa cachette afin que LUI puisse l’intercepter. À la manière d’ARES, bien évidemment. Juste à y penser, j’ai envie de lever les yeux au ciel. Comme si c’était en jouant aux gentils que ces marionnettes gouvernementales allaient sauver le monde!

Je m’agite, remuant un peu mes muscles crispés par leur position statique. Je fais craquer ma nuque, étant la plus éprouvée par une telle immobilité. Puis, je replonge mon œil dans la lentille pour voir où ça en est. Toujours rien. Je soupire sans être discret. Je défige mon bras qui stabilise le fusil et j’amène ma main à mon oreille. J’active le système de communication que j’avais mis en sourdine. Cela me donne ainsi accès à l’unique personne au bout du fil : Gordon Kent. Disons que je n’ai pas d’autres choix, donc autant m’en contenter pour le moment. On est coincé dans la même galère lui et moi après tout. Je ne pense pas que son objectif de carrière était super nanny pour grand méchant mercenaire.

-Toujours pas de signe du fils de riche, je lui dis en me grattant l’avant-bras qui fourmille sous l’engourdissement. De ton côté, comment ça se passe?

Je sais déjà qu’il va me rapporter qu’il n’y a rien à signaler. Sauf que je n’ai rien de mieux à faire que de demander. J’attends sa réponse en me replaçant en position, le ventre bien aplatie contre la terre sèche. En observant un peu les alentours de la demeure luxueuse avec la lentille de l’arme, je distingue un léger mouvement vers la piscine. La végétation sert d’écran à celui qui bouge derrière. Sauf qu’il progresse à droite et je finis par voir très clairement l’un de ses bras et son dos. Il me tourne le dos! Bon sang, il serait déjà mort si j’étais toujours un… Mon doigt est sur la gâchette, mon œil obnubilé dans l’opportunité de le descendre d’un coup. Sauf que je me mords la langue et je ferme les yeux. Je recommence à respirer d’un coup, faisant en sorte qu’on dirait que je venais de sortir de l’eau. Je secoue la tête et me concentre à nouveau.

-Gordon, je l’ai en visuel. La cible bouge dans ta direction à présent.

Le mutant vient en effet de se mettre à longer la piscine vers l’ouest. Il parle au téléphone avec quelqu’un, faisant en sorte qu’il est particulièrement distrait. Je le suis à travers la lentille et je m’arrête au moment où il le fait. Il est toujours trop loin pour que Gordon puisse avec une influence sur lui avec son pouvoir. La cible demeure immobile et cela m’irrite. Je n’ai pas l’autorisation de tirer, sauf en cas de danger extrême. Et encore. Le fusil n’est d’ailleurs chargé que d’une seule balle. Une seule s’est largement suffisant entre mes mains. Je scrute l’homme qu’ARES nous demande de capturer et de pucer. Il s’agit d’un jeune de vingt ans, fils d’un riche homme d’affaire des Hamptons. Mutant de classe 4, capable de télékinésie et de lévitation. Le gars pourrait nous opposer de la résistance. Sauf si on l’immobilise avant. D’où toute la mise en scène pour que Gordon le prenne par surprise pendant que je fais le guet sur mon perchoir. Si tout fonctionne selon le plan, ça sera vite fait, bien fait. Sauf que je ne sais pas pourquoi le jeune fixe dans la direction de Gordon sans parler à son interlocuteur au téléphone. Lorsqu’il lève lentement la main, je comprends qu’il a d’une manière ou d’une autre compris le plan. Je suis sur mes pieds en une seconde, malgré la douleur criante de mes muscles à cause de ma position de statue.

-Gordon, bouge de là!

Je m’élance afin de le rejoindre, sans réfléchir davantage. Je descends la pente sur laquelle j’étais positionnée et en atteignant le niveau de la maison, je me sers une nouvelle fois de la lentille pour voir ce qui se passe au loin. Le mutant converge vers la maison. Plusieurs objets du terrassement semblent avoir été déplacés. Je cours en direction de la position de mon allié. Sauf qu’il n’est plus là. Je grogne et me concentre alors sur la cible. Elle n’est même plus en vue, probablement barricadée dans la demeure de son père. Ne me dites pas qu’il va falloir jouer à cache-cache!? Je grogne et je m’adresse à Gordon à mon oreillette.

-Reviens à ta position initiale, Kent. On va agir à ma manière cette fois.

Je n’entends pas rire. Jamais une cible ne m’a échappé aussi stupidement et je ne compte pas la laisser nous filer entre les doigts comme ça. On a finit de jouer.

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C’est un vrai désastre! Agir en douceur. Agir en douceur! Ce que je déteste qu’on me dise c’est « d’agir en douceur »! Et ARES n’a que cette manière de faire à la bouche depuis que je les ai intégré. Je n’en reviens pas qu’ils soient aussi naïfs. L’hostilité est un réflexe humain afin d’assurer sa survie. Certains se figent face à la peur, c’est vrai, mais beaucoup se montrent agressifs afin de sauver leur peau. Le fait d’avoir des pouvoirs contribue à développer ce réflexe. Je le comprends et je ne suis pas le membre de l’année. Alors pourquoi pas Gordon! Je soupire en le voyant rappliquer près de moi, refusant qu’on emploi ma vision des choses. Il vient de se faire envoyer dans le décor par ce « gosse qui a la trouille » et il refuse d’envisager un moyen plus drastique pour le calmer un peu. N’ayant pas le droit de contester l’un de ses ordres, je ferme ma grande gueule et je le suis en direction de la maison. Il compte faire sauter la porte. Je recule donc de quelques pas pour lui laisser l’espace nécessaire pour le faire. Il veut que je mette la cible en joue sans tirer. On ne me le dit pas deux fois. J’appuie l’arme contre mon épaule et en deux secondes je suis en position de tir, l’œil dans la lunette. Gordon fait littéralement sauter la porte, mais je reste concentré. Il entre en premier et je le suis avec une distance nécessaire à ce genre d’arme longue portée. Je suis toutefois suffisamment près de mon partenaire pour l’aider en cas de nécessité. Une fois à l’intérieur, je vois à travers la lunette le jeune homme dans la cuisine. Je me tiens bien droit, le gardant en joue. Gordon parle et je vois dans l’œil du mutant qu’il ne souhaite pas se calmer.

-Ne fait pas ça, gamin, je murmure pour moi-même, bien que l’oreillette me reliant à Gordon doit lui faire entendre tout de même.

Le jeune homme utilise sa télékinésie à nouveau et Kent est projeté droit sur moi. Je le vois approcher dans la lunette et j’ai à peine le temps de défaire ma position de sniper que mon collègue me tombe dessus. Je n’arrive pas à agir afin de me relever instantanément, le poids de Gordon étant complètement sur moi pendant que nous dérivons toujours vers l’arrière. Je rencontre le mur en premier et je vois alors le mutant qui en profite pour détaler. Je grogne fortement en poussant le membre d’ARES de sur moi. Je n’y vais pas délicatement, la colère ne me rendant pas très doux.

-C’est ce que ça donne de le faire à ta manière! Laisse-moi mettre la main dessus! Je ne vais pas le tuer, Seigneur! Juste lui faire tellement mal qu’il va arrêter de se foutre de nos gueules!

Alors, un bruit vient de l’étage. Il est toujours dans la maison! Je m’élance alors d’un coup, courant à vive allure afin de m’extraire du champ d’action de Gordon. J’atteins les escaliers sans qu’il me stoppe, ce qui est bon signe à mon avis. Je monte les marches quatre à quatre, mon fusil toujours à la main. Une fois arrivée en haut, je n’ai aucun mal à trouver le jeune mutant. Je vois son ombre exposée dans l’un des cadres de porte au loin. Je m’élance dans sa direction. J’entre si rapidement dans la chambre que je le fais sursauter et se coller le dos contre la porte de garde-robe. Je dois user de rapidité pour contrer ses pouvoirs. Voilà pourquoi je lance sur lui mon fusil. La distraction fonctionne et il se concentre sur l’arme afin de la repousser contre le mur du fond. Moi je suis déjà sur lui. Je lève ma main droite, appliquant une grande force dans mon bras. La main s’élance en direction de son cou.

Les coup de Robbie est-il un succès?:

J’observe le gamin tomber par terre en toussant violemment. Il est plié par la douleur et je remarque même des larmes coulées sur ses joues. Un bruit me fait me retourner. Gordon vient de me rattraper. Il voit à présent mon travail. Je ne lui jette même pas un coup d’œil, me dirigeant vers mon arme au sol. Je me penche afin de la prendre dans mes mains. Les bruits de fond du gamin qui s’étouffe toujours me font sourire.

-Tu vois, c’est plus rapide avec ma méthode.

Je me fiche de ce qu’il pense. La cible est neutralisée. Évidemment, j’évite de mentionner à ma nounou que j’y suis allé mollo, parce qu’il ne me croirait pas. Ce coup a le potentiel de tuer, puisque la trachée est une structure cartilagineuse pouvant être percée si on applique la bonne pression au bon endroit. Ce que je n’ai pas fais, justement. Je n’ai pas tué ce type comme je l’aurais fais sans réfléchir autrefois, alors qu’on me foute un peu la paix! Je m'assois sur le lit de la cible, le fusil sur les cuisses, laissant la suite de l'intervention à Gordon. Il est meilleur que moi pour les discours d'ARES.

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Ses petits regards noirs dans mon dos me font bien marrer. Je lui ai offert une opportunité de parler avec le mutant un peu. Donc il n’a pas à se plaindre. Gordon se met au travail pendant que j’observe la déco de la chambre. Une décoration typiquement ado, bien que le jeune homme est adulte depuis quelques années. Soit il est nostalgique, soit ses parents ne voulaient pas tout changer pour rendre la pièce neutre. Tout en faisant la sourde oreille à leur conversation, j’étire mon bras afin de mettre la main sur une lettre qui traîne négligemment sur la table de nuit de Nathan. En reconnaissant l’entête de la Confrérie, je fronce les sourcils. Je n’ai le temps de lire que quelques mots en diagonal que les choses s’agitent entre Gordon et le mutant. Je range secrètement la lettre dans une poche de mon uniforme. Je rapporte ensuite mon attention sur les deux autres. J’assiste apparemment à un combat de répulsion. Gordon avec sa manipulation de la gravité et Nathan avec sa télékinésie. Je me lève afin de me tenir prêt si ça tourne mal. Mon collègue me fait signe de me tenir tranquille. Je soupire et je croise les bras, n’ayant rien de mieux à faire. La puissance déployée par chacun grandit et je la sens jusque dans mes trippes. La répulsion agit sur le mobilier, mais aussi sur moi. Mes pieds commencent à glisser sur le plancher et je dois reculer pour m’extraire du phénomène et retrouver ma stabilité. Aucun ne semble vouloir lâcher et je commence à avoir des fourmis dans les jambes, voulant agir. Sauf que subitement, les deux projettent un élan de forces supérieures simultanément. Cela les jette aux deux extrémités de la pièce, leur faisant rencontrer la solidité d’un mur. De mon côté, la force est telle que je suis également d’abord lancé en arrière, puis aspiré vers l’avant. Je suis déséquilibré et je ne vois pas l’énorme commode qui me rentre dedans en subissant le même phénomène. Mon corps se retrouve poussé avec violence vers le mur perpendiculaire à ceux ayant accueillit les deux autres hommes. Je n’arrive pas à me ralentir. Un impact est imminent.

Robbie rencontre quoi?:

Si le premier dé est pile:

Mon dos atteint une surface. Sauf qu’au lieu de m’amortir, elle éclate en mille morceaux. Je me sens donc toujours projeté en arrière. Je comprends que je viens de rencontrer une fenêtre une seconde plus tard et j’étire mes bras pour tenter d’agripper quelque chose pour prévenir ma chute. Rien n’est à porté de main. Je commence donc à chuter sous l’effet de la gravité. J’ai le réflexe de regrouper mon corps et de l’orienter vers la gauche afin d’atterrir sur le côté plutôt que directement sur ma colonne vertébrale. Je n’ai pas le temps d’orienter mon corps comme je ne voudrais que je me retrouve dans l’eau. La surprise me fait ouvrir la bouche bêtement, relâchant la maigre réserve d’air disponible. Je touche le fond de la piscine avec mon épaule gauche. Mon instinct de survie me permet de réagir rapidement à la possibilité de me noyer. Je m’agite une fois mon corps immobile dans l’eau. Je me propulse à la surface avec mes pieds et je m’étouffe en voulant emplir mes poumons trop vite avec de l’air. J’attrape de rebord et je me sors de la piscine en toussant. Je me suis disloqué l’épaule gauche à coup sur. Je vais devoir demander à Gordon qu’il me la replace au plus vite. En voulant me relever, je manque m’évanouir. J’ai la tête qui tourne. En portant ma main droite à mes yeux pour en retirer l’excédant de liquide chloré, je me rends compte que je saigne. Beaucoup. Le verre a du me couper le front. Et le bras. Et le flanc aussi. Merde. L’oreillette étant à l’épreuve de l’eau, je sais que je pourrais lui parler avec. Mais je commence d’abord par relever la tête vers la fenêtre que j’ai détruite. Ça risque de coûter cher en assurances.

-Je déteste être dans l’équipe des good guys, je dis à Gordon. Ça fait vraiment chier.

Je tousse en disant cette dernière phrase. Je me relève précautionneusement. Puis, je me mets à marcher afin de retourner à l’intérieur. Je suis complètement trempé et ensanglanté mais hey, on a un boulot à terminer! En reniflant le chlore qui gêne ma respiration, je monte les escaliers de la maison. Je progresse lentement en faisant gaffe de ne pas glisser avec toute cette eau que je laisse sur mon passage. Une fois de retour dans la chambre, je m’immobilise dans le cadre de porte, un air glacial sur le visage. Évidemment, avec mon état, je ne suis absolument pas menaçant. Je ne sais même pas pourquoi je me force!

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Pendant que mes vêtements imbibés d’eau dégoulinent toujours sur le plancher, j’observe sans dire un mot la scène devant moi. Gordon est à genoux près du mutant télékinésiste. Le gamin a l’air drôlement sonné. Pourtant, ce n’est pas lui qui vient de tomber de trois étages et d’atterrir sans la moindre grâce dans une piscine. Je fais quelques pas dans la pièce, la mauvaise humeur de mes traits ne dérougissant pas. Mon coéquipier semble vraiment inquiet de l’état de Nathan. Même si je n’ai pas vraiment le cœur à partager son empathie, je soupire et je m’accorde avec son idée qu’il faut conduire le gamin pour qu’il soit soigné si nécessaire. Je porte donc ma main à mon téléphone d’ARES afin de contacter les secours. En enfonçant ma main dans la bonne poche, je me rappelle de ma petite baignade récente. Et comme de fait, en extirpant le téléphone, il est complètement trempé. Alors que je teste sa fonctionnalité, Nathan semble se réveiller et Gordon tente de le faire parler. L’appareil est hors d’usage apparemment. Il faudra en toucher un mot au fournisseur d’équipe d’intervention pour qu’on ait des téléphones qui résistent à l’eau. Je soupire donc à nouveau et je me dirige vers Gordon. Les semelles de mes bottes couinent à chaque pas contre le plancher, rendant mon approche sans grande subtilité. Je me charge de prendre le téléphone de l’inhumain directement de sa poche et je recule toujours en couinant. Je vais m’assoir sur le lit, qui est à présent horizontalement disposé contre un mur et je compose le numéro de l’hôpital le plus proche. Étrangement, on me met en attente et je ne peux m’empêcher de voir dans ce geste une certaine ironie. Dans l’attente de parler à quelqu’un, je me mets à observer les deux autres distraitement. Puis, mon regard est accroché par ce que je me souviens être la table de nuit sur laquelle était posée la lettre de la Confrérie. Le meuble s’est renversé sur le côté durant l’affrontement. On me répond alors. Pendant que j’explique la situation à la personne de l’hôpital conformément aux instructions de Gordon, je glisse ma main libre dans une autre poche. Celle où j’y avais caché la lettre de Nathan. Je serre les dents de frustration en constatant évidemment que le papier est gorgé d’eau. Lorsque je raccroche, je secoue la tête négativement. En dirigeant mon regard vers Gordon, ma voix résonne froidement.

-On devrait le pucer immédiatement. De toute façon, Nathan ne va jamais consentir à le faire de son plein gré, même à l’hôpital. Il a été contacté par la Confrérie. J’en avais la preuve. Sauf que la lettre était malheureusement sur moi quand vous m’avez projeté dans la piscine. Ça devient un problème cette histoire de Confrérie. Elle convainc les mutants de bouder le RA. Mais aussi d’utiliser leur pouvoir contre nous.

Je retire la lettre mouillée de ma poche d’uniforme et je la lance au sol. Le papier ainsi alourdie par l’eau claque au contact du plancher. En me redressant un peu plus droit, je grimace sous la douleur de mon épaule gauche. Elle est toujours disloquée. Même si j’arrive à endurer le mal sans trop de difficulté, maintenir une épaule de la sorte trop longtemps n’est pas très bon. Je me sens donc obligé de le demander maintenant, surtout si je dois aider Gordon à porter Nathan jusqu’à notre voiture.

-Tu veux bien me régler ça avant de partir?

Je lui pointe mon épaule. Je n’ai pas vraiment besoin de lui faire un dessin, enfin je crois. Si on veut se rentre le plus rapidement possible à l’hôpital, il va falloir être bien coordonné dans nos déplacements. Ce qui n’est pas l’idéal dans ma situation actuelle. Alors que j’attends toujours sur le lit qu’on vienne remettre mon épaule droite, Nathan cherche à vouloir se relever. Je suis surpris qu’il tente le coup, surtout que Gordon pense qu’il a probablement un trauma crânien. Ce jeune est soit vraiment puissant, soit très tête de mule.

-Je t’avertie, si tu tentes encore de nous repousser alors qu’on cherche à t’aider, je vais personnellement expliquer à tes parents comment cette fenêtre a été brisée.

Nathan émet un petit grognement résigné et se recouche au sol. Je pense qu’il est tout simplement fatigué de se battre. Ma menace bien légère n’aurait pas vraiment affecté un fils de riche comme lui autrement. Une part de lui-même en a marre de lutter. Un autre signe que nous l’avons intercepté juste à temps. La Confrérie n’a pas encore eu trop d’emprise sur lui. À moins qu’il ne cherche à nous faire baisser notre garde, ce qui peut fort bien être le cas. Si c’est son plan, alors il devra se frotter à ma mauvaise humeur de la journée.

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Lorsque Gordon m’accorde raison, je me retiens de ne pas lever les yeux au ciel. Je n’ai jamais raison, c’est presque une loi non-écrite qui s’est instaurée entre nous dès notre première rencontre. Je me souviens encore des « présentations officielles ». Disons que notre mésentente a commencé avant même la poignée de mains. Un seul regard a été suffisant pour ça. Je ne montre donc aucune émotion face à ce revirement de situation. Il tient tout de même à ne pas pucer immédiatement Nathan, même si je pense qu’il s’agit d’une erreur. Ce gamin a de l’énergie, il est combattif. On doit profiter de cette accalmie pour le recenser avant qu’il trouve un moyen de nous filer encore entre les doigts. Je ne pense pas réussir à faire changer mon coéquipier d’avis. Au moins, il semble réaliser qu’il a besoin de mon épaule pour la suite et il s’approche. Tout en gardant un œil sur Nathan qui nous tape une dépression sur le plancher, je sens les mains de Gordon se poser sur mon épaule. Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive, je n’ai pas besoin qu’on me dise que ça va faire mal. Je suis familier avec ce genre de douleur. L’inhumain commence à me raconter une anecdote de sa vie passée et je secoue la tête avec découragement. Je le vois venir, usant de la petite distraction pour que j’en oublie le moment de la remise en place de l’articulation. Le problème, c’est que j’en n’ai un peu rien à faire de ce qu’il raconte. Lorsque finalement il applique la pression nécessaire, je serre les dents et je contracte mon corps au maximum pour encaisser la salve soudaine de douleur. Au bout de quelques secondes, c’est déjà terminé. En tournant la tête vers Gordon, je remarque qu’il s’est éloigné délibérément. Il pensait quoi, que je le frapperais au visage? Il m’informe ensuite que je dois porter une attelle pendant quelques jours pour que mon épaule se remette correctement. J’hausse un sourcil en le regardant comme s’il était un extraterrestre.

-ARES t’as fait lire mon dossier médical, non? Tu sais donc que j’ai déjà dévalé une pente en sprintant avec une fracture ouverte du tibia?

Façon poli de lui dire que son attelle, il peut se la foutre où je pense. Il enchaîne toutefois rapidement face à ma remarque cinglante. Il veut savoir un peu comment s’est passé mon appel téléphonique. Donc comment on doit transporter Nathan jusqu’à l’hôpital. J’ouvre la bouche pour lui répondre lorsque je capte le bruit au rez-de-chaussée en même temps que Gordon. À nouveau en alerte, j’en oublie le reste. L’inhumain s’approche de la porte de la chambre alors que je m’extrais du lit pour m’approcher de Nathan. Je ne voudrais pas qu’il tente quoique se soit contre nous pendant que nous sommes concentrés ailleurs. De plus, si on nous attaque soudainement, quelqu’un doit servir de bouclier pour le mutant. Autant que se soit moi. Les bruits de pas s’intensifie et je reconnais quatre démarches distinguent juste au son. À cela s’additionne un peu de bruit de grabuge, comme si la maison était en train de se faire cambrioler. Oh non, ne me dite pas que… soit ces types sont là pour la maison, soit ils sont là pour Nathan. Dans les deux cas, on doit régler ce problème au plus vite avant que la situation ne dégénère. Je me rapproche un peu plus de Nathan, qui est encore trop sonné pour répondre instantanément aux questions de Gordon. A-t-il prévenu quelqu’un? Qui a part nous sait qu’il est seul à la maison en ce moment? Je me retourne complètement pour faire face au jeune homme. Je soulève d’un geste net son menton pour qu’il me regarde dans les yeux.

-Quoi qu’il arrive, tu évites de jouer les héros. Tu restes près de nous et tu te tiens tranquille, tu m’as bien compris?

Nathan supporte mon regard sévère quelques secondes avant d’accepter mes ordres. D’une certaine manière, cela nous confirme qu’il n’a pas prévenu personne. Je me tourne vers Gordon qui justement réalise l’ampleur de la situation. Nous sommes dans une belle merde. Il m’ordonne d’appeler des renforts et cette fois je ne retiens pas mes yeux qui se lèvent allégrement vers le ciel. Pourquoi c’est toujours moi qui dois jouer à la secrétaire? Il a un téléphone lui aussi, non… Non, puisque c’est moins qui l’ai en ma possession. Foutu piscine! Je me dépêche donc de composer le numéro d’urgence d’ARES. Un signal GPS s’envoi instantanément, nous n’avons même pas besoin de donner nos coordonnées ou les détails. Toutefois, je compose en vitesse un code pour indiquer que nous avons quatre civils à gérer, potentiellement armés. Nous ne savons toujours pas qui sont ces ennemis. Donc jusqu’à preuve du contraire, il s’agit d’individus n’ayant aucun lien avec le Regristration Act. Comme il y a un ennemi dans le couloir tout près, je ne peux parler de ma voix forte à Gordon. Je chuchote donc une idée de plan via l’oreillette.

-Si tu pouvais ralentir l’ennemi en approche, je serais en mesure d’extraire la cible par la fenêtre déjà brisée de la chambre. Je peux facilement me rendre à mon point de tir sur la colline. Le temps que les renforts arrivent, je vais pouvoir sécuriser la cible.

Je serais déjà en train d’exécuter ce plan si j’avais été l’ancien moi, celui qui n’était pas l’esclave d’ARES. Demander la permission est un concept nouveau pour moi. Surtout avec un temps de réaction face à la menace aussi court. Je ne vois pas où se trouve l’ennemi le plus proche, mais je l’entends et je sais que si on doit agir, il faut le faire maintenant.

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Gordon refuse une fois de plus mon plan. Je m’y attendais un peu. Il n’a pas confiance en moi assez pour réaliser que si j’insiste sur une évacuation d’urgence, c’est qu’il n’y a pas d’autres solutions. Je ne lui ai pas donné de bonnes raisons de me faire confiance depuis le début de cette mission, même depuis qu’on se connait. Même si cela a le don de m’énerver au plus haut point, je ne proteste pas. Je maintiens ma position de protection près de Nathan. Il ne semble pas vouloir se rebeller et m’opposer de résistance, ce qui est très bien puisque je ne voudrais pas être obligé de lui casser un bras pour qu’il coopère avec nous. Dans une telle situation de crise, on n’a pas le temps de jouer au babysitteur avec lui. Je tends l’oreille, attendant de voir si Gordon va changer d’avis ou pas. Une voix s’élève à travers les murs et elle nous apporte enfin des réponses sur la menace soudaine. Je pense que j’aurais préféré qu’on ait à faire à des cambrioleurs! Pas à cette satanée Confrérie! Un détail me fait titiller toutefois. La voix parle d’un ami de Nathan qui les a prévenus qu’il avait des ennuis. Est-ce la personne avec qui il parlait au téléphone juste avant d’avoir découvert la cachette de Gordon? Je tourne mon regard vers Nathan. Ce dernier garde la tête baissée. Le petit idiot, il nous cache définitivement quelque chose. Je suis sûr qu’il savait que cette situation arriverait mais qu’il ne se doutait pas des conséquences sur nous et sur lui-même. Je n’en reviens pas qu’on doit attendre d’être dans le pétrin pour que monsieur daigne avoir des semblants de remords. Je sens Gordon s’agiter. Le plan est sur le point de changer. J’agrippe le bras du mutant et il sursaute quelque peu sous ma poigne. Je ne suis pas très doux parce que je lui en veux de ce qu’il a fait. Mais je vais quand même sauver son cul, tout simplement parce que je ne veux pas subir une autre remontrance de la part de l’inhumain. Je le regarde dans les yeux au moment où il me donne le feu vert. Aussitôt, je tire Nathan vers la fenêtre. Il hésite un peu, mais je suis plus fort que lui. Je m’arrête au bord et me tourne vers lui. Mes yeux sévères suffisent pour qu’il comprenne ce que j’attends de lui. Le tenant toujours par le bras, je monte sur le rebord instable de la fenêtre. Le jeune me rejoint en appuyant beaucoup sur moi, comme s’il avait peur de tomber. Dommage pour lui que c’est exactement ce qu’on doit faire. Pour synchroniser notre chute, je compte à voix base.

-Trois, deux, un… go!

Nous sautons en même temps. Le but n’est pas d’atteindre la piscine cette fois. De toute façon, nous n’avons pas assez de propulsion dans notre saut pour atteindre la surface de l’eau. Non, je compte sur le pouvoir de lévitation de notre cher fils de riche. Il amortie notre chute mieux que je l’espérais, faisant en sorte que nous ne produisons pas un bruit en touchant la surface du sol. Aussitôt les pieds sur terre, je force Nathan à se baisser, les fenêtres du rez-de-chaussée pouvant nous trahir. Après inspection des alentours, je débute l’extraction vers le sommet de la colline, espérant que Gordon arrive à les retenir suffisamment longtemps pour que je mette en sécurité le jeune. Alors que nous somme à mi-chemin, un gros boom retenti derrière nous. Je ne m’arrête pas, mais Nathan oui. Il se retourne et je dois à nouveau l’attraper par le bras pour l’empêcher de retourner en arrière.

-Je t’ai dis de ne pas jouer les héros!

-On ne peut pas abandonner ton ami comme ça! Nathan me rétorque alors.

Mon ami? Gordon n’est pas mon ami. C’est mon supérieur, ma nounou et l’emmerdeur numéro un dans mon cœur, mais certainement pas mon ami. Pourtant, je m’arrête aussi et je regarde la maison au loin. Une légère fumée s’échappe de la fenêtre brisée que nous avons empruntée pour évacuer. Les renforts d’ARES ne devraient pas tarder mais… je sens que je vais regretter ce que je m’apprête à faire! Surtout que c’est en théorie encore un ordre que je vais contester… Je me tourne subitement vers le mutant et je le regarde dans les yeux.

-Ces gens de la Confrérie, à quel point tu les connais? Serais-tu en mesure de me dire leur pouvoir?

Nathan hoche négativement la tête. Génial, il va falloir agir à l’aveugle. C’est toujours la manière idéale pour ce faire tuer.

-Ok, en théorie, je dois te mettre en sécurité. Sauf que tu l’as peut-être remarqué, je suis nul pour faire ce qu’on me demande. Donc je vais en quelque sorte te ramener directement dans le danger. J’ai besoin que tu m’aides à neutraliser ces gens. Si tu coopères, je vais faire en sorte qu’ARES soit clément avec toi.

Nathan hoche encore une fois négativement la tête en souriant, comme s’il se doute que ce genre de chose n’est pas vraiment en mon pouvoir. Sauf que je vois dans son regard qu’il est partant pour m’aider et s’est l’esprit que je recherchais. Je le préviens avant de retourner vers la maison de bien rester près de moi durant l’action. Il accepte la condition et c’est donc ainsi que nous retournons bêtement dans la gueule du loup.

Est-ce que les renforts arrivent au moment où Nathan et Robbie atteignent la maison? :

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Gordon Kent & Robert Aylen

-Attends!

-Quoi?

Ma main contre mon oreillette, j’ai forcé Nathan à s’arrêter en le tirant par la manche. Nous voilà immobile, à quelques mètres à peine de la maison. Gordon vient de me donner un nouvel ordre. Sauf qu’il a fait mention de trois Confréristes alors que j’en ai clairement entendu quatre lorsque j’étais toujours dans la demeure des Turing. Lorsque que je m’apprête à relancer la course, le sol tremble d’un coup. L’onde de choc semble provenir de la maison et j’écarquille les yeux en voyant Gordon sortir par la fenêtre et agripper le rebord. Et merde! Je m’élance en avant, suivi aussitôt par le jeune. À peine ai-je foulé la limite du jardin que l’inhumain nous demande de dégager, qu’il a les choses en main. Sa réponse réussit à me faire perdre ma concentration et à me faire rager un peu plus. Je ravale toutefois un commentaire d’insulte et je pousse Nathan devant moi. Le fait que Gordon soit déjà dehors va faciliter notre plan pour lui sauver les fesses, quoi qu’il en dise.

-Kent, laisse-toi tomber à mon signal.

Je me tourne vers le jeune mutant qui se place afin d’utiliser son pouvoir de lévitation pour ralentir la futur chute de mon coéquipier. Il lève même les bras, prêt à déployer son pouvoir. Je sais que Gordon risque d’être réticent, mais je vais le faire tomber de force s’il ne nous écoute pas et s’entêter à vouloir retenir l’ennemi plus longtemps. S’il se fait tuer stupidement, c’est sur qu’on va m’accuser moi et je ne compte pas me retrouver une nouvelle fois devant une réunion du conseil disciplinaire, avec des accusations pesant injustement contre moi.

-Maintenant!

Que se passe-t-il alors?:

Gordon ne fait pas sa tête de mule et tombe au moment où je lui ordonne de le faire. Nathan le rattrape sans problème avec sa mutation et le fait atterrir juste devant nous. Je vois alors une femme passer sa tête par la fenêtre. Je vois dans ses yeux sa rage et son hostilité. Je tire donc Nathan vers le bas afin de le mettre à couvert, plaçant instinctivement mon corps devant lui. La femme ne tente rien, mais crie l’ordre de nous rattraper. On a déjà assez perdu de temps.

-On bouge!

Nathan, qui a l’habitude que je le bouscule maintenant, se laisse relever par mes soins puis pousser en courant vers la forêt à l’est. On doit mettre le plus de distance possible entre nous et cette maison, le temps que les renforts arrivent. J’en profite pour sortir le téléphone de Gordon de ma poche et lui lancer dans les mains.

-Je suis revenu parce que c’est ton tour de jouer à la secrétaire. Les renforts ne devraient pas tarder.

Justement, des crissements de pneus se font entendre au loin. En plus d’une explosion qui cause des vibrations même dans le sol sur lequel nous courrons. J’ai l’impression qu’il y a de l’action derrière. Sauf que je sais aussi que la Confrérie ne laissera pas Nathan leur filer entre les doigts si facilement. Je m’assure donc que le jeune demeure bien devant moi, observant constamment derrière nous. C’est de cette façon que je constate une ombre nous rattraper, puis des pics se planter violemment dans un tronc d’arbre à quelques centimètres à peine de mon oreille. L’un d’entre nous doit rester pour le retenir. Avec un tel pouvoir, la logique voudrait que se soit Gordon, mais je refuse de le laisser récolter toute la gloire de la mission. Je le pousse donc vers Nathan et je commence à courir en sens opposé, directement vers l’ennemi.

We're not that different

Gordon Kent & Robert Aylen

Courir en direction du danger est toujours une idée stupide. Voilà que c’est la seconde fois que je le fais en moins de quinze minutes. Je ne suis pas prêt à dire que c’est un record personnel. J’ai déjà été encore plus con et impulsif étant plus jeune. Je rejoins mon adversaire en un rien de temps, lui n’ayant pas changé de position. Je m’approche avec l’intention de lui casser une jambe pour qu’il nous foute un peu la paix. Je dois par contre éviter une autre projection qui nécessite que je modifie mon plan. En me remettant en position d’attaque, je vois un autre homme arriver en renfort pour mon ennemi. Seconde attaque de pics contre moi. Avant même que j’initie de l’éviter, le coup est projeté de lui-même. En tournant la tête, je croise Gordon. Mais qu’est-ce qu’il fout là! Il m’insulte en plein visage en affirmant que je n’aurais pas réussi à venir à bout de mes ennemis sans capacité particulière. Il va sentir ma force lorsque je vais serrer son petit cou fragile entre mes mains! Pas le temps d’exécuter ma vengeance, l’une des femmes confrériste vient de se joindre à la fête. Gordon se charge d’elle et d’un simple mouvement de la main. Voilà qu’elle nous quitte déjà. Moi et mon équipier nous retournons vers les deux autres hommes de concert et le sourire étrange sur le visage de l’homme un peu plus en retrait me fait immédiatement reculer. Il frappe le sol de son poing durcit et la terre se met à se fendre et à révéler ses entrailles. Je me retrouve inévitablement à proximité de Gordon, dans ma tentative d’échapper au phénomène. Je suis alors prisonnier d’une sorte de bulle invisible et je me fige, voyant le vide se dessiner sous mes pieds. Je n’ose pas bouger, ni même parler, de peur de déconcentrer Gordon et de nous tuer tous les deux. La bulle commence à se déplacer lentement lorsque le sol se stabilise. Je vois nos ennemis s’approcher de nous, près à nous cueillir lorsqu’on sera à proximité du bord. Les trois attendent patiemment, la femme faisant briller ses mains de leur incandescence menaçante. On n’a pas le choix, il va falloir les surprendre.

Alors qu’il ne reste que deux mètres à parcourir au dessus du vide, je me prépare pour sauter sur mes ennemis. Mais alors, je vois une silhouette qui s’extrait de la végétation. Je manque faire une crise cardiaque en reconnaissant Nathan. Au moment où je saute hors de la bulle, le jeune mutant tire les ennemis vers l’arrière afin de me les offrir sur un plateau. Je commence par assommer le type le plus près, le lanceur de pics. Puis lorsque j’en arrive à la femme, Nathan lui tiens les mains contre le sol. Il n’a plus aucune raison de m’aider. Il aurait déjà du fuir loin. Pourtant, le voilà qui nous porte assistance alors qu’on cherchait à le neutraliser au départ. Il sait également que la mission ne changera pas. Qu’ARES le veut recenser.

Lorsque Gordon touche enfin le sol à son tour, je suis en train de m’occuper de tranquilliser l’homme créateur du Grand Canyon. Je lui fais signe de rejoindre Nathan, ayant la situation en main ici. Je ne pouvais pas aussi bien me tromper. Une deuxième femme se téléporte derrière Nathan et se saisit de lui. Mon cœur s’arrête une nouvelle fois en la voyant reculer avec lui, un regard dur sur nous. Je n’ose plus rien faire, de peur qu’elle s’en prenne à Nathan si on la met au défi. J’observe alors Gordon. Il use normalement du dialogue dans ce genre de situation. Je suis incapable de penser au moindre mot pour la convaincre de ne pas kidnapper le jeune et de l’amener à la Confrérie. En fait, je ne sais absolument pas quoi faire. Je me sens démunie. Si j’avais eu en ma possession mon arme longue portée de sniper, j’aurais pu en venir à bout en un battement de paupière. Mais le fusil est demeuré dans la chambre de Nathan, au moment où on m’a projeté par la fenêtre par accident. Je n’ai donc rien pour assurer la libération du jeune avant que la femme ne se téléporte au loin. Connaissant bien mes distances, je sais aussi qu’elle est trop loin pour être sous l’influence de la gravité de mon coéquipier. Alors voilà un bon moment pour négocier. Sauf que j’oubliais un autre truc : les renforts. Ils s’agitent tout près, probablement attiré par le désastre que vient de subir le jardin de cette propriété. Il suffit seulement de les guider dans la bonne direction. J’étire donc le plus subtilement possible le bras afin d’atteindre la poche de Gordon, une fois de plus. Il met toujours le téléphone au même endroit. Je sais qu’elle me voit faire, mais comprend-t-elle seulement ce que je fais? J’active le signal GPS du téléphone et je fais comme si de rien n’était. Par chance, elle est toujours là, à nous regarder avec son regard mauvais. Je croise les doigts pour que les renforts ne tardent pas trop.

Comment réagit la téléporteuse?:

Si le premier dé est pile: