Try to catch me ! - Gordon

Gordon & Willow 

Cela fait un petit moment déjà, que Willow se sent observée. Elle a ces picotements dans la nuque si singuliers lorsque l’on est scruté. Deux-trois jours, pas plus mais cela ne fait que la rendre plus nerveuse et angoissée. Ajoutez à cela les pouvoirs de la jeune Eleanor et vous avez une Willow à cran. C’est nouveau, pour sa fille. Pas même un mois. Cela s’est déroulé une nuit alors que la petite Ella dormait dans son lit, un cauchemar est venu l’effrayer et ce dernier a été tellement violent que lorsque Willow est entrée dans la chambre de sa fille, a a pu constater que des objets volaient un peu partout dans la pièce. Lorsque l’enfant s’est calmé, les objets sont retombés sur le sol. Willow se souvient de la sensation qui l’a habité, ce soir là. Elle a de suite su que sa fille était comme elle, une inhumaine et elle a joué de son statut de scientifique pour le Shield afin d’analyser en toute quiétude le sang de sa gamine. Les résultats ne l’ont pas étonnés mais n’ont fait que faire monter l’inquiétude en elle. Et maintenant ? Que faire ? Ella devait-elle commencer l’école comme tous les autres enfants de son âge où était-il préférable que la fillette reste avec sa mère ? Will aurait préféré ne pas scolariser sa fille mais elle s’était souvenue de l’excitation d’Eleanor au moment de préparer la rentrée, d’acheter son sac-à-dos Star Wars dont la gamine est si fière et l’anglaise n’avait pas eu le coeur de priver Ella de ce plaisir de faire comme tout le monde. Alors durant les quelques semaines -deux- qui ont séparé la découverte des pouvoirs de la petite brune et la rentrée, Willow s’était appliquée d’expliquer à sa fille comment se contrôler et surtout, ne pas utiliser ses pouvoirs. Surtout pas devant des inconnus. Devant sa mère ou encore oncle Graham, oui mais pas les autres. Personne. Elles avaient fait le serment du petit doigt et ça a autant d’importance que le serment inviolable. Son coeur s’était un peu serré lorsqu’elle l’avait déposée devant le portail de l’école puis finalement, tout s’était bien passé le premier jour. Tout comme le second. Et le troisième. Et ainsi de suite. Tout allait bien. Ou presque. Le minimum de paix que Will a pu trouver est complètement en train de foutre le camp.

Willow referme la porte de l’appartement qu’elle occupe sous une fausse identité, retire son masque multi-visages pour le déposer sur la commode à l’entrée ainsi que son arme de service. Il faut partir. Préparer une fuite à trois, c’est-à-dire Willow, Eleanor et le chiot de cette dernière, Chewbacca. La boule de poils est d’ailleurs en train de mâchonner une carotte en plastique qui fait pouic-pouic et qu’Ella a insisté d’acheter, pour « habituer Chewie aux légumes ». Drôle d’idée, avait pensé Will avant de céder. Ella est assise à la table basse, elle fait ses « devoirs » ou plutôt termine de colorier un coloriage imprimé un peu plus tôt dans la journée. L’agent du Shield n’a de cesse de vérifier au moindre bruit qui résonne dans le couloir, son estomac est noué à l’extrême. S’il n’y avait qu’elle, la fuite serait plus aisée mais ce n’est pas le cas. Les sacs-à-dos sont déjà prêts, Willow a longuement expliqué la situation à sa fille, lui a dit qu’elles devaient partir, se cacher quelques temps. L’enfant avait écouté sa mère, le visage grave avant de hocher de la tête. Ce n’est pas une gamine moyenne, elle a eu la chance -ou malchance pour Willow- d’hériter de beaucoup de sa mère. Ella a rempli son sac-à-dos Star Wars de quelques vêtements, des crayons et un livre. Puis quelques biscuits pour Chewbacca aussi, il ne faut tout de même pas oublier le chien ! Mais il faut attendre la nuit tombée et alors, à ce moment là, se glisser en toute discrétion dans la rue pour rejoindre le véhicule emprunté au Shield et quitter la ville.

Deux heures du matin.

Sans faire de bruits, tenant fermement la main de sa fille qui porte de son autre bras le chiot, les deux brunes descendent les escaliers de l’immeuble. La main d’Ella serre avec force celle de sa mère, la fillette regarde autour d’elles, le coeur battant. La voiture n’est qu’à quelques pas, Willow la déverrouille et Ella s’engouffre sur le siège passager mais au moment où sa mère va fermer la portière, cette dernière se retourne vivement en sortant son arme de service pour la pointer sur l’arrivant qu’elle soupçonne d’être avec ARES.

« Pas un seul geste de plus. Je sais parfaitement pour qui vous travaillez et je ne vous laisserai pas m’arrêter. Alors faites un pas et je vous transformes en passoire. »

Gordon & Willow 

Il n’est qu’à quelques mètres d’elle, de la voiture, de sa fille. Les yeux de Willow sont rivés sur le nouveau venu, un inconnu. Ainsi donc, Strange n’est pas allé jusqu’au bout de sa mission ; étrange, Will est pourtant persuadée qu’il n’aurait eu aucun mal à la retrouver très rapidement. Après tout, un sorcier aussi puissant que lui… C’est qu’il n’a sûrement pas voulu. Elle n’en sait rien mais ce changement d’agent lui convient mieux ; Willow n’aime pas se battre contre les personnes pour qui elle a de l’estime comme le sorcier. Son arme est rivée sur l’inconnu qui a une attitude calme, non agressive, pour l’instant. Comment la brune pourrait-elle faire confiance à une personne comme lui ? Qui veut juste l’arrêter pour lui foutre une putain de puce dans la nuque. Impossible. Néanmoins, si elle peut éviter une effusion de sang inutile, cela l’arrangerait grandement.

« Du calme, Mademoiselle Greene, je ne suis pas là pour vous faire du mal. Dit-il avant d’avancer un peu. Je sais que vous êtes effrayée, que vous avez quelqu'un à protéger mais le seul moyen, c'est de poser votre arme. Ensuite, nous discuterons calmement. Il n'y a pas besoin d'effusions de sang.
-Vous m’excuserez, mais la première fois que j’ai croisé un de vos agents, il a bien failli me réduire en charpie alors j’ai des doutes, maintenant. » Répond Willow d’un ton froid.

En repensant à ça, à sa confrontation avec Venom, un long frisson d’horreur parcourt la colonne vertébrale de l’agent du Shield. Il faut se méfier de tout, de tout le monde, en permanence. Rares sont les gens dignes de confiance, dans ce foutu pays et la seule personne en qui Willow a confiance est Graham. Ainsi que Reagan. Mais c’est plus compliqué. L’homme avance encore une fois, la main de Willow qui tient l’arme se détend un peu. Peut-être devrait-elle la baisser et avoir une attitude moins sur la défensive. Juste pour éviter que la situation ne tourne au vinaigre. De toute façon, Will est entrainée, sait dégainer son arme à la vitesse de l’éclair. Le MI6 ainsi que le Shield sont passés par là, s’il faut se battre, elle se battra. Lentement, très lentement, Willow abaisse le révolver pour le ranger dans son étui. Elle sait ce qu’il va tenter, essayer de lui faire « entendre raison » et ça la fait sourire.

« Je suis sûre que vous êtes pas un mauvais gars, Newton. Mais sachez que vos discours ne me feront pas changer d’avis. Fait calmement la brune. Vous faites sûrement ça par conviction, vous pensez que c’est bien mieux pour tout le monde. »

Willow referme la portière arrière de la voiture, juste pour s’assurer que sa fille restera calmement à l’intérieur et, n’entendra pas ce qui suivra. Il est difficile de conserver l’innocence d’un enfant dans de telles circonstances mais Will y tient coûte que coûte.

« Mais en quoi, une loi qui stigmatise une partie de la population, qui la recense, est-elle bonne ? J’ai vu ce qu’ils demandent, tous ces renseignements, ces choses que l’on préférerait garder pour soi. On nous met des puces GPS comme on le ferait à des animaux. Et que compte faire le gouvernement de tout ça ? Juste tout garder dans des dossiers et rien de plus ? Il faut être bien naïf pour y croire. »

Ca la rend malade d’imaginer toutes les informations que possède le gouvernement. Elle croise ses bras contre sa poitrine, restant toujours en alerte et n’hésitera pas à ressortir son arme si l’agent d’ARES fait un pas de plus. Elle le blessera s’il le faut, pour le ralentir et ainsi prendre une longueur d’avance sur lui. C’est vrai que c’est peut-être quelqu’un de bien mais il faut être sarcome abruti pour faire ainsi confiance au gouvernement américain.

« Et vous croyez vraiment que je vais vous laisser nous arrêter, ma fille et moi ? Honnêtement, vous touchez à un seul de ses cheveux et vous êtes mort. Je ne parle pas seulement de vous mais de tous les agents d’ARES en général. Car quand bien même vous pourriez ne pas vouloir la recenser, d’autres le voudront et le feront. Il se passera quoi, ensuite ? Qui vous dit que ces puces resteront inoffensives bien longtemps ? Après tout, je suis sûre qu’on peut aisément, si on en a envie, l’utiliser comme un collier électrique qu’on fout aux chiens. »

Gordon & Willow 

Que faire ? Willow se rend bien compte de la situation dans laquelle elle se retrouve. L’homme en face de lui est loin d’être agressif, il ne veut pas que cette arrestation se termine par une effusion de sang et cela ne déplait pas à l’agent du Shield. Néanmoins, le dilemme est toujours là. Elle refuse de se faire pucer, de se retrouver un peu trop à la merci d’un gouvernement se dirigeant dangereusement vers un totalitarisme honteux. Mais elle n’est pas seule, Will ne peut plus agir sur des coups de tête qui pourraient lui coûter la vie car il n’y a pas que la sienne en jeu. La brune jette un coup d’oeil vers la voiture dans laquelle est installée la jeune Eleanor, le visage collé à la vitre teintée et qui tente de visualiser ce qu’il se passe à côté. Willow regrette amèrement de devoir impliquer son enfant, de la mettre ainsi en danger alors qu’elle était parfaitement sauve auprès d’Amanda. Mais cette dernière vieillie, commence à fatiguer puis après le décès d’Ella, la brune a ressenti ce besoin de garder la fillette près d’elle. Mauvaise décision.

«  Personne ne touchera à un cheveu de votre fille, je vous le promet, vous avez ma parole. Je m'assurerai personnellement de sa sécurité si vous le souhaitez. Seulement… Si vous voulez pouvoir vivre en paix avec votre fille, vous allez devoir vous recenser. Si elle ne se fait pas remarquer, ça devrait aller pour l'instant, mais vous, Willow, il en a va votre sécurité et de celle de votre fille. Je ne suis pas le méchant, dans l'histoire, je sais que c'est comme ça qu'on nous voit, je viens simplement vous offrir une vie plus stable pour vous et votre fille.
-En sécurité ? Mais pour combien de temps, bon sang ?! Alors oui, les puces ne sont pas visibles et personne ne peut réellement savoir qui n’est pas humain et qui l’est mais je suis prête à parier que la population et un certain parti politique vont mettre la pression pour qu’on puisse nous distinguer. Et après ? Couvre-feux ? Lieux publics interdits ? C’est ça, que je refuse de faire vivre à ma gamine. Je vois parfaitement que vous ne recherchez pas le conflit et ils devraient engager plus de gens comme vous plutôt que les brutes qu’ils récupèrent un peu partout. Mais ça aussi, combien de temps cela va-t-il durer ? Possible qu’ils finissent par vous remplacer parce qu’ils ne vous trouveront pas assez efficace, rentable, même. »

La brune remet en place une mèche de ses cheveux, passe une main sur son visage avec un profond soupir las. Oui, elle est lassée par ce monde. Elle n’imagine pas un monde tout beau et rose, Willow n’est pas naïve mais la direction que prennent les Etats-Unis est dangereuse et bientôt, il y a fort à parier que d’autres pays et grandes puissances prendront la même décision. Il n’y aura plus un seul endroit où les gens comme Willow et Gordon seront les bienvenus. Et il est également probable que les agents d’ARES soient à leur tour appréhendés. Non, vraiment, le futur n’est pas quelque chose qui rassure grandement Will.

« Alors, voilà ce qu'on va faire, vous allez me donner votre arme, histoire de ne pas effrayer les gens qui bossent au centre et on va rouler calmement jusque là-bas. Ensuite, vous irez vous faire recenser et vous pourrez reprendre une vie normale. Votre fille ne sera pas mentionnée dans mon rapport et vous aurez la paix avec ARES et le gouvernement, ça vous va ?
-Je crois que là, vous prenez vos désirs pour des réalités. Je ne crois pas vous avoir demandé de vous approcher. Reculez immédiatement de ma voiture. »

Tout en parlant, Will a de nouveau dégainé son arme. Il est sûrement un mutant ou autre mais Willow a au moins l’avantage d’être une agent surentraînée et capable de se battre. Peut-il en dire autant ? Elle n’en sait rien. L’arme est braquée sur Gordon tandis qu’elle recule doucement dans l’espoir de s’engouffrer rapidement dans son véhicule pour pouvoir partir le plus vite possible. Il a sûrement une voiture mais elle est rapide, peut facilement se garer dans une petite rue pour rejoindre la station de métro la plus proche. Oui, se mêler à la foule urbaine pour disparaître, comme la première fois. Mais quelque chose vient foutre en l’air ; un brutal klaxon de voiture qui fait sursauter Will à cause de cette putain de pression qui lui pèse sur les épaules. Son attention s’est effilochée, juste quelques précieux instants.