The duty to protect my people comes first (ft. Rose)

Il était tôt, la journée se levait à peine et le soleil était encore timide dans le ciel froid qui l’accueillait. Kassandra, par quelque sorcellerie ou miracle qui lui échappait, était déjà réveillée et assise dans son lit. Elle n’avait évidemment pas cessé de penser à tout ce qu’elle avait appris hier soir. C’était pendant ses révisions sur les cours de psychologie qu’elle s’était décidée à bosser (pour une fois), qu’elle avait reçu un message de son amie webokinésiste. Mia lui avait reporté une conversation sur un réseau social comme quoi un humain voulait se faire passer pour un mutant. Et cerise sur le gâteau, il voulait jouer les empathes. Si sur le moment ça avait fait doucement rire Kassandra, parce qu’il y avait en plus des gens idiots pour recenser les mutants, des gens encore plus idiots pour faire croire qu’ils étaient mutants. Mais la suite avait été un peu moins drôle. En effet, Mia avait fouillé d’avantage pour trouver la véritable motivation de cet attardé génétique.

Groupe d’anti-mutants, rassemblement anti-mutants… Etrangement, ça lui rappelait une certaine partie de l’histoire de son pays qu’elle n’aimait pas particulièrement. « Gathering New-York Botanical Garden 3pm » Quelques mots qui avaient claqués dans les nerfs de Kassandra. « Scheiße“ avait-elle juré en envoyant son livre valser à ce moment là. Elle avait remerciée son amie pour cette information précieuse et était partie se coucher, énervée et rageuse. Mais ce matin, les idées lui semblèrent plus claires quand elle tressa ses longs cheveux bruns sur les côtés. Elle irait là-bas leur expliquer la vie, à ces bandes d’idiots en brochette. Elle préviendrait la Confrérie plus tard, de toute façon ce n’était pas la première fois qu’elle agissait en douce et seule. Au moins elle était sûre qu’elle n’aurait pas de commentaires sur son “jeune âge“ ou la “belle vie qu’elle auvait encore à vivre“. Non elle n’attendrait pas sagement ici que le monde se tape dessus sous prétexte qu’elle avait une belle vie et de la jeunesse à la pelle. Tout ça elle ne voulait plus l’entendre.

Lorsqu’elle fut prête, Kassandra ne prit pas la peine de manger. Elle savait qu’elle succomberait au premier stand de milkshake qu’elle croiserait alors pas de frais pour ce matin. De toute façon, sa meilleure nourriture, hormis cette exquise et déraisonnable gourmandise, était les émotions des autres. Elle partirait tôt à la chasse ce matin et marcherait jusqu’à deux heures de l’après midi où elle attendrait ‚attardé génétique et compagnie‘. Ensuite elle ferait peut-être une belle ballade dans ce jardin. Elle réalisait qu’elle ne l’avait jamais fait, ce qui en réalité, l’étonnait, étant donné qu’elle mourrait visuellement de toute cette ville sale et polluée. Un jardin, même américain, et quoique pas vraiment vu sa composition, était toujours plus agréable que tout New-York. La magie de Vienne lui manquait terriblement.

La rue à peine descendue, Kassandra avait déjà son milkshake à la main. Au chocolat, parce qu’elle était de bonne humeur. Elle se récapitula ce qui pouvait potentiellement l’attendre là-bas. Un groupe d‘humains arriverait, se disperserait et l’un d‘entre eux se ferait passer pour un empathe et ferait semblant d’attaquer ses congénères qui joueraient le jeu pour effrayer les gens. Ce peu de pub faite contre les mutants et ils repartiraient rapidement avant que la police ne débarque. Ni vu ni connu, les vidéos amateurs seront les seules preuves et rapporteront la mise en scène que tout le monde gobera, en premier les média qui feront tout le reste derrière. Il fallait absolument arrêter ça.

Deux heures s’étaient écoulées, Kassandra reçu un message de Mia. “Attention, du nouveau pour tes futures victimes, elles sont vraiment énervées, au moins trois revolver avec eux“. Ben tiens… Tant mieux, ça rajouterait un côté plus divertissant. Mais tout à coup elle pensa. Mission dangereuse… Rose! Vite, l’empathe envoya un message à la jeune recrue avec qui elle n’avait pas tardé à très bien s’entendre. Toutes les deux qui rêvaient d’une vraie mission où on ne leur dirait pas de faire attention à peu près toutes les cinq minutes, elles allaient être servies. Kassandra détailla quelques points de ce qui les attendaient et lui indiqua qu’elle serait devant le jardin une heure à l’avance.

Deux heures de l’après midi. L’empathe en était à son troisième milkshake. A la cerise pour les pré-missions importantes. Appuyée contre le mur de pierres de l’entrée, elle sirotait tranquillement. Ses yeux guettaient discrètement l’arrivée de Rose tandis qu’en arrière plan, son cerveau tournait à plein régime pour scaner en détail chaque personne qui passait. C’était l’heure creuse, il n’y avait pas foule non plus mais elle ne voulait rien rater, si jamais elle croisait les types qui passeraient le pire moment de leur vie. « Sackgesicht » murmura-t-elle en y repensant. Mais Rose ne devrait plus tarder.

Kassandra n’arrêta pas un instant de scanner les personnes qui passaient une à une, la plupart insouciantes, jusqu’à ce qu’elle croise enfin les humains visés. Elle ne mit pas longtemps à les reconnaître et sentit avec force, leur violence emplie d’une motivation haineuse. L’empathe se redressa immédiatement et ses nerfs se tendirent. Il ne fallait pas qu’elle les regarde ni même qu’elle ne montre un quelconque signe envers eux. Si jamais ils la captaient, toute la mission était compromise. L’autrichienne se mis un peu sur le côté pour mieux leur tourner le dos et fit mine de siroter son milkshake. De toute façon elle n’avait pas besoin de les voir et c’était même mieux. La vue était souvent une distraction pour l’empathe, seuls les sentiments purs et bien isolés, lui suffisaient. Et elle sentait que si elle les voyait encore, eux et leur sale tête d’énervés, elle les détruirait sur le champ. Une horrible vague de désespoir… Kassandra était quasiment sûre de pouvoir les conduire au suicide de cette manière ; et ils étaient la cible idéale pour s’entraîner aux sentiments extrêmes.

Les idiots s’éloignèrent et entrèrent dans le jardin après avoir passé le bâtiment d’entrée, puis elle les perdit définitivement. Ils étaient sûrs d’eux, ces abrutits… Mais l’empathe reconnut bientôt un sentiment familier s’élever et s’avancer vers elle, parmi les gens qui commençaient à affluer à l’entrée. Kassandra se tourna de nouveau vers eux en prenant une gorgée de milkshake et ne tarda pas à apercevoir une tête blonde à l’air faussement innocent. Cette dernière lui fit un signe que l’empathe lui rendit par un sourire. Comme une enfant impatiente, elle pressa le pas et la rejoignit en lui tendant son paquet de bonbons immondes. Kassandra grimaça. Encore plus répugnant que les frittes… Mais Rose se mit à sourire. Le paquet était vide de toute façon, le contraire aurait étonné son ainée. Alors qu’elle revenait à peine de jeter son paquet, elle s’impatienta d’avantage.

- Alors ? On commence quand ? Ils sont où ? J’ai hâte !

Kassandra ne put s’empêcher de sourire à l’enthousiasme de la jeune fille mais lui fit tout de même signe de baisser d’un ton. Il ne fallait pas prendre de risques inutiles en se faisait repérer dès maintenant. Surtout que c’était leur première mission toutes les deux sans l’accord des confrères, c’était donc d’autant plus amusant.

- Ils sont déjà entrés, Rose. Il va falloir les rattraper et vite. Je devrais pouvoir les détecter assez rapidement si on arrive à les suivre, leurs sentiments sont forts et violents, je les ai bien scanné. Il ne m’a pas semblé par contre, qu’ils aient leurs armes sur eux. Ca veut dire qu’ils ont peut-être un point pour se fournir à l’intérieur. Quelque chose me dit qu’ils ont eu le temps de s’organiser correctement.

Kassandra emmena donc la mutante et elles traversèrent l’entrée. Il fallait tout de même qu’elles se dépêchent. Le jardin était vaste, il y avait beaucoup d’endroits dans lesquels se cacher ou au contraire, faire la comédie en public. L’empathe espérait qu’ils aient à récupérer leurs armes dans un coin tranquille, histoire qu’elles puissent agir à l’abri des regards. Les arbres se dressaient autour d’elles avec abondance et l’autrichienne guettait la moindre émotion. Après cinq minutes, ça y était. Elle n’eut pas de mal à reconnaître ce genre de sentiment détestable.

- Ils sont par là, indiqua-t-elle à Rose.

L’empathe aurait voulu fermer les yeux pour mieux se concentrer mais elle ne pourrait pas voir où elle marchait. Bientôt se tenait devant elles le World of birds, immenses volières donc l’accès se faisait par un horrible chemin en béton. Décidemment les américains n’avaient aucun raffinement. Ca y était, elle les apercevait de ses propres yeux. Elle leur tourna donc le dos en s’appuyant contre le muret et laissa le spectacle à l’appréciation de Rose.

- Regarde-moi ces idiots… On va les suivre discrètement derrière les arbres, il faudrait que tu ailles détourner leur attention un peu plus loin mais de manière à ce qu’il n’y ait qu’eux qui t’entendent. Je vais récupérer leurs armes quand on aura vu où est-ce qu’ils les ont cachées et éventuellement régler le compte de ceux restant. Je te rejoins ensuite. N’oublie pas, pour les avoir tu es d’abord mielleuse, fais-moi ta bouille toute mignonne, une fois que tu les tiens, tu attaques d’un coup. On va éviter les cadavres, ce ne serait pas raisonnable et pratique. On les assomme, on les met avec leurs armes bien en évidence et on appelle les flics, ni vu ni connu, pour qu’ils les récupèrent.

Kassandra fit lui ensuite signe de la suivre et elles se faufilèrent entre les arbres après avoir traversé le chemin en béton, et longé la volière. Elles marchèrent encore à distance pendant une ou deux minutes avant de s’arrêter un peu plus loin derrière un arbre au tronc imposant. L’empathe scanna les cinq humains pour savoir quand est-ce qu’ils atteignaient leurs armes. Dès que la cachette était dévoilée mais le butin pas encore distribué, l’autrichienne fit signe à Rose d’aller commencer son jeu un peu plus loin. Maintenant elle n’avait plus qu’à être patiente.