【FLASHBACK】I love the way you lie ft Matthew

u'est-ce qu'être un héros ? Regardez dans le miroir, et vous le saurez. Regardez vous dans les yeux et dites moi que vous n'êtes pas héroïque, que vous n'avez pas enduré, souffert, ou perdu ce qui vous tenait le plus à cœur. Et pourtant, vous êtes là. Vous avez survécu à Hell's Kitchen, l'endroit le plus dur qu'on ait connu.  Un endroit où les lâches ne tiennent pas. Vous devez donc être un héros. Comme nous tous. Certains plus que d'autres, mais jamais tout seuls. Certains ont du sang sur leurs poings pour protéger cette ville. D'autres versent du sang dans les rues pour endiguer la marée, le crime, la cruauté... le mépris de la vie humaine qui les entoure. Mais c'est Hell's Kitchen. Ange ou démon, riche ou pauvre, jeune ou vieux, vous vivez ici. Vous n'avez pas choisi cette ville. Elle vous a choisi. Parce qu'un héros n'est pas quelqu'un qui vit au-dessus de nous et nous protège. Un héros n'est pas un dieu ou une idée. Un héros vit là, dans la rue, parmi nous, avec nous. Toujours présents, rarement reconnu. Regardez dans le miroir et voyez-vous tel que vous êtes vraiment. Vous êtes un New-Yorkais. Vous êtes un héros. C'est votre Hell's Kitchen. Bienvenue chez vous. ❞

Ses doigts glissaient sur les touches du clavier depuis déjà un bon moment. Ce sujet lui semblait être une évidence, mais Karen avait mit un peu de temps avant de le trouver, et de commencer à le rédiger pour son nouveau patron. Ses yeux se posèrent sur l'une des fenêtres de son bureau, la nuit était déjà tombée, et des flocons de neige commençait à tapisser les trottoirs. Les guirlandes lumineuses accrochées un peu partout dans la pièce, et la bouteille de scotch emballée sur son bureau lui rappelèrent que ce n'était pas un jour ordinaire. Un soupire lui échappe. Le visage enfouit dans ses mains, Karen se mettait à repenser à tous les évènements de ces dernières semaines. Il y avait bien trop de choses à supporter, un poids relativement lourd pour des épaules aussi fragiles que les siennes. Elle avait frôlé la mort à plusieurs reprises, et sa vie sociale se dégradait au fur et à mesure du temps. C'était dans ces moments-là que la jeune femme se demandait pourquoi elle avait quitté sa petite ville bien tranquille du Vermont. Devenir caissière à la petite supérette du quartier n'aurait pas été une mauvaise chose au final. Complètement noyée dans ses pensées, les vibrations soudaines de son téléphone la ramenèrent à la réalité d'une manière assez brutale. L'image qui s'affichait sur l'écran de ce dernier la laissa perplexe: Matthew. Décrocher ou ne pas décrocher ? Pourquoi appeler le soir de Noël, surtout après ce qu'il s'était passé entre eux. Le cabinet était dans une très mauvaise passe, chacun avait besoin de s'éloigner des autres, alors pourquoi ? Rongée par la curiosité, Karen se décida enfin à glisser son doigt sur l'écran tactile pour prendre l'appel.

Le visage à moitié caché dans le col de son manteau, Karen marchait en direction du cabinet. Le froid lui fouettait le visage. Matthew lui avait demandé  de venir, sans en révéler la raison, il n'en fallait pas plus pour piquer sa curiosité. Elle s'arrêta au passage dans une de ses chaines de restauration rapide pour s'acheter un café à apporter. Elle en avait bien besoin pour supporter le manque d'heures de sommeil de ces derniers jours. Tout en le sirotant calmement, elle faisait frénétiquement claquer ses talons sur le bitume enneigé, pressée de se mettre au jour, mais surtout de découvrir ce que Matthew pouvait bien lui vouloir. Après la découverte d'une femme dans son lit, Karen avait mit fin à leur début d'idylle. Depuis les relations entre eux étaient tendues, elle faisait tout pour l'éviter, pour éviter de voir ce visage qui lui avait apporté tant de bonheur, mais tant de souffrance à la fois. Arrivée au cabinet, elle jeta son gobelet vide dans la corbeille à l'entrée avant de retirer son manteau pour le mettre sur le dossier de la chaise et de s'installer à la fenêtre. Beaucoup trop nerveuse pour pouvoir rester sagement assise à attendre, elle préférait observer la vie à l'extérieur, regarder ces gens totalement insouciants, et heureux de fêter Noël. Quelle fête idiote. Le bruit de la porte la retire de ses pensées, Matthew est arrivé. Les battements de son cœur deviennent soudainement beaucoup moins régulier que d'ordinaire. Une boule se noua dans le fond de sa gorge, et ses mains se crispèrent instinctivement, agrippant au passage un pan de sa robe. Le voir lui faisait mal. Aucun mots n'arrivaient à sortir de sa bouche, aucun. Le silence. Finalement, Karen décida de se rapprocher, un pas, un deuxième, puis un dernier avant de s'immobiliser derechef.  « Qu'est-ce que je fais ici Matt' ? » La seule et unique question qui avait réussi à franchir ses lèvres. Pourquoi était-elle là ? Il lui fallait une réponse au plus vite, pour pouvoir retourner à son article, mais surtout pour s'éloigner de Matthew.

’ai … J’ai quelque chose qu’il faut que tu voies. » Simplement ? Karen posa son regard sur le petit sac en papier que tenait Matthew. Un emballage simple voir grotesque, mais elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer ce qu’il pouvait bien contenir. « Si c’est un cadeau je n’en veux pas. » Son regard se détourna brièvement, il lui était devenu difficile de le regarder sans que des souvenirs lui reviennent en mémoire, et l’enfoncent un peu plus dans sa peine. De plus, il était hors de question d’accepter un quelconque cadeau de sa part, simple question de fierté féminine. D’un geste bref et nerveux, elle rangea une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille. « Ecoute, Matt’ je …. » Karen fut coupée dans sa phrase lorsque ce dernier dévoila enfin le contenu du sac. Incrédule, surprise mais surtout choquée, son regard jongla entre le masque et Matthew. Cette situation était devenue bien trop étrange, qu’est-ce que cela pouvait-il bien signifier ? Étrangement, la vision du masque la replongea dans le souvenir sombre mais rassurant de sa première rencontre avec le Diable de Hell’s Kitchen. Cette nuit-là sa vie avait complètement basculée, et pas forcément du bon côté, mais la présence de cet homme vêtu entièrement de noir l’avait en quelque sorte réconforté, et lui avait donné l’étrange sensation qu’il serait toujours là quand ça n’irait pas, telle une ombre planante. Cette rencontre avait totalement marqué sa vie à jamais. « Je suis Daredevil. » Karen sentit son cœur se serrer d’avantage, et eut l’impression de glisser dans un trou noir. Une chute vertigineuse qui lui donnait la sensation d’être au beau milieu d’un rêve Oui c’est ça, ce n’était qu’un rêve, et elle allait bientôt se réveillée à son bureau, non ?

Perdue entre la réalité et le rêve, Karen avait un regard vide, mais gardait cependant les yeux rivés sur Matthew. Tout se mélangeait, divers souvenirs en complétaient d’autre, tandis que certains permettaient de compléter le puzzle de ses absences non justifiées à répétition. Mais surtout, cela expliquait les diverses blessures dont il faisait étalage chaque jour. Elle se rapprocha doucement, levant une main pour prendre le masque qu’il lui tendait. Elle hésita quelques instants, comme si toucher ce masque la plongerait dans une réalité qu’elle refusait de croire. L’objet se retrouva finalement entre ses mains, Karen l’observa sous tous ses angles, et caressa d’un geste plutôt tendre les bords de ce dernier, qui la plongea derechef dans ses souvenirs. Celui de sa deuxième rencontre avec Daredevil, lorsque des ninjas sorties d’on ne sait où avaient kidnappé toutes ces personnes que le Diable de Hell’s Kitchen avait sauvé, et qu’il était venu dans cette entrepôt et s’était attardé sur la jeune femme. La façon dont il lui avait pris le visage, la texture de ses mains, le son de sa voix… sur le coup tous ces détails lui étaient familiers, elle comprenait pourquoi maintenant. Elle releva la tête pour poser de nouveau son regard sur Matthew. Elle ne savait quoi dire ou quoi faire. Un tourbillon de sentiments, mélangeant rancœur, douleur, soulagement et espoir. La rancœur de n’avoir pas été mise dans la confidence plus tôt, qu’il ait caché sa double vie depuis tout ce temps, mais le soulagement de savoir que cet homme en rouge n’était pas totalement un inconnu, et surtout qu’il pourrait la protéger. Un bref instant de pur égoïsme. Lentement, et avec précaution, Karen rendit le masque à son propriétaire, avant de se retourner, ne voulant pas lui faire face plus longtemps. « Pourquoi ? …. Pourquoi me le dire ? » C’était terminé, dorénavant elle allait devoir vivre avec cette révélation, sa vie allait définitivement prendre un tournant radical, bien trop radical à son goût. Cependant elle se sentait blessée de ne pas l’avoir su beaucoup plus tôt, par le fait qu’il lui ait menti tout ce temps, et ce malgré les quelques moments qu’ils ont pu passer ensemble et leur rapprochement. Pourquoi choisir ce moment pour le dire ? Quand tout est fini, quand ils n’ont plus rien à partager hormis une relation purement professionnelle. Une larme roula sur sa joue, puis une seconde. Elle ne pouvait plus se contenir, toutes ces émotions à la fois avaient réussir à lui faire perdre son sang-froid. Elle serra les poings avant de se retourner pour s’avancer d’un pas décidé vers l’avocat. Elle leva sa main, mais cette dernière se retrouva aussitôt suspendue dans l’air, immobile, comme perdue dans le temps. Non, Karen ne pouvait pas le gifler, elle n’y parvenait pas et ce malgré toute la rancœur qu’elle possédait à son égard. Elle ne pouvait pas se rabaisser à ce geste égoïste alors qu’il lui avait sauvé la vie à de nombreuses reprises. Certes son égo de femme amoureuse venait de prendre un sacré coup, mais la petite fille apeurée en elle ne parvenait pas à frapper son héros. Elle rabaissa sa main pour attraper un pan de sa robe nerveusement. Du revers de sa main libre elle s’essuya les joues. « Au moins tu n’auras plus à utiliser l’excuse d’être tombé en descendant tes poubelles maintenant. »

éception. C'était le seul mot qui lui venait à l'esprit. Elle se sentait trahie. Une sensation bien ridicule, mais elle lui avait donné toute sa confiance, et apprendre ainsi la vérité était douloureux. Bien trop douloureux pour contenir ses larmes. Elle s'accrochait au pan de sa jupe, comme à l'espoir de retrouver un jour une vie normale. « Je suis fatigué de mentir Karen. Toi et Foggy, vous êtes ce que j'ai de plus cher … Vous méritez la vérité.»  Un battement irrégulier. Son cœur venait de réagir à ces mots, qui lui procuraient malgré elle une brève sensation de chaleur. L'entendre prononcer ces mots l'avait tiré de sa torpeur. Foggy était donc au courant, ou bien allait l'être incessamment sous peu. Elle se demandait comment allait devenir l'ambiance au cabinet suite à cette révélation. Elle ne serait plus la même assurément, et là était le problème. Ces rires, cette complicité entre eux étaient le pilier de Karen, un point stable sur lequel elle pouvait s'appuyer, et si il devait disparaître elle ne saurait comment réagir.

« Je suis désolé. » De nouveau cette étrange sensation. La haine se mélangeait à l'amour. Elle ne pouvait pas se mentir, elle avait toujours des sentiments pour lui, et ce même si elle essayait de les enfouir, de les briser par tous les moyens, ils refaisaient surface à chaque fois que ses yeux se posaient sur lui. Pourquoi tant de faiblesse. En le voyant tenir son masque aussi nerveusement, Karen resserra son étreinte sur le pan de sa jupe. Elle n'avait qu'une envie, fuir. Fuir ou bien le prendre dans ses bras, faiblir, abandonner le combat entre son cœur et son esprit, se laisser aller. Seulement pour le moment son esprit avait le dessus, et il était hors de question de craquer aussi facilement, après tout ce temps a avoir été menée en bateau, en quelque sorte. Même si elle l'aimait, cela ne donnait pas le droit à Matthew de lui faire du mal.«  Ce masque … Il fait partie de moi. Il n’y a pas de Matt Murdock sans Daredevil. J’ai cru qu’en vous cachant la vérité je vous protégeais. J'ai essayé de vous tenir à l'écart, de m'éloigner de vous. J’avais tort. » Bien évidemment que tu avais tort. Tu ne t'es pas rendu compte que j'avais besoin de toi ? De ce semblant de bonheur, de normalité ?

En le voyant s'approcher, Karen ne bougea pas. Elle fixa cette main, qui venait doucement se poser sur sa joue pour essayer, balayer les traces de sa peine. Elle ferma les yeux sous ce contact, et se remémora l'espace d'un instant ce soir de pluie. Non, Karen. « Te protéger contre quoi … ? Tu as été égoïste sur le coup, oui. Je pense t'avoir prouvé à de nombreuses reprises que je n'étais pas aussi fragile qu'il n'y paraît, j'aurais pu supporter ce fardeau avec toi... tu aurais pu t'appuyer sur mon épaule, au lieu de fuir. » La rancoeur faisait de nouveau surface. Elle se redressa, et lâcha enfin sa jupe. « C'est ce qui me blesse le plus. Le fait que tu n'ai pas eu assez confiance en moi pour me le dire, et qu'il ait fallu traverser tout ça pour que tu daignes enfin dire la vérité. » S'en était trop. Toute cette douleur devait sortir, s'exprimer. Elle s'approcha à son tour de lui, mais laissa une légère distance entre eux. Ses yeux examinait chaque partie de son visage, qu'elle n'avait pas vu d'aussi près depuis longtemps. Elle attrapa doucement son poignet. « Cesse de faire les choses seul Matthew. Tu aurais du le dire plus tôt que tu avais besoin d'aide … » Un léger sentiment de culpabilité la traversa. Elle aurait du le voir plus tôt, au lieu de le laisser se noyer dans cette double-vie.