Au mauvais endroit au bon moment (Etat de Virginie) w/ Samuel

« Où est ce que tu te caches ?! » grommela Leila en tapant frénétiquement sur son laptop tandis que l’hélicoptère atterrissait. Le pilote indiqua à la jeune femme qu’ils étaient arrivés et qu’il ne pouvait rester plus longtemps sur la zone. La demoiselle acquiesça puis sorti pied nu sur le tarmac, ses talons dans une main, son sac à dos dans l’autre. Elle ne savait comment elle avait réussi à se faire financer un voyage au frais de la chaine de télévision pour laquelle elle bossait sans qu’on ne lui demande d’emmener avec une équipe, prétextant un repérage. Repérage mon œil. Cela faisait des semaines qu’elle avait mis ses petites mains favorites sur le sujet. Retrouver Captain America. Tout cela n’avait rien d’officiel, bien sûr, mais la curiosité l’avait emporté sur tout le reste. La curiosité et un vague sentiment de devoir aussi, bien qu’elle ne sache absolument pas comment elle pourrait aider l’Avengers mis à pied et son équipe. Son équipe … le cœur de Leila loupa encore un battement tandis que l’hélico s’élevait dans les airs.
Elle était à une heure de marche du lieu présumé, une heure, en talon ça allait être long. Mais les baskets ça n’était pas fait pour elle, ni le jogging d’ailleurs, elle se sentait toujours bien plus d’attaque et sereine en tailleur, allez savoir, si elle tombait vraiment sur le Captain autant avoir l’air d’une vrai journaliste, si tant était qu’il accepterait de parler à une journaliste bien sur…
« Allez ma grande, en route. » Leila rangea son ordinateur dans son sac à dos. Enfila ses chaussures et se mit en route tout en observant de manière méthodique le petit point rouge qui indiquait sa position, et les petits points bleu de l’itinéraire qu’elle devait suivre qui se trouvait affiché sur son téléphone.
Il faisait étonnement chaud aujourd’hui, et Leila se surpris à plusieurs reprises à devoir aplatir de sa paume la mèche sur son front qui bouclait. Le portable affichât un nouveau message, plus que quarante-cinq minutes de marche. Quarante-cinq c’était énorme et surtout il fallait passer par des zones si peu accessible qu’elle se demanda si on ne c’était pas foutu d’elle sur ce coup. Sa petite armada de geek avait réussi à faire en sorte de pirater des petits satellites indépendants et à suivre les dernières traces que les renégats des Avengers avaient laissés derrière eux, rien n’était donc certain, c’était comme suivre le petit poucet et ses cailloux blancs au milieu de la jungle. Autant dire un vrai parcours du combattant, mais il en fallait plus pour dissuader une fan d’investigation comme Leila Taylor.
Après deux arrêts afin de boire un coup et de reposer ses pieds meurtries, Leila concédât qu’il était plus prudent de continuer sans talons, et c’est pieds nue qu’elle arrivât au point clignotant indiquant son lieu d’arriver présumer. Regardant autour d’elle, la journaliste se mit à serrer des dents et à taper du pied. Ici il n’y avait rien, rien du tout, elle était pour ainsi dire nul par, et ce n’était pas plaisant d’être nulle part. On l’avait mené dans un cul de sac, enfin pour ainsi dire, et c’était des plus frustrants. Éteignant son portable, Leila le rangea dans son sac et s’assit sur le sol poussiéreux. Tant pis pour l’interview exclusive de Steve Rogers, tant pis pour ses espoirs, tant pis pour toutes les questions qu’elle avait pour les membres de l’équipe tant pis pour sa curiosité maladive, tant pis pour ses chaussures … si un jour elle était amenée à croiser le blond au bouclier, il devrait néanmoins lui en racheter une paire et de la même couleur, non mais oh !
Reprenant son courage à deux mains, Leila se décida tout de même à scruter les lieux, après tout une base secrète ça devrait bien avoir un bouton caché qui faisait apparaître un grand manoir invisible, ou bien ouvrir le sol en deux pour en faire sortir un jet. Il paraîtrait qu’ils ont ça dans l’école de mutant… Leila avait toujours trouvé cela bien trop énorme pour être vrai, mais bon à présent les dieux tombaient sur terre et les mutants montaient des armées alors qu’est ce qui pourrait bien être irréaliste dans ce monde si on suivait la logique.
Quelques pas, et ce fut le drame, un trou qu’elle n’avait pas vu, quelques cailloux qui agrippent ses collants et la voilà à terre, la cheville retournée et le mollet rougit par son propre sang.
Steve Rogers lui devrait aussi une paire de collant !
« Eh merde merde merde merde merde ! C’est pas possible …aïe …bon ok c’est pas cool … aïeuh … bon ok on bouge plus Leila, on respire on se calme, on va trouver une solution. Oh mais je deviens complètement timbrée moi à parler à voix haute comme ça au milieu de nul part. La Virginie c’est nul. NUL NUL ! »
Leila le savait très bien, crier comme ça au milieu d’une sorte de foret, perdu au fin fond de la Virginie, alors qu’on a la cheville tordu et le moral au fond des chaussettes, cela fait le plus grand bien. Bon c’était certes la première fois qu’elle se trouvait dans cet état au milieu d’une forêt en Virginie, mais elle était persuadée que cela lui ferait du bien, et c’était tous ce qui comptait pour le moment.

Les vieilles mauvaises habitudes ont la vie longue, et vous mènent la vie dure. Depuis l’enfance Leila n’avait su tenir en place, se mettant toujours dans les pires situations, n’arrivant pas à rester là où on lui disait qu’était sa place, et la preuve en était qu’aujourd’hui encore, dans un trou perdu en Virginie, elle c’était mise dans le pétrin jusqu’au cou. Sa seule solution était de prendre son téléphone et d’appeler quelqu’un à l’aide, mais au vue du lieu il était certain qu’un taxi ne viendrait pas la chercher et que ses quelques rares amis prêts à l’aider ne trouveraient pas le chemin. Il fallait donc qu’elle se débrouille seule, avec une cheville endoloris et son GPS. Scrutant autour d’elle il lui fallut dix bonnes secondes pour reconnaître le chemin qu’elle avait emprunté à l’allée. L’hélicoptère n’était pas sensé venir la récupérer avant ce soir. Mais qu’avait-elle donc cru ? Qu’elle allait trouver le repère des anciens vengeurs et qu’ils allaient lui offrir du thé et des petits gâteaux tranquillement avant qu’on daigne venir la chercher ? Bien souvent on lui avait dit qu’il fallait toujours avoir un plan B dans la poche, seulement les plan B ce n’était pas le truc de Miss Taylor, qui préférait partir tête bèche dans l’aventure, quitte à avoir de gros ennuis. Mais enfin, comme toujours elle réussirait à s’en sortir, par quel moyen, là était la question.
Attrapant son sac, Leila se mit à la recherche de son téléphone qu’elle avait balancé à l’intérieur quelques minutes avant sans ménagement. Autour d’elle la forêt semblait soudain plus dense et bien moins accueillante qu’elle n’avait pu l’être auparavant, une vision quelque peu déformé des choses en raison de l’adrénaline sans doute.
Leila n’avait pas entendu les pas, ni senti la proximité d’un être vivant, ainsi lorsqu’une voix interrompit sa recherche elle ne put s’empêcher de pousser un petit cri de stupeur et de coller sa main sur sa poitrine, son cœur c’étant accéléré à un rythme bien trop élevé pour elle. Cette voix, elle l’a connaissait, la tonalité, la prononciation … retournant vivement la journaliste vit bientôt un visage bien familier malgré les années passés sans le voir de ses propres yeux. Sam Wilson. Il n’y avait pas de doute sur l’identité de l’homme qui se trouvait à présent devant elle. Ses paupières s’écarquillèrent, puis un sourire vint se coller sur ses lèvres pulpeuses dévoilant sa dentition parfaite, bien loin de celle qu’elle avait plus jeune, merci aux orthodontistes, ce sourire lui avait servi bien souvent, mais aujourd’hui il était à la fois sincère et ému.
« Samuel Wilson ! » En d’autres circonstances elle aurait certainement été serré la main de cet homme se contrôlant pour ne pas lui sauter au cou et redevenir la gamine d’Harlem qu’elle avait été jadis, gardant toujours dans son champ de vision ce garçon un peu plus beau et charismatique que les autres au milieu de la ruelle crasseuse dans laquelle ils avaient grandis tous les deux. Mais là elle se retrouvait bloqué à terre, le temps que sa cheville désenfle quelque peu, alors elle ne fit qu’un simple signe de la main, imitant le salut militaire d’un air désinvolte en posant son majeur et son index sur le dessus de son sourcil avant de laisser retomber sa main sur sa hanche, tentant de garder une position aussi féminine que possible.
« Tu tombes à pic ! Je cherchais le comité d’accueil. »
L’air malicieux de Leila, ponctua son sourire d’une légère fossette, et un éclat victorieux s’inscrivit dans ses yeux. Elle l’avait trouvé, elle les avait trouvé, il ne pouvait en être autrement, la planque des renégats n’était pas loin, sinon pourquoi tomberait-elle ainsi au milieu de nulle part sur un membre de cette team, car oui, qui n’était pas au courant à présent que le Faucon était devenu l’ombre de Captain America.
Scrutant un instant Sam dont le physique c’était particulièrement bien développé, grâce à ses années à l’armée et à son entrainement continu afin de faire de lui le protecteur des faibles et des bonnes causes, Leila remarqua l’arme de poing qui se trouvait sur lui et ne put s’empêcher une moue amusée.
« C’est pour moi tout ça ? »
Le doigt pointé sur l’arme, ne pouvant quitter ses yeux de l’objet, Leila tenta de noter mentalement ce qu’elle reconnaissait de celle-ci et se maudit de ne pas s’y connaître plus en arme, elle aurait pu savoir qui finançait les anciens membres des Avengers dans ce cas. Mais enfin-là n’était pas le plus gros souci de la journée, tout d’abord elle avait trouvé ce qu’elle cherchait, certes, enfin presque, mais surtout, maintenant elle devait certainement trouver une explication plausible aux yeux de Samuel concernant sa présence ici. Une explication qui serait d’ordre à ne pas se faire détester par son héros d’enfance serait le mieux, alors autant ne pas parler tout de suite de la note de frais concernant son expédition qu’elle comptait remettre à Captain America.

Le rire de Sam se fit entendre en écho dans la forêt tandis que Leila portait ses yeux sur lui à nouveau, se rendant compte qu'il n'y avait en lui aucune animosité, aucune crainte quant à sa présence ici. À croire que la surprise avait laissé place à l'amusement. Samuel Wilson avait toujours représenté dans les pensées de la jeune femme un être un peu à part, quelqu'un sur qui on pouvait compter. Petite déjà elle le voyait comme ce grand-frère protecteur, lui ne l'avait sûrement vu jusqu'ici que comme une gamine turbulente et la situation dans laquelle elle se trouvait à présent, ne jouait certainement pas en sa faveur pour le faire changer d'avis, malgré la tenue. Laissant Sam s’accroupir près d'elle et observer sa cheville, Leila laissa ses pensées divaguer un instant tandis qu'elle ne pouvait quitter son profil des yeux. L'armée avait fait de lui un homme fort aux traits marqués, mais il restait très bel homme, et le sourire en coin dont il l'a gratifiait tendis qu'il rangeait son arme lui allait très bien. Quelque part au fond d'elle Leila remercia les cieux qu'il ait gardé cette forme d'humour si particulière, même en de pareilles circonstances.
Sam se redressa et lui tendis la main. Sans hésiter la journaliste la prit et se releva en essayant de s'appuyer le moins possible sur sa jambe endoloris. Gardant comme elle pouvait son équilibre, elle entreprit de depoussiérer ses vêtements du plat de la main, quitte à être arrivé jusqu'ici élégante, au moins le rester encore un peu. Les questions de Sam la firent suspendre son geste et elle reporta son attention sur lui. Bien évidemment, elle n'avait pas échappé aux questionnements de l'ancien petit gars de Harlem bien longtemps. Elle aurait dû s'en douter, il avait certainement autre chose à faire que de jouer les infirmières, et une fois les réponses à ses questions données il s'en irait certainement, où l'enfermerait dans un cachot sombre dans leur nouvelle tanière, ou bien la livrerai au reste des Avengers renégats, ou lien la jetterait du haut d'un pont ... Les pensées de Leila défilaient à toutes allure tandis qu'elle se demandait quoi faire, bien évidemment Sam était quelqu'un de bien et il ne l'a jetterait certainement pas du haut d'un pont, même si elle lui disait la vérité, et mentir serait certainement une pire idée. Poussant un long soupir, Leila prit son courage à deux mains, et plongea son regard dans celui de Samuel.
« Je suis à la recherche de Captain America. »La sentence était tombée, elle ne pouvait faire marche arrière, et même si elle le pouvait elle ne le ferait certainement pas, il fallait qu'elle explique rapidement sers intentions à Sam avant qu'il ne se fasses des idées, ou bien qu'il décide de vraiment la laisser là définitivement, livrée à son propre sort.
« Enfin avant j'étais à sa recherche pour un article, mais maintenant ... enfin je ne sais pas, je pense qu'il devrait donner son avis lui aussi. Je veux dire qu'il n'a fait aucune déclaration. Vous êtes tous en fuite, caché je ne sais où, j'ai mis un temps infini à retrouver votre trace. »Puis un sourire illuminât le visage de Leila, ici, il était loin des recommandations de sa chaîne, des accords qui allaient être signés et qui la faisait bouillir de l'intérieur, présentant le pire à venir, elle pouvait enfin dire le fond de sa pensée à quelqu'un. Quelqu'un qui l'écouterait sans aller le répéter à ses supérieurs au risque de la faire virer de son poste.
« Agir dans l'ombre ce n'est pas la bonne solution. Je te retourne la question, pourquoi venir VOUS enterrer dans les bois de la Virginie. »
Elle avait agi sur un coup de tête, cela lui ressemblait bien. Un peu trop même. Et ses paroles un peu confuse et pourtant si direct lui rappelait alors l'enfant qu'elle avait été, si il fallait se battre pour quelque chose de juste, il ne fallait pas le faire en ayant honte, c'était une des choses que Harlem lui avait apprise et elle y croyait encore. La jeune femme aurait aimé ajouter un mot sur le fait que la Virginie était d'autant plus le pire endroit pour se cacher au monde mais, la douleur dans sa cheville décida de se réveiller à ce moment là et elle ne put refrener une grimace tout en baissant la tête vers son pied meurtrit en faisant la moue. Adieu les talons pour quelques semaines, elle en avait soudain bien peur.