I need your help [Tony & Reine]

J'ai très mal dormi cette nuit, comme si souvent ces derniers temps. J'ai terminé d'aménager mon appartement tard hier soir et par la suite trouver le sommeil n'a pas été une mince affaire. Tellement de pensées (surtout négatives) se chamaillent dans ma tête. Cela m'épuise d'en un premier temps, me tient éveillé d'angoisse par la suite. Il y a encore une foule de choses à régler concernant mon immigration pour travailler à New-York. Les formulaires sont longs et complexes, les détails ne pouvant pas être oubliés sinon le processus est à refaire. On dirait que j'ai un abonnement au Ministère de l'immigration depuis la dernière semaine. Je dois y mettre les pieds à tous les matins, me faisant perdre de très nombreuses heures en attente et en explications. C'est d'ailleurs où je me trouve en ce moment même pour, je l'espère, la dernière fois. L'agente qui s'occupe de moi est par chance très sympathique et à son affaire, cela me simplifie grandement la tâche. Ces séjours au quarante-huitième étage de l'un des plus gigantesque gratte-ciel que j'ai vu de ma vie n'en reste pas moins ennuyeux. Je prends mon mal en patience en observant les gens. J'en reconnais quelques uns pour les avoir vus la veille ou bien même le jour d'avant. Je ne vais pas vers eux, je n'aime pas trop sociabiliser de la sorte dans les salles d'attente. Je me contente de sourire si on me fait une blague ou un compliment sur mon apparence, puis je baisse les yeux sur mes mains. De temps à autre on me pose des questions. Je réponds donc brièvement si je connais la réponse, sinon je me contente d'indiquer du doigt la secrétaire à la réception. Non je ne sais pas quand Monsieur Smith rentre de vacances. Oui les bureaux ferment bien à seize heures. Il y a des toilettes près de l’ascenseur à gauche. Je n'ai jamais été à l'aise dans une foule, même dans un groupe restreint. Je me fais donc toute petite, évitant les contacts visuels qui insisterait à la conversation. Je suis ici pour régler mon cas, je ne veux pas me faire des amis. Pour m'aider à endurer l'attente infernale, j'attrape une revue au hasard et je l'ouvre sur la tête d'un homme dans la quarantaine. Je hausse un sourcil en le reconnaissant. Le célèbre Tony Stark, ici répondant à une interview à potin sur sa carrière et sa vie amoureuse. En tournant la page, je constate que les pages suivantes sont remplis de ses propos et de photos de lui et de l'armure Iron Man. Je suis tombé sur une édition spéciale on dirait. Selon la date de la revue, le tout remonte à un an. À cette époque là je vivais toujours à Montréal et m'a vie était bien différente. La sienne n'a pas du énormément évoluer Il est toujours milliardaire et aimé. Je referme la revue, ayant comme un goût amère dans la bouche et la jette sans ménagement sur les autres. Je n'ai plus envie de lire si c'est pour qu'on me raconte la vie mille fois meilleure d'un autre. Je regarde ma montre. Je soupire devant l'insatisfaction que ça me cause. Je me lève avec l'intention de me rendre au toilette. Je dois me calmer. Stresser n'aidera pas à faire en sorte que mon agente puisse me recevoir plus rapidement. Je m'enferme dans un cabinet et je prends de grandes inspirations pour décompresser. Lorsque je sens que mon corps se détends, je sors de là et ose confronter ma tête dans le miroir. Mes cernes d'insomniaque sont bien présentes, malgré un léger maquillage pour tenter de les couvrir. Je me mouille les mains sous le robinet avec de l'eau glaciale et tente de soulager mes paupières gonflées. Je passe ensuite mes doigts sur mon front, ne me surprenant pas en le sentant brûlant. Toute cette histoire d'immigrer à New-York est en train de me rendre malade. Je ne sais pas pourquoi je m'entête à persister.

Après avoir admirer ma tronche dans le miroir quelques minutes, je soupire pour me donner de la motivation. Je me redresse et initie de retourner dans la salle d'attente. Sauf que le sol commence à vibrer. D'abord, la sensation est très légère, mais le tremblement devient si puissant que je tombe à la renverse. Je ne comprends pas ce qui se passe. Je reste paralysé, à quatre pattes au sol. Je commence à sérieusement avoir peur lorsque les murs semblent se tordre autour de moi. Celui du fond se fissure d'ailleurs, m'arrachant un cri de surprise. Je tente de fuir ce petit espace clôt, mais le sol aussi se met à craquer. Je me sens glisser vers l'arrière, là où le mur est éboulé. Le sol n'est plus à niveau, voilà pourquoi. Je ne peux stopper la chute. Je cri en me voyant foncer droit sur ce qui est détruit. Je ne veux pas mourir, c'est la seule pensée qui m'anime. Le reste, tous mes innombrables soucies et problèmes, ils ne comptent plus du tout à mon esprit. Je me cogne finalement contre une partie du mur qui est tombée et cela arrête ma glissade. Je tente de me servir de ce débris pour me relever, mais alors le sol se dérobe complètement sous mes pieds. Je tombe de quelques mètres et atterrie sur d'autres débris de plâtres et de bois. L'impact me coupe le souffle, m'envoyant une salve de douleur dans le bas du corps. Je perds presque connaissance sur le coup, ne sentant plus mes jambes à ce moment là. Mon dos à prit cher et le nuage de poussière qui m’entoure m'empêche de voir clairement où je suis tombé. La logique se veut que je sois au quarante-septième étage. Sauf que tout est détruit et je ne sais pas pourquoi exactement. Je n'entends rien d'autre que les alarmes d'incendie qui beuglent autour de moi. De toute façon, ma tête tourne beaucoup trop pour que je distingue autre chose. J'ai vraiment envie de fermer les yeux et de m'endormir. Sauf qu'il y a une chose qui me tient très éveillé. Une douleur qui est si forte que les larmes me viennent aussitôt. En tentant de m'extraire du tas de débris dans lequel je repose, je constate un morceau de métal qui bouge à l'unisson de mon corps. Je réalise avec horreur que le morceau est incrusté dans ma cuisse droite. Le saignement est mineur ce qui me rassure aussitôt. Peut-être que j'ai tord de croire cela, mais à première vue le métal n'a pas coupé l'artère fémorale de ma jambe. Je n'arrive pas à passer mes mains sous ma cuisse pour vérifier qu'une fuite de sang ne s'y trouve pas dissimulé. Donc rien n'est sur. Je ne peux pas me déplacer tant que le morceau est là. Il m'est également impossible de le retirer puisque si je perds connaissance, il y a de fortes chances que je meurs au bout de mon sang. La pièce métallique pourrait être ce qui retient une hémorragie de se déclencher. Mais qu'est-ce que je dis là? Je ne suis pas médecin, ce ne sont que des suppositions basées sur des connaissances télévisuelles du domaine médical. J'aime beaucoup les télé-séries de ce genre. Peut-être que j'aurais du me concentrer davantage sur l'aspect théorique que sur les romances entre les personnages. Je commence à avoir de la difficulté à respirer avec toute cette poussière! D'où vient-elle, bon sang? D'un feu pas très loin? Je ne saurais dire mais j'ai la tête qui tourne et tousser ne suffit plus. Je n'ai pas d'autre solution que d'appeler à l'aide. Y a-t-il seulement des survivants dans la salle d'attente? Est-ce mon isolement qui m'a sauvé la vie? Si seulement je pouvais entendre autre chose que les alarmes de feu, je pourrais éclaircir ce mystère. Je tente donc de crier par dessus le bruit surpuissant, sans grand espoir :

-À L'AIDE! S'IL VOUS PLAÎT, AIDEZ-MOI! JE SUIS ICI!

Je cris plusieurs minutes d'affiler avant que ma voix ne soit complètement engourdie par la fumée et la poussière. Quelques tremblements se font sentir sous moi. La peur me paralyse à nouveau, mais heureusement cela cesse aussi subitement que ça a commencé. D'autres sons me parviennent au loin. Très loin. Des échos. Comme des détonations d'arme à feu, je dirais. Seigneur, qu'est-ce qui se passe ici? Malgré ma voix enrouée et mon faible souffle, je cris à nouveau :

-AIDEZ-MOI!

À force d’être assourdie par les sons surpuissants et de respirer la fumée toujours plus épaisse, ma tête finit par s’alourdir au point où je ne peux plus la soutenir. Je ne suis pas dans une position idéale pour m’allonger, alors la gravité entraîne ma tête engourdie contre un gros morceau de béton à ma droite. Ma tempe si colle et la froideur du débris de me fait frissonner. À vrai dire, mon corps entier est glacial. Tétaniser par le stress de l’évènement, mes muscles endoloris perdent de leur chaleur à mesure que je me sens m’évanouir. Je ne suis plus capable de crier à présent. J’ai abandonné l’idée bien avant. Je suis destiné à mourir sous ces décombres, dans l’ignorance la plus totale. Je n’arrive plus à penser avec cette tête dans un si mauvais état. Je ne sens plus cette maudite jambe blessée. Tout ce que je perçois à vrai dire c’est les vibrations dans le sol causées par des tremblements ou des détonations. J’espère mourir avant que le plancher du quarante-septième étage ne s’écroule lui aussi.

Au moment de fermer les yeux, je perçois une nouvelle vibration dans mes tripes. Pas celle auxquelles je suis familière à présent. C’est comme un écho, un autre cri au loin. Une voix en faite. Elle est forte et si claire que je l’entends malgré l’état lamentable de ma tête et tous les autres sons environnant. On me demande de ne pas bougez, qu’on va venir me sortir de là. Je me sens revivre. Ma respiration s’amplifie, me permettant de chasser l’étourdissement qui me gagne. L’oxygénation m’aide aussi à me concentrer, à réaliser que je suis toujours vivante. Je m’accroche à ce qui m’entour et je me redresse, trouvant la force de soulever ma tête fatiguée. Je regarde autour de moi à nouveau. Les choses se sont empirées. Tout est de plus en plus noir et poussiéreux. D’ailleurs, mes toussotements sont les seuls sons qui s’élèvent de ma gorge. Je lutte contre un ennemi particulièrement vicieux. Toute cette fumée qui pénètre dans mes poumons à chaque inspiration, j’ai l’impression qu’elle va finir par m’étouffer. Cette sensation d’être asphyxié lentement est très paniquant. Je tente d’appeler la voix vers moi pour qu’elle se dépêche de me sortir de là. J’ai besoin de respirer de l’air frais. Sauf que mes cordes vocales sont trop irritées pour produire davantage qu’un râle à chaque respiration. J’ai alors une idée un peu bête. J’agrippe un morceau de béton et je l’utile pour produire une percussion avec une plaque de métal tout près. Le son vibre dans toute ma main, remontant jusqu’à mon épaule. Je ne sais pas si c’est perceptible à travers le vacarme ambiant, mais je m’accroche à l’idée que oui.

Un éboulement se produit alors, m’arrachant un cri sourd de ma voix cassée. Je couvre ma tête de mes bras, ne recevant heureusement que très peu de gros débris. En majorité de la poussière me tombe sur la tête. Je me sens alors paniquer encore un peu plus. J’halète comme si je me noyais, me débattant avec mes bras dans des vagues imaginaires. Je perçois alors une masse se déplacer au dessus de moi. En relevant un regard terrifié, je découvre une paire d’yeux lumineux. Par la suite, je reconnais les formes et le visage de la célèbre armure Iron Man. Mon cœur se serre en le voyant être là pour moi. Je ne pense plus à rien depuis un moment, alors je ne saisis pas encore pourquoi il est là. Toutefois, j’ai par instinct le réflexe de tendre les bras dans sa direction. Des larmes couvrent mon visage sali par la poussière, créant des délimitations plus foncées. Mes mains sont grandes ouvertes vers lui, comme si ainsi je pouvais saisir son armure et m’envoler avec lui hors de cet enfer. J’ai toujours énormément de peine à respirer, mais à présent j’ai un point sur quoi focaliser. Mon attention toute entière est portée sur la seule personne pouvant potentiellement me secourir. Ma vie est littéralement entre ses mains. Je n’ai pas peur étrangement, je suis seulement si fatigué de lutter. Lorsqu’il s’approche, je pose une main sur le métal de son armure. Elle est tiède, ce qui me surprend au point que je perds ma concentration. Je dois lui dire pour ma jambe. Je dois retrouver mes esprits et lui dire. Il est tout près de moi, mais pas assez il me semble pour qu’il entende ma voix enrouée. Surtout pas avec les alarmes et les vibrations qui enterrent tout. Pourtant, je me penche un peu vers l’avant, luttant pour ne pas vaciller du même coup dans l’inconscience et le murmure que je lui fais est presque inaudible comme je le redoutais :

-Je suis blessée… ma jambe droite…

Mon croassement, il semble pourtant le comprendre. Comment, je ne saurais dire. Il entend via son armure après tout, ce qui doit grandement l’aider. En inspirant à nouveau, je m’étouffe. L’air est devenu irrespirable pour moi ici. J’ai peine à rester éveillé. Je dois absolument sortir d’ici avant d’être asphyxié.

 
Mes pensées n’étaient plus vraiment cohérentes. Si ma priorité avait été de ne pas mourir il y a un instant, à présent c’est plutôt de m’angoisser sur mon apparence. Stark est sous cette armure, il me voit avec ses yeux d’homme malgré que moi je n’aperçoive de lui que le visage de son armure. Il est train d’analyse ma jambe et je réalise que mon pantalon est déchiré, dévoilant ma peau blanche. La blessure ne me semble plus ce qu’il peut observer, il voit aussi tous les défauts de cette partie de mon corps. Un peu trop pâle, un peu trop grosse, signe que je ne fais pas attention à ce que j’ingère. Il me regarde ensuite dans les yeux, fixant pour ma part les trous lumineux du visage d’Iron Man. Il m’assure qu’il compte me sortir de là, mais encore une fois mon cerveau n’a pas la bonne réaction. Je m’inquiète à présent pour ma tronche. Je dois être tellement sale et repoussante. Par chance qu’un miroir n’est pas à ma portée, sinon je suis persuadé que je lui demanderais de me laisser mourir à cause de mon apparence. Non, je ne suis pas superficiel. Je ne comprends pas pourquoi mes priorités sont déboussolées. Peut-être est-ce le manque d’oxygène qui agit sur moi? Je cligne des yeux en le voyant s’éloigner pour trouver une sortie. J’en profite pour me secouer la tête et tenter de retrouver une pensée logique. Je dois rester concentré, focaliser sur ma survie. Pour tenter d’y arriver, je me dévisse le cou pour observer les progrès d’Iron Man. Il déplace les débris et s’approche d’une paroi du bâtiment. Est-ce l’extérieur qui si trouve de l’autre côté? Cette pensée me rend anxieuse. Comment j’aurais fait pour m’extraire de là sans lui? La réponse me semble claire, je n’y serais jamais arrivé. En vérité, le fait qu’il vole à mon secours était la seule solution possible à ma survie. Quelles sont les chances pour que votre vie dépende à ce point d’une autre personne? Minimes, j’imagine. J’inspire profondément un peu plus de poussière, ayant mes pensées plus éclaircit par cette réalisation troublante. Je sens de nouveaux tremblements et avant que j’aie le temps de le voir, Stark est sur moi. Le plafond s’effondre et tombe directement sur l’armure. Je me couvre malgré tout par réflexe le visage de mes bras, la poussière se glissant un chemin vers moi tout de même. J’entends très bien le métal résonner sous les intacts et je suis alors inquiète pour la sécurité de l’homme à l’intérieur. Est-ce que ça lui fait mal? Je ne lui demande pas. Il se redresse sous mes yeux préoccupés et repars en direction du mur de tout à l’heure. Je me fais un devoir de maîtriser ma respiration irrégulière le temps qu’il termine d’ouvrir une brèche. À mesure qu’il déplace et coupe les gravats, la poussière qui sature la pièce semble se diluer. L’air frais que Tony fait entrer à mesure qu’il agrandit le trou parvient jusqu’à moi. Je l’accueille d’abord en toussant puisque mes poumons restent encrassés. Toutefois, à mesure qu’il travaille, je me sens de mieux en mieux. J’ai un sourire joyeux en respirant une gorgée d’air presque entièrement dépourvue de cette saleté de poussière. Il est en train de réussir. Il va vraiment me sauver la vie.

La situation se dégénère toutefois. Je suis à présent assise dans les débris, concentrer à respirer, lorsque le sol frisonne. Je le sens se fissurer d’un coup, ébranlant sévèrement ma confiance. Je sens que je m’enfonce, comme si le sol m’aspirait vers le bas. Un mouvement à ma droite m’indique que Stark fonce déjà vers moi. Sauf que l’espace d’un instant, la peur me reprend. J’ai juste le temps de saisir les épaules de l’armure que tout s’effondre. Des bras se referment sur moi, m’empêchant de tomber moi aussi. Je reste sous le choc. Cela me prend plusieurs secondes avant de comprendre que je suis en sécurité, soutenue dans le vide par un homme en armure ultrasophistiquée. Il semble prendre soin de ne pas bouger ma jambe. De la façon qu’il la soutient, je n’ai pas vraiment mal. Il lève la tête et je suis son mouvement. Le trou qu’il avait ouvert si brillamment est refermé. Je fronce les sourcils, n’ayant pas d’idée qu’en à un plan de rechange. Iron Man descend un étage plus bas, toujours avec moi dans ses bras. Je me demande si j’ai un poids de plume pour lui à cet instant. Ou si au contraire un indicateur dans son casque lui révèle tel une balance bien calibrée combien je pèse afin qu’il ajuste sa force. Je préfère ne pas savoir. Nous parvenons au sol, qui semble stable. Il me dépose doucement en faisant très attention à ma jambe. Son soucie m’arrache un sourire. Mais pas autant que sa réponse. Il veut me rassurer une fois de plus, en m’assurant que tout est sous contrôle. Honnêtement, je n’ai plus de doutes sur ses capacités depuis qu’il m’a permis de m’oxygéner l’esprit, même si ce fut bref. Même si ma voix doit être dégueulasse à entendre, je m’emplois à lui prouver mon soutiens :

-J’ai confiance en vous, je dis.

Je tousse par la suite, sauf que mon propos est véridique. Il est apparu de nulle part pour me sortir de la merde, alors que j’étais assuré de mourir. Il ne cesse depuis de redoubler d’efforts et de créativité pour que je m’en sorte vivante. Tout repose sur lui. Ce qui est un sacré poids sur les épaules quand on y pense. S’il échoue, je meurs. Il doit l’avoir réaliser lui aussi. Voilà pourquoi il met tout en œuvres pour que ça n’arrive pas. Donc comment après tout ça ne pas avoir pleinement confiance en lui? Il y a des rayons de Soleil sur la gauche, je sais qu’il pourra donc creuser une nouvelle porte de sortie de ce côté. Mon cœur se met toutefois à s’emballer d’un coup. Je ne saisis pas tout de suite ce qui m’arrive. En baissant les yeux sur ma jambe meurtrie qui semble me brûler d’un coup, je constate un filet de sang qui s’échappe de la plaie. Il n’était pas là avant que nous changions d’étage. Je n’ose le dire tout haut, ne voulant pas déconcentrer Stark dans son travail, mais je pense que le morceau de métal a bougé malgré ses précautions. Mon cœur se débat dans ma poitrine alors que je regarde en silence le rouge qui s’étend sur le plancher.

Je déteste cette odeur. Un mélange de brûlé, de plastique fondu et de plâtre. La sécheresse de l’air n’aide pas à me faire apprécier l’odeur. En fait, toute cette poussière qui s’accumule dans sur ma peau, dans mes narines, dans mes yeux et absolument partout autour est vraiment ce qui m’insupporte le plus. Je garde la tête baissée sur la blessure, tentant de rester concentré pour ne pas m’évanouir ou vomir. J’ai la tête qui tourne pour de nombreuses raisons, dont la pollution de l’air, mais je songe ici surtout à tout ce sang qui s’échappe de ma blessure. Je reste figé au dessus, presque dans l’attente que la dernière goûte ne tombe de la plaie. J’avais fais abstraction des bruits du travail d’Iron Man derrière moi jusqu’à ce que j’entends de drôles de sons mécaniques. Je me retourne pour voir l’armure se démantelé afin de laisser s’échapper son occupant puis de se reconstitué sans plus de cérémonie. Je doute un instant que le manque d’oxygène m’est fait halluciner ce spectacle. L’homme qui s’approche de moi est toutefois des plus réels. Je ne peux pas le nier. Il ne fait pas très clair dans cet endroit poussiéreux, malgré les efforts de l’armure pour percer, d’elle-même apparemment, un trou pour nous sortir de là. Il m’est donc ardu de voir son visage humain aussi bien qu’à la télévision ou bien dans les magasines. Sauf que c’est bien lui et aussitôt que je croise son regard, je saisis qu’il est vraiment déterminé à ce que je survive. L’entendre me parler me fait presque sursauter, sa voix est tellement différente à présent qu’il est hors de son armure. Il propose d’aller me chercher quelque chose pour faire un garrot et je me contente de le regarder faire. Il revient avec une corde et lorsqu’il s’apprête à l’installer autour de ma jambe, je réagis enfin. Je me traîne un peu dans sa direction pour qu’il ait plus de jeu et m’assure de garder ma jambe molle lorsqu’il serre. Je ne peux retenir un petit hoquet de douleur lorsque je sens la corde me comprimer la cuisse. Mon cœur ne ralentie pas, mais la pression du garrot sur ma jambe semble calmer un peu la fuite de sang. Je soupire, ce qui me fait tousser. Tony est toujours là et sa main chaude sur ma joue glaciale ramène mon attention sur lui. Il essai à nouveau de me rassurer, de m’arracher un sourire même. Et c’est réussi. Je n’aime mieux pas vraiment songer à la suite, à comment le personnel médical va se démerder avec le métal coincé dans ma chair une fois qu’on sera sortie d’affaire. Sauf que pour le moment je me dis que j’ai de la chance d’avoir quelqu’un à mes côtés pour m’empêcher de paniquer. Il est si attentionné avec moi et c’est ce que j’avais besoin je crois.

Il s’éloigne et retourne dans l’armure. En me retournant pour l’observer à l’œuvre, je suis émerveillé en le voyant réussir à percer complètement le mur. Les rayons lumineux semblent illuminer cet enfer d’un coup. La poussière est balayée loin de mon visage. Je suis encore mal en point, mais j’ai confiance que cette fois il va me sortir de là. Stark revient vers moi et je lève sur lui un regard serein. Je n’ai plus peur de mourir. Si le plafond doit s’effondrer à nouveau, je sais qu’il me protègera. Si je devais m’évanouir avant de sortir d’ici, je sais aussi qu’il va me conduire en vitesse vers des gens pouvant m’apporter de l’aide. Non, je ne vais pas mourir aujourd’hui. Il se présente et je trouve cela très bien. Honnêtement, je pensais qu’il n’allait pas le faire. Qu’il allait laisser sa réputation parler pour lui. Hors, sa réputation ne fait pas mention d’un si grand cœur il me semble. Je pense même qu’on le traite d’égocentrique, si je me souviens bien d’une émission de télévision que j’ai prise il y a quelques temps. L’homme qui m’a sauvé n’a rien d’un sans cœur. C’est de ce Tony là que je veux me rappeler. Je lui souris donc lorsqu’il me prend dans ses bras.

-Je m’appelle Loreine, je lui dis juste avant qu’il ne décolle.

Mon nom me semble insignifiant. Je ne dois pas être la première qu’il sauve et certainement pas la dernière. Va-t-il au moins s’en souvenir? J’ose croire que oui. Je suis beaucoup trop occupé à m’accrocher de toutes mes forces à lui pendant le vol pour vraiment m’en soucier. Je sais qu’il ne me laissera pas tomber dans vide, que l’armure me tient solidement. Sauf que ça ne m’empêche pas d’avoir le réflexe de le serrer encore plus fort. Je regarde le bâtiment meurtri s’éloigner. Je suis contente d’être sortie de là. On dirait qu’il est sur le point de s’effondrer. Il m’a donc sortie juste à temps. Le vent qui purifie mon corps de la poussière me frappe d’abord durement. Il fait froid dehors! Par contre, je ne sais pas pourquoi, mais je me réchauffe à mesure que je suis collé à l’armure. C’est très rassurant comme impression. Encore une fois, je sens que Stark est en train de tout faire pour me sauver la vie. Il me protège même d’une hypothermie imminente.

Nous atterrissons près d’une ambulance. J’ai beaucoup de mal à relâcher mon étau autour de l’armure, ayant toujours les bras paralysés par l’émotion. Des ambulanciers s’approchent de nous et à force de tirer doucement, je finis par rompre le contact. J’ai immédiatement froid et je grelotte. Quelqu’un me pose une couverture sur les épaules pendant qu’un autre plaque sur mon visage un masque à oxygène. On me force, toujours en y allant doucement, à m’étendre sur une civière. Les ambulanciers s’activent autour de moi afin de s’assurer que je n’ai pas de traumatisme crânien à première vue. Lorsqu’il se concentre tous sur ma jambe, je retrouve enfin mon champ de vision précédemment obstrué par tout ce monde. Je cherche Tony du regard et lorsque je le vois finalement, je lève une main. Les ambulanciers le laissent s’approcher et je prends sa main métallique. J’ai envie de lui dire quelque chose mais ce simple mot ne me semble pas assez pour exprimer ma gratitude. Je lui dis quand même :

-Merci.

On m’injecte quelque chose dans le bras. L’effet est presque immédiat. Je sens mon cœur se calmer d’un coup et ma respiration être plus régulière. On s’empresse de vouloir me conduire à l’hôpital. Ma main dans celle de mon sauveur finit par devenir molle et notre contact est à nouveau brisé. Je tente de lutter pour ne pas partir dans l’inconscience. Hors, cela ne semble pas un choix que je possède. Je ferme les yeux sous la lourdeur de mes paupières et je m’endors avant même d’être dans le véhicule qui me conduit à l’hôpital le plus proche.