Stuck in the middle with you ft. Niall & Maisie Southway

STUCK IN THE MIDDLE WITH YOU

graham johnson ∞ Niall Southway ∞ Maisie Southway

Je vivais ma vie tranquillement jusqu'à ce que je pense monter au fond de moi un étrange sentiment. Comme si j'avais manqué une information très importante. Quelque chose de primordial. Je l'avais sentis tout au fond  de moi, et ce n'était pas le hot dog que j'avais mangé plus tôt dans la journée...

Se sentiment avait grandit en moi au fil des jours, se faisait plus pressant et plus oppressant aussi. Mais comme je n'avais aucune idée de ce que pouvait être cette chose énorme qui m'échappait. J'avais vérifier tout les anniversaires, refais toute mon installation, reprogrammé tout mes pare feu, mis à jour mes bases de données, ... En sommes, ces derniers jours avaient été riche en activité en tout genre. Et pourtant cette sensation dérangeante persistait.

Puis un matin, alors que j'échangeais des mails avec Mouse, tout ça me frappa. L'info me percuta avec autant de tendresse qu'en aurait eu un catcheur mexicain vétéran en réalisant un suplex. Maisie SOUTHWAY. Tout comme mon ami Niall SOUTHWAY qui, si mes souvenirs étaient bon avait une petite sœur. J'avais comme bugé en réalisant et était resté figé devant mon écran un long moment.

Enfin, avant de renvoyer un mail à la jeune femme avec précipitation.

Hello !
Je dois voir un truc avec toi. Genre tout de suite. C'est important. Je sais bien qu'on c'est jamais vraiment croisé et qu'en substance c'est moi qui ne voulait pas mais il y a un truc que je dois te demander. Et je peux pas vraiment faire ça par mail interposé.

Donc si ça te vas, on peut se retrouver d'ici une petite heure au Jardin Botanique, dans le jardin japonais ? Je serais le mec qui portera des lunettes de soleil cool et qui portera un comics sous le bras.

A tout de suite,
Chipset

Je fermais mon ordinateur d'un geste, mettant toutes mes protections en place avant d'aller le porter dans mon bureau et de verrouiller la porte à clef. Il ne fallait pas que Niall se doute de quelque chose, si j'avais raison et qu'il l'apprenait avant que je ne le lui dise, ça risquait fort d'avoir des conséquence cataclysmique, voir de déclencher la troisième guerre mondiale.

Je courais dans l'appart jusqu'à ma chambre pour aller ramasser mes lunettes et un comics. Un fois ceci fait, je dérapais dans l'autre sens pour me diriger vers la sortie au pas de course. Tout ça pour rentrer avec violence dans mon colocataire, nous envoyant bouler tout les deux par terre. Je me relevais à la vas vite et m'époussetais vaguement.

« Hum... Salut Niall ! Comment vas-tu par cette magnifique journée ? » Un regard dehors m'informa qu'il ne faisait pas si beau que ça. « Enfin, par cette journée tout court quoi. Marrant hein ? Bon je dois filer, un truc urgent qui vient de me tomber dessus ! »

Oui bon, c'était pas glorieux je sais. D'habitude j'étais plutôt bon pour l'improvisation, mais là mon cerveau bouillonnait tellement à l'idée que je pouvais peu-être éventuellement avoir mis la main sur sa petite sœur sans faire exprès. Ouai, j'avais clairement montré qu'un truc me tracassait. Aussi, il ne me laissa pas partir seul. Je tentais bien de le semer avec le système de fermeture automatique de ma voiture... Mais ce fut un échec. En même temps... Face à un technopate, qu'est ce que j’espérais au juste ? Qu'il se bave dessus en me regardant m'éloigner dans ma porsche ? Quoi qu'il en soit, je mis la radio en route et montait le son, histoire de ne pas avoir à tenir une discutions avec lui. Dans mon état, je ferais sans doute pire que mieux. Et quand 'Stuck in the middle with you' démarra à fond de balle, résonnant dans les enceinte, j'en eu presque envie de me taper la tête sur le volant.

C'est donc avec celui qui était potentiellement le frère de Mouse que je déboulais au jardin botanique. Il ne me fallut pas longtemps pour tenter à nouveau de lui fausser compagnie. Et à ma grande surprise, j'y parvins. Je m'éloignais donc au pas de courses dès que je ne fus plus en vue, direction le jardin japonais !

Je calais mes lunettes de soleil sur mon nez lorsque j'y parvins, allant m'installer sur un petit banc, mon comics toujours calé sous le bras. Il ne fallut cependant pas longtemps avant que je ne voie débouler Niall qui me cherchait du regard. Je me levais donc pour trottiner nerveusement à sa rencontre.

« Hey mec! Ouai, je sais, je suis une crasse infâme. Tu devrais d'ailleurs me faire la tronche et partir avec ma voiture en m'abandonnant sur place, ça m'apprendrait. Non sérieusement, je suis sur un gros truc là, j'ai besoin de concentration et que tu sorte de mes pattes. Si tout se passe bien, je te raconte ce soir. Promis. »

STUCK IN THE MIDDLE WITH YOU

graham johnson ∞ Niall Southway ∞ Maisie Southway

Des jours que je voyais Graham tourner en rond comme un animal en cage. Mon ami n’était pas connu pour rester en place. En bonne diva, il bouge tout le temps, parle tout le temps et parfois il chante même. Et je vous assure qu’il ne chante pas juste. Mais ces derniers temps, ce n’était plus le même type d’agitation. C’était plus malsain, comme si quelque chose devait se débloquer dans sa petite tête mais que cela ne se faisait pas. Et je n’aimais pas vraiment ce que cela présageait. Ça ne me plaisait pas beaucoup en fait. Je ne pense pas que c’était la première fois que je le voyais ainsi.

Cependant, c’était la première fois depuis que j’avais été un peu forcé d’emménager. Et ça devenait pesant. Une salle ambiance s’était glissée dans le penthouse et j’utilisais la moindre excuse pour sortir, encore plus que d’habitude. Je n’aimais pas du tout ça. Et j’osais espérer que cela n’allait pas tenter à exploser et qu’il arrête de marcher en rond comme s’il se contentait de suivre un fil invisible, faisant encore et encore le même chemin, le même parcourt.

J’avais été passer ma vieille veste en cuir élimée que j’avais acheté dans une friperie il y a quelques mois. Graeme avait compris tout de suite, m’attendant déjà à la porte d’entrée de penthouse, tournant un peu sur lui-même. Comme moi, il n’aimait pas rester enfermer trop longtemps. Il faut croire qu’il y a certaines choses qui se gravent en vous et qui ne partent plus. Une marque indélébile, une habitude qui a été prise. Ce luxe ne nous ressemble pas, il nous étouffe. Et je me demandais parfois qui de moi ou de mon chien en souffrait le plus. J’allais repasser dans ma chambre pour aller chercher quelque chose lorsqu’une masse me rentra dedans. Je finis sur mon cul, Graham aussi.

Il eut l’air tout étonné de me voir là. Pourtant, ce n’est pas comme si j’avais emménagé il y a deux jours. Cela faisait maintenant plusieurs semaines que j’étais ici, à essayer d’amasser assez d’argent que pour me trouver un autre endroit où vivre, pour reprendre un semblant d’indépendance. On se releva en même temps et il y avait la même hystérie latente dans ses mouvements que celle des derniers jours. Je me demande même si elle n’était pas plus présente. « Hum... Salut Niall ! Comment vas-tu par cette magnifique journée ? Enfin, par cette journée tout court quoi. Marrant hein ? Bon je dois filer, un truc urgent qui vient de me tomber dessus ! » Je levais un sourcil. Ca c’était encore plus étrange que d’habitude. Je résistai à l’envie de vérifier qu’il ne nous faisait pas un peu de fièvre. Peut-être un délire psychotique… Il faudrait que je pense à appeler Max pour lui en parler s’il n’allait pas mieux bientôt.

Alors, quand il se dirigea vers la porte, je laissai tomber l’idée d’aller chercher quelque chose dans ma chambre et je lui emboitai le pas sans un mot. Il ne manquerait plus que cet idiot s’attire encore des ennuis et qu’il essaye de m’en tenir écarter. Je lui dois au moins ça avec tout ce qu’il a fait pour moi. Je le suivis donc jusqu’en bas, il tenta de verrouiller sa voiture, il ne me fallut pas longtemps pour ouvrir la portière. Graeme monta comme il put dans le véhicule deux place, se callant dans le petit espace derrière les sièges et je m’installai côté passager.

Le trajet se fit en silence. J’avais juste imposé ma présence. Pas besoin de parler, il savait que je ne le lâcherais pas. J’ai toujours été honteusement curieux. Et voir qu’il essayait de me cacher quelque chose, ça me donnait encore plus envie de lui filer le train. Il monta la musique pour ne pas parler et, à peine garer, je le vis disparaitre. Je lui collai le train mais je le perdis dans au jardin botanique. Quatre ou cinq juron plus tard, j’envoyai Graeme pister mon crétin d’ami. Et il me le retrouva. Avec des lunettes de soleil. Par ce temps de merde. Ca puait la rencontre en devenir.

Mon ami se rua vers moi et je détaillai, le jugeant de mon regard. J’étais maintenant habitué à ses excentricités mais je n’aimais vraiment pas qu’il me cache des choses. « Hey mec! Ouai, je sais, je suis une crasse infâme. Tu devrais d'ailleurs me faire la tronche et partir avec ma voiture en m'abandonnant sur place, ça m'apprendrait. Non sérieusement, je suis sur un gros truc là, j'ai besoin de concentration et que tu sortes de mes pattes. Si tout se passe bien, je te raconte ce soir. Promis. »

Je levai un sourcil. Parce que cet idiot pensait réellement que ça allait se passer comme cela ? « Tu te fous de moi là Graham ? Ça fait des jours que t’es tendus comme un string, tu tournes plus en rond que Graeme lorsque je m’absente. » Et je n’aime pas qu’il me cache des choses. De tous mes confrères, il était celui avec lequel j’avais le plus été en mission. Rien de grande envergure, pas pour le moment. Nous sommes trop ‘jeunes’ dans la Confrérie que pour cela. Mais ça ne serait tarder. On était une équipe et s’il était effectivement sur un gros coup, je n’allais pas le laisser seul. « Je sais pas c’est quoi ton ‘gros coup’ mais avec tout ce que tu as fait pour moi, je te dois bien un coup de main. »

Je me sortis une cigarette et la calai entre mes lèvres. Je l’allumai d’un geste rapide, cherchant le regard de mon ami derrière ses lunettes de soleil. « Alors tu fais pas chier et tu m’expliques ce qui te tourmente à ce point et on voit pour gérer ça ensemble. Ok ? » Je lui lançai un regard sombre, lui signifiant bien que s’il voulait que je le lâche, il devrait y aller au grattoir parce que j’allais me faire plus collant qu’un chewing gum à sa semelle. « Et comme tu sais comment je suis quand on m’emmerde, tu vas pas faire chier plus longtemps. »

STUCK IN THE MIDDLE WITH YOU

graham johnson ∞ Niall Southway ∞ Maisie Southway

C'est imbécile avait le chic pour me poursuivre dans les pires moments possibles. Il n'en faisait jamais qu'à sa tête, disparaissant quand j'étais d'humeur à jouer les dramaqueen et me collant comme une mouche sur un caca quand je voulais me débarrasser de lui.

« Tu te fous de moi là Graham ? Ça fait des jours que t’es tendus comme un string, tu tournes plus en rond que Graeme lorsque je m’absente. Je sais pas c’est quoi ton ‘gros coup’ mais avec tout ce que tu as fait pour moi, je te dois bien un coup de main. Alors tu fais pas chier et tu m’expliques ce qui te tourmente à ce point et on voit pour gérer ça ensemble. Ok ? Et comme tu sais comment je suis quand on m’emmerde, tu vas pas faire chier plus longtemps. »

Je coulais un regard désespéré autour de moi. Pour l'instant pas de nouvelles de la jeune femme. Avec un peu de chance elle n'avait pas encore vus mon message. Peut-être ne viendrait-elle pas du tout ! Enfin, vus ma chance je n'y croyais pas trop non plus. Ça fait depuis bien assez longtemps maintenant qu'on discute pour qu'elle ne saute pas sur l'occasion. C'était ça d'être populaire que voulez vous ?

« Merde... Tu vas tout gâcher. Et moi j'vais encore m'en prendre une... »

Bon... Il était plus que temps d'abandonner la mission. Il serait toujours temps de vérifier plus tard. Je n'aurais déjà même pas du venir jusqu'ici avec lui derrière moi. Parfois j'étais vraiment un crétin. Un peu désespéré, je passais mais main dans mes cheveux.

« Faut qu'on sorte d'ici avant qu'une catastrophe ne se produise. »

Premièrement, me débarrasser des signaux que j'avais donné à Maisie. Je retirais mes lunettes de soleil et les fourrais sans ménagement sur le nez de mon colocataire.

« Aller champion, on rentre. T'as même gagné une paire de lunette, c'est pas cool ? Aller, bouge toiiiiiii, je t'en priiiiiiie. »

Je sautillais nerveusement alors que je le pressais vers la sortie. J'attrapais mon comics et entrepris de le fourrer sous ma veste sans grand succès. De toute façon, c'était trop tard si j'en croyais l'incroyable gifle qui venait de résonner à mes oreilles. Après une rapide prière à tout les dieux du panthéon, je me tournais vers la jeune femme qui pour le coup semblait furieuse.

« C'est quoi ce putain de bordel ? Tu le savais ? Bien sûr que tu le savais, je devrais certainement te tuer en te faisant bouffer son corps. »

Ok, donc elle était bel et bien furieuse... Je levais les mains vers elle en signe d'apaisement. Heureusement que j'avais choisis un lieu public parce que sa menace semblait tout à fait tangible pour moi. Et la dernière chose que je désire, c'est de contrarié une mutante qui a le pouvoir de m'enfermer sur une feuille de papier... Le monde la dessus doit être terriblement... Plat...

« Je ne savais pas ! Je t'ai contacté aussi vite que je m'en suis aperçus ! Je voulais faire ça en douceur, m'assurer que c'était bien toi. Pour ma défense, aucun de vous deux n'est particulièrement expansif sur son histoire familiale... »

Peut-être pas la meilleure des choses à dire... Parfois les mots sortent de ma bouche avant même que j'aie le temps d'y penser. Et parfois je me déteste pour ça aussi... Juste parfois. Si je me sortais de cette situation sans cote cassée ou oeil au beurre noir, je pourrais m'estimer chanceux. Le caractère de cochon, ça à l'air d'être de famille.

« Je ne sais même pas lequel de vous deux je devrais haïr le plus en fait. Les hommes ne sont vraiment que des connards. Pendant toutes ces années.. j'en reviens pas. T'es un foutu salopard Southway, et alors quoi ? Vous sortez ensemble tous les deux ? C'est lui qui t'a demandé de me contacter ? »

Bon soyons sérieux, je n'aurais pas du. Mais j'ai ris. Je n'ai pas pus m'en empêcher, c'était plus fort que moi. Pas un grand éclat de rire ni même un fou rire. Un petit rire de surprise incrédule étouffé le plus rapidement possible. Deux regards noir plus tard, je m'excusais du regard.

« Quoi ? Lui et moi ? On a vraiment l'air d'être en couple ? Ça expliquerait certaines choses... Bref, je crois que vous avez beaucoup de choses à vous dire... Je vais peut-être vous laiss... »

Un regard particulièrement meurtrier de la part de mon meilleur ami me dissuada de terminer ma phrase, ne laissant plus qu'un rire nerveux couler hors de mes lèvres en lieu et place de cette dernière syllabe. Ce regard qui me promettait mille souffrance si je le lâchais sur ce coup. De toute façon je me doutais bien que j'allais prendre pour mon grade, mais je n'étais pas suicidaire non plus... Peut-être que je pourrais aller squatter chez Vind pendant un temps...

« Hum... Sincèrement les gars, je pensais pas à mal. J'ai conscience que je me suis incroyablement planté mais je voulais faire les choses bien. »

STUCK IN THE MIDDLE WITH YOU

graham johnson ∞ Niall Southway ∞ Maisie Southway

« Merde... Tu vas tout gâcher. Et moi j'vais encore m'en prendre une... Faut qu'on sorte d'ici avant qu'une catastrophe ne se produise. Aller champion, on rentre. T'as même gagné une paire de lunette, c'est pas cool ? Aller, bouge toiiiiiii, je t'en priiiiiiie. » Champion ? Il y avait définitivement anguille sous roche. Je ne peux pas vraiment dire ‘depuis le temps que je le connais’ mais j’avais une assez bonne idée des réactions qui étaient normales chez lui et celles qu’il fallait craindre. Ce qui suivit, je m’y attendais à peu près autant qu’à voir une otarie passer en nous faisant un numéro de cirque en plein milieu du jardin botanique. Une douleur dans la joue. Je retins de justesse mon instinct de rendre la gifle que je venais de me prendre sans raison apparente. C’était Graham qui complotait et c’était moi qui prenais ?

Au lieu de simplement rabaisser mon poing qui s’était levé de lui-même, je l’amenai à ma joue pour la masser doucement, posant mon regard son mon agresseur. Ce regard, cette colère, ces cheveux, cette attitude. Mon cœur manqua un battement alors que je reconnaissais ma petite sœur. Ma petite Mouse. Elle ? Ici ? J’avais du mal à assembler un et un. Ma main resta figée sur ma joue, mon regard sur elle. Combien de fois n’avais-je pas pensé à elle au cours de ces années ? Combien de fois, lors des soirs difficiles, ne m’étais-je pas imaginé Mouse bien au chaud dans un foyer aimant autour d’un repas ? Ça m’avait aidé à tenir. Pour elle. Pour nous donner une chance de rattraper mes erreurs passées. Ensuite, il y avait eu l’annonce de mon cancer.

Si j’avais pu vouloir reprendre contact avec elle, j’avais abandonné l’idée lorsque l’on m’avait diagnostiqué comme mort en sursit. Je n’en étais qu’à la première phase mais, alors que je n’avais qu’à demander à Graham de lancer une recherche ou de la faire moi-même, j’avais lâchement préféré ne pas le faire. Je me rentrais dans le crâne à coup de burin que c’était pour ne pas lui imposer ma maladie mais dans le fond, je savais que cette image que je me suis construite dans la rue. Cette idée utopique qu’elle a une vie parfaite volerait en éclat dès l’instant où je l’aurais retrouvée. J’avais été con. Con et égocentrique. Et aujourd’hui, face à elle, je me sentais tellement mal d’être parti sans même lui laisser un mot, sans même la prévenir. Qu’a-t-elle dû s’imaginer à mon sujet ?

« C'est quoi ce putain de bordel ? Tu le savais ? Bien sûr que tu le savais, je devrais certainement te tuer en te faisant bouffer son corps. » Sa voix sortait comme du venin. Elle avait changé. Tout comme j’avais dû changer aussi. Le temps et nos expériences nous forgent. Je ne suis pas sûr de vouloir savoir de quel métal elle est faite. Lentement, ma main retomba le long de mon corps. Je n’arrivais pas à décrocher mon regard d’elle, à croire qu’elle était bel et bien là. Ma petite Mouse. « Je ne savais pas ! Je t'ai contacté aussi vite que je m'en suis aperçus ! Je voulais faire ça en douceur, m'assurer que c'était bien toi. Pour ma défense, aucun de vous deux n'est particulièrement expansif sur son histoire familiale... » Et voilà comment briser un moment. Je sortis de ma contemplation et de ma surprise pour lancer un regard sombre à mon meilleur amis.

Il savait. Des semaines qu’il tourne en rond comme un animal en cage et il ne m’en a même pas glissé un mot. Il s’est juste contenté de faire comme si de rien n’était. Il doit l’avoir fait passer aux Etats-Unis. Et cet idiot ne s’en était même pas rendu compte. Tout ce temps, j’aurais pu avoir ma petite sœur à mes côtés mais parce que ce crétin ne s’en est pas rendu compte tout de suite, nous voici maintenant dans cette situation. « Je ne sais même pas lequel de vous deux je devrais haïr le plus en fait. Les hommes ne sont vraiment que des connards. Pendant toutes ces années.. j'en reviens pas. T'es un foutu salopard Southway, et alors quoi ? Vous sortez ensemble tous les deux ? C'est lui qui t'a demandé de me contacter ? » Mon regard se reposa sur ma petite sœur alors que j’avais le sentiment de sentir mon cœur se briser. Je savais que j’étais en tords. Elle avait raison de m’en vouloir, de me charger pour mon absence. Je n’aurais pas dû partir comme cela.

Et le moment fut brisé une nouvelle fois par le gloussement idiot de mon confrère. Si un regard avait pu tuer, je l’aurais assassiné mille fois en cet instant. « Quoi ? Lui et moi ? On a vraiment l'air d'être en couple ? Ça expliquerait certaines choses... Bref, je crois que vous avez beaucoup de choses à vous dire... Je vais peut-être vous laiss... » Son regard croisa le miens et ses mots moururent dans sa gorge. L’enfoiré. Parce qu’en plus ça le fait rire ? « Hum... Sincèrement les gars, je pensais pas à mal. J'ai conscience que je me suis incroyablement planté mais je voulais faire les choses bien. »

Faire les choses bien ? Mon cul ouais. Il était simplement trop centré sur sa petite personne que pour avoir réalisé que deux prénoms de familles identiques venant d’une même ville, il pouvait y avoir lien de parenté. Mon corps sembla bouger de lui-même et mon poing s’écrasa contre son visage. Ça ne réparait rien mais au moins, ça soulageait. « Tu te fous de moi Graham ? Depuis quand t’es plus capable d’additionner 2 et 2 ?! Et en plus tu as cherché à me le cacher ! Me l’aurais-tu au moins dit si je t’avais pas suivi jusqu’ici ? Putain de merde ! Des semaines que tu tournes en rond ! Et tu m’en a même pas touché un putain de mot ! C’est l’idée de la revoir qui m’a fait tenir toutes ces saloperies d’années et tu l’as fait passer en Amérique sans même réfléchir à l’origine semblable et au nom de famille identique ?! T’es qu’un pauvre con ! » Je résistai à l’envie de lui cracher au visage. Après tout, il restait mon meilleur ami, tout aussi en colère que je puisse être contre lui.

L’envie de le frapper à nouveau me traversa mais au prix d’un gros effort et d’une respiration profonde, je réussis à me détourner de lui pour faire face à Mouse. L’avoir ici, en face de moi, c’était un peu comme voir un fantôme. Je me souviens de ma première séance chez Maxence. Je me souviens lui avoir interdit de m’appeler Monsieur Southway. Je n’aimais pas qu’on me rappelle mes origines. Il n’y avait que Maisie qui valait la peine dans mon passé. La perle au milieu de la merde. La personne qui me donnait un but quand je n’en avais aucun. M’occuper d’elle.

Je levai une main et allai la poser sur sa mâchoire. Mon pouce caressa sa joue. « Mon Dieu… C’est vraiment toi… Mouse… » Je sentis ma gorge se nouer. Tellement de choses étaient en train de remonter en cet instant précis. « Je suis désolé. Je suis tellement désolé. Pour tout. » La chaleur de sa peau sous ma main était réelle. C’était réel. Je la lâchai, toujours un peu sous le choc de la nouvelle. Tellement de questions en un coup. Je suppose qu’elle aura des questions quant à ma disparition, quant à ma présence ici, quant au fait que je n’ai jamais cherché à la contacter. Devais-je prendre les devants ou bien laisser les questions venir naturellement ? Dois-je lui dire pour mon cancer ? Non, je préfère qu’elle ne sache rien le plus longtemps possible. « Je répondrais à toutes les questions que tu me poseras par rapport à ce qu’il s’est passé et je le ferais honnêtement. »

Mal à l’aise, je glissai mes mains dans mes poches. Protéger et couver, c’était plus facile à faire quand cela demandait d’agir. Quand il fallait parler, j’étais tout de suite moins doué. J’avais maintenant du mal à la regarder dans les yeux. Je l’avais abandonnée. Je n’avais pas eu beaucoup d’autres choix mais les faits étaient là. Et cela fait six mois que je suis sortis de la rue. Je n’ai aucune excuse pour ne pas avoir cherché à prendre de ses nouvelles depuis. Je suis totalement fautif. « Comment vas-tu sinon ? Je suppose que si tu connais Graham c’est qu’il t’a aidé à fuir l’Écosse ? Que s’est-il passé ? » Et je ne pouvais m’en vouloir plus que lorsque je prononçais ses mots, réalisant en même temps leur implication. Elle avait fui l’Écosse. Quelque chose s’était mal passé là-bas. Et je n’avais pas été là. Je n’avais pas pu la protéger. Je n’avais même pas été là. L’ombre distante d’un souvenir.