I need allies for an unknown war | Stephen & Elektra [Part 1]

Le soleil était doux, le vent transportait les effluves des champs de lavandes et des embruns, Elektra se rappelait Pygros et ses murs immaculés, mais le sud de la France n’était pas la Grèce et elle n’avait pas le temps pour une nostalgie cruelle. La Main lui avait confié une nouvelle mission, une un peu différente, une un peu insultante. Personne à éliminer, rien à dérober, non. Elle était là comme recruteuse. Elektra avait un autre mot pour ça : entraineuse. La Main l’avait choisi parce qu’elle était une femme, parce qu’elle était dans les canons de beauté et de toute évidence parce qu’elle était susceptible de plaire à leur cible.
Ce n’était pas la première fois qu’elle faisait ça. Avant même d’être à La Main, un vieil aveugle lui avait demandé de récupérer un plus jeune. Il avait démoli ses défenses, elle était tombée amoureuse et la chute avait été douloureuse. C’est entre autre pour cela que cette mission la contrariait. Entre autre parce qu’elle étouffait la rage de n’être qu’un jouet, la reine rouge d’un échiquier manipulé selon des règles qu’elle ignorait.

Il y avait des braises derrière ses orbes noires, vestige d’un feu apprivoisé. La Main savait contenir les incendies et Elektra savait qu’elle avait plutôt intérêt à l’obéissance docile. Et en ce jour la docilité revêtait une robe légère, écrue et brodée de dentelle crème, arborait le sourire éclatant du bonheur sur papier glacé.  Autour d’Elektra, toute la gente féminine semblait affublée d’une docilité identique, accrochée aux bras d’hommes riches, perchées sur des talons qui s’enfonçaient dans l’herbe Elektra se demanda à quoi elles pouvaient penser ? A la levée de fond pour la construction d’écoles ou à la fashion week, à leur existence ou à leur amant fauché. Elektra avait toujours détesté ce genre d’événements, ses parents adoptifs n’étaient parvenus que très rarement à l’y trainer.
C’était une autre vie, sa vie précédente… « Mademoiselle ? », interrompue dans ses songes, Elektra toisa froidement son interlocuteur avant de se souvenir qu’elle devait paraître accessible. Il tenait dans ses mains deux verres de champagne, il lui en tendit un. « oh, désolée, mais je ne bois pas d’alcool » répondit-elle pour l’unique raison que sa cible était à proximité et qu’elle avait potassé son dossier. Stephen Strange, sorcier suprême, convoitise de La Main.
L’homme  avait abandonné les verres sur une des tables disséminées pour l’occasion dans la cours de ce qui devait être une ancienne demeure bourgeoise. « Il vous intrigue n’est-ce pas ? » s’empressa-t-il de demander en captant son regard qu’elle ne songea pas à détourner. « Je peux vous le présenter » continua-t-il maintenant qu’il avait toute son attention. « Le pouvez-vous ? » demanda-t-elle, badine avec cet allié inopportun. D’un naturel agaçant, il posa la main sur ses reins pour la guider sur les quelques mètres qui la séparait de Strange.
« Stephen ? » interrompit-il comme il semblait s’en faire une habitude. « Cette charmante jeune fille n’osait pas venir te parler. Voici mademoiselle… » En une phrase il était parvenu à l’infantiliser et la connivence détestable dont il fit preuve lui donna l’impression de n’être qu’un morceau de viande et ne s’était interrompu qu’en réalisant qu’il n’avait pas la moindre idée de son prénom. « Ambre. » mentit Elektra, mais à moitié seulement, Elektra n’était rien d’autre que le mot grec pour l’ambre. Elle tendit sa main pour un salut plus cordiale, son sourire était charmant quand elle ajouta « En réalité j’étais surprise Monsieur Strange, vous vous faites rare dans ce genre d’événements. » Elle avait prononcé monsieur en français et sciemment coupé la parole à l’homme qui avait cherché à la reprendre. Elektra était assez grande pour entretenir la conversation, La Main avait dit gentille et accessible et non sotte et potiche.
En outre, d’après sa propre enquête Strange n’était pas très difficile lorsqu’il s’agissait de remplir son lit. Il ne s’agissait pas seulement de ça et si Elektra s’était aussi consciencieusement documentée, c’est parce que cet homme pouvait devenir son plus bel atout. Pas celui de La Main, le siens. Un Joker dans son jeu, un allié pour sa vengeance peut-être. Mais avant cela elle devait cerner l’homme. Le gagner à sa cause sans attirer l'attention des probables chaperons que La Main avait délégué à sa surveillance sans l'en informer.

Stephen Strange est un homme charmant, rôdé aux mondanités. Un charmeur aux manières de gentleman, éculées mais agréables. Et un être avisé. Ce qui n’était pas le cas de leur compagnon, qui s’empressa de répondre, irréfléchis, sa bêtise valait sa maladresse. « Vous l’êtes très certainement, Stephen ». Trop prompt à amender dans le sens de son interlocuteur pour réfléchir à ses propos. Elektra leva les yeux au ciel, retenant la remarque acerbe qui brûlait sa langue. Cet idiot sirotait son champagne, un sourire satisfait aux lèvres.
L’allusion du magicien ne lui avait pas échappé et son regard se voilà un instant à peine, assez pour qu’un observateur aguerri le remarque. Le prix de sa mort d’autres l’avaient payé, une quantité à laquelle elle ne préférait pas penser. Et ce, bien qu’elle n’ait rien demandé, ils l’avaient arraché à son inexistence et enchaînée. La moindre liberté prise amenait irrémédiablement une sanction, la dernière avait laissé ses marques, mentales et physiques. Embrasée son être d’un désir impérieux de vengeance qui l’empêchait de céder à une terreur légitime. « Nous le sommes bien plus de l’avoir parmi nous. » répliqua Elektra d’un ton aimable mais ferme qui fit réaliser son erreur au Tartuffe qui rougit.

Derrière le magicien, un homme les observait avec un peu trop d’insistance. Il y’avait quelques regards tournés vers eux, Stephen Strange était une attraction et elle-même attirait l’attention. Celui de ce type était différent, il n’était ni curieux, ni envieux, il était concentré. Elektra reconnu là un des chaperons que La Main lui collait aux basques. Ces types étaient comme des cafards, en voir un signifiait qu’il y’en avait bien plus.
« Pour dire vrai Monsieur Strange… » commença t-elle, ses yeux glissèrent du type au docteur. « …je suis une très grande admiratrice. » Sa voix était de velours et son accent chantait doucement, elle accrocha son regard et posa sa main sur son avant-bras puis ajouta « J’espérais que nous puissions nous entretenir…» Admiratrice tentatrice, la dernière d’une liste qui devait compter la blondinette qui fulminait prêt du bar. Sourire en coin, sa main glissa sur le tissu de son costume, puis d’autorité, elle glissa son bras par-dessous le sien « …en privé. » acheva t-elle. Tartuffe l’observait la bouche légèrement entrouverte. Elektra l’ignorait, si son attitude était séductrice : la façon dont son corps tendait vers le sien, la pression légère de sa main sur son bras, le sourire enjôleur sur ses lèvres carmines, son regard le pressait d’entrer dans son jeu.

Elle ne pourrait pas lui parler ici, même par sous-entendu. Par ailleurs, elle n’avait jamais été patiente et Strange avait déjà montré qu’il savait que quelque chose clochait. Alors à quoi bon feindre ? Et puis Strange n’était probablement pas le genre à se laisser berner par un jeu aussi grossier. Et Elektra ne savait pas jouer les gentilles.
Elle adorait jouer. Mais selon ses règles, celles de La Main l’ennuyaient, la frustraient.  Sage. Elle n’avait jamais été sage de sa vie. Et elle pouvait battre des cils et feindre une admiration transie, elle devait puer l’occulte. Leur magie poisseuse, monstrueuse lui collait à la peau ; laissant la persistance d’une crasse que n’enlevait aucun savon, peu importe combien de temps elle frotterait sa peau. C’était pire depuis que ce taré avec réveillé ses plus bas instinct, elle s’était senti dévoilée, possédée, il avait pénétré son esprit, rampé dans sa conscience.

Est-ce qu’il pouvait le voir, ce magicien, qu’elle était un monstre ? Une aberration.

Ils fendent la foule, Elektra aborde un sourire satisfait de circonstance, la tête haute, altière, femme trophée de premier ordre.  Elle se délecte d’être dévisagée et des murmures qui bruissent sitôt que Stephen adresse un salut. Elle s’amuse, un peu, elle ne pensait pas s’amuser quelques secondes plus tôt. La gravité n’a jamais pesé sur Elektra et si elle a tendance à s’en entourer ses derniers temps, elle ne dure pas. L’assassine a toujours porter son sourire comme une armure et a traiter légèrement les sujets qui la troublait. Elle s’amusa de voir le magicien jouer les pique-assiettes et ne se fit pas prier pour y gouter. La gourmandise n’était pas le moindre de ses vices.
Faussement complices, ils se déplacent sans précipitation et Elektra derrière ses airs mutins scrutent les visages et les attitudes, elle a repéré deux autres invités surprises, plus aucun depuis qu’ils sont entrés dans la maison qui ne semblent abriter que ceux qui désirent une certaine tranquillité. La maison est immense, vieille bâtisse bourgeoise rénovée avec un goût douteux. Elle se laisse guider par le magicien jusqu’à une pièce déserte. Une bibliothèque ancienne dont les ouvrages servent probablement de décoration. L’homme la lâche et se rends à la fenêtre, Elektra s’assoit sur l’accoudoir d’un canapé, attendant qu’il termine de  vérifier la présence éventuelle d’espions. Il a perdu son sourire, pas Elektra. « Ce prénom n’est qu’un demi mensonge » élude-t-elle, sciemment cryptique, avant d’ajouter joueuse « Qu’est-ce qui vous fait penser que je peux désirer autre chose qu'être seule avec vous ? » Elle battit des cils et décroisa ses longues jambes, séduction grossière mais indéniable, avant de se relever un sourire un peu plus moqueur aux lèvres. « C’est en tout cas ce que… » elle fit mine de chercher le mot  adéquat un instant « … mes employeurs espèrent que vous pensiez. »

Elle abandonna ses inconfortables talons sur le tapis et déambula dans la pièce comme on visite une galerie. Elle n’observait cependant aucune œuvre mais cherchait de potentielles caméras de surveillances  ou des micros que les riches un peu parano auraient pu installer. Elle souleva un bibelot avant de se tourner à nouveau vers Strange. « Ne soyez pas vexé, ils ont tendance à prendre un peu tout le monde pour des imbéciles. » Elle relâcha négligemment l’objet qui se brisa au sol dans un fracas de porcelaine bon marché et  dévoila une mini caméra qu’elle se pencha pour ramasser du bout des doigts. « Parfois, ils n’ont pas tort ». Elle la dépose sur un guéridon duquel elle souleva une lourde statuette probablement de bronze, elle utilisa comme une masse pour fracasser le petit appareil.
Elle rabattit ses longs cheveux noirs d’un geste machinal et dit d’un ton presque jovial : « Maintenant nous pouvons parler ». Elektra reprit place sur le canapé, qui avait l’avantage d’être dans l’angle et donc non directement visible de la large fenêtre. De l’index elle invita Stephen à la rejoindre. « Vous l’avez senti, n’est ce pas ? Qu’il y a quelque chose qui ne va pas en moi. » Elle retourna élégamment son bras, lui offrant son poignet. « Prenez mon pouls Docteur et dites-moi ce qui ne va pas. » Elle attendit un peu avant de rajouter, plus pressante « Surtout dites-moi si vous y pouvez quelque chose. » Ca l’obsédait, cette absence, le silence absolu de son corps, cette impression d’être rien de plus qu’un cadavre.  Une poupée au mieux.
Impossible de fuir La Main sans craindre de tomber raide morte. Quels pouvoirs avaient-ils encore sur elle ? Elektra n’en pouvait plus de son rôle de pantin et elle souffrait encore des conséquences de sa petite révolte, elle voulait sa liberté, elle voulait sa revanche et elle voulait sa guerre.

Le diagnostic tombait, Elektra le connaissait déjà, bien qu’elle ait toujours du mal à l’admettre. Elle l’écouta palabrer d’un ton docte sur la magie et ses coûts. Combien de mort pour la ramener ? Elle avait vu les cages. La réponse était indécente. Et elle préférait ne pas y penser. C’était une chose de tuer des gens au cours d’un combat, s’en était une autre de les vider de leur sang pendant des jours pour quelques rituels occultes. La moralité d’Elektra était certes très personnelle, mais elle supportait difficilement les actes de La Main. D’autant plus qu’elle ne les comprenait pas.

Strange se montrait pessimiste, elle l’écoutait d’un air neutre, légèrement tourné vers lui, accoudé au dossier du canapé, sa tête reposant contre sa main libre. L’autre toujours tenu par Strange, ses doigts pressant un pouls qui ne battait plus depuis de longs mois.
Sans brusquerie elle ôta le poignet de sa prise et le laissa reposer sur sa cuisse pliée contre l’assise. Il avait des questions, bien sûr elles étaient légitimes. C’était des questions qui amèneraient d’autres questions et Elektra n’avait pas pour habitude de se livrer. Elle poussa un léger soupire. « Je m’appelle Elektra et ils ne sont pas vraiment mes employeurs. » Ses maîtres, mais elle répugnait à utiliser le mot, elle trainait ses chaînes en espérant que personne ne les entendent cliqueter. « Ils se nomment eux-mêmes La Main. » Elle posa machinalement les yeux sur les mains abimées de Stephen puis remonta vers son visage. « Leurs rangs sont composés de cadavres mouvants et ils ont pensé que j’étais celui le plus à même de te plaire ».  Son sourire sonnait faux, désabusée par le rôle qu’ils lui avaient confié.

La Main jouait avec elle et pour l’instant elle ne pouvait rien faire d’autre que de se prêter, docile poupée, à leur jeu. En apparence au moins. Elle n’était pas assez stupide pour ne pas avoir peur d’eux. Si la mort même ne pouvait lui faire échapper à leur emprise, elle devait trouver des alliés de poids, des alliés qui maîtrisaient la magie, des alliés qui pouvaient croire en un groupe complotant dans l’ombre et possédant une armée de cadavre-ninja. Elle avait envie d’un verre, et la carafe d’un probable whisky hors de prix qui trônait sur la commode derrière Strange la tentait. Au diable le passif de Strange, elle en avait marre de jouer la comédie, elle déplia ses longues jambes et sauta lestement de l’autre côté du canapé « Tu m’excuseras mais j’ai besoin d’un verre ».
La carafe tinta contre le cristal du verre, la première gorgée brula agréablement sa gorge. Elle entendait presque la voix de Stick gronder devant sa consommation d’alcool. La première règle des chastes étaient de préserver son corps. Elektra n’avait jamais fait une très bonne chaste. Elle reprit une gorgée et revint sur le canapé, reprenant ses explications, elle ne savait pas grand-chose de La Main, mais elle le livrerait à Stephen. « Les cadavres de La Main sont parfaitement obéissants, ils ne réfléchissent pas, n’agissent pas sans ordre. J’ai passé quelques temps sans souvenirs précis, mais je n’ai jamais été aussi… » Elle chercha  ses mots un instant « ….conditionné. » Elle avait recommencé à faire ce qu’elle avait toujours fait, assassiner. Elle éluda  cependant le sujet, se contentant des faits de La Main. «  Ils m’appellent leur Black Sky, parlent de destin. » Il y avait une certaine dérision dans son ton, elle savait l’absurde de la situation.  « J’ai commencé par en rire. Avant qu’ils n’envoient un assassin me tuer. »

Son regard se voilà, ce type, elle le tuerait, à leur prochaine rencontre, elle le tuerait. Il l’avait tué, il avait joué avec elle. Sa dernière rencontre avec lui imprimaient des images décadentes dans ses cauchemars. Ses doigts frôlèrent la dentelle de sa robe à l’endroit de sa poitrine ou son sabre l’avait  traversé, elle s’arrêta quand elle en prit conscience et préféra à nouveau porter le verre à ses lèvres.

Il pose beaucoup de question et elle n’a aucune réponse. Les réponses sont inutiles, elle ne veut pas comprendre, elle veut sa liberté. Rompre ses chaînes et s’en servir pour étrangler ses geôliers. Elle ne sait pas encore ce qu’elle fera de sa liberté. Depuis un très jeune âge elle a été entrainé par les Chastes, mais ils l’a considéraient comme trop imprévisible, alors elle a loué ses services sans savoir que derrière la plupart de ses commanditaires, La Main la dirigeait.
Il y a quelque chose de terrifiant et de grisant à désirer cette liberté. il n’y a rien qui l’attends derrière. Et elle n’attend rien. Personne à part, peut-être… Non. Personne. Elle devait oublier les naïves promesses et les ridicules illusions qui l’avaient bercés quelques instants de trop. Peut-être inventerait-elle un mensonge pour expliquer qu’elle était en vie, tenterait-elle de récupérer les actions que son père adoptif avec malheureusement cédé à Roxxon. Vivre la vie qu’elle n’avait jusque-là que singé.
Peut-être un temps. Puis l’ennui la saisirais. Et Elektra n’avait jamais su gérer autrement l’ennui que par la prise de décisions impulsives et tout ce qui ne provoquait pas de décharges d’adrénalines  avait tendance à l’ennuyer rapidement.

En cet instant, Elektra était concentrée sur les mots du sorcier. Il aimait parler et il parlait bien. Ses questions, rhétoriques pour la plupart, n’appelait aucune réponse qu’elle put avoir. Elle connaissait bien mal ses geôliers. De toute évidence, lui aussi. Un sourire amusé naquit sur les lèvres d’Elektra, il s’inquiétait de son couvre-feu, c’était presque adorable. « J’ai deux fonctions dans l’esprit de mes ‘supérieurs’ : le meutre ou le sexe. » dit-elle crûment et son indifférence assurée laissait sous-entendre qu’elle ne se formalisait pas de leur stupidité idoine.
Elle poursuivit, nonchalamment, presque détachée de son discours « Ils m’ont donné une robe et non une arme. Ils ne s’attendent pas à ce que je revienne vite. » Une robe qui n’était pas elle, une robe choisit en fonction des standards de séductions  et censée la  faire paraître accessible. La Main était tenue par des hommes qui avaient depuis longtemps oublié ce qu’était la vie et ils transformaient Elektra en une parodie de ce qu’elle fut. A aucun moment, le fait qu’elle puisse réfléchir ou se rebelle ne leur avait effleuré l’esprit. Quand sa désobéissance était devenue manifeste, ils avaient sévis. Et elle devait l’avouer, elle ne l’avait pas vu venir. Ils songeaient probablement que leur punition avait annihilé toute velléité de révolte. Elle est plus forte que ça. Le calme d’Elektra frisait l’inconscience mais également un certain orgueil. Celui de savoir qu’elle était spécial pour cette bande de fanatique, privilégié et que leurs punitions n’étaient que des réponses à la peur de la perdre, à la rage de ne pas la contrôler, en somme : à leur impuissance.

« Nous avons tout notre temps », affirma-t-elle, suggestive et assurée.  Incapable de se défaire d’une séduction insouciante devenue naturelle. Elle joue et charme, Elle se protège du sérieux et du grave d’une conversation. Elektra se protège du sérieux et du grave de sa situation.
« Et nous pouvons nous rendre ou tu le souhaites. » Plus elle pouvait mettre de distance entre ses chaperons et elle, mieux cela serait. Elle abandonna son verre sur la petite table jouxtant le canapé puis observa Stephen avec un certain intérêt. Elektra était étonnée qu’il la croit si rapidement, qu’il soit si prompt à l’aider. Derrière l’apparente douceur de son regard brun brillait une certaine méfiance, le contraire aurait démontré une certaine bêtise. Pourtant, il l’assurait de la certitude de son aide, sans rien demander en retour. Pour l’instant en tout cas. Elektra ne souhaitait contracter aucune dette, sans en connaître le montant.
Elektra payait déjà la dette d’une vie qu’elle n’avait pas réclamée. Elle ne voulait plus rien devoir à personne. Rien n’est gratuit en ce monde, la magie coûte plus cher que tout le reste. « Avant ça… » commença t-elle, le scrutant de son regard perçant  « j’aimerai connaître le prix que je devrais payer. A toi ou à ta magie. »