Control your anger [Pv Poor]

Suite directe de Blood and Drugs

Poor se disait résistante. Elle l’était peut-être. Elle cachait peut-être son jeu mais je m’en fichais, je n’avais pas envie de tester sa résistance. Mes griffes étaient des armes très dangereuses, même pour quelqu’un de résistant. Je fis un petit sourire lorsqu’elle m’expliquait qu’il y avait du ménage à faire dans le hangar, de quoi me défouler, en somme. Mais il y avait toujours moyen de se défouler, que ça soit dans un hangar ou ailleurs. Le fait de trancher ces criminels de bas étage m’avait pas mal défoulée aussi. Ça m’avait fait du bien et ça m’avait calmée même si je m’étais retrouvée avec plein de sang sur mes vêtements. Elle m’expliquait que, quoi qu’il arrive, cela ne se ferait pas du jour au lendemain et que cela prendrait du temps. Elle semblait être patiente et elle cultivait ça depuis des décennies. Attends… Elle a bien dit « décennies » ? Mes yeux passent sur son corps pour constater… Elle n’avait pas l’air plus âgée qu’une trentenaire. J’avais dû mal à comprendre l’utilisation de « décennies ». Elle cachait son jeu, en effet… Quoi qu’il en soit, je répondis directement après avoir posé ma bouteille.

« Je suis loin d’être patiente. » Je soupirai quelques instants avant de m’approcher de la porte d’entrée et d’attraper une paire de bottes que j’enfilai sans hésiter une seule seconde. Je remontai la fermeture éclair avant de tourner les talons en direction de Poor.  « Je n’ai pas l’intention de dormir maintenant. Alors… Je n’ai rien à perdre à aller voir ce que tu me proposes. » Je passai une main dans mes cheveux en la regardant dans les yeux. « Enfin… Sauf si tu as autre chose à faire, là. » Je croisai doucement les bras en penchant ma tête sur le côté. Elle n’avait pas l’air fatigué non plus et à vrai dire, je trouvais que c’était plus pratique d’y aller une fois le Soleil couché, on attirait moins l’attention sur nous. J’ouvris la porte afin de la laisser passer et de fermer cette dernière à clé. Il ne me restait plus qu’à suivre cette demoiselle. Je descendis donc les escaliers en suivant Poor afin de nous retrouver dans la rue. Je suivais ses pas, ne sachant pas où cet endroit se situait. J’étais vraiment curieuse de savoir où tout ceci allait m’emmener même si j’étais sceptique concernant les résultats et que je gardais une certaine appréhension sur les bonnes intentions de Poor.

Personne ne s’était comporté comme cela avec moi depuis la famille de ma génitrice. Cette famille avait été un véritable bonheur avant qu’HYDRA ne fiche tout en l’air. Aujourd’hui, j’étais bien seule et Poor semblait être une main tendue que j’attendais depuis bien longtemps. Mais comme ces derniers se faisaient rares, je restais tout de même sur mes gardes. Mais Poor faisait tout pour me rassurer… Et elle montrait tous les signes pour que je puisse lui faire confiance. J’en avais vraiment envie, mais mon instinct restait celui qu’il était… J’étais une louve solitaire et je le resterais probablement.
 

Je marchais jusqu’au métro, suivant Poor sans ajouter un mot. À vrai dire, j’étais curieuse de découvrir cet endroit dont elle m’avait parlé. Cela semblait être un endroit isolé, spacieux, pratique pour s’entraîner sans risquer de faire tomber quelque chose par le manque d’espace. Lorsque l’on s’entraînait, l’espace était quelque chose de primordial afin de pouvoir progresser. Nous arrivions dans le Queens et mes pas enchainèrent ceux de Poor jusqu’à un bâtiment plus ou moins grand, où il ne semblait pas y avoir de vie à l’intérieur. On passa par une petite porte, à côté d’une porte bien plus grande, probablement pour des livraisons… Après tout, c’était un entrepôt, à la base, c’était pour stocker pas mal de choses. Les lampes s’allumèrent péniblement avant d’éclairer tout l’entrepôt. Il y avait un petit coin habitation et d’autres choses intrigantes, comme des crochets au plafond. Mes yeux balayèrent l’endroit de part et d’autre avant de se poser sur Poor.

« La décoration ne sert à rien dans ce genre d’endroit… » Dis-je en faisant quelques pas. D’ailleurs, ils résonnèrent à cause de la hauteur du toit et de l’espace à disposition. Il faisait frais, après tout, c’était un entrepôt… Mais je ne craignais pas le froid pour autant… J’avais vécu dans la rue un certain nombre de jours, j’avais été entraînée à survivre dans des conditions extrêmes… Je me souvenais d’un entraînement où j’avais dû me défendre contre des soldats en sous-vêtement par un temps de -20°C. A cette température, les coups que l’on recevait étaient bien plus douloureux que la normale surtout que les soldats n’y allaient pas de main morte… HYDRA n’y avait jamais été de main morte avec moi, de toute façon. Je m’arrêtai, juste en dessous des crochets avant de lever les yeux au plafond.

« Et ça ? Ça sert à quoi ? » Demandais-je, quelque peu curieuse de voir ce genre de chose dans l’entrepôt. Cela devait certainement être utile à un moment donné pour Poor, sinon, elle n’aurait pas cela dans son entrepôt. Je n’arrivais pas à trouver une utilité pratique, à vrai dire… Je reposai ensuite mes yeux sur Poor, les mains dans les poches en attendant que la belle me réponde. Cet endroit était vraiment bien. Il était isolé, calme, il y avait moyen de faire pas mal de choses… Pour s’entraîner, c’était vraiment l’idéal, j’en étais consciente. J’étais contente d’avoir choisi cet endroit plutôt que l’Institut Xavier, car, ici, j’étais seule avec Poor et non pas entourée de personnes qui me dévisagent de la tête aux pieds en se demandant ce que je pouvais bien être… Car, il fallait bien avouer que, de prime à bord, je n’étais pas vraiment la personne vers qui on se tournait. Je laissais une mauvaise première impression à cause de mon ton glacial. Poor semblait être passée au-dessus de cela, ce qui me faisait plaisir, d’ailleurs.
 

Mes yeux balayèrent complètement cet endroit, curieuse d’en savoir plus sur son histoire. D’ailleurs, mes yeux s’étaient dirigés vers le plafond pour constater qu’il y avait des crochets. Je fus quelque peu curieuse de connaître la raison d’une telle présence en ces lieux et Poor me répondit sans hésiter. Je levai un sourcil lorsqu’elle parla d’hommes avant de reporter mon attention sur ces crochets. Pourquoi suspendre des hommes là-dessus ? En fait, je m’en fichais un peu. Si elle voulait me suspendre à un de ses crochets, je lui souhaitais bon courage.

« Je n’ai pas envie de connaître les détails. Je crois. » Dis-je en reposant mes yeux sur Poor alors que cette dernière se saisit de sacs de frappes afin de les suspendre aux crochets qui étaient désormais plus bas. Elle semblait vouloir s’échauffer avant de passer aux choses sérieuses. Je lui fis un léger petit sourire avant de m’approcher de mon sac de frappes. « D’accord… » Je me mis donc en position devant mon sac de frappes et je commençai à donner plusieurs coups sur ce dernier. D’entrée de jeu, mes coups étaient plus ou moins violents, n’étant habituée qu’à cela. Je frappais ce sac, le faisant souffrir très certainement. Je soufflai entre chaque coup afin d’avoir une respiration fluide et ne pas être trop rapidement essoufflée. Mes yeux se posèrent quelques instants sur Poor avant de reprendre mes coups. Je frappais et frappais encore et par réflex, les deux griffes de ma main gauche sortirent et vinrent trancher le sac de frappes. Le sable s’écoula à vive allure et je fis un petit pas en arrière, rentrant mes griffes.

« Désolée… Réflex. » Dis-je en regardant le sable tomber sur le sol et créer une petite motte. Mes yeux se reposèrent sur Poor. Mes griffes étaient sorties par réflex, car je me battais toujours avec elle. J’étais entrainée à les sortir pour trancher. C’était difficile pour moi de contrôler cela et pourtant, je pourrais m’en passer lors de certaines confrontations… Ma seule habilitée au combat pouvait mettre KO mes adversaires sans trop de difficultés. Mais en général, tout ceci se finissait dans le sang. « Je n’aurais pas dû… » Ce n’était qu’un sac de frappes, au fond, tout le monde s’enfichait. J’imagine que Poor s’en fichait aussi, mais c’était dans le principe, j’aurais aimé pouvoir éviter ceci et continuer mon échauffement. Mais mon conditionnement et mon entraînement avaient repris le dessus et je n’avais pas pu maîtriser cela. Je passai une main dans mes cheveux en me calmant un peu, reprenant mon souffle quelques instants. Il fallait que j’évite à nouveau de faire ceci, histoire de ne pas foutre en l’air tous les sacs de Poor… Après, elle pouvait préférer passer à la suite aussi… En réalité, je n’avais pas vraiment besoin d’échauffement. J’étais habituée à frapper fort directement. Je ne craignais pas les courbatures car mon organisme était tel que je n’avais jamais ce genre de chose. Plutôt pratique, d’ailleurs.

Je ne m’étais pas retenue et le sac de frappes en avait subi les conséquences. Je l’avais déchiqueté de part en part, l’éventrant totalement, laissant le sable couler à mes pieds alors que mes yeux se posèrent sur Poor, m’excusant pour ce que je venais de faire, quelque peu gênée. Je repris doucement mon souffle, car j’avais lâché toute ma force dans cet exercice et même si ça n’avait pas duré longtemps, cela avait été intense. C’est alors que Poor prit la parole en m’expliquant que c’était justement ce qu’elle voulait m’enseigner… Frapper sans pour autant tuer, car si le sac de frappes avait été une personne, elle serait probablement morte ou gravement blessée avec ce coup de griffe frontal. Je lui fis un petit signe de la tête pour lui faire comprendre que j’avais pigé le message même s’il était plus difficile pour moi de l’appliquer. Il fallait qu’elle comprenne que j’avais été entraînée depuis le berceau à tuer… A être violente et à ne pas me soucier des conséquences… J’avais été éduquée pour être une bête sauvage dont les proies n’avaient aucune chance de survie. Elle me proposa ensuite de passer à son sac de frappes afin de suivre ses conseils.

« D’accord, si tu veux. » Dis-je en me déplaçant doucement à la place où se tenait Poor il y a quelques secondes. « Mais, quand t’as été entraînée pour tuer… C’est plus facile à dire qu’à faire. » Dis-je en commençant à donner quelques coups au sac de frappes. Mes gestes s’intensifièrent très rapidement et mes coups devinrent d’une rare violence, comme j’en avais l’habitude. Un homme aurait été très vite sonné même s’il faisait deux tailles en plus que moi. À défaut d’avoir mes griffes, je savais frapper d’une bonne manière pour faire mal. Alors que mes coups s’enchainèrent, quelques souvenirs refirent surface, des souvenirs de mon entraînement violent au sein d’HYDRA, des coups que l’on me portait alors que l’on me traitait comme une vulgaire marionnette. Les griffes de ma main gauche sortirent, mais je réussis à retenir mon coup au dernier moment, fendant que très légèrement le sac de frappes. Je fis un pas en arrière en rentrant mes griffes et en posant mes yeux sur Poor. « Je… Je n’y arriverai pas. » Même si mon coup avait été moins violent que le dernier, une personne aurait été blessée. Mes griffes laissaient de grandes marques sur la peau des gens. Je passai ma main dans mes cheveux en soupirant, reprenant quelque peu mes esprits. Je me rendais compte que mon instinct bestial reprenait bien trop vite le dessus et j’avais beaucoup de mal à le contrôler, à empêcher qu’il sorte… C’était comme cela que j’avais toujours fait… Désapprendre ce que j’avais appris était quelque chose de plus complexe que j’aurais pu l’imaginer.
 

Mes griffes étaient sorties, mais je m’étais retenue du mieux que je pouvais pour ne pas trancher le sac de frappes de part en part, comme je l’avais fait pour le précédent. Il avait été fendu que très légèrement et je m’étais reculée en expliquant à Poor que je n’y arriverais pas. C’était difficile pour moi de désapprendre tout ce que j’avais appris à HYDRA. Lorsque je me battais, mon instinct me disait de sortir mes griffes pour frapper. C’était plus fort que moi, malheureusement… C’était comme cela, je devais faire avec ! Mais Poor était là pour me rassurer, pour m’expliquer que ce n’était pas grave de ne pas y arriver de suite et que cela allait probablement prendre un peu plus de temps. Je soupirai légèrement. Je n’aimais pas vraiment cette situation où je ne maitrisais pas ce que je faisais. Ce n’était pas habituel pour moi de retenir mes coups. Elle vint mettre du scotch sur son sac de frappes afin de m’inciter à continuer.

« D’accord, je recommence. » Dis-je, sans grande conviction. Je me remis en position de combat, prête à frapper sur les sacs. Peut-être m’étais-je décidée un peu trop vite à vouloir écouter les enseignements de Poor. Peut-être n’étais-je pas encore prête de changer ? Je n’en avais aucune idée. Mais il était clair que ce n’était pas ce soir que j’allais y arriver, j’en étais persuadée. Ce n’était pas en un jour que j’allais pouvoir changer des années de conditionnement. Mes poings commencèrent à nouveau à rencontrer le sac de manière quelque peu violente, comme à mon habitude. A chaque coup je soufflai et je vins même à donner des coups de pieds dans le sac de frappes. Cependant, les souvenirs remontèrent à la surface, de mon entraînement violent chez HYDRA. Je m’étais déjà retrouvé dans une telle pièce à frapper ce genre de choses sous les demandes des superviseurs. De mauvais souvenirs que je voulais chasser… Mais c’était très difficile.

Mes griffes sortirent à nouveau et je tranchai le sac de frappes avant même que je m’en rende compte avant de sursauter et de faire un pas en arrière… « Désolée… C’est trop dur, je n’arrive pas à me contrôler. » Dis-je en soupirant, venant frapper le sol de rage, ma griffe se planta dans ce dernier avant de les ressortir, laissant ainsi une marque. Je rentrai mes griffes, quelque peu énervée que cela ne fonctionne pas aussi bien que je l’avais prévu. Poor n’allait pas avoir facile avec moi et cela n’allait certainement pas se faire en un jour. J’avais été entraînée pendant dix ans à enchaîner les coups, à tuer plutôt qu’à blesser… Alors oui, certains réflex restaient, malheureusement, c’était comme cela. J’allais vraiment devoir faire avec… Poor aussi, d’ailleurs, puisqu’elle s’était mise en tête de m’aider à contrôler ma colère, à me canaliser pour la laisser sortir à une dose correcte afin de blesser et non de tuer mes cibles. « Je ne suis pas sûre d’y arriver ce soir… Je suis désolée. » C’était plus fort que moi de faire cela, d’autant plus lorsque de mauvais souvenirs venaient refaire surface à ce moment-là.