Blood and Drugs [Pv Poor]

Minuit. Wannabee, boîte de nuit dans laquelle je travaillais. Il s’agissait d’une simple soirée comme une autre, à servir des personnes parfois bien bourrées et à entendre de la musique battre à plein tube dans mes oreilles. Ceci pouvait paraitre agaçant, mais j’avais connu bien pire et pour la première fois de ma vie, j’avais un semblant de normalité. Un semblant, juste… Car cet endroit restait un endroit fréquenté par des mutants et aussi par des personnes aux intentions mauvaises. Après tout, nous sommes loin des quartiers riches de la ville, mais bien dans des coins réputés un peu plus dangereux. Certaines personnes venaient ici pour l’adrénaline, car ils aimaient le danger, d’autres venaient pour foutre la merde, tout simplement. Je savais qu’il y avait des vendeurs de drogue dans le quartier, qui attrapaient les clients à la sortie, tard le soir, profitant qu’ils soient imbibés d’alcool pour leur revendre leurs merdes. Ou encore un réseau de prostitution… A chaque fois que je passais dans le coin, j’avais l’impression de revivre ce temps passé en tant que prostituée. Ce fut une période noire de ma vie et j’en étais pas vraiment très fière, d’ailleurs… Mais je devais faire avec. Tout ce que j’espérais, c’était que l’un ou l’autre ne vienne pas me chercher des noises, car je risquerais de démarrer au quart de tour et je peux vous garantir que ça ne serait pas beau à voir.

« Hey, beauté, tu me sers un cocktail maison ? » La voix d’un homme me fit sortir de mes pensées et mes yeux le fusillèrent du regard. Oui, il avait compris que c’était peut-être un peu trop tôt pour les petits surnoms. Je me contenais pour ne pas m’énerver, surtout pas ici… Je ne voulais pas perdre ce travail, car j’en avais besoin pour survivre. De plus, ici, j’étais anonyme, personne ne connaissait mon histoire. Enfin, j’espérais… Car, il fallait bien avouer que dans ce genre d’endroit, les femmes étaient souvent les cibles, mais il fallait faire avec ! Je servis donc le cocktail à ce type en le posant sur la table et avant que ce dernier prenne son verre après avoir déposé l’argent sur le comptoir, je vins saisir son poignet avec force.

« Ne m’appelle plus comme ça. Ou je t’étripe. Maintenant, casse-toi. » Dis-je en le regardant, comprenant que je n’étais pas vraiment commode et qu’il ne fallait pas trop me chercher. D’apparence, je pouvais peut-être paraître frêle, mais en réalité, j’étais une véritable bête sauvage et s’il ne voulait pas le découvrir, il avait plutôt intérêt à ne pas recommencer. Lorsque je vis une autre serveuse me regarder d’un air surpris, je relâchai le bras de cet homme en le laissant partir, prenant l’argent pour le mettre dans la caisse. Elle me demandait si tout allait bien. « Ouais, ça va. » Dis-je en continuant mon travail. C’est à une heure du matin que mon service fut terminé. Je sortis donc du bar, passant au travers de la piste de danse et de la foule en me dirigeant vers la sortie. Ce que je ne vis pas, c’est que deux hommes me suivirent, semblant voir que je pouvais être une cible potentielle. Il y avait trop de bruit, trop d’odeurs pour que je m’en rende compte.

Une fois dehors, je pris un bol d’air frais en passant une main dans mes cheveux. Je pris donc la direction de mon petit appartement, non loin d’ici. Lorsque je m’enfonçai dans une ruelle, je sentis plusieurs odeurs… Celles de plusieurs hommes, mais aussi le parfum d’une jeune femme, bien que cette odeur semblait plus lointaine. Je m’arrêtai avant de tourner les talons et voir que deux hommes se trouvèrent devant moi.

« Besoin d’un petit remontant après cette dure journée de travail, ma jolie ? » Dis l’un des hommes en me présentant un petit sachet. J’avais très certainement la tête d’une camée, j’en sais rien… Après tout, je tranchais avec les autres serveuses qui avaient l’habitude de s’habiller sexy ou de se maquiller à fond… Ce n’était pas mon genre.
« Non, maintenant, cassez-vous. » Dis-je en me retournant, mais l’homme ne semblait pas apprécier mon ton. Il posa sa main sur mon épaule et sans hésiter, je tournai mes talons pour lui saisir, mais deux hommes arrivèrent derrière moi et l’un de me donna un coup dans le dos avant de m’attraper avec son collègue.

« Tes parents ne t’ont jamais appris la politesse ? » Mes yeux se posèrent sur lui alors qu’il semblait se délecter de la situation.

« On m’a surtout appris à m’occuper des enfoirés dans votre genre. » Et une griffe sortit de mon pied droit, perçant un trou dans ma chaussure et je vins la planter dans le ventre de cet homme qui se tordit de douleur. Bon, cette soirée allait mal se terminer, visiblement. Mais il ne fallait pas me chercher, je l’avais dit.

Cet homme se recula, gémissant de douleur alors qu’il se vidait de son sang. Il venait de comprendre que je n’étais pas commode et que je n’avais clairement pas envie de m’amuser avec leur connerie, ni à autre chose, d’ailleurs. J’avais rencontré pas mal d’hommes lors de ma période en tant que prostituée et la plupart des clients n’étaient pas des gens fréquentables. Dans ce genre de bas quartier, à quoi d’autre pouvais-je vraiment m’attendre ? Un homme me saisit par-derrière alors qu’un de ses amis se trouvait près de celui qui agonisait au sol.

« Mais putain, qu’est-ce que t’ais, trainée ? » Dit-il, paniqué et énervé, faisant pression sur la blessure de son camarade. Le dernier sortit une arme à feu afin de la pointer dans ma direction, mais il n’osa pas me tirer dessus, car son pote était derrière. Je sortis mes griffes au niveau de mes mains avant de regarder l’homme qui s’était adressé à moi. « Je suis celle qu’il ne faut pas faire chier. » Dis-je en donnant un coup de coude sur l’homme qui me tenait. Celui qui tenait l’arme me tira dessus et la balle traversa mon bras en me faisant gémir de douleur, mais ça ne faisait qu’accentuer ma rage. Je pris impulsion sur mes jambes pour bondir sur lui et planter mes griffes dans son torse, le tuant sur le coup. Je me redressai en sortant mes griffes de son torse, tournant les talons pour m’approcher de la personne qui me retenait, venant lui donner un coup de pied, entaillant son corps grâce à la griffe située sur mon pied et ce fut mes deux autres griffes sur ma main droite qui s’occupèrent d’abréger les souffrances de cet homme. Il ne restait plus que le dernier, celui qui m’avait insultée. Il était paniqué, il se relevait en reculant alors que je m’approchais. Son pote qui était au sol était déjà dans l’au-delà. Si un Enfer existait pour ces enfoirés… Ce genre d’homme me dégoutait… Ils n’hésitaient pas à vendre leur camelote, même aux plus jeunes, aux plus vulnérables.

« Vous ne manquerez à personne, bande d’enfoirés. » Dis-je en venant lui trancher la gorge, le laissant tomber là. Au moins, il ne ferait plus de mal à personne. J’étais certaine que le monde se porterait mieux sans ses enfoirés. Je rentrai mes griffes, soupirant en voyant ce que je venais de faire. Mes instincts animaux étaient toujours là… Dès que l’on s’attaquait à moi, j’étais obligée de répondre au quart de tour et je savais qu’un jour, cela pourrait me coûter cher. Mais c’était difficile de se battre contre son instinct animal… Je jetai un dernier bref regard avant de faire quelques pas et de sentir à nouveau ce parfum dans mes narines. Le sang l’avait masqué, mais il était bel et bien présent.

« Montre-toi. » Dis-je d’une voix froide. C’était cette jeune femme qui était sortie de la boîte de nuit en même temps que ces hommes. Était-ce une complice ? J’en doutais, elle aurait intervenue. Je fis quelques pas en regardant ma tenue, tâchée de sang et ma botte droite, trouée à un endroit. C’était encore une putain de bonne soirée… J’espérais qu’elle allait mieux finir.
 

Je reprenais doucement mon souffle. Je n’avais pas hésité à m’occuper de ces enfoirés. Je n’avais pas hésité à être violente non plus. C’était mon instinct. J’avais été éduquée à être une bête sauvage et rien d’autre. Pourtant, parfois, j’essayais de lutter contre ceci… J’avais déjà pu ressentir des sentiments à l’époque, bien loin de la haine et de la rage qui pouvaient m’habiter. Mais ma vie était compliquée et je devais faire avec, malheureusement. C’est avec un dernier regard en arrière que je m’avançai avant de sentir le doux parfum féminin d’une jeune femme. Elle était là, quelque part, je pouvais le sentir. Il était enivrant et il ne semblait pas être masqué par l’odeur de la peur que j’avais pu sentir chez ces dealeurs de drogue. Non, son odeur était pure et très appréciable. Je lui avais tout de même demandé de se montrer, d’un ton très froid, voire même glacial. Elle décida enfin de se montrer. Il s’agissait d’une jolie jeune femme, un peu plus grande que moi, d’ailleurs. Elle s’avança en m’expliquant qu’elle n’avait aucune chance de survivre face à moi, mais elle semblait comprendre qu’il ne s’agissait pas de mes intentions premières. Mes yeux se posèrent sur elle, la dévisageant sans aucune gêne alors que je ne sentais aucune peur chez elle, ce qui avait l’art de me déstabiliser un peu. Je ne connaissais personne ne pas avoir un minimum de peur face à un tel spectacle de carnage… Mais elle, ce n’était pas le cas.

« Si tu ne cherches pas les ennuis. Non. Mais ça n’a pas l’air d’être ton cas. » Dis-je en la regardant, penchant doucement ma tête sur le côté. Je ne devais pas être forcément belle à voir avec ce sang sur mes vêtements, mais lorsqu’on se retrouvait dans la mêlée et que l’on tuait avait autant de rage, on ne pouvait pas le faire soigneusement. C’était comme cela. Il fallait faire avec. Je ne la quittais pas des yeux, je ne sortais pas mes griffes non plus, à quoi bon ? Je fis à mon tour, un pas en avant pour voir si elle décidait de reculer pour garder une distance de sécurité, mais ce n’était pas le cas. Elle n’avait pas peur et je devais avouer que c’était quelque chose qui me plaisait bien. C’était rare. Du coup, cette jeune femme m’intriguait quelque peu.

« Pourquoi me suis-tu ? » Demandais-je en la fixant dans les yeux. J’avais senti son odeur depuis le début et j’étais curieuse de savoir pourquoi elle me suivait. Était-elle curieuse ? Venait-elle de la boîte de nuit ? Avec tout ce monde, je n’avais pas pu la ressentir avant, à vrai dire. Du coup, je ne pouvais dire si elle était une cliente de la boîte de nuit. Mais j’étais curieuse de savoir si c’était le cas… J’étais curieuse de savoir pourquoi cette rouquine se retrouvait ici. Et je voulais savoir qui elle était, car ne pas avoir peur face à cela signifiait qu’elle en avait certainement vu d’autres.
 

Je me retrouvais face à cette jeune femme qui ne tremblait pas. Aucun de mes sens ne semblait détecter de la peur chez cette jeune femme, ce qui était plutôt rare et intrigant, d’ailleurs. C’est ce qui m’intriguait chez cette jeune femme, ce qui la rendait intéressante à mes yeux… À part la famille de ma génitrice, les personnes que j’avais croisées me pourchassaient ou avaient peur de moi pour ce que je pouvais faire. Cette femme me disait qu’elle pensait que j’allais me faire agresser. Elle me disait que, visiblement, je savais me défendre et que je lui faisais penser à quelqu’un. Avait-elle entendu parler de cette Arme X ? Enfin, l’original ? Je n’en savais rien et franchement, ce n’était pas important pour le moment. Je n’avais pas la tête à pourchasser mon original. J’avais bien le temps pour cela et j’avais déjà assez donné à ce niveau-là.

« Ouais. Comme tu vois. Je n’ai pas besoin de baby-sitter. » Ma voix était froide et pleine de sens. Je n’avais rien contre Poor. Juste qu’elle voyait bien que je n’avais pas besoin d’aide pour me débarrasser de petites frappes comme celles-ci. J’avais connu assez d’horreurs pour être habituée à cela. J’avais connu des personnes bien plus coriaces et dangereuses alors que je n’étais âgée que de quinze ans. Je n’avais pas vécu une véritable adolescence comme la plupart des adolescentes de la ville. Non, la mienne était faite de sueur, de sang et de chair qui se lacérait sous les coups de mes griffes tranchantes. Ce n’était clairement pas la joie, mais c’était mon quotidien. Mes yeux s’étaient posés quelques instants sur le carnage avant de se reposer sur la jeune femme.

« Et tu comptes faire quoi pour ça ? » Dis-je en désignant le carnage. « Me balancer ? Je risque de mal le prendre. » Mes yeux étaient posés sur la demoiselle. Je n’avais pas l’impression qu’elle avait cette intention, bien au contraire… Si elle avait l’objectif de me balancer, elle ne serait certainement pas venue jusqu’ici. Sauf si elle comptait m’arrêter elle-même. Mais avec ce qu’elle avait vu, elle savait à quoi s’attendre et ça risquait de mal finir. Très mal finir. Mes yeux ne la quittaient pas, elle me déstabilisait pas mal avec son air. Elle était spéciale, je le ressentais. « Mais j’imagine que tu as déjà vu pire. » C’était une observation tout à fait logique puisqu’elle n’était pas partie en courant ou qu’elle n’avait même pas tremblé. Non, elle semblait avoir déjà vu des scènes de carnage au cours de sa vie. Après, avec moi, elle risquait d’être servie, en tout cas ! Je ne faisais rarement dans la dentelle. Je n’avais pas peur de tuer et que ça soit moche à voir.
 

 

Cette jeune femme en face de moi semblait bien sûre d’elle. Trop sûre d’elle à mon goût et je n’appréciais pas cela. Je n’appréciais pas que l’on me tienne tête, car je n’avais clairement pas l’habitude qu’on le fasse aussi facilement. Mais comme je m’en doutais, cette jeune femme semblait avoir vu pire que cela. Ses mots confirmèrent mes dires, en tous les cas. Elle s’était à nouveau approchée de moi et mes yeux étaient toujours posés sur elle alors qu’un soupir vint rompre le silence.

« Je sais que tout le monde ne mérite pas ce sort. Mais il ne faut pas me chercher si on veut rester en vie. » C’était aussi simple que cela. Si on me laissait tranquille, on ne risquait pas grand-chose. Mais à partir du moment où l’on s’en prenait à moi, il ne fallait pas s’attendre à un traitement tendre de ma part. Avais-je vraiment une tête de tendre ? Non, ce n’était pas le cas. Et cette jeune femme semblait l’avoir bien compris, mais elle semblait vouloir m’aider. « J’m’appelle Laura. » Dis-je en regardant la jeune femme. Donner son prénom était un signe de bonne foi, non ? Enfin, c’est ce que l’on m’avait appris, même si je n’avais jamais eu de réel prénom avant que ma mère agonisante ne m’en trouve un. J’avais toujours ce nom de code qui résonnait dans un coin de ma tête. Je passai doucement ma main dans mes cheveux en regardant la jeune femme. « J’ai besoin d’une douche. Mon appartement n’est pas loin. »

La demoiselle n’était pas hostile. Si elle l’avait été, ceci aurait été réglé depuis longtemps. Elle semblait vouloir me connaître, mais parler, ce n’était pas vraiment mon truc. Alors, autant lui montrer mon appartement afin qu’elle découvre qui j’étais, je n’avais rien à cacher. Je n’avais pas grand-chose, en réalité. Sans jeter un regard vers le bain de sang, je me dirigeai vers mon appartement qui se trouvait à quelques pâtés de maison de là où l’on se trouvait. Le chemin ne fut pas très long. J’entrai dans le bâtiment avant de grimper jusqu’au cinquième étage avant de prendre mes clés et d’ouvrir la porte qui menait à mon appartement. J’allumai les lampes en posant mon regard sur la jeune femme à mes côtés. « Fouillez, si ça vous chante. » Dis-je en jetant les clés sur la table. L’appartement n’était pas bien grand, mais suffisamment pour une personne seule. La pièce dans laquelle on se trouvait était la pièce principale avec un salon et une petite cuisine à l’autre bout de la pièce. Je n’avais pas vraiment envie de lui faire la visite, car j’avais besoin d’une douche pour enlever tout ce sang qui se trouvait sur moi. Sans une autre parole, je pris la direction de ma chambre pour prendre quelques affaires et me diriger vers la salle de bain. Si elle voulait discuter, elle attendrait bien quelques minutes, j’imagine… De toute façon, je ne comptais pas changer d’idée parce que j’avais une invitée surprise chez moi.


 

Je n’avais aucune gêne à laisser Poor seule dans mon appartement le temps que je prenne une douche. Je fermai donc la porte de la salle de bain avant de me déshabiller. Ces vêtements étaient bons pour la poubelle, tout comme mes bottes, d’ailleurs… Je fis couler l’eau avant d’entrer dans la douche chaude. Le sang perlait sur mon corps, se mêlant à l’eau chaude avant de glisser jusqu’à l’évacuation. Je me remémorais ce moment où je m’en étais prise à ces individus, les massacrant sans aucune hésitation parce qu’ils le méritaient simplement. Je pris le temps de me laver complètement avant de fermer le robinet et de me sécher. Je sortis de la douche pour enfiler des vêtements simples. Un petit débardeur, avec un simple jogging, restant pieds nus et séchant par la suite un peu mes cheveux. Mes yeux se posèrent sur Poor qui ne semblait pas avoir trop fouillé dans mon appartement. Je passai à côté d’elle pour me diriger vers le réfrigérateur et sortir deux bières. Je n’avais pas demandé l’avis de Poor mais elle ne dirait pas forcément non à une bière ? Je tendis la bouteille à la demoiselle avant d’ouvrir la mienne. Je pris une gorgée directement avant de m’asseoir sur le canapé, posant ma bouteille sur la table basse.

« Bon… Je peux savoir ce que tu me veux ? Et qui tu es ? N’importe qui m’aurait prise pour une dingue et aurait appelé les flics. » Dis-je en posant mes yeux sur elle. C’est vrai, n’importe qui aurait appelé la police ou aurait pris ses jambes à son cou et n’aurait plus envie de croiser mon chemin. Mais Poor, ce n’était pas le cas. Elle n’avait pas vacillé un seul instant, elle n’avait pas eu peur de moi et pire encore, elle se retrouvait là, devant moi, dans mon appartement. C’était une situation cocasse, d’ailleurs. Je repris ma bouteille pour boire une nouvelle gorgée alors que mes yeux étaient toujours dirigés sur Poor. « Tu sembles familière aux trucs bizarres, sinon, tu te serais déjà cassée depuis longtemps. » Oui, elle n’était pas étrangère à tout cela et c’est ce qui m’intriguait chez cette jeune femme, d’ailleurs. C’est pour ça que j’avais accepté qu’elle me suive. C’est pour ça qu’elle se trouvait dans mon appartement à l’heure actuelle. Elle n’était pas hostile, ni effrayée. J’avais beaucoup de mal à la cerner, en réalité. Mais le fait qu’elle ne me balance pas était déjà un bon point pour elle. Je voulais éviter les problèmes même si, en général, ces derniers venaient à moi. Dans la boite de nuit, pas mal de monde savait que j’avais des pouvoirs puisqu’il y avait pas mal de mutants là-bas… Mais à New York, tout le monde n’aimait pas les gens comme moi.

Je m’étais installée sur le canapé, confortablement, buvant une gorgée de ma bière en posant mes yeux sur Poor qui semblait avoir quelques points en commun avec moi. Elle arrivait à m’intriguer en me disant cela. Elle était donc dotée d’un facteur de guérison rapide ? Mais pas de griffes… Elle n’était donc pas tout à fait comme moi, mais cela m’intriguait tout de même. Elle disait avoir été comme moi, à une époque, aussi fougueuse et violente. Elle semblait me mettre en garde sur la société actuelle. Aujourd’hui, ce genre d’acte ne restait pas impuni.

« Je sais. Mais ils peuvent venir me chercher, je les attends. » Dis-je d’une voix froide et dénuée de sentiments. C’est vrai, ils pouvaient venir me chercher s’ils le voulaient, ce fichu Gouvernement, mais je n’étais pas prête de me rendre sans combattre. Ma réaction témoignait d’un esprit trop jeune, trop fougueux, trop sauvage… Mais toute ma vie, on m’avait entraînée pour laisser sortir cet animal qui se trouvait en moi en renflouant un maximum mes sentiments humains. Après m’être enfuie du Projet X, j’avais connu quelques sentiments d’amitié et d’affection auprès de la famille de ma génitrice, puis HYDRA avait tout fichu en l’air, me contraignant à partir… Errant dans les rues de New York. Ma période de prostituée ne fut pas très glorieuse non plus puisqu’on ne se souciait pas du tout de mes sentiments. Enfin, aujourd’hui, j’étais seule et indépendante, pouvant m’épanouir totalement, mais mes instincts étaient toujours plus forts que moi.

Mes yeux se posèrent sur elle et ma tête se pencha sur le côté. « Pourquoi vous souciez-vous donc de moi ? On ne se connait pas et franchement, je n’ai pas laissé une bonne impression, dans la rue. » Comme je l’avais déjà pensé, elle aurait pu partir, voyant que je n’étais rien d’autre qu’une bête sauvage. Mais non, elle était restée, elle m’avait accompagnée jusqu'ici, mais dans quel but ? Pourquoi faire ceci alors qu’elle voyait bien que j’étais dangereuse. Voulait-elle me surveiller ? Voulait-elle en connaître davantage sur moi ? Je n’en savais rien. Tout ce qu’elle me montrait, c’est qu’elle n’avait pas l’air hostile envers moi. De toute façon, elle avait bien vu que je n’étais pas commode. Facteur guérisseur ou pas, si je m’attaquais à elle, ça risquait de faire très mal ! Elle savait donc à quoi s’attendre si elle décidait de changer de comportement et de devenir tout de suite moins sympathique. Il serait dommage d’abimer son joli minois, même temporairement. Pour le moment, ce n’était clairement pas mon intention, de toute façon. J’avais simplement envie de découvrir qui elle était vraiment.  

Je regardais la jeune femme me parler. Elle ne semblait pas déstabilisée par ce que j’avais fait, elle ne semblait pas d’accord de dire que cela avait fait mauvaise impression. Elle voulait simplement me mettre sur le fait accompli que ce n’était clairement pas la bonne manière d’agir, que je ne pouvais pas continuer à découper tout ce qui passait avec mes jolies griffes. Je comprenais parfaitement cela, d’ailleurs. Je comprenais ce qu’elle me disait et je savais, au fond, qu’elle avait raison à ce sujet. À force de faire cela, je risquerais d’attirer l’attention sur moi et ce n’était clairement pas quelque chose que je voulais. Je tenais à ma liberté et au fait que personne ne sache qui j’étais. Mais lorsque l’on me cherchait les ennuis, c’était plus fort que moi, je n’arrivais pas à résister à mon instinct. Et ça, Poor semblait l’avoir bien compris. Mes yeux étaient posés sur la table basse, j’étais plongée dans mes pensées. Les mots de Poor résonnèrent en moi. Je savais qu’elle avait raison, mais cela n’était pas si simple.

« Depuis toute petite, j’ai été entraînée à être ce que je suis. Tuer. Ne pas ressentir de sentiments. » Dis-je, me confessant un peu. C’était rare que je le fasse, d’ailleurs… Mais avec Poor, le dialogue semblait bien passer, elle était vraiment sympathique en plus d’être très charmante. Elle savait comment me parler et ses mots étaient tellement justes… Ceci était même troublant. « Putain d’HYDRA… » Dis-je dans un grognement. Oui, c’était eux les responsables. Depuis le début, d’ailleurs. HYDRA m’avait créée, HYDRA m’avait forgée… Ils avaient fait de moi ce que j’étais jusqu’à ce que je me libère de leurs entraves. Le Projet X avait été jugé instable. Finalement, je ne descendais pas de lui pour rien, c’était indéniable. J’étais tout aussi instable que cet homme qui avait les mêmes gênes que moi.

Mes yeux se relevèrent doucement en direction de Poor. « C’est difficile de pouvoir se contrôler lorsqu’on m’a appris à me déchaîner. » Dis-je dans un soupir en levant les yeux au ciel. En effet, c’était plus facile à dire qu’à faire, mais Poor semblait être là pour vouloir m’aider. J’avais beaucoup de mal à imaginer que l’on veuille m’aider… Toute ma vie, des inconnus s’étaient servis de moi… HYDRA, le proxénète, … Mais aujourd’hui, c’était une inconnue sortie de nulle part qui semblait vouloir me tendre la main. Peut-être n’avait-elle pas peur de ce que j’étais parce qu’elle ne me connaissait pas encore totalement ? J’avais tué de nombreuses personnes de sang-froid… Des chefs de gouvernements, des personnes haut placées qui gênaient HYDRA… J’avais éliminé de nombreuses cibles situées dans le haut du panier et à chaque fois, je ne lésinais pas sur la méthode, tranchant dans le vif du sujet que ça soit dans le sens littéral ou figuré.  

Poor était sincère et elle semblait vouloir m’aider. J’étais vraiment contente de voir une personne extérieure me tendre la main, c’était tellement rare… En général, on souhaitait se servir de mes compétences, m’utiliser comme une vulgaire marionnette afin de tuer les personnes qui gênaient ou encore se servir de mon corps à d’autres fins. C’était le drame de ma vie… J’avais été utilisée contre mon gré et j’avais fait des choses dont je n’étais pas très fière. Mais tout ceci me caractérisait. C’était moi et personne d’autre. Je devais vivre avec cela, désormais. Mais au fond, j’avais toujours une appréhension… Je me méfiais des gens. Après tout, pouvait-on vraiment m’en blâmer ? La confiance n’avait jamais fait partie de mon vocabulaire… Je restais donc quelque peu méfiante vis-à-vis de Poor même si j’avais envie de lui faire confiance. Elle me parlait d’un Institut où il y avait du matériel pour m’aider à avancer, mais elle me proposait également un hangar. Je ne connaissais pas vraiment cet Institut, mais le nom ressemblait à une école et je ne voulais pas être en contact avec d’autres. Pas encore…

« Je préfère dans ton hangar… Mais je n’ai pas envie de te faire mal. Tu ne m’as rien fait. » Je la regardais dans les yeux, toujours installée sur mon fauteuil. Bien entendu, je n’avais pas l’intention de lui faire du mal. Pour quoi faire ? Elle ne m’avait strictement rien fait pour cela. Je ne blessais que ceux qui me voulaient du mal ou qui me cherchaient des ennuis. Je ne cherchais pas à faire le mal partout, j’étais juste instable. Je terminai doucement ma bouteille de bière tout en regardant la belle rouquine. Je me redressai pour aller la poser sur le plan de travail, j’irai la jeter dans les poubelles en verre plus tard. Je reportai mon attention sur elle. « Mais, je ne te promets rien. » Dis-je en m’adossant à un mur, regardant toujours la demoiselle. Je regardai ma main droite et mes deux griffes sortirent rapidement. « Ça… Ça fait partie de moi… Et quand on est conditionnée pour tuer, c’est difficile de faire machine arrière. » Dis-je en rentrant mes griffes, les deux petites ouvertures se soignèrent immédiatement. À chaque fois que mes griffes sortaient, elles me coupaient la peau. Au début, c’était douloureux. Aujourd’hui, je ne sentais plus rien, car j’étais tellement habituée de faire cela que c’était devenu quelque chose de naturel. « Mais… Euh. Merci. » Un mot qui ne sortait quasi jamais de ma bouche. Je ne remerciais personne, car personne ne méritait d’être remercié, tout simplement. Mais Poor, c’était différent…  Elle semblait vouloir m’aider et elle méritait donc ce remerciement. Seul l’avenir allait me dire si j’avais raison de lui accorder le peu de confiance que je pouvais lui offrir.