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 You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine]

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MessageSujet: You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine]   You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine] EmptyDim 5 Juin - 19:41


You are by my side for a long time now
Reagan Nash & Loreine Marchand


Je me souviens de ses mains. Fortes, des griffes plantées dans ma peau. Puis, je revois ses yeux. Un regard hypnotisant, ne laissant transparaître aucune émotion. Son poids ayant retenu mon corps au sol, l’immobilisant de tous mouvements. Je me rappelle très nettement ce moment où je suis revenu à moi et qu’il était sur moi. La confusion a été plus forte que la peur. Malgré sa poigne ferme, il ne me faisait pas mal. Je me souviens de ça. Et aussi des larmes qui me sont immédiatement montés aux yeux en sentant que son geste avait quelque chose à voir avec Reina. C’est évident que c’était de sa faute, tout ce qui va mal dans mon existence est à cause de cette personnalité agressive. Si ça se trouve, elle a attaqué cet homme et il a réagit en simple auto-défense. Je n’ai pas osé lui demander à l’époque. Je me suis contenté de le fixer, mes yeux embrouillés de larmes. Il m’a libéré et j’ai alors sentie mon corps trembler de partout. Le stress me fait toujours cet effet et le fait de revenir aussi brusquement dans mon corps est toujours traumatisant. Mes muscles étaient crispés, tordus par la souffrance d’avoir un nouveau maître. J’ai alors tenté de calmer ma respiration, mais je ne pouvais pas y parvenir avec le regard de cet homme sur moi. En levant la tête pourtant, il n’était déjà plus là. Tel un fantôme, il venait de disparaître aussi brusquement qu’il était apparu dans mon existence. Et je ne l’ai plus jamais revu. Enfin, pas dans la réalité. Puisqu’après ce fameux jour, il a souvent hanté mes songes. Lorsque j’étais agité et que mes rêves se changeaient en cauchemars, il intervenait parfois pour m’apaiser. Je sais que c’est malsain, que je n’aurais pas du avoir ce genre de rêves puisque j’étais toujours marié avec Félix à l’époque. Mais, il n’y avait jamais rien d’intime entre nous. Il était juste là. Son regard dans le mien, me permettant de calmer la rage de certaines pensées secrètes. Graduellement, il a cessé de me visiter en songe. En fait, la dernière fois qu’il est venu, c’était le lendemain de mon divorce. J’étais affolée, mes nuits étaient un véritable enfer. Il est arrivé de nulle part et j’ai sentie ses yeux transpercer ma folie à nouveau. Je me suis alors réveillé et j’ai fixé longtemps le plafond sans comprendre pourquoi ça me troublait autant de penser à lui.

Voilà que ce matin, je me réveille à nouveau en sursaut. Je n’ai pas ressentie ce phénomène depuis longtemps. Je garde les yeux fermés, fouillant dans ma mémoire pour me souvenir des détails concernant mon rêve. À force de me concentrer, je finis par distinguer quelque chose dans la pénombre environnante. Je perçois une lueur, dont le contour se définit à force de la scruter. D’un coup, je reconnais ses prunelles. Je sursaute à nouveau, même si je suis toujours réveillé. Ma respiration est haletante, ma tête tourne un peu alors que je me force à me lever du lit. Je marche vers la salle de bain. J’ignore mon reflet dans le miroir, je ne veux pas me confronter si tôt le matin. Je me jette dans la douche et je tente de calmer mon cœur qui s’affole toujours. Ce n’est qu’un rêve, rien de plus. Je me le répète encore en encore jusqu’à m’extirper à l’extérieur de mon appartement. Le Soleil est fort, il me brûle les yeux un instant, me souvenant que j’ai laissé mes lunettes fumées sur le comptoir de la cuisine. Je choisis de ne pas retourner les chercher. Je marche dans SoHo en gardant la tête baisse, les mains dans les poches. Je ne vois personne, même s’il y a beaucoup de marcheurs autour de moi. Je ne prête pas attention à leur présence. Je dois me rendre à la pharmacie. J’ai besoin de somnifères. Un sommeil médicamenté me permet toujours de me soustraire au monde des rêves. Mon pas est donc rapide, mais inconstant. Je finis par relever la tête au moment d’atteindre une intersection. Je ne peux pas traverser, la lumière est favorable aux automobilistes. Je dois donc forcer un arrêt et attendre mon tour pour circuler. En jetant un coup d’œil sur l’autre côté de la rue, justement où se trouve la pharmacie, je constate un homme qui attend lui aussi son tour pour avancer. Je le fixe, sans comprendre pourquoi il m’est si familier. J’ai beau chercher, parcourir son visage avec attention, je ne saisis pas. Jusqu’à ce qu’il croise mon regard scrutateur. Je recule instinctivement, prise d’un grand vertige. Je baisse la tête, échappant à ses yeux. Je sais toutefois qu’il m’observe toujours. Je panique et je tourne les talons, changeant drastiquement mes plans. Je me mets à rebrousser chemin, faisant mon possible pour me retenir de courir. Mes joues sont en feu, la gêne de le retrouver les rendant écarlates. Je finis par ralentir, essoufflée par autant d’émotion. Par contre, une main tombe sur mon épaule et je sens mes genoux céder. Je passe bien proche de défaillir sur le trottoir mais des mains fortes me retiennent. Je me fige alors, ne sachant pas comment réagir à sa soudaine présence près de moi. Il m’a de toute évidence reconnue, je ne peux plus fuir ce moment. J’ose tourner ma tête dans sa direction. Il est effectivement là. Ses yeux sont penchés sur moi et ils m’hypnotisent une fois de plus.

-Désolé… d’avoir fuit… Je-je… Je…

Je bafouille mes mots, me forçant finalement à me taire en me sentant encore plus rougir. Comme est-ce que c’est humainement possible de devenir encore plus rouge de honte? Je ne sais pas.

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MessageSujet: Re: You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine]   You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine] EmptyDim 5 Juin - 22:48

You are by my side for a long time now
Loreine & Reagan
You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine] Tumblr_n4je6ekiT01s4juazo3_250
La nuit avait été longue. Reagan l’avait passé au volant de sa voiture, garé discrètement dans une rue, en faction en face d’une maison. Ce n’était pas rare qu’il passe des nuits entières à espionner des gens. Des rivaux, des ennemis, des menaces. N’importe quel opposant au Parti pouvait faire l’objet d’une surveillance accrue. C’était son lot quotidien. Glaner des infos faisait partie intégrante de son « activité ». Pour passer à l’action, il fallait être bien préparé. Et si Reagan était aussi bon dans ce qu’il faisait c’est parce qu’il ne négligeait pas la phase d’observation. La plus importante selon lui. Il avait rendez-vous à 9h au QG pour faire un rapport global sur la sécurité mais il fallait qu’il prenne l’air. Il était exténué et sans un café, il aurait beaucoup de mal à supporter les bureaucrates du Parti Collectif. Ils avaient tous leur avis à donner sur son boulot alors que la plupart était à des années lumière d’imaginer toutes les tâches ingrates et illicites qu’il accomplissait à longueur de temps. Officiellement il était chef de la sécurité, officieusement, il se voyait plutôt comme une sorte d’homme de main. Il lui arrivait même parfois de s’imaginer justicier. C’était un peu le cas quand il était encore mercenaire. Du moins, il se plaisait à le croire.

Le quarantenaire faisait souvent plusieurs pâtés de maison à pied pour aller chercher un café. Il y en avait dans le quartier du QG mais il avait besoin de déconnecter du boulot. Avoir au moins un repère pour séparer la journée à venir de la journée précédente. Une coupure dans ces journées qui semblaient parfois ne jamais avoir de début ni de fin. Les mains dans les poches, il marchait tête baissé, le visage fermé. Avec les années, passer inaperçu était devenu un art qu’il maîtrisait à la perfection. Personne ne faisait jamais attention à lui. Il était arrivé à un carrefour. Le feu tricolore était toujours vert et malgré les taxis matinaux qui roulaient déjà sur les avenues, cela n’empêchait pas certains New Yorkais trop pressés de traverser la route avec imprudence. Lui n’enfreignait pas les lois si ce n’était pas absolument nécessaire. Au contraire, il était plutôt très à cheval sur les règles. Elles étaient la seule constante dans sa vie. Et quand il devait franchir certaines lignes, c’était toujours aux prix de nombreux scrupules et de la culpabilité qui les accompagnaient. Même s’il savait qu’il agissait pour le bien, cela ne l’empêchait pas de se tourmenter l’esprit.

Il attendait que le signal lumineux lui donne l’autorisation de traverser le passage quand il sentit un regard se poser sur lui. Il n’avait pas de pouvoir comme les mutants et autres surhommes mais il avait un instinct extrêmement vif et aiguisé. Il sentait ses choses-là. Quand il releva finalement le regard, il tomba immédiatement sur elle. Pendant quelques secondes, son cerveau s’arrêta de fonctionner. Les images du passé lui revenaient en tête aussi fraîche que si il l’avait vu la veille. Pourtant, il s’était passé un certain nombre d’années depuis cette rencontre fortuite. Le hasard ou peut-être le destin les avait mis sur la route l’un de l’autre. Il n’avait jamais vraiment su quels troubles l’affectait mais il avait tout de suite su la première fois, en plongeant son regard dans celui de la jeune femme. Quelque chose de terrible était à l’oeuvre en elle. Quelque chose d’incontrôlable. Il commençait à peine à se faire à l’idée de l’existence de nouvelles « races » à l’époque. La schizophrénie était quelque chose d’assez connu mais il avait bien conscience qu’il s’agissait de quelque chose de beaucoup plus fort avec elle. Du moins, c’était l’hypothèse qu’il s’était faite. Car il n’avait jamais échangé la moindre parole avec elle.

Pourtant, d’une manière ou d’une autre, elle avait marqué son esprit et il repensait à ce face-à-face ponctuellement. Généralement à des moments absolument inopportun, elle resurgissait dans son esprit. Ce soir-là, il était en mission à l’étranger et une fois encore, il faisait le guet pour glaner des informations. Il l’avait croisé au beau milieu d’une rue, immobile. Elle était impassible, comme figée dans le temps. Comme vidée. Une simple enveloppe charnelle. Il avait essayé de la tirer vers lui pour lui faire rejoindre le trottoir quand elle s’était transformée en véritable furie. D’une telle violence qu’il avait été obligé de l’immobiliser sur le sol. Après un corps-à-corps plutôt musclé pour une jeune femme de ce gabarit, elle avait fini par arrêter de lutter. En une fraction de seconde, il avait vu cette fureur quitter son regard. C’était tellement troublant. Sans un mot, sans un geste, il avait attendu que la respiration de la demoiselle reprenne un rythme normal et il avait disparu, furtivement, comme il savait si bien le faire. Il avait perdu sa cible et devrait mettre les bouchers double pour mettre ses plans à exécution.

Son corps restait immobile alors qu’il la voyait rebrousser chemin. Était-ce de la peur dans son regard ? Pourquoi fuyait-elle comme ça ? Encore faudrait-il qu’elle l’ai reconnu. Après tout, lui aussi avait changé. Il avait vieilli. Son visage était buriné par les années et les nombreuses missions. Il lui fallut quelques secondes pour faire le tri de ses pensées et finalement son corps pris seul l’impulsion de la suivre. Il fallait qu’il sache. Il avait été incapable de l’oublier, il devait comprendre pourquoi. Il avait vu la détresse en elle, il devait être sûr qu’elle allait bien. C’était plus fort que lui. Les démons des autres lui permettaient d’oublier ses propres tourments. Il ne mit pas longtemps à la rattraper. Il saisit son épaule. Il fallait qu’elle se retourne, qu’il voit son visage encore une fois. C’est seulement quand il arrive à capter son regard à nouveau qu’il sent son coeur rater un battement. Pourquoi le troublait-elle à ce point ? Comment expliquer ce besoin soudain de la suivre coûte que coûte. Elle tente de se justifier. Elle n’a pas d’explication à lui donner, lui-même serait bien incapable de dire pourquoi il se trouvait là.

« Chacun son tour… Maintenant que nous sommes quittes, je peux te proposer un café ? »

Elle était terriblement gênée et lui ne savait pas très bien où se mettre non plus. S’il avait été capable de réfléchir de manière raisonné, il se serait contenté de suivre son chemin. Mais c’était plus fort que lui, il avait besoin de lui parler. De vérifier sa théorie.
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MessageSujet: Re: You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine]   You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine] EmptyLun 6 Juin - 0:37


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Reagan Nash & Loreine Marchand


Ses yeux sont un territoire familier pour moi. Je commence à connaître chaque motif dans ses iris, à en démystifier la profondeur et les teintes. Comme les toiles que je m’applique à faire réaliste parfois, chaque ligne, chaque point même, à sa place pour créer un ensemble harmonique. Je suis prisonnière d’une œuvre que je connais trop bien, que j’ai parcouru si souvent de ma curiosité par le passé. Je pensais que les détails auraient finis par se tordre, par se déformer à cause des années et l’improbabilité de certains rêves. Hors, je me trompe. Mes souvenirs de ses yeux sont fidèles. À un point tel que ça me trouble fortement. Je sens mon agitation vibrer, me crier encore une fois de fuir. D’échapper à son regard. Mais il a une main sur mon épaule et sa présence à elle seule près de moi est pesante sur mon esprit, gardant mon corps en place. Ce n’est pas que je ne peux pas fuir, c’est que je ne le dois pas. Cette résignation apaise ma fébrilité, ramène un peu de logique à mes pensées. Elles se réorganisent suffisamment pour me permettre de formuler une réponse à sa demande. Il m’invite à prendre un café avec lui. Si les mots sont tous bien alignés et prêts à sortir de ma bouche, quelque chose bloque toujours. Ma gêne perdure, malgré mes efforts pour la chasser de mon visage. Je finis par baisser les yeux, agrippant mes propres mains et les tordant nerveusement. Est-ce une bonne idée d’aller prendre un café avec un parfait inconnu? Je ne sais même pas qui il est au fond et le fait qu’il soit pourtant l’allié secret de mon esprit depuis des années n’aide pas à me convaincre d’accepter son offre. Ma réponse finit par se désorganiser à nouveau. Les mots s’imbriquent les uns dans les autres, entre en collision avant d’être repousser chacun de leur côté et je perds leur soutien. Ma mâchoire est soudée, aucun son ne veut s’en échapper. Je ne peux tout de même pas rester ainsi à être morte de gêne devant lui. Un coup d’œil à son regard offre une certaine discipline à mon cerveau. Le sens de la parole me boude obstinément et je serre mes mains fortement entre elles pour contenir mon incompétence. J’exprime finalement ma réponse. Un hochement de la tête bref, mais dont je vois qu’il remarque. Un signe que j’accepte de passer ce petit temps avec lui.

Je ne sais pas où aller, je ne connais pas encore la ville très bien. Je suis heureuse de le voir prendre les devants. Je le suis, tentant de presser le pas pour conserver une place à côté de lui. Je ne le regarde pas vraiment. Je suis concentré sur mon esprit. Les rouages sont emmêlés, il m’est difficile de retrouver de l’ordre en si peu de temps. Nous atteignons un café et je le suis à l’intérieur. Au moment de passer ma commande, je retrouve l’usage de ma langue. Je me garde par contre de dire plus. Je souris en tout remerciement à la femme qui me sert mon breuvage. Finalement, je me retrouve une fois de plus à affronter le regard de l’homme. Puisque le temps est beau et que l’air est bon, nous nous sommes assis sur la petite terrasse à l’extérieur pour savourer notre café. J’attends que le mien refroidisse un peu, détestant la sensation de me brûler la langue. Je pourrais souffler sur la surface du liquide pour en abaisser la température, mais le gobelet pour emporter est muni d’un couvercle et mes mains me semblent trop traitresses en moment pour leur faire confiance dans la délicate tâche de le retirer. Je me contente donc d’enrober mon verre des mes deux mains et de les fixer le temps que je reprenne un peu de courage. Il me semble patient avec moi. Il n’a encore émit aucun commentaire ou reproche qu’en à ma conduite qui est, disons-le, un peu bizarre. Le feu de mes joues est déjà moins présent, mais dès que j’y repense, elles recommencent à se colorer. Il faut donc que j’évite de trop réfléchir. Lorsqu’enfin je peux prendre ma première gorgée, je suis soulagé par la faible chaleur qui envahit mon être en avalant le café. Je respire un peu mieux, je pense un peu plus clairement. J’affronte l’homme des yeux une nouvelle fois. Chaque échange de regard me perturbe. J’ai des souvenirs de certains rêves qui me reviennent. J’ai aussi le souvenir de notre première rencontre qui s’ajoute quelques fois au bordel de mes pensées. Cette fois, un simple frisson me traverse, mais aucun envahissement du passé ne vient déranger mon observation de ses prunelles. Cela est comme un signal pour moi et ma bouche retrouve sa mobilité.

-Je m’appelle Loreine.

Me présenter est la première chose qui me vient à l’esprit. Je m’arrête là toutefois. Mon audace est déjà supérieure à ce que ma réaction dans la rue laissait présager. Je retrouve peu à peu mes moyens et c’est déjà bien que j’ai réussi à m’exprimer sans bafouiller. Cela m’encourage. Je sens comme une autre phrase qui se dessine et demande à passer ensuite. En baissant les yeux sur mon café, elle trouve le chemin de la sortie et prend forme :

-Je ne pensais jamais vous revoir.


Ces mots sont teintés d’une certaine anxiété, d’une inquiétude que je ne peux pas lui cacher. Ce n’est pas une surprise de révéler que je ressente de la peur. Pas à cause de ce qu’il représente, mais parce que je m’étais fait à cette idée qu’il était une création de mon imagination. Sa persistance à hanter mes songes avait contribué à le rendre au final irréel à mes yeux. Et le voilà devant moi, en chair et en os. Qui m’invite à prendre un café. Un sentiment de douceur m’envahit graduellement à cette pensée. Celle qu’il est une personne de plus que je peux ajouter à la courte liste des gens en qui j’ai confiance. J’ai beau ne pas le connaître, son impact sur moi est énorme déjà. Il ne le réalise même pas. Et moi non plus d’ailleurs. Je souris pour la première fois depuis nos retrouvailles :

-Je suis contente qu’on se retrouve.

Est-ce de la joie que je ressens au fond de ce mélange improbable d’émotions? Quelque part bien enfouis entre deux sensations contradictoires, il y a une pointe de bonheur qui prend forme. Suis-je folle de me sentir de la sorte en cet instant alors qu’il m’a pourtant vue le fuir à la base? Probablement.

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MessageSujet: Re: You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine]   You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine] EmptyLun 6 Juin - 23:23

You are by my side for a long time now
Loreine & Reagan
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Elle aurait pu le repousser, lui fausser compagnie. Elle aurait eu toutes les raisons de le faire. Lui n’aurait jamais laissé un inconnu le suivre, même dans une rue aussi fréquentée. Mais elle restait là, immobile. Comme si le contact de ses deux êtres avait subitement arrêté le temps. Ou peut-être que cela l’avait accéléré au contraire. C’était comme si les gens qui marchaient de part et d’autres d’eux avançaient en vitesse accélérée. Ses sens étaient plongés dans une sorte de latence. Les bruits de la ville s’était dissolu dans un bourdonnement monotone. Un écho lointain. Il était incapable de la quitter de yeux, rivés sur son visage. À la recherche de ce quelque chose qu’il avait vu des années auparavant. Quelque chose qui l’avait effrayé et intrigué à la fois. Il ne savait pas vraiment ce qu’il faisait. À la seconde où il l’avait revu, la partie rationnel de son cerveau c’était éteinte. Cet instant de fragilité s’évapora à la seconde où il ouvrit la bouche pour prendre la parole. Ce n’était pas la première fois qu’il lui parlait, mais peut-être la première fois qu’elle l’entendait. Et les secondes qui suivirent sa proposition paressaient sans fin. Elle accepta finalement et à son grand étonnement, il en fut soulagé.

Il prit les devants pour les conduire dans un endroit qu’il connaissait bien. Il avait besoin de rester sur son territoire. Ça lui donnait l’impression garder le contrôle, même s’il sentait au fond de lui que les choses lui avait déjà échappées. Elle marchait un peu en retrait de lui. Il n’arrivait pas à l’avoir dans son champ de vision mais il sentait sa présence. Elle pouvait fuir à chaque instant et si cela arrivait il ne la suivrait pas. Il ne voulait la forcer à rien. Il entrèrent finalement dans le café, comme si de rien n’était. Comme des gens parfaitement normaux qui venaient se délecter de leur boisson favorite avant de se rendre au boulot. Même si cela faisait longtemps que la normalité ne trouvait plus sa définition dans le dictionnaire, chacun essayait de se persuader que ce monde tournait rond. Tous les deux étaient tout sauf normaux et ne cherchait pas à prétendre le contraire. Pas à cet instant en tout cas. C’est seulement au moment où ils arrivent devant le comptoir qu’il entend sa voix. Elle est différente de la dernière fois. Il s’en souvient avec une précision incroyable. Elle est plus douce, plus calme.

Ils s’installèrent sur la terrasse. Les images de leur première rencontre lui revenaient à nouveau, par flash. Chacun des traits de son visage le renvoyait au souvenir de cette nuit. Quand elle avait finalement eu l’air de reprendre son état normal, il s’était contenté de s’en allé. Furtivement, sans rien dire, il avait disparu. Il se souvenait parfaitement de ce qu’il avait ressenti à ce moment. Ce sentiment d’insécurité dans lequel elle l’avait plongé. Il ne s’était pas senti physiquement en danger, non. C’était autre chose. Il avait longtemps été incapable de l’expliquer. Il savait maintenant que c’était l’effet que lui faisait la perte de contrôle. Ne pas être maître de la situation. C’était un sentiment auquel il s’était heurté à plusieurs reprises dans sa vie et qu’il évitait comme la peste. L’impuissance. Cela avait toujours été une faiblesse pour lui. L’incapacité de pouvoir réfléchir, de pouvoir agir. La perte de Jamila, le coming out des mutants, le virus X1R1… étaient des évènements qui l’avaient touché profondément. Mais aujourd’hui, alors qu’il la retrouvait après si longtemps, c’était différent. Comme s’il la connaissait depuis toujours.

Bien sûr, il sortait de sa zone de confort. Il déviait du plan. Et même si quelque chose en elle déclenchait sa sonnette d’alarme, il ne se sentait pas pour autant menacé par ce brin de femme. Et la curiosité, l’avidité de comprendre avait pris le dessus. Si leur chemin s’était croisé une nouvelle fois, ce n’était peut-être pas tout à fait par hasard. Pour lui, il s’agissait forcément d’un signe. Il aurait encore à rôle à jouer dans son histoire, ou elle dans la sienne. Reagan grattait le couvercle de son gobelet de café distraitement. Il l’observait toujours. Cela durerait le temps qu’il faudrait jusqu’à ce que l’un deux finisse par briser le silence qui les entourait malgré l’agitation qui animait la rue à une heure plutôt matinale. Ils se fixent encore un moment avant qu’elle ne finisse par mettre fin à ce dialogue silencieux. Il lui sourit en l’entendant se présenter. Un sourire sincère. Le genre de sourire dont il n’avait gratifié personne depuis longtemps.

« Ravi de pouvoir mettre enfin un nom sur un visage… Je m’appelle Reagan… »

Des paroles tellement banales mais qui avaient un impact plutôt considérable. C’était la première fois qu’ils s’adressaient la parole. Réellement. Et si elle ne semblaient pas très à l’aise, il ne faisait rien remarqué. Il devait la laisser venir à lui. Elle lui avoue qu’elle n’avait pas imaginé recroiser sa route et cela lui fait réaliser qu’il n’a jamais cessé de l’attendre. Il avait cessé de compter les fois où il avait cru l’apercevoir au coin d’une rue. Ne voulant pas se laisser aller à l’obsession, il avait vite fait de la remisé dans un coin de sa tête. Il devrait pourtant s’abstenir de lui faire part de ce genre de remarque s’il ne voulait pas la faire fuir pour de bon. Pour toute réponse il secoue la tête, comme pour l’inciter à continuer à parler. Tout en buvant une gorgée de son café, il l’écoute, la scrute avec attention.

« C’est un sentiment partagé, Loreine… »


Le besoin de prononcer son prénom à voix haute, la nécessité de graver cet instant comme quelque chose de tangible. Comme preuve que cet instant est réel. Tout ça n’est pas un rêve. Il continuait à se le répéter mentalement. Le monde avait changé, il devait l’accepter. Elle était peut-être le premier maillon de cette chaîne qui l’entravait et dont il devait se libérer.
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MessageSujet: Re: You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine]   You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine] EmptyMer 8 Juin - 0:52


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Reagan Nash & Loreine Marchand



Connaître son nom à quelque chose d’immensément rassurant. Il se glisse dans mes pensées agitées et s’agglutine à mon souvenir de lui. Chaque élément nouveau que j’assimile graduellement de cet homme suit le même processus à vrai dire. Ma définition de Reagan se complexifie de la sorte. Il quitte cette étiquette d’inconnu au visage assombrie par la nuit et aux yeux mystérieux et il devient petit à petit un personnage plus significatif à mon esprit. J’ai d’ailleurs un faible sourire à la mention de son nom. Je remonte mon regard en sa direction, pour mieux le rebaisser ensuite. Je ne peux toujours pas le fixer de façon prolongée sans me sentir gêner pour toutes les pensées qu’il m’a inspiré par le passé. Vais-je un jour lui avouer qu’il était un personnage récurent de mes rêves? Rien qu’à y songer et mon embarras s’agite au fond de moi. Je chasse cette possibilité pour le moment. Qui sait, une confiance mutuelle pourrait fort bien naître entre nous et je me sentirais capable de lui dire l’importance qu’il a eut pour moi dans les dernières années. En même temps, est-ce vraiment réaliste de vouloir le faire? Nous retrouver aujourd’hui n’est absolument pas synonyme d’une relation quelconque dans le futur. Nous avons la chance de nous démystifier l’un et l’autre à présent, mais cela n’engage certainement pas en plus. Est-ce que je le veux vraiment? Qu’il fasse véritablement partie de ma vie, je veux dire. Le veut-il également de son côté? C’est un peu prématuré comme interrogation. Je me garde de vérifier cela maintenant.

Ainsi perdu dans mes réflexions, je pers quelque peu contact avec ce qui m’entoure. Je ne reviens à cette réalité qu’en entendant la remarque de Reagan à mon commentaire innocent et teinté d’une certaine joie inexpliquée de tout à l’heure. Peut-être qu’effectivement je recherche depuis tout ce temps à l’intégrer à ma vie. Ses nombreuses apparitions dans mes rêves ne seraient donc qu’une manifestation de ce désir. Je lui accordais déjà tellement d’importance, je ne vois pas pourquoi désormais que j’ai la garantie qu’il n’est pas une hallucination, je ne pourrais pas rêver à une telle suite des choses. Une fois de plus, je divague trop rapidement aux conclusions. J’en oublie comment surprenantes furent ses dernières paroles à mes oreilles. L’étonnement reprend rapidement ses droits toutefois et je relève un regard hésitant en sa direction :

-Vraiment?

Mon doute est réel. Il est content de retomber sur la folle qu’il a du plaquer au sol pour éviter que sa personnalité diabolique ne commette un meurtre ou tous autres actes ignobles. Voilà que ma gêne réchauffe une fois de plus mes joues. Ma confusion m’empêche de réfléchir concrètement à la question. Je ne connais pas les intensions réelles de cet homme. Il est après tout partie sans rien dire la première fois. Il ne m’a jamais demandé si j’allais bien ou même pourquoi il a cru bon d’intervenir aussi drastiquement contre Reina. Je n’ai même pas eu le temps de lui demander. En fait, j’ai l’occasion seulement que maintenant et je n’ai pas le courage de le faire. Je me contente de froncer les sourcils, toujours les mains serrées autour de mon café. En fixant le centre de la table autour de laquelle nous avons au hasard pris place il y a quelques minutes, je m’exprime à nouveau, toujours incertaine de mes propos :

-Je veux dire, je suis surprise qu’une personne veuille me revoir. Après tout, je suis tellement… bizarre.

Je grimace sur le dernier mot. Ce n’est pas exactement le mot que je recherchais pour me décrire, mais rien d’autre ne me venait à l’esprit. Je ne voulais pas non plus me dégrader trop devant lui. Me traiter ouvertement de folle ou de malade aurait immédiatement provoqué chez lui une réaction d’opposition et il aurait cherché à me convaincre que j’avais tord. Cela est habituellement comment les gens réagissent quand j’échappe accidentellement ce genre de qualificatif pour ma personne. Aujourd’hui, j’ai été sage, j’ai utilisé un mot qui est très vague et qui pourtant est représentatif de l’idée qu’il doit se faire de moi. Il pourrait essayer de me prouver que je n’ai pas raison de dire cela, mais les arguments ne seront jamais aussi percutants qu’avec le mot « folle » par exemple.

-Et puis, je ne me souviens pas de grand-chose…

Je succède mon commentaire d’une gorgée de café. Lui parler est à présent plus aisé. Et pourtant, je n’ai toujours pas l’impression d’être investie dans la conversation. Mes paroles sont très anodines, très aléatoires même. Je dis ce qui me passe par la tête et ce n’est peut-être pas la meilleure des stratégies face à une personne qui m’a vue sous le pire des jours. Il doit trouver que je n’ai aucune logique, que mon attitude est trop saccadée. L’inconstance est pourtant à la base même de mon être. Je suis surprise de ne pas l’avoir déjà fait fuir avec ma persistance à l’ignorer visuellement. Mes pensées sont toujours désordonnées. Je perds ainsi beaucoup de notions que j’ai acquises lorsqu’on essayait de me sociabiliser un peu. Enfant, je ne voulais rien savoir des autres. Nombreux sont les gens qui m’ont forcés la main pour que je m’intègre en société. Voilà que je ne fais rien correctement. Ce qui n’est pas nouveau.

En osant un regard en direction de Reagan, je ne ressens pourtant pas de frustrations sur son visage consécutives à mon comportement. Il me regarde même un peu comme le faisait Félix autrefois… Je sens mes mains lâchés le gobelet, mais pas correctement. Mon mouvement a été trop rapide. Le contenant se renverse donc sur le côté sous mes yeux. Une flaque graduelle s’élargit autour du couvercle rompu. Je fais des gros yeux, mais ne sais pas quoi faire pour réparer mon erreur. Je regarde le liquide fuir dans tous les sens à l’instar des pensées agitées de mon cerveau. Une nouvelle vague de gêne s’empare de mon visage et dans un geste désespéré de sauver ma gaffe, je jette une main dans le petit lac de café. Ce n’est que tiède heureusement, mais je viens de réaliser que c’est ma manche que je suis accidentellement en train d’utiliser pour éponger mon dégât.

-Merde, je murmure en ramenant d’un coup ma main sur mes cuisses.

Cette fois, je ne veux plus bouger, plus le regarder. Je me ridiculise un peu plus à chaque instant passé en sa compagnie.

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MessageSujet: Re: You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine]   You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine] EmptyDim 12 Juin - 0:54

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Loreine & Reagan
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Les mots s’égrainaient, comme les secondes. Comme si chaque parole prononcée serait un petit bout de soi qu’ils sacrifiaient l’un à l’autre. Ou peut-être que Reagan était méfiant depuis de si longues années qu’il ne voyait plus qu’un seul côté de la pièce. Peut-être qu’au contraire, il s’agissait d’un bout de soi qu’ils s’offraient. Une porte qu’ils ouvriraient dans le labyrinthe de leur propre existence. Un mot, une clé. Pour comprendre, pour être compris. En était-il encore capable ? Ses réticences habituelles s’étaient déjà largement tempérées. Mais de là à laisser quelqu’un entrer dans son esprit ? Ils enfouissaient ses doutes et ses peurs si profondément en lui qu’il lui semblait impossible à quiconque de les atteindre. Jusqu’à ce qu’il l’aperçoive. Il était incapable de dire s’il s’agissait d’une bonne ou d’une mauvaise chose. La seule chose dont il était certain était que le son de sa voix réveillait en lui quelques instincts primitifs. Des sensations qu’il n’avait pas ressenti depuis si longtemps qu’il n’aurait pas su s’en rappeler. Il devait les éprouver plus intensément, cela devenait une nécessité. Un besoin élémentaire, fondamental.

Si elle ne levait que rarement les yeux vers lui, il était pour sa part, incapable de la quitter du regard. Il la dévisageait, essayant de capter la moindre variation de ses traits fins. Tentant de déchiffrer le code secret de ses expressions. Il était plutôt doué pour lire sur le visage des gens mais c’était différent avec elle. Comme si chaque saillie en cachait une autre. Aucune émotion ne s’y fixait réellement ou alors à la dérobée. Il n’avait pas le temps de les saisir. Elles étaient trop nombreuses, trop furtives. Venant se mélanger clandestinement sur son visage. C’est finalement l’étonnement qui finit pas y prendre place. Elle semblait surprise par ses paroles. Surprise qu’il attache de l’importance à ses retrouvailles. Pourtant, il ne faisait que lui avouer que ce sentiment était réciproque. Alors ce fut à son tour de froncer les sourcils quand la jeune femme se qualifia de « bizarre ». En voyant la grimace de Loreine, il ressenti le besoin de prendre sa main, d’entrer en contact avec elle une nouvelle fois, physiquement. Mais il s’abstenu. Quelque chose l’en empêchait encore.

« Je pense que c’est ce monde qui est… bizarre. »


Une manière plutôt simple et un peu dérobé de lui dire qu’il ne pensait pas ça d’elle. Intrigante, peut-être bien. Ou peut-être juste enveloppée par quelque chose d’inexplicable. Avec les années et l’expérience, il savait que tous les évènements n’avaient pas toujours d’explications rationnelles ni de justifications. C’était probablement l’une des grandes inquiétudes qui obscurcissaient sa vie et pourtant, à cet instant précis, c’était elle qui semblait plongée dans l’ombre. C’était lui qui possédait les clés de leur rencontre. L’opacité de ses souvenirs empêchait Loreine de se rappeler du déroulement de cette soirée. Elle avançait dans le brouillard. Si l’atmosphère commençait peu à peu à s’apaiser, il ne pouvait pas se défaire de cette impression qu’elle était à mille lieux de lui. Assise en face, si proche et pourtant tellement loin. Il tentait toujours de croiser son regard, essayant coûte que coûte de sceller cet ersatz de lien qui existait déjà entre eux. Il arriva finalement à la prendre sur le vif, à fixer une liaison visuelle. Déstabilisée, Loreine lâcha maladroitement son gobelet de café sur la table. Le contact était rompu mais Reagan savait au fond de lui qu’il venait de franchir une étape cruciale.

Elle était déjà en train de mettre sa main dans le liquide qui s’écoulait à vive allure sur la table que lui était encore en train de l’observer. Il se recula avec sa chaise pour éviter de prendre du café sur les jambes et pour attraper quelques serviettes en papier sur la table d’à côté. Il terminait de nettoyer la maladresse de la jeune femme tout en sentant qu’elle était vraiment gênée.

« C’est pas grave. Ça arrive. Certaines choses arrivent… »


Il ne parlait déjà plus du café. Ce petit incident de l’avait pas vraiment éloigné de ses pensées. Une légère distraction, sans plus. Il faisait allusion à leurs rencontres, celle du passé, celle du présent. Il avait besoin d’en parler. De confronter son point de vue. Savoir qu’elle ne se rappelait que de peu de choses était un peu troublant, voire frustrant. Mais il avait le sentiment, au fond de lui, qu’à eux deux, ils seraient capables de répondre à certaines questions. De lever le voile qui reposait sur cette fameuse nuit. Était-ce vraiment ce qu’elle voulait ? Comment pourrait-il justifier le fait qu’il soit parti comme un voleur ? Étaient-ils vraiment prêts à entendre les réponses ? Une chose était certaine, la seule façon de le savoir était de se lancer. Mais à quel prix ?

« Cette nuit là… Quelque chose est arrivé… »


Il laissait volontairement sa phrase en suspens. Il lui fallait son feu vert. Il avait besoin de son accord avant de continuer. Sans cela, il se contenterait des hypothèses qu’il avait construite dans sa tête au fil du temps. Certains mystères n’étaient pas fait pour être résolu.
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MessageSujet: Re: You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine]   You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine] EmptyDim 12 Juin - 16:24


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Malgré que les traces de café sur la table soient à présent disparues par l’intervention de Reagan, elles demeurent toujours présentes à mes yeux. Comme un signe de ma propre incompétence, le liquide tiède humidifie toujours la manche de ma veste, collant à la peau de mon poignet. L’odeur du breuvage pourtant si réconfortant emplie mes narines, me donnant la nausée. Je regrette d’avoir perdu le contrôle. D’avoir ainsi gâché cet équilibre qui était en train de se créer entre nous.  À présent, je me sens honteuse. Je ne le regarde plus, je me suis complètement refermé sur moi-même. Une partie de mes pensées converge vers une conclusion que je n’approuve pas. Celle que je n’aurais jamais dû accepter son invitation à boire un café. Ce maladroit geste de ma part n’en est que la preuve. Et pourtant, une seconde partie de moi refuse de me plier à cette idée. Il s’agit certes d’un malencontreux accident, mais Reagan ne s’en formalise pas. Il ne m’en veut visiblement pas. Pourquoi ai-je si peur qu’il finisse par m’en vouloir d’une manière ou d’une autre et par m’abandonner une deuxième fois? Faire confiance est devenu un combat perpétuel. Tellement de gens m’ont fait du mal par le passé. Tellement se sont simplement contenter de fuir, comme l’homme devant moi il y a si longtemps. Fuir sans vraiment expliquer pourquoi cela était devenu une nécessité. Je sais qu’au fond je suis toxique. Que mon trouble mental affecte mon entourage à un niveau plus grand que je ne me l’imagine. Mais la solitude pèse lourd dans mon cœur. Et pourtant, elle est devenue cette alliée sur qui je peux toujours compter. Je sais que peu importe ce qui arrivera, même le pire, que la solitude sera toujours une douce amie vers qui me tourner. Une amie qui ne me trahira jamais, dont la constance et la présence ne faiblit jamais. Au contraire, à mesure que mes relations se détériorent, sa présence dans mon existence s’intensifie. À un tel point que désormais je n’envisage plus ma vie sans elle. Surtout depuis que je suis à New-York, la côtoyer s’est révéler une lumière parmi tant d’inconnus.

Et voilà que je retrouve cet homme. Que je me souviens de son rapport passé dans ma vie. Que j’accepte de lui parler, de démystifier un peu cette histoire. Voilà que je fais une erreur, la nervosité me faisant perdre mes moyens. Le café coule sur la table sans que j’en arrive à contrôler le flot, sans que je puisse le stopper. L’impuissance m’envahit, me faisant perdre toute l’assurance que j’avais gagné durant les quelques minutes passé auprès de lui. Il répare ma bourde, essuyant tout bonnement le liquide avec des serviettes prises sur la table voisine. Il fait disparaître mon accident, il m’assure que ce sont des choses qui arrivent. Si je refuse de le croire au début, encore terriblement gênée, ses paroles font toutefois leur petit bout de chemin dans mon esprit. Je parviens à décrisper mon corps. À relever graduellement la tête. Certes, la présence de café sur ma manche et l’odeur insupportable que je respire à cause de cela ne s’effacera pas aussi rapidement, me rappelant de la sorte à chaque inspiration ma bêtise. Mais je parviens à me rouvrir à cet homme. Pourquoi? Pourquoi en suis-je simplement capable? Il aurait été plus simple de fuir, de le laisser derrière moi définitivement. Je n’ai pas l’habitude de confronter les situations. Je n’aime pas le faire. Je ne sais d’ailleurs pas comment le faire. Mais étrangement, je le fais. Je veux le faire. Je sens plus que jamais son regard sur ma personne. Sur ma misérable posture de chien battu, le bras recroquevillé contre mon abdomen comme si une terrible blessure me faisait souffrir. J’ose un regard dans sa direction. Capturer ses yeux se révèle plus facile que je ne l’imaginais. Je prolonge le moment, me redressant progressivement à mesure que les secondes s’écoulent. Il a le regard doux, chaleureux pour mes prunelles fuyardes. Alors, il fait mention de notre précédente rencontre. Je dois dire que cela me prend un peu par surprise. Je romps le contact visuel un instant, confuse. Mais je sais déjà que je n’ai rien à craindre de sa part. Je relève donc mes yeux, les raccroche aux siens. Et je me sens absorbé une nouvelle fois. Le premier instant où j’ai pu rencontrer son regard se ravive à mon esprit et aussitôt un brouillard accompagne cette vision. Je n’ai pas complètement accès à ce moment. Non seulement parce que la nuit nous enrobait, mais également parce que la majeure partie de se souvenir appartient à Reina. Il cherche à comprendre ce qui est arrivé cette fameuse nuit-là. J’aimerais tellement l’éclairé, mais je suis moi-même exclue de la vérité. La chaleur de son regard finit toutefois par me rassurer suffisamment pour m’exprimer à nouveau, même si cela ne me semble qu’un murmure partie tant d’autres bruits qui nous entourent :

-J’ai perdu le contrôle cette nuit-là. Je… Je suis vraiment désolé. J’espère qu’elle ne vous a pas fait de mal…

Ma voix est étrangement rauque, un peu comme si je venais de crier à plein poumon et que mes cordes vocales étaient enflammés. Pourtant, ce n’est pas une chose qui s’est produite. J’imagine que c’est la gêne, combiné à mon refoulement émotionnel qui a créé une sorte de congestion dans ma gorge. Je m’éclaircis d’ailleurs la voix brièvement, toujours gênée malgré l’assurance que les yeux de Reagan apportent à mon esprit. Je respire déjà plus normalement, l’odeur du café semble perdre de sa puissance. J’accueille cette réalisation d’un soupire de soulagement. Je ne quitte plus l’homme des yeux désormais. Il semble toujours avoir ce pouvoir rassurant sur moi et c’est une chose qui me dépasse. Comment je peux trouver autant de réconfort et de force auprès d’un parfait inconnu? Ça n’a pas de sens. Et pourtant, se calme qui transperce de plus en plus profondément chaque fibre de mon être est la preuve que oui cela à un sens. Qu’il est autant en rêve qu’en personne, le plus précieux des alliés.

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MessageSujet: Re: You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine]   You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine] EmptyJeu 16 Juin - 23:00

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Au fil des années, Reagan avait appris à lire à travers les gens. Ce n’était pas quelqu’un de très loquace. Il n’aimait pas parler de lui et le meilleur moyen qu’il avait trouvé pour faire la parade était d’écouter les autres lui raconter leur vie. C’était cette capacité d’écoute qui lui avait permis de mieux cerner les hommes. Humains, mutants, finalement les émotions étaient les mêmes. Certaines expressions du visage, un regard fuyant, des gestes compulsifs pouvaient vous en apprendre beaucoup sur une personne. Il avait beau observer Loreine depuis qu’il l’avait aperçu, il avait du mal à se faire une idée précise. Tout cela était très confus. C’était comme si la demoiselle se dissimulait derrière une sorte de masque de gène. Parfois il sentait qu’elle s’ouvrait un peu à lui, mais la seconde d’après, c’était comme s’il faisait un pas en arrière. Il ne pouvait pas l’en blâmer, la situation était plutôt complexe. Finalement le mot bizarre convenait assez pour qualifier cette nouvelle rencontre. Reagan avait du mal à identifier ses propres émotions à vrai dire. Il avait confiance en ses instincts mais la partie rationnelle en lui, celle qui contrôlait toujours tout le pointait du doigt. Il n’était pas question de lâcher prise, évidemment. Pas complètement en tout cas.

L’incident du café était désormais passé et la jeune femme qui était excessivement embarrassée commençait à se décrisper peu à peu. C’est vrai que ce n’était pas grave. Ça n’avait aucune sorte d’importance, ça arrivait à tout le monde après tout. Ce qui n’arrivait pas à tout le monde en revanche était le genre de rencontre qu’ils avaient expérimenté la première fois que leurs chemins s’étaient croisés. Le souvenir de cette nuit tournait en boucle dans sa tête depuis que le feu était passé au vert un peu plus tôt. Il n’avait pas pu s’empêcher de mettre ça sur le tapis. C’était un risque à prendre. Ce sujet avait déjà assez déstabilisé la petite blonde pour qu’elle renverse son café alors attaquer là-dessus de but en blanc était peut-être un peu abrupte. Mais Reagan n’était pas l’homme le plus diplomate qui soit et il n’était pas du genre à tourner autour du pot. Il lui avait cependant donné une porte de sortie. Il ne voulait pas la prendre en étau avec ses questions. Si la réaction de Loreine ne l’étonne pas, ce sont plutôt ses paroles qui le désarçonnent. Elle ne devrait pas être celle qui s’excuse. À quel point ses souvenirs lui font-ils défaut ? Elle se souvenait de lui, mais se souvenait-elle de ce qui s’était réellement passé ce soir-là ? Son comportement disait le contraire.

Reagan se trouvait dans une situation plutôt étrange. Il ne savait pas vraiment par quel bout commencer. Lui qui était toujours tellement organisé, dont les idées étaient toujours très claires, il avait un peu de mal à savoir sur quel pied danser. Peut-être fallait-il aller au plus logique ? Commencer par le début, tout simplement. Exposer les faits, de manière brute. Le reste, les suppositions, les impressions. Tout ça viendrait en son temps. Quelque chose lui disait que si ses questions avaient des réponses, il finirait par les connaître tôt ou tard. Le ton de la voix de la jeune femme était différent. Comme si les mots avaient du mal à sortir de sa bouche, comme si sa gorge se rétrécissait pour les empêcher de passer. Mais elle avait finalement réussi à libérer ses paroles. À présent, elle ne le fuyait plus du regard. Au contraire, il lui semblait qu’elle essayait de s’y raccrocher. C’était quelque chose qu’il connaissait bien. Ce genre de regard, on lui en avait lancé des dizaines voire des centaines lorsqu’il était au combat. Un regard de profond désespoir mélangé d’un espoir irrationnel. Quelque chose de très paradoxale. Ça résumait bien la nature humaine finalement.

« Je marchais dans la rue… ce soir-là. Je t’ai aperçu de loin. Tu étais immobile, au milieu de la chaussée. »

C’était comme ça que ça avait commencé. Il était au Canada pour suivre une piste. Des jours qu’il était en filature pour glaner la moindre petite information qui pourrait l’aider dans sa traque. Rien n’aurait pu se mettre entre lui et son objectif. Jusqu’à ce qu’il arrive dans cette rue ce soir-là. Il l’avait aperçu de loin. Ça ne l’avait pas interloqué plus que ça au début, il était concentré sur le but qu’il devait atteindre. Il l’avait dépassé mais après quelques mètres, quelque chose l’avait retenu. Elle n’avait pas bougé d’un poil. Il soupira et fini par se retourner. Il avait tenté de l’interpeler mais aucune réponse.

« J’ai essayé de te faire rejoindre le trottoir… »


C’est à ce moment-là que les paroles de Loreine résonnèrent à nouveau dans sa tête comme un écho assourdissant « J’espère qu’ELLE ne vous a pas fait de mal ». Son pressentiment était donc justifié. Dans ce monde ou finalement la normalité était devenu quelque chose de tout à fait ponctuel, elle faisait partie de ces gens qui avaient été touché par quelque chose. Il ne savait pas encore quoi. Mais c’était bien là. Il n’avait pas non plus rêvé ce soir-là. Ce qu’il avait vu dans ses yeux était réel.

« Non, bien sûr que non… je… Elle ? »

Il était sûr d’avoir bien entendu. Maintenant il était encore plus intrigué que préoccupé. Il s’était un peu redressé sur sa chaise. Il se pencha doucement vers elle pour prendre l’une de ses mains encore posée contre sa poitrine. Tout en la tenant il posa son autre main par dessus. Ce contact, il en avait eut besoin dès l’instant où il l’avait aperçu. Comme si la toucher renforçait ses souvenirs, renforçait toute cette situation qui paraissait complètement surréaliste.

« C’était "Elle" qui s’est jetée sur moi, n’est-ce pas ? Toi tu n’es pas du genre à perdre ton calme ainsi… »
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MessageSujet: Re: You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine]   You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine] EmptyVen 17 Juin - 3:15


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Reagan Nash & Loreine Marchand


Reagan commence alors à me raconter ce qui est arrivé ce jour là. Je le regarde faire, ne sachant pas comment lui dire que même s’il me dit ce qui s’est passé, que je ne peux pas m’en souvenir. Ce n’était pas moi qui étais là. Nos mémoires sont deux entités séparés, il est impossible de les partager. Je me concentre toutefois sur ses mots, au cas où il réussirait à me faire mentir. À ce que soudainement, je puisse me souvenir. Je ne sais pas si s’est juste de tenter le Diable à ce point. À force de réfléchir à ce moment, aux souvenirs de Reina, va-t-elle se sentir appelé? Je crains un instant que tout ça ne l’a réveille et que malgré les médicaments que je prends pour la contenir, qu’elle perce cette protection et ne me pousse de ma place. Elle l’a déjà fait par le passé, ce n’est pas une chose qui lui est impossible. Je perds donc ma concentration, me sentant m’éloigner de la tangibilité des mots que prononce l’homme pour me raconter. Alors que je m’apprête de quitter la sécurité de ses yeux, incapable de supporter cette situation davantage, il change brutalement d’attitude. Il délaisse le ressassement du passé pour réagir d’un coup à mes paroles précédentes. Il comprend alors que j’ai employé le pronom « elle » plutôt que « je », puisque je parlais d’une autre que moi. Il semble surpris par cela alors que moi je suis toujours mal à l’aise face à ce que Reina a bien pu lui faire pour qu’il quitte ma vie toutes ces années.

Il se ressaisit et se penche pour saisir l’une de mes mains. Je ne fais rien pour stopper le geste, surtout surprise par cette audace que choquée par le contact. Il enrobe mes doigts des siens. Sa peau est chaude et douce, réconfortante. Sauf que je ne suis pas le genre de personne qui aime les contacts humains. Ce ne sont pas des choses que je comprends, que je recherche. En général, ils me rendent inconfortables. Cette fois, je baisse le regard pour observer l’entrecroisement de nos mains. Je tente de saisir pourquoi je ne suis pas répugné par son contact. Pourquoi je ne me sens pas pour autant bien. Je suis comme dans un entre-deux. Autant il réussit à saisir mon angoisse et l’apaise par un geste, autant il crée une nouvelle nervosité en moi. Comment dois-je réagir? Serrer sa main? Ne pas bouger, me laisser réchauffer ainsi la peau par la sienne? Mon cerveau réfléchit à ce sujet avec beaucoup de préoccupation. J’ai beau chercher, personne ne m’a jamais dis comment me comporter quand un parfait inconnu vous touche de la sorte. Quelque chose me dit de demeurer calme. Et c’est ce que je fais. Je reste parfaitement immobile et je respire profondément, laissant le calme me dominer.

Alors, Reagan me parle à nouveau. Sa voix est comme un murmure à mes oreilles. Je saisis toutefois chaque mot à la perfection. Je relève mes yeux lentement. Je croise ses prunelles, une nouvelle hésitation naissant au fond de mon œil. Il a comprit ce que je tente si maladroitement de lui révéler. Il a toutefois besoin que je le guide encore un peu. Tout cela est tellement hors-norme, on ne peut pas déduire à la maladie mentale aussi facilement, à moins d’être un psychiatre ou autre intervenant du milieu. En quel cas, il aurait saisit dès le premier instant. Les symptômes sont assez typiques. Les miens s’accordent au stéréotype du dédoublement de personnalité, faisant en sorte que c’est la seule partie de moi qui n’est pas marginale. Qui se conforme à des observations en la matière. Toujours plonger dans son regard, je m’en veux encore un peu de ne pas pouvoir le préserver de ce que je m’apprête à lui révéler. Je ne veux pas le confirmer, mais je désire en même temps éclairer cette confusion que je décèle dans ses traits. J’ouvre donc la bouche. D’abord, rien ne sort. J’inspire ensuite profondément et me penche vers l’avant pour éviter que la faiblesse que j’anticipe dans mes paroles me force à répéter deux fois. S’il y a une chose que je déteste, c’est de répéter alors que le dire une fois est souvent pénible. Je lui réponds donc doucement, sans quitter le refuge que sont ses yeux :

-Oui, c’était elle. C’était Reina.

La nommer me donne des frissons. Je déglutie en m’éloignant alors un peu. Je suis contente d’être toujours moi. Que même si nous parlons d’elle depuis un moment, qu’elle ne tente rien pour prendre possession de mon corps. Sans le réaliser, j’ai retourné ma main et je l’ai fais saisir les doigts de Reagan. Je ne m’en rends en fait absolument pas compte, même après quelques minutes ainsi à réfléchir. La chaleur qu’il me transmet avec ses paumes n’a pas changé avec cette nouvelle position de ma main. Peut-être est-ce pour cela que je n’ai rien remarqué et que je ne m’en fais ainsi pas de ce que cela peut signifier? Je suis plutôt trop intensément partagé entre deux possibilités pour vraiment m’en soucier. Celle de lui dire ou de ne pas lui dire pour ma condition. Finalement, à force d’inspirer calmement et de me perdre dans ses prunelles, les mots sortent d’eux-mêmes :

-Je souffre d’un dédoublement de la personnalité.

Je suis désolé d’avoir eu à lui dire. C’est un aspect de moi qui me fait honte. Alors, aussitôt que je dois le dire, je suis horriblement gêné. Je sens d’ailleurs mes joues retrouver leur teinte de rouge et je n’aime pas ça.

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MessageSujet: Re: You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine]   You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine] EmptyMar 21 Juin - 22:08

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À mesure que Reagan entreprenait de raconter son récit, leur récit, les souvenirs revenaient à lui avec de plus en plus d’acuité. Comme si le film de cette nuit-là se rejouait devant lui. Il revoyait Lorraine, aussi nettement que maintenant qu’elle se tenait devant lui. Sauf que ce n’était pas elle. Pas au moment où il l’avait approché. Il aurait pu le jurer. La personne qu’il avait eut en face de lui n’avait rien à voir avec ce petit brun de femme qui se tenait actuellement assise devant lui. Non, c’était quelque chose de bien plus violent. Cette fureur dans ses yeux. C’était quelque chose qu’il n’avait pas rencontré souvent dans sa vie. Et les fois où ça avait été le cas, c’était pour la plupart des personnes, des fanatiques en crise de délire. Jamais on aurait pu le croire en regardant Loreine. Elle semblait si calme. Peut-être un peu agitée certes. C’était sa fragilité qui lui sautait à la figure. Alors comment expliquer ce qu’il s’était passé cette nuit là ? La violence de sa réaction, la force dont il avait dû faire preuve pour la contenir ? Comment un petit bout de femme pouvait contenir autant de frénésie et de férocité. Il était toujours incapable de se l’expliquer et au vue des expressions de son visage au fur et à mesure qu’il parlait, il semblait qu’elle ne pourrait probablement pas répondre à ses questions. C’est même de l’inquiétude qu’il crut discerner sur ses traits fins.

Tenter un contact physique avait peut-être été un peu ambitieux de sa part mais Loreine ne l’en avait pas empêché. À l’instant où il avait touché la peau douce de la jeune femme, il sentait la culpabilité qui remontait en lui en même temps que les souvenirs. Ce soir-là, une fois que la tempête était passée, il s’était contenté de partir. Il avait disparut comme il savait si bien le faire. La fuite était sa meilleure alliée. À cette époque, il était incapable de faire un pas vers les autres. Il avait pourtant fait le serment de protéger les innocents, les gens plus faibles. Peut-être qu’elle en aurait eu besoin. Seulement il était motivé par autre chose. En pleine traque, il n’y avait que son désir de vengeance qui dictait encore sa conduite. Il ne pouvait pas s’arrêter au milieu d’une piste, aussi infime fusse-t-elle. Alors il l’avait simplement laissé-là, sur le trottoir. Elle semblait avoir passé la crise. Mais il est vrai qu’il n’en avait eu aucune certitude et que le devenir de cette jeune femme l’avait souvent tourmenté par la suite. D’une certaine manière, il s’était senti responsable pour elle. Maintenant qu’il l’avait retrouvé, il avait une nouvelle opportunité pour faire mieux.

Il faut un peu de temps à Loreine pour pouvoir articuler ses paroles. Comme s’il était douloureux de laisser ces mots sortir de sa bouche. Comme si la vérité pesait une tonne et qu’elle demandait un effort surhumain pour être dite. Alors elle confirme son interrogation. Ce qu’il avait vu ce soir là, c’était bien réel. Et ça avait même un nom. "Elle" avait un nom. Reina. La jeune femme devait donc partager son existence avec cette autre personnalité qui devait probablement chercher à prendre toute la place. Il n’était pas expert, mais il avait déjà entendu pas mal d’histoires. Le seul fait de prononcer son nom avait donné des frissons à Loreine. Reagan ne voulait pas la mettre mal à l’aise, en tout cas pas plus que cette situation ne les mettait déjà. Il avait vu la peur traverser furtivement son regard et c’était la dernière chose qu’il souhaitait. Il avait besoin de comprendre mais pas au détriment de la jeune femme. S’il était enfin capable de mettre des mots sur les évènements passés, peut-être pourrait-il enfin lui être d’une quelconque aide. Il voulait faire amende honorable. Rattraper cet acte d’égoïsme qui l’avait poussé à partir des années auparavant.

Il aurait voulu la rassurer, lui dire qu’il ne s’enfuirait pas aujourd’hui mais les gestes de la jeune femme l’avait coupé dans son élan. Il était surpris de sentir les doigts de la jeune femme bouger contre sa peau, non pas pour s’en arracher mais pour intensifier le contact de leur peau. Il aurait souhaité qu’elle puisse lui transmettre un peu de ses peurs, de ses angoisses. La décharger un peu. Il se contenta de la regarder sans un mot, pendant de longues secondes. Peut-être même s’étaient-elle peu à peu transformées en minutes. Il aurait été incapable de le dire. Il devait lui laisser faire le reste du chemin qui les séparait encore. Lui donner le temps dont elle avait besoin. Il savait à présent mais il fallait qu’elle le dise à voix haute. Peut-être que c’était une manière d’exorciser ce mal, pour elle et pour lui aussi. Et c’est ce qu’elle fini par faire. À nouveau, l’embarras s’empare d’elle, empourprant ses joues déjà rosies par l’air frais du matin. Alors Reagan sert un peu plus les mains de Loreine dans les siennes, essayant d’accrocher son regard.

« Tu n’as pas à être gênée… Je t’assure… C’est moi qui suis désolé Loreine… Ce soir-là… j’aurais dû t’aider… »

Reagan se sentait tellement coupable et en même temps un peu soulagé par le fait qu’elle était assise face à lui, saine et sauve. Du moins, elle en avait l’air en apparence. Et il était déterminé à tout faire pour lui apporter son soutien désormais. Peut-être qu’en l’aidant elle à se retrouver, il arriverait à se retrouver lui-même. Ils n’étaient pas si différents l’un de l’autre finalement. Elle se perdait en elle-même et lui c’était perdu en chemin. Il ne savait plus vraiment qui il était et sentait que suivre ses principes de manière acharnée ne serait pas une solution à long terme. Un jour il aurait à faire son examen de conscience, il le savait. Même si l’idée ne l’enchantait pas. Peut-être était-il temps pour lui de reprendre le droit chemin. De repositionner la frontière entre le bien et le mal. Et peut-être que tout ça commençait avec Loreine.

« Je suis là maintenant… »
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MessageSujet: Re: You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine]   You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine] EmptyMer 22 Juin - 5:00


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Reagan Nash & Loreine Marchand


Je ne sais pas comment faire pour combattre cet embarras. Ce n’est pas la première fois que je révèle à quelqu’un ma maladie. À chaque fois, je suis pris de la même honte. Être atteint d’une telle maladie a énormément de connotation négative. C’est la même chose pour tous les troubles mentaux. Les gens ont des préjugés et leur regard change. Donc dès que je peux l’éviter, je n’en parle pas. Je me suis sentie obligé de le faire aujourd’hui avec Reagan. Je voulais qu’il comprenne pleinement ce qui était arrivé, ce jour-là. Une fois dit, les répercussions habituelles d’un tel aveu apparaissent de mon côté. Sauf qu’il me regarde toujours et moi je refuse obstinément de détourner mes yeux. Je peux ainsi aisément constater le changement dans ses traits. Mais pas pour du négatif comme je l’ai si souvent observé. Une couche de douceur supplémentaire s’ajoute à son visage. Cela me surprend énormément. Il semblerait à première vue que ma révélation de lui fait pas perdre la bienveillance qu’il entretient pour moi. Je le sens même regretter davantage de ne pas avoir été au courant tout ce temps. Je fronce les sourcils, sentant cette fois ses doigts un peu plus serrés autour des miens. Je ne tente rien pour m’en éloigner. Cette pression sur ma main est ce qui me permet de réaliser que tout ça est réel. Lorsqu’il ouvre la bouche, mes yeux le détaillent attentivement. Il est tellement honnête dans ses mots. Cela me fait un bien fou. Je me sens presque soulagé de lui avoir dit la vérité sur moi. Il m’affirme que je n’ai pas à être gênée de la sorte. Il s’excuse alors et me dit qu’il aurait dû m’apporter son aide plutôt que de partir ce fameux soir. Je ne veux pas qu’il fasse comme moi et se culpabilise de la sorte aussi durement.

-Reagan… Je ne t’en veux pas, je t’assure… Cela m’a prit du temps pour le voir, mais je comprends maintenant… que même si tu étais resté, tu… j’étais plus fragile à l’époque, je n’aurais pas bien compris ton geste pour m’aider, je crois.

Je me mords la lèvre. J’ai bégayé légèrement, tentant maladroitement de le rassurer. Je retrouve le silence par la suite, ne sachant pas quoi ajouter de plus pour reprendre un peu mieux mon intervention verbale. Je vois toutefois que l’homme s’en veut vraiment. Je le sens plus perceptiblement grâce à ce contact physique que nous entretenons toujours. Il me dit alors une chose qui me sidère. Il me dit qu’il est là maintenant. Comme s’il cherchait à se rattraper pour les années séparées, il me fait de la sorte une promesse dans son affirmation. Il me garantie qu’il ne repartira plus comme la première fois, que je peux compter sur sa présence en cas de besoin. Cette réalisation m’ébranle énormément. En déménageant à New York, j’ai certes coupé les ponts avec ma famille et mes amis de Montréal volontairement. Sauf que ces derniers temps, j’ai perdu sans le vouloir tellement de personne que j’aimais. À commencer par mon ex-mari, Félix. Me retrouver complètement seule à la suite de notre divorce a été un coup dur à lequel je ne suis toujours pas remise complètement. Depuis que je suis ici, je ne peux pas prétendre que je me suis fais des amis ou des proches avec qui je retrouverais le même sentiment de sécurité qu’auprès de Félix. Je me sens ainsi délaissé, sans véritable soutiens de la part de mon entourage. Voilà que l’ange gardien de mes rêves revient en chair et en os devant moi et me propose à nouveau son aide pour surmonter les peines qui me trouble. Constater cela crée un flot d’émotions incontrôlables en moi. Un hoquet précède la fugue de quelques larmes. Je me dépêche de les sécher avec ma main libre. Je secoue ensuite la tête pour faire fuir ses émotions traitresses. Je ne pleure pas vraiment, c’est autre chose. La force de cette phrase de Reagan m’a soulagé d’un poids si grand sur mes épaules déjà surchargées par les épreuves de la vie. Je ne suis donc pas malheureuse en cet instant. La preuve, je me mets à sourire devant ma stupidité émotionnelle. Je renifle ensuite mes larmes et regarde l’homme :

-Merci.

Un mot bien simple, mais qui n’est pas vide de sens. Son soutiens est grandement apprécié, bien plus que n’importe quelle pilule ou rencontre avec un psychiatre. Savoir que j’ai quelqu’un est d’une grande importance. Surtout si cette personne est Reagan. Aussi étrange que cela puisse paraître en sachant que nous nous connaissons à peine. À cause de sa présence dans mes songes, j’ai la stupide impression de le connaître depuis des années.

-Toutefois, je ne veux plus que tu éprouves de remords à cause de cette nuit là. C’est du passé.

Ma voix est toujours un peu enrhumée par des larmes, bien qu’elles ne soient plus dans mes yeux. Je renifle donc une nouvelle fois par réflexe avant de le regarder sérieusement. Je refuse qu’à chaque fois qu’il me voit à l’avenir, qu’il l’a revoit elle. Qu’il repense à ce moment et cette décision qu’il a prise de me laisser. Je veux qu’il me voit moi et que nous puissions passer à autre chose si nous demeurons en contact dans l’avenir. Cela me semble de la plus haute importance.

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MessageSujet: Re: You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine]   You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine] EmptyDim 3 Juil - 23:53

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Loreine & Reagan
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C’était étrange comme la vie pouvait parfois prendre un tournant inattendu, comme certains évènements pouvaient vous marquer malgré leur apparence dérisoire. Reagan ne connaissait pas Loreine, il n’avait pas passé plus de dix minutes en sa compagnie et pourtant, elle avait continué à occupé une place dans son esprit toutes ces années. Quand l’ancien militaire était pris d’états d’âme, leur rencontre lui revenait en tête, apportant son lot de questions sans réponse. Toutes ces phrases qui commençaient toujours de la même manière « Et si ? ». Seulement il le savait, on ne refaisait pas le monde à coup de supposition hasardeuse. Ce qui était fait était fait et ses regrets ou ses remords n’y changerait rien. Du moins, c’était comme ça qu’il justifiait tout un pan de son existence, toute une flopée de décisions qu’il avait prises tout au long de sa vie. Peut-être que ça l’aidait à mieux dormir la nuit. Bien moins efficace qu’un bon somnifère. Il ne pouvait rien changer au passé, c’était une évidence. Mais peut-être qu’il pouvait tirer une leçon des erreurs qu’il avait commise et tenter de faire mieux dans le futur. Il s’accrochait à cette idée. L’idée qu’il trouverait une manière de se racheter.

Si Reagan avait toujours pensé que peu importait les moyens tant que le but était noble, il se remettait de plus en plus souvent en question. Certes, il avait toujours servi des causes justes. Qui lui semblaient justes. Là était toute la nuance et il commençait à se demander s’il ne devrait pas payer un jour pour avoir trop souvent joué les justiciers. Avait-il encore une cause à servir ? Son combat n’était-il pas déjà perdu d’avance ? Il n’éradiquerait jamais la corruption, la quête de pouvoir. L’homme était ainsi fait, alors à quoi bon ? Parfois il se sentait las de se battre. Las d’endurer le fardeau de toutes les choses obscurs qu’il avait faites. À quoi bon ? Mais en revoyant Loreine au bout de cette rue, quelque chose en lui s’était rallumer. Tout au fond de son être, comme une petite étincelle d’espoir. Une idée qui n’attendait qu’un signe pour germer en lui. Peut-être que le seul moyen de sauver l’humanité était de commencer par aider son prochain. Un acte de générosité gratuit qui pourrait se répandre comme une traînée de poudre. C’était un peu naïf comme pensée et puis ce n’était pas tout à fait gratuit. Reagan devait se guérir de sa propre culpabilité.

Les paroles de Loreine, il les entend. Elles résonnent en lui comme un écho qui se dissipe peu à peu. C’est si étrange cette promiscuité entre eux. Comme s’il s’était toujours connu alors qu’il ne sait pourtant rien d’elle ni elle de lui. Mais d’une certaine manière, tous les deux étaient resté liés depuis cette nuit-là. D’une certaine manière, elle tentait de l’excuser mais il savait au fond de lui qu’il était le seul à pouvoir soulager sa culpabilité. Alors oui, il ferait en sorte de rattraper son erreur. Il n’était pas médecin ni magicien mais il ferait de son mieux pour l’aider, de quelque manière que ce soit. Cela faisait un moment qu’il avait mis sa quête de vengeance de côté. C’était peut-être un combat perdu d’avance. À force de courir, il avait perdu de vue ses véritables motivations. S’il s’était engagé dans l’armée quand il était jeune, c’était dans le but un peu naïf de protéger les plus faibles. L’armée, le monde, la vie l’avait déçu. La vengeance l’avait détourné de ses objectifs. Et finalement qu’avait-il gagné ? Rien du tout. Au contraire, il avait tout perdu. Jamila. Willow. Son sens du devoir c’était peut-être aussi égaré en chemin.

« Ce ne sont pas des paroles en l’air, Loreine… »

Il ressentait ce besoin impérieux de lui venir en aide. De faire pénitence aussi peut-être. Avec le Parti Collectif, le vote du Registration Act, il avait du mal à savoir où il en était. Il suivait les ordres la plupart du temps, essayant de se poser le moins de questions possibles. Il avait besoin de se battre pour quelque chose de juste. Il avait besoin de croire en quelque chose de sincère. Alors qu’elle tentait de lui faire mettre de côté les souvenirs de leur première rencontre, Reagan sentit un virement dans la poche intérieure de sa veste. Il y glissa sa main furtivement pour y tirer son téléphone. C’était le Parti. Le numéro du bureau. Il n’avait pas fait attention à l’heure. Il aurait probablement déjà du y être depuis le temps. Il appuya sur un bouton pour refuser l’appel avant de relever le regard sur la jeune femme et de reposer sa main sur la sienne. Au diable le bureau.

« Excuse-moi… Tu allais quelque part ? On peut peut-être faire un bout du chemin ensemble ? »
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MessageSujet: Re: You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine]   You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine] EmptyLun 4 Juil - 1:51


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Reagan Nash & Loreine Marchand


En croisant son regard cette fois là, je sens une profonde lutte silencieuse au fond de ses iris. Que se passe-t-il? Est-ce moi qui le bouleverse à ce point? J’observe alors avec plus d’attention la lueur dans ses yeux, l’expression de son visage. Mon interprétation est presque instantanée, intuitive. Je doute d’avoir compris à ce point son état, je ne suis pas une psychologue. Mais je sais reconnaître certains sentiments si familiers à mon esprit. Le doute. La remise en question de soi. La culpabilité. La confusion face à un tel état d’âme. Cela me semble si clair à présent. Le regret s’est immiscé en lui, rongeant ses entrailles, envahissant chaque espace disponible. Je pouvais presque sentir le phénomène en moi, tellement ce que je sentais émané de lui était fort. Peut-être est-ce que je me trompe, mais tout est tellement évident maintenant que j’y porte attention. Tout cela ne peut pas avoir pour seule origine notre rencontre passée. Il y a forcément plus. Je n’ose lui demander, ne le connaissant que trop mal. C’est trop indiscret. Et je ne suis pas du genre à laisser ma curiosité dominer mon respect de la vie privée. Je me contente donc de soutenir son regard. D’offrir une aide silencieux à laquelle il peut se raccrocher, si seulement il me voit au travers de la brume de ses pensées agitées. Il semble me voir, me parlant alors. Il m’assure que son offre de m’aider n’est pas une promesse en l’air. Je souris, surtout que la première pensée qui me vient alors à l’esprit est que nous avons tous les deux besoins de quelqu’un pour nous épauler en ce moment. Je garde cette réflexion jalousement pour moi.

Soudain, le téléphone de l’homme s’agite dans sa poche. Il va le sortir de sa cachette et l’observe un instant. Je ne manque pas l’expression sur son visage. Il semble un peu surpris, mais j’ignore par quoi. Une fois de plus, j’évite de poser des questions indiscrètes. Je me contente de l’observer alors qu’il fait taire son téléphone. Pourquoi donc? Il aurait pu répondre, cela ne m’aurait pas offensé. Il choisit plutôt de demeurer avec moi et je ne sais pas vraiment comment je dois le prendre. Dois-je lui sourie en lui disant merci? Faut-il que je lui indique qu’il devrait répondre la prochaine fois, surtout si c’est important? Puisque peu importe qui tente de l’appeler, je suis persuadé que ça davantage d’importance qu’une canadienne instable en face de lui. Je ne me considère pas comme une priorité pour personne. Alors oui, je pense qu’il aurait dû prioriser ses affaires avant moi. Il s’excuse toutefois et me demande alors si j’avais planifié d’aller quelque part à la base. Ah oui, c’est vrai. Je me souviens maintenant que oui j’avais une destination en tête avant de rebrousser chemin en le rencontrant. Depuis ce moment, j’avais complètement mis cela de côté et il vient de me faire me souvenir. Sauf qu’en même temps, j’ai un doute qu’en à la nécessité de me rendre à la pharmacie après ce qui vient de nous arriver.

-Non, euh… Enfin, oui, mais… je me sens fatigué. Je pense que je vais rentrer chez moi.

Cela serait en effet plus sage. Pleurer me donne toujours la migraine et je pense que le mieux serait de me reposer après autant d’émotions. Même s’il me propose de m’accompagner, je ne veux pas le déranger et monopoliser davantage de son temps. Je ne pense pas pouvoir le faire changer d’idée par contre. Je n’ai déjà pas réussis à lui faire retirer ses remords à mon sujet. Comme il semble que le temps soit venu de nous mettre à marcher, je me lève. Je sens alors ma tête s’alourdir subitement et mes jambes se ramollissent sans que j’aie le temps de leur dicter l’ordre de demeurer solides. Mes genoux lâchent donc, mon corps tombant sous l’absence d’appuie. Mais je ne m’effondre pas au sol. Les mains de Reagan me sauvent une fois de plus. Mon cœur bat fortement et ma tête tourne encore un instant alors que je remarque que j’ai causé l’émoi sur la terrasse du café. Toutes les têtes sont tournées vers moi et je cache donc mon visage dans le torse de l’homme, gênée. Il m’aide à me remettre sur pied et en testant la solidité de mes jambes, toujours avec l’aide de Reagan, mon habilité à me tenir debout semble rétablie.

-Je me suis levée trop vite, je crois.

Voilà ce que je lui réponds pour justifier ma nouvelle maladresse. Je semble plus faible physiquement que je ne l’avais anticipé. Je marche donc lentement, beaucoup trop lentement à mon goût. Je dois faire deux pas pour que Reagan en face un. À ce rythme là, il fera nuit avant d’atteindre mon appartement. Je ne désespère pas toutefois, je garde la tête baissée sur mes pieds, les observant qui progressent de mieux en mieux. Finalement, lorsque je me sens suffisamment confiante de ma démarche, je relève mon regard, pour observer où nous sommes. Et ce n’est guère bien loin du café où nous étions, j’en ai peur. Je soupire donc bruyamment, regardant l’homme à côté de moi.

-Je m’en sors. Je pense que tu peux y aller.

C’est une tentative afin de le libérer du boulet que je suis. Je saurais retrouver mon chemin facilement. En cas de besoin, je m’arrêterais un peu pour reprendre mon souffle. Je ne pense pas qu’il ait à assumer cette responsabilité de veiller sur moi à ce point là. Je respecte le fait qu’il ait une vie et qu’il ne doit pas mettre tout de côté juste parce qu’il fille comme moi s’avère une véritable catastrophe d’un coup. D’ailleurs, son téléphone s’anime à nouveau.

-Tu devrais répondre, je lui dis, en m’arrêtant pour lui faire face.

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MessageSujet: Re: You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine]   You are by my side for a long time now [Reagan & Loreine] EmptyLun 26 Sep - 9:49

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Peut-être que c’était indiscret de marcher jusqu’à chez elle. Il avait peur qu’elle trouve sa proposition indélicate. Ne pas brusquer les choses. Ce semblant de lien qui les liait semblait si ténu. Il redoutait qu’elle ne lui file entre les doigts. Comme d’une papillon dont on s’approcherait trop vite et qui continuerait sa course, se posant toujours un peu plus loin pour vous narguer. Une voix dans sa tête lui criait de ne pas la laisser partir. Et ce maudit téléphone qui sonnait toujours dans la poche de son manteau lui parasitait l’esprit, l’empêchait de réfléchir correctement. Alors la vie avait fini par choisir pour lui. Les choses n’arrivaient peut-être jamais par hasard. Les réflexes vifs, il n’avait pas manquer de rattraper la jeune femme prise d’un nouvel étourdissement. Il la serre contre lui, comme pour la cacher de ce monde trop dégueulasse. Il ne portent pas attention aux gens qui les entourent, plus depuis longtemps.

Un pas. Puis un deuxième. Reagan avait l’impression d’être lesté par des poids. Comme si ses pieds s’enfonçaient profondément dans le sol à chaque fois qu’il y posait le pied. Tous ses états d’âme pesaient une tonne. Chaque mètre qu’ils avançaient était un mètre de plus qui les menaient à leur séparation. Il avait du mal à s’y résoudre. Lui qui était pourtant quelqu’un de pragmatique. Il ne pouvait pas arrêter le temps. Ils comptaient mentalement les secondes, avait calé son pas sur celui de la petite blonde. Ils n’échangeaient pas vraiment de mots sur le trajet. Comme si parler risquait de ruiner ces derniers petits instants. Il ne savait pas vraiment si la revoir lui avait fait plus de bien ou de mal. Il était sûr qu’elle en paraissait affectée. Ou du moins touchée d’une quelque manière que ce soit. Il y voyait une nouvelle chance. Comme si on lui permettait de revenir en arrière. La possibilité de faire autrement dans un passé dépassé.

Quelque part au fond de lui, il avait cet espoir fou. Revenir en arrière. Changer le court de sa vie. Ou au moins une petite partie. La revoir l’avait déboussolé c’était certain. Plus qu’une remise en question, c’était un tsunami d’interrogations qui avait submergé son esprit. Mais il y avait autre chose chose. Bien plus discret. Presque imperceptible. La seule présence de la jeune femme, le fait d’entendre sa voix. Quelque part en lui, il avait senti quelque chose s’apaiser. Quelque chose en elle était capable d’amadouer certains de ses démons. Et c’est finalement elle qui avait fini par prendre la décision de séparer leurs chemins. Comme si elle savait qu’il ne pourrait pas en être capable. Les sourcils de l’ancien agent se froncèrent quelque peu en entendant ses mots. Il s’entait à nouveau son téléphone contre sa poitrine qui vibrait désormais sans interruption. Un petit rappel à la vie. Ou du moins à ce qui composait sa vie actuellement.

Il se sentait dans l’urgence. Rejoindre la QG du parti rapidement. Mais il avait du mal à se résoudre à la laisser. Il ne voulait pas la perdre de vue une nouvelle fois. Même s’il savait parfaitement que ça ne dépendait peut-être pas de lui cette fois-ci. Sa main partie à la chasse dans les poches de son manteau et il fini par trouver une vieille carte un peu écornée. Il pris délicatement la main de Loreine dans les siennes et referma ses doigts sur cette carte comme sur un trésor précieux.

« Appelle-moi… »


Ses yeux étaient implorant. Dans sa voix on décelait une nécessité presque pathétique. Il lâchait sa main, laissant ses phalanges glisser le long de la peau de la jeune femme. Il savait parfaitement qu’il prenait un risque. Elle avait les cartes en main. Sa carte en main. À ce moment précis, elle seule pourrait décidé si cette rencontre fortuite ne serait qu’une illusion éphémère. Le début ou la fin de quelque chose. Il s’éloigna alors d’elle, continuant de la regarder pendant encore quelques instants. Essayant de fixer son visage dans son esprit. Il tourna à l’angle du boulevard et finit par décrocher son putain de téléphone. Retour à la vie normale.
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