[DÉFI] Till the end ft. Aidan

Till the end

Aidan Pàdraig & Lux Williams

Le son des pneus crissant sur le sol, ma tête s’était instinctivement tournée vers la gauche pour découvrir la menace qui planait sur nous. Une fraction de seconde qui en paraissait des minutes entières, ma vue dorénavant aveuglée par les gigantesques phares dont les lumières étaient dangereusement près. Serait-ce la fameuse lumière au bout du tunnel dont tout le monde aimait radoter l’existence? Bien sûr que non. Une bête erreur, un chauffeur fatigué ou bien ivre, qu’importait la raison de cet accident. Le devant de l’imposant 4x4 s’était écrasé avec violence côté conducteur, réduisant la portière de ma Berline en un tas de ferrailles. J’avais donné un coup de volant dans la direction opposée, poussée par l’adrénaline. Dans ma poitrine, mon cœur avait manqué un battement avant d’initier une course effrénée. Au même moment, la puissante collision ainsi que mon coup de volant avaient eu pour conséquence une embardée fulgurante. Ma voiture faisait des tonneaux dans la rue déserte, activant brutalement les coussins gonflables destinés à nous protéger. La poitrine comprimée et la tête partant dans tous les sens, le temps semblait s’être figée. Aidan, avais-je pensé. La suite s’était déroulée tellement vite que je n’avais pas pu suivre. J’avais vu l’arrière train du 4x4 s’éloigner en nous laissant pour mort, mais mes yeux avaient peine à rester ouverts. Amorphe, je me retrouvais incapable d’émettre un son. À cet instant précis, j’aurais juré n’être qu’une simple observatrice lors de cette horrible scène. Non, je ne pouvais tout simplement pas… Je ne pouvais pas être cette fille dont tous les membres criaient de douleurs. Non. Essayant tant bien que mal de respirer, j’avais tâté ma tête de ma main droite, car elle me faisait un mal de chien. Après m’être raclée la gorge difficilement, j’avais tentée de sortir quelques mots. Ai… Aidan? La voiture immobilisée dans une position pas possible, l’incapacité de voir mon meilleur ami, d’évaluer les dégâts, me frustrait. Bordel, ce fumier s’est tiré. Si je croise le conducteur de ce foutu 4x4, je lui fais sa fête. Où était passée la gentille et compréhensive Lux? Loin, très loin et elle avait l’intention de ressentir de la rage pour une fois. En fait, non, je n’étais pas vraiment en colère, car la peur me tétanisait. Qu’était-il arrivé à Aidan? Son silence me terrifiait et l’idée de le perdre totalement insupportable. Réponds-moi s’il te plaît. Ma voix était enrouée et je sentais la panique m’envahir. Jamais je ne laisserais Aidan mourir. Non, cette option n’en était même pas une. Non. Non. Nonn. Soupirant, mes yeux s’étaient fermés. Du repos, juste un peu de repos, m’étais-je dit.

Gravité des blessures. :

15 minutes plus tôt
Fronçant les sourcils, je m’étais tournée vers mon patron. Tu crois qu’il est fiable? Nous étions sur le point d’aller rencontrer un client important donc je n’avais jamais entendu parlé auparavant. Je n’avais pas l’intention de remettre en question son jugement, bien sûr que non, mais prudence est mère de sureté. M’arrêtant net en voyant Aidan se diriger vers sa voiture, j’avais sifflé pour attirer son attention. On prend la Berline. Ta bagnole est trop flippante avec le sang sur le banc. Si je te connaissais pas, je pourrais sérieusement croire que t’es un sérial killer. Je m’étais approchée de mon sauveur pour passer mon bras gauche en dessous de son bras droit. Plutôt tactile, je ne pouvais m’empêcher d’utiliser les contacts physiques pour rassurer les gens.  Pointant ma voiture, j’avais offert un sourire à mon meilleur ami avant de l’y entraîner. Le pauvre, ce sang devait lui rappeler de sacrés mauvais souvenirs. On essaie mes tous nouveaux pneus! Par chance, j’avais changé les pneus de ma voiture après l’épisode des folles aventures d’Aidan à l’Unisphère. D’ailleurs, à ce propos, j’allais devoir en toucher un mot à la responsable, mon ex petite amie, la célèbre catwoman. Le soleil s’était couché quelques minutes auparavant, mais il restait encore une traînée rose dans le ciel, preuve que cette gigantesque étoile n’était pas le fruit de notre imagination. Installée côté conducteur, j’avais démarrée avant de me diriger vers Brooklyn. Pas de clope dans ma voiture, Aidan. Voilà, la petite mère en moi avait parlée. Tout en restant concentrée, je pensais au fameux client. C’était une importante affaire. Impossible de qualifier la revente de bijoux volés comme étant un jeu d’enfant. C’était dans le but de rencontrer un potentiel acheteur que nous nous dirigions vers un établissement abandonné dans un endroit peu fréquenté. La discrétion était de mise.

Till the end

Aidan Pàdraig & Lux Williams

C’était une fâcheuse habitude bien encrée chez lui : fumer. Le moins qu’on puisse dire, c’est que notre mode de vie nous exposait à un stress constant. Se bousiller les poumons semblait être la seule façon pour lui de gérer cette montée d’adrénaline caractéristique et inévitable lorsque l’on trempe dans l’illégalité. À vrai dire, les sources de stress ne cessaient de monter de façon exponentielle. Notre gagne-pain n’était pas à sous-estimer, mais le RA se taillait une place de choix dans nos vies. Ne nous étant pas enregistrés, comme le stipulait la toute nouvelle loi, nous étions considérés comme des criminels. Le but étant faire le recensement de tous les êtres possédant des pouvoirs hors du commun, ils voulaient également, par la même occasion, leur installer à chacun une foutue puce avec un système de géolocalisation. Les humains ont peur de ce qu’ils ne peuvent pas contrôler et ils le prouvaient en nous traquant dans l’espoir de recueillir nos empreintes digitales, un enregistrement oculaire et tant d’autres informations avant de nous charcuter la nuque pour y insérer une puce. Je n’allais jamais me laisser faire sans me battre et Aidan était, heureusement, du même avis. Il semblerait que la charte des droits et libertés ne s’appliquait plus à nous dorénavant.

S’il continuait ainsi, à enchaîner les clopes, il allait finir avec un sacré cancer des poumons. Comme si nous ne risquions pas assez nos vies à arnaquer les gens et à fuir comme la peste l’idée de se faire insérer une puce dans la nuque, il réussissait à augmenter ses risques de mourir avant l’heure. Mes yeux lui lançaient des éclairs en le voyant continuer à fumer tout en ayant la gentillesse de sortir la fumée par la fenêtre. Bien sûr qu’il me voyait lui lancer des regards noirs. Il savait également que je n’allais pas lâcher l’affaire avant de le voir s’en débarrasser. Nous nous étions chamaillés bon nombre de fois à ce sujet. Malheureusement pour lui, j’étais à la fois moralisatrice et d’une persévérance indomptable. Un sourire satisfait aux lèvres s’était alors installé sur mon visage en remarquant qu’il agissait comme je le souhaitais -pour une fois. Merci. Je le remerciais d’une voix douce. Malgré tout, je comprenais pourquoi il ressentait ce besoin et je lui étais reconnaissante de bien vouloir de plier à mes exigences. À ce moment, je ne savais pas que j’aurais largement préféré qu’il continue à fumer que de voir la terreur dans ses yeux lorsqu’il avait crié mon prénom. Son visage était illuminé par les puissants phares du 4x4 en faute et, l’instant d’après, c’était le noir complet.

La collision s’étant déroulée de mon côté de la voiture, j’étais sérieusement sonnée et tout ce que j’arrivais à entendre se résumait à un bourdonnement sourd excepté les battements de mon cœur qui pulsait. Mes pensées n’étaient pas le moindrement claires et j’avais du mal à respirer, comprimée ainsi entre mon banc et le coussin sortie du volant en guise de protection. Aidan ne me répondait pas, ce qui ajoutait une teinte de terreur a cette situation déjà bien assez stressante. Confuse et soudainement épuisée, j’avais fermé les yeux dans l’espoir de me calmer, prenant de profondes respirations. Lux, tout va bien? La voix de mon meilleur ami avait déclenché en moi une onde de soulagement à l’état pur. La gorge nouée, mon simple «oui» à peine plus fort qu’un murmure n’était certainement pas arrivé jusqu’à ses oreilles. En entendant un «aïe putain», mon cœur s’était affolé. T’avises pas d’égratigner ma Berline toi, avais-je dit avant de lâcher un rire étouffé. Ma voix était tout enrouée et j'avais l'impression d'avoir du papier sablé dans la gorge. Le moment était probablement mal choisi pour blaguer, mais sa main dans la mienne réussissait à me réconforter suffisamment pour me donner envie de sortir des blagues pourries.

Enfin libérée, je respirais sans ce coussin encombrant. Lux, ça va? En posant mon regard sur Aidan, j’avais écarquillé les yeux, découvrant l’état de son nez et le sang qui tachait son visage. Qui êtes-vous? J’avais attendu un petit moment avant de poursuivre. Ça te donne un certain charme, ce nez cassé. J’aurais pu te confondre avec Brad Pitt. Je sentais le sang qui s’accumulait dans ma tête, dû à la gravité, mais cela ne m’empêchait pas de faire un sourire rassurant à mon ami. Je ne voulais surtout pas qu’il s’inquiète. Je savais qu’il allait flipper en se remémorant les précédents événements. Je ne voulais pas qu’il pense qu’il allait me perdre, car ce n’était pas le cas. La mort de Niall lui a sacrément fait peur même s’il essaie de cacher tout ça dernière des sourires et des blagues. Ça va, je suis juste un peu sonnée, je crois. Tout va bien? Le détaillant du regard, je me disais que ses blessures ajoutaient une touche de danger, un petit air de voyou, à sa bouille d’homme inspirant confiance. Ce n’est qu’en essayant de me déplacer qu’une vive douleur à la jambe m’avait fait retomber sur terre. Nous étions dans une voiture accidentée et j’avais mal partout. J’avais jeté un coup d’œil et découvert que mon membre inférieur gauche était sacrément enflé. Oh mon Dieu… Tu crois qu’elle est brisée? Les mains tremblantes, j’essayais de tâter afin d’évaluer l’ampleur des dégâts. Grognant de douleur, la mâchoire serrée, j’avais la jambe immanquablement en mauvais état. Il fallait que j’ajoute une touche plus légère à la situation. J’crois que c’est un signe du destin Aidan. Il me dit : Lux, change de bagnole ma vieille. J’essayais de garder une certaine contenance, mais j’avais peur et je savais que nous devions sortir de la voiture aussi vite que possible.

Accroche-toi, j’appelle Solus, il va trouver un moyen de nous sortir de là. J’espérais qu’il dise vrai, car si les pompiers, une ambulance ou toute autre personne arrivait avant qu’on s’en soit tiré, nous allions être foutus. Ce serait l’envoie direct à l’hosto et cette option n’était pas envisageable. Il ne suffisait que d’une malheureuse prise de sang pour qu’on puisse découvrir que nous étions des mutants. Le gène X pourrait nous trahir et nous allions nous retrouver avec une puce insérée dans la nuque dans le temps de le dire. D’ailleurs, c’est pourquoi le rôle de Solus était si important. Les yeux fermés, j’avais l’impression que ma tête allait exploser. Les sonneries s’enchaînaient et je commençais à perdre espoir. S’il n’était pas disponible, nous allions sérieusement être dans la merde. Nous ne pouvions pas rester indéfiniment dans cette voiture, quelqu’un allait forcément passer par ici et appeler les secours. Je prenais de profondes respirations, me concentrant sur mon but. Ce foutu pouvoir pourrait bien nous sortir de cette situation, non? Si je le voulais sincèrement, peut-être ma mutation allait-elle se déclencher et m’aider à changer les probabilités vers le positif. Après, un nombre interminable de sonneries et un regard lancé à Aidan, Solus s’était enfin décidé à répondre.

Mets-le sur main libre, s’il te plaît. J’essayais d’expliquer la situation, mais j’avais du mal à trouver les mots justes, comme si mon cerveau c’était soudainement embrouillé. Je balbutiais et soupirais avant de finalement laisser Aidan expliquer l’accident parce que sinon ça m’aurait pris des années entières à cette vitesse. Une fois notre situation expliquée, il m’a demandé de décrire l’état de ma jambe. Ayant des connaissances en médecine, il était un membre important de notre organisation. Il représentait, pour ainsi dire, la différence entre la vie et la mort en cas d’urgence. Malheureusement, cela n’a pas été suffisant dans le cas de Niall, mais nous avons eu un coup de pouce de la part de la déesse de la mort. Si elle ne lui avait pas sauvé la vie, Aidan n’aurait pas pu le supporter. Autant dire qu’elle est bien tombée. Par chance, nous n’allions pas avoir besoin d’une mesure aussi radicale ce soir. Encore fallait-il qu’on se tire d’ici par contre. En gros, ma jambe est dans une position trop moche, c’est tout enflé et ça fait un mal de chien. J’avais bien peur de ne pas pouvoir me déplacer sans aggraver ma situation. Si tu pouvais venir nous sauver les fesses, je t’en serais reconnaissante! Tu devrais voir la tronche d’Aidan, tu ne peux pas manquer ça!

Till the end

Aidan Pàdraig & Lux Williams

L’entendre rire me donnait une certaine satisfaction. Si j’arrivais à l’amuser, cela voulait forcément dire que, ne serait-ce qu’un instant, il oubliait la peur et la panique, il oubliait le sang. Sa main s’était jointe à la mienne, m’envahissant d’une vague de soulagement intense. Ce simple contact arrivait à me rassurer, moi qui avais si peur de l’avoir perdu un peu plus tôt. «Tu devrais voir la tête des airbags. Ça te fait une deuxième chose à changer, en plus des pneus.» Il arrivait à me faire sourire, alors que j’avais la tête à l’envers et que tous les membres de mon corps me faisait souffrir. J’adorais fixer tout mon attention sur les détails, ça me permettait de ne pas trop penser aux problèmes plus importants, de paniquer en considérant l’ampleur de la situation. Bien sûr que je savais que ma Berline était officiellement morte, mais c’était plus drôle de faire comme si ces détails étaient importants. Puis, j’avais vu son visage se décomposer devant ma question. Le pauvre devait certainement penser que j’étais devenue amnésique, oubliant dans ce malheureux accident son identité. Lui, l’homme qui m’avait pris sous son aile, sauvée d’une pitoyable vie de SDF, comment aurais-je pu l’oublier? N’ayant pas l’intention de le torturer plus longtemps, je lui avais lancé une vanne à propos d’une soi-disant ressemblance avec Brad Pitt. J’étais satisfaite de ma blague, le voyant secouer la tête en riant. Son rire était la seule chose qui me permettait de tenir, de ne pas fondre en larme, après être passée par des émotions aussi intenses en si peu de temps. J’aimais l’adrénaline, bien sûr, mais là c’était trop. «Brad Pitt? Rah, je suis déçu, moi qui voulait devenir Will Smith quand je serais plus grand.» Cette fois, mon rire avait raisonné dans la voiture, me laissant une légère douleur aux côtes. Elles n’étaient pas brisées, mais c’était un sacré coup qu’elles s’étaient prises. «Oh, la poisse, quelle pitoyable meilleure amie je suis, à briser tous tes rêves?»

Le pauvre, son visage était sanglant. Lui aussi, il avait été vachement secoué. Heureusement, ses blessures ne semblaient pas très graves. Je lui avais dit penser n’être qu’un peu sonnée, mais c’était affreusement douloureux. Je ne voulais surtout pas l’inquiéter. Soucieuse, je voulais savoir comment il allait, lui. «Un nez et une arcade pétés. Rien de bien grave. Je pourrais me la péter devant tout le monde. J’ai enfin l’air d’un bad boy.» Effectivement, sa bouille n’avait rien de celle d’un mauvais garçon. On ne le surnommait pas La licorne pour rien, après tout. Par contre, c’était un sacré avantage, d’avoir la tête d’un mec à qui on pouvait faire confiance, car personne n’allait le soupçonner d’être un des meilleurs voleurs de New York -pour ne pas dire LE meilleur. Grâce à sa dextérité accru, il était impossible de le surpasser. J’étais chanceuse d’être tombée sur lui quasiment cinq ans auparavant. Moi aussi, je m’étais faite duper par sa tronche, mais il s’était avéré réellement être un homme de confiance et il se taillait une place dans la liste des personnes les plus importantes dans ma vie. «Tu parles! Les filles vont se jeter à tes pieds», lui avais-je lancé avant de ricaner. Juste un peu sonnée, hein? Finalement, ma jambe gauche était dans un état pitoyable. «J’y toucherais pas, si j’étais toi. Si ça se trouve, ça va exploser, on sait pas» C’était à mon tour de rire et je l’en remerciais intérieurement. Après l’épisode des pneus crevés par Felicia et maintenant cet accident de voiture, j’en venais à me demander si ma bagnole n’était pas maudite. J’en avais vécu des aventures avec cette vieille voiture, mais nos chemins allaient officiellement devoir se séparer. J’allais probablement avoir une certaine nostalgie plus tard mais, tout ce que je voulais pour le moment, c’était d’en sortir au plus vite. «On te trouvera une vraie voiture. Pas comme cette boîte de converse pour Playmobil.» Aidan aimait bien me taquiner, lançant régulièrement des moqueries en y faisant allusion. Au fond, elle n’était pas si mal. C’était toujours elle qu’on prenait, car elle était beaucoup plus discrète que la sienne. «Tu vois, ça, c’est de loin la meilleure que t’aies jamais sortie. C’est ta façon de lui rendre hommage, j’en suis sûre!»

Les sonneries s’enchaînaient, Solus devait certainement être occupé, mais nous ne pouvions pas nous le permettre. Aidan avait téléphoné plusieurs fois, dans l’espoir qu’il finisse par répondre. Je n’avais pas conscience de retenir mon souffle, mais j’avais enfin recommencé à respirer en entendant la voix familière du médecin membre d’Icare. Dieu merci, il allait nous aider. «On roulait en direction de notre rendez-vous. Un 4x4 nous a percutés et on a fait des tonneaux. La voiture est sur le dos et ce fils de pute s’est barré. J’ai réussi à me détacher mais je ne peux pas le faire pour Lux, sa jambe a pris un sacré coup et j’ai peur d’empirer les choses si j’essaye de la faire descendre de là.» Moi aussi, j’avais peur d’empirer les choses. Me retrouver avec des séquelles n’était pas au haut de ma liste de souhait, absolument pas. J’avais enchaîné en lui décrivant l’état de ma jambe tout en lançant une blague pour taquiner Aidan, encore. «Elle a dit que je ressemblais à Brad Pitt… Tu crois que c’est un compliment?» Je souriais à pleine dent, lançant un regard à mon meilleur ami tout en essayant d’oublier cette impression… J’avais l’impression que quelqu’un me martelait la tête sur le sol, c’était affreux. «Plus sérieusement, si tu pouvais envoyer une voiture nous récupérer, on est à… On est dans Utica Avenue.»

Je sentais la panique m’envahir soudainement. Quoi? Solus nous demandait de sortir de la bagnole. Je le savais, oui je savais que c’était la meilleure solution, mais la douleur n’allait pas aller en s’améliorant. «Ne quitte pas» Ma respiration était rapide et je faisais de gros yeux à Aidan. J’avais pris le portable qu’il me tendait avant de planter mon regard dans le sien. «Voilà ce que je vais faire, je vais sortir, je vais faire le tour et je viens te sortir de là. Par contre… Je risque d’abîmer ta Berline pour de bon, cette fois» Sa voix était calme et posée, elle était rassurante. J’étais restée muette, pétrifiée. J’essayais de ma calmer alors que mon meilleur ami tirait sur la vitre pour sortir. Le son qu’avait fait son arme n’arrangeait rien à ma migraine, mais je n’avais pas fait un son. Quelques secondes plus tard, il se tenait devant ma fenêtre et m’intimait de me protéger. J’avais sagement obéi et il avait brisé la vitre avec la crosse de son arme.  «Bon, ça risque de faire un mal de chien. Je m’excuse d’avance, t’auras le droit de me frapper après si tu veux» J’avais hoché la tête tout simplement. «Fais-le, qu’on en finisse.» Les dents serrées, je me préparais mentalement à souffrir le martyr. Il s’était installé pour finalement faire le décompte. «À trois, on y va, un…» Mon souffle s’était coupé alors que mon dos heurtait violemment le toit de la voiture. Cela ne m’avait malheureusement pas empêché de crier. Au contraire, je ne pouvais que m’époumoner alors que mes yeux s’embrouillaient de larmes face à une telle douleur. «Ça va» Non, je n’allais pas bien, mais notre but était atteint au moins, nous étions sortis. «J’ai l’impression d’être dans le même état que ma bagnole» Le souffle court, je lui avais lancé un regard noir. Je savais que ce n’était pas de sa faute, mais j’en avais besoin. «Je suis désolé. On est sorti, magnez votre cul»

Je m’étais assise tant bien que mal, le dos contre ma pauvre voiture. J’avais fait un sourire à Aidan alors qu’il passait sa main sur mon front. «Allez courage, Angelina Jolie» Je n’avais pas pu m’empêcher de rire, en entendant cette comparaison avec le célèbre couple.  «Ils sont où les paparazzis? Je vois déjà les gros titres d’ici : Bradgelina a survécu!» Ma tête déposée sur son épaule, j’avais soupiré et mes muscles s’étaient alors enfin détendus malgré que la douleur restait présente. «C’est dommage, je l’aimais bien en fait, cette Berline» Je l’avais toujours su. «En fait, c’était de l’amour refoulé? Depuis tout ce temps, c’était elle que tu venais voir, pas moi. J’me sens trahie» » Je rigolais, bien sûr, car c’était la seule chose que je savais faire dans une telle situation. Je ne voulais pas trop penser, au risque de devenir trop émotive. «Tu peux le croire toi? Ce taré s’est barré.» J’étais énervée de constater que certaines personnes n’avaient pas de scrupules à en laisser d’autres crever comme ça, dans la rue. «Heureusement que t’étais là, toi.» Nous n’étions pas morts, mais ça aurait pu être le cas. Puis, ce sentiment, cette peur effroyable, me revenait à l’esprit. L’idée de perdre Aidan m’avait laissé complètement perdue, le cœur en miette. Ensuite, je m’étais laissée aller tout simplement, me moquant éperdument de mon orgueil pour une fois. Mon regard planté dans celui de mon meilleur ami, je ne m’étais pas faite priée avant de passer mes bras autour de son coup, mon blottissant tout contre lui. «J’ai vraiment eu peur cette fois, Aidan. J'ai cru que j'allais te perdre.» Je sentais les larmes me monter aux yeux et je le cachais en enfouissant mon visage dans ses habits, profitant du moment, avant de retourner à notre vie bien remplie.

Combien de temps étions-nous restés ainsi? Aucune idée. L’important, c’était que nous étions encore là, bien vivants et heureux de l’être. Fronçant le nez, j’avais jeté un coup d’œil à ma voiture pour découvrir des flammes en lécher le métal. «P*tin, faut bouger Aidan, tout de suite.» Si jamais les flammes arrivaient à se frayer un chemin jusqu’au réservoir d’essence, il y avait de grandes chances qu’on crame avec l’explosion de ma bagnole. Une nouvelle montée d’adrénaline dans les veines, j’essayais de me lever tant bien que mal, serrant les dents pour ne pas crier. Il fallait qu’on s’éloigne de cette voiture au plus vite. «Vite, Aidan.» La mâchoire serrée, j'essayais de garder mon calme, mais je ne voulais absolument pas mourir ainsi, pas après avoir survécu à ce 4x4. Appuyée contre mon ami, j'essayais d'aller le plus vite possible, mettant de la distance entre la Berline et nous.

Résultat des flammes:

Till the end

Aidan Pàdraig & Lux Williams

Ce n'est un secret pour personne, le corps est un système complexe, mais surtout incroyablement bien fait. Même après un accident de voiture et une fracture de la jambe, l'adrénaline créée par mon corps arrivait à me tenir éveillée et également à me donner la force de me lever, craignant une explosion des plus spectaculaires. La seconde précédente, j'étais complètement amorphe, blablatant à Aidan de jolies paroles, secouée en prenant conscience que j'aurais pu le perdre. Puis, soudainement tous mes sens étaient en alerte, l'instinct de survie avait immanquablement pris le dessus. Après avoir survécu à une collision avec un 4x4, le moins qu'on puisse dire, c'est que je ne souhaitais pas particulièrement mourir quelques minutes plus tard, brûlée vivante par l'explosion de ma tendre Berline. Elle allait me manquer, cette voiture. J'allais devoir lui dire mes adieux, me remémorant tous les bons souvenirs et les aventures vécues toutes les deux, voir tous les trois en incluant Aidan. En prenant certainement conscience de la panique dans ma voix, mon meilleur ami se lève rapidement, alerté par la situation. C'est en découvrant des flammes qui dansaient sur ma bagnole que la peur s'était emparé de moi. Un petit tour vers le réservoir d'essence et nous allions cramer sur place. Heureusement, mon partenaire de crime s'était empressé de m'aider à me lever et nous nous étions rapidement éloignés du véhicule. Le cœur battant à tout rompre, je m'attendais à une explosion imminente, mais elle n'est finalement jamais arrivée – ce qui n'est pas une mauvaise chose. Installés sur un banc non loin, je n'avais qu'à tendre le moindrement l'oreille pour entendre des sirènes au loin. Il y avait de sacrées bonnes chances que quelqu'un ait prévenu les secours et qu'ils étaient en route pour venir nous « sauver ». Je croisais les doigts silencieusement, histoire d'être assez chanceuse pour que nos complices arrivent avant l'ambulance déjà en route.

Assez rapidement -thanks god- une camionnette était apparue dans la rue et Aidan s'était empressé de faire signe de la main. Ni une ni deux, les mecs envoyés par Solus s'étaient arrêtés devant nous. Habiles et efficaces, le brancard était déjà installé alors que j'entendais les sirènes s'approcher à une vitesse fulgurante. Malgré des grognements de douleurs et une mâchoire bien serrée, je tenais le coup, voulant être transportée dans la camionnette le plus vite possible. Étrange, cette façon qu'a les yeux de pleurer lorsqu'une autre partie du corps souffre. Eh oui, une larme coulait sur ma joue alors qu'on me déplaçait enfin. Aidan à mes côtés, notre ambulance privée nous emmenait à la clinique alors qu'on pouvait voir les secours arriver dans le sens inverses. Nous avons eu chaud, ça oui! Avoue, tu étais jalouse de ma jambe de vois, c'est ça? Il devait voir que cette situation me rendait immanquablement nerveuse. Une minute de plus et nous aurions pu être en réel danger. Mourir n'est rien comparé à l'idée de ne plus avoir mon libre arbitre. Heureusement, mon meilleur ami excellait toujours en ce qui à trait à me changer les idées. D'ailleurs, je lui avais fait un air outré avant de lui répondre. Pas juste. T'arrives toujours à percer mes plus sombres secrets. Je l'ai voulu, je voulais avoir l'air de prendre tout ça à la légère, mais tout d'un coup la situation me revenait à la figure. Enfin en route vers un lieu sécuritaire, la panique prenait possession de mon corps que maintenant.

Je lui avais fait un léger sourire, sentant sa main s'emparer de la mienne, mais mes pensées étaient à milles lieux de l'instant présent. J'étais à la fois complètement alerte et en panique, mais également des plus épuisées. Mon corps livrait une bataille, se demandant s'il voulait tout simplement fermer les yeux et sombrer dans un profond sommeil ou bien hurler pour se libérer de ses tracas actuels. Puis, mes muscles avaient commencé à se détendre petit à petit, jusqu'à laisser mes doigts pendre mollement dans la main d'Aidan. La voix de celui-ci me ramenait un peu sur terre, mais mes paupières se faisaient lourdes. T'as déjà une idée pour remplacer la Berline? Quelle question! La pauvre, laissée en plein milieu de la rue sans cérémonie ni fleurs. Si tu me dis, je veux un 4x4, je pleure. Fronçant le nez, j'avais hocher négativement de la tête avant de grimacer de douleurs. Avoir eu la tête à l'envers aussi longtemps avait eu pour conséquence un mal de crâne intense. En fait, il n'y avait plus que la douleur qui me tenait éveillée. Bien que mon cœur était encore agité après tant d'action, même lui n'aurait pas suffit face à cet extraordinaire manque de sommeil. Non, bien sûr que non, je ne voulais pas un 4x4. Ce genre de bagnole n'était pas du tout ma tasse de thé. M'imaginer au volant d'un engin pareil ne faisait qu'accroître ma céphalée. J'allais par contre y penser sérieusement plus tard. Tant qu'à changer de voiture, je voulais faire les choses bien, en choisir une que j'allais aimer.

Soupirant, j'avais laissé mon regard dériver vers mon meilleur ami, épuisée de regarder le toit de la camionnette. Notre moyen de transport n'était pas des plus confortables et je sentais la douleur monter en flèche à chaque mouvement brusque. Aidan avait laissé son téléphone sonner sans répondre, signe qu'il portait toute son attention sur le moment présent et je lui en étais reconnaissante. Puis, il avait tenté de compresser un peu sa plaie, pour arrêter le saignement. La grimace qui s'étirait sur son visage avait bien réussi à m'arracher un sourire. Te marre pas, Lux, c'est dur la vie de Brad Pitt. Les yeux à moitié clos, ceux-ci s'étaient fermés avant même que j'aie eu le temps de rire de concert avec lui. La douleur intense, la fatigue ou bien ces deux réponses, mon corps ne pouvait plus en supporter d'avantage et je croyais bien que j'allais m'évanouir. J'avais soufflé un «Aidan», mais malheureusement il n'était pas assez fort pour qu'il l'entende, je crois. Comme un écho, quelqu'un avait affirmé que  nous n'étions plus bien loin de la clinique... Heureusement.

Spoiler: