Disparitions Inquiétantes [Steve Rogers]

Disparaitre de la circulation avait ses bons côtés, mais également ses mauvais aussi. Alors lorsqu’aucune autre alternative ne se présente à vous, il est de bon ton de savoir saisir celle de s’évaporer de la nature en faisant en sorte que son nom n’apparaisse plus quotidiennement dans les différents médias, les journaux papiers ou bien la télévision. Le nom de Steven Rogers ne s’étalait plus depuis que j’avais décidé de fuir la civilisation. Je ne compte d’ailleurs plus les jours et les mois qui se sont écoulés depuis ma fuite. Depuis que le SWAT nous était tombé dessus avec Sam ainsi que le mutant. Une fuite inévitable, nécessaire, sinon, la prison nous tendait inévitablement les bras. Si mes choix ne dépendaient que de moi, ils avaient eu un impact sur les personnes qui m’entouraient. Chose que j’avais essayé de contenir, en vain. Celui de fuir avait entraîné dans son sillage d’autres personnes, d’autres Avengers qui se retrouvaient maintenant sans toit sur la tête. Du moins pendant un temps, car une solution avait été trouvée grâce à l’aide non négligeable de Phil Coulson, un allié de mise dans ce combat contre la loi en vigueur.

Quelques mois plus tôt déjà, il s’était manifesté à mon encontre, révélant ainsi qu’il était revenu parmi les vivants peu de temps après la bataille de New-York. Par la suite, il avait mit à disposition le Refuge pour héberger pendant un temps les Avengers qui n’avaient pas d’endroit où se cacher. Enfin, et depuis quelques semaines, un quartier général flambant neuf nous était livré encore et toujours par ce même Coulson. Le directeur du SHIELD prenait de gros risques en collaborant avec nous, en nous aidant à nous cacher des autorités. Un geste que je n’oublierai pas, tant il signifiait beaucoup pour moi, mais aussi pour les autres. Néanmoins, ce n’est pas parce que nous possédions un endroit où nous cacher que cela signifiait que les vacances pouvaient commencer, loin de là. De toute manière, depuis ma transformation en tant que Captain America, je n’avais jamais savouré de repos méritoire. Toujours à courir sur un conflit à droite ou à gauche, que ce soit pour le compte du SHIELD ou bien des Avengers.

Avec Sam, nous avions prit le Quinjet volé pour nous rendre dans une nouvelle direction afin d’enquêter sur de mystérieuses disparitions. De l’accompagner était pour moi une formalité. Puis il savait qu’en me proposant une enquête, je ne pouvais pas dire non. L’état de l’Ohio nous accueilli donc, clandestinement bien évidemment, alors que l’appareil se posait non loin du bâtiment indiqué par mon partenaire. Un bâtiment à première vue délabré, délaissé depuis de trop nombreuses années pour pouvoir être réhabilité correctement. Mais on sait très bien que ce genre d’endroit cache bien plus que ce que l’on peut croire. J’ai apprit avec le temps à ne négliger aucune piste, aucune information, aucun endroit qui pourrait nous permettre d’en savoir plus sur une affaire en cours. Bouclier dans le dos, je regardais attentivement les alentours après avoir descendu la rampe du Quinjet. La voix de Sam me sortit de mon inspection.

Il est vrai que nos dernières interventions n’avaient pas été des plus discrètes. Cardiff avait été un véritable fiasco, avec des civils qui avaient péri pendant notre intervention. Si j’essayais d’y penser le moins possible, le souvenir de cette triste journée me restait encore en mémoire. Ne pas oublier n’était pas forcément préjudiciable, dans la mesure où cela nous permettrait d’éviter de réitérer ce genre d’erreurs. Sam était toujours du genre à prendre les événements les plus dramatiques d’un côté plus léger. Ce n’est pas plus mal. Il sait très bien que je dramatise tout le temps.

« On pourrait sauver le monde encore une fois qu’ils trouveraient un moyen de nous mettre les bracelets aux poignets direction la prison. » J’étais fataliste sur ce point. On ne pouvait plus faire machine arrière, et les héros d’hier devenaient les vilains d’aujourd’hui. A croire que les autorités responsables avaient oublié tout ce qu’on avait fait pour eux. « Si on enlève la partie où les gens sont contents, ça reste un très bon plan. », dis-je à mon ami en lui adressant un regard amusé. « On va déjà se contenter de visiter cet endroit, et éventuellement sauver des vies ensuite si on a besoin de le faire. »

Je rentrais le premier dans le bâtiment en saluant d’un signe de tête le Faucon, bouclier en avant afin d’éviter une potentielle attaque à notre entrée. Rien, du moins pour l’instant, ne laissait présager que nous trouverions quelque chose à l’intérieur. Une fois assuré que la voie était libre, je fis un signe de la main à Sam pour qu’il me suive. L’endroit était désert, aussi délabré à l’intérieur qu’il ne pouvait l’être à l’extérieur. Quelques papiers traînaient ici et là sur le sol, ainsi que du mobilier pour la plupart dispersée en morceaux.

« Ils ont dû bloquer l’entrée quelque part avec un meuble ou quelque chose dans le genre. Tâchons de trouver au plus vite cette entrée. »

De ne plus avoir les autorités constamment aux fesses nous permettaient de pouvoir œuvrer un peu plus discrètement. Notre localisation n’étant plus une information une donnée publique, nous n’avions plus cette appréhension de voir des hommes armés jusqu’aux dents avec le symbole du SWAT tenter de nous débusquer. Un peu plus tranquilles, c’est ce que nous étions désormais. Pourtant, quelque part, il y a toujours cette petite voix dans la tête qui dit de toujours se méfier. Et cette petite voix a bien évidemment raison. On pensait être tranquilles quand nous avions décidé de nous envoler en direction de Cardiff afin de stopper les hommes de Rumlow, et au final, nous avions dû vite nous retirer afin de ne pas être arrêtés. Même la pensée de cet échec était toujours en tête, je faisais en sorte de m’en détacher le plus possible. N’allez pas croire que je pensais n’avoir rien à me reprocher, au contraire. Je m’estimais responsable de cet échec, j’estimais ne pas avoir donné les bonnes informations aux bons moments à mes deux coéquipiers.

Mais il faut relativiser, passer à autre chose. Et j’ai déjà beaucoup à faire pour pouvoir penser toute la journée au fiasco gallois. Rassembler des personnes qui sont en fuite par rapport à la loi, faire en sorte que les Secrets Avengers ne manquent de rien…ça occupe l’esprit et les journées. Et cette mission proposée par Sam fait partie de ces choses qui permettent de ne pas tergiverser toute la journée. Par chance, la zone dans laquelle nous nous trouvons est désaffectée, à l’image des nombreux bâtiments qui entourent celui dans lequel nous venons de pénétrer. Bouclier en avant, je m’assurais que l’endroit était désert pour ensuite annoncer à mon ami qu’il pouvait entrer. La nouvelle remarque de ce dernier me fait sourire une nouvelle fois. Il est important dans l’équipe, lui seul sait comment réchauffer l’atmosphère avec des phrases ou des remarques qui sortent de sa bouche. Dans une période comme celle-ci, avec le Registration Act qui est dans toutes les conversations, un peu de légèreté ne fait de pas mal.

Si l’endroit cachait bien des anciens laboratoires de HYDRA, alors mon expérience me servirait à comprendre que malgré la pièce en l’état, ce que nous étions venus chercher se cachait quelque part en-dessous, derrière une porte dérobée ou un meuble qu’il fallait juste déplacer. Pour cela, il fallait guetter le moindre courant d’air, même infime. Je gardais mon bouclier en garde, on ne sait jamais. On pouvait très bien marcher sur un interrupteur qui pouvait déclencher des armes dans la pièce. Cela ne m’est jamais arrivé, il y a une première fois à tout. J’espère juste que ce n’est pas maintenant que ça se fera. Sam finit par utiliser Redwings afin de scanner la pièce pour en apprendre un peu plus sur ce qui nous attendait. Quelques instants plus tard, le drone repéra ce qui s’apparentait à une brèche dans un mur non loin de mon ami. Après avoir poussé le mur, un espace se libéra, mal éclairé pour que nous partions à l’aveugle. Je tournais la tête vers Sam après ses paroles.

« Parce que le couloir est long, mal éclairé et qu’on ne sait pas ce qu’on va trouver au bout ? » dis-je à Sam avec un sourire en coin. Il est vrai que la situation fait écho à un film d’horreur dans lequel les deux personnages principaux vont s’engager sans savoir quoi trouver au bout. Au final, même si c’est dangereux, les deux y iront quand même. Quant à savoir sur quoi nous tomberions, c’est une autre question qui trouverait sûrement une réponse un peu plus tard. « Quoi que ce soit, j’espère juste qu’on aura pas à faire à une nouvelle explosion pour attirer l’attention des autorités. »

Ne voyant pas le drone de Sam revenir, je sortis une petite lampe torche de ma ceinture de fonction et l’activais pour éclairer un peu plus le couloir. Il menait vraisemblablement au sous-sol du bâtiment, et les toiles d’araignées semblaient se succéder les unes après les autres, témoignages que cela n’avait pas été dépoussiéré depuis un petit moment déjà. Je fis quelques pas en avant, constatant dans le même temps que les ampoules des lampes autrefois fonctionnelles avaient toutes été brisées, du verre se mêlant à la pierre des marches.

« Visiblement, cela fait un moment que le passage n’a pas été utilisé. »

Cet endroit ne me disait rien qui vaille. Mon expérience avec HYDRA à travers les années m’avait appris à me méfier des bâtiments qui leur appartenaient ou leur avaient appartenu. Je me souvenais de ma mission avec Natasha, dans le New-Jersey, à l’endroit même où plusieurs décennies plus tôt, j’intégrais un projet de l’armée américaine afin de devenir le tout premier, et à l’heure actuelle unique, super-soldat. Le Docteur Erskine et sa formule avaient radicalement changé ma vie. Plus d’allergies, plus de problèmes lorsque je me mettais à courir ou faire un effort physique. Ces problèmes qui me polluaient la vie avaient subitement disparu à partir du moment où la formule se trouvait dans mes veines. Je ne me plaignais pas, c’est certain. Mais ces problèmes en laissaient place à d’autres à partir du moment où j’avais choisi de me battre pour ma nation en tant que Captain America. Un nom qui ne prenait plus vraiment de sens aujourd’hui, dans la mesure où le pays que je m’étais juré de défendre coûte que coûte se retournait contre moi. Des idées que les USA défendaient et que je ne pouvais pas défendre.

Aux paroles de Sam, un petit rire sortit de mes lèvres. Oui, j’espérais ne pas apporter de poisse cette fois-ci. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de penser que depuis que je connaissais Sam, je ne faisais que lui apporter des ennuis. Je savais qu’il me suivait non pas parce que je le forçais, mais bien parce qu’il en avait envie. Et donc tous les problèmes qui me tombaient dessus tombaient également sur lui, mais aussi sur les autres qui choisissaient de graviter autour de moi. Je ne pouvais qu’être d’accord avec lui sur le fait que cet endroit était dérangeant, limite malsain. L’atmosphère y était bizarre, comme si des choses pas très recommandées s’étaient déroulées en ces lieux. Le genre d’endroit que l’on veut quitter au plus vite sans regarder derrière. Et pourtant, pour le bien de notre mission, Sam et moi devions continuer à explorer les lieux pour découvrir ce qu’il s’y tramait vraiment. Des disparitions inexpliquées, c’était la partie visible de l’iceberg. Mais avec l’atmosphère dérangeante, aucun doute sur le fait que nous trouverions autre chose que des toiles d’araignées sur le chemin.

La voix de Sam retentit derrière moi pour m’indiquer que la dernière disparition remontait à un mois de ça déjà. Toute cette situation commençait à me mettre vraiment mal à l’aise, comme si ce que nous allions trouver relevait un peu plus du film d’horreur. Je haussais légèrement les épaules, la lampe torche toujours dirigée devant moi pour éclairer l’escalier.

« Si c’est le cas, prépare toi à combattre. HYDRA ne laisserait pas un tel endroit sans surveillance, surtout s’il contient des informations importantes. »

J’étais prêt pour un éventuel combat. Cependant, combattre signifierait forcément faire du bruit, et donc attirer l’attention sur le bâtiment désaffecté, ce que je ne voulais pas. Les médias et autorités semblaient s’être résignés à nous tomber dessus, ce n’est pas maintenant que le donne devait changer. Après plusieurs minutes de marche, nous finîmes par tomber sur la porte qui nous séparait de la pièce suivante, celle qui nous donnerait sûrement le plus de réponses. Sam récupéra son drone et prit ensuite les devants pour examiner la porte, et par la suite l’ouvrir. Je suivais ses pas, bouclier en avant pour constater ce qui se trouvait à l’intérieur de la pièce. La pièce était sans dessus-dessous, des papiers, des objets scientifiques ainsi que tout un tas d’objets qui recouvraient le sol ainsi que ce devait être des tables cachées sous cet amas de papiers. Je baissais légèrement mon bouclier pour examiner la pièce du regard, espérant y dénicher quoi que ce soit. La pièce éclairée n’aidait pas à y voir plus clair, comme si quelqu’un était encore présent. J’éteignais ma lampe torche, la rangeant dans la poche de ma ceinture.

« Une pièce cachée derrière une pièce cachée ne m’étonnerait pas du tout. »

Je tournais un peu dans la pièce, regardant les morceaux de papiers ainsi que les objets qui ne semblaient pas être destinées pour soigner des vies, bien au contraire. En y regardant de plus près, je pouvais voir du sang séché sur certains appareils, et même ce qui ressemblait être sur certains à des morceaux de peau ou d’organes. Une idée répugnante me vint à l’esprit, puis je me tournais vers Sam.

« Si mes pensées vont dans le bon sens, je dirais que les personnes enlevées ont dû subir plus qu’un simple emprisonnement ici. On devrait peut-être vérifier plus en détail, voir si on peut trouver un indice, une nouvelle porte secrète, quoi que ce soit… »

Ma très longue expérience avec HYDRA ne me laissait que très peu de doute sur le contenu de ce que nous allions trouver. Tantôt des armes, tantôt des fantômes du passé ou encore des expériences destinées à optimiser des êtres humains avec un sceptre extra-terrestre…les surprises y sont présentes, mais toujours aussi désagréables quand on les découvre. Quand on pensait qu’ils avaient définitivement disparu, ils trouvaient toujours un moyen de se montrer, comme pour dire que leur absence ne signifiait en rien une quelconque disparition de la surface terrestre. Des fanatiques sont toujours présents pour prendre le relais, pour assurer les arrières de ceux qui y laissent leur peau. Je soupirais doucement, constatant avec agacement que nous ne trouvions rien pour le moment mis à part des papiers, et encore des papiers. Néanmoins, les témoignages des expériences nous aideraient peut-être à trouver quelque chose qui nous permettrait d’en savoir un peu plus, d’avancer et de casser le mur qui nous bloquait dans notre enquête.

Balayant la pièce maintes et maintes fois du regard pour trouver quelque chose, je baissais les yeux afin de vérifier si quelque chose ne m’avait pas échappé sur le sol. Je fis de même en levant les yeux au plafond, juste pour avoir l’ampoule éclairer faiblement la pièce. Tout ça ne nous aidait pas. Malgré notre bonne volonté, nous butions. C’est alors que l’intervention de mon coéquipier me redonna un peu d’espoir. En farfouillant un peu plus, il avait réussi à trouver un boitier qui demandait une authentification. Je m’approchais de Sam pour observer d’un peu plus près l’objet en question. Le boitier était assez sophistiqué, ce qui indiquait que les expériences menées ne devaient pas être aussi anciennes que je le pensais. De toute manière, les papiers éparpillés tout autour de nous montraient que l’endroit avait été déserté sans pour autant avoir été nettoyé avant. Aucune personne saine d’esprit ne se serait permis de laisser de telles informations derrière elle. Fuite ? Sûrement. Attaque venue de nulle part ? Hypothèse à garder jusqu’à ce que nous trouvions des informations dans ce sens.

J’observais Sam étudier le boitier, puis le frapper à plusieurs reprises afin d’ouvrir une nouvelle porte. Enfin. Une avancée concrète, mais qui menait une nouvelle fois à une nouvelle vague de questionnements. Où allions-nous encore ? Un sourire amusé passa sur le coin de mes lèvres lorsque Sam évoqua la solution qu’il venait d’utiliser pour arriver à ses fins. Il avait raison. Trop de prises de tête pour parfois pas grand-chose. Au moins, nous avancions. Encore une fois, nous tombions sur quelque chose de frustrant  à voir. Une nouvelle pièce, remplie d’étagères contenant divers dossiers ainsi que des ordinateurs tous éteins. Des ordinateurs portables qui contenaient certainement des données  assez intéressantes à exploiter. Avant que je ne puisse m’approcher de l’un d’eux pour en étudier un, du bruit se fit entendre. Un bruit sourd et menaçant qui n’augurait rien de très bon. Je me barricadais derrière mon bouclier, un genou posé au sol.

« Qui ou quoi ce soit, je doute que ça très agréable pour nous. » dis-je à mon ami en lui jetant un coup d’œil.

Des bruits de pas se rapprochent alors de plus en plus de nous, signe évident que l’endroit n’est au final pas si désert que ça. Les pas se font de plus en plus entendre et, bientôt, on peut discerner quelques sons supplémentaires. Des bruits de voix, ou de respirations, je ne sais pas trop. En tout cas, ce que l’on entend est rauque, bruyant, comme si quelqu’un avait du mal à respirer. Je quitte ma position en vitesse pour me protéger derrière une grande armoire, le bouclier et ma tête dépassant légèrement pour voir qui ou quoi va arriver.

« Restons sur nos gardes…je n’apprécie pas tellement ce bruit. »

Et je faisais bien de ne pas trop apprécier. Aussitôt, une légère explosion, assez puissante néanmoins pour faire se retourner la moitié de la pièce, nous souffle. Protégé par l’armoire et le bouclier, je bascule néanmoins en arrière, me retrouvant sur le dos avec l’armoire me bloquant les parties inférieures de mon corps.  Ma première pensée alla aussitôt vers mon ami, me demandant comment il allait.

« Sam, tu m’entends ?! »