Syncope ft [Emma]

Une soirée dans un bar pour tout oublier et l’espace d’un instant, tout avait glissé. Les nombreux efforts qu’il avait faits pour se cacher et ne pas être retrouvé s’étaient envolés, tout ça par manque de chance. En fait, ils n’étaient pas venus pour lui, mais bien pour quelqu’un d’autre. Ethan avait simplement été au mauvais endroit au mauvais moment. Nul besoin de spécifier à quel point les jours qui suivirent furent pénibles. Le simple sentiment d’avoir une puce implantée dans son cou le rendit malade. Son humeur était sombre et glaciale. Il refusait de parler. Il s’était replié sur lui-même jusqu’à qu’ils lui annoncent son sort. Ethan était libéré sous caution. En toute sincérité, il n’écouta pas un seul mot qui fut prononcé à son égard. Que le montant soit dans les quatre ou cinq chiffres n’avait aucune importance, il n’écoutait pas. Le soldat était tellement enfermé dans son monde qu’il n’arrivait aucunement à défaire son expression neutre. Seuls ses iris bougeaient, imprimant les moindres visages qu’il croisait. Malgré tout, il n’en avait aucunement conscience. Il se mordait simplement les lèvres en laissant son corps l’aider. L’ancien soldat était dans un état d’esprit dans lequel il se sentait piégé. Il avait l’impression que la puce tentait de maitriser sa capacité de penser et de réfléchir. Bien qu’illusoire, ce sentiment l’avait mis dans une détresse qui l’avait poussé dans ses derniers retranchements. Enfermé à l’intérieur de sa propre conscience, il utilisait ce qui lui restait de fonction cérébrale pour marcher et faire le strict nécessaire.

Cette situation dura jusqu’à ce qu’il eut droit à sa première bouffée d’air frais depuis longtemps. Bien qu’il y avait une fine bruine, Ethan ne put s’empêcher de prendre un court moment pour constater que la vie continuait. Là où la sienne semblait s’être arrêté à la seconde où ils avaient logé leur outil de contrôle dans sa nuque, tout le monde semblait bouger comme si de rien était. Tentant désespérément de quitter les lieux, il commença à marcher. Après quelques minutes, la bruine qui rafraichissait l’atmosphère se transforma en pluie diluvienne. C’est à ce moment précis qu’une goutte de pluie tomba sur sa cicatrice encore fraiche. Cette sensation pourtant anodine eut l’effet d’une bombe. N’ayant pas entièrement cicatrisée, la blessure lui servit une violente sensation désagréable, le forçant à détruire son expression neutre pour faire place à de la colère. Posant sa main sur sa nuque, comme pour apaiser une piqure d’abeille, Ethan commença à paniquer. La frustration s’était mélangée à la colère et à la tristesse. Ce mélange éclectique l’empêchait de respirer adéquatement, poussant ainsi sa respiration dans une situation de détresse. Il avait qu’une seule envie, s’agenouiller et fondre en larme avant de hurler de colère. Il devait se défouler et briser l’angoisse qui traversait son corps. Étrangement, le fantôme se sentait souiller, comme si son corps ne lui appartenait plus. Il voulait reprendre le contrôle de ses moyens, mais tout était plus fort que lui. La seule manière qu’il arriverait de se sentir en plein contrôle était à travers la colère. Ne se sentant pas très bien, le soldat commença à courir en quête d’un lieu vers lequel il pourrait être un peu plus à l’écart des gens. Son état d’esprit était si instable qu’il avait peur de revivre les fluctuations incontrôlables de ses pouvoirs. Bousculant quelques plusieurs personnes sur sa route, il détecta une ruelle vide dans laquelle il s’engouffra péniblement. Il espérait que personne ne l’ait suivi, car intérieurement, il n’avait qu’une seule envie, se venger. Son esprit était enfermé dans une cage de fureur et d’animosité. Il voulait à tout prix leur faire payer pour l’avoir fait une telle chose. Dans son esprit, cette puce venait de le réduire à l’esclavage. Il se sentait comme une bête de foire, un animal parmi tant d’autres. Ainsi, ces pensées continuaient de s’affronter dans un combat éclectique. D’un côté, la vengeance utilisait les sensations qui traversaient son corps pour l’influencer à extérioriser sa fureur et de l’autre, il voulait simplement se morfondre loin de tout regard et éviter une catastrophe. Pendant ce temps, une aura de chaleur s’était formée autour de lui ce qui évaporait les moindres goute de pluie qui tentaient de toucher son corps.

Alors qu’Ethan venait de fermer les yeux, il commençait rapidement à s’engouffrer dans de sombres pensées. Ce genre de phase, il n’en avait pas eu depuis très longtemps. En fait, la dernière fois qu’il s’était retrouvé dans une situation aussi traumatisante fut lorsqu’il commença à découvrir ses pouvoirs. Malgré la situation délicate, Ethan essayait peu à peu de regagner le contrôle de lui-même. Malgré la noirceur de ses pensées, il tentait de reprendre les rênes de son propre corps. Or, un évènement étrange se produisit.

Alors qu’il luttait avec sa propre personne, une voix inconnue résonna dans sa tête. Sur le moment, il paniqua. Si son rythme cardiaque était déjà élevé, celui-ci augmenta de plus belle, atteignant un rythme dangereux. Le soldat était vraiment nerveux. Il avait l’impression que la puce tentait de contrôler son système nerveux voire même son organisme. Il ne comprenait plus rien. Lui avaient-ils mis une puce spéciale de manière à le contrôler ou à maitriser le flux de ses pensées ? Il n’en savait rien, mais il devait à tout prix sortir cet objet de sa nuque, et ce, même si cela lui en couterait la vie. Il préférait de loin mettre fin à ses jours ou être handicapé plutôt que finir comme un vulgaire pantin de la société.

-Laissez-moi tranquille !

Réagissant violemment à cette intrusion soudaine, il porta ses mains à sa chevelure pour tenter de se calmer. Ce n’est qu’à ce moment qu’il ouvrit les yeux pour apercevoir une femme à la chevelure dorée. Le tout ne freina aucunement sa panique. La présence d’une inconnue freina temporairement son hystérie. Pendant un moment, il se demandait s’il avait imaginé la voix dans sa tête. Peut-être qu’il avait confondu les paroles de celle-ci avec le flux de ses pensées. Plusieurs possibilités s’offraient à lui, mais elles furent toutes brusquées par une question : comment connaissait-elle son nom ?

-Comment connaissez-vous mon nom ?

Le fait d’avoir de nombreuses interrogations était bon signe, car le fantôme reprenait lentement contrôle de ses capacités. Si ses processus mentaux travaillaient de plus en plus, le reste de son corps commençait à se détendre. L’ancien soldat venait de frôler l’hystérie. Qui qu’elle soit, son intervention avait eu un effet positif temporaire. Or, il restait méfiant, il ne la connaissait pas et elle avait peut-être de mauvaises intentions. Si ça se trouvait, elle faisait partie du groupe qui l’avait capturé.

-Qui êtes-vous et que me voulez-vous ?

Son ton et sa manière de parler laissaient transparaitre sa position défensive. Toutefois, son regard exprimait une fragilité qui ne lui ressemblait pas. Bien qu’il semblait vouloir montrer le contraire, il avait besoin d’aide. Dans ce genre de situation, Ethan avait tendance à se montrer très froid. Pourtant, il n’y arrivait pas. La blonde était arrivée juste avant qu’il arrive à recouvrir sa personnalité d’une facette glaciale. Ainsi, il se sentait fragile. Il n’avait pas l’habitude qu’on le croise dans une telle situation et il ne savait aucunement comment remédier à cette situation. Ethan était vraiment tombé de haut et le fait que la pluie commence soudainement à tomber sur son corps en était la preuve.

Tout s’expliquait, elle était télépathe. Ce devait être la raison pour laquelle elle répondait même aux questions qu’il avait préférées gardées pour lui-même. En vérité, Ethan n’aimait pas le fait de savoir qu’une personne anodine pouvait se promener et lire ce qui était dans son esprit, mais presque chaque personne avait un talent.

Malgré tout, il préférait ne pas juger une personne selon ses capacités, aussi intrusive soit-elle. Au contraire, elle avait l’air de tout sauf une personne hostile. Peut-être avait-il le moral trop faible pour rester sur la défensive. Quoi qu’il en soit, il ressentit une douce bouffée de réconfort lorsqu’elle caressa sa joue. Sur le coup, il se demanda si elle avait un autre pouvoir. Or, ce phénomène était simplement chimique. Ainsi, une douce brise d’apaisement parcourut son corps troublé.

Malheureusement, le tout ne dura qu’un bref moment puisqu’il réagit comme si une guêpe l’avait piqué lorsqu’elle s’approcha de sa cicatrice. Cette zone était encore fragile. Physiquement, le geste ne lui avait pas vraiment fait mal, mais psychologiquement, il avait l’impression qu’une personne venait de remettre le pistolet froid sur sa nuque. Malgré tout, il fut en mesure de contrôler son mouvement de recul. Elle aussi portait ce fardeau. Bien qu’il n’était pas télépathe, il pouvait présager qu’elle ne devait pas totalement être heureuse de la porter si elle le lui montrait en signe de compassion.

Soupirant délicatement, il accepta la carte sans trop réfléchir et lut le nom qui y était inscrit. Ce nom ne lui était pas inconnu. Au contraire, il connaissait quelqu’un qui enseignait à cette école. Cette personne n’était nul autre que le fameux X-Men avec qui il avait combattu les Skrulls: Robert.

-Merci.

Sa voix était rauque et il avait du mal à articuler. On aurait dit qu’il n’avait pas parlé depuis des siècles. En prenant conscience de cela, il ne put se retenir de se dire qu’il était pitoyable.

-Comment faites-vous pour vivre en sachant que des gens peuvent épier vos moindres faits et gestes et peuvent possiblement vous mettre hors d’état de nuire à distance comme si vous n’étiez qu’un vulgaire robot ?

Levant un peu la tête, il affronta pour la première fois les iris de celle qui semblait vouloir lui venir en aide. Sur le coup, il fut légèrement surpris par la profondeur du bleu de ses iris. Il avait l’impression de plonger son regard dans ses propres yeux. Il n’était pas très commun de rencontrer quelqu’un avec des iris aussi glaciaux. Sinon, bien qu’elle était fortement attirante, cette information fut enterrée dans son subconscient, il n’était pas en état de se servir de cette information pour le moment. L’ancien militaire préférait opter pour une solution qui semblait être la seule alternative positive pour tous les partis, se calmer. Prenant de grandes respirations, il arriva à mettre un terme au fil d’idées négatives qui défilaient de manière incessante. Sur le coup, il en profita aussi pour créer un nuage de chaleur autour d’eux. Le tout commença par arrêter les goutes qui tombaient sur eux et tranquillement, la chevelure d’Ethan se mit à sécher comme si de rien était.

-Peu importe, en parler ne changera rien de ce qui s’est produit. À moins que vous ayez un moyen sécuritaire d’enlever cette puce cancéreuse de ma nuque, je doute que vous puissiez réellement m’aider.

Passant de la colère au déni, Ethan semblait vivre certaines phases psychologiques à l’envers. Or, il croyait pertinemment avoir raison sur ce point. Il ne niait pas pour nier, il y croyait fermement. Durant les derniers mois, il avait passé beaucoup de temps à se chercher pour tenter de voir quel genre de futur s’offrirait à lui et maintenant, il devait se trimbaler avec un second fardeau. La vie semblait s’entêter à ne pas vouloir lui sourire.