Une cible pour deux | Ft. Robert Aylen

“Whittier Scofield & Robert Aylen”

Alors, la fameuse punition d’ARES pour avoir entretenue en secret une relation avec Karen Page est la suivante : on m’envoi hors de l’état de New York pour une période indéterminée. Je n’ai le droit n’y de contacter mon ancien QG, ni d’envisager un petit week-end là-bas. Je suis coincé « là où on a besoin de moi ». Étant donné son statut de superviseur, Gordon est avec moi durant cette période. Je ne pense pas qu’il s’agisse de la meilleure idée du monde, à cause du froid qui règne entre lui et moi depuis cette mission désastre pour intercepter le mutant Nathan Turing. Voilà deux semaines à présent que ma punition est commencée et je n’ai passé cette période que dans une voiture ou bien dans un avion. On change constamment de ville, un peu comme si on ne savait pas trop où m’envoyer. Je me contente de fermer ma grande gueule, ne voulant pas que l’on empire ma situation en, je ne sais pas moi, me jetant dans une cellule d’ARES quelque part, le temps que je réfléchisse à mes actions. Mes pensées vont pour Karen la plupart du temps, surtout la nuit lorsque je fixe le plafond avant de m’endormir. Elle me manque. Je ne sais pas comment c’est possible, mais c’est vrai. Je me suis attachée à sa présence et je me sens réellement seul ainsi séparé d’elle. Je n’ai pour l’instant pas eu l’occasion de me distraire de ses pensées douloureuses ou de changer le mal de place avec une mission. On ne fait pas grand-chose d’utile depuis deux semaines. Et je commence à avoir des fourmis dans les jambes, ne supportant plus cette situation. Un après-midi, on vient me chercher à ma chambre d’hôtel de Las Vegas, alors que je ne fous absolument rien, puisqu’on ne m’autorise pas à sortir dans les casinos. Je suis coincé ici, avec Gordon, sans savoir pourquoi on a atterrie dans la ville ce matin. On me demande de les suivre et je suis surpris qu’on me sépare de mon superviseur habituel. Comme Gordon ne semble pas trop inquiet de son côté, je me dis qu’il sait mais qu’il n’a simplement pas voulu me dire. On me fait monter dans une voiture, afin de rejoindre un homme en veston cravate. Le type se présente comme l’intermédiaire de la CIA. Évidemment. Je lui fais un sourire amer en lui serrant la main. Il semblerait qu’on ait décidé de me prêter le temps d’une mission à la célèbre agence du gouvernement. Je n’ai pas mon mot à dire, comme toujours. Obéissant à contre cœur, on me conduit devant Whittier Scofield. La voir ne me fait pas de bien. Elle et moi, ça date de loin. Combien de fois elle a essayé de m’avoir dans le temps où j’étais un mercenaire impitoyable en Afrique du Sud? Je lui souris faussement, exactement comme à l’autre gars de la voiture. La soirée risque d’être longue, ça je le sens.

Whittier se retrouve à être ma nouvelle superviseure (ma nounou) le temps de la mission. Je dois donc la traiter comme ma supérieure en tout temps. C’est avec bien peu d’enthousiasme que j’accepte d’être sa seconde couverture à une table de jeu d’un immense casino du cœur de Vegas. La femme parle à son oreillette et je la regarde d’un air absent lorsqu’elle semble me poser une question. N’en étant pas certain, je fronce des sourcils, demeurant silencieux. Ses yeux bleus s’attardent sur moi avant de poursuivre son explication, la cible visible devant nous. Lorsqu’elle spécifie qu’Emilio possède probablement des notions de combats, je pouffe de rire. Voilà qui serait vraiment le bienvenu pour me sortir de mon ennui mortel. On m’a brièvement mis au courant de cette cible, mais seulement les informations en provenance du Registration Act. Emilio Sanchez n’est pas pucé, mais son sang a été analysé. Comment c’est possible? La raison en est simple : il a tué les agents qui tentaient de le pucer de force. Je soupire, me calle dans ma chaise et attrape un jeton de jeu pour le faire tournoyer entre mes doigts.

« Sanchez a une mutation réactive, qui s’amplifie avec le danger. Donc plus il se sent menacé, plus il devient puissant. Je doute de ses capacités au combat, ça reste à voir. Mais à mon avis, il aime beaucoup trop son pouvoir pour s’en passer. Pour faire simple, il agit sur les mouvements des autres. Il arrive à carrément vous paralysez d’un touché, s’il le souhait. Mais ça c’est si vous avez de la chance, parce qu’il a un niveau suffisamment élevé pour faire arrêter votre cœur de battre. Il faut donc préconiser une approche discrète ou sinon une attaque particulièrement rapide. Dans le genre sniper, la rapidité. »

Je me tourne vers Whittier. Qu’est-ce qu’elle a en tête? Je ne peux pas initier d’action, mais elle oui. C’est à elle de voir la méthode d’approche.

© Mister Hyde

“Whittier Scofield & Robert Aylen”

La réaction de Whittier m’amuse beaucoup. Elle me regarde avec sérieux alors que je souris de plus belle. Elle ne veut pas que j’instaure de doute, probablement pour ne pas que les hommes sous sa charge ne soit influencés par mes paroles et prennent la situation à la légère. Savoir que ça l’énerve autant me donne envi de recommencer, juste pour la mettre un peu plus en colère. Je me fiche de l’issu de la mission. Je ne suis que l’un des exécutants qu’on a envoyé pour servir Whittier et sa CIA. La faute sera sur elle si ça tourne mal. Dans mon regard, se trouve une étincelle de défi. Cette femme ne me fait pas peur. Et je viens peut-être de trouver une façon de gagner contre elle. Je me tourne vers la cible d’un air nonchalant, désintéressé par ce qu’elle nous annonce et par ses regards dans ma direction. Elle passe son bras sous le mien et son contact m’anime, m’incitant à me lever. Je ne joue pas très bien au poker, mais je sais comment passer pour un gars qui l’est. Si cela fait du sens. Je ne lui offre un regard amusé que lorsqu’elle évoque notre passé commun.

« Contient ta nostalgie, chérie. On pourrait presque croire que le fait que tu n’as jamais réussi à m’attraper te manque. »

Je suis aussi d’humeur à la provoquer qu’elle l’est pour moi. Et je ne crains ni sa réaction, ni la table de poker que nous approchons lentement. J’ai déjà connu pire comme situation, comme adversaire. Ce n’est certainement pas un mutant capricieux et une jolie fille de la CIA qui vont me faire trembler de peur. Je garde mon sourire lorsqu’elle nous révèle finalement son plan en entier. Aussitôt, je glisse une main dans le creux de son dos et je la rapproche un peu plus de moi. Elle sera la pièce maîtresse du plan, alors autant la mettre en valeur tout de suite. Nous arrivons à la table et je demande si nous pouvons joindre la partie. Personne n’y voit d’objection, même pas Sanchez qui nous regarde à peine. Je prends place à l’un des coins de la table, faisant en sorte que Whittier est à côté de Sanchez. Je sais qu’elle va adorée être aussi près du danger. Cette femme carbure à l’adrénaline qu’elle cause. Nous demandons des jetons. Les montants sont ridiculement élevés. Je m’en fiche un peu, ce n’est pas mon argent. Pendant que nous observons la partie dans l’attente de jouer, je demeure très démonstratif envers Whittier. Ma main est protectrice autour de son corps et je la réclame ouvertement comme ma propriété. Cela semble fonctionner à un certain moment donné, puisque Sanchez m’offre un regard froid. Je le soutiens en silence, caressant le dos de l’agent Huit. Le mutant sourit et retourne à son jeu. Cette proximité avec Whittier ne me dérange pas vraiment. Au fond de moi, j’ai un petit pincement au cœur en me disant que ce n’est pas la bonne femme que je touche en ce moment. Mais j’arrive à mettre de côté ce sentiment pour ne pas qu’il transparaisse sur mon visage. Alors que je retourne à mon jeu, je mise une somme importante. Après une hésitation, Sanchez me suit dans mon bluff, tandis que les autres se couchent tous. Voilà qui risque d’être intéressant.

© Mister Hyde

“Whittier Scofield & Robert Aylen”

Je sens le corps de Whittier se tendre. Elle se penche à mon oreille et me chuchote quelque chose qui provoque chez moi un certain amusement. Quoi, elle n’aime pas les risques? Je la croyais capable de tout et n’importe quoi pour atteindre ses fins. Quel meilleur moyen d’attirer l’attention d’un homme comme Sanchez que de se pavaner avec une jolie femme et de lui opposer un peu de résistance au poker? N’importe qui de sain et de logique aurait courbé l’échine pour ne pas froisser notre cible. J’ai l’étrange impression que justement, ce genre d’attitude commence à ennuyer à mourir le petit Emilio. À sa place, je voudrais bien rencontrer un type qui ose agir librement en ma présence. Il est donc temps de révéler nos cartes. Je me contente en réponse à l’inquiétude de Whittier de déposer un baiser bref sur sa joue, mes doigts la serrant fort au niveau de la taille pour qu’elle se calme un peu. Je sais ce que je fais. Je dépose mon jeu sur la table en même temps que Sanchez, dévoilant l’identité de mes cartes. Tous les regards se tournent vers nous pour observer le résultat. Dans les esprits, le calcul des points se fait. Je suis moi-même curieux de découvrir qui à la main la plus forte. Peu importe le résultat, je souris à pleine dents désormais.

Résultat des cartes:

Si le premier dé est pile, comment réagit Sanchez à sa défaite?:

Je gagne. Le maître du jeu l’annonce et fait glisser l’argent sur la table dans ma direction. Je me fiche bien de ces jetons. Je me tourne plutôt vers Sanchez. Il semble agacé et se lève, quittant la table. Je m’en veux, j’y suis allé un peu fort sur ce coup là. Whittier va se faire un plaisir de me le rappeler, probablement pour longtemps. Sauf que je ne m’occupe pas d’elle non plus. Je suis la cible du regard et je la vois marcher d’un pas assez certain vers ce qui me semble être les toilettes. C’est à mon tour de me pencher pour chuchoter des choses à l’oreille de l’agent de la CIA à mes côtés.

« Avant de me crucifier sur la voie publique, je pense bien nous avoir offert l’isolement de la cible dont nous avions besoin. »

Sans vraiment lui demander, je me lève à mon tour, prenant mes jetons avec moi pour ne pas paraître suspect. Nous devons faire vite, voilà que le gentil mutant vient de passer les portes des toilettes. Il est temps d’agir.

© Mister Hyde