Sujet: I'm not done payin' for my crimes | Remy&Rogue Sam 8 Oct - 18:46
I'm not done payin' for my crimes
Remy ✧ Rogue
Quelques murmures à son approche. Personne s’attendait à la voir, alors tout le monde la dévisage. Ca fait quinze peut-être qu’elle n’a pas remis les pieds dans ce bled et ce sont les mêmes têtes. Plus vieilles. Ils détournent le regard, parfois ils le soutiennent dans une pathétique tentative de provocation. Il y a quelques années elle aurait explosé, là seul un rictus trahit son agacement. Elle ne sait pas trop ce qu’elle fout là. L’annonce de la mort de sa tante ne lui a rien fait. A dire vraie elle s’est même un instant étonné que la vieille carne ait tenu jusque-là. La haine, ça conserve.
Le cercueil est ouvert sur la petite estrade de la petite église. Elle est trop maquillée, ses joues sont trop rouges, elle ressemble à une poupée. A une très vieille poupée. Assise au fond de l’église, sur un banc vide, elle écoute d’une oreille distraite le prêtre faire le panégyrique de sa tante. Son regard fouille la petite assemblée, elle ne sait pas trop qui elle cherche avant de tomber sur le profil fatigué de la mère de Cody. Peut-être que c’est pour ça qu’elle est venue. La mort de sa tante elle s’en fout, cette femme ne représentait rien d’autre qu’un autoritarisme pudibond, le rejet et le mal-être. Sur le chevalet sa photo a l’air de juger sévèrement toute l’assistance. Ça ne lui fait plus rien, elle n’a plus peur de la marâtre, mais y’a ce truc qui la hante depuis trop longtemps.
Son premier crime, son drame originel. Cody n’est pas là et sa mère parait si seule. Rogue baisse les yeux sur ses mains gantés, c’était pas sa faute, elle a pas fait exprès. Ça n’en est pas moins douloureux, pas même le temps. « …sence de sa nièce. Peut-être voudrait-elle dire quelques mots ? » Anna Marie sursaute, tous les visages sont tournés vers elle, le prêtre n’est que bienveillance, pas le reste. Curiosité, hostilité, la mère de Cody est indéchiffrable. Elle se lève, elle n’avait pas prévu de parler, elle n’avait pas même prévu de venir. « Ma tante. » commença-t-elle pour faire taire les chuchotements « …m’a recueilli à la mort de mes parents, elle m’a donné un toit, parce qu’elle était une bonne chrétienne. Et elle m’a chassé, au moment où j’avais le plus besoin d’elle, parce qu’elle était un pathétique être humain… » un brouhaha outré emplit l’espace, mais Rogue avait ouvert une porte sur une rancœur qu’elle laissait depuis trop longtemps enfermé. « Elle m’a appelé monstre ! M’a enfermé dans ma chambre ! » Elle criait maintenant face aux habitants qui l’avaient ignoré, qui étaient venus l’insulter sous ses fenêtres. Elle était restée des jours enfermés, angoissé à l’idée de fuir, de peur qu’ils la rattrapent. « J’espère que Saint-Pierre lui a dit d’aller se faire enculer par le diable ! » Sur cette phrase qui la choqua elle-même elle quitta l’estrade vivement, les yeux embués et les veines battantes, profitant de la stupeur générale pour fuir.
Ce n’est qu’à mi-chemin de la porte qu’elle le remarqua. Rémy se tenait là, un instant elle interrompit sa progression que les premières insultes lui firent reprendre jusqu’à atteindre le perron ensoleillé, elle était si énervée, si terriblement en colère qu’elle sentait à nouveau dans la tête de cette ado mal dans sa peau et terrifiée qu’elle était lorsqu’elle avait quitté ce trou. Sa respiration hachée trahissait sa rage mal contenue, elle aurait pu démolir cette église d’un coup de poing, mais elle avait assez blasphémé pour la journée. Elle le sentait dans son dos, sa présence, son regard. Elle était reconnaissante à Rémy d’être là. Elle n’avait aucune idée de comment il savait et franchement c’était pas important. Il était là. Elle fit volte-face. Encore une fois elle était égoïste et était pleinement consciente de l’être quant au lieu de garder ses distances, elle vint se nicher entre ses bras, chercher du réconfort auprès de l’homme qu’elle a abandonné pour des raisons pathétiques avec une mauvaise foi tenace. Tremblante encore de rage, le regard tourné vers le paysage ocre du maussade désert californien qui entourait l’Église.
Sujet: Re: I'm not done payin' for my crimes | Remy&Rogue Ven 21 Oct - 20:04
Des gens trop badass pour un rp kidnapping de l'amour trop cool
On croit toujours qu'on peut enterrer les cadavres suffisamment profondément pour ne plus jamais les voir resurgir. Le cadavre de ses victimes, le cadavre de ses rêves, le cadavre de sa vie d'avant... Tout un tas de choses qu'on aimerait oublier, qu'on pense avoir oubliées, mais qui sont là dans la terre comme une gigantesque rangées de placards prêts à vous dégueuler leur contenu un jour de mauvais augure, un jour où rien ne présageait le retour d'un écho du passé, d'un relent, plein d'amertume, d'une réalité qui met mal à l'aise. Remy le sait bien, car c'est tout un entrepôt de cadavres qu'il conserve à l'intérieur, méfiant du jour où ils reprendront vie. Et, parfois, il ne suffit pas juste de balayer le tout d'un revers de la main pour effacer ces réminiscences.
Des enterrements, le cajun en avait vécu plus d'un, ne serait-ce qu'au cours de sa jeunesse et de la guerre entre sa guilde et celle de sa femme. Peu de personnes en ont conscience mais pouvoir faire son deuil est un luxe que certains ne peuvent parfois pas s'offrir. Dans l'urgence, on n'a peut-être pas le temps de faire des funérailles dignes de ce nom. Dans l'urgence, il faut parfois continuer de se battre. Et à force de côtoyer ces gens qu'on ne croise qu'en noir et ce silence laissé derrière ceux qui s'en vont, Remy a adopté avec le temps une certaine forme de pragmatisme. Les mises en terre servent les vivants, pas les morts, eux ne peuvent ni plus pleurer ni avoir de regrets. Ce temps du vide, c'est peut-être l'une des rares choses qui ont encore le respect du mutant. Comme une pause dans la vie pour se souvenir, même quand c'est quelque chose qu'on voudrait oublier.
C'est presque par hasard, en fait, que le cajun a eu vent de ça. C'est fou comme même après toutes ces années et tout ce drama digne des feux de l'amour les autres X-Men lui faisaient suivre les catastrophes concernant Anna. Comme si elle était sa casserole et vice-versa pour lui pour la Confrérie. Ça avait, toutefois, un petit quelque chose de pratique, et il s'était rendu dans la petite bourgade paumée où Rogue avait passé une partie de sa jeunesse. Il la connaissait assez bien pour savoir qu'elle ne portait pas tout ça dans son cœur avec autant d'enthousiasme que ce qu'aurait voulu la norme, et à vrai dire il n'était même pas certain de la voir venir ici en ce jour.
Il s'était quand même déplacé pour venir à l'église, vêtu de son grand imper caractéristique et restant un peu à l'écart. Même si personne ne le reconnaissait, les enterrements n'étaient pas spécialement propices aux nouvelles rencontres et il resterait le « gars dans un coin ». Arrivant en retard, il s'était assis au fond, et avait repéré les mèches blanches de celle qu'il était venu voir. A vrai dire, elle risquait d'être furieuse, mais il ne se saurait pas appelé Remy Lebeau s'il avait fait selon la bienséance. De toutes façons ce n'était pas comme si elle avait jamais apprécié ce patelin ou ses gens.
Il laissa la tempête passer quand elle quitta l'église, croisant un instant un regard plein d'éclairs, mais lui n'était pour une fois ni espiègle ni moqueur ni souriant. Il faisait juste ce pour quoi ils se fréquentaient depuis tant de temps malgré les vas et viens, les outrage de rémy et le féminisme enragé d'Anna : la soutenir sans avoir à juger quoi que ce soit.
Il sortit de l'église pour la retrouver. Quelque part, malgré la situation, lui aussi appréciait leur présence ici à tous les deux. Ça avait le goût d'un quelque chose qu'eux seuls connaissaient et que tous autour d'eux ne comprendraient jamais. Une sorte d'empathie mutuelle et silencieuse où ils pouvaient retrouver une part de cette complicité qui les avait unis si longtemps sans se soucier du reste.
Remy finit par briser le silence, n'étant pas du genre à faire des commentaires mièvres ou à balancer le genre de conneries molles et niaises qu'on dit en général à l'enterrement de quelqu'un qu'on n'aime pas.
_ Moi aussi tu m'as manqué. »
Invité Invité
Sujet: Re: I'm not done payin' for my crimes | Remy&Rogue Sam 22 Oct - 18:21
I'm not done payin' for my crimes
Remy ✧ Rogue
Un son entre le rire et le soupire lui échappe. Rémy sera toujours Rémy et, une fois n’est pas coutume, cette constatation n’éveille en elle aucun agacement. Un instant elle profite du silence, du calme, de la présence rassurante issue des vestiges d’une relation pas si lointaine contre laquelle elle a dressé un mur. Elle en connait cependant les portes dérobées et s’autorise comme ce jour à en franchir une, parce qu’elle le peut. Sans s’en cacher elle plonge sa main dans la poche de son imper, à la recherche de l’immuable paquet de cigarette. Elle ne fume pas. Pas vraiment. Juste quand elle est particulièrement chamboulée et surtout quand Rémy est dans les parages. Elle n’a jamais acheté un paquet de cigarette de sa vie. Elle ne fume pas. Elle coince entre ses lèvres un tube de nicotine et laisse le cajun dégainer son Zippo. Rogue ferme les yeux à la première taf, la tension dans ses épaules se relâche un peu. Elle ne les rouvre qu’au moment d’exhaler, la cigarette entre deux doigts gantés, pas trop éloigné de son visage. « Qu’est-ce que tu fais là ? » finit-elle par demander après quelques instants à faire refluer la rage, à l’observer. « T’avais pas à venir. » Typique, elle a envie de dire merci, mais c’est plus fort qu’elle, toujours sur la défensive. Elle lui tend son paquet pour qu’il le récupère. Elle fume pas, elle n’est pas reconnaissante et elle n’est certainement plus amoureuse de lui.
Il y’a du bruit, les gens vont sortir. Elle s’adosse au bâtiment, insolente en regardant l’église vomir sa population hypocrite, quelques regards se tournent vers elle, réprobateurs. Son sourire sans joie, effronté est accompagné de son regard le plus noir. Elle se demande si l’un d’eux va se décider à venir lui dire en face ce qu’ils se murmurent entre eux. Finalement le cercueil sort sans que personne ne se soit arrêté. Le corbillard s’éloigne, soulevant un nuage de poussière qui fait reculer les plus proches. Les petits groupes se séparent, rendez-vous au cimetière. Elle perd immédiatement sa superbe arrogance quand une femme fatiguée approche. Grande les cheveux strillés de gris, le visage parcheminé. Rogue se décolle du bâtiment et abaisse sa cigarette. C’est une petite femme, il ne se dégage d’elle aucune agressivité pourtant Rogue blêmi. « Marie… » Elle ne grimace pas, pourtant elle déteste ce second prénom, plus personne ne l’utilise, sauf ici dans ce patelin ou sa tante l’a imposé à tout le monde. « … je n’étais pas sure que tu viennes. C’est moi qui ai fait suivre l’avis de décès. » Il y a quelque chose de très doux et de très triste dans sa voix. « Je sais que tu ne parlais plus à ta tante, mais j’espérais que tu viennes quand même. » « Ah, je…. » commence-t-elle maladroitement mais la femme ne lui laisse pas le temps de continuer. «Je ne suis pas ici pour te blâmer de quoi que ce soit.» Et cela paru sincèrement surprendre la jeune femme. « Je me suis occupée de ta tante vers la fin. Il y dans la maison quelques cartons qui t’appartiennent encore qu’elle n’a jamais jeté… » « Y’a rien que je veuille récu… » « Je ne t’ai pas demandé ton avis chaton. » coupe-t-elle toujours sans une once d’agressivité mais avec une légère impatience et contrairement à son habitude Rogue ne riposte pas. « Je vais au cimetière. J’aimerai qu’on se rejoigne là-bas ensuite. Il faut des bras pour la vider. » explique-t-elle non sans une certaine autorité puis extirpe de sa poche un petit trousseau auquel pendait une médaille de la Vierge. Elle attrape sa main et d’autorité laisse tomber les clés dans sa paume. « Tu peux amener ton petit ami. » Elle ouvrit la bouche pour protester mais n’eut rien le temps de dire. « Et j’aimerai te demander quelque chose ensuite. Tu n’es pas pressée de toute façon. » achève-t-elle en s’éloignant. « A tout à l’heure, Marie. »
Les yeux sur les clés, elle a très envie de les laisser tomber et de partir sans se retourner, mais ne se sent pas le droit. « T’es venu en voiture ? » demande-t-elle hésitante en relevant les yeux vers Rémy. Elle n’a aucune envie de lui expliquer la scène qui vient de se dérouler, mais elle sait qu’elle n’y coupera pas. Elle fait tomber la trop longue cendre qui s’est formée le temps de cette rapide mais intense conversation (si toutefois on peut nommer ça une conversation) puis vint inhaler une nouvelle bouffée de tabac. Elle allait avoir besoin de plus que ça pour survivre à cette journée.
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