I've nothing to give than myself - ft. Kass

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Il était à peine quinze heures. Kassandra était plantée dans son appart, debout au milieu de la pièce à regarder autour d’elle comme si la solution trainait là quelque part. Quelque chose la travaillait sans qu’elle ne sache quoi exactement. Bon si, elle savait qu’il y avait un problème et il s’appelait Niall. Elle s’ennuyait, elle voulait une mission, quelque chose à faire pour se rendre utile. Elle avait donc essayé de le contacter, et tout ce qu’elle avait réussi à obtenir durant deux jours c’était « je suis avec Graham, occupé ». Occupé tant mieux, mais elle, elle ne l’était pas. Et là, plus de nouvelles. Elle n’était pas stupide, elle avait comprit qu’il se passait bien quelque chose. Elle aurait bien demandé à Graham, mais en quoi elle aurait été avancée ? Non seulement ils auraient su l’un comme l’autre qu’elle voulait participer à leur enquête et ensuite elle aurait eu une réponse définitivement négative au moins de la part de Niall. Et elle n’aimait pas que les gens soient encore plus entêtés qu’elle.

La mutante avait beau retourner ça encore et encore dans sa tête, elle en arrivait toujours à la même conclusion. Il y avait forcément une mission importante derrière tout ça, et elle ne pouvait même pas effleurer l’idée du contraire. Il se passait trop de choses en ce moment, la société était en ébullition, scindée en deux et elle au milieu, plantée là à ne pas savoir quoi faire. Il fallait qu’elle sorte. L’empathe empoigna sa veste et descendit dans la rue. Ensuite elle se laissa aller au gré des carrefours, là où la foule l’emmenait et où les émotions lui semblaient plus intéressantes. C’était toujours comme ça qu’elle trouvait ce qu’elle voulait. Oui elle s’était souvent perdue, mais la curiosité l’emportait toujours et la poussait dehors à aller chercher n’importe quel petit élément sur lequel elle pouvait se pencher pour trouver quelque chose. Kassandra fit le vide un instant dans sa tête et se concentra sur ce qui l’entourait. Les bâtiments passaient autour d’elle, la foule aussi… Puis tout à coup, après plus d’une heure de marche, quelque chose l’alerta.

La mutante se stoppa et pivota en scrutant l’élément intéressant. Le vendeur de milkshake. Il lui fallait un milkshake. Elle soupira et se traina jusqu’au stand pour repartir avec un gobelet rempli. Bon, maintenant elle pouvait se concentrer. Il y avait quelque chose qui la dérangeait vraiment en revanche. Une humeur confuse, une sorte de peur qui semblait étouffée… Kassandra fronça les sourcils en avançant lentement. C’était étrange, elle ne pouvait pas localiser ce sentiment, il ne semblait pas vraiment là comme s’il était omniscient. La moitié de son gobelet fut aspiré en moins d’une minute. Elle faisait du sur place, elle ne comprenait pas. Décidemment l’empathe pensait avoir tout connu des émotions étrangères mais apparemment elle en avait encore à découvrir… Bon. Il fallait prendre du recul. La jeune femme s’assit dans un coin légèrement plus calme et ferma les yeux en portant la paille à ses lèvres. Le liquide froid lui coula dans la gorge tandis qu’elle ouvrit totalement son esprit aux autres. Les gens qui passaient lui envoyaient directement ce qu’ils ressentaient, c’était franc et brute, bien clair comme elle avait l’habitude de le subir. Mais toujours cette sorte de peur qui planait.

Tout à coup elle ouvrit les yeux. La peur venait du bâtiment en face d’elle… Etrange. Elle ne ressentait pas les émotions à travers les murs pourtant… Même si elle n’avait jamais vraiment fait attention à ce point en réalité. Il fallait qu’elle entre. Mutants ou pas, il semblait qu’il y ait plusieurs personnes à avoir peur là-dedans. Puis tout à coup, un deuxième coup de théâtre lui fit ouvrir les yeux. Une émotion qui se promenait, une émotion familièrement violente et déterminée. Kassandra sourit.

- Te voilà, murmura-t-elle en souriant légèrement.

Niall marchait plus loin, adoptant l’air de monsieur tout le monde mais avec un énorme coup à cacher. A partir de là, Kassandra savait qu’elle devait agir avec précaution. Si elle voulait avoir une chance de s’inviter à sa mission, il fallait qu’elle soit invisible. Ce n’était qu’une fois à l’intérieur, lorsqu’ils ne pourraient plus faire demi-tour qu’elle pourrait se montrer et le forcer à accepter son aide. Elle mit de côté son agacement contre lui, elle y réfléchirait plus tard. Kassandra se leva et suivit Niall de loin. Elle commençait à prendre le coup pour suivre les gens discrètement. Il avait un sac chargé avec lui, ça promettait une mission d’envergure. Soudain le mutant prit une échelle tandis que tout le monde avait la tête ailleurs. Tout le monde, sauf elle. La jeune femme jura. Elle ne pouvait prendre le risque de le suivre encore, elle ne savait pas ce qui l’attendrait là-haut ni si Niall serait encore sur le toit pour la cueillir en beauté.

Elle inspira et ferma les yeux un instant, puis quand il eut disparut sur le toit, elle s’assit près de l’échelle en se concentrant uniquement sur les émotions de son confrère. Elle n’avait pas d’autre moyen de s’assurer qu’il n’était pas loin et qu’elle pourrait le rattraper sans problème. A son soulagement, il ne semblait pas bouger. Il devait attendre le bon moment. Le bon moment, Kassandra l’attendit des heures avec lui. Alors elle prit le temps de ruminer sur la distance qu’il avait prit avec elle pour l’éloigner de cette mission. Il pensait y arriver tout seul, mais tenter le diable comme ça ne lui apporterait rien de bon à force. Vingt-heures. Elle n’en pouvait plus, ça ne se terminait jamais, les gens passaient, puis la circulation s’était un peu calmée à la nuit tombée. Ensuite il n’y avait presque plus personne et la ville avait revêtit cet aspect noir et peu rassurant où les gens peu fréquentables reprenaient la main sur la vie nocturne.

Tout à coup, un mouvement sur le toit indiqua à Kassandra qu’il était temps. Une heure du matin… La mission s’était largement faite désirée… Les émotions de Niall, quoique déjà lointaines, s’éloignèrent de plus en plus jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus rien percevoir de lui. La mutante sauta sur ses pieds et s’attaqua à l’échelle, barreau par barreau, lentement, en silence. Une fois hissée sur le toit, l’empathe saisit sa lime à ongle dans sa poche et passa la porte déjà ouverte qui témoignait du passage récent de Niall. Les émotions de ce dernier lui revinrent enfin. Il n’était pas loin, il fallait qu’elle fasse attention à ses distances mais elle ne tarderait pas à se montrer à lui.

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Kassandra se montrait la plus discrète possible, marchant sur la pointe des pieds pour ne pas attirer l’attention de Niall. L’avantage était qu’elle n’avait pas besoin de le voir ou d’écouter pour comprendre où il allait, elle le traçait à ses émotions. Pour l’instant, personne d’autre dans les parages, rien que son confrère qui semblait extrêmement concentré. La mutante prit soin d’éviter les caméras comme elle le pouvait, rasant les murs en se basant sur ses expériences précédentes. Les caméras de surveillance étaient ce qu’elle redoutait le plus, mais ce n’était pas la première fois qu’elle cherchait à les fuir et certainement pas la dernière.

Niall la conduisit à une cage d’escaliers derrière laquelle elle s’arrêta. C’était un endroit stratégique alors elle devait lui laisser plus d’avance pour ne pas se trahir dans la descente des marches. Lorsqu’elle ne distingua presque plus d’émotions, elle reprit son chemin, sa lime à ongles toujours prête à s’abattre sur n’importe quelle sensation étrangère qui viendrait polluer son esprit concentré. Quatre étages plus bas, Niall passa une porte qu’il referma et Kassandra en profita pour se cacher derrière en attendant qu’il progresse dans le couloir de l’autre côté. Même tactique : elle passa la porte quand elle jugea qu’il était assez éloigné.

Elle s’apprêtait à continuer quand soudain, un désagréable sentiment d’alerte s’immisça en elle. Il y avait quelqu’un d’autre dans un couloir alentour. Une personne qui ne faisait pas de bruit et qui avait décidé d’éliminer l’intrus qu’il venait de repérer. « Ne songe même pas à lui faire du mal » pensa l’empathe en se pressant derrière l’humain qui sortait en silence une arme blanche. Mince, il ne fallait pas qu’elle se fasse repérer tout de suite, quand même. Mais l’autre avançait dangereusement vers le mutant sans un bruit. Elle n’avait pas le choix.

Tout se passa ensuite très vite. Kassandra avança plus rapidement et attrapa l’homme en plaquant une main sur sa bouche pour ne pas qu’il fasse de bruit. De l’autre, elle lui planta la lime à ongles dans l’artère carotide en le poussant dans un des bureaux. Elle eut le plus grand mal pour le faire choir en douceur sur le sol et tomba même avec lui en grimaçant. Pourvu que le bruit n’ait pas alerté Niall… Elle attendit quelques secondes sans bouger ni respirer. Quand elle sentit qu’il repartait, elle reprit enfin son souffle et contempla le corps plein de sang à côté d’elle. L’homme était déjà mort. Tremblante elle retira son arme du cou de sa victime en se mordant les lèvres. Alors c’était ça la sensation que l’on ressentait en tuant quelqu’un ? Elle eut envie d’hurler, de pleurer, de frapper tout ce qui l’entourait… Elle ne pouvait pas réaliser ce qu’elle avait fait.

Au lieu de ça, l’empathe laissa couler quelques larmes en silence tandis qu’elle contemplait ses mains pleines de sang. Lorsqu’elle eut enfin le courage de se lever, elle jeta un regard circulaire pour trouver de quoi s’essuyer. Elle jura tout bas, elle s’en voulait d’être aussi faible face à son acte. Mais pourtant si c’était à refaire elle referait exactement la même chose. Kassandra inspira et trouva un vieux bout de tissu qui gisait par terre. Elle se sécha les mains avec et essuya la lime avant d’enjamber le corps sans se retourner. La mutante marcha droit devant elle puis ferma les yeux une seconde pour resituer Niall, en s’efforçant de ne plus penser au cadavre qu’elle avait laissé derrière elle. « Arrête de chialer, ça passera avec le temps ou l’habitude » se dit-elle intérieurement. Mais pourtant le poids était là, le remord d’avoir prit une vie… même une vie qui n’en valait pas la peine, qu’elle aurait haït dans tous les cas et à laquelle elle en aurait voulu. « Putain, ferme la, c’est pour ça que tu te bats alors fait les choses jusqu’au bout et ensuite tu te poseras des questions ».

L’empathe arriva finalement devant une porte fermée. Elle tendit une main sur la poignée. Une main rouge encore salie du sang séché qui la couvrait. Elle chassa cette pensée de son esprit ; l’important c’était qu’elle allait se montrer et faire comprendre à Niall qu’elle avait décidé d’agir avec lui. Kassandra ouvrit enfin la porte et fut accueillit de la manière la plus violente qu’elle eut connue. La balle qui fut tirée vola et passa à côté d’elle. La jeune femme se paralysa, ayant vu sa vie défiler sous ses yeux, puis la peur de Niall la gifla intérieurement de manière si brutale qu’elle dut se retenir contre le mur. Elle l’entendit murmurer une protestation furieuse et prit encore une seconde avant de se remettre de ce cocktail d’émotions intenses et désagréables qui lui lacérait encore l’esprit.

- Désolée, murmura-t-elle.

Kassandra entra et ferma la porte derrière elle. Décidemment, son corps entier tremblait à présent. Mais elle reprit le dessus et se calma un peu.

- Non enfaite, pas désolée, se rattrapa-t-elle. Je suis une grande fille pour décider moi-même et j’ai décidé de t’accompagner parce que je ne peux pas te laisser gérer ça tout seul. Je veux t’aider et faire quelque chose d’important pour une fois. Tu as vu ce foutoir ?

A ses mots elle désigna tous les écrans et le matériel de surveillance. Elle réalisait à quel point elle avait bien fait de le suivre, ça semblait être un problème d’envergure et ils ne seraient pas de trop, à deux.

- Tu crois vraiment pouvoir t’en sortir tout seul là ? Je viens de tuer un homme Niall, là tout à l’heure, il était derrière toi et je n’ai pas pu faire autrement. Je suis de la partie désormais, point barre. Je sens la présence des gens par leurs émotions, au moins personne ne nous prendra par surprise. Et je me battrais s’il le faut. Maintenant je ne suis à ça près…

Elle le regarda enfin dans les yeux, scruta sa réaction en affichant un air déterminé. Sa main rouge tenait encore fermement la lime à ongles.

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A présent Kassandra ne lâchait pas Niall des yeux. Sa décision allait se jouer maintenant et elle sentit une intense réflexion en lui. Il s’en voulait et ses mains se resserrèrent sur les épaules de la jeune fille qui ne comprit pas pourquoi il éprouvait ça. Tout ça avait été son choix depuis le départ, pas le sien. Ensuite un tas d’émotions se succédèrent dans l’esprit du mutant qui semblait peser le pour et le contre. L’empathe ne dit rien, elle n’avait plus rien à dire pour l’instant, simplement le laisser faire. Au bout de plusieurs secondes il jura en guise de conclusion.

- Bordel, c’est pas un jeu Kassandra.

La jeune femme ressentit enfin une once de joie : elle allait participer, enfin une vraie mission ! Mais d’un autre côté elle n’était pas si joyeuse que ça. La mort qu’elle venait de frôler, la mort qu’elle venait d’infliger… Tout ça la travaillait contre son gré. Elle jeta un regard furtif sur le côté alors que quelque chose attirait son attention. Deux corps morts mis là dans un coin. L’empathe n’en pensa même rien. Parce qu’il n’y avait plus rien à en penser quand les choses allaient si mal entre humains et mutants. Niall ramassa ses affaires puis la fit sortir avant de s’agenouiller pour installer son artillerie. Kassandra attendit en silence derrière lui en encaissant ses reproches. Elle réalisa qu’elle ressentait tout à vif avec son esprit encore affaibli… y compris ses propres émotions en écho ? Ah, il avait copié sa mutation entre deux reproches, elle le sentait. « Fais-toi plaisir, si ça peut t’aider à ne pas m’en vouloir à vie » pensa-t-elle.

- Putain, t’aurais pas dû tuer ce mec. Je m’en saurais charger. T’aurais pas dû être là tout court. T’es trop jeune pour ce genre de conneries Kass. J’suis désolé qu’tu sois passé par là à cause de moi. C’est pas drôle et je le sais. Et je sens dans quel état ça te met. Cependant, pas le temps d’être traumatisée, va falloir qu’on décale et rapidement. Les gardes doivent avoir réagi à l’ouverture des cellules et devraient pas tarder à nous tomber dessus.

Encore une fois l’empathe ne protesta pas. Elle aurait voulu lui répliquer que ce n’était pas des conneries, c’était une mission et qu’elle devrait forcément passer par là un jour. Non elle n’avait pas envie de continuer d’intimider quelques humains énervés ou d’espionner les personnes qui pouvaient éventuellement être un peu trop gênantes. Elle avait reçu un minimum d’entrainement pour survivre en milieu hostile, elle voulait donc faire plus et mieux. Trop jeune ? Peut-être mais elle s’en fichait de toute façon. Sa mutation et les problèmes qui s’en étaient découlés, les secrets qu’elle a dû cacher à sa famille pour ne pas se faire rejeter… Eux ils n’ont pas cherché à savoir si elle était trop jeune à douze ans pour supporter tout ça. Trop jeune, elle avait cessé de l’être à partir de là, parce qu’elle pouvait ressentir toutes les émotions comme une gosse de deux ans ou une ancienne de quatre-vingt ans. Son esprit n’avait plus d’âge depuis un moment maintenant. Mais Kassandra ne s’en plaindrait pas. Elle digéra tout sans aucun regret. Chacun avait ses problèmes, et c’était ça la vie de mutant.

Niall se releva pour fermer la porte soigneusement, prit ses affaires et la saisit par le poignet pour l’entrainer dans le couloir. Les deux filèrent rapidement tandis qu’il lui expliquait ses plans, toujours à cran. Kassandra nota dans son esprit les points importants pour comprendre la mission en écartant les reproches sous entendus : attendre les gardes et se tirer vite fait pour remonter deux étages. Ensuite le mutant l’amena dans le bureau le plus proche des escaliers avant de fermer la porte. Kassandra se permit enfin de lever les yeux au ciel quand il eut le dos tourné. Elle n’aimait pas qu’il s’énerve comme ça, on aurait dit elle quand elle ne maîtrisait pas les choses. Mais quand il se tourna vers elle, la mutante fit mine de rien.

- Essaye de rester calme. Si tu nous fais repérer, il y aura des morts inutiles. Que ce soit nous ou eux. Dès que le gars est passé devant notre local, on file dans la cage d’escalier et on monte deux étages. C’est là qu’ils gardent les mutants sur lesquels ils expérimentent. Avec le virus de Graham, les cellules devraient être ouvertes. Accroches-toi bien, je sais pas dans quel état on va les retrouver.

- Arrête de paniquer, je ne nous ferais pas repérer, je sais être discrète. La preuve tu ne m’as même pas entendu te suivre ni buter ce type. Et pour info ce n’est pas de ta faute si j’ai son sang sur les mains, c’est de la sienne. Sérieusement, je te promets de te suivre et de t’aider. C’est pour ça que je suis venue.

Kassandra soupira. Ca y est, elle s’était calmée. Ce qui les attendait là-haut, elle encaisserait aussi. La misère des mutants elle en avait déjà vu, et si c’était pire ici elle en serait d’autant plus énervée et motivée. La peur de ses congénères qu’elle avait sentit l’après midi face au bâtiment, lui revint un peu de la même manière confuse. Mais elle se rassura en se disant qu’ils allaient les aider. Plusieurs mutants contre des humains : c’était possible de s’en sortir. Maintenant il fallait attendre les gardes, ce ne serait plus très long normalement.

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Malheureusement Niall ne semblait pas en mesure de calmer sa colère et Kassandra dut faire abstraction une fois de plus de ses sentiments trop violents. Si des personnes étaient émotionnellement mortes, lui était un volcan, mais pas forcément dans le sens positif des choses. L’empathe s’énervait elle aussi qu’on la prenne pour une enfant. Il était aussi inquiet et se sentait toujours fautif malgré le fait qu’elle ait tenté de le rassurer vis-à-vis de ça. Après un affrontement émotionnel des deux confrères, le mutant lui fit signe de se taire au moment où deux hommes passaient. Les secondes de silence qui suivirent furent lourdes puis Niall ouvrit enfin la porte en mimant ses ordres. Les deux sortirent et arrivèrent jusqu’à la cage d’escaliers où il indiqua le deuxième étage à l’empathe.

Kassandra hocha la tête en saisissant sa lime à ongles dans sa poche et monta les marches une à une dans un silence complet. La discrétion c’était son truc. A peine fut-elle satisfaite d’avoir gagné les deux étages sans problèmes, qu’une détonation soudaine fit trembler les murs et l’empathe dû taire un sursaut. Elle avait presque oublié les explosifs de tout à l’heure, concentrée sur les tonnes de reproches qu’elle s’était prise dans les dents. Puis Niall la rejoint, essoufflé. A ce moment Kassandra sentit en lui un sentiment désagréable qu’elle n’aurait pas su qualifier, mais il lui donnait déjà de nouveaux ordres en partant, arme à la main. La jeune femme eut presque envie de sourire de sa situation avec sa petite lame face à l’arme à feu qu’il tenait. Ils traversèrent plusieurs couloirs et passèrent une première porte anciennement sécurisée avant de tomber sur un garde que Niall visa immédiatement mais pas mortellement. L’arme de l’autre fut envoyée plus loin et Kassandra alla s’en emparer pour l’accrocher à sa ceinture en cas d’extrême urgence, car elle préférait largement sa lime trafiquée. Puis l’absence soudaine d’émotions venant de l’humain la fit se retourner pour constater que son confrère l’avait abattu à en voir le sang qu’il avait sur le visage.

« J’ai besoin que tu maintiennes calme les mutants dans leur cellule Charmeuse. Je m’occupe des trois autres gars qui trainent à l’étage. Du passes derrière moi, tu ouvres les cellules, tu rassures les gars et tu t’arranges pour les faires sortir. S’ils sont pas déplaçable, faudra improviser. »

Kassandra hocha la tête et suivit Niall à travers un autre sas. Puis tout à coup, l’omniprésence de la peur qu’elle avait pressentit jusque là, la gifla psychologiquement. Ca y était, les autres étaient là, noyant l’empathe dans un flot d’émotions insoutenables et, ballotée comme du bois mort dans un torrent, elle ravala avec difficulté sa douleur mentale. Bien qu’à vrai dire, elle ne savait pas si cela venait d’elle ou des autres tellement elle souffrait avec eux. La jeune femme s’agrippa aux premiers barreaux qu’elle trouva pour tenter de se remettre une seconde. Mais à peine eut-elle le temps de prendre une inspiration qu’une silhouette bondit sur le côté pour lui agripper le bras. Kassandra sursauta et se dégagea en regardant l’autre, les yeux écarquillés.

- Sauvez-vous, ils vous attraperont, sauvez-vous, gémit la femme enfermée.
- Non, écoute-moi. Tu vas me donner ta main et ça ira mieux d’accord ?

A ses mots l’empathe tendit une main tremblante vers la porte de la cellule qui s’ouvrit sans peine et elle se pencha vers la prisonnière qui se recroquevillait déjà dans un coin. Prenant une grande inspiration, l’autrichienne vint saisir son poignet pour lui faire passer une sensation d’apaisement et de confiance. C’était ça, ils devaient avoir confiance en eux.

- On va vous sortir de là, ces humains vont regretter ce qu’ils ont fait je t’assure.

Puis lorsque la femme réceptionna les émotions contrôlées de Kassandra, un sourire se dessina sur ses lèvres et elle hocha la tête.

- Très bien, aide moi à sortir les autres et appelle-moi s’il y en a qui ne peuvent pas se déplacer.

Toutes les deux continuèrent à ouvrir les cellules et Kassandra saisissait à chaque fois les mains des personnes pour les calmer et faire en sorte qu’ils aient tous confiance. Le plus important était d’écarter la peur, sa connaissance en psychologie le lui confirmait. Car quand on a peur, on fait tout et n’importe quoi. L’empathe réalisa qu’elle n’avait jamais été aussi fière de son don qu’à cet instant, et aussi fière de faire partie de la Confrérie. Mais celle qui l’aidait l’appela. Il y en avait un qui était trop faible, un homme qui avait à peine la trentaine, maigre et d’un blanc cadavérique. Kassandra s’agenouilla pour tenter de comprendre. Il avait l’air d’avoir subi plus de dommages que les autres et l’empathe fronça les sourcils en se demandant pourquoi.

- Quel genre de mutation a-t-il ? demanda-t-elle.
- Il peut contrôler le pétrole, répondit une voix derrière elle, le rendre à l’état de liquide et le manipuler.

Kassandra eut l’impression de se prendre deux coups de poing à la suite dans le ventre. La gamine qui lui avait répondu devait avoir douze ans tout au plus, l’âge de sa propre mutation. Et le contrôle du pétrole… L’empathe regarda autour d’elle. Ainsi il pouvait quasiment détruire la moitié des objets existants : plastique, vêtements, goudron… Puis une vérité encore plus horrible s’imposa à elle. Les humains avaient expérimenté sur lui, qu’avaient-ils réussi à en tirer ? L’image de ces gens avec ce pouvoir lui apparut. Kassandra bondit sur ses jambes en cherchant des yeux son confrère.

- Niall, il faut qu’on détruise leur labo.

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Encore une vague de sentiments dérangeants de la part de son confrère. Kassandra ne comprit pas sur le moment jusqu’à qu’il la fixe en protestant. Pas de vrais noms, que des noms de code. La jeune femme s’excusa en assimilant l’information. A vrai dire elle n’y avait même pas pensé sur le moment. Ce qu’elle venait de réaliser l’avait tellement retourné qu’elle avait parlé automatiquement. Elle chercha mentalement autour d’elle, personne n’avait semblé l’entendre ni même réaliser qu’elle lui avait adressé la parole, ils étaient trop occupés à s’aider les uns les autres.

Niall regarda sa montre, Kassandra jeta un coup d’œil circulaire. Elle avait du mal à distinguer dans cette effusion d’émotions, si des gardes se rapprochaient encore ou pas.

- Il y a beaucoup trop de monde que pour qu’on s’engage dans la cage d’escalier et pas d’extraction aérienne prévue. Il y a un bus garé dans une ruelle à côté de la sortie. Je risque pas autant de monde dans les escaliers. On ferait des cibles trop faciles et au moindre mouvement de panique, ce sera la débandade. Va falloir passer par la grande porte et par les ascenseurs. Le labo est sous haute surveillance maintenant. Probablement du moins.

Ce fut au tour de l’empathe de tiquer. Elle n’aurait pas du tout fait les choses comme ça. Au contraire, l’escalier était le plus simple pour déplacer autant de monde, il suffisait de neutraliser les éventuels attaquants. Certains mutants étaient encore en bonne santé ici, ils pouvaient les aider. Les ascenseurs seraient galère à remplir, il faudrait attendre entre chaque embarquement, ce qui séparerait les groupes et serait d’autant moins gérable. Mais Kassandra n’en dit rien. Elle n’était déjà pas prévue au programme, elle ferait donc confiance à Niall bien que ce soit difficile quand le point de vue est totalement différent. L’empathe sentit ensuite une réflexion en lui, une réflexion désagréable pour elle car elle sentait bien qu’il voulait encore une fois, agir en solo. Hors de question, cet endroit était un foutoir. Kassandra voulait bien lui épargner certains de ses points de vue, mais là ce n’était même pas discutable, elle venait l’aider. Il voulait quoi ? Qu’elle joue les baby-sitters en l’attendant gentiment tandis qu’il allait se faire démonter par ces idiots ? Elle voyait cette idée venir à des kilomètres, elle le connaissait bien là-dessus.

Une autre idée sembla lui venir, et Kassandra sentit qu’elle la préférait. Puis il releva la tête et dicta ses ordres une fois de plus.

- Priorité à l’évacuation. On charge au mieux les ascenseurs, ceux qui ne peuvent pas monter au premier passage attendent dans une cellule. On commence par des groupes mixtes. Les plus amochés et ceux qui sont en meilleure forme. Ca permettra d’avoir des bras pour aider ceux qui ont le plus de mal. Il y a deux ascenseurs. Normalement, on devrait pouvoir s’en sortir avec un passage. Attrape une arme, tu t’occuperas de sécuriser l’un des ascenseurs. Si tu ne sais pas tirer, évite de le faire mais essaye de te montrer convaincante dans la manière de tenir ton arme. Une fois les mutants dehors, je reviendrais m’occuper du laboratoire. Des questions ?

- Oui enfin non. Ce n’est pas « je reviendrais m’occuper du laboratoire », c’est « nous reviendrons nous occuper du laboratoire ».

Kassandra le fixa dans les yeux et tourna les talons sans lui laisser le temps de répondre pour protester quelque chose d’inutile étant donné qu’elle l’aiderait quoi qu’il dise. La jeune femme posa sa main sur l’arme qu’elle avait récupérée tout à l’heure et son contact froid la répugna. Elle savait se débrouiller autrement. L’empathe se concentra en revenant sur les mutants et une fois de plus elle vint les toucher un par un pour diffuser du courage et l’impression de gérer les choses. Tout allait bien, ils allaient s’en sortir. Voilà ce qu’ils ressentaient à ce moment.

- Tout le monde m’écoute, faites des groupes, chaque personne en bon état en prend une en mauvais état, on va vers les ascenseurs, on se tasse dedans et on embarque tranquillement. Je veux deux groupes, vous restez soudés quoi qu’il arrive. Et si des gens ont des pouvoirs utiles et maîtrisables je vous veux prêt à défoncer le premier humain qui se pointe vers nous. On va vous aider, en avant.

A ses paroles elle aida quelques uns d’entre eux à se relever et la plupart acquiesça, sous son emprise émotionnelle. En même temps ils ne pouvaient pas vraiment faire autrement. Tout le monde était calme, bien qu’un certain nombre d’entre eux souffraient beaucoup. Kassandra s’empêcha de s’apitoyer sur leur sort et se ressaisit car elle sentait bien que même s’ils ne comprenaient pas grand-chose à ce qu’il se passait, ils les considéraient comme un espoir et elle ne voulait pas leur enlever ça. Elle prit la tête, jetant un regard en arrière pour surveiller Niall si au cas où il avait la fantaisie d’en profiter pour filer. Puis l’empathe fit signe aux mutants de la suivre en saisissant l’arme à contre cœur. Elle ne prenait ça que pour l’intimidation, la lime à ongles était bien plus facile et vicieuse à faire subir à ses ennemis. Ca lui rappela quelques secondes sont premier meurtre mais elle chassa cette pensée.

Kassandra inspira pour se vider de toutes émotions parasites tandis qu’elle commençait à avancer. Se concentrer, mettre sa mutation comme un radar et guetter tout en guidant les autres, voilà se qu’elle gardait à l’esprit et rien de plus.

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Le temps de marche jusqu’aux ascenseurs fut presque religieux de par son silence. Ils réussirent à gagner sans problème les boîtes métalliques et Kassandra appuya sur tous les boutons d’appel, rejoint par Niall qui fit de même. Elle ne put s’empêcher durant une seconde d’aller le sonder pour s’attendre à essuyer un nouveau reproche mais elle ne ressentit rien de tel.

- Si mes calculs sont bons, il ne devrait pas y avoir plus de quatre gars en bas. Il y a trop de mutants ici que pour que ma mutation soit efficace. C’est comme entendre parler toutes ces personnes en même temps. Je suis incapable d’en choisir une à copier. Si je le fais, ce sera du pur hasard et pas pour plus d’une vingtaine de secondes. Je vais tenter un truc mais je ne suis pas sûr que cela marche. Sinon, je ne pourrais donc me servir que de mes armes pour nous défendre. Il faudra agir vite pour faire sortir tout le monde.

- D’accord tente, mais ne fais rien de trop suicidaire, ça n’aiderait pas beaucoup.

Kassandra avait dit ça plus par inquiétude que par reproche cette fois. Elle savait comment il ressentait les choses, encore plus à ce moment là et elle ne voulait pas qu’il prenne les risques à la légère sous prétexte de sauver les autres. Il y avait toujours un moyen de minimiser les dégâts, elle en était sûre. Les ascenseurs s’ouvrirent et les deux confrères firent embarquer tout le monde. La grandeur des boîtes prévue sans doute pour le matériel que ces idiots utilisaient, fut pour une fois un atout miraculeux. Niall la regarda et hocha de la tête comme pour les encourager, elle lui répondit par le même signe et ils montèrent chacun dans un ascenseur. A ce moment, Kassandra espéra qu’un humain ne débarque pas au dernier moment. Une grenade lancée dans le tas rassemblé dans l’ascenseur, des tirs rapides… Ils étaient vulnérables à tout instant et trop exposés. Ce n’est que quand les portes se fermèrent, qu’elle reprit sa respiration, bien qu’elle craigne encore un problème inattendu.

Personne n’osait vraiment parler, et Kassandra jeta un coup d’œil circulaire pour inspecter les personnes qui l’accompagnaient. La plupart avait une tête de déterré, quelques uns étaient motivés à se venger. Mais dans toutes les émotions qui fusaient, il n’y avait que son emprise qui ressortait et l’empathe en fut un peu plus rassurée. Elle sonda tour à tour les mutants pour comprendre malgré tout ce qu’il y avait au fond d’eux et comment ils étaient intérieurement. Un en particulier retint son attention. Elle tourna la tête pour le voir de ses propres yeux, c’était un jeune homme brun qui avait l’air d’avoir le même âge qu’elle, salement amoché mais avec un sourire en coin. Kassandra ressentit une certaine folie qui émanait de lui, un déséquilibre causé par un traumatisme, si elle se fiait à ses études de psychologie.

- Tout ceux qui sont aptes, agissent avec moi à l’ouverture de ces portes. On va certainement se faire cueillir, je le sens de plus en plus, on nous attend en bas.

- Moi je fais des champs de force, répondit le jeune homme qu’elle avait sondé tout de suite.

- Ce serait génial, tu les protèges, je vais en avant pour régler le compte de ces types.

Il hocha la tête, Kassandra rangea l’arme qu’elle ne se sentait pas la capacité de manier et sortit sa lime à ongles. Le bruit de la boîte qui s’arrête, le mécanisme des portes qui s’ouvrent. Tout se passa très vite, les humains les cueillirent comme prévu, Kassandra vit du coin de l’œil Niall riposter, puis tout à coup les balles se figèrent. L’empathe fut agréablement étonnée par le pouvoir qui venait d’être utilisé. Cependant elle ne perdit pas de temps et jeta un coup d’œil au mutant avec les champs de force pour qu’il s’assure de protéger les autres. Cet instant fut bref, le temps que les humains en face réalisent ce qu’il se passe avec leur cerveau habituellement au ralenti face à des choses qui les dépassent ; Kassandra se baissa pour éviter la trajectoire éventuelle de l’arme que pointait l’humain en face d’elle. Elle se précipita sur lui et arriva tout juste pour éviter le tir et lui griffer le poignet avec sa lime à ongles. L’empathe n’hésita pas à enchaîner sur un violent coup de pied dans le genou qui le fit se plier par réflexe. A ce moment elle hésita cependant. Allait-elle tuer comme si de rien n’était encore une fois ?

Mais cependant la Charmeuse préféra sa méthode habituelle. La situation était sacrément bordélique et dépassé par les évènements comme elle le sentait chez lui, elle put facilement le toucher et atteindre ses émotions.

- Tu détestes tes collègues, tu les hais absolument et tu as une envie dévorante de leur infliger des souffrances.

Les mots de Kassandra n’étaient bien sûr qu’une mise en scène qu’elle aimait beaucoup faire, mais aussi parce que ça l’aidait d’autant plus à manipuler les autres. L’humain acquis ces sentiments qu’elle lui fit passer docilement et changea progressivement d’humeur jusqu’à devenir hors de lui. Puis soudain, à peine eut-elle le temps de savourer son succès, qu’elle entendit une mise en garde criée derrière elle. Kassandra se retourna vivement et vit le jeune homme de tout à l’heure tendre une main entre elle et la balle qui filait droit vers sa tête. Si la jeune femme cru voir sa vie défiler pendant une seconde, elle fut d’autant plus surprise de la sorte de masse violette qui émana de sa main et stoppa le tir en plein vol. Il la regarda d’un sourire satisfait alors qu’elle resta ébahit et continua d’aller aider les autres.

Kassandra finit par revenir sur l’humain qui était devenu sa victime. Hors contexte, la situation aurait été risible à le regarder s’énerver, complètement instable et violent envers les autres gardes et elle ne put s’empêcher un rictus de plaisir. Cependant il fallait se dépêcher, peut-être que les scientifiques qui bossaient là avaient déjà filé avec leurs échantillons en douce dès que l’alarme avait été donnée.

- Il faut sortir, déclara-t-elle. Est-ce que tu peux faire un champ de force assez grand pour nous protéger à l’avant ? On doit avancer rapidement.

Le jeune homme acquiesça en assurant qu’il ferait de son mieux et ils démarrèrent rapidement leur chemin entre les couloirs. Des fugitifs sur les nerfs, voilà à quoi ils ressemblaient alors qu’ils traversaient le bâtiment, épuisés, sales et qui menaçaient de tomber à chaque pas lorsque Kassandra se retournait pour vérifier si tout le monde tenait à peu près. Elle ne réussit pas à trouver Niall dans le flot de mutants, mais en même temps elle n’avait pas le temps d’y faire attention, il fallait guetter les éventuels humains qui pourraient s’interposer. Ils étaient bientôt arrivés à la sortie par la ruelle et l’empathe pria pour que le fameux bus soit là. Il fallait détaler et vite, car il lui semblait que ça faisait une éternité qu’ils avaient trainés ici.

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Essoufflée, Kassandra pila devant la porte, imitée par les autres mutants. Chacun semblaient complètement pendu à ses moindres gestes et elle sentait bien que son emprise commencer à sérieusement se dissiper avec toutes ces violences et cette pression qui ne pouvait pas être ignorée à force de contraintes. Et voilà qu’ils se retrouvaient là, devant ce nouveau problème. Les portes étaient fermées. L’empathe les poussa violemment avec ses deux mains pour constater un échec cuisant. Rien ne semblait prêt à les faire bouger. Elle tourna la tête vers les visages fatigués et inquiets. Quoi ? Personne ne possédait donc une force surhumaine ici ou un truc utile ? Elle chercha des yeux le garçon aux champs de force, Niall… C’est ce dernier qui apparut enfin, presque miraculeusement.

Mais Kassandra eut un mouvement de recul à la chaleur soudaine et à la lumière vive qui lui grilla les yeux par surprise. Elle grimaça en constatant qu’il avait les mains enflammées. Où avait-il choppé ça sérieusement ? Cependant en constatant qu’en les posant sur les portes, elles commençaient à fondre, l’autrichienne ne put s’empêcher de sourire. Enorme, pensa-t-elle.

- Tu es badass quand tu veux, monsieur j’me la joue sombre, fit-elle avant de revenir sur les autres.

Elle repéra enfin le garçon aux champs de force dans les mutants. Kassandra lui fit signe de venir.

- Tu veux bien protéger nos arrières au cas où s’il te plait ?

Il acquiesça et commença à remonter l’amas de personnes pour aller former ses murs violacés au fond du couloir. Un fracassement résonna ensuite et lorsque Kassandra tourna la tête, elle put constater que les portes avaient cédé. Niall les avait laissé dans un sale état tout de même, mais vu ce que deviendrait le labo après leur passage, c'est-à-dire au moins un tas fumeux de débris, ils s’en fichaient pas mal. Personne ne verrait que les mutants s’étaient échappés par là ni comment. D’ailleurs personne ne verrait rien. Tout devait disparaître et surtout les recherches affreuses qui avaient été faites.

Ah Kassandra pourrait bien rire si elle trouvait une preuve de qui était derrière tout ça. L’indice rêvé serait l’implication du Parti Collectif dans ces pratiques plus que douteuses. Faire tomber le pilier des antis-mutants, voilà qui serait plaisant. Ca en calmerait plus d’un, dans les petits énervés de la vie qui brandissent le drapeau en tremblant dans leur culotte d’attardé génétique. Les média se feraient une joie de s’emparer d’un tel sujet polémique en plus. Enfin, s’ils n’étaient pas achetés par ce parti à la noix eux aussi…

Mais Kassandra devait garder la tête froide. La première chose à faire était de faire échapper les mutants. Les premiers sortirent dans la petite rue où l’empathe jeta un coup d’œil circulaire. Rien à signaler à première vue. Elle se concentra à présent psychologiquement et ne discerna rien d’autre non plus que le tas d’émotions confus des mutants. D’un autre côté cette affluence ne pouvait pas lui donner la confirmation certaine qu’ils n’avaient rien à craindre. Mais enfin, ils étaient beaucoup en état de maîtriser leur pouvoir alors elle doutait que ce soit quelques humains qui puissent les arrêter maintenant.

Le bus était là lui aussi, attendant sagement et sa vue soulagea quelque peu Kassandra. Elle regarda les autres sortir petit à petit jusqu’à ce que le garçon aux champs de force sorte en dernier. Il fallait faire vite maintenant, personne ne devait voir ça et elle pria aussi pour qu’un passant aventureux ne passe pas par là. En plus de toutes ces émotions qui commençaient à l’envahir de nouveau comme dans les prisons bien que ce soit moins violent. Un certain nombre était faible et trop sonné pour ressentir réellement les choses, tandis que les autres étaient vraiment inquiets bien qu’ils essayaient de le cacher. Kassandra revint ensuite vers son confrère.

- Ils doivent aller où maintenant ? demanda-t-elle.

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Pour toute réponse, Kassandra reçu une émotion violente de la part de Niall. Pour changer. Une image particulièrement désagréable semblait lui venir à l’esprit et il voulait éviter ça. Quel genre d’évènement voulait-il éviter ? Elle n’en avait pas vraiment d’idée. L’empathe sentit un travail sur soi et il reprit en écartant sa crainte.

- Il y a une adresse notée sur un post-it  derrière le volant. Il n’y a pas de soucis à se faire pour ça.

Puis tout à coup il lui saisit le bras pour l’entraîner contre le champ de force en faisant mine de suivre le groupe de mutant, juste avant de bifurquer dans une autre ruelle. Aïe. Pendant deux secondes, Kassandra du assimiler le fait qu’ils les abandonnaient à leur sort après avoir fait des pieds et des mains pour les délivrer. Mais cela semblait normal dans les sentiments de son confrère. Et comme s’il avait lu dans ses pensées, Niall la rassura.

- Ils vont s’en sortir maintenant qu’ils sont dehors. Ils ont récupéré espoir. Personne ne leur reprendra leur liberté. Pas ce soir du moins.


Bon pourquoi pas, il savait ce qu’il faisait après tout. Mais comme si ce n’était pas assez, une violente sensation de douleur frappa Kassandra qui retint une grimace. Quoi, ça aussi ça venait de lui ? Il y avait décidemment quelque chose qui n’allait pas chez Niall, elle le sentait de plus en plus et même si elle avait fait mine d’ignorer, il lui était difficile de continuer comme ça. C’était particulièrement désagréable pour ses nerfs, alors elle n’imaginait pas pour lui. Kassandra ne savait pas vraiment quoi faire et son confrère ne l’aidait pas de par ses émotions. Il paraissait plutôt vouloir se sacrifier ou quelque chose comme ça. Ce genre de sentiment n’était pas vraiment courant chez les personnes alors elle le connaissait peu. Ils s’arrêtèrent sous un escalier où Niall reprenait son souffle de manière étrange. Elle ne put que montrer son soutien en posant une main amicale sur son épaule en le poussant à se poser deux secondes. S’épuiser sans faire de pause ne le rendrait pas plus utile, au contraire.

- Ça va être dangereux là-haut Charmeuse. Même à deux, il y a de fortes chances pour qu’on y passe en voulant faire sauter le laboratoire. Tu es jeune et a encore de belles années devant toi. Tu ferais mieux de me laisser m’en charger.

Kassandra fit la moue en retirant sa main. Ca, elle s’en était un peu doutée. Le tourment la saisi quand une nouvelle vague de douleur affluait en elle encore une fois. L’empathe réalisa avec stupeur qu’il était blessé à l’épaule. L’ensemble de ces problèmes, combiné au « héros solitaire » qu’il lui ramenait sur le tapis, la faisait rire doucement. Que croyait-il ? Qu’elle allait partir gentiment en le laissant dans son délire ? Hors de question, elle ne comprenait d’ailleurs même pas comment il pouvait tenter de l’écarter encore de la mission. Et elle n’avait pas envie de faire mine d’accepter pour le suivre en douce encore une fois, ils n’avaient pas le temps pour ça.

- Tu n’y penses même pas. C’est une mission dangereuse j’en suis bien consciente mais si je suis à la Confrérie c’est qu’il y a une raison et une motivation derrière, ce n’est pas pour me passer le temps. En plus il est hors de question que je te laisse dans cet état tout seul. Je ne sais pas quel genre de problème tu peux avoir pour vouloir absolument te sacrifier même si je m’en doute fortement, et ce serait innocent de ta part de croire que je ne sens rien de tout ça. Au contraire, mais je ne te demanderai rien par rapport à ça. On va y aller ensemble, on fera sauter ce foutu de labo ensemble et on ressortira ensemble. Mais il faut arranger ça déjà.

A ses mots elle désigna sa blessure. Kassandra n’avait rien sur elle pour éventuellement stopper l’écoulement ou simplement protéger son épaule. Elle n’avait que son pouvoir pour l’aider à supporter un peu mieux la douleur. L’empathe avait déjà soulagé des personnes auparavant de cette manière mais il fallait d’abord qu’elle arrête la douleur à elle. Elle fit ce travail rapidement de manière mentale, puis tendit sa main pour atteindre le bras de Niall et lui faire passer une sensation de bien-être. Elle se rendit compte qu’elle donnait rarement des émotions positives aux gens, tout simplement parce que la plupart était détestable. Ce n’était pas une solution miracle, loin de là, mais ça l’aiderait à supporter un peu mieux la douleur.

Lorsqu’elle eut fini, Kassandra retira sa main et jeta un regard circulaire. Dans la ruelle à côté, ils entendirent le bus démarrer. Il ne fallait pas que les autres mutants les voient sinon ils voudraient s’arrêter pour les prendre avec eux et ça ne ferait que les retarder.

- Alors, on y va ?

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Niall prit un moment à se remettre. Kassandra avait bien senti qu’elle l’avait tiré de l’apaisement dans lequel elle venait de le plonger, cependant le temps était compté et ils ne pouvaient pas se permettre d’échouer maintenant. Les mutants étaient peut-être sauvés, mais le laboratoire avec toutes les données que ces humains avaient récoltées, était encore existant, là près d’eux. Il fallait qu’ils détruisent tout, sinon elle n’osait même pas imaginer ce qu’il pourrait se passer. Les temps étaient déjà durs pour les mutants, et ces recherches seraient le grain de sel en trop.

Son confrère finit par hocher la tête, après avoir rétabli ses repères. L’empathe le regarda se hisser sur l’escalier en fer dans un bruit à peine audible, puis il lui tendit la main pour l’aider. Elle accepta par politesse, faisant en sorte de ne pas trop lui peser sur le bras qui le faisait encore souffrir. Les mutants gravirent les marchent une à une alors que l’escalier commençait à sérieusement protester. Kassandra laissa échapper un juron tout bas. Elle qui s’était réjouit il y avait à peine une seconde qu’ils pourraient progresser silencieusement… Niall continua quand même, et elle en déduisit qu’il y avait certainement de quoi les couvrir, où ils n’avaient pas vraiment le choix. Et d’ailleurs, à en juger son ressentit à ce moment, la seconde supposition était la plus évidente. Logique en même temps… Avait-elle déjà fait une mission qui se présentait facilement ? Non, il y avait toujours un problème qui survenait, comme si c’était une malédiction.

Et les escaliers qui n’en finissaient pas de monter. Pour elle ça allait, mais la douleur de Niall allait et venait, restait toujours omniprésente, et montait en elle-même comme une mer agitée. Il finit par tousser, Kassandra ne savait plus comment ignorer ça à force… De temps en temps il faisait des pauses, et elle ne comprenait même pas pourquoi il essayait de lui prétexter un coup d’œil circulaire pour faire semblant de guetter. Plus que pour elle, il voulait peut-être se mentir à lui-même et encore elle n’en était pas sûre. L’empathe en revanche, faisait vraiment attention autour d’eux. Ils n’avaient cessé de monter, les coups d’œil indiscrets étaient à ces hauteurs, là où on se cachait pour mieux voir les autres en bas. Et elle parlait en connaissance de cause.

Enfin son confrère s’arrêta à un étage. Kassandra regarda une des petites vitres se briser progressivement et Niall l’ouvrir. Ce dernier lui indiqua par un sourire qu’il avait réussi puis les deux ne perdirent pas de temps à sauter à l’intérieur. A son grand soulagement, elle put constater qu’ils étaient tombés au bon endroit. Et moins soulageant cependant, l’endroit était digne des films d’horreur. Les deux confrères restèrent deux secondes sans bouger à observer la grande pièce qui s’étendait devant eux. En face, à travers les vitres salles, une lueur rouge vacillait de temps en temps pour indiquer l’alerte enclenchée. Kassandra plissa les yeux pour se faire à la demi-obscurité qui régnait. Elle ne sentait aucunes émotions étrangères aux alentours, ou trop proches pour qu’elles ne soient dangereuses. Des tables de fer s’étendaient devant eux, remplies d’ustensiles et des contenants aux substances étranges. L’empathe commença à avancer pour constater l’ampleur des dégâts, avant de lancer un coup d’œil assez désespéré à Niall. Là, devant elle, des plans de corps disséqués dont elle n’osait même pas toucher le papier qui portait les traits immondes que l’on avait tracés.

A côté, un bocal où du liquide à moitié pourpre fermentait, arracha une grimace à Kassandra. Bon elle en avait assez vu, il fallait tout brûler, tout réduire en cendre, qu’il ne reste rien de ces conneries… Mais elle se figea. Une sensation désagréable lui vint. Des humains approchaient, sans doute les scientifiques venus sauver leurs recherches, à en croire leur ressentit. Elle se tourna vers Niall pour le prévenir.

- Je sens au moins cinq types qui se ramènent, et ils ont certainement l’intention de récupérer tout ça. Il faut qu’on agisse vite. Je te suis.

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Niall acquiesça  et il ne faut pas longtemps à l’empathe pour réaliser qu’il compte la faire agir sérieusement. Elle devrait s’en réjouir, cependant avec son confrère, pas trop quand même. Et elle a déjà comprit avant qu’il ne lui envoie le sac qu’elle attrape d’un geste vif. Kassandra devait se motiver.

- J’espère que tu sais amorcer des explosifs. Met tout ce qu’il reste et prépare-les sur 5 minutes. On activera juste avant de sortir. Ca nous laissera le temps de descendre et de foutre le camp. Je m’occupe de barricader la porte. Essaye de les espacer suffisamment pour s’assurer de détruire tout ce qu’ils ont comme info.

L’empathe acquiesça. Oui elle avait déjà fait ça mais toujours avec une appréhension pour ses trucs là, et c’était il y a un moment. Bon ça devait être comme le vélo, ça ne se perdait pas, non ? Un vacarme retentit et Kassandra se retourna pour constater que Niall avait déjà commencé à mettre le bazar pour les barricader. L’autrichienne saisit le sac et jeta un regard circulaire à la pièce en se demandant quelle portée pouvaient bien avoir ces petites choses rouges. Elle calcula rapidement dans sa tête en se faisant un schéma mental des poses qu’elle allait faire.

Les bureaux étaient à détruire, et les tous les meubles en général. Les hommes de l’autre côté arrivant, il ne fallait pas que ce soit voyant pour qu’ils n’aient pas la sale idée de vouloir les enlever. Kassandra savait que s’ils étaient là-dedans à expérimenter, ils étaient assez fous pour tenter une mission suicide et sauver leur saleté de labo. Certes, ils étaient eux aussi de leur côté en mission suicide, mais la cause en était tout autre et bien plus recevable. Elle aurait aimé garder le mutant de tout à l’heure avec ses champs de force, au moins ils n’auraient rien eu à craindre.

Elle posa le premier explosif contre le pan d’une paillasse côté fenêtre pour ne pas qu’il se voit, et programma cinq minutes avant d’enchaîner avec le suivant. Elle fit quelques mètres pour cacher le second et ainsi de suite. Ca lui rappelait un de ses agissements qu’elle avait fait, avant de rejoindre la Confrérie, la seule fois où elle avait touché à ces trucs. Bien sûr rien de grandiose comme maintenant mais de quoi lui apprendre les rudiments d’une mission qui se respecte. Ca n’avait pas été son idée mais celle d’un de ses camarades qui voulait faire quelque chose d’illégal. Elle l’avait pris avec elle en lui cachant ses intérêts personnels dans la mission et il avait insisté pour faire exploser une voiture. Elle l’en remerciait aujourd’hui d’avoir voulu faire ça. Le pauvre devait être encore en prison à l’heure qu’il était mais elle n’y pouvait rien, sa non-discrétion les avait fait prendre et Kassandra avait décidé de fuir en s’aidant un peu de son pouvoir pour lui faire dire qu’il était tout seul à agir. Et puis il n’était qu’humain.

- Tu t’en sors ?

Kassandra releva la tête et émergea de derrière une paillasse à l’autre bout de la pièce.

- Oui c’est bon, c’est dernier.

Elle avait fait vite, le temps qu’elle pose tout et qu’elle les programme sur cinq minutes chacun, le premier avait eu le temps d’avancer question secondes. Mais à peine avait-elle terminé sa phrase qu’on frappait déjà contre les murs et les portes du laboratoire. Ca y était, ces idiots allaient désormais cogner comme des mouches sans cervelle jusqu’à ce qu’ils puissent passer. Kassandra mit en place le dernier explosif et alla rendre le sac à Niall, certainement moins lourd maintenant. Plus que peu de temps. Ils s’étaient déjà tous mis contre la porte pour tenter de l’ouvrir contre le poids de l’armoire qui la retenait. L’empathe alla pousser contre le meuble pour fait pression inverse mais le temps qu’elle y arrive, deux hommes étaient passés. Il n’en fallait pas plus, les explosifs n’étaient pas encore prêts à exploser et ça donnerait le temps aux autre pour récupérer quelques échantillons s’ils partaient comme des voleurs.

D’un coup de pied furieux, elle referma la porte violemment sur les autres qui restèrent à l’extérieur et ne perdit pas de temps pour sortir sa lime. D’un geste vif elle se retourna et esquiva d’un geste vif le revolver que l’un des deux attardés génétiques pointait sur elle. Elle chargea, lança un coup de lime bien acéré sur son poignet pour qu’il lâche l’arme et lui asséna un coup pied dans le genou. Déstabilisation physique. Mais l’autre attrape un outil pour la frapper. Une vive douleur dans la cuisse, Kassandra perdit le contrôle durant une seconde, juste assez pour voir qu’il avait reprit son arme. Il visa sa tête, et l’empathe se baissa de justesse pour esquiver le coup de feu qui partit sans hésiter. Le cœur de la jeune femme battait à tout rompre. Elle devait se ressaisir. Une poussée d’adrénaline et elle se jeta sur les jambes du type qui tomba et se cogna violemment la tête contre le rebord de la paillasse derrière lui. Mort ou assommé, elle n’en avait rien à faire. Les cinq minutes étaient bientôt écoulées, il fallait filer maintenant.

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Pendant ce temps Kassandra avait largement préféré éviter les émotions de son confrère. Ajouté au fait qu’il utilisait son don, tous les ressentis, aussi forts étaient-ils, faisaient écho en elle comme un vacarme émotionnel. Et il fallait dire qu’avec Niall, elle n’était pas épargnée de ce côté-là. Sans compter sur le fait qu’il était quelque peu lunatique à ce moment là. Heureusement qu’elle ne débutait pas en empathie sinon elle n’aurait jamais pu se défendre contre ses types. Au moins espérait-elle une preuve pour son ainé sur son utilité en mission.

Comme une sorte d’apprenti qui voulait montrer ses capacité à son maître, elle acheva les deux humains, fière d’elle. Kassandra n’avait pas hésité, elle n’avait pas eu peur comme tout à l’heure. C’était bien vrai, on s’habituait à force. Et encore plus vite quand c’était pour la bonne cause. Deux tués, des dizaines de mutants sauvés. Il n’y avait plus à hésiter. Elle sentait la victoire proche et elle aurait volontiers sautillé comme une gamine à ce moment là mais le temps pressait et Niall ne se fit pas prier pour lui rappeler. Elle sentait qu’elle l’avait fait revenir à la réalité quand l’autre idiot était tombé contre la paillasse. L’empathe faillit presque sourire quand elle sentit que le mutant laissa échapper une grimace, mais l’instant d’après alors qu’elle se relevait, son changement d’émotion fut total (encore). Son poignet s’en alla sans qu’elle n’ait le temps de reprendre son souffle, et son confrère la poussa derrière lui avant de l’emmener jusqu’à la fenêtre.

- Dépêches-toi. On a plus le temps.

Kassandra l’aurait bien dévisagé en s’excusant ironiquement d’avoir fait joujou jusqu’à ce que les explosifs soient prêts. Non ce n’était pas comme si elle s’était battue. Voilà, elle essayait de se montrer opérationnelle et elle ne récoltait que ça. Même si la situation était tout simplement ironique en elle-même. Encore une fois, il la poussa à passer la fenêtre et elle sentit sa colère s’ajouter à la sienne. Non elle devait se ménager, il y en avait déjà bien assez en elle comme ça. Les deux confrères dévalèrent les escaliers précédemment montés, avec un peu plus de vivacité cette fois. L’excitation de fin de mission, elle ne l’avait jamais ressentit comme ça mais c’était toujours un soulagement de se dire que c’était terminé, et qu’ils avaient réussi.

A côté d’elle, adrénaline, excitation et pression ne faisaient, une fois de plus, pas bon ménage dans son mental alors qu’elle se réjouissait déjà. Kassandra réalisa seulement maintenant le bruit qu’ils faisaient à fuir tous les deux, tellement elle n’avait écouté que la victoire en elle. Elle était comme une gamine alors que Niall était plus sombre. Rien de nouveau enfaite. Mais valait-il mieux un de chaque, pour la sécurité et pour la détente. C’était vrai que les explosifs n’avaient pas encore craché et il y avait comme une sorte de suspense digne d’un bon film. Sauf qu’elle n’était pas dans son fauteuil, alors elle continuait de descendre, et enfin, ils arrivèrent en bas. Mais pas le temps de souffler, Niall lui reprit le bras et l’entraîna tout le long de la ruelle… Jusqu’à ce que ça explose. Intense et immense. Kassandra ne s’était pas attendue à ça non plus alors qu’elle s’était figée sur place.

Une seconde après, les deux confrères avaient l’air presque minable, là à moitié étalés par terre. Mais l’empathe sourit. Si avec ça quelque chose avait survécut… ! Ils avaient mal tous les deux, les tympans en miettes. Kassandra releva la tête vers Niall qui lui tapa l’épaule gentillement.

- Bienvenue sur le terrain, Charmeuse.

La jeune femme se met à rire alors qu’elle sentait la pression retomber nette en elle. Elle lui rendit son geste d’affection avant de contempler le bâtiment noirci et encore brûlant qui leur faisait face. Il faisait moins le fier que tout à l’heure, celui-là. Le spectacle était horrible, horriblement soulageant et victorieux pour la Confrérie. Finalement, elle finirait par s’y plaire.

© Summers