Le début du mois d’Octobre et les feuilles mortes, voilà ce qu’on pouvait tenter d’apprécier dans le Prospect Park à New York. Populaire, mais bien moins que Times Square en vérité. C’était ce qui faisait son charme. Entre joggeurs et bandes de jeunes, Zee était bien aise de se trouver là, en fait, il avait bien du mal à prendre du temps pour lui. Entre la Confrérie, les recherches sur la femme blonde dans sa tête et son double jeu au sein du parti collectif, le Perkins avait du mal à se poser le temps de prendre un café ou une glace pour penser à lui. Et rien qu’à lui. Du moins, c’est ce qu’il pensait, car penser au groupe, c’était penser à lui. Finalement, il n’était qu’une fourmi dans une immensité mutante… Ils étaient plus que ce qu’il avait toujours pensé en étant jeune. Zain n’était pas con à ce point, il savait que ce genre de personne pouvait être légion à travers le monde et qu’il n’était pas le premier à être né avec le gêne X. Non, au-delà des États-Unis, il y avait surement une personne avec une mutation semblable à la sienne, c’était certain. Mais Zee ne préférait pas y penser… Surement trop égoïste pour se dire qu’il n’était pas unique en son genre. Non, pour l’instant Zain Perkins était unique et il le vivait très bien, trop bien peut-être que c’en était parfois insolent pour ses petits camarades de la Confrérie. Le châtain le savait, mais n’était-il pas la petite diva placer au centre des installations ennemies pour les faire tomber plus facilement quand le moment serait venu ? Zain ne savait pas ce que les autres lui réservaient, il était sans cesse sur ses gardes et avoir un camp semblait brouillon dans sa tête. Il ne savait pas vraiment qui il était, il avait l’impression, que depuis cet incident avec Niall, qu’il manquait quelque chose d’important dans sa tête, de peut-être trop important pour qu’il l’oubli avec tant d’indécence et de facilité. Non, Zain modelait, modifiait, créait et supprimait dans la mémoire des autres, mais il avait toujours tout fait pour garder sa propre mémoire intacte, avec des carnets sur une Dropbox au Qatar, des vidéos cryptés par les soins de ses amis… Des rapports de jeunesse sur ses expériences, mais cette photo dans ces archives, il n’arrivait pas à mettre de nom sur cette blonde… Non, il n’y parvenait pas. D’un geste las, les mains dans les poches, le secrétaire du Parti collectif soupira longuement l’air ennuyé. C’est ce qu’il était ni plus, ni moins… plonger dans l’ennui sans nom.
En vérité, le comédien de métier n’était pas toujours des plus actifs, souvent dans une période de burnout, mais c’était comme ça quand il n’avait rien à faire, il avait l’impression d’être confronté à pire. Peut-être pourrait-il aller faire un tour à la Comic-Con de New York qui avait commencé il y a deux jours, au moins, il aurait de quoi se distraire un peu plus que de trainer dans un parc, un café crème à la noisette aux bords des lèvres et le soleil dans les yeux. Il n’était pas très tard, aux alentours de midi probablement. On lui donna un coup d’épaule, un joggeur encore, il maronna dans ses dents
« T’aurais pu faire attention, crétin. » Mais rien n’était renversé sur son t-shirt, juste qu’il avait loupé une gorgée de café et qu’il crachait ses poumons dans un coin du parc. Rien de bien extraordinaire en somme. La vie d’un New-Yorkais qui se voulait banale, on ne peut plus banale, alors qu’il était l’épaule sur laquelle se reposait Scarlett Connelly, présidente du Parti collectif. Donc dans la base de la vase de sa réputation véritable, c’était le pire salopard de l’histoire qui tentait de mettre au pouvoir une femme qui tentait de contenir les mutants. Mais dans un sens encore heureux que le Perkins fût doté d’un sens de la jugeote un peu plus aigüe que celui des Hommes moyens. Sinon, il serait vraiment dans le camp le plus instable de cette planète, le parti collectif avait pour lui des airs de parti communiste des années staliniennes... Une dictature camouflée par un chef de file charismatique et apprécié de beaucoup de monde… Dont il était l’un des plus proches collaborateurs, mais vêtu simplement d’un t-shirt gris à l’effigie des stones et d’un jeans noir et d’une paire de converses grises. Personne ne pouvait se douter qu’il était la semaine, l’homme au costume impeccable qui traînait du côté des sauveurs de l’humanité… Enfin sauveurs camouflés en tueurs.
Si d’un pas de plus, il ne s’était pas arrêté près d’un bosquet désert, le monde semblait avoir abandonné cette partie du parc, sauf peut-être une femme brune aux longs cheveux bruns. La peau légèrement hâlée et les yeux qui semblaient émerveiller par quelque chose que Zee ne trouvait pas autour d’elle.
Une touriste sans doute. Mais son accoutrement peu commun à New York lui fit penser toute autre chose sur l’instant. Ça devait être une de ces personnes qui se rendait à la Comic-Con, elle avait dû se perdre si c’était la première fois qu’elle venait. Il jeta son café vide dans une poubelle, avant de s’avancer à grands pas vers la demoiselle qu’il venait d’apercevoir. «
Eh ! M’dame ! » dit-il en espérant capter son attention, sans qu’il ne sache vraiment si elle se reconnaîtrait dans cette appellation, Zain n’était pas très doué pour les relations humaines, mais il était quelque peu altruiste et aider une touriste ferait de lui un bon-chrétien et un gentilhomme… Des bons points pour le Paradis en somme. Il arrivait enfin à sa hauteur en ajoutant. «
Vous êtes perdue ? Parce que je ne veux pas critiquer, mais avec un costume comme ça, ce n’est pas à la convention sur les films et les séries que vous vouliez vous rendre ? » Il eut un petit sourire en remarquant des répliques de bijoux, ou des vrais… Ça semblait être des vrais… Trop bien fait pour une simple cosplayeuse… «
En tout cas, votre costume est super réussi. » Si elle voulait de l’aide apparemment, il était prêt à en donner un peu aujourd’hui.