A Coffee ? | Flash-back [Sharon]

  A Coffee ?
Sharon Carter x Steven Rogers

Le journal était posé sur la table de la grande salle de réunion, mon regard posé sur la Une de celui-ci. Un projet de loi abandonné durant les années 2000, soit pendant mon sommeil glacé, semblait refaire surface depuis les événements de la Sokovie, nous impliquant nous les Avengers, ou du moins l’ancienne mouture de l’équipe. Cette loi consistait à enregistrer toutes les personnes à pouvoirs, et désormais, les politiques voulaient l’étendre pour toutes les personnes portant un costume, ce qui indiquait que les Avengers étaient également visés. Une espèce de chasse aux sorcières qui visait à réguler et surtout diriger les personnes hors du commun. Certains annonçaient même qu’un Avenger aurait déjà apporté son soutien à cette loi, sans pour autant apporter une indication sur le nom de cette personne. Je ne comptais pas chercher à savoir qui c’était, le nom ne tarderait pas à tomber, mais cette loi ne me disait rien qui vaille. Après avoir lu quelques lignes de plus, je jetais le papier sur la table, passant ma tête entre mes mains.

Je soupirais légèrement, me demandant ce que les choses allaient devenir si cette loi était votée. Si dans ma tête les idées étaient précises, je ne pouvais savoir celles des autres. La nouvelle équipe se mettait doucement mais sûrement en place, tous s’améliorant jours après jours. Rhodes améliorait un peu plus ses performances dans l’armure de War Machine, Sam effectuait de bon progrès en tant que Falcon, la Vision apprenait un peu plus chaque jours sur l’humanité ainsi que sur ses propres compétences. Enfin, Wanda, contrôlait un peu plus ses pouvoirs, tout en apprenant à ne pas s’en servir pour développer ses autres compétences. Je l’aidais du mieux que je le pouvais, essayant d’être un mentor pour elle. J’espérais une chose, que tout ce qu’on faisait pour eux n’allait pas voler en morceaux avec cette loi, si elle était votée un jour. Il y avait aussi les recherches de Bucky, qui me prenaient beaucoup de temps, avec souvent peu de résultats positifs.

Je me levais de ma chaise, choisissant d’aller faire un tour du côté de la salle d’entraînement où je pourrai évacuer ma frustration sur un sac de frappe, comme j’avais coutume à le faire. Vêtu pour l’occasion, je quittais la salle mais, voilà qu’en chemin, je fis une rencontre, et pas n’importe laquelle. Une personne que je ne pensais pas revoir de sitôt. Il faut dire que je l’avais connu sous plusieurs noms pendant la période pour laquelle je travaillais au SHIELD. Deux métiers aussi, mais le tout sous une couverture orchestrée d’une main de maître par Nick Fury. Je pensais avoir pour voisine Kate, une infirmière, alors qu’au final, elle se prénommait Sharon, ou agent 13, intégrée au SHIELD. Natasha m’avait dit de la rappeler après les événements de Washington, mais je n’avais pas eu le temps, étant engagé avec les Avengers pour détruire les derniers vestiges de HYDRA. J’ignorais ce qu’il était advenue de la jeune femme, mais de la voir présente dans les locaux du SHIELD m’étonnait. Je me rendais dans sa direction, un petit sourire sur les lèvres.

« Vous comptez  devenir la nouvelle voisine de palier d’un nouveau membre des Avengers ? Parce que si c’est le cas, je peux le conseiller. »

J’avais dit tout cela en arborant un sourire amusé, en repensant notamment à la fois où je lui avais proposé un café, dont la réponse avait été négative. Mais je la comprenais parfaitement, elle avait une mission à remplir et partager un moment autour d’un café n’était sûrement pas une bonne chose.

« Quel vent vous amène ici ? »

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STEVEN ROGERS X SHARON CARTER

C'était neuf, c'était beau, bien que moins grand que l'ancien quartier général et c'était peut-être mieux ainsi. Les nouveaux bâtiments du SHIELD, plus précisément le nouveau QG des Avengers, se voulait être un renouveau. Sharon voulait y croire, vraiment, mais elle n'avait toujours pas digéré la débâcle de Washington. Et son interlocuteur dû le lire sur son visage.
« ... et se serait un honneur d'avoir de nouveau parmi nous la nièce d'une des personnes qui ont contribué à la création du SHIELD. »
Sans le savoir, il venait de toucher un point sensible. Gardant un visage impassible, l'ex-Agent 13 se leva et tendit la main pour saluer l'homme avant de quitter le bureau.
« Je vais y réfléchir. Merci pour la visite. »

Elle traversa quelques couloirs pour regagner les ascenseurs et se retrouva dans un grand espace muni d'une baie vitrée. Dehors, on pouvait voir des militaires s'entraîner sous le soleil de l'après-midi. Quelques groupes couraient autour du terrain, d'autre en étaient aux pompes et autres tractions. Elle sourit devant cette scène et une envie d'aller les rejoindre pour se défouler s'imposa. Hélas, dans son état actuel, elle ne pouvait se le permettre. Elle était revenue d'une mission en Afrique il y a deux jours à peine, un franc succès qui lui avait quant même coûté quelques côtes fêlées, qui la faisaient grimacer rien que d'y penser, et un gros hématome sur la tempe qu'elle avait habilement caché sous une couche de fond de teint. L'habitude. Elle devrait attendre quelques jours avant de se remettre aux exercices intensifs.

Le regard perdu sur l'extérieur, elle repensa à l'entretien qu'elle venait de passer. Après la chute du SHIELD à Washington, elle avait décidé de rejoindre la CIA. Elle ne se voyait pas faire autre chose que se battre pour son pays, alors ce choix était l'évidence même. C'était aussi une façon d'oublier ce dégoût d'avoir donné six ans de sa vie à une organisation gangrené par l'Hydra, l'ennemi qu'ils pensaient combattre. Et après une année de salvation au sein de la plus grande agence d'espionnage du pays, voilà qu'on la contactait pour lui annoncer qu'un nouveau SHIELD était né de ses cendres. Elle aurait dû en être contente, mais c'était l'appréhension qui la hantait. Comment faire à nouveau confiance ? Elle devait y réfléchir avant de prendre une décision.

Elle se détourna de la baie pour reprendre son chemin vers la sortie quant elle tomba nez à nez avec une personne qu'elle ne pensait pas revoir de sitôt. Steven Rogers, le Captain en personne. Il était simplement vêtue, comme lorsqu'ils habitaient encore l'un à côté de chez l'autre, ce qui contrastait avec le tailleur qu'elle portait aujourd'hui. Le sourire qu'il  lui offrit eut le don de la distraire de ses doutes et la jeune femme répondit avec le même amusement.

« Ça dépend quels conseils vous leur donneriez, je suis vraiment curieuse de savoir »

Il y avait quelque chose de positivement contagieux chez cet homme et elle fut surprise de le voir plaisanter ainsi avec elle. La dernière fois qu'ils s'étaient croisés, et c'est bien le mot, l'échange avait été plutôt froid, comme s'il lui en voulait de ne finalement pas être cette gentille et innocente infirmière qui partageait son palier. Sans compter son appartement truffé de micros, ce qu'elle ignorait à l'époque, et l'annonce de la mort, fictive, de Nick Fury. Il avait eu de quoi être en colère et elle-même se souvenait de son propre désarroi face à toute cette histoire. Mais aujourd'hui, il était agréable de pouvoir discuter normalement avec lui.

« Et bien... On m'a fait une visite guidée, puis on m'a vanté les mérites du nouveau SHIELD, pour finalement me proposer un emploi. »

Une petite grimace accompagna ses derniers mots, expression de son incertitude sur ce dernier point.

« Ils doivent penser que je m'ennuie à la CIA. Et vous ? Vous vous plaisez dans ces nouveaux locaux ? »

  A Coffee ?
Sharon Carter x Steven Rogers

Je considérais vraiment cet endroit comme ma maison. J’y avais posé mes quartiers, une m’étant même mise à disposition. De toute manière, depuis Washington, je ne vivais que dans le QG des Avengers. Il y avait eu d’abord celui dans la Tour Stark où Tony nous avait aménagé à chacun un endroit pour satisfaire notre confort, et désormais ces nouveaux locaux fonctionnels et adaptés au développement des nouvelles recrues, qu’elles soient du SHIELD ou des Avengers. Il était agréable de pouvoir œuvrer dans un environnement sain, avec un SHIELD qui est propre et non gangréné par le venin de HYDRA. Depuis la mort du Baron Strucker, les membres de l’ancienne faction allemande semblaient s’être dispersés un peu partout dans le monde, se faisant désormais plus discrets. Ils n’en restaient pas moins dangereux, même si j’espérais qu’ils ne remontent pas à la surface de sitôt. Sans chef pour les guider, ils allaient naviguer dans le trouble, et connaissant leur soif de pouvoirs, ils s’entre-tueraient pour savoir qui deviendrait la nouvelle tête de proue de la faction. Moins je les vois, et mieux je me porte.

Je reste néanmoins aux aguets, on est pas à l’abri d’un énorme retournement de situation. Et ma dernière mission sur les traces de Rumlow m’a prouvé qu’ils savent encore plus se fondre dans le décor, dans des endroits dont on ne soupçonnait pas l’existence avant que certains agents du SHIELD ne découvrent les lieux pendant des missions de reconnaissance. Et si Rumlow était véritablement en vie, alors ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne refasse surface. Après tout, un bâtiment lui était tombé dessus lors de sa confrontation avec Sam, ce n’est pas rien. Je rejoins donc l’ancienne salariée du SHIELD après l’avoir aperçu, puis commence la conversation avec elle. La dernière fois que nous nous étions vus, c’était après « l’assassinat » de Nick Fury, alors que je me rendais dans le bureau de Pierce. J’avais été assez froid avec elle, comme si quelque part, je lui en voulais de m’avoir caché sa véritable identité, alors que ça faisait quelques temps déjà que nous étions voisins. Kate, l’infirmière, qui avait presque réussi à me faire oublier Peggy.

C’est pour cela que je l’avais appelé voisine, ne sachant pas sous quel nom l’appeler. Pas un regard, un ton froid et dur dans mes paroles qui témoignait de la tension qui régnait dans le SHIELD. Et ce n’est pas comme si Fury m’avait dit de me méfier de tout le monde, de ne faire confiance à personne. Sharon a donc été une victime collatérale des paroles de l’ancien directeur de l’agence non gouvernementale. En tout cas, la jeune femme n’avait pas changé. Visiblement, la CIA lui avait bien réussi, mais je m’étonnais quand même de la voir dans les locaux. Après des premières paroles teintées d’un soupçon d’amusement. La réponse, sous forme de question, de Sharon m’arracha un petit rire.

« Et bien…je lui dirai de ne pas proposer de café en échange de l’utilisation de sa propre machine. De proposer ça pour obtenir un rendez-vous, c’est vraiment pas une bonne idée. »

Fini le ressentiment que j’avais pu avoir envers elle pendant la période trouble du SHIELD, ce temps étant désormais révolu.  J’étais en tout cas étonné de l’entendre dire que les nouveaux responsables de l’agence lui avaient proposé un emploi. Elle ne devait sûrement pas s’ennuyer à la CIA, bien que j’ignorais ce qu’il s’y trafiquait là-bas. Sa grimace me fit comprendre qu’elle semblait  bien dans son métier, et que la proposition qu’elle avait la faisait douter.

« Vous semblez hésitante, vous voulez en parler ? »

Peut-être qu’elle avait quelques questions sur le nouveau fonctionnement, bien qu’ils lui aient fait une visite guidée des nouveaux locaux. S’ennuyer à la CIA ? J’en doutais fortement, mais s’ils la rappelaient, ce n’était certainement pas pour rien. Sa réponse m’arracha un sourire amusé, puis ce fut à moi de répondre.

« Visiblement, ils pensent encore à vous ici. Et ces nouveaux locaux me plaisent bien. C’est surtout l’espace autour du bâtiment qui est plaisant, c’est moins étouffant que New-York. »

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STEVEN ROGERS X SHARON CARTER

A l'époque, Sharon s'était souvent demandée à quel moment elle avait baissé sa garde. A quel moment s'était-elle montrait trop amicale, trop familière, pour que le Captain tente tout à coup de se rapprocher d'elle. Les directives de la mission étaient pourtant très simples : emménager à côté du soldat pour assurer sa protection en toute discrétion. Ainsi, elle avait joué la voisine amicale tout en gardant une certaine distance. Mais à quel moment cela avait dérapé ? A quel moment c'était-elle montré trop accessible ? Un ensemble de petits riens sûrement, qui mis bout à bout lui avait fait découvrir l'homme au-delà du soldat et donné envie d'en découvrir plus. Elle s'était même surprise à apprécier cette invitation, même si ce n'était pas grand chose. Seulement un café. Cependant, c'était déjà trop pour une situation où elle n'aurait pas dû attirer son attention. Voilà pourquoi elle n'avait jamais été à l'aise avec ce genre de mission, il fallait jouer sur les nuances alors qu'elle était du genre direct.

« Non, c'était une belle tentative. Un peu old school, mais c'est ce qui fait le charme d'un vieillard tel que vous. »

Elle plaisantait, le taquinait un peu pour ne pas que cette situation ne devienne plus awkward qu'elle ne l'ait déjà. Parce que c'est toujours un peu gênant quand quelqu'un vous rappelle que vous l'avez éconduit.

« J'avoue que je ne m'y attendais pas, vous m'avez prise au dépourvu. Quand je me suis préparée à cette mission, je n'aurais jamais pensé que vous feriez ça. Mais... en d'autres circonstances j'aurais accepté. »

Elle ne pouvait pas être plus honnête que maintenant, elle n'avait aucune raison de mentir ou de jouer un rôle. A cet instant, elle était Sharon Carter, ni plus ni moins, se demandant même s'il connaissait sa véritable identité.

Elle l'étudia un instant, réfléchissant à sa proposition, qu'elle aurait d'ordinaire décliné. Encore. Elle se confiait qu'à de très rare personne, un cercle restreint qui s'était rarement agrandit aux fils des ans. Et lorsque cela concernait le travail, c'est vers sa tante qu'elle se tournait. Quoi de plus normal que de se confier et demander conseil auprès de celle qui lui avait inspiré son choix de vie. Et même si Peggy Carter perdait petit à petit la mémoire, ses rares moments de lucidités étaient encore emplis de précieux conseils. Cependant, Sharon n'avait pas eu cœur de lui raconter ce qu'il s'était passé à Washington. Elle ne pouvait décemment pas lui révéler que ce qu'elle avait passé toute une vie à construire, était maintenant tombé en ruine à cause de l'ennemie. L'espionne n'aurait pas supporté de lire la déception et le désarroi dans les yeux de son héroïne, même si elle aurait oublié ses informations quelques heures après. Alors elle avait gardé tout ce ressentiment pour elle, sans jamais en parlé à personne, et maintenant qu'on lui proposait de revenir, elle était incapable de faire de nouveau confiance. Mais peut-être qu'il comprendrait, lui qui partageait les mêmes valeurs que celle de sa tante et les siennes. Peut être qu'il trouverait les mots justes, ceux qui l'aideraient à faire le tri dans ses appréhensions. Elle inspira, comme pour prendre une bouffée d'air avant de sauter à l'eau et laissa couler les mots.

« Intégrer le SHIELD, c'était important, significatif. Un membre de ma famille y a travaillé, a contribué à le créer, donnant du temps et de la sueur pour en faire quelque chose de bien. J'ai voulu suivre ses traces, j'ai donné six années de ma vie à parcourir le monde pour différentes missions qui étaient censées le rendre meilleur. Et tous ses sacrifices pour finalement apprendre que l'on ne faisait que travailler pour l'ennemi. On aurait dû s'en apercevoir plus tôt, on aurait dû le savoir. J'ai l'impression de ne pas avoir été digne de l'héritage que nos prédécesseurs nous ont légué et je ne veux pas refaire la même erreur. Qu'est ce qui nous dit que ce SHIELD est réellement de confiance ? Comment y croire ? »

Et elle souffla, comme si elle avait retenu sa respiration pendant toute cette tirade, et relâcher une pression qu'elle n'avait pas sentie avant qu'elle ne s'en libère. Même si ça ne l'avançait pas pour autant, elle se sentait déjà un peu mieux. Mais elle ne pût réprimer un rire amer à la dernière remarque du Captain.

« Je suppose que c'est parce qu'ils me font confiance. Le tout est de savoir si je peux en faire de même... »

Son regard ce tourna vers la baie où l'on voyant encore les soldats s'entraîner. Elle sourit comprenant très bien le ressentit de l'homme à ses côtés.

« Je vois ce que vous voulez dire. Ce n'est pas pour rien que je préfère les missions de terrain. »

  A Coffee ?
Sharon Carter x Steven Rogers

Je ne pouvais m’empêcher de repenser à ce moment maladroit qui m’avait poussé à demander à Sharon, Kate à l’époque, de partager un café avec moi contre l’utilisation de ma machine. Cela ne faisait que confirmer le maladroit benêt que j’étais. Une preuve supplémentaire que même soixante-dix ans après, je ne savais toujours pas m’adresser correctement à une femme. Ca me rappelait la première véritable discussion que j’avais eue avec Peggy, dans cette voiture qui nous emmenait en direction du laboratoire dans lequel l’expérience allait être menée sur moi. Dans le quartier de Brooklyn, je lui avais montré les quartiers dans lesquels je m’étais fait tabasser à plusieurs reprises, lui demandant par la suite comment une poupée comme elle s’était retrouvée à l’armée. Oui, j’avais bien utilisé le terme poupée, et m’en étais excusé directement auprès d’elle en voyant le regard qu’elle me lançait. Quand je vous dis que je ne sais pas m’adresser à une femme ? D’ailleurs, la jeune femme me fait remarquer à juste titre ma méthode un peu old school, non sans me faire un compliment. Si je restais sur l’amer souvenir d’un refus, que je trouvais encore une fois compréhensif, Sharon m’indiqua par la suite que dans d’autres circonstances, elle n’aurait pas refusé.

« Il faut dire que je n’ai jamais été vraiment doué pour parler aux femmes. » avouais-je à l’employée de la CIA, un sourire un brin amusé par la situation. « Je comprends la situation, quand on est focalisé à cent pour cent sur une mission, il est difficile de voir ce qu’il y a autour. »

Oui, pendant cette même période où le SHIELD me traquait par le biais de Pierce, et Natasha qui essayait plus ou de me séduire. Un baiser avait même été échangé, celui-ci dans le but de faire regarder ailleurs à Rumlow dans l’escalator. Je me souvenais parfaitement du terme utilisé par l’espionne ruse. Les effusions amoureuses en public rendent mal à l’aise les gens autour. Décidément, j’avais le don de recevoir des baisers dans des situations qui ne s’y prêtaient guère. Entre la secrétaire de l’armée qui voulait me « remercier » d’avoir sauvé des soldats, celui avec Peggy avant de sauter dans l’avion de Crane Rouge et donc celui avec Black Widow, on pouvait dire que j’avais le don de ne pas trop choisir mes moments de tendresse. J’avais demandé à la jeune femme son ressentit par rapport à la proposition du SHIELD de l’embaucher à nouveau. J’écoutais donc le récit de Sharon, comprenant son désir de vouloir être digne de cette personne qui avait aidé à fonder l’agence non-gouvernementale. J’appréciais sa volonté de vouloir faire ce qui est juste dans une entreprise où la corruption n’existait pas, où HYDRA n’usait pas de ses tentacules pour utiliser le monde dans le plus grand secret. Et c’était fort logique, surtout après ce qu’il s’était passé à Washington. Son souffle à la fin de sa phrase me fit hausser un sourcil, comme ce qu’elle venait de dire la soulageait, comme si elle retenait ces mots depuis un long moment.

« Je vous dirais bien de penser l’inverse, mais ça serait vous mentir. Quand j’ai rejoint le SHIELD, je l’ai fait en parti à cause d’une personne qui y avait contribué également. Je ne pense pas qu’on aurait pu s’en apercevoir plus tôt. La seule chose à faire aurait été de ne pas collaborer avec les scientifiques, docteurs et autres têtes pensantes de HYDRA. Une erreur fatale qu’ils n’ont pas été capables d’apercevoir à temps. Et je suis sûr que vous avez été digne de son héritage, il ne faut pas douter dessus. Quant à savoir si ce nouveau SHIELD est de confiance… Je pense qu’on peut lui laisser le temps de faire ses preuves, mais de ce que j’en ai vu, pour être au plus près tous les jours, je peux vous assurer que cette fois, HYDRA n’est plus là du tout. »

Je n’essayais pas d’influencer son choix ou quoi que ce soit d’autres, juste donner mon ressenti par rapport à cette situation. Ses interrogations étaient légitimes, surtout après ce qui s’était passé deux années plus tôt. La confiance est primordiale dans ce genre d’infrastructures. De savoir que l’on peut compter sur nos coéquipiers proches ou des soldats que l’on ne connaissait que depuis le briefing de la mission était une chose importante, vitale. Je tournais à mon tour la tête vers la baie, observant en silence les soldats continuer leur entraînement. Il m'arrivait par moment de les rejoindre et de partager leurs exercices.

« C’est à vous de voir si vous pouvez, je pense qu’ils méritent une chance. » ajoutais-je. « Il n’y a rien de mieux que le terrain, de ressentir l’adrénaline dans un moment difficile. C’est grisant, et même si on savoure le repos, on ne peut se passer de ça. »

Avec l’idée que j’avais en tête, je baissais légèrement la tête avec un sourire amusé, me demandant si c’était une bonne idée ce que j’allais lui proposer.

« Au risque de paraître téméraire…que diriez-vous de continuer cette conversation autour d’un café ? Promis je ne propose pas de machine ou autre chose en retour. Mais je peux vous assurer que la cafetière de notre cuisine est fonctionnelle. »

Je proposais, elle pouvait accepter comme refuser, mais la discussion était déjà plus longue que sur le pas de la porte ou dans mon appartement avec un Fury touché par balles.

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STEVEN ROGERS X SHARON CARTER

Entendre Steve Rogers dire qu'il n'était pas doué avec les femmes fit sourire Sharon. Ce n'était pas une nouveauté, elle était déjà au courant depuis bien longtemps. Bien avant qu'elle ne le rencontre sous le nom de Kate l'infirmière et bien avant qu'il ne soit sortie des eaux glacées de l'Arctique. Sa tante avait déjà pris un grand plaisir à lui raconter les maladresses du héros national, s'amusant qu'un soldat aussi fort et valeureux au combat puisse être un piètre séducteur. Mais c'est ce qui faisait son charme disait la vieille femme et Sharon en était rapidement arrivé à la même conclusion. Vivre à ses côtés comme elle l'avait fait, l'espionner, d'une certaine manière, c'était voir en vrai ce qu'elle savait déjà, tout en en découvrant un peu plus. En fait, elle se trouvait, presque injustement, dans une position bien avantageuse par rapport à lui. Steve ne connaissait rien d'elle, pas même sa vrai identité, de ce qu'elle pouvait en déduire par son attitude envers elle. Tandis que la jeune espionne en savait bien plus sur lui que ce que l'Histoire racontait. Bien qu'elle trouvait un côté amusant à cette situation, elle n'avait pas envie de mentir plus longtemps. Pas à l'homme qui lui inspirait ce respect inconditionnel. Elle se contenta de hocher la tête à ses paroles, tout en se disant que, oui, il fallait qu'elle lui révèle qui elle était. Mais pas tout de suite. Pour le moment elle avait égoïstement besoin d'écouter ses conseils.

Elle se souvenait de ses débuts sur le terrain, lorsque l'hésitation s'imposait sur la manière de faire, la manière d'atteindre son objectif. Il est facile pour les espions de s'égarer sur les chemins les plus sombres et pour ne pas perdre cette moralité qu'elle s'était imposée, Sharon se posait autrefois cette question  : « Que ferait le Captain ? ». C'était seulement durant les premières années, car avec le temps elle avait appris à faire les bons choix, les siennes, sans même s’interroger. Quitte à désobéir à la hiérarchie, du moment que le travail était fait. Peut-être était-il temps de réutiliser cette formule ? Ainsi, elle l'écouta. Attentivement. Son cœur se gonfla de fierté quand il parla de la personne qui l'avait aussi poussé à rejoindre le SHIELD. Car elle savait de qui il parlait. Elle savait qui était cette femme pour l'admirer autant qu'il devait le faire. Cette résistante anglaise qui l'avait accompagné et soutenu durant la Grande Guerre. Puis son regard s'assombrit quand il parla des scientifiques de l'HYDRA. Elle ne pouvait qu'adhérer à ce qu'il disait. Elle n'avait jamais compris comment une agence qui avait la méfiance dans la peau avait pu faire confiance à des membres ennemis. Avant la création du SHIELD, le SSR s'était déjà fait avoir de cette façon par les Russes. N'apprenaient-ils donc pas de leurs erreurs ? Et malgré tout, Steve semblait y croire, croire en ce renouveau. Finalement, tout deux suivaient des chemins parallèles tracé par la même personne, avec cette même volonté de défendre ce qui était juste. Peut-être était-il temps de croiser leurs chemins ? Elle médita un instant sur les paroles de l'homme à ses côtés et pris bien soin de choisir ses mots. Puisque que d'une certaine façon, elle livrait une part d'elle-même.

« Vous savez, quand on travaille dans l'espionnage, la première règle qu'on nous apprend est de ne pas faire confiance. Si vous saviez le nombre de fois où Nick Fury m'a fait la leçon quand j'ai commencé. Alors j'ai passé ma vie d'agent à ne plus croire en personne, sauf en quelques rares exceptions. Et vous faites partie de ces exceptions. Ça doit vous paraître étrange, parce qu'on ne se connaît pas, mais ces valeurs que vous défendez, j'ai grandi avec. Donc si vous y croyez, si vous leur faites confiance, oui, peut-être que le SHIELD mérite une deuxième chance. »

Après le ton sérieux qu'elle venait d'employer, elle se permit un petit sourire en ajoutant : « Mais j'ai bien dit "peut-être" » Car elle ne pouvait prendre une décision dans l’immédiat. Cela nécessitait encore une soigneuse réflexion avec elle-même, une bière et un burger. Mais au moins, certaines appréhensions s'étaient quelques peu dissipées.

Tout en regardant les soldats qui s’entraînaient dehors, il décrivit parfaitement en quelques mots ce qu'elle ressentait lors de ses missions. Ce besoin d'adrénaline, qui rendait le repos encore plus appréciable. Parfois elle se demandait si elle était normale de préférer cette vie à celle d'une famille bien rangée. Mais visiblement, elle n'était pas la seule avec se penchant. Puis elle le vit baisser la tête, un sourire aux lèvres, mais l'air... hésitant ?

« Au risque de paraître téméraire…que diriez-vous de continuer cette conversation autour d’un café ? Promis je ne propose pas de machine ou autre chose en retour. Mais je peux vous assurer que la cafetière de notre cuisine est fonctionnelle. »

Décidément, il avait le don de la surprendre. Encore une fois elle ne s'y attendait pas, pensant l'avoir refroidit à ce sujet. Toujours aussi maladroit, l'allusion à la machine lui aurait arraché un sourire si elle ne s'était pas retenue. A la place, elle fronça les sourcils d'un air gêné et contrarié. Elle avait déjà sa réponse, une réponse évidente.

« Et bien... »

Elle évita ouvertement son regard, lui préférant le sol qui semblait fort intéressant.

« Je ne sais pas... Ça me parait compliqué vous savez... Je... »

Allez savoir ce qu'il pouvait bien s'imaginer. Elle relava les yeux pour voir son expression et n'eut pas cœur à continuer cette comédie plus longtemps. Elle lui sourit franchement.

« Au risque de paraître tout aussi téméraire, je ne vois aucune raison de refuser. Mon vol pour Langley est dans six heures, alors j'ai le temps pour un café, un verre, un dîner. »

Il s'était déjà lancé tout seul, alors elle pouvait bien l'aider un peu dans ce gentil flirt qui n'avait rien de bien méchant. Mais avant ça, elle devait lui dire, pour partir sur de bonnes bases.

« Mais peut-être devrions-nous recommencer depuis le début. »

Sans le quitter des yeux, elle lui tendit la main pour se présenter.

« Je suis l'Agent Carter. Sharon Carter. Enchantée de faire votre connaissance. »

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Sharon Carter x Steven Rogers

Nick Fury et ses conseils. L’ancien directeur du SHIELD savait les prodiguer à qui voulait l’entendre, ou non d’ailleurs. Combien de fois je m’étais prit la tête avec lui concernant les missions qu’il me donnait ? Faire ceci, faire cela, le tout sans broncher une seule fois sous peine de prendre des remontrances. Si je n’étais pas d’accord avec la plupart de ce qu’il pouvait dire ou faire, je ne pouvais que reconnaître l’importance de cet homme depuis mon réveil. C’est lui qui m’avait proposé de m’acclimater à cette nouvelle époque à mon rythme en me proposant le Refuge, un petit cabanon coupé du monde au milieu des bois. Un lieu dont j’ignorais à quoi il ressemblait aujourd’hui, et surtout s’il avait été utilisé à nouveau pour quelqu’un dans le besoin. C’était également Nick qui m’avait recruté pour rejoindre le Projet Initiative des Avengers, en venant me chercher à Brooklyn, dans la salle de sport dans laquelle je passais la plupart de mon temps. J’avais troué énormément de sacs de frappes du fait qu’à chaque fois que je tapais dedans, perdu dans mes pensées, ressassant sans cesse les souvenirs d’une guerre qui avait fait du mal.

Enfin, pendant la crise de confiance du SHIELD, il m’avait montré le projet ‘’Insight’’, pensant que j’allais approuver des méthodes d’un autre temps. Finalement, même si nous étions souvent en désaccord, il avait toujours réussit à me surprendre, notamment pendant le conflit en Sokovie lorsqu’il débarquait aux manettes d’un héliporteur du SHIELD. Moi qui pensais qu’ils étaient tous non-opérationnels après les destructions à Washington, me voilà surpris. Avec Natasha, il nous laissait prendre en charge la nouvelle mouture des Avengers. Si sa présence n’était pas nécessaire, j’appréciais les moments où il débarquait pour nous soutenir alors que tout va mal. Les mots de Sharon ont le don de me faire plaisir, surtout quand elle dit me faire confiance. Pourtant, avant cette discussion, nous n’avions jamais véritablement discuté. Un bonjour, un bonsoir quand on se croisait sur le palier, et c’est tout. Je lui adresse donc un sourire quand elle déclare qu’elle donnerait une seconde chance à l’agence non-gouvernementale, peut-être.

Je ne peux m’empêcher de ressentir un sentiment de fierté de savoir que des personnes tentaient de garder les valeurs que j’essayais de prôner à travers le monde, ou à travers les époques dans laquelle j’avais vécu. Cependant, je n’étais plus trop convaincu que ses valeurs soient encore défendues aujourd’hui, dans une période où le gouvernement songeait à contrôler l’activité des Avengers tout en voulant intégrer une puce aux personnes possédant des dons.

« Je ne crains que ses valeurs ne soient plus vraiment utiles aujourd’hui. Les mentalités ont bien trop changé pour prétendre défendre quoi que ce soit. »

Je perdais mon regard à travers la grande baie vitrée, mes yeux scrutant l’entraînement des soldats du SHIELD. Après quelques instants à me demander si une nouvelle invitation était une bonne idée, je me lançais une bonne fois pour toute. Je n’avais plus grand-chose à perdre désormais, espérant secrètement que cette fois-ci, la jeune femme allait accepter ma proposition. Si je ne montre rien, je n’en pense pas moins. J’ai l’impression de me retrouver à l’adolescence, où je tentais parfois de faire comme Bucky à demander comme ça, sur un coup de tête. Les multiples râteaux que je recevais finissaient de me convaincre qu’au lieu de tenter de me caser dans l’immédiat, je préférais attendre la bonne partenaire. D’ailleurs, quand je la disais à mon meilleur ami, celui-ci n’arrêtait pas de se moquer de moi. Mon côté fleur bleu cherchant le grand amour contrastait avec le sien plus charmeur, profitant des occasions pour attirer les plus belles vers lui.

Pourquoi j’appréhendais tant que ça sa réponse ? Peut-être que j’espérais bel et bien qu’elle dise oui. Natasha m’avait poussé à l’appeler après les événements de Washington, mais la recherche de Bucky et mon retour avec les Avengers avaient repoussé cette demande. Je la regarde baisser son regard vers le sol, étant scotché à ses lèvres pour un simple oui, ou un simple non. Lorsque le mot compliqué sort, je me dis que c’est cuit. Enfin, après une légère attente, Sharon m’annonça qu’elle acceptait, son vol pour Langley n’étant que bien plus tard dans la journée. Je ne peux m’empêcher d’afficher un sourire, qui pouvait paraître niais sur l’occasion. Mais avant que je ne puisse ajouter quoi que ce soit d’autre, elle reprit la parole pour me dire quelque chose, me décliner son identité entièrement. Du moins son nom de famille en plus. Et je dois dire que…la surprise était forte, inattendue. Le nom de Carter. Bon, il pouvait y avoir des milliers de Carter à travers le pays, mais ce nom ayant une forte signification pour moi, il ne peut pas être une simple question de hasard.

« Vous avez dit Carter ? », lui demandais-je, oubliant au passage les bonnes manières en me présentant à mon tour. Le nom m’abasourdi alors même que je n’ai aucune indication sur le lien éventuel de parenté entre les deux femmes. Mon regard pleinement surprit et interrogateur trahit la surprise que je ressens. En même temps, elle m’a déclaré un peu plus tôt qu’elle s’était enrôlée au SHIELD parce qu’une personne de sa famille avait contribué à la création du groupe. Il ne pouvait en être autrement. « Excusez-moi…Steve Rogers, ravie de faire votre connaissance également. »

Je marque une pause, la question me brûlant beaucoup trop les lèvres pour pouvoir la laisser en suspend aussi longtemps.

« Vous êtes de la même famille que Peggy ? »

©D0oul