Philosophons sur l'oeuf qui a fait la poule en premier - Feat Jack

Il arrive parfois d'avoir de mauvaises journées, ou simplement des moins bonnes que les autres, c'est plutôt comme ça qu'il faut voir les choses, parce que finalement, je ne suis pas trop à plaindre. Je gagne bien ma vie, mais pour une fois, une affaire visiblement simple s'était révélée plus compliquée que cela, bien plus compliquée, puisqu'elle englobait de plus grandes variables que prévues. Une disparition, cela arrive parfois, surtout quand il s'agit de personnes étant âgées de 15 ou 16 ans. Une fugue, c'est ce que l'on pourrait croire malheureusement, parfois les choses ne sont pas aussi simple que ça. Et pour cette adolescente, cela y ressemblait grandement. Ces parents étaient venus me trouver parce que leur fille n'était pas revenue à la maison trois soirs de suite et qu'ils n'avaient pas de nouvelles de celle-ci. Ils auraient du aller voir la police, ils auraient sans doute pris en considération cette disparition, mais visiblement les parents n'étaient en très bon termes avec celle-ci, pour des raisons que je n'ai pas spécifiquement demandées. Je leur ai cependant posés quelques questions pour savoir si cette disparition était simplement une fugue ou un enlèvement parce que bon, c'est quand même étrange. Si cela avait été un enlèvement, il y aurait eu sans doute une demande de rançon, mais pour le moment, il n'y avait rien de cela, donc ça n'y ressemblait pas, même si je n'écartais pas cette option là pour le moment. J'avais donc suivi quelques pistes, quelques indications que les parents m'avaient donnés mais j'étais tombé sur des impasses, cette jeune femme semblait s'être volatilisé complètement. Bref, je n'arrivais pas à avoir cette affaire en main, et cela ne me plaisait pas. J'avais besoin d'une petite pause, et je me rendais dans un bar du Queens puisqu'en suivant la dernière piste que j'avais sous la main, j'étais arrivée dans ce quartier là. Je rentrais dans le premier bar qui me tombait sous la main, il devait être aux alentours de 20h, autrement dit, il y avait un peu de monde mais pas trop non plus. Je m'accoudais au comptoir et demandait une bière, pour commencer.

Je n'avais même pas fait attention qui pouvait être là pour tout vous dire, je l'avoue bien bas, parce que je m'en fichais. Je n'avais aucune habitude ici dans ce bar du Queens. Je ne suis pas forcément habituellement dans ce coin là de la ville mais mon affaire avait fait en sorte que ce soit le cas. J'étais donc rentrée à l'intérieur avec une tête des mauvais jours, et cela semblait se voir vu la question du jeune homme à mes côtés. D'ailleurs, il me semblait bien jeune pour être ici, il n'avait pas les vingts et un ans requis, j'en mettrais ma main au feu, mais qui étais-je pour le dénoncer ? Si le barman lui donnait de l'alcool c'était qu'il avait vérifier, n'est ce pas ? Oui, sans doute, mais je lui ferais une petite remarque dans le doute, histoire de voir sa réaction. Je verrais donc bien s'il se sent grillé ou pas, mais je sens que ça sera le cas. Je décide donc de lui répondre.

" En effet, rude journée. Comme la tienne petit bonhomme je suppose. D'ailleurs, ça me surprends de te voir avec une bière entre les mains. "

Et mon regard se faisait légèrement moqueur, juste ce qu'il faut pour qu'il comprenne que j'avais compris qu'il n'était pas aussi vieux que ça. Mais bon, il pouvait faire jeune pour un jeune homme de 21 ans après, tout, n'est ce pas ? Moi, j'allais sur mes trente ans bientôt. Le temps passe si vite, je me revois encore à son âge en train de feinter les barman et tout ce qu'il fallait pour avoir droit ne serais-ce que de boire une petite bière. Je souriais de ces souvenirs là, parce que finalement, ils étaient bousculés par d'autres pas forcément très joyeux, très enthousiasmant, mais c'est comme ça. Je préfère encore me dire que tout va bien dans le meilleur des mondes même si je sais que ce n'est pas le cas, notamment à cause de ce fichage des mutants. D'ailleurs, est ce que j'avais en face de moi un mutant, ou pas ? Je n'étais pas capable de reconnaître un mutant, mais peut être était-il un confrère de gêne, allez savoir. Mais je me voyais mal aborder la question comme ça, de but en blanc. Je finissais donc de boire ma bière et sans le faire exprès, je faisais tomber mon verre en direction du sol, le rattrapant avec un réflexe improbable, surhumain, avec une rapidité qui dépassait la rapidité dont je devrais pouvoir faire preuve. Je ne disais rien du coup, et remettait le verre sur le comptoir, l'air de rien.

Visiblement, il n'avait pas l'âge requis pour boire ce qu'il avait entre les mains, mais je pouvais le comprendre. Qui n'avais jamais tenté le coup ? Moi, je l'avais fait, et j'avais réussi celui-ci avec ou sans fausse carte d'identité d'ailleurs, mais cela avait-il de l'importance ? Après tout, n'étais-ce pas lui qui avait commencer notre conversation ? Bon, pour le moment, celle-ci n'était guère avancée, je dirais même qu'elle ne rime à rien, mais j'allais lui donner de quoi faire, de quoi parler, en plus de son jeune âge. Je lui souriais, il était encore un gamin, il s'amusait à jouer aux grandes personnes. Je ne savais cependant pas s'il allait avoir le courage d'aller plus loin dans la conversation, s'il allait osé me faire des remarques, mais il n'avait pas froid aux yeux, sinon, il ne serait pas là en train de siroter un peu d'alcool à la vue de tous. Je finissais mon verre, le faisant tomber plus ou moins malencontreusement mais je rattrapant bien vite, plus vite que la normale, plus vite qu'un simple humain. Il ne manqua pas de m'en faire la remarque mais ceci de façon plus ou moins détournée, sans parler de ce qui venait de l'étonner. Cela me fit sourire alors que je demandais une autre bière au barman qui me servit presque immédiatement.

" Des choses plus surprenantes dis-tu ? Quelles genres de choses ? "

Je souriais à ces deux questions, j'allais voir s'il allait tourner autour du pot ou pas en fonction de sa réponse. Il ajouta même que la vie était plutôt compliquée de nos jours ce qui me fit sourire d'avantage.

" Toi qui est si jeune, qu'est ce que tu connais de la vie pour dire qu'elle est plutôt compliquée en ce moment ? "

Je comprenais pourtant bien là où il voulait en venir, très bien même, mais je voulais voir s'il allait me répondre ouvertement, ou s'il allait encore passer par des chemins détournés.

Ce gamin était quand même observateur, je ne pouvais pas le nier. Mais que savait-il vraiment de la vie, de ma vie ? Rien, il ne savait clairement rien du tout même, mais il avait vu des choses différentes que ce que le commun des mortels pouvait faire. Nous en venions donc à parler de ces mutants. J'en étais une, et je mettrais ma main à couper que lui aussi avait quelques tours dans son sac. Pourtant, il semblait s'efforcer de ne pas s'inclure dans le lot, comme s'il n'en était pas un, mais je n'étais pas dupe sur son âge, et donc sur ces capacités. Il devait avoir 18 ou 19 ans sans doute mais je n'étais pas là pour faire la police. Il me parla donc des choses que les politiques pouvaient dire pour influencer les gens, et je comprenais en lisant à travers les lignes qu'il me parlait notamment du registration act. Mais je ne disais rien de plus pour le moment. Il me parla alors de vinyles. Qu'est ce que cela venait faire dans la conversation ? Je ne saurais dire, mais cela semblait le concerner, peut être que c'était le métier qu'il s'était trouvé pour le moment, qu'il venait des vinyles, des disques mais que plus personne n'en achetait. Je souriais à cette remarque.

" Plus personne n'achète de vinyles parce que c'est dépassé pour la plupart d'entre nous. A part les DJ, je ne crois pas que les gens achètent encore vraiment ce genre de choses. "

Je ne disais donc rien à propos de cette vie possiblement compliquée. J'attendais de voir ce qu'il allait me dire de plus que cela. Il me demanda alors si j'avais d'autres capacités ce qui me fit rire. Il avait rapidement craqué, à cause d'une curiosité "infantile" presque trop grande. J'allais donc lui retourner la question sans répondre, pour le moment à la sienne.

" Et toi, de quoi es-tu capable ? "

Et je souriais, largement, buvant une gorgée de mon verre comme pour lui faire comprendre que je savais à qui j'avais à faire, sans en avoir une pleine certitude pour le moment. Il devait pourtant se douter que j'avais une idée derrière la tête.