Let's the Winter meet the Frost [ PV Ft. James B. Barnes]

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♠ Let's the Winter meet the Frost ♠

Loki Laufeyson
&
James B. Barnes

Pour une fois, la nuit était encore jeune lorsque Loki arriva sur Midgard après sa longue et ennuyeuse journée de travail.
Il n'avait aucun plans pour la soirée, et avait grand besoin de distraction, une distraction un peu plus vivante que la lecture.

C'est après avoir flâné dans les rues animées de New-York pendant une dizaine de minutes que le dieu s'était arrêté devant un établissement, dont la devanture était éclairée par des néons de diverses couleurs. Une bonne vingtaine de personnes, trop peu vêtue pour la température actuelle, faisaient la queue à l'extérieur et c'est par petits groupes que deux hommes en costumes et plutôt en bonne forme physique les laissaient entrer.

Évidemment, le dieu était intrigué, et évidemment, il n'allait pas patiemment faire la queue parmi les mortels pour demander à entrer. C'est d'un pas tranquille qu'il se glissa dans la ruelle qui jouxtait le bâtiment, et traversa le mur de celui-ci dans un rayonnement émeraude.

La langue d'argent passa ainsi à travers ce qui semblait être les vestiaires, pour enfin se retrouver à l'intérieur... Et bien, de ce qui semblait-être un club. Beaucoup de filles peu vêtues et d'hommes excités qui se frottaient les uns contre les autres sur le rythme d'une musique assourdissante. La luminosité faible, les jeux de lumières et de lasers, agressif, tout ce qu'aimait Loki en somme...

Il était néanmoins prêt à faire des exceptions. Après tout, ce n'était pas tous les jours que le dieu des mensonges allait en boite sur Midgard. La tranquillité des grandes salles du palais allaient finir par le rendre fou. Il était bien trop occupé à jouer la couverture parfaite pour semer la discorde autour de lui, et Asgard vivait ainsi dans une tranquillité relative.

Il fallait bien décompresser un peu de temps à autres. Après un rapide coup d'oeil autour de lui, Loki, qui était adossé au mur, opta pour une tenue plus légère, faisant disparaître sa veste de cuir ainsi que son sweat-shirt vert olive pour laisser place à un top de la même teinte, fendu de quelques centimètres en bas de chaque côté de sa taille, et lacé par un deux cordons de cuir brun, qui s'entrecroisaient pour laisser apparent quelques parcelles de la peau claire du sorcier.

La coupe de son jeans sombre se fit plus serrée, et au final, seules ses bottes noires restèrent ce qu'elles étaient. Il avait adopté une taille plus courte qu'à l'origine, un mètre soixante-dix, soixante-quinze peut-être, mais pas plus.
Il attirait beaucoup moins l'attention ainsi, et dans la finalité des choses, ce n'était pas spécialement dépaysant, proportionnellement parlant.
Loki était grand pour la plupart des humains avec son mètre quatre-vingt treize, pour les Ases cependant, il ne l'était pas particulièrement.

Le dieu de la malice avait rapidement fait le tour des quelques salles de la discothèque, avant de choisir le rôle qu'il jouerait dans sa première partie de soirée. Un ou deux tours de passe passe plus tard, et Loki était derrière le bar, à servir des cocktails, pendant que le barman, ligoté, bâillonné et une lame pressée sur la carotide lui dictait mentalement les recettes et la manière de procéder.

Loki avait l'esprit vif et apprenait rapidement, l'employé du club n'eut à lui répéter aucun dosage, aucune recette. Marguarita, Daiquiri, Mojito, Pink Lady, Americano, Tequila Sunrise, Jäger bomb, Piña Colada, Blue Lagoon, Sex on the beach, tant de noms créatifs qu'il associait à présent à des boissons toutes plus colorées les unes que les autres.
Le blond qui tenait le bar une quinzaine de minutes plus tôt lui devint vite inutile et le sorcier l'endormi donc d'un geste de main, avant de pousser du pied son corps inerte dans l'angle du bar, caché aux yeux des clients, au milieu des cartons qui contenaient les verres usagés.

Débarrassé du gêneur qui ne l'avait fixé que trop longtemps de ses yeux de merlan frits, le dieu pouvait se détendre et c'est donc tout naturellement qu'il se servit un à un les différents cocktails et shooters proposés sur la carte, entre deux services. Cette soirée serait consacré à la découverte de la culture Midgardienne, disons-le ainsi.
Les minutes et les heures s'écoulaient, Loki avait passé en revue la population de l'endroit et mémorisait les visages et tenues. Il n'était à la recherche de rien de concret.
Simplement de quelque chose qui lui serait intéressant, en plus d'être agréable à l’œil.
Pensivement, il s'était accoudé au bar, la lèvre inférieure glissant sur le bord de son verre tandis qu'il laissait son regard dériver sur les couples se frottant les uns contre les autres dans un déhanchement sensuel.

Les dames en robes, shorts et en jupes ne manquaient pas, et pour une grande partie d'entre-elles, le décolleté était pour le moins plongeant. Au final, presque toutes exhibaient leurs courbes et bien que certaines étaient délicieuses, le sorcier finissait par s'en lasser et passait son chemin.

- S'il vous plaît !

Sortit de sa rêverie, le brun se redressa et posa son verre pour aller à la rencontre des trois jeunes filles qui s'étaient présentées à l'autre bout du bar.

- Un Sex on the beach, un Mojito et un jus d'orange.

Le dieu arqua un sourcil à l'intention du jus d'orange et une jeune rousse leva la main en affirmant sur un ton qui se voulait blagueur « Je suis Sam. » comme si l'information répondait à toutes les questions. Les deux autres gloussèrent à l'entente de la déclaration, et Loki se contenta d'un sourire chaleureux. Quelque chose lui échappait évidemment, référence Terrienne.

Il tourna le dos aux demoiselles pour préparer l'un des cocktails, pendant que l'autre se faisait sans l'aide de ses mains, avant de se retourner pour poser les deux verres devant les jeunes, qui lâchèrent un petit sifflet admiratif.

- Vous êtes plutôt efficace.

- Un de mes nombreux talents. Affirma le dieu, un sourire charmeur aux lèvres.

Il sortit un troisième verre, dont il glaça le bord avec du sucre et du sirop avant de montrer une bouteille à la rousse.

- Grenadine avec le jus ?

- Euh, oui, merci.

Loki sortit la bouteille de jus de fruit et versa le sirop, qui gelait au fur et à mesure dans une large spirale qui remonta jusqu'en haut du verre, sous le regard intrigué des jeunes filles. Suite à cela, le dieu remplit le verre avec le jus d'orange, posa une brochette de bonbon par dessus ce dernier et le poussa vers la rousse.

- Et voilà pour Sam. Lâcha-t-il d'un ton léger.

- Comment vous faîtes ça ?

- Vous ne seriez pas un peu mutant ?

Ah, les mutants et le « problème » qu'ils généraient. Loki n'en était pas ignorant, et c'est en s'accoudant sur le bar qu'il confia aux demoiselle d'une voix suave.

- Non, la réalité est tout autre... Je suis un peu magicien.

Et pour accompagner ses mots, le Jötunn, d'un mouvement délicat de la main, fit apparaître sur le bord du verre, une large fleur aux pétales orangées se dégradant sur un violet éclatant.
De son autre main, il ramassa l'argent que l'une des filles avait déposé sur le bar pendant qu'elles observaient la fleur, perplexe.

- D'accord, c'est impressionnant.

- Elle est magnifique, j'en ai jamais vu de pareilles.

- Une fleur magnifique pour une splendide jeune femme. Bonne soirée.

Un sourire plein de charme et un signe de tête plus tard, les damoiselles étaient repartie en riant et Loki replaça en arrière d'un geste de main les quelques mèches de cheveux ébène qui commençaient à tomber sur son visage.
La chaleur ambiante ne les aidait pas à rester en place. Le sorcier ramassait quelques verres vidés que l'on avait reposé là et s'était retourné pour les mettre dans les cartons, pour trouver assis sur l'un des tabouret du bar, un homme... Pour le moins agréable au regard.

Machinalement, le dieu fronça les sourcils. Il avait passé en revue la salle de long en large, en travers et pourtant, il n'avait pas repéré un tel spécimen. Il posa les verres et d'une démarche fluide et légère, vint se mettre en face du brun, tandis que ses lèvres s'étiraient dans un nouveau sourire, un tout autre sourire tandis que son regard s'était mis à briller d'une émotion qu'il parvenait sans mal à cacher aux yeux du client.

- Arrêtez-moi si je me trompe, mais vous êtes doué pour ne pas être vu lorsque vous ne le souhaitez pas, ais-je raison ?

Le rictus qu'affichaient à présent ses lèvres n'était plus celui du charmant et serviable barman, mais celui du joueur talentueux qu'il était. Il avait sous les yeux une énigme qu'il voulait percer, et bien qu'il ne savait encore exactement quelles en étaient les charades, elles viendraient à lui tôt ou tard, c'était chose certaine.

Un rapide coup d'oeil sur le corps ; qu'il nota en forme ; de l'homme qu'il avait devant lui, et Loki s'arrêta sur le gant de cuir noir, assorti à la veste qu'il portait. La main gauche était couverte, mais pas la droite.

Ce pourrait-être un style, le dieu avait vu bien plus excentrique que cela de par les mondes, cependant, la chaleur qui régnait ici lui soufflait le contraire. Il n'allait néanmoins pas agresser un inconnu sur ses habitudes vestimentaires dans les premières secondes de leurs rencontre. Il détacha donc son regard du gant et c'est avec cette même voix lisse et harmonieuse qui lui était propre qu'il questionna le brun.

- Que puis-je faire pour vous satisfaire ?

Let's the Winter meet the Frost

Loki
&
Bucky

Calme ambiance qu'il regrettait, le silence du nouveau QG tendait déjà à lui manquer. La chambre qu'il y avait était loin d'être semblable à l'environnement dans lequel il se trouvait présentement, les murs immaculés de blanc contrastant avec les briques noires et crasseuses sur lesquelles il était adossé, la veste en cuir noir qu'il portait lui évitant le gracieux soin d'être écorché. Non pas que ça le dérangeait, quelques égratignures n'avaient jamais fait de mal à personne, sauf que dans le genre d'établissements qu'il visait, être présentable n'était non pas une option mais une obligation. Profitant de la brise fraîche qui lui cinglait lentement le visage, il passa sa main de chair entre ses mèches indomptées. Brunes et longues, il ne songeait pas à les couper, préférant adopter un style et une identité qui lui étaient propres plutôt que de retourner idiotement à la case départ. Tenter de s'identifier à une personne qu'il n'était pas. Plus. James était mort, tombé, oublié, peu importait, il était simplement différent de ce qu'il avait été autrefois et avait tendance à privilégier l'acceptation de cette nouvelle facette de lui qui ressortait plutôt que de bêtement revenir à celui dont le souvenir s'effaçait. Ou revenait. Ce n'était qu'une question de point de vue puisque désormais, chaque douloureux souvenir restait incrusté dans sa mémoire. Tout n'était pas que noir, bien entendu, ses jeunes années étaient illuminées et parfois, il se surprenait à avoir la commissure des lèvres relevée lorsqu'il mettait sur papier tout ce dont il parvenait à se remémorer. Sauf que ce soir, il se focalisait sur le mauvais. Ce qui faisait souffrir, glaçait le sang de la petite population lambda. Ses origines de Soldat de l'Hiver et non de combattant héroïque au symbole de la liberté. Amusant d'avoir combattu dans les troupes américaines pour un droit auquel il n'avait pas eu le luxe de goûter. Parce qu'on le lui avait arraché en lui faisant croire que ça n'existait pas, que le libre-arbitre n'était pas quelque chose que l'on choisissait. Qu'il n'avait pas le droit d'avoir parce qu'il n'était qu'un jouet. Ses doigts métalliques se contractèrent un poing, judicieusement planqué dans la poche arrière de son jean portant la même couleur que le cuir de son blouson. Le noir était le contraste qui lui seyait le mieux, pourquoi s'en priver lorsqu'il fallait s'habiller de sorte à être enviable ? Désirable ? Dans un rire étouffé quant à cette pensée informe, il releva ses prunelles sur le nom de l'enceinte, clignotant, brillant de mille feux au point de lui exploser la rétine. De son temps, les boîtes de nuit n'existaient pas et il avait presque envie de dire tant mieux. Sauf qu'à cette époque, ce lieu de débauche permettait les rencontres qu'il y présageait. Quelques membres de cette organisation qu'il haïssait, les petits merdeux qui l'avaient pourchassé pendant une bonne année après les événements Washington. Ce soir, il les ferait saigner. Pas pour le plaisir. Ni pour la torture. Parce qu'il le pouvait, Steve ayant d'autres préoccupations que de veilleur sur lui alors qu'aux informations, ils étaient tous recherchés. La race HYDRA était une espèce qui devait être exterminée et cette nuit, il s'était promis de commencer à remonter le réseau pour en trouver la tête principale.

Entrouvrant ses lèvres craquelées pour expirer le spectre de fumée, Bucky se redressa d'un mouvement brusque alors qu'il dirigeait l'extrémité de sa cigarette contre le mur lui ayant servi d'appoint. Il racla sans remords aucun les cendres qui y étaient restées avant de jeter d'une pichenette le mégot, passant habilement entre les deux vigiles. Inutile de mentionner leur inutilité mais ne ressentant pas le besoin d'être rude, l'ancien atout se fraya un passage entre les corps déjà grouillants, le son entêtant d'il ne savait quelle musique se répercutant aux divers coins de la pièce. Ce n'était pas une ambiance qu'il appréciait, rustre et primitive il n'avait jamais été habitué à un pareil endroit. Les missions qu'il avait rondement menées ne l'avaient jamais emmené dans la chaleur d'une semblable fournaise. Tout au mieux, il avait connu la tranquillité d'un immeuble abandonné, ses genoux collés au sol crasseux et fissuré pendant que le bout de son arme savourait l'air frais. Il était également stérile de comparer les mouvements frénétiques, presque désespérés, des adultes s'adonnant à ce qu'ils appelaient danse. De son temps, aussi vieux que cela sonnait, il n'était question que de délicats pas calés sur de véritables sons. Cet ensemble incohérent de frottages lui paraissait bien moins coquet qu'une belle valse et ne quémandait décidément pas la même technique que les pointes classiques. Pendant quelques secondes, il se figea, osant se demander si Natalia aurait apprécié d'être traînée ici. Sauf qu'ils ne se connaissaient plus et quand même bien renoueraient-ils contact, elle faisait partie du camp ennemi. La guerre ne permettait pas de sorties nocturnes et festives comme il s'en accordait. La guerre n'avait peut-être pas encore commencé, après tout.

Repoussant ses pensées fortuites et superflues, tendant à l'éloigner de la véritable raison de sa venue en ces lieux, le brun força son langage corporel à se modeler de sorte à paraître plus humain. Les muscles relâchés sans pour autant ne plus être aptes à frapper en cas de besoin, les traits du visage moins tirés, la lueur meurtrière de son regard envolée. Il n'était pas venu pour s'amuser sauf qu'il ne souhaitait pas se faire repérer, le gant sur sa main gauche le prouvait. Tout le monde n'était pas doté d'une prothèse brillante et métallique reliée directement au système nerveux. Un nouveau bras considéré comme une arme. Un poing avec lequel il avait tué de trop nombreuses fois. Et qui sait, les heures suivantes pourraient le pousser à l'utiliser à nouveau. Calé dans un coin, il analysa la salle de fond en comble dans l'espoir de reconnaître un visage familier, au lieu de quoi il se retrouva nez à nez avec un inconnu envahissant son espace vital. Génial. Il ne manquait plus que ça. Il était devenu une proie, délaissant alors le rôle de chasseur pour docilement accepter cette nouvelle condition. Ce pétillement dans les iris avec lequel il n'était que trop familier, cette impression d'émerveillement face à la chaussure qui irait à notre pied. La contemplation d'un amant. Le sourire du coquin. Il se fit violence pour ne pas se monter farouche, oubliant l'animal grognon qui aurait sorti les griffes suite aux avances trop encombrantes d'une main qui se tendait. Se relaxant davantage au point d'avoir presque l'air charmé, Bucky esquissa un sourire en coin aux allures ravies.

- Ce n'est pas compliqué d'être éclipsé dans un endroit comme celui-ci, vous ne pensez pas ? Je n'ai aucune raison de ne pas vouloir être vu mais il n'est pas nécessaire que je le sois.

Fuir la conversation ne l'aurait pas aidé, au contraire, il serait passé pour suspect. Cet homme était différent, autant dans la posture que dans les mots qu'il choisissait, il semblait doué pour parler. Captiver. Envoûter. Néanmoins, il n'était pas une délicate petite adolescente n'attendant qu'à être cueillie et la réponse qu'il lui avait fournie valait mieux que d'afficher la vérité. De dire que si le titre de fantôme lui était attribué, ce n'était pas pour du vent. À ce stade ce n'était plus de l'expertise mais un mode de vie, ne pas être vu ainsi qu'entendu. La réinsertion dans le moule civil n'était pas aisée quand d'un extrême, il fallait en changer.

- Ça dépend, qu'est-ce que vous pensez pouvoir faire pour moi ?

Demanda-t-il innocemment, la voix douce et sans prétention, n'ayant guère envie d'en entendre la réponse. Il s'en fichait éperdument mais ne le montrait pas, son buste penché vers l'avant de sorte à ne pas avoir à crier pour se faire entendre. Les mains soigneusement glissées dans ses poches pour échapper à l'inspection inquisitrice, il conservait une distance raisonnable sans renvoyer l'impression d'être sur le point de fuir. Et putain, qu'est-ce qu'il y pensait.

- Vous pourriez me payer un verre.. Ou accepter de danser avec moi.

Sourcil arqué suite à cette invitation douteuse. Se mêler à la foule était une action bénéfique et plutôt que de se frotter à des adolescents chamboulés par les hormones qui leur montaient à la tête, Bucky tenait un partenaire adéquat. Sans attendre plus longtemps il se glissa près du bar avant de s'y accouder délicatement.

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Loki Laufeyson
&
James B. Barnes

- Ce n'est pas compliqué d'être éclipsé dans un endroit comme celui-ci, vous ne pensez pas ? Je n'ai aucune raison de ne pas vouloir être vu mais il n'est pas nécessaire que je le sois.

Les yeux de Loki se plissèrent légèrement à la réponse trop parfaite à son goût de l’inconnu, dont le langage corporel se voulait à l'aise et détendu, presque ouvert à lui. Le dieu ressentait pourtant une tension qui n'avait pas lieu d'être. Pas si l'on était un simple gars incroyablement beau garçon qui prenait un verre dans un club.
Rien d'alarmant cependant, le brun s'était penché vers lui pour ne pas avoir à hausser le ton.

- Ça dépend, qu'est-ce que vous pensez pouvoir faire pour moi ?

A ces mots, les lèvres du sorcier s'étirèrent dans un sourire aussi large que malicieux.

- Je pourrais faire bien des choses pour vous.

Le ton était à la fois moqueur et facétieux. Le corps du soldat transpirait d'un naturel que le dieu de la fourberie ne croyait pas. Il n'en connaissait pas la raison, mais alors que ses yeux voyaient un homme charmant et confortable dans son environnement, son esprit lui, hurlait à la méfiance. Le Jotun savait que ses instincts étaient souvent bon, et lorsque l'inconnu prit un ton charmeur, il ne se laissa qu'à moitié amadouer.

- Vous pourriez me payer un verre.. Ou accepter de danser avec moi.

Le dieu s'accouda sur le bar pour faire face au brun mystérieux, envahissant son espace personnel, sans pour autant allez jusqu'au extrêmes de celui-ci. Le Jotun aimait jouer avec les limites, celles des autres plus que les siennes. Danser sur la ligne qui séparait l'acceptable de l'irrecevable, la haine de l'amour, il était doué pour cela.

- Je vais déjà vous offrir ce verre.. En échange d'un prénom peut-être ? Le barman n'est pas autorisé à quitter son poste en l'instant, aussi tentant cela puisse-être.

Les épaules du soldat s'étaient suite au rapprochement, légèrement recourbées vers l'avant dans un geste presque imperceptible, les muscles de sa gorge s'étaient crispé, et la Langue d'Argent en avait tiré une certaine satisfaction, non pas qu'il la laissa transparaître. Loki se redressa pour s'éloigner de la zone de confort qu'il envahissait et se remettre à distance raisonnable de l'homme. Difficile de dire si ce dernier s'était détendu une fois le sorcier en recul par rapport à lui, peu de choses filtraient du soldat, sa couverture était plutôt bonne, même pour la vision accrue du dieu.

Restait à savoir pourquoi le brun jouait à ce petit jeu. Loki avait tourné le dos à l'homme qui venait de s'accouder au bar, pour chercher quelques bouteilles. Il sortit la vodka, le baileys et la grenadine avant d'aller chercher un shot qu'il posa sur le bar, sous le regard de l'inconnu. Bouteille de vodka en main, il versa un peu moins des trois quart du shooter avant de reposer la bouteille.

C'était un jeu de réflexes, une petite expérience, si on voulait. Lorsque qu'il tendit la main vers la grenadine, son geste s'accéléra, nous pas envers la bouteille, mais en direction du flanc exposé de James.

L'homme avait le coude droit sur le bar, et la main gauche dans sa poche, le dieu n'aurait pas pensé pouvoir manger son coup, qui n'était pas offensif en soit, il n'avait pas d'arme après tout, il cherchait simplement à atteindre le corps du brun. Les réflexes de l’humain furent rapide, presque trop. La main gauche, gantée, était vivement sortie de sa poche, accompagnée d'un couteau à la lame noire.

Celle-ci se retrouva fichée sur le plan de table du bar, entre le majeur et l'annulaire du sorcier, qui se serait assurément entaillé s'il n'avait pas été vif à stopper son mouvement. Les iris vert de Loki s'étaient braqués sur la lame pressée contre la chair tendre à la jonction de ses deux doigts. Lorsqu'il les releva vers le regard bleuté du brun qui lui faisait face, il se heurta à un mur de glace. L'avertissement était lourd dans les yeux du soldat de l'hiver, et le dieu ne pu réprimer le fin sourire qui apparu lentement sur ses lèvres.

Le voilà, l'homme qu'il cherchait à atteindre. Les deux forces se jaugèrent l'espace de quelques secondes, avant que Loki ne fasse glisser sa main vers l'arrière, la ramenant à lui avec nonchalance tandis qu'il lançait un regard furtif aux vigiles, qui ne prêtaient pas plus attention que cela à ce qu'il pouvait bien se dérouler aux abords du bar.

- Vous feriez mieux de ranger cette lame, ce genre d'accessoires n'est pas admit ici, il me semble.

Le ton était doux, et plus de la suggestion que de l'ordre, le soldat entendit raison. Lorsque la lame quitta le plan de travail, Loki passa avec lenteur cette fois-ci, la main sur l'entaille qu'elle avait laissé dans le bar. Celle-ci disparu derrière le passage de la paume du sorcier, qui adressa un sourire apologétique face au regard suspicieux du brun. Était-il sincère ? Absolument pas. Cela se voyait-il ? Non. Le dieu était aussi bon à jouer avec les masques que l'homme qu'il avait devant lui, et il devait avouer que la rencontre en était d'autant plus amusante ainsi.

Le Jotun reprit le cours de son petit cocktail, versant avec soin la grenadine dans la vodka pour que le sirop glisse au fond du verre. Il termina avec la crème de whisky, qui délicatement versée, prit un aspect de cervelle flottante dans la vodka, au dessus de la grenadine.

- Vous n’êtes pas ici pour vous détendre, n'est-ce pas ? Quelle est la mission ? J'espère ne pas en être la cible, cette danse m'aurait fait grand plaisir.

Oui, maintenant que le dieu savait – un minimum – à quoi s'attendre, il pouvait bien se permettre une ou deux folies. Rien n'était moins sûr pour son partenaire en revanche, qui le détaillait à présent du regard avec soin. Peut-être le reconnaîtrait-il, maintenant que le facteur surnaturel venait d'entrer en compte. Loki n'était pas certain cependant que le soldat le démasquerait, si tel était le cas.

Le sorcier glissa la main au dessus du shooter dont l'alcool s'enflamma. D'une main, il attrapa une paille et la glissa au soldat en même temps que le verre, un sourire taquin aux lèvres.

- Cul sec, et avec la flamme je vous prie. Elle réchauffera ce regard glacial que vous savez si bien lancer.

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