Dude, you're confusing reality with porn again. ✖ Graham

Graham & Willow 

Les images s’enchainent, plus violentes les unes que les autres ; ses tympans sont meurtris par des hurlements sans fins, son estomac est retourné par l’odeur de chair pourrissante. Elle se débat, se tourne dans tous les sens en lançant des coups de poings dans le vide. Elle n’arrête pas de hurler, de se battre contre des ennemis invisibles qui ont envahi ses rêves. Willow cherche un moyen de s’enfuir de l’étaux du sommeil mais elle a beau se débattre comme une forcenée, rien n’y fait. Pourquoi a-t-elle fallu qu’elle s’endorme ? Elle n’était même pas si fatiguée, dans le fond. Elle a dormi il y a deux jours. Will aurait très bien pu tenir une nuit blanche de plus. Oui, largement. Un choc violent, son corps vient heurter le parquet et elle ouvre les yeux. Willow se redresse vivement sur le sol de son salon, le souffle difficile, son rythme cardiaque est complètement affolé. La brune passe une main dans ses cheveux, tout son être est pris de tremblements incontrôlés qu’elle ne parvient pas à faire cesser. Elle ramène ses jambes contre elle, les enserre de ses bras et cache son visage contre ses cuisses. Les larmes sont venues inondées ses joues, elles coulent sans que la jeune femme puisse y faire quoi que ce soit. Silencieuse, l’anglaise se maudit de s’être endormie, de ne pas avoir réussi à lutter plus longtemps contre cette fatigue qu’elle traine depuis des mois sans parvenir à la faire disparaître. Heureusement, cette fois, personne n’aura été blessé lors de sa crise. Entre Scott et Daisy… Non vraiment, Coulson a sûrement eu raison de refuser à Willow de retourner sur le terrain, elle serait bien trop dangereuse, il faut qu’elle l’avoue. Sa tête se redresse, ses joues sont essuyées d’un geste rageur avant qu’elle ne récupère le bouquin qu’elle lisait avant de s’endormir. Ce dernier s’est retrouvé comme sa détentrice : sur le sol. La brune arrange les pages avant de le refermer pour pouvoir le déposer sur la table basse. Prenant appui sur le canapé, la jeune femme se lève, ses jambes légèrement chancelantes et encore tremblantes. Mais la tempête n’est pas encore passée, bien que tirée du monde des rêves ; ses souvenirs ne comptent pas la laisser s’en sortir aussi facilement. Ses sens s’embrouillent, sa vision est troublée, ses oreilles sont assaillis. Ses deux mains viennent se plaquer dessus dans l’espoir de faire taire les cris qui résonnent dans sa tête mais rien n’y fait. C’est dans un asile psychiatrique, que l’on devrait l’enfermer. Dans une cellule avec une camisole de force, gavée de calmants et d’antidépresseurs. Là, au moins, elle ne risque pas de faire du mal à qui que ce soit, les autres seront protégés de sa personne. La brune avance les yeux fermés, à demi-recroquevillée avec l’espoir d’échapper à ses souvenirs en trouvant refuge dans la salle de bain.

Les mains posées sur le rebord de l’évier, la tête baissée, Willow prend de grandes et profondes inspirations afin de calmer la nausée désagréable ainsi que sa tête qui ne cesse de tourner. Son corps est encore légèrement agité de tics nerveux, les battements de son coeur sont toujours désordonnés mais petit-à-petit, le calme revient. Elle ouvre le robinet, passe ses mains sous l’eau avant de s’asperger le visage dans l’espoir de se réveiller complètement. Dieu qu’il est difficile de se tirer d’une crise comme celle-ci. Par moment, Will en vient à penser qu’il aurait mieux fallu pour elle que Fury arrive trop tard pour la sauver ; la mort lui semble plus rassurante que les souvenirs traumatisants qui déchirent son esprit bien trop souvent à son goût. Elle relève la tête alors qu’une sensation étrange la prend soudainement. Celui d’un malaise puissant, comme si on essayait de la séparer en deux. Un sentiment déroutant auquel elle n’a pas encore eu le temps de s’accoutumer.

« Oh non.» Lâche-t-elle juste avant que ses yeux ne se révulsent et que son corps tombe lourdement sur le carrelage de la salle de bain.

Au même moment, de l’autre côté de New-York.

Un sursaut. Son regard intercepte son reflet dans le miroir en face d’elle. Oh ? Se serait-elle trompée ? N’est-ce pas encore une manifestation intempestive de son nouveau pouvoir non-maitrisé ? Will était bien dans sa salle de bain… Elle baisse les yeux, ne voyant aucune trace de son corps sans vie. D’accord. C’était une fausse alerte. A nouveau, elle tourne le robinet pour se repasser de l’eau sur le visage. Il faudrait vraiment qu’elle réussisse à dormir. Ou alors qu’elle boive deux litres de café. … Le café suffira. C’est alors qu’elle coupe l’eau que quelque chose la perturbe : un bruit. Celui de la douche qui coule. What ? La jeune femme cligne des yeux avant de froncer ses sourcils, perplexe. Ou alors elle était chez Scott et non pas chez elle ? Et donc elle a fait un rêve dans un rêve ? Inception rpz ; où donc est Leonardo ? Ca ne fait, en tout cas, que confirmer le manque cruel de sommeil sur la jeune femme. Will va faire un mouvement lorsqu’une main apparait dans son champ de vision à la recherche d’une serviette, probablement ; machinalement, la brune l’attrape pour la donner directement à Scott. Wait. Cette salle de bain ne ressemble pas du tout à celle de l’Avenger. Ou la sienne, d’ailleurs. Willow fait soudainement volte-face pour se retrouver face à… Graham. Sa bouche s’ouvre et se referme plusieurs fois, ses yeux le dévisagent de haut en bas avec une expression choquée.

« Que. Qu’est-ce que tu fais chez… Commence-t-elle avant de se rappeler qu’elle n’est pas chez elle. Qu’est-ce que tu fais dans cette tenue ? Sous la douche. J’ai cru que tu n’ouvrirais jamais la porte d’entrée. Oui. Parfaitement. Du coup je suis entrée. »

Parfaitement. Et sinon, elle explique comment le fait qu’elle est pieds-nus et portant juste un vieux t-shirt d’Oxford complètement déformé ? Elle ne l’explique pas, ça coule de source. Oui oui.

Graham & Willow 

Par pure réflexe et complètement l’esprit ailleurs, c’est tout naturellement que Willow a attrapé la serviette de bain afin de la faire passer à la main tâtonnante. Vous savez, des fois, quand on est tellement préoccupé, on ne se rend pas réellement compte de ce que l’on fait, de l’environnement qui nous entoure. Eh bien c’est exactement le cas de la brune à ce moment précis. Puis, c’est une jeune femme bien élevée et serviable ; toujours là pour aider son prochain. Ou presque. Néanmoins, après avoir fait passer la serviette à la main humide, Will se fige, cligne des yeux un nombre incalculable de fois dans la minute. Ce n’est que maintenant qu’elle se rend soudainement compte qu’elle ne se trouve plus dans sa salle de bain et que, son corps est probablement étalé sur le carrelage. La brune passe brièvement une main sur sa tête pour s’assurer que du sang ne coule pas, qu’elle ne s’est pas stupidement blessée en s’effondrant par terre. Au pire, elle le découvrira en sortant de sa transe. Pourvu qu’une mauvaise surprise ne l’attend pas. Le rideau de douche s’ouvre ; Will se retourne vivement pour tomber nez-à-nez avec son meilleur ami, Graham. Dans sa douche. D’accord. Donc elle s’est retrouvée dans l’appartement de son ami. Au moins, celle-ci n’est pas chez un inconnu, c’aurait été bien plus étriqué, comme situation. La jeune femme reste néanmoins sous le choc ; probablement à cause de son esprit encore un peu trop engourdi par les cauchemars de la nuit. Que lui dire ? L’anglaise ignore ce que pense Graham des mutants, inhumains et tout ça, ce n’est pas un sujet qu’ils ont abordé par le passé puis… Cela fait plus de trois mois que les deux britanniques ne se sont pas vus, parlés. Il pourrait très bien lui en vouloir de ce long silence et ne plus vouloir être son ami. Sa bouche s’ouvre et se referme comme un poisson rouge ; il faut dire que les deux bruns tirent à peu près la même tête surprise et un regard rempli d’incompréhension.

« Qu’est-ce que tu fais dans cette tenue ? Sous la douche. J’ai cru que tu n’ouvrirais jamais la porte d’entrée. Oui. Parfaitement. Du coup je suis entrée. »

Seule excuse qu’elle parvient à trouver. Sur l’instant, elle a trouvé qu’elle était assez logique et implacable. Mais vraiment sur l’instant car après une seconde de réflexion, la jeune femme se rend compte que le fait d’être pieds-nus et en semi pyjama, n’a aucune logique. A la limite, si tous les deux habitaient dans le même immeuble, cela n’aurait rien de vraiment choquant mais là ? Cela signifie que Willow a traversé tout New-York à moitié nue pour se rendre cher son meilleur ami. Ce qu’elle fait à chaque fois, bien sûr. Oui. Bien sûr. Pourtant, l’excuse de la brune semble faire rire Graham et ne pas trop lui poser de problème à avaler. Plus surprenant encore, le brun prend même la petite anglaise dans ses bras afin de lui faire un câlin humide qui laisse la jeune femme perplexe. D’accord. Elle veut bien que son meilleur ami soit un peu bizarre par moment mais tout de même. Ou alors n’a-t-il pas remarqué sa tenue ? Si c’est le cas, il a drôlement besoin d’une paire de lunettes et au plus vite ! L’étreinte fait néanmoins plaisir à Willow, son meilleur ami lui a manqué.

« Contente de te voir aussi, Graham. » Murmure-t-elle avec un petit sourire.

Un peu plus et lui non plus, elle ne l’aurait plus jamais revu. Il la relâche et Will le laisse attraper une seconde serviette. Elle hausse des épaules avec un petit rire lorsqu’il dit s’être emporté avant de parler de son absence, tout ça et là, Will sourit un peu moins. Ses yeux se baissent quelques instants avant de se relever pour se poser sur l’anglais.

« Désolée. Je n’ai jamais reçu tes messages, pour dire vrai. J’ai dû quitter les Etats-Unis pour mes recherches. » Ment-elle.

Cette fois-ci, l’excuse est vraiment nulle. Faut dire qu’elle n’a jamais vraiment réfléchit à comment expliquer son absence de trois mois, sa disparition soudaine. Tout d’abord parce qu’à part Graham et Scott, ses connaissances viennent du Shield et elle n’est pas assez proche des autres pour se soucier de ça. Pauvre Newton, il a été abandonné comme une vieille chaussette… La brune se mord les lèvres, bien que son chat soit complètement abruti, elle l’aime bien. Graham parle. Beaucoup. Passant cette fois à la tenue ainsi qu’au fait que la porte de la salle de bain est verrouillée.

« Hein ? N’importe quoi. Ta porte n’est pas du tout fermée à clef. Dit Will en appuyant sur la poignée afin d’ouvrir la-dite porte et… Constater qu’elle est verrouillée. Ah. Oui. D’accord. Okay. Bien bien bien. »

Nerveusement, la petite brune passe une main dans ses cheveux. Elle n’a pas envie de parler de ça ; et s’il le prenait mal ? Graham sera le premier de l’entourage proche de Willow à savoir pour son ADN parti en vrille.

« Ecoute, ça va te sembler bizarre mais en fait, je ne suis pas là. Pas vraiment. On dirait mais non, mon corps est sûrement étalé sur le carrelage de ma salle de bain. Ca a l’air complètement dingue mais c’est la vérité et je ne sais même pas combien de temps je vais rester ici. »

La yeux de Willow scrutent le visage de Graham à la recherche du moindre changement chez lui. Manquerait plus qu'il ne la rejette pour un si petit détail. Cela lui fait penser qu’il faudra qu’elle en parle avec Scott, aussi, manière de quoi. Si avec ça, il veut encore d’elle, elle n’y comprend plus rien.

Graham & Willow 

Quelle idiote. Willow, qui d’habite parvient toujours à garder sa contenance et ne pas montrer lorsqu’elle est perturbée n’y arrive clairement pas sur l’instant. Sa main posée sur la poignée de la porte de la salle de bain de Graham, elle a constaté qu’il disait vrai, celle-ci est verrouillée. Idiote. La brune ne sait plus quoi, elle se dit qu’elle pourrait assommer son meilleur ami assez fort pour lui faire oublier tout ce qu’il vient de se passer mais… Non, si elle loupe son coup, Graham risque de mal le prendre. Will lâche un petit soupir très bref avant de finalement se tourner vers l’anglais et tout avouer. Enfin tout… Disons qu’elle explique assez évasivement qu’elle a un pouvoir et que ce n’est pas elle qui se trouve dans la pièce. La petite brune ne cesse d’entortiller le bas de son t-shirt avec une extrême nervosité ; jamais ils n’ont abordé le sujet des mutants et autres, de ce fait, Will n’a aucune idée de ce que Graham pense de tout ça. Et s’il était un partisan du RA ? S’il ne voulait plus être son ami à cause de tout ça ? L’anglaise commence à se mordiller l’intérieur de la lèvre, jusqu’à sentir légèrement le goût du sang envahir son palais.

« Attends, Willow, qu'est ce que tu essaies de me dire ? T'es une mutante?
-Non… Pas vraiment… C’est… Compliqué… » Bredouille la jeune femme, les yeux rivés sur le carrelage de la salle de bain.

Il ne semble plus quoi savoir dire ! Voilà, maintenant il va lui ouvrir sa porte pour qu’elle s’en aille en lui disant de ne plus jamais revenir. Ca ne pouvait pas durer, Will ne peut pas avoir des amis trop longtemps. Après Graham, ce sera au tour de Scott et elle se retrouvera seule. De toute façon, elle ne l’a pas vu depuis un petit moment à cause de cette foutue situation extrêmement tendue et il lui manque. Tout comme Graham manque cruellement à sa meilleure amie. Mais elle comprend, elle ne pourrait pas leur en vouloir, dans le fond. Ses bras se croisent contre sa poitrine, la brunette est déjà prête à s’en aller quand le britannique lui annonce qu’ils seront mieux installés dans le salon pour parler. La tête de Willow se redresse vivement, ses paupières battent et elle a une moue un peu surprise sur le visage. Oh ? Alors il ne compte pas la renier ? Ou pas tout de suite ? Légèrement hésitante, Will hoche de la tête avant de le laisser sortir en premier de la salle de bain dans laquelle il fait une chaleur un peu suffocante. Il devrait sérieusement éviter de prendre des douches aussi chaudes… Ce n’est pas très bon pour la peau. La brune met ça dans un recoin de sa tête, ils n’ont pas forcément le temps de discuter de ça tout de suite. Une des mains de son meilleur ami se pose sur son épaule, il la guide dans le salon et la jeune femme se laisse entièrement faire, prenant place sur l’un des fauteuils. Elle ramène ses jambes contre sa poitrine, les entoure de ses bras et regarde son ami assis en face d’elle.

« Comme je te l’ai dit c’est… Compliqué. Je ne suis pas une mutante, je ne possède pas le gène X mais… Pour une raison qui reste encore inexpliquée, mon ADN a changé. Mon pouvoir s’est manifesté il y a un mois, environ, après un moment… Stressant, dirons-nous. »

Les yeux bruns de Will se baissent, elle regarde un peu le sol du salon avant de se passer une main dans sa chevelure et de reporter son attention sur son meilleur ami avec un petit sourire.

« Je ne contrôle pas mon pouvoir ; c’est un peu comme une projection astrale mais j’ai un deuxième corps tangible que l’on peut voir, toucher et également blesser. Les blessures se répercutent sur mon corps d’origines mais comme ce ne sont que des… échos, elles disparaissent assez rapidement. Quelques secondes pour du superficiel et plusieurs minutes pour plus important. La brune marque une pause. Je peux avoir une « crise » n’importe quand et me retrouver n’importe où sur le globe pour une durée indéterminée. La première fois, je me suis retrouvée quelque part en Ukraine, c’était assez… Dérangeant. »

Ah ça, pour l’être, ça l’était ! Willow se souvient parfaitement de sa stupeur lorsqu’elle s’est retrouvée dans cette ruelle sombre ukrainienne, entourée de trafiquants d’elle ne sait quoi. Ames, drogues, peu importe, ils étaient plutôt hostiles. Elle se souvient du moment où elle est revenue à elle, c’était violent, perturbant. Aujourd’hui, ça l’est moins mais ça reste éprouvant physiquement pour elle. Il lui est arrivé une ou deux fois de s’empêcher de partir mais ce n’est pas encore trop ça. Pourtant Dieu sait que Daisy et elle font tout pour qu’elle réussisse à être en mesure de contrôler un minimum son don. Les résultats ne sont pas encore concluants mais Daisy a bon espoir qu’elles y arriveront d’ici peu… Peut-être.

« Je ne me suis pas recensée et… Je n’ai pas l’intention de le faire. Annonce également Willow avant de redevenir hésitante. Il faut que je t’avoue quelque chose… »

La brunette recommence à se mordiller la lèvre. Elle doit le faire. Elle sait maintenant que son meilleur ami ne la laissera pas tomber. Il l’aurait déjà fait, si c’était le cas, non ? Alors elle va prendre un risque, un très gros risque.

« Je t’ai menti. Je ne suis pas scientifique. Ou plutôt… C’est plus pour le côté officiel. La brune change de position sur le fauteuil. Je travaille pour le Shield. »

Voilà voilà. Et maintenant elle peut aller se cacher dans un trou de souris ?

Graham & Willow 

Maintenant que les secrets qu’elle cachait à Graham sont dévoilés, se sent-elle mieux ? Pas vraiment. Il y a toujours en elle, une certaine crainte que ce dernier ne vienne la rejeter pour sa nouvelle différence. Willow a cette peur de l’abandon qui est sourde, l’étreint d’autant plus depuis son retour d’Irak, depuis les trois mois passés en Enfer. Elle craint que les quelques personnes auquel elle tient ne finissent par lui tourner le dos à cause de ses secrets, de ses mensonges. La brune peut sentir le regard de son meilleur ami sur elle, renforçant un peu plus son soudain malêtre et la forçant à se recroqueviller un peu plus sur elle-même. Elle sait ce qu’il pense, s’en doute. Il doit la trouver bien changée, où donc est la Willow que rien ne peut ébranler ? Qui répond à tout avec un sourire, une moue narquoise ou taquine ? Si Will est rentrée en un seul morceau, si les blessures physiques se sont soignées, elles ont laissé des stigmates que Will gardera à vie. Elle tire d’ailleurs un peu le bas du t-shirt pour camoufler la vilaine cicatrice à la sa cuisse droite, celle de la balle ayant transpercé sa jambe lors de son sauvetage. Et les cicatrices ne sont pas uniquement physique ; il faut penser à son âme écorchée vive, les cauchemars qui la rendent malade et les frayeurs fréquentent lorsqu’un bruit sourd retentit. Une mèche de cheveux tombe devant son visage et la jeune femme ne cherche pas à le retirer, appréciant être un peu plus dissimulée face au regard de Graham.

«  Je sais pas si ça aide, mais tu t'en sors pas trop mal non plus. J'ai déjà rencontré des gens qui avaient des pouvoirs bien pires... Genre, y avait ce mec... Il pouvait léviter. Mais il se contrôlait pas du tout. Du coup, il devait se balader avec des poids de vingt kilos aux pieds pour pas s’envoler.
-Oh… Cela ne me dérange pas trop, d’avoir un pouvoir. Disons que ça a été un peu soudain et que pour le moment, je n’arrive pas à contrôler. Ca viendra… Je le vis plutôt bien. » Répond-elle avec, néanmoins, un petit sourire face à l’histoire de Graham.

Il ne réagit pas violemment. L’anglais reste celui que Will a toujours connu, égal à lui-même. La brune ne peut s’empêcher de soupirer légèrement en voyant que tout sa passe bien du côté de l’annonce…. Enfin il reste encore à parler du Shield. Après tout, pourquoi pas ? Si Graham n’a rien, contre le fait que la jolie brune soit une inhumaine et qu’elle ne se recense pas, elle ne voit pas ce qu’il pourra bien trouver à redire sur son appartenance à l’agence secrète. Mais sa réaction est différente. Graham émet un rire. Nerveux. Les sourcils de Willow se froncent, pourquoi donc rit-il ainsi ? Pourquoi être soudain mal-à-l’aise ? Se pourrait-il que son meilleur ami lui ait également caché quelque chose ? Will va lui demander lorsqu’il la devance avec un flot de paroles inattendues. Wait. What ? La bouche entrouverte, battant des cils, la brune regarde son ami avec stupeur. Il ne lui laisse pas même le temps de dire quoi que ce soit. Les informations s’acheminent dans son cerveau, se bousculent et elle analyse tout ce qu’il lui dit avec rapidité afin d’éclaircir au mieux la situation.

« Graham je…. Commence-t-elle. Attends. C’est toi, Chipset ?? »

D’accord. Willow ne s’attendait pas à ça. Pas à trouver le mutant qu’elle cherchait avec acharnement avant d’accepter une mission en Irak qui, on le sait, a mal terminé. Dire qu’elle l’avait sous le nez depuis le début… La jeune femme se passe une main sur le visage, secoue doucement la tête de gauche à droite avec un soupir.

« J’ignorais tout ça, Graham. Et non, je ne compte pas t’arrêter. Quand bien même je le devrais, je ne le ferais pas, tu es mon meilleur ami , ce n’est pas moi qui viendra te passer les menottes… Je peux toujours jeter un coup d’oeil à ton dossier et… Les erreurs informatiques arrivent si facilement et c’est plus courant qu’on ne le croit. Un certain dossier pourrait disparaître. » Fait Will, l’air de rien.

Si Will doit choisir d’être loyale avec le Shield ou son meilleur ami, le choix est vite fait : ce sera Graham. Car elle sait que si elle se retrouver dans une situation délicate, il viendra toujours l’aider si elle lui demande, si elle en a besoin. Qu’a fait le Shield pendant les trois de captivité de Willow ? Ils savaient où elle se trouvait et ils ont attendu, attendu, jusqu’à ce que tous les coéquipiers de Will trouvent la mort et qu’elle-même manque d’y passer. Non, vraiment, si la brune doit se mettre l’agence à dos pour sortir son ami d’un mauvais pas, elle le fera. Elle passe une main dans ses cheveux avant de rire légèrement.

« Tu sais que tu m’as donné du fil à retordre ? Je faisais partie de ceux qui essayaient de te coincer ; j’en ai passé des nuits blanches à analyser tous tes moindres faits et geste. Personne avant toi n’a ainsi réussi à m’agacer à ce point. Dit la brune avec un petit sourire. C’était une de mes principales missions avant de… Partir. Disparaître. »

Son estomac se tort légèrement ; un jour, peut-être, penser à tout ça ne lui fera pas aussi mal mais étrangement, Willow en doute.

« Après ce que je t’ai dit, tu te doutes déjà que je n’ai pas quitté le pays pour mes soit-disants recherches… Quoi que même sans ça, cette excuse était bancale. Elle se mordille nerveusement les lèvres. Fin décembre, j’ai accepté une mission sur le terrain, en Irak. Elle a mal tourné, des terroristes nous sont tombés dessus et je suis restée trois mois emprisonnée dans une cave dans laquelle tous les autres sont morts. Voilà. »

Voilà. C’est une explication en surface. Willow ne tient pas à raconter en détails, encore une fois. Elle l’a fait pour le Shield, elle l’a fait pour Scott mais ce sera tout. Plus elle ressasse et pire c’est, plus les cauchemars sont virulents. Même si, il est fort probable qu’en parler puisse l’aider dans le processus de guérison post-traumatique. Mais ça, allait le faire comprendre à Will.

Graham & Willow 

«C'est à moi que tu parles d'erreurs informatiques ? Une chance pour que tu me fasse l'honneur de me laisser effacer mon dossier moi même ? »

Un nouveau petit rire s’échappe des lèvres de Willow et elle relève les yeux pour regarder son meilleur ami. Quand elle pense qu’elle a traqué ce maudit Chipset alors qu’elle le fréquentait régulièrement… Quelle belle ironie. Mais finalement, ce n’est pas plus mal que Will n’ait pas découvert sa véritable identité durant ses heures de… Travail, dirons-nous. Personne pour la surveiller et elle pourra donc faire disparaître les dossiers sans qu’on ne vienne l’accuser. Ou plutôt… Il serait même mieux que ce soit son ami qui s’en charge lui-même. Puis vous avez vu ses yeux qui brillent ? Sa bouche en coeur ? On dirait un gosse le matin de Noël devant sa montagne de cadeaux.

« Tu sais quoi ? C’est même une bonne idée. Bien évidemment, je ne te laisserai pas plus de dix secondes pour te connecter et deux minutes pour effacer ton dossier. Pas une seconde de plus. Je ne peux pas prendre le risque que ça me retombe dessus. »

Willow, pas des plus loyale ? Pas vraiment. Disons que depuis qu’elle a passé trois mois à pourrir dans une cave au fin fond de l’Irak ; elle a grandement perdu confiance en l’agence. Pourquoi l’ont-ils laissée aussi longtemps ? Pourquoi attendre tant de temps avant de faire quelque chose ? S’ils étaient intervenus plus vite, pour sûr qu’ils auraient sauvé d'autres vies.. Puis elle se met à parler. Sans rentrer dans les détails mais Willow consent à dire un peu ce qu’il s’est passé pour qu’elle puisse ainsi disparaître sans donner la moindre nouvelle. Les mots, bien qu’imprécis, lui rappent la langue, laissent un goût amer dans sa gorge et elle se mord l’intérieur des joues pour s’empêcher de pleurer. Maintenant que ses émotions ont pris le dessus sur elle une première fois, ces dernières ne cessent de le faire. Les putains de barrières qu’elle s’était si bien appliquée à mettre en place se sont cassées la gueule. Elle n’aime pas ça. Willow n’aime pas ne pas pouvoir tout contrôler, surtout lorsque cela touche à sa propre vie. Un poids à côté d’elle, Graham a changé de place pour venir s’installer juste à côté d’elle tandis qu’un peu plus loin, Newton pousse un miaulement mais sur le moment, Will ne l’entend pas. Des bras l’enserrent, la brune se laisse faire sans trop chercher à réfléchir, elle s’en fiche que son meilleur ami n’ai rien à dire pour la réconforter, elle sait qu’il est difficile de trouver les bons mots. Pourra-t-il seulement le faire ? Mais il est là, c’est suffisant. Puis l’anglais est égal à lui-même, c’est exactement ce dont a besoin Willow. D’un peu de normalité dans son quotidien beaucoup trop chaotique depuis son retour d’Irak. Graham est un pilier fixe de sa vie depuis quelques années, voir que ce dernier est toujours là, qu’il n’a pas bougé, conforte Willow. Tout dans sa vie n’a pas volé en éclat. Pas encore. Qui dit que dans quelques semaines, à cause du RA, ce ne sera pas le cas ? Le coeur de la brune se serre douloureusement, elle tente d’effacer ses pensées pour esquisser un vague sourire à son ami.

« Un thé, ce sera très bien. »

Elle s’assied en tailleur sur le canapé lorsque Newton surgit. Il regarde sa maîtresse avant de s’éloigner, faisant apparemment la tête, vexé qu’elle l’ait abandonné pendant aussi longtemps. La brune se mord les lèvres, son abruti de chat a son caractère, il reviendra dans cinq minutes pour s’affaler sur ses cuisses, à n’en pas douter.

« Quant aux terroristes… C’était un petit groupuscule. D’après ce que je sais, ils ont tous été descendus lors de mon sauvetage. Nerveusement, elle tripote la cicatrice par balle sur sa cuisse droite, un de ses souvenirs de son sauvetage mouvementé. J’essaie de laisser tout ça derrière-moi mais c’est difficile. Je fais sans arrêt des cauchemars ; dès que je ferme les yeux je revois inlassablement les mêmes scènes. »

Willow se passe une main sur le visage avec un lourd soupir. Elle est épuisée. Certes la brune a toujours été une petite dormeuse mais là… Deux heures tous les trois-quatre jours, son corps commence à avoir du mal à suivre le rythme.

« C’est épuisant. » Confesse-t-elle.

Comme prévu, l’animal est de retour. D’un bond peu gracieux -car ce félin est loin de l’aitre- il grimpe sur le canapé pour venir se lover sur les cuisses de Willow, ronronnant de plaisir lorsque cette dernière caresse la boule de poils. Mine de rien, lui aussi lui a manqué. Graham qui a disparu quelques instants le temps de faire la tasse de thé de la brune, réapparait en tendant le breuvage chaud. Elle le remercie d’un hochement de tête, porte la tasse à ses lèvres pour boire quelques gorgées. La brune réfléchit.

« Je me rends compte que… Depuis qu’on se connait, je t’ai caché tellement de choses… Dit Will, les yeux rivés sur sa tasse. Bon pour certains aspects, je n’ai pas eu trop le choix. Je n’ai jamais parlé de mon passé, il est franchement… Pas très reluisant mais facile à résumer. Un père alcoolique violent, une mère dépressive et un frère drogué. Voilà, je te laisse imaginer le reste. »

Ses doigts tripotent nerveusement la tasse avant qu’elle ne se penche pour la déposer sur la table basse et récupérer le téléphone de son meilleur ami. Puisqu’elle n’a pas le sien, elle utilisera celui-ci pour hacker son propre téléphone. Rien de bien compliqué étant donné qu’elle sait encore comment contrer les sécurités qu’elle a installé. Cela ne lui prend que très peu de temps avant d’avoir accès à ses fichiers personnels. Elle hésite, garde le portable entre ses mains puis finit par le tendre à Graham, tremblante. Ce qu’elle s’apprête à faire… Sur l’écran s’est affichée la photo d’une gamine au visage malicieux. Des cheveux châtains clairs, des yeux noisettes et un nez parsemé de taches de rousseur.

« Elle s’appelle Eleanor, elle a cinq ans et… C’est ma fille. »

Graham & Willow 

La main de Willow tremble légèrement alors qu’elle tient le téléphone de son meilleur ami, écran face à lui avec dessus, une photo d’Eleanor. Son estomac est un peu noué bien qu’elle sache que Graham n’aura certainement pas une réaction négative à l’annonce que vient de faire la brunette. Pourquoi en aurait-il ? Ce n’est pas tellement la réaction des gens qui l’angoissent mais plutôt le fait de dévoiler à quelqu’un un élément de sa vie qu’elle a mis tant d’énergie à protéger, à éloigner le plus possible de son existence chaotique et peu propice au calme. Mais ce soir… Ce soir elle a juste envie d’être honnête envers la personne qui, elle le sait, lui restera toujours fidèle. Jamais elle n’aurait cru pouvoir un jour faire ainsi confiance à quelqu’un et pourtant… Elle se rend compte qu’elle aurait dû le faire plus tôt, retirer certains poids de sur ses épaules. Mieux vaut tard que jamais, non ? La réaction du mutant ne se fait pas attendre, ses yeux s’écarquillent et un énorme sourire étend ses lèvres ; sourire communicatif car un petit, timide, se forme sur le visage de Willow.

« Sérieusement ? Bien sur que c'est sérieux ! Elle a tes yeux ! Elle est adorable ! Dis ! Dis ! Dis ! Je peux être son parrain ? Je peux la rencontrer ? Hein ? Steuuuuuplaaaaaaait ! J'ai toujours voulu qu'un gamin m'appelle tonton Graham. Alors la tienne, je suis sur qu'on va super bien s'entendre !
-Wow, que d’excitation, dit-elle en riant doucement. Je… Je suppose que tu peux la rencontrer, oui. Elle habite dans la banlieue extérieure de New-York avec sa… Grand-mère, en quelque sorte ; une amie qui s’occupe d’elle depuis sa naissance. Tu peux être tout ce dont tu as envie puis je suis sûre que t’entendras bien avec elle, c’est une gamine plutôt drôle. »

Une première, encore une fois ! Will n’a jamais ramené qui que ce soit chez Amanda pour qu’on rencontre sa fille, après tout, qui aurait-elle pu ramener ? Graham. Oui, okay. Mais tout ce qu’elle a fait, c’était uniquement pour protéger son enfant car bien qu’elle ne soit pas la mère de l’année, Willow s’occupe avec beaucoup de sérieux de la protection d’Eleanor ainsi que de son éducation. Elle remet une mèche de ses cheveux derrière l’oreille, écoute son meilleur ami avant d’hocher de la tête.

«  Tout ça à l'air d'être un secret. Donc si tu veux, je te promets de le protéger. De la protéger. Et si t'as besoin d'un technopathe pour l'inscrire dans les meilleures écoles du coins, je suis ton mutant. Han, elle est vraiment adorable. Elle a le même air que toi quand tu t'apprête à dire un truc qui va me faire rire.
-C’est tout ce que je veux, la protéger. C’est en partie pour ça que je ne l’élève pas, mon boulot est bien trop dangereux, je ne veux pas l’impliquer… Je veux juste qu’elle puisse avoir une vie normale. Mais je ne sais pas… Avec tout ce qu’il se passe, j’ai pas mal envisagé de la renvoyer en Angleterre avec Amanda mais c’est… Dur. Je ne pensais pas que j’aurais autant de mal à prendre cette décision. »

Il faut dire que Willow a mis du temps à s’attacher à son enfant. Sa grossesse passant inaperçue et s’étant retrouvée avec un bébé du jour au lendemain, elle avait été traumatisée. Puis elle, s’occuper d’un enfant ? Will s’en était sentie incapable et avait préféré confier le bébé à une personne à peu près digne de confiance… A savoir son ancienne voisine. Oui, parfaitement. La première année d’Eleanor, Willow regardait l’enfant de loin, ne ressentant que de la douleur en voyant le bébé de l’homme qu’elle avait tant aimé et qui l’avait laissée tomber du jour au lendemain. Puis ça a fini par passer et ces dernières années, on peut dire qu’un véritable lien mère-fille a pu se tisser.

«  On a tous un passé dont on est pas forcément fier Willow. Moi, j'ai du changer d'identité pour laisser ma vie passée derrière moi. Je remettrais sans doute jamais un pied en Angleterre. Mais tu peux être fière de toi, elle est magnifique. Et Eleanor est un super prénom.
-Parfois, j’aimerais bien pouvoir l’effacer, ce passé. Elle baisse ses yeux mais esquisse un petit sourire. Je crois que ce doit être la meilleure chose que j’ai jamais fait de toute ma vie. On l’appelle plutôt Ella, je ne sais pas trop pourquoi, même elle préfère son surnom. Tu l’entendrais parler… Celle qui s’en occupe est de Londres alors forcément, je te laisse imaginer son accent. Ella parle avec un accent qui mélange l’anglais de le new-yorkais, c’est parfois à mourir de rire. Elle va te sortir des expressions typiquement londonienne mais caser en plein milieu un mot que tu n’entendras qu’ici. Et elle adore Star Wars puis Doctor Who ; des fois elle va se coucher avec le sabre laser qu’elle a eu pour son anniversaire. »

Will marque une petite pause, caresse la tête de Newton qui ronronne à fond les ballons. L’animal rejoindra Amanda et Ella, Willow n’est pas certaine qu’elle aura beaucoup de temps à se consacrer à son chat… Surtout si elle doit partir en cavale à cause de cette foutue loi de recensement.

« Je me rends compte que j’aurais dû te parler d’Ella bien plus tôt… C’est juste que… J’ai toujours eu peur de le dire à la mauvaise personne mais je sais pertinemment que tu ne me trahiras jamais et que je peux te faire complètement confiance. Du coup… Elle pose sa main sur l’épaule de son meilleur ami avec une mine grave. Graham Johnson, à compter de ce jour, tu deviens le parrain d’Eleanor Greene. Tu as l’autorisation de la gâter mais pas trop non plus ! »