The wonders of Shanghai [Shadow & Jackson] [Flashback]

The wonders of Shanghai

Shadow R. Zidar & Jackson Wilde

Le Grand Prix de Shanghai est probablement mon préféré, après Silverstone. On ne s’ennui jamais lorsqu’on est en Chine, autant sur la piste qu’en dehors. Ayant l’habitude de la ville à force d’y concourir, ni le vol très long, ni le dépaysement assuré ne me dérange à présent. Je n’ai toutefois pas la tranquillité familière de mes visites précédentes. Mon agent ne cesse de m’appeler aux cinq minutes. Il y a des problèmes à régler et des détails pénibles dont je dois être mis au courant. Je ne peux pas simplement déléguer à Rick comme j’ai l’habitude de le faire. Il est au cœur de la tempête, sauf que là les vents me foncent en plein dans la tronche au passage. Il y a un souci avec mon image en ce moment. Rien de scandaleux ou de capable de détruire ma carrière heureusement. En fait, c’est plutôt des photos de moi qui circulent sur internet. Encore une fois, rien d’alarmant, je ne suis pas nue ou représenter en train de prendre drogue comme on voit souvent chez les célébrités ses derniers temps. Non, en fait, ce sont des images de ce qui est arrivé à Rome, il y a quelques semaines. J’étais en vacances là-bas, lorsqu’une sorte de monstre bizarre m’a prit pour son prochain repas. Les Avengers qui étaient déjà sur le coup se sont occupés de la bête, mais je me suis fais pulvérisé par une boule d’énergie de Wanda Maximoff au passage. Comme on ne peut pas me tuer en m’attaquant physiquement, j’en suis ressortie indemne. Les photos ne concernent pas cet incident avec Wanda, ni même ma petite course poursuite pour fuir le monstre. On m’a simplement photographié sur les lieux de l’attaque, un peu avant que le montre ne bondisse pour défoncer un immeuble. On me voit donc clairement être impliqué dans cette histoire et ensuite, agglutiné dans la foule des gens apeurés. Rick à l’habitude de dealer avec ce genre de tempêtes médiatiques. Sauf que là, même la F1 s’en mêle. Les présidents veulent savoir si je vais bien et tout le tralala habituel. Mon agent est sur le coup, mais pour cela, il doit m’arracher le plus d’informations possibles sur les évènements. Je ne veux pas lui mentir, mais je ne veux pas non plus m’exposer en tant que mutant et leur parler de mon malentendu avec Wanda. Elle m’a attaqué par accident.

Je suis en plein centre-ville de Shanghai. Je traverse les obstacles et la foule tout en parlant au téléphone avec Rick. Cela ne semble pas une évidence, mais je suis actuellement à la recherche d’un resto. J’ai une faim de loup et les longues heures dans l’avion de ce matin n’améliore pas les choses. Je commence à être impatient, autant parce que mon agent gueule à l’autre bout du fil que parce que je ne trouve pas ce que je cherche. Cela à pour effet de me perturber. Je marche un peu plus vite, fulminant intérieurement un peu plus à chaque pas. D’ordinaire, j’ai un don pour trouver un endroit sympa pour casser la croûte, même dans un pays étranger. Mais aujourd’hui, rien ne va. Je suis sur le point de lancer mon cellulaire au bout de mes bras. J’en ai marre de cette histoire pourtant assez simple, mais qui ne se règle pas. Je me concentre alors un peu plus sur ma conversation téléphonique, afin de boucler le sifflet de Rick. Ma réplique est assez éloquente : « Débrouilles-toi, sinon tu es viré ». Je raccroche alors furieusement. Je sais que c’est puéril. Il ne veut que m’aider. Sauf que je suis fatigué et affamé et donc vraiment pas d’humeur à papoter. En relevant la tête de l’écran de mon téléphone, je vois trop tard le kiosque juste devant moi. J’ai pour réflexe de m’arrêter net, mais ça pour effet de me déséquilibrer. Tombant inévitablement vers l’avant, je parviens à m’éviter une belle chute en plein milieu de cette rue commerciale en m’agrippant désespérément à une lampe en haut de ma tête. La pression appliquée sur la simple ficelle retenant la lampe cause sa rupture. L’objet se retrouve au sol sans que je puisse l’arrêter. La lampe en verre se brise en plusieurs morceaux et le bruit des éclats qui volent dans tous les sens attirent les regards. La tenancière du kiosque commence à m’insulter dans la langue locale. Je n’en peux plus de me faire crier dessus, sauf que je choisis de me pas m’énerver davantage. Je me penche pour ramasser mon merdier. La femme n’est pas contente et contourne le kiosque pour m’empêcher de nettoyer le sol des éclats de verre. Ma compréhension du dialecte qu’elle emploie se limite à « salut » et « merci », aucun mot pouvant me porter secours en cet instant. Même si elle beugle à côté de moi, je m’entête à vouloir ramasser les morceaux de lampe à main nus. Le pointu des éclats entre en collision avec ma peau et ma mutation fait le reste. Je recueille le tout sans me couper et en détruisant même au passage ce qui aurait normalement percé la main de n’importe qui d’autres. Je me débarrasse des éclats dans un sac juste à côté et je remarque que la femme me dévisage en silence. Quoi, elle n’est plus fâchée contre moi? En fait, elle attrape mes deux mains et les inspecte. Aucune blessure. Me sentant soudain mal à l’aise, je me dérobe à son emprise et recommence à marcher rapidement dans la foule. J’ai l’impression que tout le monde me regarde. Que tout le monde est au courant de ce que je viens de faire. Alors qu’en vérité c’est ma tête d’occidental couverte d’une casquette et de lunettes fumée qui attire les regards. Je suis sûr que personne ne m’a vue exhiber mon pouvoir aussi imprudemment. Enfin, je l’espère.

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Je me sens stupide d’avoir été aussi imprudent. Ma mutation est devenue une seconde nature. N’ayant plus peur de rien, je ne me souviens pas immédiatement de ce qui normalement est potentiellement dangereux. Je ne le réalise bien souvent qu’en l’exécutant. Comme me mettre à ramasser des morceaux de verres tranchants à mains nues en public. Je me penche et je saisis les morceaux, point. Je comprends ensuite que ce n’est pas normal. Qu’une personne ordinaire aurait utilisé un balai, des gants ou peu importe d’autre mais pas leur propres mains puisque le risque de se couper est énorme. Et comme notre corps craint tout ce qui peut nous blesser, les gens songent à ce genre de choses avant de les faire. Pas moi. Oui, avant je le faisais. Enfant, je savais que le rond du four était brûlant et je n’y touchais pas. Cette pensée bloquait un geste stupide pouvant me mettre en situation désagréable. N’ayant plus ce réflexe depuis quelques années, je ne suis plus stoppé dans mes actions pourtant rationnelles. Ce n’est pas une question de rationalité en fait. C’est seulement que mon corps sait d’une certaine manière que je peux saisir du verre sans danger. Le problème d’avoir peur ou d’un souvenir d’une douleur causée par une coupure accidentelle ne me frôle même pas l’esprit. Ce qui me fait réaliser les choses (trop tard) c’est un souvenir plutôt du type émotionnel. Une nostalgie qui me fait me rappeler que dans le temps j’aurais la main en sang. Du sang, Seigneur je n’en ai pas vu sortir de mon corps depuis des années! J’ai finis par oublier ce que ça fait. Être normal. Et ça me fâche lorsque ça m’arrive en public. Dans le contexte d’une course on me pardonne ma témérité puisque ça fait partie du jeu. Mais dans ma vie de tous les jours, je n’ai aucune excuse valable. Je devrais normalement faire plus attention, mais quand en plus la frustration occupe toute votre esprit, il n’y a pas de place pour des réflexions aussi accessoires que donner l’apparence d’être normal. Je viens donc de me dévoiler bêtement. Cela accentue de façon considération ma colère initiale. À présent, je suis en rogne surtout contre moi-même. Je rage d’une manière excessive, transparaissant même dans ma démarche. Mes pas sont lourds et plus rapides qu’à l’ordinaire.

Je fends la foule sans leur accorder le moindre regard désormais. Je suis pressé de rentrer à mon hôtel. Pour probablement piquer une crise à Rick alors qu’il fait de son possible. Ce n’est rien contre lui, il mettra probablement le tout sur le compte du stress d’avant course. Je ne suis pas ce genre de personne. L’origine de ma future colère sera ma stupidité. Et comme mon agent ne sait pas pour ma mutation, je ne peux pas lui raconter ma bévue. N’ayant pas de confident immédiat, je vais débouler devant lui et laisser échapper mon trop plein d’émotions négatives sur lui. Le pauvre, je le malmène quelques fois. Je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Je grogne mais le saisis tout de même. En me penchant pour voir qui m’appelle à ce moment critique, je ralentie mon pas jusqu’à m’arrêter tout simplement. En reconnaissant le numéro d’un des ingénieurs de Red Bull Racing, je m’apprête à répondre lorsqu’on me rentre dedans. Le choc me déstabilise au point que j’appuie sur la mauvaise option et ignore l’appel plutôt que de le prendre. Je me retourne vivement sur la personne qui vient de me bousculer. Un homme plus petit que moi, aux cheveux noirs et aux lunettes fumées semblables à celles que je porte. Je fronce les sourcils avec hostilité.

-Regardez un peu où vous allez! Je lui réponds sèchement.

Je me retourne pour me concentrer à nouveau sur mon téléphone. Si un ingénieur m’appelle à ce moment précis, c’est parce qu’il a besoin de moi pour des ajustements sur la voiture. Les essaies ne débuteront que demain, mais l’équipe de mécanicien est déjà en préparation pour que lorsque nous auront du temps de piste, nous pourrons l’investir au maximum sur les performances en course. Je m’apprête à ouvrir l’écran de mon cellulaire lorsque je me souviens d’un détail. D’un homme qui me regardait quand je me suis relevé après avoir ramassé les morceaux de la lampe. Oui, maintenant je me rappelle. Il s’agit d’un gars exactement comme celui qui vient de me rentrer dedans. Je me retourne donc avant qu’il ne m’échappe :

-Hey, tu m’as vue! Je lui dis tel un reproche.

Je le dévisage d’un coup, me demandant pourquoi il a décidé de me suivre. J’espère qu’il n’est pas un agent du gouvernement qui a déjà avertie ses petits copains qu’il m’avait en filature. Mes yeux sont lourds de méfiance, dans l’attente d’une réponse de mon poursuivant.

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Ce n’est vraiment pas la bonne journée pour venir m’embêter. Ça s’était une certitude. Ma patience ne tenait plus à présent qu’à un fil. Il m’aurait été si facile de poursuivre ma route après avoir lancé quelques insultes au gars qui me suivait. Sauf que le fait qu’il m’avait vue utiliser mon pouvoir et avait décidé de risquer de me coller aux baskets pour ça me retenait devant lui. Qu’est-ce qu’il me voulait? Je dois admettre que je n’y ai pas été doucement avec lui jusqu’à présent. Sauf que comme je l’ai déjà dis, ce n’est vraiment pas la bonne journée pour ça, vraiment pas le bon moment tout court pour me bousculer de la sorte et jouer au curieux avec mon pouvoir. Il ouvre finalement la bouche. Ça façon de s’exprimer en anglais me surprend quelque peu, me faisant perdre un instant ma garde. Je reste ensuite scotché sur certains mots qu’il a employés, ne les comprenant absolument pas. Je les répète d’ailleurs, pour qu’il clarifie sa pensée :

-Proposer une solution? Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire?

J’ai parlé un peu plus doucement et de manière civilisée puisque je suis curieux de connaître la réponse malgré mon exaspération. Je le regard profondément dans l’attente d’une explication, le voyant ensuite mettre deux doigts sur une branche de ses lunettes fumée. Il les abaisse sur son nez me permettant de voir une étrange lueur surnaturelle dans son regard. Je reste bouche bée en le voyant. Je comprends alors ce qu’il est. Ce gars là est un mutant, comme moi. Je ne sais plus comment réagir d’un coup. Il replace ses lunettes afin de bien couvrir son regard. Je déglutie, reprenant un peu sur moi. Il me demande alors si je suis pressé, si je veux partir à l’instant. C’est évident que je le suis, mais ce qui vient de se passer surpasse tout le reste. Je tourne la tête vers une sorte de petite ruelle entre deux commerces. Je lui pointe du menton la direction :

-De ce côté.

Je me dirige vers la ruelle. Une fois un peu à retrait de la foule réunie dans cette artère commerciale, je me penche vers le mutant afin de pouvoir parler un peu plus discrètement.

-Dis-moi ce que tu as à dire.

Mon regard est sérieux, mais pas méchant. Je commence seulement à être un peu inquiet par la réelle raison de sa présence ici. Il est un mutant lui-même et il veut me proposer une solution immédiatement après m’avoir vu me dévoiler stupidement à une parfaite inconnue. Une solution pour quoi? Pour me contrôler? Pour me « guérir » de ce qui me sauve la peau si souvent? J’espère que ce n’est pas ça parce qu’il va alors vraiment goûter à mon humeur lorsqu’elle est poussée à bout. Je ne suis pas méchant d’ordinaire, mais en ce moment, alors que je suis sans patience, il ne faut pas ce surprendre d’un tel comportement. Ça n’a rien contre lui, c’est seulement un concours de circonstances qui vont contre lui, tout simplement. Je suis déjà relativement calme en comparaison à ce que je pourrais être en une telle situation. Mon téléphone sonne alors une fois de plus et j’ignore l’appel dans un grognement, sans regarder qui tente de me rejoindre. Je me jure par contre à moi-même que si mon cellulaire sonne encore une fois, que cette fois je vais y répondre, peu importe ce que l’homme en face de moi est en train de me raconter. D’ailleurs, je suis une fois de plus pencher vers lui, dans l’attente de ce qui sortira prochainement de sa bouche. J’ai beau réfléchir à ce que sa solution miracle peut être, je n’en ai absolument aucune idée. Et je vous jure que si ça n’en vaut pas la peine, je vais rapidement repartir de mon côté et tenter d’oublier cette étrange rencontre. Oui, je suis pressé. Oui, je n’ai pas de temps à perdre. Mais le fait que j’ignore tout cela en ce moment pour lui, ça se mérite. Je ne vais pas endurer qu’on se paye ma tête très longtemps, si c’est le cas bien sûr.

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Je ne saisissais toujours pas pleinement ce qui m’arrive. Pourquoi cette rencontre devait avoir lieu à ce moment et cet endroit précis. Un mutant, tout comme moi, qui apparaît sur ma route pour me révéler des informations capitales. Pourtant, ma méfiance ne dérougit pas. L’homme est trop étrange, trop mystérieux pour faire autrement. Cela me semblait toutefois trop compromettant comme discussion pour la faire en plein milieu de cette rue commerciale de Shanghai. Je le pousse donc dans une ruelle tout près et de là il semble s’exprimer un peu mieux. Je l’écoute avec attention, ne m’attendant absolument pas à ce qu’il me propose un endroit où vivre avec d’autres mutants. L’Institut Xavier. Pourquoi ce nom me dit quelque chose? Je fronce les sourcils, ne mettant pas le doigt sur ce souvenir que je recherche. Je baisse les yeux, poursuivant ma réflexion un instant. Je ne sais pas quoi lui répondre. Je n’ai pas vraiment la tête à envisager un tel avenir. Me retrouver dans cet Institut serait une limitation à mon existence actuelle, pour le pas dire un frein total. Je vais devoir renoncer à mon boulot et ma vie pour m’y réfugier et ainsi être libre d’exposer mon pouvoir apparemment. Je stoppe ma réflexion jusque là, ne pouvant envisager autres choses que les points négatifs d’une telle proposition.

-C’est bien beau tout ça, mais je ne pense pas que c’est une vie qui me conviendrait. Je ne suis pas prêt à renoncer à tous ce que j’aime sous prétexte que cet endroit que tu me présente est tellement merveilleux. Si j’avais été encore un ado et que je n’avais pas eu toutes ses responsabilités, je ne dis pas. Mais ce n’est pas le cas. Désolé.

Mes paroles sont calmes, malgré les lourds sous-entendus qu’elles peuvent dissimuler. Je refuse de me laisser entraîner dans cette sorte de pensionnat pour mutants. Je ne pense pas que tous nous réunir au même endroit est une bonne chose. Je peux conserver mon identité secrète seul, ça j’en suis persuadé. À condition d’éviter d’autres incidents dans le genre. Il me demande comment je m’appelle et je soupire en réalisant que j’ai vraiment été brusque avec lui. Nous parlons depuis peu de temps et je n’ai même pas pris la peine de me présenter à lui. Je décide de rectifier le tir, pour ne pas rester en froid avec cet homme :

-Je suis Jackson.

Je lui tends une main que je serre avec un peu de regrets dans le fond de mon regard :

-Écoute, ça n’a rien à voir avec toi. C’est juste que je ne suis pas prêt pour ce genre de chose. Je tiens à ma vie actuelle, même si cela me met en danger.

Je romps le contact, juste à temps puisque mon téléphone sonne à nouveau. Je le prends et comme je me suis promis préalablement, je décroche aussitôt. Je m’éloigne de deux pas afin de ne pas paraître impoli à ainsi discuter avec une autre personne juste devant le mutant. C’est l’ingénieur en chef qui me réclame, comme je le pensais. Je lui assure que je vais être là dans une vingtaine de minutes, le temps de me rendre à la piste de course. Je raccroche ensuite et me retourne ultimement vers l’homme aux yeux étranges.

-Merci pour ta proposition, je ne l’oublierais pas.

Je tourne ensuite les talons et je rejoins la circulation de la rue commerciale. Je n’ai pas mentie en disant que j’allais me souvenir de cette proposition. En cas de besoin, je sais qu’il existe désormais un endroit où les mutants se protègent entre eux. Quelques recherches sur internet me permettront de localiser précisément l’endroit. Tout en marchant, je continue à y réfléchir. Si seulement j’avais entendu parler de l’Institut plus tôt, alors que je découvrais mon pouvoir et que j’étais dans la confusion la plus totale sur ce que je suis. Les choses auraient pu être tellement différentes. À présent, il est trop tard pour ignorer ma vie actuelle. Je ne peux pas tout quitter comme ça. Plus important encore, je ne le désire pas.