Devil in me [Feat Grant ]

Je me levai du lit de camp sur lequel j'étais censé dormir. Enfin, je n'avais pas dormi. Je ne dormais jamais ou si peu. Si les cauchemars n'étaient plus aussi présents qu'auparavant, il n'en restait pas moins que j'étais toujours sur mes gardes et ne semblait ressentir la fatigue. Une fatigue qui était pourtant là, en veille pour le moment mais qui ne tarderait sans doute pas à resurgir de nouveau. Pourtant, je ne pouvais plus faiblir. Un royaume était à ma porte et aucun roi digne de ce nom ne pourrait seulement baisser sa garde, montrer ses faiblesses. Je n'étais pas un faible, j'avais déjà vécu des nuits bien plus pires que celle-ci à attendre dans le froid que ma cible apparaisse, ceci n'était rien. Rien hormis un contre-temps. Si tôt ou tard la fatigue réapparaîtrait, ce ne serait néanmoins pas ce soir. Non pas que je pouvais tenir plus, mais sans doute parce que je l'avais décidé. Je me levai silencieusement, attrapant un tee-shirt noir que j'enfilai. Tout autour de moi, des lits de camps se dessinaient avec les silhouettes des nouveaux membres d'HYDRA dessus. Tous dormaient hormis ceux qui étaient de garde et ceux qui n'arrivaient pas à dormir. Pendant quelques secondes, je ne bougeai pas, restant immobile, contemplant les corps endormis de ces nouveaux hommes et femmes qui avaient rejoint les rangs d'HYDRA, me rejoignant en prouvant leur loyauté en faisant couler le sang. Si je ne pouvais leur faire confiance, n'y réussissant, il n'en restait pas moins que ma présence suffisait pour qu'ils sachent ce qui se passerait s'ils venaient à me trahir. Seule la mort pourrait alors les accueillir, car, il devenait que plus certain que je n'accepterai pas la trahison. Pas dans cette nouvelle ère où tout était encore à prouver. Et quand la page se tournerait enfin cela ne fera aucun doute que je serai aux premières loges pour assister à ce moment.

Je me mis en marche, zigzaguant entre les camps tandis que des ronflements résonnaient dans la nuit noire. La pièce n'était seulement éclairée que par les lueurs de la rayon de la lune. Me déplaçant en silence, je remarquai alors la silhouette d'une jolie rousse le long de la fenêtre que je reconnus aussitôt comme étant celle d'Al'ya. Vêtue légèrement, elle semblait perdue dans ses pensées, contemplant l'horizon sans rien dire. Je m'approchai d'elle, posant ma main sur son épaule tout en lui plaquant une main sur la bouche pour qu'elle n'alerte personne. Elle se débattit puis me reconnut. Je posai un doigt devant ma bouche pour lui faire comprendre de ne pas faire de bruit avant de lui indiquer de me suivre. Je passai devant les dormeurs et les lits de camps, traversant la pièce pour me diriger plus loin dans la base, notant une fois de plus que c'était l'endroit parfait pour permettre à HYDRA de se reconstruire. Repérant alors Kebo, je me dirigeai vers lui. Cet homme a la peau tannée avait une liste étonnante de contacts et avait été à vrai dire le parfait lieutenant. Et il l'était encore maintenant. Sans doute l'un des seuls hommes en qui j'avais confiance. En me voyant arrivé, il se déplaça, se dirigeant directement vers moi.

- Je prends la relève.

Je fis signe à l'homme taillé seulement en muscle qui s'appelait John de le suivre, nous laissant seuls avec Al'ya. Je gardai le silence quelques instants, observant le déplacement de mes hommes avant de reporter mon attention sur la jeune femme. Ses cheveux roux étaient en bataille et il me suffit de quelques instants à l'étudier pour savoir qu'elle avait fait un cauchemar. A croire que jamais nous ne serions totalement libres, si ce n'était le jour, nos propres peurs venaient à se jouer de nous dès que le soleil tombait comme s'il ne suffisait que le destin soit assez cruel comme cela. Je détaillai le visage de la rouquine qui me regardait, les yeux encore à moitié fermés, encore sous le coup du sommeil. Je laissai quelques secondes s'écoulaient avant de finalement prendre la parole :

- Ils sont encore là n'est-ce pas ?

Toujours là. Fantômes du passé se mêlant à ceux du présent, se mêlant aux ombres de ceux qu'on tentait d'oublier sans aucun succès. Mais dans tous les cas, au final, la nuit les emportait tous quoique nous laissant un arrière-goût amer en bouche tandis qu'on rouvrait les yeux. Une autre raison pour lequel j'en venais à dormir si peu, cela m'évitant de devoir replonger dans d'autres cauchemars comme l'avait fait Al'ya. Pendant quelques secondes, je me demandai ce à quoi elle avait rêvé. Avait-elle pensé à son frère, Maxence, qui lui faisait partie du SHIELD, qui était l'un de nos adversaires qu'elle serait peut-être un jour amener à tuer quoique je lui épargnerai sans doute cette peine en le tuant moi-même. Cependant, je n'avais rien à ne pas lui poser la question d'autant qu'elle me répondrait sans doute, me confiant ce qui la tourmentait, espérant peut-être que je saurai la réconforter, ce qui ne serait sans doute le cas. Tout ce que je pouvais faire était de lui donner les moyens d'en finir à elle aussi.

- Qu'en était-il cette fois ?

Je me reçu son coup de coude de plein fouet alors que je venais de lui plaquer ma main sur la bouche pour que'elle ne puisse alerter tout le monde. Tout le monde, enfin, tous les membres d'HYDRA qui dormaient dans la pièce, couchés sur des lits dans de camp. Un mouvement instinctif dont je ne lui tins compte alors que je contractai mes abdominaux. Simple réflexe comme elle avait eu. Un coup qui ne me déstabilisa pas particulièrement bien que je la lâchai aussitôt alors qu'elle remarquait à quelle personne elle faisait face. Je ne pouvais lui en vouloir d'avoir réagir si brutalement, instinctivement, son cerveau s'était mis en étal de self-défense. Chacun de nous réagissions différemment face à une attaque, face à une approche, un contact avec un autre non souhaité. Elle faisait preuve de bon réflexe à mon goût, son entraînement commençant à porter ses fruits encore plus. Elle me fixa l'air étonné mais aussi désolé. Désolée de m'avait donné un coup de coude alors que ce n'était rien. Néanmoins, je ne relevai pas, la laissant s'excuser même si cela n'était pas spécialement nécessaire. Lui faisant signe de me suivre, j'attendis qu'elle ait compris néanmoins que je voulais qu'elle me suivre sans faire de bruit pour la mener jusqu'à une autre pièce. Là, je demandai à Kebo et John de s'en aller avant de demander à Al'ya de quels fantômes avaient-elle rêvé cette fois, quels cauchemars avaient-fait. Elle mit de longues secondes avant de prendre la parole, avant de me répondre, hésitante. Je vis son regard flancher, mais je savais que néanmoins, elle me dirait ce qui n'irait pas. Une certitude acquise non pas parce qu'il était clair qu'elle avait confiance en moi, mais parce qu'elle n'oserait me mentir. Elle commença alors à me raconter son rêve ou plutôt son cauchemar, m'expliquant qu'elle s'était vu mourir ou plutôt qu'elle s'était vu découvrir son propre cadavre. Je ne déclarai rien, voyant qu'elle n'avait pas terminé. Ce fut après une nouvelle hésitation qu'elle m'annonça que ce rêve n'était pas un simple cauchemar, qu'elle le ressentait plus comme une prémonition. J'encaissai la nouvelle sans broncher. Je n'avais pas le don de me fier aux rêves. Face à mes peurs, je m'obligeais à les surmonter, à passer au-delà quitte à ce que cela passe à travers des meurtres. J'avais tué ma propre famille pour passer au-delà et je n'avais aucun remord face à cela à vrai dire. Mais nul n'était le moment de me concentrer sur cela, je reportai mon attention sur Al'ya, qui serrant les poings me faisait face, masquant ces émotions. Mon regard se plongea dans le sien.

- Ce n'est qu'un rêve et ce cauchemar ne deviendra réalité que si tu lui laisses acquérir de la puissance.

Je m'adossai contre la table, lui jetant un coup d'oeil avant de reprendre d'une voix sans appel, continuant à réfléchir en même temps.

- Tu peux laisser tomber ou te relever. Passe au-delà si tu es vraiment avec nous, apprend à te battre pour devenir meilleure, sinon pars.

Sans doute était-ce cruel de ma part de ne lui laisser d'autre choix que de la forcer à se relever. Enfin, si elle avait toujours une autre option, celui de partir d'HYDRA mais alors cela serait comme une trahison et je devrai me charger de la tuer. Les règles que j'avais instauré étaient dures plus que tout mais je ne pouvais me permettre de laisser le choix, je ne pouvais leur permettre de s'effondrer. Je n'avais pas seulement besoin de soldats, j'avais besoin de personnes prête à se surpasser plus que tout, prêt à faire tout leur possible pour survivre et avancer encore et encore. Ce n'était pas le temps de s'appesantir sur son sort, HYDRA était en train de renaître de ses cendres et malgré mon désir de protéger la jeune femme, je ne pouvais la forcer qu'à se bouger un peu plus. Même si elle n'en montrait rien, je me doutais qu'elle avait peur. Peur que son cauchemar devienne réalité, que ses prédictions soient vraies fondées tout comme que son don de trouver des personnes mortes étaient infaillibles. Je me levai subitement, m'écartant d'elle avant de me diriger vers une autre pièce vide, entièrement déserte qui était uniquement éclairée par le cours de la lune. Je déposai mes armes sur le sol, pivotant sur mes talons pour me tourner vers elle.

- Si tu veux vaincre, alors tu dois apprendre les règles.

Avant de lui laisser le temps de me répondre, je m'approchai d'elle, l'attrapant par le bras avant de la faire basculer par-dessus de mon dos. Son corps s'écrasa sur le sol, j'accompagnai sa chute, l'empêchant de se faire plus mal qu'il ne devrait alors qu'aucun tapis ne recouvrait le sol. Je la relâchai avant de me reculer.

- Si tu veux apprendre à vaincre tes peurs, tu dois d'abord te relever. Alors, relève-toi et bas-toi si tu ne veux mourir, si tu ne veux laisser l'avantage à tes ennemis.

Je la regardai, attendant qu'elle fasse son choix. Elle avait juste à prendre une unique décision, celle qui changerait sa vie. Je n'avais rien contre elle, je m'étais même peu à peu attaché à elle non pas sur le plan sentimental, mais en tant que personne. Sans doute était-ce d'ailleurs pour cela que je mettais autant de barrières entre nous, ne voulant refaire les mêmes erreurs du passé. John Garrett m'avait mis en garde pourtant. L'amour n'était que faiblesse et il faut dire que je commençai à bien le comprendre. L'amour n'était que perfidie et il semblait plus qu'important que je reforme les murailles. Tout pouvait s'effondrer de nouveau et je n'étais pas prêt à voir mon coeur se briser une nouvelle fois. Amusant comme on structurer ses émotions pour qu'au final, elles nous détruisent quand même. Je fermai les yeux avant de les rouvrir sur la jeune femme qui me regardait, l'observant impassible. Il s'agissait juste d'un choix et j'espérai que pour son bien, elle fasse le bon sinon j'en viendrai à la tuer que je l'appréciai ou pas, mes émotions n'avaient plus à impacter sur mes décisions. Elles ne pouvaient plus. Il fallait que je redevienne cet homme insensible quitte à briser d'autres coeurs, juste pour être sûr que tout irait bien pour moi, mais aussi pour HYDRA. L'organisation ne pouvait plus tolérer de nouvelles trahisons. Seuls les forts devaient survivre, les faibles n'avaient d'autre choix que de se relever ou de mourir. J'avais du faire face à ce choix auparavant alors que John m'avait abandonné dans la forêt du Massachusetts, me laissant deux mois pour décider si je préférai mourir ou vivre. Il m'y avait laissé 6 mois, cependant seul le premier jour avait suffit pour que je sache ce que je devais faire. En regardant la pluie couler autour de moi, noyer la terre, à même le sol, me réconfortant seulement de la chaleur que procurait le labrador de John. Perdu au milieu de nulle part, j'avais compris que je devais faire un choix, de même quand j'avais fait un autre alors que j'étais au SHIELD, décidant de me conforter aux ordres de John plutôt que de le trahir. Le poids des responsabilités était toujours sur nous, et jamais nous ne pourrons y échapper, du moins pas maintenant. Je continuai à regarder la rouquine, voyons qu'une expression de surprise se peindre sur son visage tandis qu'elle comprenait que j'étais sincère. Oui, j'étais prêt à la tuer si besoin, j'étais prêt à envoyer une balle se figeait dans son coeur alors que son corps retomberait sur le sol. Il n'y avait rien de personnel dans cela, c'était juste dans l'ordre des choses et de surcroît j'avais besoin de savoir jusqu'où elle était prête à aller.

Elle me regarda avant de s'exclamer avec détermination comme je le lisais dans son regard qu'elle ne voulait pas partir d'HYDRA, qu'elle voulait se battre. Tant mieux car tôt ou tard elle devrait se battre en personne contre d'autres. Je ne tardai à la mettre à terre, l'envoyant rouler sur le sol, voulant qu'elle apprenne qu'elle ne pouvait juste décider de se battre, qu'elle devait le faire. Je la laissai se relever, remarquant un peu plus que les entraînements qui avaient lieu entre les membres d'HYDRA commençaient à porter leurs fruits. Bientôt ce à ce que la jolie rousse avait le droit n'était en rien à comparaison à ce que devait prouver les futurs membres de l'agence. Ce n'était rien à comparaison de leur détermination à vouloir monter les échelons, à vouloir attirer l'attention de Kebo en frappant encore et encore d'autres hommes. Tous des brutes. Mais HYDRA n'avait pas seulement besoin de cerveaux, ils avaient aussi besoin de soldats. Mais Al'ya n'en n'étais pas une, pas encore. Elle s'approcha de moi, poings levés. Son placement était bon mais en avait-elle la détermination. C'était un choix de vouloir tenter d'être forte, un autre de l'être. Son poing fusa vers mon visage mais je l'évitai facilement. Elle tenta de me frapper encore et encore, tentant de montrer ce dont elle était capable mais j'arrivai à l'éviter facilement, ces mouvements étant bien trop prévisibles. Cependant, il me suffit l'espace de cette seconde pour qu'elle réussisse à marquer un point, son poing frappant mon visage, en plein la joue. Je reculai. Cet entraînement prenant une autre tournure alors qu'elle venait de me toucher. Un éclair assombrit mes yeux, alors que je lui rendis son coup, lui envoyant un coup de pied de la hanche avant de la frapper au visage, profitant qu'elle soit déstabilisée pour la frapper encore et encore. Elle n'avait aucun moyen de se défendre, je ne lui en donnait le temps alors que son corps retombait sur le sol. Mes mouvements n'étaient qu'accentués par la violence alors qu'il semblerait que le simple contact qu'elle avait eu avec moi n'avait fait qu'accentuer ma rage. J'étais juste en colère et pas du tout prêt à supporter de nouveaux contacts avec d'autres personnes, plus depuis Kara. Je relevai la tête, me penchant vers elle alors qu'elle était encore à terre, son visage saignant.

- Relève-toi Al'ya.

Je la dévisageai, déjà prêt à la frapper encore bien que je ne le ferai pas alors qu'elle était à terre. Étrange, le bruit n'avait pas attiré d'autres membres d'HYDRA ou alors ils préféraient juste ne se pas mêler à ce petit combat qui se déroulait en ce moment. Un choix préférable d'autant que je n'étais pas d'humeur à que d'autres se mêlent de ceci. Je me reculai, me forçant à la laisser se relever d'elle-même, me forçant à refouler mes émotions afin que ma colère me serve d'arme et ne sois pas utilisé contre une arme dont l'on pourrait se servir contre moi. Me reconsolidant un masque, je déclarai froidement, insensible comme si tout cela n'avait pas d'importance, comme si le fait que je venais de la mettre à terre n'était qu'un détail à mes yeux :

- Ne sois pas si prévisible. Maintenant relève-toi et montre moi ce dont tu es capable.

J'avais juste continué à la frapper encore et encore sans m'arrêtant, n'arrêtant pas de marquer son visage sans lui laisser une seule chance de se relever. Ce n'était même pas de la violence gratuite, c'était juste un déchaînement pur et simple pour dire. A vrai dire, cela n'avait rien d'apparent à ce que je tentais de lui apprendre quoique ce soit, je ne tentais pas de lui enseigner des tactiques de combat comme j'aurai du le faire si j'étais au SHIELD en tant qu'officier supérieur, comme je l'avais fait auprès de Skye alors que je faisais parti de l'équipe de Coulson, non je me déchaînais juste sur elle comme si j'avais en face de moi un punching ball. Amusant comme le simple contact qu'elle avait eu avec moi m'avait rappelé de mauvais souvenirs, avais juste éveillé de nouveau la colère qui était en moi alors que je lui rendais coup pour coup, la frappant juste comme jamais. Même Kebo avait toujours eu la subtilité de ne pas tenter de m'approcher alors que j'étais ainsi. Ce n'était pas la bonne solution loin de là, pas alors qu'une lueur sombre animait mon regard. Je me reculai finalement, la laissant à terre, la lèvre ensanglanté, de nouveaux bleus sur son visage, sur sa peau. Je la regardai, reprenant ma respiration, tentant de me calmer, tentant de contrôler mes pulsions de violence. Sans doute avais-je besoin de faire un tour. Une difficulté qui allait avec la chance de devenir un leader, moins de temps pour soi, toujours sous pression et toujours plus près de la brèche, plus près de craquer.

Elle se releva finalement, je lui laissai un peu d'espace, ne bondissant pas vers elle pour la frapper de nouveau, préférant voir ce qu'elle avait dans le ventre, si elle était déterminée que cela. Et déterminée elle le paraissait alors qu'elle se relevait, irradiant, ses cheveux roux emmêlés bien qu'elle n'y prenait garde préférant se diriger vers moi pour tenter de me battre. J'étais heureux de voir qu'elle ne se laissait juste pas tomber sur le sol alors que je lui avais pourtant flanqué des coups dans les hanches, la frappant à plusieurs reprises au visage sans m'arrêter, là et un peu partout, martyrisant son corps. Pourtant, elle n'était pas prête à baisser les bras comme je le voyais. Elle pivota sur ses talons, se dirigeant vers moi pour tenter de me porter des coups, tentant de frapper mon visage entre autre. Comme toujours, ses coups étaient trop prévisibles néanmoins elle y mettait de l'énergie, me forçant à reculer jusqu'au mur. Je me doutais bien entendu qu'elle ne comptait pas que dessus alors que ses coups ne réussissaient à atteindre leur cible, non, je m'attendais à ce qu'elle ait mis en place une stratégie comme je le vis à la lueur qui étincelait son regard néanmoins, je ne m'attendais pas à ce qu'elle en vienne à user son pouvoir. Si j'y avais pensé, j'aurai cru qu'elle allait y renoncer, mais non. Alors quand elle posa sa main sur mon torse, je ne m'attendais pas vraiment à cela, étant encore dans l'esprit du combat, dans le fait que depuis un moment maintenant j'évitai les contacts avec les autres, surtout ceux que je ne désirai pas, des contacts qui m'obligeaient à baisser la garde, me rappelant que certains avaient pensé pendant un temps que j'étais encore humain. J'attrapai soudainement ses poignets avec force, avec violence voulant la repousser, ne me rendant compte que son pouvoir était déjà à l'oeuvre. Les battements de mon coeur s’accélèrent.

Sa silhouette était devant moi, pâle fantomatique. Ses cheveux bruns retombant le long de son visage, alors qu'elle faisait un pas vers moi. Si belle qu'on aurait cru un ange tombé du ciel. Je ne pouvais que la regarder s'approcher alors que je me revoyais la tenir dans mes bras jusqu'à la fin. Je fis un pas vers elle alors que j'avais l'impression qu'elle dansait autour de moi, tournoyant dans la pièce sombre qui semblait seulement illuminée par sa présence. Tant de choses que j'aurai aimé lui dire, tant de choses que j'aurai aimé lui avouer, pouvoir profiter de plus de minutes en sa compagnie. Mais le destin comme la vie avait bien été trop cruel pour me laisser profiter de sa présence, pour me laisser admirer plus longtemps les courbes de son corps.

- Je suis désolé.

Je l'étais vraiment et je savais qu'il n'y avait pas de mots, d'excuse suffisante pour me faire pardonner, pour la supplier de me pardonner ce que je lui avais fait comme si je voulais effacer le fait que je l'avais tué alors que chaque jour elle apparaissait de nouveau dans mon esprit. Elle s'avança un peu plus jusqu'à se retrouver à un pas de moi. Si près que j'aurai pu la toucher, il me suffisait juste de tendre le bras et pourtant alors que j'étais face à elle, j'en étais incapable comme si j'étais privé de tous mes mouvements. Elle fit un pas de côté, sa main se posant sur ma joue.

- On sait tous deux que tu ne l'es pas tout comme tu sais au fond de toi que tu ne m'as jamais aimé, n'est-ce pas ?

C'était faux, c'était faux, elle savait que je l'aimais. Elle ne pouvait être là. Elle n'était pas là. C'était juste dans mon esprit, juste une de mes nombreuses peurs qui resurgissait alors qu'Al'ya profitait de ma faiblesse pour mesure son pouvoir, assurant son emprise sur moi. Juste un combat. Rien de vrai. Le bruit s'intensifia dans ma tête alors que j'avais envie de hurler même si je n'en fis rien. Mon regard rencontra le sien. Je serrai un peu plus fort son poignet faisant face à la douleur, faisant face aux images qui défilaient dans ma tête que je décidai juste de refouler, de repousser au plus profond de moi, créant un écran noir dans mon esprit, laissant l'obscurité m'envahir alors que mon pied balayait le sien tandis que je la projetai au sol violemment. Mon regard rencontra de nouveau le sien alors que je reprenais ma respiration. Mon coeur continuait à battre à un rythme irrégulier quoique ralentissant au fur à mesure que je me forçai à reprendre le contrôle de la situation, à refermer les portes à double tour. Considérant la rouquine qui avait usé de son pouvoir pour moi pour prendre le contrôle de la situation. Pouvais-je lui en vouloir d'avoir voulu prendre le dessus ? Sans doute pas, néanmoins si cet acte lui accordait mon respect, il n'en restait pas moins que la prochaine fois qu'elle porterait sa main sur moi pour user de son pouvoir, cela ne se soldera que par sa mort.

Je la regardai froidement, tentant de repousser les souvenirs de ce que je venais de voir au fond de mon esprit. Ce n'était pas le moment que je pense à elle. Pas le bon moment pour m'effondrer devant elle ou devant qui que ce soit d'autre. Toujours rester calme, ne jamais démontrer son ressenti, ne jamais extérioriser ses émotions pas devant les autres, pas alors que ma colère était là. Non plus le temps pour moi de prendre une décision qui pourrait m'énerver, qui serait prise à cause du contre-coup alors que je ne me fierai qu'à mes émotions et non la raison. J'avais besoin de prendre du recul et je doutais pouvoir le faire en ce moment, pas alors que j'avais juste envie de frapper dans un sac ou de conduire à plus de 130 km/h pour oublier. Oublier les souvenirs, oublier le passé, oublier les fantômes qui se trouvaient là tout autour de moi mais aussi oublier la peur. Une de mes nombreuses peur que la jeune femme en était venue à connaître. Grâce à son pouvoir, Al'ya savait mes pensées non pas les plus obscures mais l'une des peur les plus profondes. Et je n'étais pas encore prêt à m'attarder dessus de nouveau, pas alors que les souvenirs étaient si douloureux. Je savais qu'il était inutile de fuir, que comme toujours le seul moyen de passer au-delà de l'avant était de faire face à ces mêmes peurs. Et ce n'était pas tant que je n'étais pas prêt que cela, que je préférai éviter de revivre ce moment, préférant me concentrer sur ma colère, la rage enfouie en fond de moi. Le fait qu'elle puisse entrer dans mon esprit n'étant tant pas inquiétant que j'en devenais que plus méfiant, ce n'était pas comme si je ne pouvais pas lui faire confiance car dans un sens je lui faisais confiance mais pas aux personnes qui tentaient de s'emparer de mon esprit même sans le vouloir. Sauf que là c'était voulu, la jeune femme avait usé de son pouvoir pour me mettre hors jeu et pas seulement parce qu'elle le voulait qu'elle n'avait pas le choix. Quoique chaque personne avait toujours le choix bien que le sien était diminué alors qu'elle n'avait que l'ultime espoir de me montrer ce dont elle était capable. Et je l'avais vu, bien que je ne l'avais jamais sous-estimé loin de là. J'avais pris conscience de son pouvoir dans la forêt, alors, je n'étais que respectueux envers ses aptitudes bien que dans ce cas-ci, j'aurai seulement préféré qu'elle me démontre ses capacités physiques quoique difficile en sachant qu'elle ne pouvait me battre.

Je me forçai juste à me calmer, à ralentir les battements de mon coeur tout en continuant à la considérer avec une certaine distance alors que la jeune femme reculait, jusqu'à ce que son dos heurte un pilier. Me regardant quelques secondes avant de baisser la tête, son corps pris de tremblements alors qu'elle en venait à respirer doucement, lentement sous le coup de l'émotion. Elle prit la parole doucement, déclarant être désolé, gardant les yeux fixés sur le sol, sa chevelure rousse flamboyante masquant son visage et les expressions. Je savais au ton de sa voix qu'elle était sincère, de même qu'il me suffisait de la regarder pour comprendre qu'elle se sentait mal à face à ce qui venait de se passer, face à ce qu'elle avait été conduit à voir. A croire que nous gardions tous deux un arrière-goût amer de ce moment. Je fermai les yeux l'espace d'une seconde, réfléchissant rapidement. Rouvrant les yeux pour l'observer un peu plus alors que je remarquai que quelques gouttes de sang tombaient sur le sol, la jeune femme en venant à tousser pour ne pas s'étrangler, souvenir des coups que je lui avais porté sans m'arrêter. J'hésitai un instant avant de faire un pas vers elle puis un autre, me postant finalement à sa hauteur. Elle releva la tête alors que je me penchai vers elle, déclarant calmement comme s'il ne s'était rien passé, masquant mes émotions, masquant mes pensées à ses yeux.

- Mieux vaut que tu te relèves avant de t'étouffer à cause de ton propre sang.

Lui tendant ma main après que quelques secondes se soient écoulés pour l'aider à se relever, lui permettant de retrouver un appui sur le sol, n'étant pas un problème à son poids plume. La lâchant juste après, me détournant d'elle pour avancer jusqu'à la fenêtre, regardant l'horizon avant de déclarer calmement, sans lui jeter un regard :

- Tu ferais mieux d'aller soigner tes plaies.

Un message clair qui ne pouvait que lui signifier que je voulais qu'elle s'en aille. Je ressentais le besoin d'être seul maintenant, ne ponctuant mon discours en faisant référence à ce qui venait de se passer, sachant qu'elle n'en parlerait pas, ne voulant m’appesantir là-dessus ce soir ou du moins pas en sa compagnie, préférant être seul. Pensant un instant à prendre l'air, laisser les rênes à Kebo en qui j'avais un minimum confiance pour revenir là-dessus, pour me calmer, pour prendre le temps de penser à elle et de surmonter cela. Préférant me détourner plutôt que de faire face à une main qui pouvait se tendre vers moi, faisant fi de la douleur que ressentait la jeune femme alors qu'elle avait mal d'avoir user son pouvoir ainsi contre moi. Mais chaque pouvoir avait un prix comme elle venait de le découvrir et je n'étais pas en ce moment le grand frère qui pourrait la consoler. Non, elle ne pourrait que se consoler elle-même, s'endormir avant de décider à avancer de nouveau comme nous en verrons tous obligés de le faire, car, de toute manière, quoique nous pensions le temps ne s'arrêterait jamais de couler en notre honneur, de même que la vie ne prendrait jamais le temps de nous attendre. Mieux valait se faire une raison avant de se remettre en marche.