[FLASH BACK]I'm not a puppy anymore... Ft Gabriel

Il y a près de onze ans, James revenait à la maison avec une petite boule de poil qu’il présenta à Meredith comme un premier pas vers une étape bien plus importante de leur vie. Le jeune couple n’était jusque là pas réellement prêt à avoir un enfant mais Toby s’imposa rapidement comme un premier fils et leur prouva qu’ils pouvaient être de très bon parents. Malheureusement, James ne vécu pas suffisamment longtemps pour le voir grandir et le couple ne put jamais enfanter. Le Labrador devint alors encore plus important aux yeux de l’inspectrice qui l’emmenait partout avec elle.

Ainsi, Toby voyagea jusqu’à San Francisco puis jusqu’à New York, guidant les choix d’appartement de la jeune femme. Il fallait que ce soit assez grand pour lui, une terrasse, un parc à proximité et proche de son travail pour qu’elle puisse le voir dans la journée. Tous les matins, elle se levait aux aurores pour le promener puis elle sortait de nouveau le soir de façon systématique. En plus de cela, il leur arrivait de balader dans la journée quand elle avait le temps. Il mangeait bien mais pas trop, dormait dans le lit de sa maîtresse et était un spécialiste de va chercher. Il n’avait jamais fait de dégâts dans la maison, apprenant même à faire ses besoins trop urgents toujours au même endroit, sur du journal.


Malheureusement, un gros chien ne vit jamais bien vieux et Toby devint de plus en plus faible. Il jouait toujours mais mettait plus de temps à ramener la balle, il allait toujours dans son coin pour faire ses besoins mais il lui arrivait d’avoir des petits accidents, il mangeait moins et dormait plus… Inutile de dire que Meredith n’avait pas attendu longtemps avant de l’emmener chez le vétérinaire pour voir ce qu’ils pouvaient faire pour lui. Mais il n’y avait rien à faire contre l’âge à part le ménager un peu et apaiser sa peine. Ce que Meredith craignait le plus était la paralysie et les problèmes cardiaques fréquents chez cette race mais Toby ne semblait pas encore en souffrir.

Quoi qu’il en soit, elle l’emmenait au vétérinaire une fois par mois depuis deux mois maintenant. C’était donc ça troisième visite chez le docteur Hodge qui ne semblait pas lui reprocher sa paranoïa. Comprenait-il le lien qui les unissait ? Était-il inquiet pour Toby lui aussi ? Car il connaissait déjà l’animal qu’il avait vacciné quelques mois plus tôt. Ce que Meredith ignorait c’est que Toby avait toujours « communiqué » avec le médecin, lui expliquant qu’il devait rester en forme pour pouvoir s’occuper de sa maîtresse… Car le chien était encore plus triste qu’elle de se voir faiblir. Il savait qu’il était tout pour elle et ne voulait pas l’abandonner. Il était prêt à se battre pour rester en vie aussi longtemps que possible.

Installée dans la salle d’attente, Meredith attendait son rendez-vous, la tête de Toby sur ses genoux. Elle le caressait gentiment, le regard dans le vide. Ils avaient vécu tellement de choses ensemble, il avait calmé tant de crise de nerfs, effacé tant de larmes… Finalement, il n’était pas un enfant pour elle, plus maintenant. Tristement, il était devenu son ange gardien, celui qui veillait vraiment sur elle. Il y avait pourtant Shaun, le frère de Meredith, mais ce n’était pas la même chose. Elle ne pouvait pas autant se confier à son frère, il ne pouvait pas la comprendre comme Toby le faisait…

« Tout va bien se passer mon gros, je ne te laisserai pas tomber… »

Murmura-t-elle à l’oreille du chien. Puis une porte qui s’ouvre la fit sortir de sa rêverie. Une femme sortait du cabinet avec un chat dans une boite de transport et Gabriel se tenait à présent dans l’embrasure. Les deux jeunes gens ne se connaissaient pas encore vraiment mais il était l’une des rares personnes à ne pas avoir réellement rencontré la nouvelle Meredith, la veuve aigrie. Car quand il s’agissait de Toby, Meredith était Merry, la bonne vieille Merry qui parle gentiment et qui sourit même assez souvent. Elle était pourtant triste et inquiète mais elle le montrait peu, préférant être avenante et volontaire. Sans compter que Gabriel semblait vraiment la comprendre et Toby semblait aussi beaucoup l’aimer. Elle se sentait rassurer, sachant son petit bébé entre de bonnes mains.

« Bonjour docteur Hodge. Merci encore d’accepter de nous recevoir aussi souvent »

Dit-elle en lui tendant la main. Toby fit la fête au docteur. Il semblait en forme aujourd’hui. Il faut dire aussi qu’il avait beaucoup dormit… Toujours est-il que c’était la première fois qu’il n’avait pas peur d’un vétérinaire, les autres le rendait toujours méfiant et mal à l’aise. C’était aussi très rassurant pour l’inspectrice.

Ce n’était pas la première fois qu’il lui demandait de l’appeler par son prénom mais Meredith le tenait un peu trop en estime pour franchir le pas. C’était idiot seulement elle avait des principes qui la rendait relativement vieux jeu. Avec un grand sourire d’excuse, elle lui fit un oui de la tête alors que Toby avait déjà lancé un nouveau sujet de conversation en faisant la fête au jeune homme. L’inspectrice était heureuse de voir son chien aussi confient et en forme. Il avait vraiment des hauts et des bas en ce moment, chose qui n’était pas facile à vivre pour eux qui ne savait plus vraiment où donner de la tête… Merry ne savait pas si elle devait le traiter comme avant (même si, au fond, elle savait très bien que ce n’était pas le cas) et même lui avait tendance à s’emballer et à le regretter bien vite…

Pour le moment, il était excité mais pas outre mesure, pas suffisamment pour éveiller l’étrange douleur qui s’emparait parfois de son train arrière. Il n’était pas encore paralysé ni incontinent seulement ils savaient tous que ça n’allait pas tarder. C’était inéluctable, comme tout le reste d’ailleurs… Pourtant Toby voulait se battre, il n’était pas prêt à abandonner sa maîtresse, quoi qu’il en coûte. Le vieux chien l’avait d’ailleurs bien expliqué au vétérinaire lors de ses précédentes visites. Toby semblait souvent être pataud mais il n’était pas stupide, comprenant parfaitement les enjeux de toute cette histoire. Pour lui, la jeune femme était importante et la réciproque était toute aussi vraie…

Un peu plus calmement, l’animal entra dans le cabinet et s’assit sagement près d’une des sièges réservés aux maîtres devant le bureau. Il savait que ce n’était pas sa vraie destination mais il espérait sincèrement que les humains parleraient un peu avant son examen. Venir ici ne lui faisait pas vraiment peur mais les résultats l’inquiétaient beaucoup. Il savait que sa maladie finirait par l’emporter, qu’il n’y avait rien à faire contre la vieillesse dont il était la triste victime. Il ne pouvait qu’espérer ne pas en souffrir et ne pas trop faire souffrir sa maîtresse. Au fond, il était content car il la voyait rarement sourire comme ça. Avec Gabriel, elle était de nouveau comme avant et il était donc logique qu’il demande au docteur de veiller sur elle si jamais il venait à lui arriver malheur.

« À ces niveaux là tout va bien mais il y a vraiment des hauts et des bas. Parfois il est comme aujourd’hui, d’autres fois il passe la journée à dormir… »

Ils étaient à présent dans son cabinet, Toby était docilement monté sur la table d’examen et Gabriel commençait le check-up. Comme Merry le craignait, le vieux chien avait perdu du poids. Rien de très alarmant en soit mais c’était une preuve de plus… Il mangeait pourtant bien mais moins qu’avant. Des problèmes pour mastiquer ? Sûrement, ça allait malheureusement avec l’âge. Alors il mangeait toute sa gamelle, petit peu par petit peu, parfois même suffisamment lentement pour que sa maîtresse soit obligée de lui mettre la dose du soir, un peu moins importante, dans un autre bol. Il avait pourtant des croquettes propres à son âge, sans doute un peu plus moles et à la consistance plus adaptée.

« Je vous fait confiance et nous ne savons vraiment pas comment vous remercier de votre gentillesse et votre patience. Concernant ses moyens, je ne suis pas très médicaments mais si ça peut l’aider alors ce sera parfait. »

Meredith n’aimait en effet pas beaucoup les médicaments mais elle était prête à tout pour aider Toby, même à lui faire des piqures au besoin. Le but n’était pas de le faire vivre le plus longtemps possible, pas d’acharnement thérapeutique. Elle voulait juste qu’il soit bien dans son corps pour ses dernières années. Si jamais il venait à souffrir, si jamais il ne pouvait plus marcher ou plus vivre correctement, elle fera le nécessaire, même au prix de la terrible douleur que ça lui coûtera. Heureusement, la vétérinaire lui donna un conseil utile concernant la nourriture, un moyen sein de lui rendre la vie plus facile. Cela changea un peu les idées soudain lugubre de la jeune femme mais cette solution ne ravi pas Toby qui lâcha un bref couinement de mécontentement.

*Des croquettes noyées ? Beurk !*

Pensa l’animal sans la moindre colère, conscient que c’était le meilleur moyen pour lui faciliter la vie. Il avait du mal à manger mais il aimait beaucoup le goût de sa nourriture. Parfois, pour être sûre qu’il mange bien, Meredith lui faisait de bons petits plats, plus tendres. De la viande toujours, des légumes, du riz… Il aimait ça plus que le reste et espérait que sa maîtresse envisage d’en faire plus au lieu de choisir la solution liquide. Meredith remarqua la mimique de son animal et sourit tout en continuant à écouter les conseils du docteur. Certains étaient déjà en application, d’autres étaient bons à prendre en compte. L’inspectrice nota toutes ces informations dans son esprit afin de les mettre à exécution dès leur retour à la maison.

« Je n’avais pas pensé à l’eau pour les croquettes mais je vais le faire dès notre retour. Souvent, je complète son alimentation avec de la vraie cuisine. Il en a toujours eu mais maintenant qu’il la mange plus facilement que le reste, j’en fais un peu plus. De la viande fraiche, des légumes, un peu de riz. Le vétérinaire que nous avions en Angleterre m’avait donné une liste d’ingrédients favorables et ceux à éviter. C’est plus long mais il semble apprécier le geste alors ça en vaut la peine. Et les gamelles sont déjà un peu surélevées mais je vais les mettre un peu plus haut. Concernant son activité, c’est plus compliqué car il est toujours aussi enthousiaste quand il se sent bien… Alors il court partout, il saute après les papillons… Je ne peux pas le priver de balade mais il s’épuise tout seul. Bon, au moins il est content et c’est tout ce qui compte pour moi. »

Il n’y avait sans doute pas de vraies solutions contre l’enthousiasme d’un animal. Quand il était en forme, Toby voulait jouer comme avant, il voulait courir dans le parc après les papillons ou les écureuil... Meredith jouait toujours avec lui, elle lançait la balle moins loin, dans des lieux plats mais le reste était hors de son contrôle. Toby, toujours sur la table, remuait la queue en souvenir de leurs moments dans le parc. Il adorait y allait avec elle mais il détestait les vilains écureuils qui le narguaient du haut des arbres. Courir était une passion, sauter un jeu transcendant. Après, il dormait beaucoup, épuisé par lui même, mais il était heureux et, pour le moment, il n’en souffrait pas. Concernant les fuites, il n’y en avait pas eu de réelles, quelques petits ratés, quelques goûtes mais rien de plus.

« Concernant l’incontinence, il y a eu de légers accidents, seulement quelques gouttes, il arrive encore à se maîtriser pour le moment. Mais je veux bien le traitement comme ça il le prendra dès que ça commencera. Je préfère qu’il ne le sente pas trop, ça doit être très désagréable et gênant. Et puis, si c’est comme pour nous, ce sera difficile psychologiquement alors si on peut lui éviter ça ! »

De son côté, Toby avait de nouveau manifesté son mécontentement en entendant le mot traitement. Les petites pilules, il ne les aimait pas plus que sa maîtresse, surtout que le goût était souvent bien peu agréable… Le fromage c’est bon, mais la surprise dedans… Par chance, Toby n’avait pas trop de mémoire pour ses choses là et il avait une confiance aveugle en cette femme qu’il considérait un peu comme sa mère : tout ce qu’elle lui donne à manger se mange, même si le goût n’est pas toujours excellent. Il sait qu’elle fait tout pour son bien, qu’elle l’aime alors il peut bien grignoter quelques cachets au goût douteux !

« Oui j’ai toujours votre numéro, c’est vraiment gentil mais ne vous en faite pas pour le prix, si c’est pour lui je ne compte pas et il n’y a pas de raison que vous vous sacrifiez. »

Meredith sourit, espérant que Toby était effectivement entre de bonnes mains avec elle. Son travail était très prenant mais elle faisait de son mieux pour être avec lui le plus souvent possible, comme elle l’avait toujours fait. C’était un enfant pour elle, une boule d’amour qui méritait énormément d’attention. Quand le docteur proposa d’aller chercher les médicaments, Meredith fit un oui de la tête avant de se rapprocher de Toby pour lui faire quelques papouilles. Le chien était content qu’elle soit là, il était content que le verdict ne soit pas trop dramatique. Néanmoins, pour une raison que Meredith ignore, l’animal fut soudain prit d’une sorte de crise d’angoisse. Craignait-il une piqure ? Avait-il sentit la douleur d’un autre animal dans la salle d’attente ? Ses oreille se baissèrent, il mit la queue entre ses pattes puis se baissa soudainement, sans prendre en compte les bras de sa maîtresse toujours autour de son cou. La brutalité des évènements lui fit perdre l’équilibre à Merry et, soudain inquiet par sa propriétaire, Toby se tourna brutalement en tomba de la table…

Ce n’était pas très haut et Merry s’était positionnée de façon à amortir la chute mais, malgré elle, son pouvoir s’était enclenché. Jusqu’à présent, il ne s’était mit en route que pour elle, transformant une partie de son corps en or blanc, le même que celui de son alliance. C’était des transformations très ciblées qu’elle contrôlait de mieux en mieux mais qui était toujours automatiques quand elle était en danger. Grâce à son pouvoir, la balle qui avait tué son mari s’était lamentablement écrasée contre son torse, rencontrant du métal au lieu de rencontrer sa peau… Seulement, cette fois, son esprit estima qu’elle n’était pas réellement en danger alors que le chien, qui avait déjà des problèmes d’articulation, l’était. En un rien de temps le dos de l’animal et ses pattes se changèrent en or blanc, émettant un bruit de ferraille au contact du sol. Aussitôt qu’il fut hors de danger et indemne, la transformation s’effaça. Malheureusement, entre le choc et la puissance de son pouvoir, Meredith n’était pas au mieux de sa forme…

Spoiler:

Sous le poids du chien, son bras n’a pas tenu le coup et elle est presque aussitôt tombée dans les pommes. Comme à chaque fois qu’elle use son pouvoir à outrance, son nez saigne. Jusqu’à présent elle n’avait que très rarement réussit à transformer autant de son corps et encore moins à transférer son pouvoir sur quelqu’un d’autre… Inquiet, Toby lèche le visage de sa maîtresse, reconnaissant mais aussi terriblement mal d’être la cause de son état. Heureusement pour lui, le docteur était de retour et il allait pouvoir sauver sa maîtresse comme il sauvait les animaux. Ou du moins c’est ce que l’animal lui demandait à présent, inconscient que le jeune docteur avait tout vu de la scène ou presque…