[Washington] This is all about what you show and what you hide [Raven & Jackson]

Elle ne sait pas trop si elle y va pour faire des dons ou pour interviewer des gens. Sûrement un peu des deux, il fallait l'avouer. Elle avait beaucoup de tendresse pour les personnes qui avaient été victime des plus qu'humains. Elle avait failli en faire partie, plusieurs années auparavant, quand elle rentrait doucement dans l'âge de l'adolescence. Mais elle avait réussi à éviter le pire ce jour-là, contrairement à d'autres personnes qui, au fil du temps, avaient été blessés, agressés ou même tués par ces personnes aux capacités hors du commun. Personne n'était là pour leur payer réparation. Les assurances ne couvraient pas les coups et blessures par super-héros, et porter plainte contre eux avait tendance à ne pas aboutir. Pas dur d'éviter la justice quand personne ne connaît votre véritable identité, n'est-ce pas ? On pouvait vagabonder aisément entre les lois, ne pas se prendre les conséquences de nos actes, ne rien dépenser en dédommagement de nos actes. Vraiment, le beau plan pour faire n'importe quoi. Et à côté de cela, des personnes qui n'avaient rien demandé se retrouvaient en soucis financiers, en arrêt de travail, vivaient les conséquences que ces prétendus héros n'assumaient pas. C'était pour eux que ce genre de soirée existait, pour faire des collectes de fond afin de les aider à s'en sortir dans la vie après le traumatisme. Ça n'aidait sûrement pas leurs esprits à se remettre, mais au moins cela les aidait à continuer dans la vie sur le plan matériel.

Laura se regarda dans le miroir des toilettes. Elle venait d'arriver à l'événement et voulait s'assurer qu'elle apparaissait à son avantage, ce n'était pas monsieur et madame tout le monde qui venait là. Elle avait l'habitude de côtoyer les riches, elle l'était elle-même. Elle passa délicatement une main dans ses cheveux pour s'assurer qu'ils tenaient parfaitement en arrière et ne menaçaient pas de s'échapper, avant de bien clipser le badge sur sa robe bleu mi-longue au décolleté léger. Elle était notée pour cette soirée en tant que journaliste, avec le but d'interroger quelques personnes sur leurs implications dans cette initiative de collecte de fond. Mais elle savait déjà ce qu'elle allait trouver. Elle espérait, il fallait l'avouer, un peu plus de croustillant. Elle ne saurait pas en faire un titre principal pour son émission sinon. Encore qu'elle n'était pas sûre de vouloir un premier titre, elle préférait faire des pauses dans un accablement des mutants.

Elle quitta les toilettes pour rejoindre de nouveau la foule. Pas mal de monde l'accosta, certains voulant simplement se faire bien voir des journalistes, d'autres lui parlant de son émissions. Certains même l'arrêtèrent pour lui parler du livre qu'elle avait sorti. Super-héros : la déchéance d'une génération s'était très bien vendue et elle était assez fière de son petit succès avec ce livre. Il n'y avait pas de faux-semblant dedans, pas comme il pouvait y en avoir à la télévision. Non, elle y disait réellement tout ce qu'elle pensait, sans complexe et elle était flattée de voir ces gens lui en parler. Mais elle n'était pas là pour ça et elle gardait un œil sur les autres invités, prête à en harponner un. C'est comme ça qu'elle repéra en quelques sortes le gros lot de la soirée.

Elle s'était assise sur l'un des sofas disponibles et avait sagement gardé la place à côté d'elle lire. Il allait bien finir par vouloir s'asseoir. Elle avait un verre à la main, songeuse quand à comment aborder le sujet. Allait-il se braquer, refuser d'en parler ? Elle ne l'accusait de rien à vrai dire, même s'il fallait avouer que les coïncidences étaient assez grandes. Finalement, ce ne fut même pas elle qui parla la première.

— Les meilleures célébrités à amadouer sont près du bar. La plupart sont déjà un peu saoule. Il ne sera pas difficile d’obtenir des confessions. 

Laura jette un œil au bar, où se regroupent plusieurs célébrités en effet déjà éméchées. La soirée ne fait que commencer mais ces gens ne savent pas se retenir. Laura, elle, n'a encore bu qu'un verre. Elle n'est pas du genre à se retenir, mais elle sait profiter d'une soirée. Elle se ferait plaisir un peu plus tard, quand elle aurait eu droit à un contenu suffisant pour son reportage.

— Et avoir les mêmes informations que plusieurs autres. Non, ça ne m'intéresse pas, je suis là pour me démarquer. (Elle lui tend la main pour la lui serrer, les jambes élégamment croisées.) Laura Miller, présentatrice de l'émission Miss Miller. Vous en avez peut-être entendu parler. Et vous êtes Jackson Wilde, le pilote de course. J'ai vu quelques uns de vos exploits, beaucoup louent votre audace sur les pistes si j'ai bien entendu.

Elle s'était un peu renseignée sur l'homme et ne mentait pas, elle avait bien vu plusieurs de ses exploits, d'un œil totalement amateur il fallait l'avouer. La course de Formule 1 n'était pas vraiment une discipline qui l'intéressait grandement. Mais elle savait faire correctement ses recherches, même quand cela concernait quelque chose qu'elle n'aimait pas.

— J'ai entendu dire que vous vous étiez vous-même retrouvé deux fois victime des non-humains ces derniers mois. Vous accepteriez de m'en toucher deux mots ?

Elle se demanda un instant si la course de Formule Un pourrait finalement l'intéresser. Elle n'y a jamais vraiment pensé, préférant largement plus ce qui comptait des explosions. C'était une fascination étrange qu'elle avait, froler la mort et le danger en sachant que cela ne l'atteindrait jamais vraiment, jamais complétement. Elle aimait que les autres courrent ce même risque. La vie des autre pour celle qu'elle ne donnerait jamais, un pari intéressant qui l'avait toujours frissonner. Mais lorsqu'on a l'éternité devant soi, les activités que l'on aimait le plus au monde finissaient elles aussi à vous lasser et il vous fallait trouver quelque chose d'autre. Serait-elle danseuse ? Ninja ? Pirate ? Ou dans le cas présent, pilote de corse ? Elle avait testé tant d'activités et d'occupation que lentement mais sûrement la liste allait finir par se ressérer pour s'achever finalement. Et alors la lassitude la gagnerait vraiment. Mais elle n'en était pas encore là. Elle pouvait encore repousser l'effroyable échéance de l'insatisfaction humaine. De toute façon, elle était en mission pour le moment. Mystique aimerait risquer sa vie sur les circuits si elle voulait, mais Laura Miller était une personne qui se tenait le plus loin possible de toute forme de danger, merci pour elle.

Elle fit signe à un serveur qui passait avec un plateau de s'approcher et piqua un verre de quoi que ce soit qu'il transportait. Elle s'en foutait. Elle buvait l'alcool pour le goût de l'alcool de toute façon, la régénération ne lui permettait pas vraiment d'en ressentir les effets. Elle le tenait élégamment, un peu bourgeoisement, avec le petit doigt qui ne touchait pas le verre sans pour autant être levé. Mystique ne buvait jamais comme ça, elle prenait les chopes à pleines mains dans des concours d'alcool qu'elle gagnait de toute façon toujours. Mais Laura était une personne qui voulait se croire raffinée alors...

— Je n’ai rien contre, si ça peut soutenir la cause des victimes de dommages collatéraux.

Un petit sourire doux qui lui brûlait les lèvres apparut sur son visage. Oh, comme elle se foutait des dommages collatéraux, des victimes qui mourraient en innocents. Ils n'étaient que des humains, des êtres pathétiques, inférieurs, effrayés. Ils ne valaient pas le coup, ils étaient le passé. Le seul soucis qu'elle pouvait avoir avec ces pertes, c'était que cela faisait reculer leur cause, à eux les mutants. Parce qu'ils continueraient toujours d'être les boucs émissaires s'ils continuaient à renforcer l'idée qu'ils étaient dangereux. Non, non. S'il fallait vraiment exterminer les Sapiens, il faudrait le faire intelligemment. Faire croire qu'on était un mouton et discrétement dévorer les agneaux du fond.

— Par contre, vous devez comprendre que je n’ai pas une heure à vous consacrez et vous non plus, j’imagine. Allons-y pour deux, trois questions alors, si vous le voulez bien.

Cas type bien sûr, la personne célèbre veut rarement être aussi déranger qu'elle l'est. Mystique en avait personnifié tellement, en personnifiait une en ce moment-même. Elle savait que les journalistes n'étaient que des vautours qui attendait la moindre petite minute où leur cible serait seule pour attaquer et leur arracher la chair des os. Parfois littéralement, à coup d'articles scandales qui leur défaisait leur réputation. Mystique détestait les journalistes, et pourtant Dieu qu'elle les adorait. Si mâlins et si emmerdants.

— Ne vous en faites pas. Je suis aussi ici pour la collecte, j'en profite juste au passage pour boucher les plages horaires libres de mon émission en cherchant quelques petites déclarations et quelques reportages possibles.

Alors qu'elle n'était là ni pour l'un ni pour l'autre. Elle était là pour lui, la personne-même avec qui elle se trouvait. Elle n'était pas sûre d'elle, elle pensait avoir raison à son sujet mais pouvait toujours se tromper. Cela lui était déjà arrivé de temps en temps après tout. Mais pour aborder ce sujet, elle allait devoir en connaître un autre. Puis s'assurer que personne n'entendrait le rester si c'était dans cette direction qu'elle poussait la conversation.

— Avoir subi deux attaques de non-humains, c'est un sacré quelque chose. Est-ce que cela a une incidence sur votre opinion à leur égard ? Est-ce qu'à cause de ça vous vous êtes mis à les voir comme mauvais, ou est-ce que cela vous a renforcé dans cette idée si c'était déjà le cas ? Ou est-ce que ça n'en a pas eu, que vous n'avez rien contre eux ?  

— Ça me ferait plaisir de passer à Miss Miller si jamais vous ne trouvez personne. Il faudra par contre convaincre mon agent de me libérer un après-midi. Avec un peu de persuasion, il finit toujours par craquer.
— Ne vous en faites pas pour ça. Quand je le veux je peux être… extrêmement persuasive.

Laura n'était pas une croqueuse d'homme mais elle savait se faire plaisir quand il le fallait. Elle n'avait plus eu d'aventure sérieuse depuis un moment déjà, mais elle avait eu des aventures. Elle savait quand elle avait besoin de répondre à ses instincts humains et avait réussi à gérer une vie sexuelle non-entachée par la vision étriquée de la presse à scandale. Car il y avait de ça aussi, quand on était célèbre. La plus grande partie de nos faits et gestes étaient surveillés et bien souvent aussi contrôlés par ce que la presse racontait de nous. Mystique heureusement, ne s'entachait pas de tels détails. Si elle voulait profiter de l'occasion pour se faire le manager, le coiffeur ou la cheffe de plateau, elle pouvait et personne ne le saurait. Et si elle le faisait sous l'apparence de Laura et qu'on lui faisait des remarques dans la presse, qu'importe. Ce n'était pas sa propre réputation qu'elle entacherait. Encore qu'elle doutait que ce soit très intéressant pour elle de se taper un normal sans saveur comme l'agent de Jackson Wilde. L'homme lui-même à la limite, mais elle n'était pas là pour tenter ça et elle était même convaincue que tenter cela nuirait à ses ambitions avec lui. Bah. Dès qu'elle pourrait elle irait retrouver Irène. Et prierait pour ne pas lui déboîter la hanche. Son amour devenait tellement plus fragile avec l'âge…

— Je ne suis pas du genre à généraliser les choses, je dois vous avouer. Je sais que ces attaques étaient orchestrées dans le but de faire du mal et elles ont fait des victimes. C’est ce qui me désole. J’aurais aimé agir, mais je n’en avais pas le pouvoir. J’étais impulsant face à leurs actions et je regrette cela. Toutefois, je ne suis pas prêt à dire que l’ensemble de la population mutante est comme ça. Il y a des individus perturbateurs, comme dans n’importe quelle communauté. Je ne condamne donc pas instantanément l’ensemble parce que j’ai eu la malchance de me retrouver dans deux situations de la sorte. Je suis seulement déçu que se soit arrivé et que se sont des innocents qui en ont été les victimes. Que j’aurais moi-même pu en mourir. C’est évidemment traumatisant et j’espère ne plus jamais avoir à vivre ça. Que les victimes vont cessés.

Semble-t-il, Mystique et lui ont la même vision, juste un peu différente cependant. Jackson trouve que les mutants sont tous différents et elle aussi. Mais là où lui pense que certains sont bons et d'autres mauvais, Mystique fait la même distinction en les appelant les intéressants et les ennuyeux. Oui, pour elle les méchants sont intéressants. Il amène une petite étincelle dans la vie que les autres n'ont pas.
Elle croise les jambes et se permet de prendre un nouveau verre d'alcool que son facteur de régénération se chargera de toute façon de rapidement faire disparaître de son sang. Elle trouve dommage de ne pas pouvoir vivre l'ivresse, elle ne l'a jamais connue d'ailleurs. Elle a entendu tellement de choses à son sujet, elle aimerait tant connaître son étreinte, boire jusqu'à ne plus savoir ce qu'elle fait, jusqu'à ne plus se maîtriser. Mais elle ne le pourra jamais, il faut croire.

— Vous devez comprendre que je suis ici pour une raison précise et que si je déroge à cela, je vais me faire taper sur les doigts par mon agent. Voilà pourquoi je vous invite à m’accompagner dehors un instant.

Voilà qui l'arrangeait bien. Dehors elle pourrait parler un peu plus librement, aborder des sujets qu'elle n'aborderait pas dans un endroit bondé. Elle pourrait pousser un peu plus dans une direction et un peu plus dans une autre. C'était exactement ce dont elle avait besoin. Elle le vit se lever et l'imita en tentant de garder un certain sentiment d'élégance et sans montrer le moindre empressement. Elle fait le tout de la table pour venir lui saisir le bras.

— Ce serait avec grand plaisir. On s'entendra mieux dehors que dedans avec tout ce brouahah, n'est-ce pas ?

Elle ne mène pas le pas, elle se laisse juste porter vers un balcon plus loin où il n'y a encore personne. La plupart des gens ne viennent pas prendre l'air au début de la soirée, c'est après qu'ils commencent à se faire nombreux, au moment où les masques que tous portent commencent à se faire de plus en plus lourd. Alors ils prétendent vouloir prendre l'air ou admirer la vue et ils viennent prendre une pause le temps de se recomposer un visage, le temps de redevenir l'homme ou la femme souriants, de remettre l'hypocrisie en place. Pas besoin d'avoir le pouvoirs de Mystique dans ce genre d'endroit. Tout le monde cache son véritable lui de toute façon.

Elle attrape deux verres avant qu'ils ne rencontrent enfin la fraîcheur de la nuit. Elle frissonne à peine, elle n'a pas vraiment froid et quand bien même c'est une sensation qu'elle apprécie. Les nuits d'été peuvent être fraîches, mais elles ne le sont jamais de façon désagréable. C'est la différence avec l'intérieur réchauffé par tout ces invités qui choque réellement, pas la température extérieur. Mystique jette un œil autour d'eux, elle veut voir s'il y a une caméra ou non. Cela pourrait être important. Ils ne voudraient pas avoirs un soucis causé par l'une d'elle.

Y a-t-il une caméra ?:

Elle la repère dans un coin du balcon, un peu en retrait pour capter le plus possible de l'endroit. Mystique s'en fiche un peu, cela ne change finalement que sa technique. Elle s'approche du pilote, lui tendant au passage l'une des deux coupes de champagne. Elle ne s'arrête qu'une fois tout proche de lui. Elle fait dos à la caméra, et elle a utilisé son pouvoir pour se grandir quelque peu, pas grand-chose. Pas assez pour que cela puisse se remarquer, du moins l'espère-t-elle. Elle est tout proche du jeune homme, le haut de sa tête cache probablement ses lèvres.

— Si vous voulez vraiment rester secret dans vos déclarations, il va nous falloir rester comme ça. Sinon la caméra lira sur vos lèvres. Mais c'est vous qui voyez après tout, et puis vous ne devez pas avoir un si gros secret à partager… Ou en avez-vous un ?

Elle sait parfaitement qu'il en a un, et son ton ne le cache pas de toute façon. Pour quiconque les regarderait, depuis l'intérieur ou la caméra, ils seraient juste dans un moment de flirt. Ils ignoreraient qu'en fait, ils parleraient de choses bien plus sérieuses. Sûrement Jackson lui-même ignorait à quel point la discussion allait être sérieuse. Après tout, c'est elle qui allait avoir le plus de révélations à faire, si elle décidait de les placer.

Est-ce qu’elle n’allait pas un peu trop vite ? Parfois elle laissait l’impatience prendre le dessus et c’était souvent comme ça que les gens finissaient par voir clair dans son jeu. Ceux qui la connaissaient du moins. Elle avait pensé que Jackson qui ne la connaissait pas serait facile à flouer, mais la vérité était que non. Elle avait voulu créer un élan de complicité, elle avait pensé que d’aller sur le balcon était son feu vert, et elle s’était trompée. Qu’importe. Elle arriverait à se débrouiller pour qu’il lui fasse confiance. Et sinon tant pis. Au pire cela n’aura été qu’un moment d’amusement. Elle en a marre de passer sa vie sous une seule identité. Elle n’en prenait jamais bien longtemps d’habitude mais cela faisait des mois déjà. La dernière fois qu’elle avait ainsi pris une autre apparence sans discontinuer, elle avait failli en devenir folle d’ennui. C’est à cette époque qu’elle avait repris contact avec Azazel et c’est à cette époque qu’elle avait conçu Kurt. Tout ça pour se faire encore un peu plus mal. Elle ne regrettait pas la période, elle était derrière elle et c’était tant mieux. Elle s’était juste promis pour son propre bien qu’elle allait arrêter de prendre une apparence unique pendant longtemps. Mais là elle n’avait pas le choix, et elle s’ennuyait.

Elle n’allait pourtant pas se dévoiler facilement, elle était plus douée que cela. Non, elle allait juste le mettre en confiance et elle savait comment. Elle avait raté en proposant qu’il lui dise son secret, sûrement le mot secret qui était trop fort. Mais après tout, c’en était pourtant un. Mais secret… Oui, ça voulait dire qu’elle voulait aller fouiner plus loin en lui, là où il ne laissait probablement personne aller. C’était trop et trop vite, après tout ils ne se connaissaient pas il y a encore quelques minutes, à part de réputation. Personne ne raconte sa vie aussi facilement. Elle ne bouge pas de là où elle est, cachant encore les lèvres de celui qu’elle interroge. Elle lui offre un sourire ennuyé, avant de porter la coupe de champagne à ses lèvres. « Je ne suis pas là pour mes recherches, je vous l’ai dit. J’en profite un peu, parce que je suis un peu trop professionnelle. Mais parfois il faut arrêter, parler aux gens et savoir quoi garder pour soi... » Elle ne boit même pas la moitié du liquide, si elle le vide trop vite il va lui falloir retourner en chercher au besoin. Et elle ne veut pas encore retourner à l’intérieur. « Je ne vous ai pas suivie pour vous interroger. Je suis là pour parler tranquillement. »

Mystique sent la peau sur la partie couverte de sa poitrine qui change sous sa volonté. Elle sait de quel côté attaquer, ce qu’elle a besoin de présenter. Quelque part, elle a l’impression que Jackson est un chevalier, qu’il aime faire le bien. Sûrement son aura, pourtant elle sait qu’il n’a jamais vraiment commencer à agir selon cette aura, elle l’aurait trouvé en fouillant un peu sur lui. Son doigt joue doucement sur le bord du verre de champagne, faisait chanter le verre. Elle penche la tête sur le côté en le regardant, arborant toujours un petit sourire, cette fois plus malicieux. « Peut-être que je devrais commencer. » Elle attrape délicatement le bord de son décolleté et l’étire un peu. Pas pour se mettre à lui agiter la poitrine sous le nez, elle ne la dévoile même pas vraiment, mais pour dévoiler une cicatrice, claire trace d’une balle qui aurait traversé la peau. Juste au dessus du sein, tout à gauche où le tissu l’avait caché. « J’ai eu ça en Suède il y a quelques mois. J’y étais pour mes vacances, j’aime les paysages de l’endroit en été. » Elle ne ment même pas. Mystique a toujours aimé l’Europe du Nord. Tout y était tellement différent, tellement plus calme. Jamais n’avait-elle causé de soucis dans cet endroit dont elle ne voulait déranger le calme. « Il y a eu une prise d’otage. Un mutant était là. Il a tenté de nous protéger et je l’ai aidé. Pas sans sortir de là avec un bout de métal dans le corps. Heureusement, ça a réussi à ne rien toucher de vital. Les médecins m’ont dit que vu l’endroit, j’avais été énormément de chance que ça ne soit pas le cas. Si près du cœur… Et pourtant si je devais le refaire en connaissant les risques, je le referais. »

Elle rabat les bouts de tissu pour qu’il recouvre à nouveau la cicatrice. Mystique ne la fait pas disparaître, elle laisse ça là où c’est. C’est juste un quelque chose qu’elle a rajouté à Laura, quelque chose qu’elle allait garder à jamais maintenant. Dommage, elle aimait bien les hauts à bretelle, mais avec la robe qu’elle avait, il n’y avait pas énormément d’autre endroit à utiliser. Elle pose son verre sur la rambarde du balcon, sur laquelle elle s’appuie à l’aide de sa main en veillant à ne pas dégager la vue de la caméra sur eux. « Vous vous êtes retrouvé dans deux situations similaires à la mienne. Vous êtes celui que l’on dit sans peur. Je… Je doute qu’un homme qui n’a pas peur n’aiderai pas durant de genre de situation... » Elle cesse de s’appuyer sur la rambarde, à la place se met à jouer avec ses doigts. Elle fait un petit soupire, celui de la femme qui sait qu’elle a peut-être tort et qu’elle a peut-être trop fait confiance. « Je peux me tromper, mais je me dis que s’il y en a un qui a des expériences un minimum à raconter sur ce genre de trucs, c’est pas le reste de ces hypocrites nombrilistes. » Elle lui lance un nouveau sourire, un peu plus provocateur cette fois. Elle joue un peu la petite ingénue, et pour une fois cela ne la dérange pas, elle qui hait normalement le rôle. Non, pour une fois elle s’amuse un peu.

L'histoire prend mais pas de la façon dont elle l'avait imaginé. Elle pensait qu'il allait juste lui demander des explications ou juste coopéré mais elle n'est pas la seule ici à savoir deviner les choses. Il ne sait pas qui elle est, ça elle en est certaine parce qu'à moins d'être télépathe, personne ne pourrait être capable de dire qu'elle est Mystique sous ce déguisement de Laura Miller. Mais il devine qu'elle sait, parce qu'il voit qu'elle connaît son sujet son métier, sans savoir que ce n'est même pas vraiment son métier. Encore que, il est déjà arrivé par le passé que Mystique joue dans la vente d'information mais c'était auparavant, dans une autre vie, littéralement. Elle avait pris l'apparence d'une agent d'elle ne savait plus trop quoi, et elle avait utilisé ce statut pour jouer les taupes. Elle n'avait même pas vraiment d'employeur, juste des acheteurs. Russe et américains principalement, parce qu'à l'époque c'était la mode pour les deux de faire la course à l'espionnage en plus de toutes les autres courses que les deux blocs avaient bien pu faire pour prouver que c'était eux qui avaient la plus grosses.

« C'est faux. » Elle le dit avec assurance, l'assurance de celle qui a déjà rencontré ce genre de type avant. Elle n'a jamais été très forte pour les discours d'encouragement, elle est plutôt spécialisée dans l'inverse, mais elle sait faire un effort quand cela l'arrange. « Vous avez aidé à l'aéroport, n'est-ce pas ? Ne répondez pas, je sais que oui. Enfin, je m'en doute. » Un petit sourire dans sa direction pour montrer qu'elle n'a pas de mauvaises intentions. « Je pense que ce n'est pas toujours une question de courage. Peut-être même que ça l'est rarement. Je pense que vous aimez les sensations fortes, que vous aimez repousser les limites. Parce que vous savez qu'en les franchissant, vous n'allez pas en subir les conséquences. » Elle s'appuie contre la balustrade, regarde la ville sur-éclairée en dessous d'eux. On entend encore le brouhaha de la salle et pourtant il semble régner comme un silence. « Cet accident dont vous parler ? Ça a dû réveiller quelque chose en vous. Vous avez réalisé que les limites des autres, ce ne sont pas toutes les mêmes pour vous. Alors vous flirtez avec. Vous continuez de prendre des risques. »

Elle est interrompue par un serveur qui vient les rejoindre pour leur proposer de nouveaux rafraîchissements. Elle s'en prend un pour elle, qu'elle boit assez rapidement, et laisse son interlocuteur faire son choix avant de renvoyer l'homme en trop dans la conversation. Elle attend qu'il soit loin de la porte de leur voix avant de se tourner à nouveau vers Jackson. « De tout les métiers, vous avez choisi de faire la course automobile. Un métier dangereux s'il en est, mais vous saviez que cela ne vous ferait rien, n'est-ce pas ? Mais c'est une sensation forte, passer ainsi près de la mort à plusieurs reprises, sans passer réellement de l'autre côté. Je le sais. Oh oui, vous n'êtes pas le seul à connaître cette sensation. Mais si vous voulez rester secret, pourquoi faire un métier qui risque de révéler cette vérité aux yeux du monde, hum ? Parce que c'est une nouvelle limite. Parce que tout peut basculer d'un instant à l'autre, votre vie chamboulée à jamais. Une nouvelle sensation forte. Un nouveau risque. Mais qui cette fois, vous affecterait réellement. » Elle boit l'intégralité de son verre et de redresser à nouveau. Les cheveux bruns qui encadrent son visage viennent fouetter l'air, poussé par le vent qui monte mais qu'elle ignore. « La vérité c'est que vous voulez rester à cheval. Vous rester dans cette incertitude. Et d'ordinaire, je me dirais que très bien, vous faites ce que vous voulez. Mais la vérité, c'est que ce n'est plus possible. On est en guerre, monsieur Wilde. Humains contre mutants. Et on ne peut pas ne pas choisir de camps. Parce que ne pas choisir de camps ? C'est déjà en choisir un. Alors réfléchissez. Vous pouvez rester caché, mais dans ce cas-là vous montrer que vous n'êtes pas contre ce que les hommes nous font. » Elle ne cache même pas ce qu'elle est, elle dit un nous simple et efficace, elle se révèle un peu. Mais ce n'est rien. Elle a les cartes en main. « Ou vous pouvez vous battre à nos côtés. Tenter de vous faire entendre parce que vous êtes ce que vous êtes. Vivre totalement dans le danger, dans l'incertitude de gagner. Vous avez le choix, je ne vous force à rien. » Elle lisse doucement sa robe et plante ses yeux dans les siens. « Vous devriez cependant choisir la deuxième option. Vous n'êtes pas fort pour vous cacher. Avant cette soirée je pensais qu'il y avait quelque chose d'un peu spécial, et il m'a suffit de quelques mensonges pour réussir à vous en faire dire assez pour que je devine ce que vous êtes. Bien sûr, je ne révélerai rien, nous sommes entres confrères ici. Révélez par contre ce que moi je vous ai dit, et dit de mon plein gré, et alors vous n'aurez pas besoin de mettre la bonne chaine pour découvrir le sujet du Miss Miller du jour. »

Sur ces mots, elle fait demi-tour pour repartir vers la porte. Le temps qu'elle y arrive, elle se retourne pour faire. « Dans trois jours. Le glacier sur la cinquième. Si vous êtes décidé à agir. Sinon… Eh bien, je n'ai pas beaucoup d'affection pour ceux qui préfèrent se cacher, mais qui suis-je pour les empêcher de le faire, hum ? » Et sur ces dernières paroles, elle s'engouffre dans le bâtiment pour retourner se loger dans la foule.